Aragon, son Moulin mais où trouver le blé ?

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Un échange très intéressant se développe depuis quelques jours à partir des appels au secours lancés (notamment sur France culture mardi dernier) par le directeur du Moulin d’Aragon, Bernard Vasseur. Les propos tenus n’y manquent pas de sel, ou de farine, depuis qu’un certain « Geoffroy Gaiffier » (que je crois reconnaître mais je peux me tromper) y répond aux inévitables crétins (« Aragon-stalinien », FC complice…), et plus inattendu à une manière de flic. Je renvoie à cette page,

http://www.franceculture.fr/2013-07-15-fins-de-mois-difficiles-chez-elsa-triolet-et-louis-aragon

 

où je poste à mon tour ceci :

 

Je ne peux que souscrire ici, en clair et sous mon nom, aux remarques pleines de bon sens de notre ami Geoffroy (« mon Geoff », Gégé pour les intimes). Puisque nous parlons d’un moulin, il pose une question évidente, d’où faire venir le blé ? N’y a-t-il pas dans les parages du Moulin un personnage fort riche, qui tient toute sa farine d’Aragon ? Proposition contre laquelle une espèce de flic de service s’insurge, « Pourquoi tant de haine » dirigée contre Jean Ristat ? Parce que ce Monsieur se comporte en prédateur, en parasite d’une œuvre dont la loi lui reconnaît pour soixante-dix ans la disposition pleine et entière, à partir d’un testament d’une ligne rédigé in extremis par un grand vieillard.

Nous ne contestons pas à Jean Ristat sa position, nous aimerions qu’il s’en montre digne, en l’assumant avec plus de générosité, ou de discernement. La censure infligée à mon livre Aragon, la confusion des genres paru amputé d’un chapitre en octobre dernier dans la collection « L’un et l’autre », était une décision stupide – un abus de pouvoir qui s’est vite retourné contre son auteur ! La gestion de ses droits de même est féroce aux chercheurs, aux petits éditeurs de colloques, de revue ; jamais une aide ni le moindre coup d’épaule, combien de jeunes gens enthousiastes d’Aragon, et qui demandaient un accès aux manuscrits, ou l’autorisation de traduire en anglais ou en japonais tel texte (car pour cela aussi il faut une lettre écrite de l’auguste) n’ont jamais rien reçu et ont renoncé à le supplier, de guerre lasse… Le régime des ayants-droits, institué pour protéger les œuvres, est très contestable ; dans le cas d’Aragon, il bloque carrément la recherche.

Mais revenons à notre Moulin, que demande l’ami Vasseur (admirable directeur de cette Maison) ? 30000 euros si l’on en croit son intervention mardi dernier au micro de France culture. Pourquoi les (considérables) rentrées d’argent venues des Pléiade, de la diffusion des disques, des autorisations de reproduction… ne pourraient-elles servir à cela ? Que Monsieur Ristat abandonne un dixième de ses droits d’auteurs pour abonder le budget du Moulin et celui-ci est sauvé, couvert très au-delà de son actuel étranglement. Puisqu’il existe une association, que celle-ci se réunisse et vote cette demande auprès de son président. Qu’en pense Bernard Vasseur ? Qu’en pense Edmonde Charles-Roux ? Qu’en disent les chercheurs et tous les amoureux de l’œuvre d’Aragon (ou d’Elsa) qui ont plaisir à se ressourcer dans ces murs, remplis pour eux d’échos ?

3 réponses à “Aragon, son Moulin mais où trouver le blé ?”

  1. Avatar de Dominique Feret
    Dominique Feret

    Grande tristesse, oui Valérie avait tant de force, de sincérité, de beauté, nous sommes vides aujourd’hui.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci de déposer un commentaire Dominique, mais n’est-il pas déplacé ici, et prévu en réponse à quel texte ?

  2. Avatar de ehrhard
    ehrhard

    Ce serait bien triste que faute de crédits le moulin ne soit plus un lieu de culture.
    Je vais y assister, depuis 4 ans, à des séminaires sur l’oeuvre d’Aragon et c’est toujours passionnant de rencontrer des chercheurs enthousiastes, avec un directeur qui vit pleinement sa mission.
    L’association ne peut-elle fléchir Mr Ristat qui lui semble bien vivre!

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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