Dans quelle mesure ?…

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Je dois à l’amitié de François Jullien la lecture de son prochain livre à paraître, L’Incommensurable, qui soulève tant de questions que je n’attends pas sa publication pour réagir ici à quelques-unes de ses thèses. Façon aussi, malgré la torpeur estivale, de poursuivre avec lui la conversation.

Nous vivons, bien plus que nos aïeux, sur une Terre désormais cadastrée, bichonnée, macadamisée. Sous le regard du satellite, pas un pouce de terrain n’échappe, et jamais nos cartes n’ont été plus exactes, mieux fouillées ; si nous songeons aux mesures du temps et de l’espace sous le Moyen-Âge, où les distances restaient floues, la mention de l’heure approximative, les prix sujets à marchandage…, nous sommes passés d’un univers de l’à-peu-près à celui d’une extrême précision. Et certes nos systèmes de mesure connaissent encore bien des disparités, le yard n’est pas le mètre, ni le gallon le litre, ni le dollar l’euro ou le yen, mais des systèmes de conversion rigoureux rendent ces mesures compatibles d’un bord à l’autre de la planète, et par le calcul, l’informatique, le commerce et toutes sortes de voyages et d’échanges celle-ci se mondialise, c’est-à-dire tend à devenir un seul, ou le même, monde. Qu’est-ce qui définit au plus court un monde, en effet, sinon l’application à cet ensemble d’un système cohérent de mesures ? Les mêmes logiciels tournent à Tokyo, Sydney ou Paris, les mêmes cachets d’aspirine ou d’antibiotiques circulent, et le réseau Toyota distribue partout les mêmes pièces de rechange exactement formatées pour ses véhicules. Et c’est cela, faire monde.

Cependant, il suffit qu’une mesure s’applique pour que cette application fasse surgir dans ses marges ou sur ses bords quelques exceptions à sa règle : vous voulez imposer à mon Université les critères de Shangaï ? Mais nous nous proposons d’autres buts, pédagogiques ou sociaux, que de coller à votre grille. Mon enfant surdoué, ou « asperger », ou trisomique, développe d’autres qualités que les enfants dits normaux ; mon pays n’est pas le plus attrayant du monde mais c’est le mien, j’y ai mes racines et je ne voudrais pas en changer, etc. Chacun, en d’autres termes, habite son propre monde, projette sur lui ses systèmes d’évaluation et c’est cela être un sujet, jouir d’un monde propre, et d’un for intérieur (ce mot dérivé du forum désignant un espace intime de délibération), qui constitue en chacun un foyer inexpugnable de mesures, et de jugements de valeur. Chaque homme est la mesure de toutes choses, pourrions-nous dire paraphrasant (ou complétant) l’illustre formule de Protagoras.

Au début de son ouvrage, Jullien relève que c’est Dieu, dans notre tradition rationaliste et face à notre passion pour l’évaluation et la mesure, qui aura concentré le mystère de l’incommensurable, ou d’une altérité absolue. C’est sur son nom que nous aurons projeté ce qui échappe à nos mesures. Ce partage théologique pourtant a l’inconvénient de dédoubler le monde, entre un ici-bas soumis à la maîtrise, à la raison intégratrice ou au calcul, et un au-delà paré des attributs de l’infini, ou de l’absolu, inaccessible à nos prises calculatrices ou langagières, retranché loin de tout commerce, et définitivement d’un autre ordre.

Le mètre-étalon au pavillon de Breteuil à Sèvres

Or Dieu n’a pas le monopole de l’incommensurable, et c’est le premier argument de Jullien, ou sa principale ligne d’exposition. Reprenant ou infléchissant des thèses déjà développées dans L’Inouï, ou dans De la vraie vie, il nous rappelle que nos ex-istences (décentrées, non-coïncidentes) sont trouées d’incommensurable, soit de moments ou de rencontres qui nous donnent un sentiment de saisissement, ou de débordement ; et ce sont eux qui confèrent à nos vies tout leur prix, que vaudraient-elles si nous les passions tout entières dans la mesure ?

Bien différente d’un long fleuve paisible, une (vraie) vie est faite de sauts, de chocs, d’événements ou de turbulences qui battent en brèche nos attentes, et d’abord nos repères logico-langagiers (puisque le langage est notre premier système de classification et de rangement). Et certes, ces rencontres ne sont pas toujours désirables, et nous n’avons de cesse de les lisser, de les rabattre sur le cours moyen de nos expériences. C’est le cas par excellence de la mort (d’une personne proche), dont la disparition ne cadre pas, est impossible comme le ressent violemment tout endeuillé, incapable de concevoir le monde sans lui, sans elle… Tout vivant est exposé à perdre (quelque chose, de l’argent, des biens, voire une partie de son corps, ses cheveux, une dent), mais dans cette économie des pertes et profits la mort d’un proche n’entre pas, elle est d’un autre ordre. Incommensurable, innommable. Et les paroles balbutiées lors des condoléances attestent de cet impossible raccordement : combien de temps, de ruminations, de réminiscences nous faut-il pour surmonter un pareil choc et remettre la vie d’avant et d’après bord-à-bord ? Le rituel du deuil ou les secours de la religion, dans un état révolu de notre société (dont nous regrettons parfois la disparition), avaient cette grande fonction de rabattement (de retour à l’ordre). Comment admettre une perte incommensurable, comment l’assimiler ?

Jullien compare ce choc au scandale des nombres irrationnels découverts par les Grecs, qui fondaient par ailleurs le monde sur le déroulement d’un calcul logique et rationnel. D’autres irruptions d’incommensurable foisonnent au fil d’une existence, et l’ouvrage consacre à ces tumultes de belles pages, qui ne concernent pas que le deuil (mais que l’exemple de la mort met en pleine lumière). Il analyse notamment (comme il l’a fait dans un livre précédent, Si près, tout autre) le saut du plaisir à la jouissance, deux états sans commune mesure, malgré leur proximité de surface. Car s’il y a une économie libidinale, qui fait la ligne directrice de ce que Freud analyse dans l’expérience des plaisirs qui se calculent, s’étayent entre eux ou se programment, la jouissance est d’un autre ordre, comme l’a vigoureusement pointé Georges Bataille, elle échappe à l’économie– et cette effraction violente hors de la mesure fait tout son prix.

Georges Bataille

On pourrait, à partir de ces deux expériences-limite de la mort et de l’orgasme (et, encore une fois, que vaudrait une vie qui n’affronterait ni l’une ni l’autre ?), descendre d’un cran ou par degrés sans quitter tout-à-fait ce royaume noir de l’incommensurable. Je songe, ce que n’envisage pas Jullien, à l’expérience cernée par Walter Benjamin de l’aura, qu’il définit comme « l’unique apparition d’un lointain ». Formule énigmatique mais au fond assez juste : cette « apparition » nous sidère, nous tombe dessus, nous ne l’avons pas provoquée et nous ne savons d’où elle sort ; « unique », elle n’a pas de précédents, de signes avant-coureurs ; « d’un lointain », elle semble venir d’un autre monde, pourtant le même, et tout proche. On sait que cette notion d’aura, peut-être mal théorisée par Benjamin mais indiscutablement présente au cœur de nos expériences esthétiques ou sensibles, est opposée par lui aux « modes de reproductions techniques » : la Joconde sur papier glacé peut m’intéresser mais n’a pas le pouvoir de surgissement de son original, in situ si l’on ose dire. Même envoûtement (ou non) avec les pyramides de Gizeh, rencontrées en reproduction ou « en vrai ».

Walter Benjamin

Or (et cet exemple évidemment crucial se trouve longuement repris à Lévinas par Jullien), le visage, tout visage peut-être est le siège d’une aura, de cette unique apparition d’un lointain qu’on appelle l’âme, ou la personne. La fêlure d’infini, ou de fond sans mesure, a même son siège précisément dans les yeux, qu’on ne saurait fixer trop longtemps ; un visage de même ne se laisse pas durablement dévisager (sans malaise ou hors d’une relation amoureuse), et cette expérience gênante du croisement des regards, qu’on préfère éviter, est un exemple de plus de ce rabattement qu’au nom de la bienséance sociale nous exerçons à l’approche ou dans les parages de l’incommensurable.

On voit par ce motif du visage que l’expérience ou l’épreuve de l’incommensurable n’est pas plus réservée à Dieu qu’à nos moments de ravissement esthétique ou amoureux. Mais qu’elle est éparse dans nos vies, où elle commence très « bas », je veux dire à un niveau trivial. Ce que ne développe pas assez Jullien. J’ai mentionné l’aura, or celle-ci peut s’attacher à toute sortes de rencontres, et prendre naissance par exemple au niveau de la simple sensation, qu’il faut (avec Proust) soigneusement distinguer de nos perceptions. La synthèse perceptive rabat le tumulte de nos sens dans une expérience familière, standardisée et normée par les mots qui l’encadrent, nous savons nommer nos objets de la vie courante, qui ne nous posent pas de problème et ne méritent pas que nous nous attardions sur eux. Il arrive en revanche que je m’attarde sur une sensation, qu’elle me captive, m’envahisse ou remette en question mes facultés de classement ou mes catégories logico-langagières.

Marcel Proust

Je peux me perdre dans une saveur (la fameuse madeleine), un parfum, une mélodie qui encore et encore me propose une énigme impossible à résoudre, une couleur… Toutes ces sensations, pour peu que nous nous y arrêtions (avant ou sous la synthèse logico-perceptive), s’avèrent incommensurables, et largement innommables. Elles n’ont pas d’équivalent, elles ne sont pas communicables. « Uniques apparitions », elles ne sont pas formatées pour la répétition, le commerce des mots ou le rabattement sous le règne du concept. Dans sa fraîcheur, la sensation s’indexe elle-même comme première fois, ce que quelques peintres ont très bien su montrer, autour de quoi ils ont tourné, avec quoi ils ont joué, Cézanne et la première pomme, Picasso et le premier paquet de tabac… Mais encore une fois, et sans en appeler à l’expérience esthétique, l’immensité d’un sans-mesure me guette au fil de la vie la plus quotidienne, pour peu que je veuille bien ralentir mon pas ou le train général de mes expériences du monde, que je m’arrête aux « simples » sensations, à la phénoménologie toute bête, très nue de l’expérience sensible du monde.

Nos instruments de mesure, langage, usages techniques, commerce…, demeurent posés et comme incongrus sur cette appréhension qu’on dira primaire, ou avec Wittgenstein mystique du monde, ce mot ne pointant chez ce philosophe aucun arrière-monde, aucune méta-physique dédoublant celui-ci entre les apparences et l’essence. Mystique voudrait dire simplement pré-catégoriel, pré-perceptif ou infra-linguistique. Une strate de nos états de conscience qui concerne ou cerne également ce que Proust nomme le temps retrouvé.

Ludwig Wittgenstein

Jullien, toujours très attentif à Proust, ne s’engage pas dans cette direction. Le combat pour lui semble ailleurs, et particulièrement dans l’essor de la monnaie, principe universel de comparaison et équivalent général s’il en est. L’argent rend énormément de choses, de biens ou de services « commensurables », et son extension, ses écritures paraissent de plus en plus abstraites, si l’on songe au passage de la monnaie-or à son équivalent de papier, puis du billet de papier au chèque, puis à la carte de crédit et aux jeux d’écriture électronique avec lesquels nous payons aujourd’hui… Cet essor monétaire constituent une indéniable conquête de la civilisation, qui voudrait revenir en arrière ? Ce sont des paysans illettrés auto-baptisés Khmers rouges qui, au Cambodge en 1976, ont cru parfaire leur révolution en brûlant tous les billets.

L’extension de « l’équivalent général » toutefois pose le redoutable problème de sa limite ou de ses exceptions. Car tout n’est pas monnayable, et si l’argent est une conquête de la culture, sa validation en tous domaines constituerait une marque appuyée de cynisme, et un retour à la barbarie. Avec des cas tangents, en vrac : on peut s’offrir les services d’un tueur, ou d’une call girl ; on peut, « moyennant finances », louer pour avoir un enfant le ventre d’une mère porteuse (dans certains pays) ; la Chine, à la pointe du négoce, tolère le trafic d’organes ; certaines industries, particulièrement sales, achètent ici et là un droit de polluer ; on calcule, du côté des assurance, un pretium doloris ou un pretium mortis… Etc. Les cas ne manquent pas, et nous entraîneraient dans une comptabilité ou une casuistique morale qui n’est pas ici notre propos. Avec l’argent, il s’agit de savoir pour chacun ce qui en relève et ce qui n’en relève pas, ce qui se négocie, se monnaye, s’achète, et ce qui demeure (ou doit demeurer) résolument d’un autre ordre.

André Breton

Mais à côté de l’argent et des excès très inquiétants de notre marchandisation du monde, la question de l’incommensurable pose aussi celle de savoir comment, jusqu’où manier (ou non) certaines comparaisons. Le petit mot comme, « le plus exaltant de la langue française » (déclare Breton dans sa préface à Signe ascendant) n’est pas toujours d’un maniement évident. À la suite de Lautréamont et de ses fameux « beaux comme », les Surréalistes se sont montrés sourcilleux dans l’usage, ascendant ou descendant, des métaphores et des comparaisons. Impossible, sur ce point encore, de développer une riche problématique. Mais quand l’actualité met sous nos yeux des manifestants anti-vaccins qui comparent l’ordre sanitaire à la dictature nazie, et arborent l’étoile jaune pour protester de leur insoumission, je me dis que certaines façons de penser sont insupportables, que la comparaison a des limites (d’ordre éthique, esthétique), et que la Shoah en particulier ne peut entrer dans aucun rapprochement, qu’elle ne peut faire image à rien d’autre qu’elle-même. Que cela est ou était d’un autre ordre.

Protester contre le pass sanitaire ? (jeudi 22 juillet)

J’ai souvent cité à l’appui de l’incommensurable cette formule de Pascal, et sa théorie des ordres que Jullien curieusement ne mentionne nulle part. J’y reviendrai dans un prochain billet.

 

(à suivre)

11 réponses à “Dans quelle mesure ?…”

  1. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Dieux, quel billet!

    Un intensité d’être se lit dans ce propos savant, érudit, qui sent bon quelque chose qui nous parle…

    Et quand tout est dit, que reste-t-il à faire? Poser une question…. Comme d’habitude.

    Dans quelle mesure peut-on parler d’expérience auratique? L’âme atomique a-t-elle un corps, si ce n’est celui de l’ange…

    Un ange qui passe n’est pas une chair palpable. Et une représentation théâtrale sur la dernière nuit de ce cher Walter mise en musique par l’ami de Régis, l’auteur du livret, « ne nous dit pas tout ».

    Analyser l’expérience proustienne dans le tohu-bohu médiatique, c’est bien, Daniel, mais quid de la voie esthétique qui nous en libère?

    Dans une petite chapelle, hier, qui nous rappelle un passage du « Médecin de campagne » de H de Blazac, l’officiant citant La Genèse parlait de poussière. Il y aurait-il une métaphysique de la poussière? Oui, dans les « Intuitions atomistiques » de Gaston Bachelard et un autre Daniel qui a préfacé l’ouvrage en sait quelque chose.

    Quid de cette matière subtile, lucrécienne? Chez cet auteur, le spectacle de la nature est état de l’âme et l’atmosphérique est le mouvement passionnel de la nature.Et « la courbure de l’espace-temps » devient par anagramme « superbe spectacle de l’amour »!

    On ressent dans votre propos, une force animalière et ce n’est pas un hasard si dans votre pénultième billet Colette est à l’affiche.

    Il y a aurait-il, cher spécialiste de « la chose en soie », une communication animale?

    Donnons la parole à un auteur de « La communication animale », M.Erik Pigani.

    Icelui dénonce « ces sites animal communicators qui vous proposent d’entrer en contact avec votre animal décédé. Moyennent finances, évidemment » (Reproduction fidèle de la citation avec le s final à finances, graphie indiquée par le « Dictionnaire encyclopédique universel » (Alpha 1996), page 857)

    « Il existe effectivement des vrais médiums, d’autres qui s’illusionnent eux-mêmes. Je crois à la survie de l’âme après la mort, parce que suite à cette enquête, j’ai choisi d’y croire. Ce qui me permet de faire la part des choses et de ne pas croire n’importe quoi et n’importe qui… »(Fin de citation)

    Dans quelle mesure, peut-on accréditer ce propos et rendre plausible une physique de la croyance?
    J’ai décidé de choisir un « Médium », autant dire le spectre, pour m’éclairer sur la question. C’est le dernier à ma connaissance qui a été publé pour nous parler de la mort et après.
    J’ai retenu ces quelques mots ou la conclusion de cet esprit qui a su capter quelque chose entre présence et représentation :

    « (…) Ou que la chenille disparaisse pour que s’envole le papillon? Si le grain ne meurt…Il arrive même chez certains grands ou sur-vivants, que la machine du bios ou de l’éros fonctionne à la température de sa propre destruction. Formidable dialectique où ce qui pourrait le détruire, thanatos, vaut à l’individu un sursaut d’existence! » Fin de citation.
    Reste posée la question du problème de la mesure et le physicien estime que l’on devrait pouvoir donner sa langue au chat…sans être mis en boîte.
    En tel jardin, l’hermétique laisse la place au difficile…
    Avis aux amateurs éclairés.
    Dans « la ronde ailée du temps » où réside « la madeleine de Proust » nous retouvons cette « nécessité pressante à montrer cette complexité ».
    En la vivant, peut-être, en toute simplicité.
    Bien à vous.

    Kalmia

  2. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour!

    Je reproduis plus bas la réponse que m’a faite Gérard, à ma demande.

    Il me paraît honnête de la porter à votre connaissance.

    Elle est un bonheur à ma question.

    Cordialement

    Kalmia

    *

    Chère Kalmia,
    Vous m’avez demandé, en privé, un avis sévère sur votre commentaire au billet de la question du maître sur la mesure.

    Je vous le donne bien volontiers et vous en ferez ce que bon vous semble.

    D’abord, en vous citant Maurice Blanchot :

    « La réponse est le malheur de la question ».

    Cette citation que vous lirez mise en exergue au chapitre du problème de la mesure où le chat-pitre est aussi à la page et sur la couverture du livre qui traite des quanta et des choses.

    Sur le plan typographique, quelques voyelles ne sont pas à leur place ou manquent à l’appel et Monsieur Pigani n’oublie pas le a à « moyennant ».

    Enfin, quand nous retrouvons cette nécessité le second r est de rigueur, palsambleu!

    Nous avons beaucoup de chance, Monsieur Bougnoux nous pardonne nos fautes et sans lésiner publie nos commentaires.

    Qu’il en soit remercié!

    Votre lectorat n’est pas forcément amateur de devinettes, chère Kalmia, et il se moque éperdument du langage fleuri, fors quand les fleurs nous parlent.

    Le « Médium », par exemple, auquel vous faites référence est le n°60-61 de la revue portant ce nom, dirigée par Régis Debray et le propos cité est celui du randonneur lui-même.

    Je vous souhaite une belle promenade dans votre jardin et la prudence qui sied en telle circonstance.

    Un rude pavé sur la tête, on ne sait jamais! Rappelez-vous la fable d’origine indienne de Monsieur de La Fontaine. (Fable X, livre VIII)

    Bonne fin de journée dans votre îlot de Gascogne.

    Cordialement

    Gérard

  3. Avatar de I.B.
    I.B.

    Si la Shoah est d’un autre ordre, il est indispensable de chercher duquel. Alors il sera possible d’en parler, d’en dire,d’en adresser une parole. Avant là, comment envisager la possibilité d’une mesure de l’humain, si l’on évacue le débordement…pas intéressant.
    No way.
    Et merci pour l’occasion d’une réflexion.
    I.B.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je ne crois pas nécessaire de préciser davantage. Isabelle, la Shoah est définitivement d’un autre ordre que l’obligation du pass sanitaire, et les manifestants qui arborent à cette occasion l’étoile jaune sont simplement indécents, d’une lamentable inconscience, je ne vois pas quoi ajouter…

  4. Avatar de M L
    M L

    Bonsoir!

    Inaccessible étoile, quand tu nous tiens!

    Il n’est pas interdit de la suivre cette étoile quand la rêverie travaille en elle (La Psychanalyse du feu, p.36)

    François, Georges, Walter, Marcel, Ludwig et André…Quel plateau pour nourrir une réflexion, une idée, une action!

    A l’aune de leurs connaissances, de leur éclairage, comment ne pas suivre leur lumière dans la nuit de l’Être?

    J’ai bien lu le commentaire de IS et la réponse de notre maître de randonnée ou quête inachevée.

    Puis-je vous proposer de lire

    Soyez maudits !
    Frédéric Neyrat
    Dans Lignes 2010/1 (n° 31), pages 59 à 65
    où la pensée de Jean Baudrillard est à la page?
    J’entends bien la critique : Encore un truc d’intellectuel! Je sais bien mais comment faire autrement?
    Comment faire passer un message de résistance qui fait du non un oui?
    Les gens qui lisent ce blogue sont-ils ceux qui protestent dans les rues? Qui est là ? Une minorité qui lit beaucoup, on le sait bien!
    Et cette minorité sait aussi que la liberté individuelle n’est pas sans exigence, sans effort, sans stratégie fût-elle paradoxale et que les contraintes librement acceptées font partie de notre aventure personnelle.
    Imaginez la fin des années soixante avec des paysans et des ouvriers lisant « Éros et civilisation », « L’homme unidimensionnel » et « Vers la libération ».
    Croyez-vous qu’ils eussent défilé dans les rues avec des pancartes « Il est interdit d’interdire! »?
    Plutôt un pas de côté qui ne casse rien mais qui ne laisse pas filer pour autant.
    Qui sait si dans cette zone impossible, lointaine, impensable, des discrets ne puissent se reconnaître et se rencontrer sans mot dire, sans maudire?
    Et si ce « là-bas » n’était pas un mirage, une illusion, une pure utopie?
    Une contrée à rêver, peut-être, dans la mesure du possible.
    Bien à vous.
    M L

  5. Avatar de I.B.
    I.B.

    Rapidement et humblement, pardonnez-moi.
    Stigmatiser un manifestant (ou plusieurs )pas nécessairement conscient de ce qu’il arbore est rapide ( le passe sanitaire glisse d’autant plus vite à la trappe) et manque une chance/occasion de pédagogie. En passant, il a réussi à attirer l’attention, alors dialogue ou rejet?
    Tout a fait autre chose, selon mon for intérieur, la Shoah est un fait et par là est de l’ordre de l’humain, à la différence du mystère de l’aura qui vient de plus avant, prė-existe ou/et co-existe.
    Merci d’aborder tant de sujets divers et passionnants.
    Pour les informations fiables en médecine, science, statistique, phynance et autres, je ne doute pas que les chercheurs-ses travaillent, nous en avons souvent les résultats.
    Patience encore. Dans cette attente, je retourne manifester, en blanc, et voter aussi.
    Bien à vous,
    I.B.

  6. Avatar de Jacques
    Jacques

    C’est peut-être humble et compendieux mais c’est profond, I.B!

    Votre propos me fait penser, allez savoir pourquoi, au champ blanc, celui du grand

    travail, du poète cosmographe Kennth White.

    Merci.

    Bonne soirée

    Jacques

  7. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonjour!

    Toujours cette question du sensible et de l’intelligible, Madame, Monsieur.
    J’ai l’impression que nous sommes légion à vénérer « le réel vacant le long de la paroi »
    Autrement dit, toujours dans l’anagramme de « l’allégorie de la caverne, Platon »
    Démasquer le réel, comme le disait votre collègue Serge Leclaire, cher Monsieur J-F R, est-ce une perche tendue pour nous tirer de là?
    C’est toute la question.
    Gérard, si vous êtes là, dans le pré ou l’antécédence, dites-nous un mot, en guise de réponse, sans oublier le trait d’union.
    Bien à vous

    Jacques

  8. Avatar de Cėcile d’Eaubonne
    Cėcile d’Eaubonne

    Commentaire ? Compendieusement et sa leçon de vocabulaire … J’apprends que le mot est accolé à « concis », mais aussi à « laconique » dont j’ai toujours imaginé le manque de prėcisions. Je laisse compendieux sur les ėchasses de Jacques. Et retourne à mes rėflexions sur « INCOMMENSURABLE ». A qui faire appel pour une réplique qui dépasse de quelques coudées mon quotidien ordinaire.

    Au secours Marx, Engels. Et quelle autre compagnie … ? Vous, Daniel que je loue de me tenir compagnie dans mes désolations de pluie, d’inondations. Si … si …. voyez la métėo en Ile-de-France.

    Mais le pire n’arrive pas toujours … Incommensurable en ses mythes. Le ciel prêt à me tomber sur la tête . triste été 2021.

  9. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Zut !

    Question à monsieur l’instituteur de la campagne verdoyante du Poitou ….

    Faut-il écrire :
    Prêt à …
    Ou
    Près de

  10. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonsoir à tous!

    Faut rigoler, chère Cécile, la seule manière d’empêcher le ciel de nous tomber sur la tête!

    En vacances dans une ferme du Poitou où il n’y a ni coq ni pendule, je me suis plu, suite à la lecture de votre commentaire, d’aller refaire un tour du côté de l’école du coin, près de la mairie du village. Mais je n’ai point rencontré l’instituteur, prêt à me faire la leçon.

    L’auteur adoré de Monsieur notre Maître de ce présent blogue, a écrit « Cosette prête à défaillir » et une grande revue scientifique a titré :

    « Pourquoi le mythe de Stradivarius n’est pas prêt de tomber? ». Bien sûr, selon la règle, il faut écrire : « Cosette près de défaillir » et « près de tomber », concernant le mythe.

    Il nous faudrait demander l’avis de notre professeur émérite des classes secondaires pour juger du cas présenté.

    Il y a-t-il imminence d’un danger ou d’une proximité spatiale? Peut-on imaginer un Dieu, fumeur ou non de gauloises ou de gitanes, préparant son courroux pour frapper fort dans le jardin de banlieue de la bonne dame d’Eaubonne?

    J’écrirai donc « près de me tomber sur la tête ». Mais bon, dans l’incertitude autant rire d’un rire nouveau pour éviter la catastrophe, palsambleu!

    Compendieux? Flaubert, le grand perfectionniste, aurait utilisé cet adjectif incorrectement en lui donnant le sens contraire de sa signification.

    (Pierre Tressel « La pratique de la radiesthésie »)

    Bonne nuit

    Kalmia

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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