J’avais, en décembre 2017, attiré l’attention des lecteurs de ce blog sur le séminaire de l’ITEM (Institut des Textes et Manuscrits) consacré à Aragon à l’Ecole Normale Supérieure, et notamment sur la séance traitant de l’érotisme et de la pornographie chez cet auteur, programmée par Louise Mai.
Mon annonce contenait l’introduction de l’exposé que je me proposais alors d’y faire. Je suis en mesure aujourd’hui de donner l’ensemble de mon texte, enfin rédigé et qui paraîtra dans le numéro 3 du « Cahier Aragon » en 2021.
Colloque « Aragon, érotisme et pornographie », séance du samedi 9 décembre 2017, ENS-ITEM
Quel « champ de réflexions amères » ?
Le sujet auquel nous consacrons cette journée de notre séminaire de l’ITEM pose un problème majeur, qu’on ne saurait sous-estimer, et encore moins escamoter.
J’ai moi-même édité (commenté, annoté) au tome I des Œuvres romanesques complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade (désormais noté ORC 1), l’essentiel du corpus qu’on peut dire érotique d’Aragon, qui tient en quelques titres contemporains de sa période surréaliste : Le Con d’Irène (publié anonymement en 1928 et qu’il n’a jamais reconnu), L’Instant (titre posthume ajouté à une liasse de manuscrits vendus circa 1930, et qui contient quelques-uns des textes les plus scabreux d’Aragon), Jean-Foutre la Bite (1930) et peut-être Entrée des succubes (1925), à quoi il conviendrait d’ajouter, ou de lire à leur lumière, telles pages flamboyantes du Paysan de Paris, ou encore du Mauvais plaisant (1926)…
La question est en effet de raccorder Aragon à lui-même : comment le poète courtois des Yeux d’Elsa (1942), du Fou d’Elsa (1963) a-t-il été aussi l’auteur de ces pages (scandaleuses et laissées pour l’essentiel sans signature) ? Comment mettre d’accord deux démarches, deux modes d’approches de l’amour apparemment aussi incompatibles ? Car la première chose à rappeler, au moment d’ouvrir ces textes peu frayés d’Aragon, c’est sa très haute conception de l’amour, dont il fit une sorte d’apprentissage sacré au terme duquel il écrit : « Un vrai critique est celui qui apprend à aimer, et attention ! j’emploie toujours le verbe aimer au sens fort (…). Je suis peut-être un fou, peut-être un esclave, peut-être un sot, mais je vous le dis, de cette vie je n’ai appris qu’une chose, j’ai appris à aimer. Et je ne vous souhaite rien d’autre, savoir aimer » (J’abats mon jeu, 1959). De l’auteur du Libertinage au chanteur lyrique des poèmes à Elsa – du romancier qui fixa dans Les Cloches de Bâle ou Aurélien d’inoubliables rêveries amoureuses jusqu’au vieillard homosexuel de Théâtre/roman– quel usage de l’amour propose Aragon, et qu’a-t-il à nous apprendre d’essentiel sur ce sujet brûlant, le nouage de l’amour et de l’écriture ?
Il faut en effet repartir du tissu textuel, et sonder quelques phrases : « J’envie beaucoup les érotiques, dont l’érotisme est l’expression. Magnifique langage. Ce n’est vraiment pas le mien. (…) Je suis probablement fermé à cette poésie particulière et immense. (…) Erotisme, ce mot m’a bien souvent mené dans un champ de réflexions amères. (…) L’idée érotique est le pire miroir. Ce qu’on y surprend de soi-même est à frémir » (Le Con d’Irène, ORC 1, bibliothèque de la Pléiade page 446).
Ce livre dont Camus, Pieyre de Mandiargues ou Julia Kristeva disent qu’il constitue, pour parler du sexe, l’un des plus beaux accomplissements de notre langue, ne pouvait que décevoir les amateurs spécialisés : Aragon y passe en effet des scènes les plus explicites à des réflexions morales et métalinguistiques étrangement mêlées ; une tête s’affronte à la bête sexuelle, et considère avec étonnement ces deux extrêmes du moi fichés dans un même corps ; une parole s’étire et s’y emporte jusqu’au vertige de la jouissance ; la « langue ardente de l’orage » se déchaîne, et retombe. Jamais vulgaire (l’auteur pourrait dire à la manière de Monsieur Teste « la gaudriole n’est pas mon fort »), Aragon écrit par exemple : « Il ne me vient pas à l’idée, la gauloiserie n’est pas dans mon cœur, que l’on puisse aller autrement au bordel que seul, et grave » (Le Paysan de Paris, Pléiade OPC1, bibl. de la Pléiade page 221).
Au titre de cette gravité, on lit encore : « Je ne veux pas des rieurs de mon côté » (Le Libertinage).
Ou cet avertissement définitif, à propos de Matisse : « L’énorme chasteté de l’intelligence ».
Ou encore, concernant la triste Paulette des Voyageurs de l’impériale : « Elle n’était pas de ces femmes à qui le monde est un vertige ».
Et toujours : « Je n’ai jamais cherché autre chose que le scandale et je l’ai cherché pour lui-même » (Le Libertinage)…
Mais relevons aussi ceci, intimement dérangeant : « Je crois que j’ai eu besoin des femmes comme pas un. D’autres les ont sans doute aimées davantage. J’en ai eu besoin. Et non pas d’une. De toutes les femmes. De la foule des femmes. Du tableau indéfiniment mobile de leurs possibilités. (…) Anonyme amant des putains, je me suis plu à cet effacement de ce qu’on croyait moi-même, dans leurs bras faits à d’autres et leurs yeux déjà vides. Je crois que j’ai eu besoin de cesfemmes comme pas un. / Je parlerais sans fin du goût que j’ai eu d’elles, si je m’écoutais. Ne sachant plus alors vraiment si je parle de moi ou d’elles. (…) Comme vous m’êtes familières, filles à tout le monde, et par là vraiment miennes. (…) J’ai aimé le fard outrageant, les merveilleux maquillages. J’ai aimé les putains parce qu’elles étaient putains avant d’être des femmes. J’ai adoré les pires d’entre elles, celles qui font frémir dans les livres, et qui font frissonner de plaisir dans les lits » (Le Mauvais plaisant, ORC 1 pages 597-602).
Devant ces incroyables écarts de la personne, on a envie d’ajouter, avec Aragon citant la dualité d’Isidore Ducasse-Comte de Lautréamont : « Arrangez-vous ! ». Ou plutôt, ne me rangez pas, je vous échappe, « Vous pouvez toujours me crier Fixe »…
Quel corpus « érotique » ?
On n’en finirait pas de citer ces phrases qui claquent superbement, qui subjuguent, provoquent et relancent. Parce que le monde réel et l’approche des autres lui furent vertige, Aragon ne cessa de se risquer, voire de se compromettre en de scabreux chemins, également baptisés par lui « défense de l’infini ». Apprendre à aimer, au sens fort du verbe, passait donc par ces parages mal famés, anonymes ?
Nous répondrons par l’affirmative en faisant l’hypothèse de la continuité, nous supposerons Aragon entier dans chacune de ses pages où il s’exerce, où il observe, où il apprend. Et nous reviendrons sur quelques passages particulièrement dérangeants, ou frémissants, pour tenter de comprendre, sans mutiler ni édulcorer notre fantasque auteur, son étrange pédagogie de l’amour.
Une première question posée par l’intitulé de notre journée est de localiser un corpus « érotique » chez Aragon, si l’on remarque pour commencer que sa parole érotise tout ce qu’elle touche. Au chapitre II d’Anicet par exemple, le récit des aventures du jeune homme dansant dans les bras de la parfumeuse passe par l’évocation assez explicite d’un orgasme. Dans « Le Passage de l’Opéra », qui reprend dans le même cadre, objet d’étonnantes descriptions, des intuitions déjà présentes au début d’Anicet, les jeux d’éros (et de thanatos) se trouvent très finement entrelacés à ce paysage de boutiques, de cafés et d’hôtels meublés. Voué aux industries du luxe, de la galanterie et de la toilette, le passage (par ailleurs ondamné à mort) est tout entier parcouru d’une électricité mentale propice à la convulsion des corps ; irisé, d’un magnétisme constamment rechargé par un regard lui-même désirant, il scintille. La page célèbre consacrée aux coiffeurs montrerait, à elle seule, cette capillarité d’un désir prompt à s’insinuer, à investir chaque interstice du décor ; les corps s’y étirent, s’y attirent et se prolongent par une résille d’images et de métaphores que les arabesques de la blondeur emblématisent ; et la phrase elle-même, sinueuse, serpentine, semble se charger de sensations par une longue caresse du regard et de tous les sens, ainsi promenés. Un pareil texte qui s’imprime en passant sur notre corps n’a rien perdu de sa saveur, et il mérite toujours d’être lu et relu comme une école de la sensualité, ou du mariage des sensations avec les pouvoirs de séduction d’une écriture souveraine.
Ce principe de délicatesse, attentif aux détails sensuels et aux mille complications du désir, est partout lisible au fil des pages d’Aragon, par exemple dans le conte « L’Extra » du Libertinage : « Elle avait choisi ce lieu pour le ruisseau qui le traverse en charriant de petits bouts de bois, quelques mouches d’eau, des cotons de peuplier, de la mousse et d’autres matériaux légers, qui respirent l’innocence ». Cette légèreté de touche faisait déjà tout le charme du petit roman délicieusement érotique des Aventures de Télémaque, qui s’ouvre par un jeu de mots apollinarien, « Calypso comme un coquillage au bord de la mer… ». Ce bordel amer occupera de fait le chapitre VI, où Neptune offre au jeune homme un aperçu obligeant des fonds sous-marins, ouverts comme un « salon de parade » grouillant des perversions polymorphes d’un bestiaire digne de Maldoror (pages 223-224) ; mais l’amertume s’accumulera au bordel de la ville de C. visité dans Le Con d’Irène, pour teinter de mélancolie les visions obligeamment procurées ici encore par les jeux sexuels de la chambre d’à-côté. C’est à leur spectacle (lugubre ?) que le narrateur confie : « Erotisme, ce mot m’a bien souvent mené dans un champ de réflexions amères ».
Comment mieux cerner cette curiosité érotique d’Aragon, très supérieure il me semble à celle manifestée par ses camarades surréalistes, et notamment Breton, qui mentionne dans le Deuxième manifeste « l’arme à longue portée du cynisme sexuel », sans spécialement y recourir ? Son ami n’aurait pas souscrit à cette formule, le cynisme n’est pas son fort. Très conscient des vertus scandaleuses de la sexualité, nous dirions qu’il explore et exalte celles-ci pour mieux enfoncer un coin dans les désignations si vulgaires, et les satisfactions si vite atteintes de ses contemporains, quand ils s’adonnent en paroles ou en actes aux « choses du sexe ». De même qu’en renchérissant sur « Blond comme les blés (…) et l’on a cru tout dire », l’auteur duCon d’Irène s’empare de l’organe féminin pour en proposer une célébration émue, lyrique, vertigineuse, où lui-même s’enfonce comme pour reconquérir un peu de cette féminité enfouie dans sa propre chair.
Se réapproprier le féminin
L’envie du féminin, continent évident de toutes les convoitises, poussera Aragon jusqu’aux éclats déments de sa jalousie dans La Mise à mort (1965), et au-delà. Depuis le gynécée de la pension tenue par sa mère avenue Carnot, où l’enfant Louis passait de chambre en chambre aux mains des belles étrangères, il observe avec une envieuse concupiscence les femmes, et les infinies complications de leur toilette, comment cela se noue sous les bras, « les passages du ruban à la chair » (Henri Matisse, roman)… Il a, comme Aurélien, « des idées sur les étoffes », et sa phrase riche d’arabesques se fait elle-même voile, écharpe, robe. Or le beau avec les robes, c’est ce qu’elles nous dérobent. Très capable d’aller au corps nu, avec des mots crus – « Mieux vaut l’allusion cochon, jeune homme, que le mot impropre » aurait-il dit à Antoine Vitez (qui le rapporte à Maryse Vassevière, Recherches croisées n° 3) – Aragon préfère jouer généralement de toutes les ressources de la surface, prodiguant la toilette et les cosmétiques dans Aurélien, détaillant longuement les superbes uniformes de la Maison du roi dans La Semaine sainte, pour sonder l’inaccessible corps profond.
Ce parti-pris des étoffes éclate par exemple dans L’Instant (ORC 1 page 637), où les femmes qui ont remué les étalages du Printemps et des Galeries Lafayette se retrouvent dans le métro, leurs chairs tendues à des mains caressantes sous les légères toilettes de l’été : « Le foulard, les satins, le voile de soie m’attirent. Je sais comment un corps frémit sous le velours. (…) Ce qui me sépare de la peau, ce qui glisse sur elle, m’en donne un avant-goût enivrant. Je me serre dans ces foules entassées contre des femmes dont tout d’abord la toilette m’a séduit. Ces véritables inconnues qui me troublent, je vais ainsi à elles à travers ce qu’elles aiment, ce qu’elles ont choisi pour être et leur parure et l’expression de leur sensualité cachée (…) ».
La suite de ce texte éminemment scabreux (consacré aux branlettes du narrateur mêlé à la foule du métro) proteste contre la courte vue qu’ont les gens du plaisir, pressés de conclure et d’atteindre ce sommet d’eux-mêmes qui les fait chuter dans la stupidité, alors que tout l’érotisme est dans l’approche du plaisir, dans ses voies infinies : « J’étais à dire que l’infini n’est pas dans le plaisir mais à ce qui parfois y mène, et qui peut tout aussi bien n’y pas mener. (…) pas une fois l’approche du vertige ne s’annonce par les mêmes pensées. C’est que tout change dans les conditions du vertige » (ibid., p. 639). Les méandres de ce texte étrangement délicat, autant que follement risqué, permettraient de vérifier je crois qu’en amour Aragon ne veut pas avoir mais être une femme.
Une grande confusion identitaire préside à ces rencontres furtives et chtoniennes qu’il n’a pas le sentiment de provoquer, qu’il subit dans un état de dépossession radicale du sujet : là où les corps comprimés dans la nuit et les embardées du wagon se frôlent, un voyageur plus attentif et aventureux que d’autres guette, dans les interstices du travail et de la bienséance sociale, comment un grand désir réprimé s’épanche, qui bafoue le principe de réalité (et de respectabilité) pour affirmer l’insurrection des sens. Entre les souffles et les peaux mêlées, dans la course souterraine de la boîte de fer qui brinquebale et éructe ses étincelles qu’il compare à des giclées de rires, le narrateur anonyme de L’Instant tâtonne à la rencontre du désir de l’autre, qu’il accompagne pour le faire sien ; il seconde une grande poussée érotique secrétée par l’anatomie anonyme et plurielle qui serpente sur l’échine des rails, filon aurifère frayé par la machine.
Si la pornographie fait le choix, radical mais peut-être irréaliste, de viser la chair nue, matérielle ou physique, sans séduction ni langage ajoutés, Aragon n’y consent jamais ; il examine et chérit pour sa part les vertiges de l’intersubjectivité, et la composition des mondes charnels (comme celui prêté à Pascal aux premières pages des Voyageurs de l’impériale, dans la chambre de sa grand-mère) : un état du corps s’étirant et se reflétant dans un décor très minutieusement observé et reconstitué, et décrit dans une langue elle-même amoureusement travaillée, la jouissance des mots-pour-le-dire et les obstacles du tissu défendant-révélant la chair valant bien ces scènes ou ces actes qu’on dit sexuels…
Mais on comprend par les quelques extraits de texte supraqu’Aragon va loin dans son exploration, et son identification du/au monde de l’autre (féminin). Être dans la même chair à la fois homme et femme, surmonter l’implacable différence des sexes, n’est-ce pas ce qu’il appelle en ces années de fièvre défendre l’infini ?
Eros avec thanatos
Une lecture qui se limiterait ici au Con d’Irène vérifierait, je crois, ces rapides intuitions. Ce livre se présente comme un texte alterné, où l’imagination bifurque à plusieurs reprises, des jouissances supposées de la chair à celles de la seule écriture. Aragon nous y confie plusieurs secrets, qui motiveront ensuite peut-être son tenace désaveu de ce texte : une certaine impuissance sexuelle, ou son inaptitude aux postures viriles, telles qu’il en fait également état (mais faut-il le croire ?) dans les « Enquêtes sur la sexualité » publiées dans La Révolution surréaliste de 1929.
Le monologue de l’aïeul paralytique contient peut-être à cet égard un aveu poignant : « J’avais vingt-cinq ans quand je me suis assis pour toujours », l’âge d’Aragon fixant à Giverny ce discours, follement cérébral, d’un homme condamné à voir, et connaissant dans cet amenuisement de ses sens la jouissance à l’état pur. La grande affaire du narrateur est en effet d’écrire, et particulièrement de fixer sur le papier la jouissance des femmes, Irène, ou sa mère Victoire, deux reines qui donnent tout son éclat à cette notion de maîtresse, dont Aragon est un adepte visiblement passionné. Devant le triomphe du matriarcat, l’homme ne peut en effet, comme l’aïeul, que se soumettre et ruser : « J’étais son chien. C’est ma façon ». Le propre du monde fermier est ici sa fermeture, monde d’un érotisme clos, d’un narcissique circulaire… Je ne reviens pas sur les analyses proposées dans l’appareil critique disponible dans Pléiade 1, où l’on voit que le masochisme déclaré du narrateur n’a d’égal que son admiration éperdue pour la plénitude féminine, aussi cruelle soit-elle aux hommes ici déchus, ou ravalés.
Ce dressage, cet abaissement de l’homme seront-ils une constante de l’amour courtois d’Aragon, tel qu’il alimentera ses poèmes à Elsa ? Il faudrait sur ce point lire de près La Mise à mort (1965), où les déferlantes de la jalousie qui enchevêtrent intimement érosavec thanatosen disent long, il me semble, sur l’érotique aragonienne – et sur ce point, je ne peux ici encore que renvoyer à l’appareil critique du tome V de la Pléiade. En marge de ses poèmes idéalisants, tels ceux chantés par exemple par Jean Ferrat, Aragon aura décrit et il se sera longuement expliqué, dans ses derniers romans notamment, sur les ravages et la face noire de ses amours. Il ne faisait pas forcément bon être Elsa – qui osa intituler significativement l’un de ses livres Personne ne m’aime.
Mais il faudrait encore, sur l’union insécable dans cette œuvre d’éros et de thanatos, faire un détour par Jean-Foutre la Bite (1930), texte d’une noirceur inouïe mais texte également très drôle, voire tordant (comme Daniel Mesguich nous en a fait un jour, en privé, la démonstration)… Il convient pour le lire de le mettre en regard avec quelques poèmes de La Grande gaîté (1929), qui ont traversé l’épreuve d’un double suicide, celui du manuscrit de la Défense partiellement brûlé en 1927, avant qu’Aragon lui-même ne fasse à Venise, en septembre 1928, la tentative apparemment sérieuse de se tuer… L’énorme scatologie de ce texte de 1930, non destiné à la publication, ne peut se lire qu’à la lumière très noire de cette auto-destruction. Erotisme, pornographie ? Recherche du scandale pour le scandale ? La provocation semble à son comble dans ce troisième suicide, celui de son propre style, et de toute bienséance.
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