Réveille-toi Derrida, ils sont devenus fous !…

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Un curieux renversement – pour ne pas dire une étrange défaite – frappe ma génération, celle qui a commencé sa carrière d’enseignant dans les années 1960-1970. Dans les combats contre l’homophobie, le racisme, pour la défense des minorités opprimées ou de la cause des femmes…, il était évident pour des gens de ma formation que l’argument propre à réfuter les discriminations était d’invoquer l’universalité des conditions, et de ne rien céder sur leur foncière égalité (d’où découlerait la fraternité). Ce rappel à l’universel n’était certes pas évident à démontrer, puisque nulle part on n’observe la tant désirée « égale dignité » des personnes ; dans le monde moral comme en géométrie pourtant, où les cercles et les droites que nous traçons ne respectent pas empiriquement leurs définitions théoriques, l’universel ne se laisse pas observer ; il demeure une exigence de la raison, un idéal ou un horizon vers lequel tendre, non une donnée factuelle déjà réalisée. Mais c’était une raison de plus pour l’affirmer ou, comme dirait un kantien, le postuler.

Arc-boutés sur ce partage fondateur entre la loi morale en nous (et le ciel étoilé au-dessus de nos têtes), d’une part, et de l’autre les accidents et tribulations du monde empirique, nous nous faisions forts d’élever les jeunes consciences que nous formions aux puissances et aux prestiges de l’idéal ; la chute des corps, ou la trajectoire du boulet de canon calculées par Galilée, ne montraient pas dans leur course la pureté de sa prédiction, mais malgré les démentis de l’expérience c’est en s’accrochant aux idéalités mathématiques que l’illustre promoteur de la physique classique ouvrait un boulevard à notre monde scientifique et technique, tendu vers la rigueur et la précision… « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » : de Platon à Kant, la philosophie ne cessait de redresser notre regard vers le ciel.

Ou, pour le dire d’un mot, grec : dans le logos se rencontraient à la fois le langage, le calcul et la raison. Philosopher c’était logon dounai, rendre raison, ou argument pour argument, et c’est ainsi (et seulement ainsi) qu’un horizon de pacification s’ouvrait pour notre commune humanité, l’espèce des animaux parlants, et doués dans cette mesure d’un minimum de raison. Enseigner la philosophie s’identifiait à ce chemin de lumière (et des Lumières), au terme duquel les hommes, aimantés par cet idéal universaliste, ne pourraient que tomber d’accord, tant pis pour toi Calliclès, dégage Gorgias !

Cet optimisme rationaliste ou cette euphorique réconciliation rencontraient pourtant, dans mon propre cursus, leur limite avec l’enseignement de Derrida ; la déconstruction, lâcha-t-il un jour comme pour mettre les points sur les i, c’est qu’« il y a plusieurs langues ». Abyssale formule ! Fallait-il en déduire « autant de raisons (de logoi) que de langues » ? Logos, ce principe de toute mise en ordre,pouvait-il se décliner au pluriel, voire selon une infinité de formulations, ouvert à une incalculable, une intolérable prolifération ? Je devais découvrir beaucoup plus tard, lisant François Jullien, à quel point les philosophes classiques ne s’avisaient pas qu’ils pensaient en langue, confinés qu’ils étaient dans une pensée tributaire des catrégories et découpages de celle-ci : pauvre Descartes, qui doute de tout sauf des mots qu’il emploie, et qui le mènent à son insu ! Pauvre Kant, confondant ses fameuses « catégories de l’entendement » (universelles donc) avec les particularités et les idiotismes d’une langue indo-européenne ! Et c’est ainsi, ironisera Nietzsche, que de beaux édifices philosophiques se trouvent inopinément rattrapés par les présupposés de leurs grammaires…

Jullien, au fil de son œuvre (considérable), m’explique à quel point ma langue travaille ma pensée, et qu’il n’y a donc point de logos planant au-dessus des cultures comme leur expression enfin universelle. La langue chinoise, totalement étrangère à nos racines indo-européennes, conduit son locuteur à penser fort différemment.

Mais, pour m’en tenir ici au legs de Derrida : sa déconstruction consiste à mettre en évidence ou à soupçonner, sous le jeu réglé des échanges d’une raison apparemment pacifique, les dénivelés parfois abyssaux des conditions d’énonciation, ou d’interlocution. Chacun identifie sa culture à l’horizon commun, alors qu’il parle et pense depuis une clôture irrémédiable ; nos mondes propres se font la guerre, bien loin de conspirer ou de travailler en direction d’un « propre de l’homme », ou d’un monde commun. Le monde masculin n’est pas celui d’une femme, le monde de l’hétérosexuel pas celui des communautés LGBT, l’horizon du colonisateur européen ou américain ne coïncide pas avec celui de l’indigène africain ou amérindien, etc. De sorte que le beau mot de culture, fièrement décliné au singulier (dans un monde ancien ?), se morcèle sous nos yeux en un pluriel irréversible qui en retourne la signification : jadis principe d’ouverture et d’entente par le haut, les cultures désignent leur fermeture, et nous imposent l’allitération, culture, clôture

Déconstruire, ce maître-mot d’une philosophie qui se répandit aux Etats-Unis comme une traînée de feu (jusqu’à inspirer à Woody Allen un titre de film, Deconstructing Harry), c’était donc faire droit aux conditions toujours particulières de l’énonciation, en élaborant un peu mieux la question de savoir « qui parle ». Déconstruire ce n’est surtout pas détruire, mais détisser, désenchevêtrer pour faire surgir l’impensé, le connoté, et ainsi se projeter plus loin ; là où une pensée binaire s’obstine dans ses oppositions reçues, stériles, la déconstruction propose un enrichissement du débat, un geste de paix ou un dénouement bienvenu. Là où une position identitariste s’accroche à son chez soi, Derrida questionne sans relâche la valeur d’hospitalité, et brouille notre perception des frontières.

Comme le souligne fortement Benoît Peeters aux premières pages de son beau livre (Flammarion 2010), Derrida eut toujours, devant les communautés refermées sur leurs dogmes, un mouvement de recul ; ce philosophe détestait appartenir. Or le paradoxe de son fulgurant essor aux Etats-Unis sera d’avoir contribué (dans la mesure où l’on peut prêter à une philosophie une efficace) au morcellement communautariste de la société qui vient, et au marquage renforcé des mondes propres.

En se réclamant de la déconstruction, la femme peut dire à l’homme, ou le noir au blanc, ou le LGBT à l’hétérosexuel…, qu’ils n’ont décidément rien en commun et que discuter de leurs différences ne mène nulle part. Pire : qu’il n’y a rien à apprendre du territoire de l’autre, et que (pour une néo-féministe) ouvrir un livre rédigé par un homme présente un risque grave de pollution… Là où lui-même, minant notre confort intellectuel, rendait nos partages énigmatiques en questionnant la fabrique des identités, la reconstitution des entités, en insinuant partout l’ironie et le doute, en pratiquant un corps-à-corps rusé, interminable avec la langue ou une écriture pleine de sous-entendus, de charmes et de chances (« Je marche sur un sol qui se dérobe sans cesse », comme le cite Peeters page 214), les « élèves » américains de Derrida, infiniment moins sophistiqués et cultivés que lui, se contentent d’arrogantes proclamations d’appartenances et opèrent un brutal retour au chacun-chez-soi !

Si je ferme les yeux et laisse monter en moi l’impression la plus générale reçue de Derrida, je dirai : douceur. Je revois son sourire, sa grande prévenance, ses longs silences, son imperceptible ironie… Le paradoxe de son influence, aux Etats-Unis d’où nous revient aujourd’hui la « French Theory » accommodée à la sauce ketchup, c’est de contribuer à la brutalisation, voire à l’interdiction du débat. Au nom de l’offense, toutes sortes de minorités se sentent en droit d’interdire un film de Polanski ou de Woody Allen, ou des conférences (pourtant prévues en territoire universitaire) de Sylviane Agacinski (pour cause « d’homophobie notoire »), ou de François Hollande dont ses censeurs vont jusqu’à brûler publiquement le livre… Une pièce d’Eschyle de même, qui devait se jouer en Sorbonne, se voit boycotter au prétexte que le maquillage des acteurs évoque, auprès d’un chatouilleux collectif, une caricature du masque nègre. Inutile de dire à quel point ce dernier mot fait difficulté, ou outrage : on est en train de changer pour cela la couverture d’un best-seller d’Agatha Christie !

Que pensait Derrida du « politiquement correct », dont il observa sur les campus les premiers ravages ? Que dirait-il aujourd’hui, lui qui a tellement travaillé les questions d’écriture, de nos rampantes, envahissantes et grotesques « écritures inclusives » ? En tous domaines des minorités s’affairent pour défendre le particulier, la singularité des corps ou pour réparer les offenses aux victimes, dont on lira le catalogue dans le livre détaillé, offensif et documenté que vient de publier Nathalie Heinich au éditions du Bord de l’eau, Oser l’universel, contre le communautarisme. Tout pivote en effet autour de ce mot dont notre pays fit un drapeau avec sa Déclaration ubiverselle des droits de l’homme, comme je l’ai dit en ouvrant ce billet : dans un monde ancien, la revendication d’universalisme (de commune humanité, de réciproque égalité) était le plus sûr rempart contre les attaques racistes, ou stigmatisant les « différences ». Or, par un saisissant tête-à-queue, voici que ces différences sont à présent fièrement revendiquées, et que le mot race lui-même, au moins aux Etats-Unis, est désormais recommandé, alors que tout rappel à l’universel, ou à un possible monde commun, est suspect d’arrogance assimilatrice, ou comparé au rouleau compresseur.

C’est ainsi que l’Université, creuset ou matrice s’il en est de l’éducation à l’universel, se voit minée par les queer, les gender ou les colonial studies… Une féministe classique se battait au nom de l’égalité, une néo-féministe brandira au contraire son irréductible originalité face au nivellement des conditions, et à l’oubli de ce que son corps détient, ineffablement, d’original. Je mentionne le corps à dessein : tous ces mouvements ou ces revendications qui nous agitent, et qui développent une sorte d’épidermique allergie aux autres, sont contemporains d’une promotion du corps, au détriment de la parole ou, plutôt, du défunt logos. Une ligne-chair, montante, bruyante, ne cesse de miner une plus ancienne et abstraite ligne-verbe. Ou, pour le dire avec les ressources de la sémiotique, nous assistons en quantité de domaines à la victoire des indices sur l’ordre majestueux mais fragile des symboles ; or le symbole détaché, lointain demeure de l’ordre de la représentation ; l’indice, chaud, au contact, toujours physique, de l’ordre de la présence. On débat avec des symboles, avec les indices (moins négociables) on s’affronte, on s’attire ou l’on se repousse.

Au nombre des tête-à-queue les plus ahurissants (abondamment décrits par Nathalie), on voit ainsi des « islamo-gauchistes », ou pire des néo-féministes, prendre la défense du voile à l’école, au prétexte qu’il s’agit de soutenir une minorité opprimée dans l’expression de sa culture. Peu importe la laïcité (suspecte de colonialisme puisqu’inventée et promue par l’Occident), peu importe le sort d’enfants ou de fillettes reconduits dans un ordre religieux et patriarcal moins favorable à leur libre épanouissement que les règles de l’école républicaine.

La culture-qui-vient (la clôture) me semble marquer une formidable régression, primaire, par rapport aux exigences et aux subtilités d’un ordre davantage fondé sur la ligne verbe, sur la prééminence de l’ordre symbolique, sur une visée d’universalisme, sur la pratique du débat. Ne considérons que ce dernier terme, et les interdictions prononcées contre lui lors de la conférence de Sylviane Agacinski, ou de François Hollande, qui affrontèrent des attitudes totalitaires, voire carrément fascistes. La culture dite (sans doute par antiphrase) cancel ne débat pas, elle efface, elle baillone. Le mouvement woke de même, qui par son étiquette ferait référence aux éveillés (aux vigilants limiers qui débusquent partout la discrimination, la stigmatisation), ne remplit son programme qu’en morcelant l’espace public, en émiettant nos mondes communs en une toujours plus friable dispersion communautaire (car les minorités sont virtuellement partout, à quand la ligue des daltoniens, le lobby des bègues, des rouquins, le syndicat des gens de petite taille ?…). Ce mouvement semble avoir pris le contre-pied de la formule d’Héraclite, « les hommes éveillés habitent le même monde »… Avec la woke culture, la multiplication ds victimes crie vengeance, et effondre sans retour l’espace républicain dans la bigarrure des communautés dressées les unes contre les autres, ghettoïsées, libanisées (écrit Nathalie).

Voulons-nous vraiment de ce nouveau monde de la critique, où l’affiliation à des collectifs non-négociables (familiaux, sexuels, religieux) remplacera l’adhésion à des cercles plus larges, nation voire humanité ? Voulons-nous d’une notion de l’identité poussée à l’identification, à l’étui, à la crampe ? Car l’identité connaît bien des facettes, des ruses et des moments, quel effondrement, quel carcan et que de simplifications chez nos identitaristes ! Qu’avons-nous à y gagner ?

Réveille-toi Derrida, dis-leur ! Mais c’est à nous hélas de reprendre ses livres, de ne pas laisser le monde qui vient à ce point enterrer ou déformer une pensée libératrice par ignorance, par arrogance. Aragon décidément nous avait prévenus, Rien n’est jamais acquis à l’homme ni sa force…                                       

14 réponses à “Réveille-toi Derrida, ils sont devenus fous !…”

  1. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonjour!

    Un billet qui commence sur un air d’une chanson de Michel Sardou et se termine par un extrait de La Diane française, de Louis Aragon.

    Comment ne point réagir et ouvrir l’œil, fût-ce au cœur de la nuit?

    J’ai fait un petit parallèle avec le contenu d’une dictée à corriger, vue et lue, il y a quelques heures, dans un journal de la région.

    Elle n’est pas très longue et si personne n’y voit le moindre inconvénient, et si j’arrive à mettre la main dessus, j’en proposerai, ici même, une reproduction fidèle avec toutes les fautes faites à dessein, puisque c’est la règle du jeu.

    L’auteur qui n’est pas mentionné mais qui s’exprime ainsi, à l’intérieur des terres, sous le couvert d’une association, est justement dans le vif du sujet traité excellemment dans ce billet. En relisant une petite lettre que m’a envoyée, un jour, Jacques Derrida, je me dis que cette dictée pourrait intéresser plus d’un lecteur, car « ça correspond » quelque part…

    Au delà de la dictée comme exercice scolaire, il y a sans nul doute un désir de faire passer autre chose, un sens qui n’est pas si facile à débusquer dans les fourrés du vocabulaire de notre belle langue française. Un lièvre à lever, c’est sûr!

    L’auteur utilise des tournures inhabituelles mais il ne cherche pas à jouer « l’intello » des plateaux de télévision.

    Il y a de la déconstruction en tel propos et en même temps un appel des forces du dedans, comme pour relier et pour relire.

    Oui, mais au delà des mots, dans le réel pur et dur de la vie ordinaire, il y a autre chose ou quelque chose qui n’est pas rien.

    Et dans cette dictée, je n’en vois pas le compte/conte rendu.

    Mais d’autres que moi, tellement plus fins et perspicaces sauront sans doute soulever un coin du voile.

    Bonne nuit à tous et bon réveil matutinal!

    Pour l’heure, autant, écarter le rideau pour, dans l’alcôve, essayer de dormir un peu.

    Jacques

  2. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonsoir!

    Quitte à réveiller notre sympathique sonneur de matines, je prends la liberté d’apporter mon son de cloche qui, en la circonstance, ne me semble pas à côté de la plaque.

    Une dictée pleine de fautes à corriger? Ma foi, pourquoi pas! J’imagine qu’elle veut dire quelque chose, si j’ai bien compris l’introït de frère Jacques. Mais qui parle, qui dicte? Un universitaire, un autodidacte qui répète à qui mieux mieux ce qu’il a lu et entendu dans les livres et les émissions de télévision? Madame Agacinski est-elle du genre à envoyer sa « Politique des sexes » dans les chaumières de la dolce France?

    D’abord, le peuple dont la voix, a-t-on dit, est juge récusable, est-il demandeur de sa réflexion? Par les temps qui courent, on peut en douter…

    Pour Monsieur Derrida, la déconstruction n’est pas une méthode et ne peut pas être transformée en cela. C’est la justice.

    On connaît le refrain :

    « Le « dé » de déconstruction ne réfère pas du tout à la démolition de ce qui se construit mais, précise-t-il, porte sur « ce qui reste à penser au-delà des schémas constructivistes et destructivistes ». La déconstruction s’apparaît. Il s’agit « d’une sorte d’effet fantôme inscrit dans les choses mêmes » qui contient, en puissance, la reconstruction à venir. »

    J’ai hâte de lire cette dictée et la différance exprimée par l’auteur X du texte.

    Un seuil, une ligne, une porte, un code, une clé, une crypte, un secret, un commencement.

    Des questions et pas de réponse.

    Cela, peut-être, s’appelle l’aurore.

    Kalmia

  3. Avatar de Jacques
    Jacques

    Voici le texte de la dictée que je reproduis ici, fidèlement. (Voir plus bas)
    Il est précisé que c’est un texte constellé de fautes . Le lecteur est invité à le corriger
    L’auteur X de cette dictée publie ce texte dans le cadre d’une association.
    Bonne chance à vous si l’expérience vous tente.
    Il est minuit, je file me coucher.
    Jacques

    Fautes incluses

    ___

    Qui a eu cette idée folle, un jour d’inventer ce syntagme : « L’écriture inclusive »  ? Savez-vous, vraies honnêtes gens bien éclairés que dans ses lettres permutées, on découvre cet anagramme : « Civilisez un lecteur » ?
    Dans La Comédie humaine Sarrazine en serait tombée des nues, assurent les uns qui suivent, extasiés, la chose à la lettre, sans y voir le moindre anicroche ou un grand dam.
    Pourquoi d’arrache-pied nous rabattre les oreilles avec cette inclusive écriture sensée hacher menu comme chaire appâtée, nos si chères règles de grammaire et d’orthographe, répliquent les autres, attachés aux mots qui sonnent justes et à la politesse de notre langue.
    Les acadiens et les acadiennes, hauts perchés dans leurs hardis ziggourats se sont ils parlés, interrogés sur la confusion des genres et les croiser dans les krachs auraient-ils mal menés l’alphabet de Saladin ou pérorer à l’envie sur le langage épi scène ?
    Dans le wok, un isme y tomba et si du concept chauffé à blanc, s’envolait de l’athanor sociale une colombe, sans nul conteste, plus d’un trouvère, ici bas, en seraient tout babas.
     Des ailes pour aller aux îles du Grand Nord, jusqu’au mont « Analogue » où Jean, un aventurier des glaces, ambassadeur de l’Arctique, né à Mayance, adressa une lettre, il y a sept ans, à un eskimo de deux mille-vingt-deux, espérant peut-être une réponse noétique en guise de branche d’olivier, pour son centenaire.
    Par dessus les toits de la ville de la petite sirène, quelque chose qui passe ou s’exhale en effluves bleus, sur les airs d’une inaccessible étoile…
    D’un principe d’exclusion au chant de Malorie, de l’institut au jardin, de l’aréopage savant aux millions d’yeux de l’eurovision, du physicien Poli à l’interprète français, cette traînée d’or galactique, telle un fil d’Ariane tendu pour trouver ses repaires dans la nuit labyrinthique du temps.
    Et sous le ciel de Paris, les amoureux de la chanson douce posent la question : L’écriture inclusive, pourquoi faire?
    Un dé, peut-être, jeté au petit bonheur la chance pour réhabilité, du coup, l’antonyme du hasard…Ou l’arc en ciel après le déluge.
    Clarisse, du Collège de France, spécialiste hors paire des écritures, s’inquiète et s’interroge : – « Dira-t-on bientôt « Monsieur le sentinel » et « Mademoiselle la mannequine »? » Et Madame le juge en la matière d’en appeler à notre atterrissage dans sa conclusion où transparaît, en filigrane, une nouvelle idée civilisatrice.
    Alors, sans tambours ni trompettes, autant  redescendre sur terre…humaine et ferme.

  4. Avatar de Vmaunoury
    Vmaunoury

    Un propos qui élève le débat mais… en quoi nos différences nous interdisent elles d’avoir en commun quelque chose d’universel qui nous autoriserait à avoir toujours quelque chose à nous dire ?

  5. Avatar de JBi
    JBi

    La diffusion de cette idée de déconstruction est proprement sidérante. Elle a envahi tout le monde… (occidental, seulement) pour justifier une nouvelle génération d’activismes. C’est la french theory comme justification philosophique de tous les renversements, même ceux dépassant l’imagination, à l’exception, toutefois, de ceux qui changeraient réellement quelque chose. C’est la french theory permettant, enfin, aux hommes de fréquenter les toilettes des femmes… Comment est-ce possible ? Par la déconstruction.

    Ce mot, déconstruction, est pris dans le sens d’une démolition savante et radicale avec cet avantage que ne sachant pas très bien de quoi il s’agit, on est peu armé pour s’en défendre. L’abscondité, c’est son intérêt, laisse sans voix et sans armes. Pour comprendre, il faudrait se plonger dans des textes arides dont la signification n’est accessible qu’à ceux qui ont, dans leur jeunesse, baigné dans le contexte. Marxisme, puis structuralisme, puis post-modernisme… Comprendre ne sera pas donné à tout le monde. On répète que chez Derrida, ce mot ne signifie pas démolir. Mais est-ce si sûr ? On ne déconstruit pas pour ne rien faire de cette déconstruction. On ne met pas en évidence une dualité (homme / femme, hétérosexuel / homosexuel, Blanc / Noir, etc.) dans laquelle le premier terme est dominant et le second lourdement dominé, sans suggérer d’y mettre fin. Sans suggérer un renversement des rapports, un peu comme la dictature du prolétariat fait la transition vers la société sans classes. Le dominé doit dominer à son tour pour mettre fin à la domination.

    Certes, la méthode derridienne ne procède ni par révélation (christianisme) ni par démonstration (marxisme) mais par une sorte d’archéologie minutieuse, au pinceau et la petite cuillère. À la langue-de-chat. C’est la déconstruction comme prise de connaissance par carottage. Normalement, on est loin d’une destruction et lorsque Heidegger, à qui tout ceci est emprunté, parle de destruction, il parle de la désactivation d’un sens qui s’est déposé, d’un sédiment qui voile l’essentiel ou plutôt le primordial. Il n’est pas sûr que Derrida s’en soit tenu là, ce qui peut expliquer que la french theory, qui ne se limite d’ailleurs pas à Derrida, ne fasse pas dans la dentelle et s’engage nettement dans les techniques de dynamitage social (on veut dire sociétal) plutôt que dans l’onto-théologie heideggerienne. Derrida, puis Foucault, Barthes, Deleuze et bien d’autres, voilà un cocktail, certes savant et raffiné, mais également bien détonnant et d’autant plus que la French theory, ne manque pas de faire usage de la différance (derridienne) comme outil prolongeant la déconstruction par la domination de l’« autre » sur le « même ».

    L’action, toujours prioritaire, ne s’encombre ni des contraditions des thèses entre elles, ni du fait que toutes ces thèses pourraient bien être tout simplement fausses. On affirme que la pensée est enfermée (confinée?) dans la langue, sans expliquer comment Derrida ou Foucault ont pourtant réussi à en sortir. Pour pouvoir sortir d’un monde, il faut être déjà un peu dehors, être un peu de tous les mondes possibles. La pensée, c’est sa nature, n’est pas jamais totalement enfermée en quoi que ce soit. Ni le « je pense » de Descartes – voir l’évolution du Discours aux Méditations – ni les douze catégories de Kant ne le sont. Descartes ne voyait aucune objection à écrire en bas-breton plutôt qu’en latin et Hegel soutenait que si on ne pense que dans les mots, la pensée sait les façonner selon ses besoins. Il faut rappeler la place qu’Heiddegger accorde à la poésie. C’est que la pensée apprend vite à composer avec la langue, tout comme les mathématiciens ont vite vu que l’ensemble des tous les ensembles n’était pas un ensemble et que le barbier du régiment (cet homme du régiment, qui rase tous les hommes du régiment qui ne se rasent pas eux-mêmes) imposait des précautions de forme. La langue y est prise en défaut. On le savait déjà avec Epiménide, ce Crétois qui prétend que tous les Crétois sont menteurs ! On sort de l’immédiateté de la langue par une métalangue et on apprend, avec Platon, qu’aucune science n’est à elle-même son propre fondement.

    Heidegger s’était inspiré de Nietzsche, le philosophe au marteau (titre du Crépuscule des idoles). Alors, posons la question ‘généalogique’ suivante : « que veut celui qui veut déconstruire ? » La réponse est triviale et de tout temps. On la trouve assez bien exprimée dans… Iznogoud, de Goscinny & Tabary :

  6. Avatar de Gérard
    Gérard

    Bonjour!

    Quel excellent et puissant commentaire!

    Peut-on répondre vraiment à Monsieur, Madame ou Mademoiselle JBi?

    Pas sûr. Il faudrait se situer « dehors » au delà de la controverse pour essayer de faire apparoir quelque chose qui fait sens.

    Laissons le calife prendre la place du calife et, à notre niveau, parlons de la théorie française, telle qu’on la ressent dans son propre milieu, sans aller chercher midi à quatorze heures.

    Madame Séverine Denieul, universitaire, dans le premier numéro de sa revue {L’autre côté} titre mis entre crochets, fonce dans le tas de la French theory, génératrice « d’avatars dégradés ».Et dans son éditorial, Mme Denieul cite longuement un propos de John Locke qui se termine par ces mots:

    « Car la fausseté étant par elle-même incompatible avec l’esprit de l’homme, il n’y a que l’obscurité qui puisse servir de défense à ce qui est absurde. »

    Un chemin de la philosophie retourne à l’obscurité, a dit Martin Heidegger, au début d’un cours, à Marbourg, en mil neuf cent vingt-huit.

    Et maintenant, un académicien célèbre, en quatre leçons veut sauver l’obscur.

    A quand, ce rayon de lumière promis au sommet de l’État français, l’année du départ de l’auteur de « L’être et le temps »?

    Tous nos califes et pontifes qui nous expliquent tant de choses du haut de leur chaire, laissent dans l’attente une souffrance qui ne voit rien venir.

    Ici, en ce dernier jour de janvier, le soleil poudroie et l’herbe verdoie.

    Gérard

  7. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour!

    J’ai bien vu la dictée sur ce lien : http://www.ecrituriales.canalblog.com

    Mais pour l’apprivoiser ou la corriger, la mégère, incluse ou non, pas facile!

    Revenons séance tenante, double ou non, avec et sans Jacques Derrida.

    JBi, votre dense et très intéressant commentaire m’a incité à rouvrir un bel essai :

    « Inventer le masculin ». L’auteur, Daniel Parrochia, met en exergue, au chapitre sur la relativité du masculin, deux citations :

    L’une de F.Nietzsche sur Empédocle qui se souvient d’avoir été garçon et fille et une autre de G.Bachelard qui s’interroge :

    « Qui nous découvrira le Nietzsche féminin? Et qui fondera le nietzschéisme du féminin? »

    A la fin de ce chapitre après avoir cité J.Derrida, E.Lévinas, R.Musil et quelques autres, Daniel Parrochia qui fait partie comme eux des gens d’université, écrit :

    « Il est clair que la plupart des hommes ne vivent pas : ils fonctionnent chapeaux et manteaux, simples automates mus par les ressorts du champ social. Mais il est clair aussi que la situation débouche sur une prise de conscience. Il n’est pas interdit de rêver : »

    Rêver avec une poétique de la rêverie, citée moult fois dans les colloques ou entres gens cultivés qui se citent et se récitent à longueur de thèse, est-ce bien raisonnable – et là, la seule manière de se refaire une tête?

    Tous ces gens-là ne sont pas renards et il ne messied pas de penser et de croire qu’il est des goupils qui, sortis de la citerne, sont encore capables d’attraper les cornes du bouc pour l’aider à voir la lumière.

    Et si c’était au spécialiste des théâtres d’Aragon qui se reconnaîtra en cette expression, d’aller au delà du mot fin?

    Kalmia

  8. Avatar de M
    M

    Bonjour en cette vigile de chandeleur!

    Avant de se préparer à faire sauter les crêpes, un petit détour par le blogue du randonneur pour tenter d’y apporter ma petite contribution.

    J’ai lu le billet, ô combien intéressant, et les commentaires aussi. Cependant, je ne saurais vous celer un petit brin d’amertume qui m’envahit en constatant l’absence de Mme Cécile…de Messieurs Jean-Claude, Jean-François, Spartacus et quelques autres sur ce sujet si passionnant et…vital.

    Et pourtant en vous lisant, Madame, Monsieur, vous m’avez incité à rouvrir un livre. « Le nœud gordien » de Georges Pompidou, publié avant son départ, à l’aprilée mil neuf cent soixante-quatorze.

    Il y est question de valeurs, d’ennui – bien entendu, à propos du courant de mai 68 – et comment ne pas être au diapason de ce propos franc et juste? Quid de sa critique de Monsieur Marcuse qui théorise à côté mais qui ne met pas la main à la pâte?

    Bon, on n’a pas vu, il est vrai, « les casseurs libérés » brandir dans la rue « Éros et civilisation » ou « L’Homme unidimensionnel »!

    Loin de ce tumulte, nécessaire dit-on, peut-on imaginer à l’intérieur des terres, une autre attitude marxienne et marcusienne, à l’opposé des gesticulations de leurs épigones, avec « Éros ou Cupidon » comme allié?

    « Poison du cœur » dit l’anagrammeur qui a bien lu et permuté les lettres de ces trois mots.

    Peut-être, mais aussi « Pharmakon »… Autrement dit remède. N’est-ce pas, Monsieur Jacques?

    Est-ce suffisant, cher Maître des lieux, pour trancher le nœud gordien des problèmes humains?

    Bonne chandeleur à tous

    M

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Cher-e-s ami-e-s, En réponse (commune) aux nombreux commentaires de ce billet de blog, je dois dire que je l’avais rédigé en ignorance presque totale du colloque en Sorbonne des 7-8 janvier derniers, consacré à l’examen du Wokisme, et autres excentricités qui frappent actuellement l’université. Je n’avais pas mesuré le tollé que ce colloque avait suscité dans la presse, Libération ou Le Monde notamment qui publièrent avant et après sa tenue des articles assassins, d’un dénigrement systématique… Ce sujet semble avoir enflammé les esprits, en dressant de façon irréconciliable deux camps l’un contre l’autre, alors que je ne voulais pour ma part, avec ce billet, que rappeler la fécondité de l’oeuvre de Derrida, auquel je dois ma formation, et attirer l’attention sur l’ouvrage de Nathalie Heinich, incisif et documenté, qui fait un relevé à mes yeux convaincant, et alarmant, des dérives en cours.
      J’ai donc pris connaissance du discours introductif du ministre Blanquer, où je ne trouve pas de quoi l’accabler : il montre certes de Derrida une connaissance convenue, et des plus limitées, et les mots qu’il a choisis sur le « virus » de cette pensée sont à coup sûr maladroits, mais de là à crier au scandale… J’ai lu sous la plume de Dubet que ce colloque était un assaut de maccarthysme, Elisabeth Roudinesco a parlé de « repas totémique », que d’exagérations !… Je refuse pour ma part de jeter dans un même sac d’infamie ou de pensées réactionnaires des intellectuels qui y participèrent et que j’estime, Pierre Jourde, Dominique Schnapper, Claude Habib, Pierre Manent, Pascal Bruckner, Nathalie… Cette dernière me signale un compte-rendu « enfin équilibré », lisible sous ce lien :
      https://www.mezetulle.fr/le-maccarthysme-est-il-la-chose-du-monde-la-mieux-partagee/

  9. Avatar de Gérard
    Gérard

    Je trouve intéressante et très juste la question du commentaire compendieux de VMaunoury.
    Quelque chose sans doute, mais quoi au juste?
    Merci à M.Bougnoux pour ce compte rendu de Monsieur André Perrin, sur le colloque universitaire.
    Mme Nathalie Heinrich est mentionnée dans le présent billet et le dernier commentaire.
    Plus d’un la connaît sans doute pour son approche sociologique des valeurs.
    Et c’est à icelui principalement que ce commentaire s’adresse.
    Parlant quelque part du bon travail de Mme Michèle Salmona, pionnière de la sociologie rurale, à partir des années sixties, elle renchérit sur les travaux magnifiques de certains chercheurs dont le rôle est de produire et de transmettre le savoir. Il n’est pas de résoudre les problèmes de notre société qui sont de l’ordre des militants et des politiques. On comprend fort bien qu’elle soit très satisfaite quand les citoyens s’emparent de ses travaux comme des outils pour leurs combats, et qu’elle refuse que son travail soit inféodé à des objectifs politiques.
    Le propos de l’universitaire est honnête.
    Cependant, il ne messied pas de jeter un regard clair, direct, aimable – et bien entendu non oblique – sur les honorables personnes qui discourent avec beaucoup de sincérité et de perspicacité sur les bancs publics de leurs universités.
    Hélas, mille fois hélas, les thèses et les livres n’ont pas suffi pour éviter l’hécatombe en milieu paysan depuis des décennies.
    Et les militants qui brandissent des pancartes et épandent des tonnes de fumier ou de purin sous les fenêtres des sous-préfectures ou autres édifices d’État, changent-ils quelque chose à leur vie réelle? Se font-ils pour autant entendre des politiques, dans les sempiternelles réunions, censées porter ouverture et dialogue?
    Ces derniers jours, des retraités du monde agricole -concernés ou non – ont reçu de leurs ministres de tutelle, une longue lettre conjointement écrite, qui leur annonce une formidable avancée sociale, vantant l’effort du gouvernement en place pour leur mieux-vivre.
    Il s’agit d’une augmentation de quelques dizaines d’euros supplémentaires, certes non négligeable, mais qui laisse la pension de retraite agricole inférieure au seuil de pauvreté. Quelques jours avant les élections présidentielles, pourquoi pas?
    Un ancien ministre de l’agriculture, aujourd’hui sénateur et président d’un groupe politique, rencontré par hasard à Paris, un jour, me l’avait dit : « Vous aurez mille euros avant la fin du septennat (sic) » .
    Brisons là.
    Où sont nos valeurs? Celles de l’intérieur, de la base, d’en bas, comme ils disent?
    Monsieur Michel Serres, dans le « Portrait en pied du parasite », n’y va pas par quatre chemins :
    « Résultat profond et considérable. Les malades mentaux ne sont pas tous aux Petites-Maisons, comme on le croit. Ils pullulent aux palais des rois, dans les grands postes et les hautes fonctions. » Et notre académicien de mettre dans le même sac, politiques, journalistes, professeurs et compagnie… Et de terminer par ces mots : « Oui, ces maladies sont des politiques. Oui, ces politiques, théories et conduites, ne sont que maladies. »
    Dans « L’Hermaphrodite », un livre de M.Serres, que je vois mal entre les pots de confitures sur les étagères des chaumières de la France agricole et rurale, l’auteur pose la question : A-t-on vu un groupe de paysans monter à la Capitale pour étudier les mœurs de leurs savants observateurs?
    Renverser le tableau et faire de telle sorte que l’homme du peuple apporte quelque chose à l’homme d’études, comme le souhaite Mme Danièle Sallenave qui veut donner, enfin, la parole aux dominés silencieux, est-ce bien raisonnable? Je veux dire, est-ce bien réaliste?
    Peut-être faudrait-il s’interroger autrement sur le mot « valeur »…Pour ce faire, je viens de rouvrir un livre d’un physicien qui se soucie des choses de ce genre. Il y reconnaît une grande difficulté à progresser. Et pour lui, cette difficulté ou plutôt son affrontement, constitue elle-même une valeur. Et d’ajouter entre parenthèses : »(et il faut même dire, ce me semble, une extrêmement haute valeur)
    Le temps comme valeur d’instrument. Je pense à ce petit mot écrit, il y bien des lustres, par quelqu’un de sa rue des bergeronnettes à Ris-Orangis. Un petit mot vivant dans une armoire, tel un guide impossible dans la nuit du temps, qui revient aujourd’hui, comme pour faire signe à une égérie de l’Alma mater qui l’a trouvé magnifique.

    Bonne nuit

    Gérard

  10. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Merci Daniel de ce complément d’information. J’avais lu ton article avec intérêt, connaissant peu Derrida.« Mais, pour m’en tenir ici au legs de Derrida : sa déconstruction consiste à mettre en évidence ou à soupçonner, sous le jeu réglé des échanges d’une raison apparemment pacifique, les dénivelés parfois abyssaux des conditions d’énonciation, ou d’interlocution ». La langue conditionne l’élaboration de notre carte du monde et Jullien le montre magistralement. J’ai lu aussi les article du journal Le Monde concernant ce congrès et suis resté interloqué ne sachant plus quoi penser. J’avais lu avant, d’autres articles sur le « Wokisme ». Nos média régionaux et nationaux font la part trop belle aux circuits émotionnels, au détriment de l’élaboration de pensées profondes. Je préfère grandement me tourner vers les apports très constructifs d’autres informations, trop réfléchies et élaborées sans doute car il y en peu d’écho !

    D’abord la primaire citoyenne. Quelque soit les effets de son résultats, le processus expérimenté d’un vote pondéré à un seul tour, attribué par chaque électeur, pour chacun des candidats préalablement validé est une vrai réussite. Appliquée à l’élection présidentielle à un seul tour, elle permettrait une prise de décision moins émotionnelle, supprimerait les primaires « partisanes » mettant à mal la logique démocratique. Son principal obstacle sans doute est l’affaiblissement des partis, et leurs peu de représentativités qui en reste aujourd’hui.

    Le deuxième point est l’utilisation de l’application ELYZE. Ce sont mes petits enfants (majeurs) qui en ont fait usage et m’ont incité à faire de même. J’ai expérimenté et j’ai pu constater, après avoir répondu à plus de 300 questions pour obtenir un résultat fiable, que cela correspondait à un vote pondéré. J’avais validé des options de programmes de plusieurs candidats de différents bords. Au final trois profils se détachent largement pour moi, illustrant le non sens du clivage trop réducteur « gauche – droite » en particulier. C’est très éducatifs pour les jeunes auxquels cette application est principalement dédiée. Cela questionne aussi nos certitudes.

    Est-ce un exemple de déconstruction derridienne ?

    Bonne soirée
    JC

  11. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Monsieur Jean-Claude, êtes-vous certain qu’une telle application va construire des élèves et des citoyens appliqués et impliqués?

    Petite poucette en perd son latin et Monsieur Serres dans ses mânes se voile la face!

    Kalmia

  12. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Il est évident qu’une application ne peut développer des élèves et des citoyens appliqués et impliqués. Le propos n’est pas là. Le mérite de cette application, à mon avis ( mais il faut l’expérimenter pour vraiment le toucher du doigt) est de faire prendre conscience de la difficulté de faire coïncider « son programme politique idéal » avec le choix d’un candidat. C’est plus subtil, plus complexe. Il s’agit d’un choix pondéré exigeant des compromis.
    Sur un autre plan, choisir un candidat ne relève pas seulement d’un accord sur un programme qui reste une promesse bien difficile à tenir. Une citoyenneté appliquée et impliquée engage une attention quotidienne à tous les gestes de la vie. C’est une compétence à développer et non un simple statut ou droit.
    JC

  13. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Une compétence à développer dans la vie quotidienne…Oui, sans doute!
    Un geste haptique pour un Credo, au delà de la fabrique de « l’Homme » digital, peut-être…

    Kalmia

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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