Gros lolos

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Je reçois quelquefois parmi mes mails des invitation à devenir « amis » sur Facebook, émanant de femmes aux formes avantageuses et dont la photo cache, en fait, un site de rencontres payantes à caractère pornographique. J’isole de ce trafic (que j’observe sans y participer) cette récente image, assez frappante par la proportion extravagante de cet attribut par excellence de toute féminité, les seins.

Et je dois reconnaître l’attirance que ces protubérances exercent généralement sur moi (comme sur, j’imagine, beaucoup de mes semblables). J’ai conservé ou je partage, à l’égard des poitrines XXL, la fascination des collégiens de Fellini dans le film Amarcord. À condition toutefois de ne pas dépasser une mesure qui demeure mystérieuse. Le trop, quand il est comme ici orgueilleusement, inconcevablement affiché, a vite fait de basculer dans la monstruosité, tuant du même coup le désir qu’on voulait inspirer.

Quelle est la juste mesure des seins ? Il n’y a pas de norme, pas de réponse à cette question qui renvoie au fantasme, aux fantaisies de chacun. Dans le cas de cette image, dont je ne sais si elle relève d’une prothèse, d’un montage de photoshop ou d’une anomalie génétique, la répulsion l’emporte sur l’attirance, trop c’est trop ! Que faire d’un pareil amas de chair, et comment sa porteuse (si elle existe) se débrouille-t-elle pour trimbaler un tel fardeau ?

Il est excitant, il est troublant que les seins avancent au-devant de la femme, comme la triomphante armoire dont parle quelque part Baudelaire ; quand ce trophée  semble faire éclater un corsage qui peine à le contenir, et sous leur poids se défait. Quelle est cette chose qui attise tellement la vue dans le passage du ruban à la chair, là où le tissu lutte avec ce qu’il recouvre, et qu’il protège si mal des regards ? Un petit drame se joue quand on devine que toute la raison d’être de cette barrière, provisoire autant que dérisoire, est de céder au moment sublime du déshabillage. Les seins ne se laissent pas contenir, ils se cachent pour mieux s’exhiber mais, curieusement, leur pouvoir d’attraction dépend de ce retard imposé à leur dévoilement : une poitrine nue, telle qu’on en voit dorénavant sur les plages, a tellement moins d’empire sur nos regards que l’ancien bikini ! La séduction exige le tissu gaînant la chair, un drapé ou quelque falbalas. Etrange, paradoxale économie du désir.

Les poupées gonflables et toutes ces demoiselles air-bag promises par les accroches de Facebook ne peuvent donc durablement retenir ce désir, le fixer. Les seins peuvent constituer l’ornement le plus visible d’un corps de femme, ils ne doivent pas écraser celui-ci, supplanter les promesses d’une chair où brillent aussi des yeux, un visage, une chevelure, des mains, deux jambes, une taille ou l’arrondi  non moins délicieux des fesses qui tous conspirent à nous attirer. La totalité organique d’un corps réalise une harmonie, peu compatible avec d’excessives excroissances. Quelles que soient les vantardises de la chirurgie esthétique, une silhouette ne doit pas ainsi basculer, ni se laisser à ce point tyranniser. Une séduction vraie ne supporte pas l’inflation, ne gagne rien à la démesure.

Je songe que cette image rejoint, pour moi, la problématique de l’hubris souvent évoquée sur ce blog : comment ne pas aller trop loin ? Où est la juste mesure ? La photo (déjà postée ici, https://media.blogs.la-croix.com/combattre-la-demesure/2019/08/26/ ‎) du paquebot de croisière écrasant, par son gigantisme, la délicate architecture de Venise relève un peu du même effet : à voir certaines poitrines de femmes fendre la foule avec l’autorité d’un vaisseau amiral parmi les flotilles de pêche, je me dis que ces nefs, pour que le charme opère, doivent respecter entre elles une certaine échelle, qui conditionne aussi l’échange et favorise la conversation. Nos corps par leurs proportions, leurs comportements, entretiennent une secrète civilité que fracasse sans retour la monstruosité digne des foires de mon enfance, où l’on exhibait celle-ci  à grand renfort d’affiches racoleuses et de rideaux crasseux.

L’être humain, à moins de basculer dans l’hubris, ne peut se réduire à la quantité de son avoir : celui ou celle qui n’a rien de mieux à faire valoir qu’une excroissance quelconque, de biens comme de seins, nous répugne assez vite, comment peut-on  durablement s’identifier à de tels fétiches, les brandir avec cette fierté ? Dans Le Banquet de Platon, dialogue consacré on le sait aux définitions de l’amour,  Socrate avoue plaisamment le charme sur lui des appâts d’Alcibiade, assis en bout de table, qu’il ne peut détailler ni nommer autrement que comme des agalmata, des saillances ou brillances dans l’apparence de ce jeune homme qui mobilise tous ses regards. Entre eux les traits de la séduction voltigent, mais se laissent mal isoler. Et c’est cela aimer ou désirer : ne pas savoir pourquoi, en quoi tel corps nous engage, nous entraîne dans de longues rêveries…

Je ne connais pas beaucoup de littérature sur les seins, un sujet digne pourtant  d’inspirer les édrivains capables de se risquer sur les rivages de leurs fantasmes. Deux livres, de Ramon Gomez de la Serna et de Philippe Roth, me sont rapidement tombés des mains ; une chanson en revanche m’a frappé, celle où Jacques Brel (« Le gaz ») compare les seins de la généreuse hôtesse à des soleils puis, la voix enflant comme souvent chez lui jusqu’au tonitruant vertige, à des trottoirs… Magnifiques emballements de l’oralité, que le magicien du Plat pays savait si bien déchaîner – et dont par la cigarette (substitut du sein perdu ?) il mourra.

Carmen, prénom immortalisé par le plus beau des opéras, c’est en  latin un  charme où l’on entend un poids de chair : la cantatrice qui tiendrait ce rôle sans en avoir les formes sensuelles, les appâts, échouerait à nous entraîner.

Mais quelle est l’alchimie du vrai charme ? Une image brutalement érotique en  regorge, il serait hypocrite de le nier, mais elle opère à court terme, ou sur le mode du chien de Pavlov ; et le goût qu’elle suscite, ou excite, peut tourner assez vite au dégoût. Tel est peut-être le message que  véhicule l’icone, assez ironique au fond, au départ de ce billet : la fille y prend l’homme (ou le collégien que celui-ci n’a cessé d’être) au mot de son désir, tu en veux toujours plus eh bien voilà, de quoi enfin te satisfaire ! La matronne d’Amarcord sait bien que le gamin n’a pas l’emploi de cette chair tant convoitée et que, écrasé par les seins, il va vite abandonner une partie qui le dépasse.

Amarcord, la « Gradisca » se marie

Le rire de Fellini n’en finit pas de rouler, de s’écheveler en farandole sur la plage.

20 réponses à “Gros lolos”

  1. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    Bonjour à tous!

    Par saint Daniel, mon bon seigneur, quelle histoire!

    Une affaire de sein à faire rebondir le lecteur à qui l’on donne un blanc-seing pour décrocher son corsage.

    Dussé-je faire souffrir quelques bonnes âmes, incontinent, je m’exécute!

    Souvenez-vous, c’était le trente janvier mi neuf cent quatre-vingt-huit, à l’émission 7 sur 7 d’Anne Sinclair, sur la chaîne de télévision TF1,

    la présentatrice posa la question à Monsieur Lajoignie, candidat à la Présidence de la république, en ces termes :

    « Que pensez-vous de Danièle Gilbert dans « Lui »?

    Réponse de l’invité :

    « Je ne vois pas bien où elle place son âme, mais enfin! »

    Je suis de ceux – nombreux, je pense! – qui ont aimé regardé l’émission de l’animatrice de « Midi première » et sans courir après pour lui demander un autographe, j’apprécie sa simplicité que des arrogants instruits considéraient comme de la niaiserie.

    La dame, loin d’être nice, est une personne intelligente, universitaire qui a étudié et travaillé dans ses « humanités » l’influence de Rainer Maria Rilke en Angleterre. Populaire au sens noble du terme.

    J’ai eu la chance d’échanger avec le professeur de piano de son enfance et avec la fille de son professeur de littérature comparée où Alice au pays de merveilles était à la page. Jusque là tout va bien, rien à redire, bien évidemment!

    Et pourtant, un jour, la belle animatrice a décidé de se déshabiller dans le magazine « Lui ». Et le bon peuple de crier au scandale :

    « On n’aurait jamais cru ça d’elle! » Et les mâles de se précipiter chez le marchand de journaux « pour voir Danièle Gilbert à poil! »

    Très belles photographies artistiques où l’on ressent de la pudeur dans le dévoilement haut en couleur de son intimité physique.

    Son sein nu exposé comme pour donner quelque chose…Sort le voyeur. Entre le voyant. Dans « Lui », elle est là.

    On m’objectera que tout ça ne mène nulle part, si ce n’est se retrouver en « cabane » avec Heidegger et Rilke. De la chair à la chaire, chérir le mot sein qui signifie incontestablement « être ».

    J’ai conservé dans un bonheur-du-jour, au grenier, l’image du sein, envoyé de son université de Strasbourg, par Abraham A.Moles, qui écrit ces mots d’une saveur exceptionnelle :

    « Celui qui ne connaît le sein qu’au microscope pourrait-il prétendre qu’il a une connaissance satisfaisante de cet organe? aurait dit à peu près Poincaré. Serait-ce là l’une des leçons nouvelles d’une science qui dans la restriction épistémologique de son objet, découvre à travers l’exigence de voir cet objet sous ses multiples aspects, l’infini profondeur de la seule véritable question posée à la science, l’existence de la féminité. » (Fin de citation)

    Allons voir « ça » de plus près en chaussant nos bésicles pour relire avec attention des mots qui ont une sonorité d’être :

    « La vraie révolution culturelle passe par la reconnaissance du caractère sacré de la sexualité. J’appelle de mes vœux l’hérogamie, l’amour sacralisé, l’amour considéré comme la chose la plus grave, la plus digne d’admiration, le contraire de la gaudriole et de la grivoiserie. Non par conformisme bourgeois, mais par respect de la réalité il faut admettre qu’un tel amour ne peut-être qu’exclusif (Jacques de Bourbon Busset, « Bien plus heureux qu’aux premiers jours », Journal X, page 29)

    Et pourquoi le peuple bien assis (Lisez dans « Libération », ce jour, l’article formidable de Pascal Dibie, pages 18 et 19) qui prend sa douche chaque soir et va chez le médecin tous les quatre matins, ne serait-il pas apte à entrer dans le saint des saints de la connaissance vraie, celle qui libère, panse et guérit?

    J’espère que vous trouverez digeste ce petit lait nocturne et ne m’en voudrez pas trop de ce déboutonnage matutinal que Monsieur Daniel, à mon avis, ne saurait censurer.

    Ce n’est certes pas le « Margaux » cher à Monsieur M dans son dernier commentaire mais bon, loin des la la des gars du village métamorphosé, on peut toujours rêver de si si dans une fine bouche buvant ces notes incertaines…

    Le rêve n’est-il pas une force de la nature?

    Bon dimanche

    Gérard Fai

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Magnifiques citations cher Gérard, vous enrichissez indubitablement la corbeille des questions que soulèvent ces admirables globes, dont je m’avise un peu tard que blog est l’anagramme – invitation à poursuivre sur ce (délicat) sujet ?

  2. Avatar de M
    M

    En ce jour d’exaltation de la sainte croix, est-il aisé de répondre à la question du maître randonneur? Je n’en suis pas sûr…
    Le lecteur doit-il se reposer sur le sein de la princesse nommée science et attendre sur son « Patmos » une tranquille apocalypse? Je n’en sais rien.
    Après le banquet, une mise en Cène…Pourquoi pas?
    Un sein peut en cacher un autre… »Art de la comédie »qui tient d’une anagramme en quatorze lettres , celle
    « de la démocratie ».
    Bonne journée
    M

  3. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    De la sainte croix exaltée à F. Fellini qui rigole dans ses limbes, les gros lolos du randonneur laissent le public de glace. Tout est torpeur et platitude, plus personne ne réagit et ce mal qui répand la terreur en laisse mourir plus d’un sur l’asphalte de ce monde devenu stone.
    Et ce ne sont pas les savants propos d’un huron d’une contrée du diable vauvert qui va changer la situation, que je sache! Banquet par ci, Cène par là…Alcibiade et son agalma, Jean et sa révélation. Tous à table. Tous assis.
    « Tables »avec Michel Serres, où l’on peut lire :
    « Vous cherchez ici le langage, il règne ailleurs, dans un autre monde, où il a pris un corps glorieux »
    Faut-il un « cas d’évasion galante » pour sortir de cet enfer moderne où l’on voit la foule « marivauder dans le monde »? Est-ce par hasard, si les deux groupes de mots entre guillemets de cette question, contiennent respectivement deux étonnantes anagrammes :
    « Casanova de Seingalt » et « Salon de Madame Verdurin »?
    Quitter la randonnée, comme les autres, et prendre au petit bonheur la chance, un sentier qui bifurque…Pour y rencontrer qui? Un professeur, un physicien, un artiste?
    Ou tout simplement soi-même, plus quelque chose qui passe…Un ange peut-être!

    G F

  4. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Yeux clairs ou sombres qui pétillent dans des visages dorés et de si longues jambes bronzées, gorge offerte au soleil de fin d’été. Ah … que les filles sont belles et insouciantes dans ces dernières semaine de septembre.

    « Lolos » avantageux ou pas ! Qui ne rêve de la douceur féminine à l’image des seins et des fantasmes qu’ils procurent ?

    Et que faire de tant de soleil ? Coupable de transformer la beauté en visages burinés et fripés et en chairs molles .. Belle jeunesse si vite enfuie ! Plus durs seront les regrets de la belle, si le goût du compliment lui a fait oublier que le dard de l’astre du jour est toujours ruineux précocement.

    Vanter les charmes de celle-ci ? Bien trop facile, n’est-ce pas. Qui ou quoi pour accompagner l’âge dit mature, ou la fragilité commençante d’une vieillesse qui s’approche.

    A l’écoute des bruits de la vie, je viens d’entendre Margherita ( 4 ans) dire à sa Nonna : « Che bella, ti ammo ».
    Heureuse grand-mère, heureuse enfant. Un matin ordinaire, un vieux mari s’extasie devant les cheveux de l’épouse que l’humidité de la nuit a fait boucler.

    Quelques éclats de bonheur : une vraie force où puiser.

    Cependant … prudence vis à vis des faux-amis. Les causeurs et les autres …

  5. Avatar de M
    M

    Bonsoir!

    Le commentaire précédent nous donne une leçon de vie, toute simple, vraie.
    Tout à l’heure, au jardin, je lisais « Cantique des cantiques », une pièce de Jean Giraudoux.
    Une leçon de vie aussi…
    Reste une terrible interrogation, à la margelle du puits…de vie.
    Dans le temps retrouvé , Marcel a dit son mot sur cette complexité de la vie et même des circonstances.
    Et dans le temps fabuleux des enfants rêveurs, on ne cause pas, Madame, on vit.
    A méditer, peut-être, entre gens sérieux!

    M

  6. Avatar de Cëcile d’Eaubonne
    Cëcile d’Eaubonne

    On peut trouver le texte complet de la pièce de Giraudoux sur Internet. Et, également des commentaires sur le rapprochement avec celui du Cantique des Cantiques de la Bible.

    Échos de l’un à l’autre, vraiment ?
    Un vieux Président encore vigoureux attend sa jeune amante pour leur rencontre hebdomadaire. A ce rendez-vous, celle-ci veut lui rendre toutes les pierres précieuses ( rubis, saphir, etc ) offertes au cours de leur idylle. Un bonheur auquel elle renonce pour épouser un jeune homme qu’elle présente comme gauche et borné. Elle troque ainsi une attente amoureuse qui la comble et l’inquiète contre une tranquillité atone et un statut social, même peu enviable.

    Amoralité d’une histoire banale quand le texte biblique nous entraîne dans les profondeurs psychiques de deux personnes qui tentent de se rejoindre. La Bible parle de la rencontre amoureuse où se joue tout refus de fusion et confusion entre les êtres. D’amour sur fond de don gratuit …

    Quelle leçon de vie, monsieur M, retenez-vous de la pièce de Giraudoux ?
    Qui dit leçon … exprime un enrichissement. et j’ai la berlue de ne point en trouver.

  7. Avatar de m
    m

    Bonjour!

    J’ai le sentiment que notre Dany randonneur sur son chemin de Croix doit bien rigoler en voyant ses Gros lolos alimenter un sain débat sur le Cantique des cantiques. Et ma foi, pourquoi pas?

    Merci Madame. Votre question se pose à point nommé et je la trouve très judicieuse. D’une « question sans réponse » une belle anagramme de ces trois mots nous invite à « Enquêter sans espoir ». Cependant, sur la sente de croît des connaissances, il n’est pas défendu, me semble-t-il, d’espérer quelque chose d’une quête.

    Chacun s’accorde, je pense, pour vanter la beauté des poèmes qui s’exhale du livre sapiential et la pièce de Jean Giraudoux qui s’en inspire a le mérite de nous faire réfléchir sur la notion du couple.

    Vous avez lu, j’imagine, et c’est très bien comme ça, la critique universitaire, sereine et argumentée, de M. Pierre-Louis Rey sur le faux couple de la pièce.

    Inutile d’en rajouter. Reste à changer en or le zirkon de Jérôme (J.Giraudoux écrit zirkon avec un k). Le rideau tombé, cette opération demanderait à l’intéressé de s’investir pour conquérir Florence et c’est sans nulle conteste un sacré travail!

    Madame, il y aurait-il une leçon particulière capable de nous métamorphoser comme dans les contes de notre enfance et permettre à l’Ondine d’épouser le chevalier? Monsieur Giraudoux n’apporte pas la réponse mais il participe à sa possible élaboration.

    L’autre jour, je recevais dans ma chaumière un couple d’amis. Ils sont repartis avec des petites choses dans le coffre de la Porsche.

    Quelque chose manquait…Ce quelque chose qui parle et qui touche, je l’ai trouvé par hasard quelques heures plus tard.

    Ils l’on reçu par voie postale et ce fut un ravissement. Quèsaco?

    Eh bien tout simplement la fin de la pièce des « Variantes II » – Intermezzo – où Isabelle est sauvée!

    Chanter la grammaire du féminin est une chose dans l’air du temps mais où sont les femmes, lectrices bien informées du Cantique des Quantiques (avec un q) et au courant d’une physique qui porte en elle les germes d’une immense révolution culturelle, capables d’inventer le masculin?

    « L’amour, un instant de bave » ou « un diamant bouleversant »?

    Encore une étonnante anagramme qui exige de faire un petit effort d’intellectualité, sans doute, dans les marécages de la république coassante, pour que le geste et la parole ne finissent point en queue de poisson.

    Bien à vous tous, chers amis de la randonnée.

    m

  8. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    Bien cher estimé randonneur du très respecté journal « La Croix »!

    Arrêt sur image. Je parle de la dame du haut avec ses « gros lolos. » Plus d’un et vous le savez, cher excellent billettiste, a poussé des Oh! d’exclamation, en voyant mis en exergue votre photographie choisie…Dieu, par saint Jean, quelle histoire!

    Mais quand il y a des oh, il y a débat, faute d’ébats. Et la discussion, en tout bien tout honneur, a bien eu lieu avec moult citations au sein de cet aréopage où de braves gens n’y comprenant goutte, font un petit tour et puis s’en vont!

    Une petite suggestion du fin fond de mon abbaye perdu en quelque lointaine contrée.

    Et vous cher Daniel, l’oint du Très-Haut, ne pourriez-vous enlever – je parle de la belle du billet – son haut pour mettre son bas?

    On peut imaginer la dame au joli cou-de-pied et, de là, pérorer à l’envi sur une pantoufle de vair, comme dans les contes, comme dans les sciences.

    Je vous quitte incontinent, c’est l’heure des complies.

    On s’enivre comme on peut, palsambleu!

    Nous attendons, cet après, s’il existe…

    Avec et sans le spectre!

    Cordialement

    Gérard

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci cher Gérard de ces suggestions agitées entre vos pensées conventuelles… J’étais moi-même en Corse jusqu’à hier, assez privé d’internet d’où le silence de ce blog (que je reprendrai demain). J’ai voulu avec ce billet, un peu osé peut-être, témoigner d’un trouble récurrent ; et que seraient nos vies sans ces moments où de fulgurants « agalmata » nous atteignent, nous percent ?

  9. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    Bonjour à tous!

    Agité dans le bocal conventuel? Oui, en effet, Monsieur le randonneur en chef, il y a de l’agitation dans la salle capitulaire depuis la parution de votre billet dans l’espace électronique du journal « La Croix », intitulé « Gros lolos ». Fallait-il passer outre ou mettre les pieds dans le plat, qui ne veut pas dire mettre la main aux nénés, comme de bien entendu?

    Rassurez-vous incontinent, dans la boîte à pharmacie du monastère, il n’y a ni Lorazépam ni Zuclopenthixol et ma foi, nous nous portons pas si mal! On ne connaît, Dieu soit loué, ni grippe ni coronavirus et pourtant nous ne sommes pas des clients attitrés des marchands de pilules!

    J’entends bien la critique, qui fut celle de Monsieur de La Fontaine considérant par une subtile tournure, le rat retiré du monde comme un dervis pour ne pas dire un moine, si peu charitable. Mais pour ne rien vous celer, Monsieur le randonneur en chef, sachez qu’aucun député du peuple ne nous fait l’honneur de sa visite. Hormis, ce brave abbé qui, il y a quelque temps, est venu nous voir, en compagnie de sa fidèle Sœur Clotilde dans sa 2 chevaux d’occasion. Le pauvre, se baignant un jour dans La Blaise, un fripon lui avait volé sa soutane. Ce fut un bonheur pour lui de se voir, ici même, en cet ermitage, offrir une soutane toute neuve confectionnée par nos moines pasteurs et tisserands. Il a maintenant la conscience tranquille, la Providence lui a rendu son bien.

    Dans quel jardin de curé ou de quelque figure druidique trouver ces agalmata en mesure de nous abreuver de ces laitances qui remontent de la matière?

    Il serait temps qu’une science ouverte déboutonne son corsage, Monsieur le randonneur en chef, vous ne pensez pas?

    Cordialement

    G F

  10. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Incontinent ! Sens 1, « qui a tendance à trop parler », me renseigne Google.
    La dame aux formes avantageuses suscite-t-elle le délire des mots et des sens ? Comme l’illusion d’être immortel …

    Je lis dans l’ouvrage « Blind date, le sexe et la philosophie « , d’Anne Dufourmantelle :
    – Á notre finitude, le sexe répond en annulant le temps. /…/ Autant de temps que dure la jonction des corps, le désir d’une peau, d’un visage, d’un nom. /…/ un évanouissement par les sens, une fulgurance.

    Promesse de « la dame aux lolos » en caoutchouc ? Tyrannie du rêve où l’on n’étreint que du vide ou un goût de la froideur de la mort.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui, très juste chère Cécile, nos rêves nous tyrannisent par la disproportion entre l’imaginaire et la plate réalité. Mais c’est leur rôle, que voulez-vous que le rêve (le fantasme, les agalmata…) soit d’autre que le rêve ?

  11. Avatar de M
    M

    Bonsoir!

    J’aime beaucoup, Madame, Monsieur, vos derniers propos.
    Je veux y répondre incontinent. Incontinent est un adverbe qui signifie aussitôt, immédiatement ou encore sur-le-champ.
    Vous parlez du temps, et de tyrannie.
    Le dernier chapitre de « La tyrannie du plaisir » de Jean-Claude Guillebaud , s’intitule « Une certaine idée du temps ».
    On peut toujours citer E.Lévinas et M.Weber et laisser se briser la flèche du temps.
    Le rêve étant une force de la nature, il n’est pas dit qu’il ne dissipât les fatalités « naturelles » de l’espèce…

    M

  12. Avatar de Cëcile d’Eaubonne
    Cëcile d’Eaubonne

    Les agamaltas ? Rêves soyeux dans la statuaire antique …
    L’art pour magnifier les corps nus.

    Loin … Florence, Rome.
    Et plus près, le musée parisien du Louvre, même au temps du coronavirus.

    Désespérance de la poupée gonflable. Chiffon !

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui mais encore une fois, le chiffon hélas, comme sur le taureau, a d’étranges pouvoirs d’attraction !

  13. Avatar de M
    M

    Poupée de cire, poupée de son…Et si le chiffon avait une âme? De cette étoffe dont nos rêves sont faits, nous sommes, a dit quelqu’un.
    Laissons les gondoles à Venise et le linge intime à Naples. La lectrice ou le lecteur de ce commentaire qui sait le pour et le contre a peut-être envie de s’élever un peu…Pourquoi pas? Sous la peau d’âne un habit de lumière, caché en quelque chambre ordinaire, à l’abri des regards indiscrets.
    Et si le conte disait vrai?
    Le tissu comme témoin pour le rêveur de rêverie qui garde assez de conscience pour dire : c’est moi qui rêve la rêverie, c’est moi qui suis heureux de rêver ma rêverie (Dixit Gaston Bachelard)
    Histoire, peut-être, d’aveindre les racines du ciel, qui sait!
    Et pour ce faire, bonne dame, il faut être, je crois, singulièrement gonflé.

    M

  14. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    “Chiffon ! “ disent les enfants qui jouent dans la cour de leur école. Et leurs corps s’effondrent sur eux-mêmes pour que le meneur de jeu n’ait pas le temps de les toucher.

    Oui, poupée de son sans vie et protection imaginaire pour ne pas être manipulés.

    À Venise, quelques gondoliers attendent les rares clients. Les promenades sur le grand canal attirent peu les gens qui déambulent de ruelle en ruelle. On peut toutefois utiliser le service pour passer d’une rive à l’autre. Ce que les Vénitiens et une poignée de touristes ne se privent pas. Atteindre le ciel quelques instants sur l’onde emplie de soleil. C’était hier, ce sera toujours à venir …

    L’existence actuelle est à construire dans un automne plombé par le coronavirus. En route, toujours ….

  15. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    Et… « de cavaler au vent des mirages! »
    Belle anagramme, de « Miguel de Cervantès Saavedra »
    Fallait-il la redire au meneur de lune?

    G F

  16. Avatar de Country boy
    Country boy

    J’aime beaucoup les femmes au gros seins touchés leur poitrine opulente
    Dans le x des star porno il a pas beaucoup

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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