Pourquoi nous haïssons Trump

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Il n’est pas trop tard pour tenter de répondre à cette question, le personnage s’accroche à la Maison blanche et ne la quittera que dans soixante-dix jours. Quels dégâts va-t-il encore provoquer d’ici là ?

Depuis la si pénible nuit du 4 qui semblait lui donner encore quelques chances de doubler son premier mandat, il y a eu l’attente, morfondante, puis l’explosion de joie du 7 novembre, un dénouement où ce sont les grands médias qui tranchèrent, jetant dans la rue des partisans en liesse et d’autres incrédules, ou qui refusent l’évidence des chiffres. Bien loin de s’incliner, Donald Trump a choisi d’attiser les soupçons et la haine de ces derniers par ses tweets, d’en appeler une fois de plus à la passion contre la raison, à la rue contre l’institution. Et à des armées d’avocats qui vont profiter de ces recours pour se gaver, à défaut de trouver des juges qui acceptent leurs « preuves ».

Triump est un cas d’école, une loupe grossissante de tous les maux qui menacent une démocratie. Je sais que le critiquer est un passage obligé, un exercice devenu trivial, et qu’il y a d’autres façons pour tirer son bilan que de refaire la liste de ses tares psychologiques et de ses méfaits les plus évidents. Tant pis, j’ai envie moi aussi de vider ma querelle, de dire affectivement,  passionnellement, pourquoi Trump nous soulève le cœur. Et quel énorme dérapage aura constitué sa première élection. Il vient d’échouer d’assez peu (5 millions de voix) à la seconde, il y a donc 70 millions d’Américains qui le suivent encore (plus qu’au premier tour où ils ne savaient pas, où ils essayaient pour la première fois de son remède), que leur dire qu’ils soient capables d’entendre, comment leur dessiller les yeux ?

 On ne tire pas sur une ambulance ? Mais Trump n’est pas mort, et même assez bien portant dans la voix et les gesticulations de ses supporters. Feu donc sur le clown obscène, qui a foulé aux pieds les principes les plus élémentaires de la démocratie. Qui a incarné jusqu’à l’exhibition quatre ans durant, pour le monde entier, une marionnette de Président.

Son obstination à jouer au golf, alors que Biden élabore déjà une politique sanitaire et sociale qui ont si gravement manqué sous le mandat précédent, montre à elle seule sa frivolité, son profond mépris du bien commun. Les mesures sanitaires de Joe Biden ne pourront prendre effet qu’à la fin de janvier, combien d’infections et de morts d’ici là ? Les manifestations de rues, où les pro-Trump choisissent souvent de s’exhiber sans masque, comme une marque d’affiliation à leur chef bien-aimé ou un signe de ralliement, préparent pour les semaines à venir combien de clusters ? On avance le chiffre de 238000 morts du virus aux USA, de combien cet effrayant cimetière va-t-il s’allonger dans les semaines à venir ?

« Il est cash » disait je ne sais plus quel Américain républicain invité au 7-9 de France inter, propos rapporté dans mon précédent billet. Croyait-il excuser par ce mot le ploutocrate qui semble en effet tout réduire à des transactions commerciales ? Brut de décoffrage suggérait-il plutôt, ignorant les bonnes manières de l’establishment, franc du collier en somme… La franchise semble pourtant la dernière qualité à attendre de ce politicien tortueux et vicelard. Gamin tout-puissant prisonnier de son narcissisme, Trump tweet, tonitrue, décrète, comme si les mots les plus outrés valaient pour les choses, les contre-vérités flagrantes pour des arguments recevables. Sa parole, son « style » si l’on ose dire par antiphrase ont congédié la science pour la fiction, le débat pour le monologue péremptoire. L’ignorance du plus élémentaire commun restera, à mon avis, la tare majeure de son gouvernement, Trump ne rassemble pas, il clive et il divise (d’où les appels de Biden depuis son élection à une salutaire réunification). Ne prenons que deux indices de ce mépris de la chose commune, ou publique : alors que la démocratie est fondée sur le débat, celui de Biden-Trump en octobre dernier a vu ce dernier ne produire que du bruit pour échapper à tout argument, et couvrir de ses cris l’adversaire. Le spectacle qu’il donnait ce soir-là aurait dû le déconsidérer aux yeux de ses propres partisans, si ceux-ci ne confondaient pas l’échange des raisons (toujours en dispute dans l’arène politique)  avec un match de boxe. Pénible réduction, détestable stratégie !

Mais le commun par excellence, c’est notre terre, ses espèces, son climat. Que Trump puisse afficher un tel mépris pour la si nécessaire transition écologique, au nom de calculs économiques à court terme, ou d’une préférence nationale qui fait fi de la solidarité mondiale devant cette dégradation de la planète, est encore moins pardonnable. Or le mal est le même, l’impuissance chez ce personnage à entendre les paroles ou les raisons des autres, leur prétention à simplement coexister.

« America great again » ? Quelle grandeur un Trump aura-t-il redonné à son pays, en quatre années de présidence ? Quel bilan de cet histrion vont tirer les historiens du futur ? Déjà sa dénégation des résultats du vote, et son refus (pour combien de jours ?) de féliciter son adversaire pour sa victoire, est sans exemple dans l’histoire de la démocratie américaine. Trump joue à l’homme fort pour galvaniser ses partisans, à celui qui ne met pas le genou à terre. On a déjà vu à l’œuvre cette mise en scène primaire de l’Hercule de foire quand, hospitalisé pour cause d’nfection au Covid, il s’est relevé en 24 h, surjouant Superman ou les invincibles héros des jeux vidéo, clamant son éloge d’une médecine de pointe, mais sans témoigner une quelconque compassion aux infectés du virus qui ne peuvent s’offrir celle-ci. Cet épisode peut-être ajouta à son éclat dans la course présidentielle, auprès de ceux qui n’en jugent que par le corps.

Comme Poutine, il soigne et exhibe son corps

Entendons-nous : il faut apporter du corps dans une élection, c’est le vecteur du charisme et de l’identification, de l’investissement du leader par les masses. Celui de Biden peut, à cet égard, sembler déficient, pas assez tonitruant, peu propice aux tromperies et trompettes de l’autre. Il faut aussi à une élection une part de fiction, d’imaginaire et de rêve, on ne gagne pas les suffrages au nom de la seule raison. Au point où nous laisse cette élection présidentielle américaine 2020, force est de déplorer qu’une petite moitié des électeurs s’est rangée (reconnue ?) derrière les appels d’un populiste grossier, inculte et fier de l’être. Que ces électeurs préfèrent les rumeurs des réseaux sociaux aux informations des journaux ; les petites phrases des tweets présidentiels aux exposés forcément plus complexes des connaisseurs et des experts ; l’arrogance à la modestie qu’exigent de pareilles responsabilités à la tête du pays voire du monde ; ou la fausse jovialité de l’animateur de télé-réalité (sa première et seule spécialité) amateur de golf aux difficiles arbitrages d’une politique responsable. Trump a habitué ses partisans aux surprises et aux conforts du circuit le plus court : il s’est proclamé gagnant sans avoir la patience d’attendre, trois jours avant Biden ; à l’entendre tout est simple, tranché d’avance, et la grandeur revient à celui qui parle ou cogne le plus fort…

Décidément, Trump révulse en nous tout ce à quoi nous croyons le plus, l’éducation, les efforts de la culture et les ressoures de la science, le rôle des contre-pouvoirs (judiciaire, médiatique), la démocratie comme exercice d’une sagacité venue du partage, de la confrontation des raisons et de la mise en commun des bonnes volontés. Ou encore la communauté du risque, et de la responsabilité, face à la dégradation planétaire provoquée ici par les  choix néo-libéraux, ailleurs par diverses dictatures auxquelles Trump sert d’alibi, ou de modèle.


Puisse le tandem Biden-Harris remonter cette pente (que le vaincu savonne déjà), ce sera long face aux poisons qui tournent dans les têtes, aux simplifications en noir et blanc qui alimentent les croyances et les bonnes consciences. Le trumpisme a fortement implanté son modèle ou poussé ses racines dans le paysage mondial, combien de temps faudra-t-il pour les en extirper ?

26 réponses à “Pourquoi nous haïssons Trump”

  1. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    Je partage votre saine fureur contre cette caricature . Je m’interroge néanmoins sur les racines qui doivent être profondes de l’aversion de 70 millions d’américains contre l’intelligentsia et son discours politiquement correct .
    Pour que telles plantes poussent dans le terreau d’une société il faut bien admettre qu’il doit y avoir de solides raisons ou un profond désespoir. J’avoue cependant ne pas les discerner clairement.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je partage moi aussi votre question, Bertrand, comment 70 millions d’Américains peuvent-ils plébisciter un Trump ? On nous répond par l’économie, que son mandat aurait « boustée », est-ce bien cela ? Ses électeurs persistent à voir à travers lui une réalisation du rêve américain, dont chacun attend sa part. Le titre de la série documentaire proposée sur Netflix dit peut-être l’essentiel, « Trump, le rêve américain ». Hélas, peut-on, faut-il rêver si bassement ? En déliant par exemple l’économie de l’écologie, qui souffre beaucoup des progrès de l’autre. Et que veut dire dans ce cas « great again », à quoi mesurent-ils leur « grandeur » ?

  2. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonsoir!

    Eh bien, avec un tel billet, sans doute nécessaire, notre randonneur est sûr d’avoir des réactions ! Monsieur Tout-le-Monde qui fait dire aux savants, amateurs d’anagramme : « Tu es le mouton endormi », va se régaler et haro sur le galeux, le pelé d’où vient tout le mal!
    Bien sûr qu’il convient de dénoncer l’imposture, la bêtise fussent-elles théâtrales, et là il faudrait quand même commencer par balayer devant sa porte.
    La série sur une histoire de France diffusée sur France 2 , en six épisodes, les lundis de la semaine dernière et de celle en cours n’a pas fait l’objet d’un billet.
    On peut le regretter mais libre au randonneur, c’est lui qui est aux commandes.
    Il eût été pourtant édifiant de s’interroger sur la responsabilité de celles et ceux qui ont et qui ont eu pour mission d’enseigner, d’instruire et d’élever le peuple par les lumières qu’ils sont censés avoir reçues. Quand on le voit avachi sur son canapé pour regarder les âneries de l’étrange lucarne, on a le droit de s’inquiéter sur la capacité des élites qui ont fabriqué « la France des veaux » pour reprendre la juste expression gaullienne.
    Tous ces beaux messieurs si tranquilles des grandes écoles (L’un d’eux et non des moindres, me disait un jour : « Mes élèves, cher ami, ne sont que des morts vivants ») prennent-ils la plume pour dénoncer leur manquement et leur désintérêt d’un peuple qu’ils n’ont pas su cultiver en le laissant faire n’importe quoi!
    Le chemineau des écoles a certes bien le droit de critiquer, à sa manière, le vote d’un fermier du Michigan, mais il ne messied pas de montrer qu’il a aussi son mot à dire à la foule des gens qui vendent des outils et qui ne s’en servent pas, ici même au pays de la dolce France chantée par Jean Ferrat, ce drôle d’académicien qui faisait la boule sous l’œil de la caméra, avec des gens qui percevaient des retraites de misère.
    Instruire le peuple, à mon humble avis, ce n’est certes point sombrer dans l’éternelle quérulence. Ce serait plutôt faire preuve de bénévolence.
    C’est facile pour un millionnaire, au demeurant fort sympathique, de pérorer à l’envi et non sans raison sur l’ère du peuple et pour une gente dame non moins charmante de faire l’apologie dans nos campagnes de la France littéraire! Et tout ce joli monde, respectable et respecté monte en chaire et s’en retourne dans sa voiture aux vitres teintées…Passent les élections et la foule est aux abois.
    Qu’un intellectuel qui a pignon sur rue descende en nos campagnes au volant de sa Ferrari, pourquoi pas? On peut seulement s’interroger sur l’utilité de ses ouvrages quand on voit le résultat. Pour qui roule-t-il? Plaire aux muscadins et aux précieuses des plateaux de télévision et des cénacles guindés, c’est une chose. Changer la vie des gens et leur donner envie de se changer eux-mêmes, c’est une tout autre musique! Rêvons du jour béni où l’on verra des pauvres bougres monter à la Capitale, si tant est qu’ils aient quelques ducats en poche, pour enquêter sur les mœurs de leurs dirigeants. Administrer des paires de claques à la pelle? Oui sans doute…
    Mais ce n’est pas réaliste, on le sait bien!
    Nous reste alors, peut-être, à réunir les deux infinis pour aller efficacement droit au but…
    Une seule question : Est-ce bien raisonnable?

    Kalmia

  3. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Curieux ! Un texte déjà servi ces dernières semaines.
    Kalmia, vous subtilisez le vocabulaire d’autrui ?

    Vous en connaissez beaucoup de ces intellectuels qui traversent la France en Ferrari …

  4. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Si la démocratie est l’art de la Comédie selon la personne qui signe M, Monsieur Trump restera le modèle à détester. Pourquoi fascine-t-il ? Attendons de voir ce que deviendra ce qui a fait sa gloire : richesse et fourberies réunies. Mais c’est comme jouer au loto, chacun rêve de goûter au numéro gagnant.

    Mettre un bulletin pour Trump, n’était-ce pas espérer toucher un peu de cette magie illusoire.
    Laquelle a évidemment bien servi les plus riches de ses concitoyens. Un mirage pour les autres …

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui Cécile, ma réponse à Bertrand recoupe votre commentaire.

  5. Avatar de m
    m

    Bonsoir!

    J’aime beaucoup, votre sain commentaire, Monsieur Bertrand, tempéré, pondéré, honnête et juste.

    Vous nous tirez les marrons du feu, comme dans la fable et nous eussions aimé faire chère lie, commensaux que nous sommes, palsambleu!

    Mais la servante arriva et il faut bien nous faire à la situation.

    Mademoiselle Kalmia a bien le droit de s’exprimer et de se taire si elle le désire.

    Quel joli verbe « Désirer »! Quelque part Monsieur Bougnoux en fait une belle anagramme. En parlant justement de cette transposition de lettres, un pur hasard lié au prénom ou nom de Mademoiselle Kalmia me fait penser à une autre demoiselle de ce blogue, dont l’Imam, Monsieur Mohamed Bajarafil nous instruit, le dimanche matin, parfois, à la télévision française.

    Je vous souhaite une très bonne nuit, tout en pensant qu’il y a quatre cent un an (401), nuit pour nuit, un « cavalier français » (l’expression est de M.Edgar Morin dans l’a-méthode) dans une chambre à Neubourg, sur les bords du Danube, rêva…Trois songes à l’origine d’une philosophie.

    Monsieur Bougnoux, votre ami Jean-Luc, celui des vos Humanités ou Universités, s’est plu à analyser sa blanche théologie et sa grise ontologie.

    Cette nuit-là, peut-être, M.Descartes avait-il tiré le bon numéro…

    Je laisse à quelqu’un d’autre qui s’intéresse à la boule et ne méconnaît « Les Olympiques » de combler ces points de suspension, ces fameux trous de l’âme, si chers à L-F Céline.

    m

  6. Avatar de Gérard
    Gérard

    Bonsoir amis du blogue!

    Puis-je me permettre de rebondir sur la question réaliste posée par Madame d’Eaubonne, quand bien même elle ne s’adressait à votre serviteur?

    J’en prends le risque ou plutôt la liberté.

    Des intellectuels qui descendent en France profonde avec des grosses cylindrées, je n’en connais pas des tas mais – car il y a un mais – des braves gens sauveurs de la planète qui roulent en 4X4 ou Land Rover qui coûtent l’appeau d’Ecouille, pour aller en congrès ou colloque largement médiatisé au diable vauvert, ce n’est pas une illusion, c’est une réalité, Madame.

    Et pour tout vous dire, gente dame, tout près de mon abbaye que vous visiterez peut-être, un jour, en passant par la Lorraine, il y a un fond de village, où j’ai vu de mes yeux vu, une belle américaine qui avait du mal à tourner dans la cour de la ferme tant elle était longue et spacieuse!

    Et dans le coffre d’icelle des terribles engins pour belles amazones. Au volant, un philosophe des sciences qui côtoie les Nobel, un essayiste, enfin un faiseur de livres et de conférences, un tribun des colloques qui s’est plu, un jour de chance peut-être, à m’écrire une longue épître sur les pauvres dans sa villégiature de luxe des mers du Sud.

    Que voulez-vous, Madame d’Eaubonne, comme l’écrivait Monsieur d’Espagnat : « Publier ou périr, les intellectuels, comme les motocyclistes font « Vroum, vroum! »

    A la salle des fêtes, le bonhomme a donné conférence et tous les gars du village faisaient la la la en l’écoutant pérorer avec son powerpoint, de mécanique…quantique. Et le curé du village à défaut de dégrafer sa soutane, décrocha sa flèche peirastique au micro de la tribune :

    « Eh bien, mes très chers enfants du bon Dieu, voyez plutôt: Il vous faudrait des années et des années pour vous payer avec vos petites retraites et vos salaires de misère, la belle automobile de notre savant tribun, foi d’animal! »

    Prêche terminé et tout compte fait, l’hôte de ces lieux a signé et vendu son dernier livre, un best seller, comme ils disent! Et Margot de lui offrir en retour, quelques exemplaires d’une publication sur Saint-Exupéry.

    Et ce n’est pas un conte, Madame d’Eaubonne, c’est une réalité!

    Alors, croyez-vous que l’on soit jaloux? Pas du tout, pas du tout…

    Tout le problème est là : A l’intérieur des terres, comment expérimenter le bon geste, donner du souffle à ce monde devenu stone, du sens à notre existence, au jardin des sens et des essences? Suivre une autre route… La relation au laboratoire, en quelque sorte, pour terrasser la bêtise tout en sachant que si l’ange peut faire la bête, la bête ne fera jamais l’ange.

    En « notre Amérique à nous », nous avons du pain sur la planche….

    Et dans le panier de crabes, y’a du boulot!

    Bien à vous et je m’en retourne à mes cantiques de minuit

    Gérard

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Gérard, votre propos, comme le réel de M. D’Espagnat, demeure quelque peu voilé… Ne pourriez-vous donner les noms, « name and shame » ? Qui est ce pompeux philosophe des sciences ? Je songe à plusieurs, et c’est désobligeant pour eux !

  7. Avatar de Gérard
    Gérard

    Bonsoir!

    Je veux bien vous répondre, Monsieur notre randonneur, enfin essayer de vous répondre.

    J’aurais l’air fin de montrer du doigt telle personne en la nommant sans la moindre discrétion.

    Je ne le ferai point pour des raisons de simple morale et aussi parce que cela ne servirait ni sa cause ni la nôtre.

    Je l’appellerai donc Monsieur X… Voilé, vous dites? Oui assurément. Mais n’est-il point essentiel de ne pas dire avec des mots précis ce qui ne peut qu’être entrevu et encore en termes voilés, selon les propres mots du physicien qui m’avait orienté vers l’ouvrage de l’homme à la belle voiture.

    Et pour aller plus loin, je vous dirai aussi que j’en suis un petit peu pour quelque chose dans la recension de l’un de ses livres dans le n° 611 des Cahiers rationalistes.

    Cet auteur, habile conférencier, dont un ouvrage fut préfacé par Jacques Attali, n’est pas un universitaire comme les autres et pour faire tourner sa boutique, il ne peut compter sur une retraite de la fonction publique. Une fondation outre-Atlantique l’aide considérablement dans la diffusion de sa manière de voir, axée sur les avancées scientifiques rejoignant les intuitions des grandes traditions de l’humanité.

    Un jour, dans une vieille demeure, je lui ai fait écouter une voix…Il ne l’a pas reconnue. C’était celle de Gaston Bachelard.

    On peut ne pas être sur une même longueur d’onde et en même temps faire passer quelque chose…

    On peut aussi vider nos débats « entre nous » avec ou sans seigneur – et sans pour autant casser la baraque, palsambleu!

    Pour en arriver là, en tel jardin extraordinaire, il faut sans doute être libre!

    Gérard

  8. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    On me demande de répondre et je vois qu’on l’a fait pour moi…

    Ce moi serait-il, à ce point, haïssable? Je suis une provinciale et n’ai pas lu Pascal.

    Le verbe Haïr est en titre de ce présent billet. Et sans digression, puisque le blogue est hébergé par le journal d’essence chrétienne « La Croix », il ne messied pas de dire, comme dirait un commentateur, que ce verbe est aussi au chapitre 14, verset 26 de l’Évangile de Luc.

    Dans « mon Amérique à moi » (Pardon, Mme Cécile, de me faire derechef perruche!), je l’ai trouvé dans l’âme désarmée.

    Parler de ce moi qui m’intéresse, est-ce bien raisonnable? Ce moi lié au monde dont on ignore le jeu…

    Bonne nuit

    Kalmia

  9. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Haïr et surtout pas idolâtrer ou même seulement honorer ! Je nous propose la lecture du livre de Christian Salomon,” La tyrannie des Bouffons”, paru en octobre dernier, aux éditions Les liens qui libèrent.

    Je cherche depuis quelques jours à comprendre les rouages du complotisme ambiant qui obstruent la raison. Christian Salomon dénonce à son tour ces personnages qui assurent leur emprise par l’irrationalité. Non sur le crédit qu’ils inspirent mais sur le discrédit qu’ils propagent. Comme Trump et d’autres qui l’ont encensé , ils captent et orchestrent le ressentiment des foules en réveillant leurs vieux démons sexistes ou racistes. Une gesticulation qui multiplie les provocations pour toujours occuper le devant du parvis et se donner de l’importance.

    Le bouffon ne dit pas le vrai ou le juste, il s’applique à exprimer ce qu’il pense. Et la chambre d’écho est là qui emmagasine tous types de discours, farfelus ou grotesques.

    J’ajouterai aussi que ces discours qui tournent à vide, telle la ritournelle de vieux Vinyl usés, m’inquiètent.

    Pour surmonter le poison des médisances et autres calomnies … que dire de plus ?

  10. Avatar de M
    M

    Bonjour!

    En ce vendredi treize, est-ce bien raisonnable d’écrire un treizième commentaire? A vous de juger!

    La question pertinente à la fin du propos nécessaire de Madame Cécile, nous y convie quelque part et, peut-être, peut-on s’y risquer…

    Choisir le verbe que j’ai du mal à écrire, de la référence évangélique, plutôt que idolâtrer, honorer…Pourquoi pas?

    On peut aussi se limiter au proverbe chinois : « C’est s’aimer bien peu que de haïr quelqu’un… »

    Dans le train du 12 novembre, un autre passager du matin s’est plu à la télévision, à parler de son engagement sans faire son miel de la détresse actuelle. Cet ancien ministre à qui succéda notre actuel président de la république n’a pas la langue dans sa poche et, peut-être, a-t-il raison de parler ouvertement du pan de la politique de « Monsieur Trump » comme il dit, où il trouve des résultats positifs?

    Mais bien sûr, comment ne point résister à ce poison dénoncé avec force et intelligence par Madame?

    En lisant un livre de Monsieur Salmon? Pourquoi pas, palsambleu?

    Et si le « Storytelling » s’en prend au formatage des esprits, il ne dit pas comment faire pour former les esprits?

    Monsieur Bachelard, êtes-vous là?

    En mil neuf cent quatre-vingt-un, Monsieur Salomon a écrit un très beau livre préfacé par Monsieur Morin: « L’avenir de la vie ».

    Les plus grands savants du monde dont 7 Prix Nobel ont répondu aux questions du journaliste et médecin.

    Et alors? Eh bien, des décennies plus tard, on a toujours le bec dans l’eau, Madame d’Eaubonne, Monsieur Bougnoux!

    On aimerait par les temps qui courent – et dites-moi, si je me trompe! – qu’une fourmi par chance, le long d’un clair ruisseau, se trouvât.

    Juste pour piquer au talon la bêtise humaine et faire s’envoler la colombe de la paix.

    En ce monde de gadgets pour média, c’est une fable, une lettre oubliée…Ce n’est pourtant, Madame, Monsieur, qu’une histoire d’eau et de rêves.

    M

  11. Avatar de jean dupuy
    jean dupuy

    Mon commentaire
    OK Daniel bien d’accord avec tout ce que tu as dit sauf que….
    Quand tu dis nous on peut comprendre que tu dis nous les européens les gens éduqués…
     » Trump revulse en nous ce à quoi nous croyons le plus…. »
    Si cela pouvait être vrai
    Il n’y a rien de completement surpenant de voir arriver au pouvoir un animateur de télé malefique le parfait representant de notre epoque qui glorifie la toute puissance des médias..
    N’onblions pas que Hitler a été elu democratiquement en jouant sur l’esprit de revanche sur la peur du communisme sur la crise economique..
    Que l’animateur télé préféré des français Cyril Hanouna se presente peut-être il sera élu…
    C’est pourquoi les démocraties savent qu’il faut construire des garde-fous pour éviter que tous les pouvoirs ne soient donnés à une seule personne
    Je suis confiant
    Jea DUPUY
    ps: Ne soyons pas trop fier sur la gestion du COVID
    US : 335 Millions d’habitants 238000 morts
    FRANCE :67 Millions d’habitants 40000 morts
    M^me si on est un peuple de vieux….

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      L’emploi du « nous » mon cher Jean est toujours à géométrie variable, c’est un pronom très pratique mais équivoque. Ici, je dis « nous » pour partager une colère (affect éminemment communicatif), « nous » pour entraîner aux réactions, aux réflexions croisées… Je crois que le personnage de Trump mérite vraiment qu’on en parle, pour comprendre sous quels régimes nous vivons. Oui il y a eu Hitler, et il y en aura d’autres, la « démocratie » est trop fragile, trop défaillante. Mais tu es confiant – en quoi exactement ? J’aimerais que tu précises !

  12. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Oui, confiant en quoi …

    Pour ce qui est de la gestion de la Covid ?
    Règle de 3 à appliquer : 5 fois moins d’habitants en France donnent un ratio moindre de morts chez nous. N’est-ce pas !
    Et, c’est encore trop pour ceux qui doivent gérer les complications de leur santé défaillante. Protégeons-nous, protégez-vous : le passage par l’hôpital est terrible. Mieux vaut éviter …

    La démocratie met en avant le souci d’autrui. Dernière préoccupation d’un Trump que l’on voit au grand air de son golf. Il poursuit la mise en place de sa balle de 45, 93 grammes, à la sphère parfaite, tandis qu’il est applaudi par une seule dizaine de milliers de personnes que la responsable en communication confond avec un million de soutien. Un mauvais rêve qui s’écroule …

    Oui … confiant en quoi pour ces moulinets verbaux aux relents de fascisme ?

    Et pour notre avenir, puissions-nous trouver des hommes et femmes de vaillance qui nous préserverons de toute nouvelle peste brune.

  13. Avatar de m
    m

    Bonsoir!

    Nous…Une illusion qui meurt, un éclat de rire en plein cœur, ou une histoire de rien du tout?

    Dans un paysage du bout du monde, ils sont allés au domaine des Treilles, Daniel et Régis, là où Maryvonne préside aux destinées de la Fondation? Est-ce pour entonner le refrain du chanteur de variétés qu’un ami de l’un d’eux a pris sous son aile?

    Sans doute pour nous instruire sur ce méchant « nous » qui rentre par mille fenêtres dans le palais du moi!

    Atteindre ce moi aux couleurs d’un raisin mûr, est-ce bien possible avec la courte échelle de celles et ceux qui ont su maintenir leurs « Lumières » en état de veille?

    Parlez-moi de ce « Moi » y’a que ça qui m’intéresse, palsambleu!

    Je l’ai trouvé ce Moi dans la présentation d’une biographie de Monsieur Jean Dupuy par un jeune homme du Ministère de la Culture, Monsieur Philippe Bettinelli qui fait d’une anagramme, un nom masculin.

    Lisons-le :

    « La démarche de Jean Dupuy pourrait alors être résumée en un seul de ses anagrammes : « Ah, c’est drôle, mais » / « le hasard, c’est moi ».

    Parlons-nous du même? De l’auteur du commentaire où nous voyons le e manquant à même (la dernière ligne)?

    Ah, ces mèmes que de mots n’ont-ils pas fait dire dans les cénacles où plus d’un, peut-être, se croit mis en phase avec le ressort profond de l’évolution cosmologique, bonnes gens!

    Dans un ouvrage qui date de la fin des années septante (Il superuomo di massa), le roi Eco pour dire comme Monsieur Bougnoux qui le connaît bien, parle du triste « Monsieur Tout-le-monde », ce héros d’aujourd’hui qu’il nous faut oublier. Monsieur Dupuy sera ravi de savoir, s’il ne le sait déjà, que le professeur et l’artiste lui disent d’une même voix, à ce Monsieur : « Tu es le mouton endormi ». Belle anagramme, non?

    Nos savants reconnus du Centre national des arts plastiques sont allés loin dans la nécessaire réflexion sur les erres de Monsieur Jean Dupuy.

    Mais à quoi bon tout ça, quand l’idéal démocratique a fait son temps, comme le soutenait l’auteur de La crise de la culture?

    Il y a aussi d’autres chiffres, Monsieur Dupuy, ceux exponentiels des pauvres hères qui n’ont plus rien à se mettre sous la dent.

    Alors que faire? Gémir encore et encore ou …

    En mil neuf cent quatre-vingt-treize, Umberto Eco laissait sa conclusion ouverte. Et maintenant? Loin du ressentiment étudié sous mille facettes par les braves gens, il est peut-être une autre route, un chant nouveau « empli de purs nectars » où l’oreille fine peut ouïr les « cris d’un temple épars » et glorifier « Le sacre du printemps ». Comment traduire ces trois anagrammes entre guillemets dans la longue phrase qui précède?

    Le physicien et le pianiste y trouvent un sens caché du monde et si je vous dis, Monsieur Dupuy, que pour moi, c’est le hasard, quelle sera votre plaidoirie, votre Honneur? Il y aurait-il là, matière à contredire?

    Du balayeur au président, ils sont paumés les pauvres gens!

    En France, ne dit-on pas que tout commence et finit par une chanson?

    J’ai choisi la plus douce : la grammaire.

    Bonne soirée

    m

  14. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    Mon commentaire
    Bonjour!

    En ce matin de la mi-novembre, je relis les commentaires précédents des uns et des autres.

    Vous avez dit Grammaire, Monsieur et Ressentiment, Madame!

    Alors, ouvrons nos sacro-saints dictionnaires et voyons ce qu’ils nous disent de ce dernier mot :

    « Fait de se souvenir avec animosité des torts qu’on a subis. Une forme de rancune mêlée d’hostilité à ce qui est identifié comme la cause d’une frustration »

    Par les temps qui courent, c’est faire montre de lucidité et de bénévolence aussi que d’appeler l’autre, nous appeler à la vigilance avec des mots justes et simples, comme le fait Cécile dans l’exorde de son dernier propos.

    Quitte aussi à choquer l’idéal petit-bourgeois, si critiqué en d’autres temps par Jacques Delors, il y a de plus en plus de pauvres en France et parmi lesquels des gens comme vous et moi, des êtres humains qui n’ont pas de quoi manger, se loger et se vêtir. C’est insoutenable et on le sait bien!

    La démocratie qu’elle soit française ou d’Amérique est confrontée à ce terrible problème, toujours irrésolu.

    Faut-il avoir confiance en la possibilité d’un changement radical de la nature humaine? Avoir pitié sans jouer à la dame patronnesse, chantée par Jacques Brel, c’est une chose mais trouver la baguette de la métamorphose, c’est une autre paire de clubs de golf, mes bons amis!

    Rebondir avec sa baballe, comme le fait votre serviteur dans ce parcours aux dix-huit commentaires, est une gymnastique intellectuelle qui ne change pas grand-chose et me voici Gros-Jean comme devant, palsambleu!

    Nous sommes au fond du trou et dans le noir, j’entends une petite cantate à la fin d’un prélude, celui de Jean-Pierre Luminet pariant sur le vertigineux mystère du monde dans son livre récent au titre valéryen : « (…) cueillir quelques pierres durables au moins le temps d’un mouvement d’univers. »

    Et si, si dans l’obscurité du mouvement de la conscience collective, nous pouvions sortir du trou? Avec un ami bouc des plus haut encornés, on ne sait jamais!

    Ce serait tout simplement fabuleux.

    « Le réel est silencieux » enseigne Clément Rosset. Deux savants, l’un professeur, l’autre artiste en ont fait une belle anagramme :

    « lire l’existence seule »

    Et peut-être au loin, entrapercevoir dans la poussière la chevauchée libératrice!

    Gérard

  15. Avatar de Oh Cécile d’Eaubonne
    Oh Cécile d’Eaubonne

    Vous ne me choquez pas, Gérard … L’injonction de partage de nos biens est écrit en grandes lettres dans les Évangiles. Et qui le fait … Vous ? bravo !

    Mais cependant quelque soit le sujet de réflexion abordé par notre Randonneur, vous nous rappelez avec forces détails la misère d’un peuple considéré comme prolétaire. Une façon de nous éduquer à plus de conscience citoyenne et démocratique ?

    Bien sûr, il revient à notre démocratie de pallier à la grande détresse alimentaire et de fournir les soins médicaux auxquels chacun peut prétendre. Je vous fais remarquer que c’est mieux ou en moins pire que dans les régimes d’extrême-droite et d’extrēme-gauche. Parce que justement nous sommes encore en démocratie. Les lendemains qui chantent sous régime totalitaire ne font pas partie de la poursuite de mes rêves.

    Ici même en France entre la ponction et répartition des impôts, le bénévolat personnel ou celui organisé par les petites et grandes associations de solidarité, la conscience collective de pauvretés anciennes ou nouvelles existent. Et, c’est un rappel constant et utile pour tous.

    Idéal petit-bourgeois de dame patronnesse ? Je le revendique … On ne peut partager que ce dont on dispose.

    Cependant votre ritournelle “du pauvre qui a faim “ revient au cours de chaque thème abordé dans ce blog, largement partagé par M et m, et sans doute aussi par Jean Dupuy et Kalmia.

    Je lis … je lis … je lis. Et cela suffit à mes oreilles. Un peu plus encore et s’y ajouteront lassitude et rejet. Pitié … c’est dit cart tous ces mots encombrent sans vraies recettes les maux qu’ils stigmatisent.

    Ici même, je peux regretter le manque d’arguments ou de contre- expertises de ce qui vous semble une mauvaise gestion de notre démocratie. Mais, est-ce la fonction d’un blog ? Pas que je sache …

    Cependant, s’entendre soi-même causer, ou se gratifier de ce qu’on écrit ne me semble pas de grand intérêt. Ma question vise les conditions d’un possible échange qui pourrait être plus productif pour les uns et les autres, vous compris.

    Pour autant, je remercie Daniel de l’enthousiasme qu’il met dans le suivi du blog, sa patience aussi. J’y puise un renouvellement du sens que je peux avoir de ma réflexion citoyenne. Et là, celle-ci s’assouplit. A poursuivre … Merci encore.

  16. Avatar de jean dupuy
    jean dupuy

    Mon commentaire
    Cher DANIEL
    Maais oui je suis confiant.
    Je crois à l’intelligence de l’homme je crois au progrés je crois a un monde qui se dirige vers moins de barbarie vers plus d’humanité ( même si la barbarie n’est jamais loin)
    Nos democraties contineront à mieux se protéger d’eventuels dictateurs
    Je suis confiant parceque je suis optimiste mais pas un mouton endormi
    Je suis confiant parce que je suis francais le pays des droits de l’homme
    Et aussi parce que je crois à une prise de conscience collective pour nous mener vers plus de lumiere

  17. Avatar de M
    M

    Bonjour à tous !

    Je voudrais commencer par une confidence qui va sans doute vous faire rire.

    Il m’arrive de relire parfois mes commentaires, toujours un peu longs. A chaque fois, je m’endors et ne puis aller jusqu’au bout.

    J’imagine que cela n’est pas le cas de Monsieur Tout-le-Monde et, en fin de compte, autant se rendre à l’évidence, je suis le mouton noir endormi.

    J’ai parlé, hier, dans une longue et nocturne conversation téléphonique avec mon ami anachorète en un monastère isolé de Lorraine, caché dans les ronces et les futaies, non localisable par les modernes GPS des gens pressés où oncques, nos vedettes de la médiologie en R4L ou en Porsche, ne mettront les pieds, bonnes gens!

    Il m’autorise à en faire état, à ma guise. Dont acte.

    A la question de savoir s’il accepterait, volontiers, un débat contradictoire avec une personne assidue du blogue « Le randonneur », il est resté silencieux et s’est exprimé finalement par ces mots :

    « Je ne dirais pas grand-chose, vous savez: J’écrirais simplement une petite phrase en lettres capitales, phrase qui n’est pas de moi mais dont vous reconnaîtrez l’auteur : »ELLE EST ROUGE LA PETITE FLEUR BLEUE. »

    Pour ce qui est des Évangiles et de la démocratie dont nous entretient judicieusement Mme Cécile d’Eaubonne, je n’ai pas eu besoin de le forcer pour qu’il s’épanche sur ces sujets en ces termes:

    « Vous savez, la leçon de la parabole du jeune homme riche trop attaché à ses biens pour suivre Jésus, ce n’est pas donner sa Mercedes coupée au premier crétin qui passe, c’est de s’inventer un but intensément chéri pour le mener à bien sans tergiverser.

    Sur la démocratie dont il est beaucoup question dans les commentaires et parfois, je me sens interpellé à juste titre quand un lecteur se réfère au rat retiré du monde du fabuliste, je pense à ce responsable que votre ami, Philippe Ratte appelle « L’autre grand président » qui écrivait ces mots justes dans son livre « Démocratie française  » :

    « La société de libertés sera une société évoluée, moins facile peut-être à décrire que les sociétés mécaniques, mais plus élaborée, plus savante et en un mot, supérieure. » Qui dit mieux, mon bon ami? » (Fin de citation)

    A ce sujet et sans digression aucune, je me souviens de cette personne qui s’était présentée dans mon Morvan sous une étiquette que Mme d’Eaubonne abhorre et qui, pratiquement pas connue, fit un score honorable dans une élection locale battant plus d’un notable du coin qui, dépité, n’en revenait pas. J’ai invité à la maison, cet aventurier de la politique dont je ne me souviens plus de la couleur de la chemise et qui se voyait déjà tout là-haut, à l’hémicycle bourbonien ou au Palais où les locataires vont bon train.

    J’ai commencé par lui demander gentiment d’éteindre sa cigarette et de faire l’effort de lire deux livres en rapport avec nos discussions :

    « Démocratie française » et « L’éloge des frontières » (Valéry Giscard d’Estaing et Régis Debray) Il m’en a remercié mais je ne sais s’il a réussi à se procurer ces ouvrages absents des rayonnages de la médiathèque de la ville d’en face.

    Plus qu’une réflexion citoyenne, un pas de côté…A l’intérieur des terres, c’est peut-être ce pas à peine esquissé qui nous manque cruellement.

    Quand j’entends mon ami moine, je ressens quelque part une odeur de rapport à la terre que le progrès encensé comme un veau d’or par la foule sentimentale, n’a jamais pu sentir. Une civilisation technicienne de gens cravatés assis à longueur de journée en des bureaux, qui envoie des gars sur la lune et dont les filles des hommes sont incapables de faire la soupe, est une civilisation qui va droit à sa perte (Dixit Jean Ferrat)

    L’homme et femme des champs et l’homme et femme des usines ne sont plus ce qu’ils étaient, certes, et cela tout le monde le sait.

    Ils ne méditent pas à longueur de journée sur l’essence de la technique avec les maîtres à penser de Monsieur Bougnoux.

    Ce que demandent ces travailleurs, c’est bien sûr de l’équité, de la reconnaissance, de la solidarité, de la justice sociale…On connaît le refrain et l’éternelle quérulence. Mais ils aspirent au tréfonds d’eux-mêmes à quelque chose d’autre qui ne fait pas la une des journaux : retrouver « leur cognée perdue ». Qui leur rendra? Emmanuel, Marine, Jean-Luc ou quelques autres?

    L’année où le peuple français s’est mis en colère, sans violence, avec simplement un bulletin de vote légitime, un ministre du budget en exercice m’offrait son livre où l’on peut lire en conclusion: » Gagner une popularité durable qui résiste au temps, c’est de braver le conformisme et d’oser de grandes choses pour notre pays. » En ce temps-là, l’ami Régis, dans une échappée estivale allait refaire un tour du côté de chez Aldo et vers d’autres rivages où il découvrit dans une vieille demeure des « Mémoires » avunculaires où l’hôte est encore dans le ventre de sa mère.

    Merci pour ce dix-neuvième commentaire, Madame d’Eaubonne. C’est un bon heur de se retrouver au bord du trou avec vous, et au bar du golf y croiser le fer pour la plus belle des causes, au delà de « La vie mercenaire » dont l’anagramme est, comme il est écrit dans les livres : « le rêve américain ». A chacun son défi tranquille et jovial, palsambleu! Une réalité française, ô Cécile!

    Très cordialement à tous.

    M

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      « Le rêve américain » retourné en « la vie mercenaire » ? Palsambleu, la belle anagramme, vous nous replongez en plein dans Trump mon cher M !…

  18. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Moi … au bar d’un golf de Trump ? Vous me moquez ! On peut lire dans un des hebdomadaires de la semaine que Trump poursuit sa balle à l’image d’ Alice au pays des merveilles. Un rêve improbable donc. J’en ris encore et passe mon chemin, bien ancrée sur le réel d’aujourd’hui.

    Quant à vos moines, ce sont de drôles de zèbres. Ceux que je connais ne peuvent rompre le silence que le dimanche dans la récréation que le règlement monastique leur octroie, après le repas de midi.

    Ils choisissent la règle des 3 temps, entre prière commune, silence et travail. Et le seul accès téléphonique est essentiellement partageable et très limité.

    Monsieur M, ne pourriez-vous pas être plus précis dans vos affirmations.. De quel ministre du budget , parlez-vous ? C’est une habitude ordinaire qu’après un mandat de services plus ou moins long, l’homme politique qu’il soit énarque ou non se plaît à commenter l’histoire future et improbable. Et qui sera donc toujours différente de beaucoup de ses savantes préconisations. Hélas !

    Le vote légitime devrait garantir la démocratie. Mais un peuple en colère mesure -t- il son droit à la violence ? Même si le courroux des gilets jaunes a été compris et applaudi, les conséquences des destructions à payer ont été dévastatrices pour villes et bourgs. Et les gens qui devaient se déplacer bien contraints dans leurs activités

    Les travailleurs demandent de l’équité, reconnaissance, solidarité, justice sociale ? Cela devrait se traduire par une juste rémunération pour se loger, de se nourrir et de se cultiver à sa convenance. De la responsabilité unique de l’Etat ? Que viennent les patrons humanistes pour réussir le défi de procurer “du pain et des jeux “ en abondance pour chacun.

    Sauf que nous sommes partie prenante de l’Economie de notre pays. Et les achats en provenance de Chine ou d’un pays du tiers-monde ne paient pas les salaires européens de nos concitoyens. Alors tous coupables du délitement d’un mieux vivre français ? Je pense à la responsabilité de chacun, le choix du poulet à bas prix ou de la clôture payée au rabais. Et croire que nos belles génisses qui paissent dans nos campagnes ou que carottes, poireaux et endives de pleine terre dans nos champs restent hors du dilemme est faux. Qui accepte de rémunérer le travail à sa valeur ? Responsables .. pas coupables ?

    Quant aux poètes ont-ils mission de redonner un Sens pour le destin de chacun ? A chacun de prendre avec l’énergie qu’il peut le défi qui lui incombe. Mais je ne suis pas , monsieur M ni joviale ni tranquille. Le combat de la vie à mener est à la mesure de chacun. Et s’il est juste de penser que l’on vit mieux en France qu’ailleurs, qui peut prétendre être dispensé de tout effort ?

    Oser de grandes choses pour soi-même et notre pays ? Simplement assumer sa part avec vaillance. Et si possible sans détruire celle d’autrui …

    Mais dans de trop édifiants discours, on retourne sur le mode du prêche des bien-pensants, bien-disants, bien-moquants ! Rassurez- moi, nous sommes encore à quelques encablures de la prochaine période électorale. Et le bruit du téléviseur n’assourdit pas mes oreilles.

    Et vous … comment vivez-vous le confinement ? Je suis terrifiée sur les conditions nécessaire à la distanciation dans les écoles, collèges et lycées.

    Une polémique de plus ? Dormons quand le sommeil nous est bénéfique…

  19. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Oups … quelques coquilles de transmission, telles que : la vie à mener ( et non l’avion ) .
    Merci, Daniel

  20. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    Merci Madame de votre réponse. Merci aussi à l’ami M…de me faire une si jolie fleur dans son commentaire.

    Je la garde précieusement sous ma peau de vache (Ici, c’est le nom de la bure que nous portons, nous autres moines)

    J’ai quelque souvenance de mes universités et la citation de Gaston Bachelard m’a semblé fort opportune.

    Je n’ignore point, bonne dame, la Règle, chapitre III de Benoît ni les Normes complémentaires aux Constitutions de la Compagnie et si vous me voyez à ce point frivole et c’est un euphémisme, je ne vous donne pas tort car les apparences de l’habit sont « trompeuses et » … « prometteuses », si de ces deux mots entre guillemets, vous appréciez l’anagramme.

    Dans la rigueur nécessaire et les contraintes acceptées, il est d’usage, entre nous, de prendre un peu de temps, plus pour travailler nos idées que de les changer. Une visite, une ouverture, un pas de côté peut alors s’exprimer, à temps et à contretemps. La chose est rare, vous en conviendrez, mais il ne sera pas dit que nous condamnerons, celle ou celui qui la trouvera plus que déplacée « pour un curé ».

    Chez les Frères de l’abbaye d’En Calcat pour ne point les nommer, on reçoit aussi, on s’ouvre au monde dans un décor de modernité qui n’est pas celui de notre vieux monastère. Messieurs Debray, Guillebaud, Maffesoli et votre ami également peuvent en témoigner, comme hôtes de ce lieu monacal tarnais.

    Ici, entre Lectures et Laudes, on essaie d’apporter un peu d’eau lustrale au moulin de nos prières non dites.

    Quant à s’endormir, on y pense aussi et parfois ça vient tout seul…Sans commentaires.

    Merci encore de votre message où se dessine un idéal de liberté et de responsabilité, qui se lit en filigrane dans votre sain propos.

    Puisse ce répons zébré adoucir votre critique raisonnée envers votre humble serviteur!

    Gérard

  21. Avatar de M
    M

    Bonsoir tout le monde!

    Eh bien, deux commentaires pour Paul Celan, un bonne vingtaine pour Donald Trump!

    Signe des temps?

    En tout cas, la discussion est captivante même si dans la prairie, elle suit une autre route loin de la petite maison, fût-elle blanche.

    Je réponds à votre honnête et juste question, Madame. Le ministre s’appelle M.Francis Mer. Il était au budget entre deux mille deux et deux mille quatre et fut président d’Arcelor. Son livre : « Vous, les politiques… » vante le modèle de Cincinnatus.

    J’apprécie votre attitude de consommatrice raisonnable qui pense aux petits producteurs et qui plaide pour un comportement responsable et réfléchi, consistant à payer les fruits du travail de ces gens, à leur juste valeur. C’est une belle ritournelle et c’est bien de l’entendre!

    Seulement dans la vie réelle d’aujourd’hui, les gens qui n’ont pas beaucoup de sous, vont au supermarché, ne se posent pas trop de questions et achètent au moins cher.

    C’est une autre chanson et elle court dans les rues, Madame d’Eaubonne.

    Certes, on peut s’interroger et faire des choix essentiels. Mais bon, la réalité pure et dure nous force à constater que c’est une tout autre histoire.

    Les vacances avant l’alimentation et c’est leur préférence. Rien à dire sauf, peut-être, à déclarer à qui veut l’entendre, que des générations qui se sont succédé sur les bancs des écoles faites pour la société, incapables de discerner et d’éprouver un minimum de morale élémentaire, à leur sortie, posent le problème de savoir, si notre nationale éducation, gros animal qui coûte beaucoup d’argent, n’a pas, chez elle, à faire un sacré ménage? Apprendre par exemple à ne pas se laisser étourdir par les néons des manèges, palsambleu!

    Brisons là.

    Merci, cher Daniel, de revenir sur « Le rêve américain » dont vous appréciez l’anagramme, trouvée par des savants spécialistes en la matière, tels un professeur, un artiste et un physicien, gens de qualité que nous apprécions, évidemment!

    Il en est une autre pourtant liée à ces trois mots « Le rêve américain » qui n’est pas dans les livres et qu’il ne messied pas de porter à votre connaissance : « Maïa révérenciel »

    Ce crabe, vous connaissez? Un autre Daniel dont on sait le chagrin d’école connaît la bête et en pince peut être pour Héphaistos…Qui sait?

    A lire peut-être bientôt, un autre billet comme sait les écrire notre chemineau du blogue, un billet qui « comporte bien du rêve »…

    Telle « une brève de comptoir » dans une étonnante et merveilleuse anagramme

    Puisse Monsieur Jean Dupuy nous traduire ce pur hasard de transposition de mêmes lettres!

    Bonne nuit

    M

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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