Rifkin’s exit

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Je n’ai pu voir que ces jours-ci le dernier film de Woody Allen, les cinémas de mon coin de Drôme provençale ne le programmant pas, et nous étions trop pris par notre déménagement (en cours d’achèvement).

Pourquoi cette quasi-unanimité dans le dénigrement, ou du moins cet accueil passablement tiède des critiques patentés ? Nous étions moins de dix dans la salle du Méliès, hier après-midi à Grenoble, et je ne sais comment les autres auront goûté ce film, que j’ai trouvé pour ma part touchant, et plein de charme.

On aurait aimé que la numérotation coïncide avec un point d’orgue, mais il faut en convenir, ce cinquantième film n’est pas un grand Woody, du niveau de ceux (dix-huit) que j’analyse dans mon livre : l’auteur y recycle ou y fait tourner ses obsessions, il n’opère pas lui-même à quatre-vingt six ans un tournant. Rien de chic et choc, de ces trouvailles qui fouettent les gazettes et émoustillent les fans : comme son personnage Mort Rifkin auquel à l’évidence ici Woody s’identifie, le scénario semble pépère, les péripéties prévisibles – je ne dirais pas, comme plusieurs critiques, éculées… Plus que jamais, l’auteur tourne le dos à notre modernité (comment la définir ?), et se réfugie aux yeux de ses détracteurs dans une confortable rétrospection, ou dans le sentiment, toujours impopulaire auprès de l’intelligentsia, que c’était mieux avant. Effeuillant pour cela sa propre filmographie, ou celle de quelques prestigieux intercesseurs (Welles, Truffaut, Godard, Bergman, Bunuel…) ici pastichés ou reconstitués en de très courts-métrages en noir et blanc, présentés comme autant de rêves faits par Rifkin, qu’excède la vulgarité des films projetés au festival de San Sebastian, auxquels il oppose en imagination le cinéma d’hier, qui nourrit sa culture et l’a aidé à se construire.

Rifkin’s Festival est donc un film sur la cinéphilie, sur la façon dont celle-ci peut nous hanter, et nous soutenir au fil de notre vie : car il y a des images, comme écrit superbement Serge Daney, qui ont « regardé notre enfance » ; et qui l’auront d’une certaine manière gardée en dépit des phraseurs, des enquiquineurs et de divers imposteurs… L’enfant imaginé par Orson Welles et ici rejoué d’un très jeune Kane cramponné à son traîneau ou sa luge, un jour de neige où des hommes en noir viennent l’arracher à sa mère, dit l’essentiel : « Rose bud », le dernier mot du magnat expirant derrière la barricade de son château de Xanadu (« Trespassers will be prosecuted »), et sur lequel spécule l’enquêteur, n’est que le nom de ce jouet d’enfant qui brûle pour finir dans les flammes de ce bûcher des vanités. Son inscription pourtant renvoie au bouton du sein, ou à la première attache des lèvres, un trésor imaginaire qu’aucune des collections accumulées dans l’inquiétant palais ne remplacera, le vorace Kane aura beau devenir riche et puissant son inconscient regrettera toujours une première perte, irréparablement liée à l’amour oral…

Les films que nous aimons, et qui de même hantent Rifkin, cultivent ainsi ou travaillent des fantasmes (comment réussir un ménage à trois, se demande Rifkin à travers l’étincelante citation de Jules et Jim), mais aussi de vieilles peurs ou d’inquiétantes rencontres (comme celle d’une mort finalement plus arrangeante que celle du Septième sceau) par eux apprivoisées. C’est ainsi que la citation faite de L’Ange exterminateur de Bunuel, où des convives au sortir d’un banquet ne peuvent plus quitter la pièce, ou franchir la porte dans l’autre sens, est en prise directe sur une petite phobie vécue et avouée par Woody dans son livre Soit dit en passant : l’impossibilité qu’il ressent parfois d’entrer dans une pièce, sa peur du seuil.

Plus généralement, la question essentielle posée par ce film me semble de savoir comment vieillir, c’est-à-dire consentir à ce que ce monde ne soit plus exactement le nôtre et qu’il passe en des mains, en des entreprises étrangères. « En étrange pays dans mon pays lui-même », écrit Aragon en pleine résistance (1943). La question pour Mort Rifkin est moins de résister, même s’il proteste vigoureusement contre l’imposture incarnée par le jeune réalisateur Philippe (Louis Garrel) qui multiplie les conférences de presse et lui pique sa femme (pétulante Sue, jouée par Gina Gershon), que de savoir s’éclipser dans ses rêves (qui se confondent avec sa culture cinéphilique), et d’élégamment prendre congé.

« The clock is ticking » : avec une indignation mêlée de désarroi, Mort Rifkin sent un sol familier se dérober sous lui. Vient pour lui (pour chacun de nous)  un moment où l’évidence frappe que nous ne sommes plus de ce monde, qu’on nous y tolère certes encore un peu mais que le jeu se joue ailleurs, avec d’autres cartes  ; ce que Rifkin (délicieux Wallace Shawn) excelle à composer,  avec sa bonne bouille d’Américain moyen, introverti et monologuant en chemin, petit de taille, assez laid mais encore engageant, dynamique et pourquoi pas prêt à draguer cette belle jeune femme médecin qu’il consulte abusivement : le portrait d’un septuagénaire sympathique, entreprenant,  supérieur à certains égards à ses interlocuteurs mais définitivement has been.

Le diagnostic médical posé par la belle en réponse à son hypocondrie gastrique est que Mort souffre de « reflux ». Concernant son moral, elle ne saurait mieux dire, l’ancien prof vit et se démène comme il peut à contre-courant. Quelles chances a-t-il auprès de la séduisante Jo Rojas (Elena Anaya) ? Très faibles assurément mais il ne veut pas le savoir, aveugle entre eux à l’écart abyssal – car Jo de son côté, malheureuse en ménage, l’écoute et se confie, touchée par ce bonhomme capable de parler de ses sentiments, et de lui faire en retour un peu déballer les siens lors d’un pique-nique improvisé. Rien ne peut arriver entre ces deux-là, le baiser est impensable avec cette calvitie, cet embonpoint et ce nez en pied de marmite mais leur dialogue vaille que vaille prend corps, il  fuse entre eux et fait de leur déjeuner sur l’herbe un moment radieux ! Cet enseignant de cinéma par ailleurs engagé dans une psychanalyse est un spécialiste des scénarios, des intrigues, de la confusion des sentiments qui nouent et dénouent les drames à l’écran comme dans la vraie vie ; et il cultive cette école sentimentale de nos chères vieilles toiles, que ne remplaceront jamais les block busters ni les effets spéciaux de l’industrie hollywoodienne.

C’est donc une douce-amère mise en abyme que nous propose ce dernier film, d’un Woody Allen lui-même dépassé par ce nouveau monde où il vit en exil, marginalisé, poussé vers la sortie par une critique étourdie ou chichiteuse. Pour ne rien dire d’une affaire de mœurs qu’on lui a mise sur les épaules afin de mieux ignorer ses films, ou s’en débarrasser.

J’ai tenté, écrivant Génération Woody, de défendre ce grand artiste sur tous les plans, esthétiques, éthiques, juridiques ; mais, en insistant sur ce terme de génération, mon titre suggère aussi que tout cela appartient peut-être au passé et qu’il nous faut, en récapitulant cette si puissante et attachante culture, apprendre à lui dire adieu.

34 réponses à “Rifkin’s exit”

  1. Avatar de Vmaunoury
    Vmaunoury

    Être vieux, c’est ne plus être le contemporain de son époque.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Certainement, mais ce sentiment d’être « contemporain » est tellement variable, sujet à tant de questions… « Rifkin’s Festival » est un bon film sur cette dé-coïncidence, comme dirait François Jullien, et il devrait toucher tous ceux qui ont du mal avec leur époque, qui se sentent en exil, ou poussés vers la sortie. Ce qui fait beaucoup de monde ! Je m’explique mal le dédain opposé à ce film, la négligence de la critique ou son parti-pris…

  2. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonsoir!

    Loin de la Drôme provençale, dans notre ruralité ou ce qu’il en reste, pas possible d’aller voir ce dernier film de WA.

    Il n’est pas programmé et, semble-t-il, ne le sera pas de sitôt.

    En mai deux mille seize, pourtant, à l’alentour, un petit cinéma de quartier avait proposé un direct de Cannes et dans la foulée « Café society » suivi, le lendemain du film de Martin Esposito « Le potager de mon grand-père »

    Dans « La ronde ailée du temps » dont l’anagramme est « La madeleine de Proust », beaucoup de choses à jeter, certes.

    Cependant, avec la perle conservée, réaliser dans la durée quelque chose qui tient la route et a le goût de l’avenir.

    Autant dire se faire du cinéma!

    A quand les images et le son?

    Ce n’est pas un adieu mais « un au revoir ».

    Bien à vous

    Kalmia

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci chère Kalmia pour votre ronde toujours attentive autour de mes billets ! Mais nous partons ce matin Odile et moi pour le Val d’Aoste, quérir un peu de fraîcheur (?), je préviens donc mes lecteurs qu’il y aura peut-être des retards dans la tenue de ce blog, pour les dix prochains jours…

  3. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire
    Pas d’accord avec la fin ! Ou alors je l’ai mal comprise… Il nous faudrait donc « apprendre à dire adieu au passé » ? Goodbye farewell… Ne regarder que l’avenir ? Dans cette ligne de pensée, autant aller voir de suite un bon blockbuster et oublier Woody… et Buster Keaton. Oui, autant mourir tout de suite… Comment pourrions-nous nous passer du passé, oublier le passé pour vivre ? Veux-tu brûler Platon et Spinoza ? Mettre au rancart tous les vers de Racine ? Oublier Césarée ? Allons cette morosité passagère ne t’appartient pas, toi qui évoques si admirablement Aragon dans La Pléiade ? Toi le philosophe qui connait Parménide… « J’ai vécu le jour des merveilles/ Vous et moi souvenez-vous en/ Et j’ai franchi le mur des ans / Des miracles plein les oreilles/ Notre univers n’est plus pareil/ J’ai vécu le jour des merveilles… ». Le vieil Aragon n’a jamais été aussi jeune. Je plaide pour une inversion du temps. Une torsion du temps retourné vers l’infini…Un nachtraglich heureux… La vieillesse malgré ses écueils et ses outrages nous fait parfois retrouver toute la fougue de la jeunesse… Nous pouvons encore aimer, lire, échanger et penser… donner au passé toute sa valeur et tout son poids… Le retrouver ou le redécouvrir… Merveille du nachtraglich, de l’après coup et du regard rétrospectif qui donne soudain toute sa valeur au passé et qui le fait revivre….autrement.
    Aucun problème avec les générations… Nous sommes des vieillards sublimes et des clochards célestes… « Nous avons faits des clairs de lune/ Pour nos palais et nos statues/ Qu’importe à présent qu’on nous tue/ Les nuits tomberont une à une »… « Et que mon amour est touchante/ près de moi l’ombre penchante… »…
    Allons Woody, allons Daniel, la morosité n’est pas d’actualité. Rappelons-nous Aragon… « Je chante pour passer le temps/ Et pour passer le temps je chante… »

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Pardonnez-moi; Jacques et Jean-François (qui semblez d’accord) de vous faire ainsi attendre ma réponse, je déambule depuis une semaine avec Odile dans le Val d’Aoste où la wifi n’étend pas tous les jours sa bénédiction pour déscendre jusqu’à ces vallées reculées, mais d’une telle beauté ! Et après la randonnée (physique, de quatre ou cinq heures), l’écran d’ordinateur ni le blog du Randonneur ne sont une priorité… J’entends bien, cher JF, ta véhémente protestation (dénégation ?), soit, certes, bien sûr, vieillir n’est pas forcément un naufrage, et j’entends mieux encore les vers d’Aragon que nous connaissons toi et moi par coeur, ce qui n’empêche pas ici de les recopier. Mais les arguments que tu m’oppose, JF, relèvent du « wishful thinking » : car le mot de génération à l’évidence recouvre un problème que quotidiennement nous affrontons ! Car on nous montre de tous les côtés la sortie…
      J’aurais été moins sensible au dernier film de Woody (qu’une critique décidément indécente a éreinté) si je ne vivais au quotidien cette mise au rancart : il y a quelques années encore on m’invitait à des conférences, des colloques, les étudiants citaient mes livres, je n’avais pas travaillé pour rien, la transmission fonctionnait un peu – or le vent a tourné, et je me retrouve au placard ! Mille signes de cette indifférence, la moue des éditeurs auxquels je propose un livre, l’absence de reprise de quelques-uns de mes travaux auxquels j’avais la faiblesse de tenir, pfuitt, dégage pépé, le monde a changé ! Et c’est vrai, nous ne pouvons lutter contre le passage des générations. La dernière phrase de mon billet ne condamnait aucunement l’ancien monde, celui que nous chérissons, dont nous faisons partie, c’est une phrase a entendre au pluriel : nous, collectivement, devons apprendre à dire adieu au lieu de nous cramponner, apprendre à accepter le passage, le changement ou comme dit quelque part Aragon qui a vécu et écrit là-dessus mieux que personne, il nous faut apprendre à aimer la merveilleuse injustice d’autrui, c’est-à-dire des jeunes gens… Attendons les réactions à mon petit livre « Génération Woody », je crains qu’il n’y en ait pas, ou si peu, que ce cinéma, cet extraordinaire outil de culture déposé dans cette oeuvre simplement n’intéresse plus, et passe à la trappe. Car les oeuvres sont fragiles, et si on ne le défend pas, si on ne les reprend pas comme j’essaye de le faire, tout simplement meurent. Ton commentaire cher JF est plein de pétulance, mais aussi d’un grand idéalisme, ce n’est pas ainsi hélas que vont le monde ou la vie…

  4. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire 2 Tout cela est d’ailleurs très bien explicité dans cette belle communication de Cerisy la Salle 2018 « DANS LES RUINES DU TEMPS DÉMANTELÉ » (ARAGON). A consulter sur UTube…

  5. Avatar de Gérard
    Gérard

    Bonsoir!

    Quitter sa rivière pour rejoindre sa vallée, est-ce bien raisonnable?

    Oui, sans nulle conteste si « la vraie vie est ailleurs » dont les lettres permutées nous disent que « la rivière suit sa vallée ».

    De Le Lez, votre rivière de la Drôme provençale à la vallée d’Aoste, il n’y a qu’un pas et vous allez le franchir ce pas, Daniel, vous qui pouvez faire le grand voyageur.

    Je vous invite à faire un petit écart en allant de ce pas « de côté » tirer la chevillette de ce paysan octogénaire du beau village de Chamois, connu là-bas comme un survivant « hors du monde ». A l’Office du tourisme on vous indiquera le chemin.

    N’allez pas à sa rencontre pour lui parler « dé-coïncidence », cher ami, ni du dogme de la circuminecession du théologien du coin, qui fut adopté par le concile de Florence!

    Essayez de comprendre son « hors-monde » et interrogez-vous pour quelles bonnes raisons, vous ne voulez pas vivre cette vie-là.

    Ensuite dans votre chambre d’hôtel, vous pourrez à loisir méditer avec Odile sur « la vraie vie » sans ouvrir le livre de François. Et peut-être, aimerez-vous, enfin, nous écrire un nouveau billet sur votre quête de fraîcheur ou votre manière à vous d’habiter la nature.

    Bonne nuit et bon voyage

    Gérard

  6. Avatar de Jacques
    Jacques

    Cher J-FR, cher Gérard, de grâce n’en demandons par trop à notre vénéré chef, Sa Majesté Daniel qui, à force d’être bousculé, risquerait bien de nous virer de son blogue, palsambleu!

    L’un l’envoie paître chez ce brave Emilio
    Le dernier habitant d’un hameau préservé du Val d’Aoste (You Tube)

    Et l’autre le tance d’un bout à l’autre pour vouloir jeter dans les eaux du Léthé quelque chose d’autrefois qui recèle des valeurs.

    Son mot venu d’outre-Rhin nous fait penser à Edgar Morin parlant d’un processus récursif : « tout processus dont les états ou effets finaux produisent les états initiaux ou les causes initiales »

    Il y a quatre ans à Cerisy-la-Salle, notre randonneur s’interrogeait :

    « Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard »: que veut dire « apprendre à vivre », est-ce bien concevable ? Nous, qui faisons profession d’enseigner, qu’aurons-nous vraiment transmis aux jeunes gens qui nous ont écoutés pendant quarante ans disserter des œuvres ? Mais encore, question médiologique, comment un auteur se survit-il ? Pourquoi (par exemple) l’éclipse presque totale de noms qui furent grands de leur vivant (Anatole France, Romain Rolland) et l’essor posthume de quelques autres? Dans le cas d’Aragon, plus lu aujourd’hui qu’Eluard, à quoi tient sa (relative) survie, aux romans, aux dizaines de poèmes mis en chanson ? De quelle alchimie se compose ce qu’on appelle une postérité, cette floraison des cimetières ? (Extrait du résumé de la communication)

    Imaginons un candide à la fenêtre du colloque, posant la question au spécialiste de la communication:

    « Oui d’accord, mais existe-t-il des communications inconnaissables, des communications autres que vivantes, y compris même sur notre planète? »

    Il y a longtemps que M.Bougnoux se baignent dans ce fleuve que notre cher Edgar Morin nomme Amour.

    Je l’imagine dans le val d’Aoste en train de permuter les lettres quand « la vague sans fin modifiée emmène nos jeux de sable »

    Que pourrait-il écrire sur le sable de la plage de Vernazza, crier pour qu’elle revienne…son enfance?

    Bien sûr, va se dessiner comme par enchantement le fragment du présocratique et de se poser, peut-être, la question de savoir comment enrichir l’image de l’être parménien dans les actes des colloques.

    En tout cas, il est convenu un peu partout de lancer à la cantonade que « la vieillesse est un naufrage »_

    « vigne austère sans la feuille » renchérit l’anagramme.

    Terrible question : Comment revigorer tout ça?

    Tout à fait au diapason avec Monsieur J-F R.

    Notre voyageur cosmopoétique trouvera-t-il dans la maison du brave homme de là-bas, sur la cheminée, la photographie de la Mètis orphique, comme Marcel Brion, égaré dans une forêt du Lubéron a découvert chez son hôte paysan, le dieu Pan dans un article de presse religieusement conservé?

    Une rencontre d’un autre type n’est pas simple. Elle existera, peut-être, dans l’écart, le retrait, la dé-coïncidence, loin de la fable du rat retiré du monde et du tumulte de ce monde devenu stone.

    Il suffira d’un signe…

    Jacques

  7. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonjour!

    Vœu pieux, vous avez dit vœu pieux?

    En bon français, Monsieur J-F R vous répondra, j’espère, sur son « idéalisme » avec force citations, peut-être, de l’évêque anglican irlandais, qui sait!

    Bien sûr qu’on vous comprend, cher Daniel! Écrire un billet dans votre blogue, répondre à deux ou trois pèlerins qui font des commentaires, n’est pas votre activité première et on imagine facilement que vous avez autre chose à faire.

    Ce que vous nous dites là : « Circule pépère et range-toi de là que je m’y mette! », ce n’est, hélas, pas nouveau!

    Aujourd’hui, avec leurs machines dans les oreilles, nos petits singes manipulateurs (dixit K.White) ou nos petites larves molles (dixit M. Serres) ne vont pas s’amuser à lire « Génération Woody », et petit Poucet et petite Poucette nonobstant leur totale indifférence, restent quand même quelque part des enfants perdus dans la forêt des choses commerciales, sans cailloux blancs pour retrouver leur chemin.

    Vouloir toujours faire comme les autres et ne pas ressentir ce désir de sortir du lot pour exister, être soi, c’est malheureux mais que voulez-vous y faire?

    On a tous une part de responsabilité, à commencer par les parents et les enseignants, quand même! Et les autres aussi, censés ne pas se mêler de ce qui ne les regarde pas!

    J’ouvre le journal, ce matin, et je découvre des gens qui essayent de faire des choses…Coup d’épée dans l’eau?

    Peut-être…Par-delà nature et culture où placer le rêve de l’ethnologue? Dans quel coin de mappemonde peut-il se réaliser? L’article du jour ne va pas jusque-là et la réponse reste à voir…

    L’anagramme de « Monsieur tout-le-monde » nous invite au réveil, autrement dit au rêve bachelardien et au conte de fées.

    Alors imaginons notre vacancier du val d’Aoste, prince du blogue, demandant au brave paysan du coin le chemin qui va au château où la belle est endormie!

    Qui nous dira la suite enchantée sans tomber dans l’illusion lyrique?

    Cette expression « illusion lyrique » est de L.Aragon lui-même, n’est-ce pas?

    (Fonds A-Frénaud de la bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, cote FND Ms 76,fb 105-106)

    Régis Debray, un jour, dans une vieille ferme, me disait qu’il n’était pas lyrique; ce qui ne l’a pas empêché de faire chanter les fontaines dans une réponse à Jean Clair.

    Entre nous, nous savons que la suite dans les idées du rêve, n’est pas une illusion qui passe, une histoire de rien du tout, c’est quand même quelque chose…

    Au bon heur de vous relire qui veut dire aussi relier dans un monde plus scintillant encore.

    Jacques

  8. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Cher Daniel,
    Je suis touché par ton commentaire si précis de ton ressenti. Il est vrai que l’on prend chaque jour de l’âge et qu’il nous faut accepter certaines défaillances. Je récupère pas à pas d’une grosse opération. Cependant prendre de l’âge n’est pas forcement vieillir car comme tu le décris tu peux te balader, à deux, dans des paysages magnifiques, faire du vélo… Tout cela manifeste d’un bel appétit de vivre, le contraire de vieillir : la perte du goût de vivre, de réaliser des projets, de se projeter dans le futur.
    Accepter des limites physiques ou intellectuelles et s’adapter pour bien vivre relève de l’âge psychique et biologique. Il est un autre âge « l’ âge social » qui consiste à être de « son temps », c’est à dire du temps présent.

    Si l’on prend de l’âge chaque jour, c’est quasiment infime par rapport à la vitesse d’évolution de la société. Mes petits enfants qui vont de 5 ans à 22 ans ne sont pas du tout de la même génération entre eux ! Accepter notre âge social c’est chercher à comprendre avec humilité et audace que le présent que nous vivons n’a plus rien a voir avec ce qui a été. Chacun possède un âge social à géométrie très variable et nous appartenons chacun à multiples générations. Certains de 60 ans et moins ne savent pas encore user de l’ordinateur, au niveau que je pratiquais dans les années 85 ! Par contre je suis bien moins habile avec un mobile, l’équivalent d’un ordinateur ! En ce qui concerne les réseaux sociaux j’ai du suivre un MOOC pour comprendre de quoi il s’agissait et reste réfractaire à leur usage. Cependant j’adore les blog et l’auto édition numérique.

    Ce qui me paraît fascinant, c’est d’observer l’avenir qui défile à toute vitesse devant mes yeux, en point fixe, d’appréhender toutes les menaces et aussi de deviner toutes les opportunités qui surgissent, ou à minima en forces potentielles. Notre passé est accompli et ne peut plus guère servir devant cette avalanche de transformations. Suivant le dernier article de Yves Citton nous devons nous méfier de l’exo attention, la délocalisation potentielle de notre attention dans les intelligences machiniques. Dans un article du journal Le Monde, Laurie Laufer montre comment les psychanalystes, font du surplace alors que la psyché de la « génération Z » n’a plus le même rapport que nous à la libido, à la sexualité. Quand au réchauffement climatique, dans le même journal, la dynamique de transformation des climats (réchauffements et grandes variabilités) se réalise à l’échelle de siècles et non de la décade, nous aurons donc à nous adapter localement comme mondialement à des évolutions de type exponentielles qui sortent de nos imaginaires comme de nos infrastructures….

    L’essentiel me semble de toujours poursuivre cette quête impossible : apprendre à penser par soi-même. Vieillir serait pour moi de renoncer à cela et de ne plus oser regarder l’avenir en face.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Belle mise à plat cher Jean-Claude, je te répondrai plus tranquillement demain, mais merci dès ce soir pour cet effort de clarification bienvenu. Et bonne récupération si te voici convalescent. Plus de sorties à vélo pour toi ce mois d’août, sur les pistes de Coursegoules ?

  9. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire
    Réponse :
    Ahah, cher Daniel, nous voilà avec une querelle de mots. Magnifique… Les mots sont les représentants de l’âme. Ils nous disent et nous trahissent… Je suis accusé d’idéalisme, de wishful thinking et même de pétulance. Pétulance ? Vous avez dit pétulance ? « Ça, Monsieur, lorsque nous pétulez (pétunez) / La vapeur du tabac ne vous sort-elle du nez/ sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? ». Rassurons-nous… « Pétulance », n’est pas péjoratif. « Ardeur, fougue, flamme, frénésie, vitalité » en sont les synonymes. « Apathie, froideur, langueur, réserve, mollesse », en sont les antonymes. Acceptons donc pétulance…
    Passons aux autres vocables et revenons à l’argument de fond. Génération Woody. Querelle des générations. Effacement de la nôtre. Il nous faudrait donc « apprendre à dire adieu au passé et à cette si puissante et attachante culture » ? écris-tu à la dernière ligne. Sans doute… mais, après tout, rien de nouveau sous le soleil… Le conflit des générations est le moteur de l’Histoire. Depuis les années 68, que de livres ont traités la question… Cette dernière phrase de ton blog est pleine de mélancolie et annonce ton (notre) propre effacement. Mais c’est la loi du genre… Et c’est là, bien sûr, que je réagis. Avec passion, ardeur et flamme, idéalisme et wishful thinking. Ce mot anglais souligne le vœux pieu, l’irréalisme, l’illusion, le raisonnement fallacieux… Parlons donc d’illusion… Sur les murs de la Sorbonne, on pouvait lire en mai 68 : « Je prends mes désirs pour la réalité, car je crois en la réalité de mes désirs ». J‘aime la formule qui souligne la toute-puissance du désir, la permanence de la vie. Wishful thinking, c’est-à-dire vœu pieux, illusion au sens classique de la « volonté de tromper » ? Je crois au contraire, avec Winnicott, en la valeur décisive de l’illusion, sans laquelle « aucun attachement, aucune relation à un objet ne saurait prendre sens » commente l’anglais. L’objet est là, il est conçu d’abord subjectivement, avant d’être objectivement perçu, parce qu’il est donné dès la naissance par la mère, par un environnement suffisamment bon qui crée et maintient cette première illusion. « L’objet est investi avant d’être perçu » disent les psychanalystes. C’est moi qui crée et qui joue avec le monde, dit le bébé. J’aurai bien tout le temps de renoncer progressivement à cette illusion première nécessaire à la vie et à la créativité, pour m’adapter. C’est la permanence de cette illusion et d’un objet interne vivant et rassurant qui nous permet de vivre, de résister à la perte, à celle de nos illusions, c’est-à-dire à la mort. « Qu’importe à présent qu’on nous tue », écrit Aragon. Je peux maintenant mourir, rien ne peut désormais m’arracher à cette magnifique illusion qu’est la vie.
    Revenons au poème « Je chante pour passer le temps », chanté par Léo Ferré et non par Jean Ferrat, trop fidèle au PCF. Peut-on le réduire purement et simplement à une poésie de la contrebande, comme le voudraient certains ? A une longue confession pleine d’ironie (« nos palais et nos statues », l’illumination de tous les lieux du pouvoir ?), et n’y entendre que la volonté du poète de régler ses comptes avec le PC ? (Voir Paul Tusk et Daniel Bougnoux, La tragédie politique in Aragon, la parole ou l’énigme. Colloque de 2004). La poésie pour moi dépasse ici le message politique. « J’ai vécu le jour des merveilles/ vous et moi souvenez-vous en… ». Je lis dans ces vers, l’émerveillement d’avoir vécu (survécu). Aragon aurait pu mourir cent fois à Couvrelles ou dans la Drôme pendant l’Occupation. J’entends l’hymne à la vie du poème, « les miracles pleins les oreilles », le chant d’amour et non les messages falsifiés. Plus que la contrebande, j’entends la célébration de la vie, de l’amour, le fou d’Elsa.
    Oui, il faut bien dire un jour adieu au monde… « Qu’importe à présent qu’on nous tue… ». Le poète sait aussi dire merci. Voici encore d’autres vers. « N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci / Je dirai malgré tout que cette vie fut belle… ».
    J’aime plus que tout, ces vers d’Aragon du Fou d’Elsa chantés par Jean Ferrat. « Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange/ Un jour de palme un jour de feuillage au front/ Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront/ Un jour comme un oiseau sur sa plus haute branche… ». On ne peut vivre sans espoir, on ne peut vivre sans illusions, sans cette illusion créatrice sans laquelle la vie ne saurait être vécue…. « Je chante pour passer le temps et pour passer le temps je chante »… Je lis ce poème comme une célébration, plutôt que comme une vallée de larmes (de crocodiles, à verser sur le compte du PCF).
    A quoi bon se plaindre et sombrer dans la morosité. Félicitons-nous d’être encore vivants. En attendant Couvrelles… Restons vivants et créatifs… Nous n’avons pas besoin de médaille ni même de la reconnaissance des générations qui nous suivent et qui sauront, à leur tour, faire leur tri. « Un jour viendra couleur d’orange…. J‘ai vécu le jour des merveilles/ Vous et moi souvenez-vous en… Et que mon amour est touchante/ Près de moi dans l’ombre penchante/ Oui pour passer le temps je chante… ».

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Trop à répondre cher JF à cette missive enflammée, il est tard et je vais me coucher (sous l’orage qui assiège ce soir le Mont Rose), je remets à demain une mise au point nécessaire, et qui nous mettra d’accord je crois…

    2. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je trouve enfin, rentré d’Italie, un peu de répit pour répondre à JFR, et du même coup à Jean-Claude, à Jacques ou m…
      J’en suis d’accord cher JF, vivre c’est se raconter des histoires, c’est faire des projets, rêver à un avenir meilleur ou plus accompli, c’est désirer, etc., oui bien sûr et tout ceci nous concerne encore, il n’y a pas d’âge où le renoncement s’imposerait ! Aragon résume cela d’un mot, le chant, et il n’y a pas d’âge pour proscrire le chant, ou l’enchantement… OK, complètement d’accord, n’enfonçons donc pas sur ce blog des portes largement ouvertes. Mais nous vivons dans une société orientée vers la jeunesse, ou plus exactement – car les jeunes gens ne sont pas nécessairement bien traités chez nous, et ils sont les premières victimes d’un réchauffement climatique que nos générations, et beaucoup d’incurie envers l’avenir commun, ont engendré – orientée vers le nouveau, vers un incessant renouvellement ou turn over des modes, des usages. D’autres sociétés, historiquement, respectaient les vieillards, les traitaient en source de sagesse, de mémoire ; notre monde préfère jeter cette mémoire par-dessus bord, la traiter en fardeau, en déchet, on joue partout le neuf contre l’ancien, on fête le bel aujourd’hui au détriment d’hier, on jette ! Et c’est cela que montre principalement ce film : à l’occasion d’un festival, Rifkin découvre à quel point son monde propre n’est plus le monde commun, à quel point son expérience, sa culture, ses émotions sont devenues peu partageables, obsolètes, privées et non plus « common knowledge »… Cette expérience spécifique du rétrécissement, je pense que nous sommes nombreux à la ressentir, à en faire chaque jour l’essai, et c’est par là que ce film, qu’on peu trouver par ailleurs banal ou peu inventif, me touche, il soulève une question essentielle : que devient la cinéphilie (dans un autre contexte, Finkielkraut dans son dernier livre s’interroge de même sur le devenir de la grande littérature) ? Il ne s’agit donc pas de rabattre cette inquiétude sur un constat banal – tout change, la roue des générations – mais de s’interroger plus spécifiquement sur les conditions de la transmission dans un monde orienté, aiguillonné par l’excitation du « nouveau ». C’est-à-dire de la surprise, du coup (de coeur, de bluff, du scandale médiatique, etc.), un tropisme ou une escalade qui n’ont pas donné de trop bons résultats si nous considérons par exemple l’état de l’art contemporain, où l’essentiel en effet semble de « monter des coups ». Orson Welles ou Bergman, mais aussi bien Proust, Flaubert, Aragon n’avaient pas cela en tête en travaillant à leurs chefs d’oeuvre. Woody Allen non plus, et il déteste pour cela son époque ; mais celle-ci, en retour, est en train de le lui faire payer cher…

  10. Avatar de Roxane
    Roxane

    Mon commentaireBonjour!

    Messieurs, avez-vous pensé aux pauvres gens de ce pays nommé France qui sont des millions à se demander comment ils vont finir le mois avec leurs maigres revenus qui ne dépassent pas le seuil de pauvreté?

    Chez vous, gens qui avez des sous pour faire les grands voyageurs, aller au cinéma et vous payer des livres, vous ne comptez pas, vous n’avez pas ce souci matériel. Alors, en proie à des angoisses métaphysiques, vous pouvez pérorer à l’envi sous le ciel étoilé de vos villégiatures, sans risquer le moindre ducaton. Mais en quoi, ça concerne le petit peuple qui, à longueur de journée, voit défiler sur les écrans tous ces types cravatés ou non qui parlent bien, qui savent tout et qui, réellement, ne font pas grand-chose?

    Vous dénigrez le système mais vous avez contribué à le créer…

    Je veux bien croire à votre résistance de papy comblé mais faut-il encore le prouver.

    Enfin bon, on ne sait jamais!

    Belle mi-août.

    Roxane

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Les papys comblés que nous sommes… Oui Rocane, je vous entends, en enfonçant cette porte (mal fermée) vous aurez toujours raison, il y a des pauvres, que faisons-nous pour eux ? Que fait ce blog pour améliorer concrètement la condition du pauvre monde ? Hélas… Mais avec cet argument ou ce reproche radical (populiste ?), vous découragez toute investigation intellectuelle, tout le travail (?) de la culture, la littérature et les films ne pèsent plus grand chose (« face à un enfant qui meurt » disait l’autre), il n’y a plus rien à dire. Certains soirs de découragement, je ne serais pas loin de vous donner raison – mais cette raison trop radicale désespère, et j’éviterai donc de la mettre en avant.

  11. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Effectivement plus d activités en nature depuis début juillet et cela peut encore duré ! Mais d autres activités de bricolage légers, de lecture, de peinture et d écriture comblent ce vide. Il faut dire que cela était prévisible et que les cinq premier mois de l année ont été saturés d activités en tout genres !
    Bien à toi
    Jean Claude

  12. Avatar de M
    M

    Bonsoir Monsieur Bougnoux

    Bonsoir Monsieur J-F R

    Vous avez raison, autant faire comme l’oiseau sur les erres de Zarathoustra:

    « Chante! Ne parle plus! »

    Permettez-moi de reproduire ce petit refrain qui parle de « NOUS » :

    « Nous, c’est un cri arraché au ciel
    Un rayon qui manque au soleil
    Quatre lettres me rendent fou
    Et dans ton couplet tu t’en fous
    Je suis seul à nos rendez-vous
    Mais parfois dans nos rêves flous
    Une voix de je ne sais où
    Me parle d’espoir et de nous
    Nous c’est une illusion qui meurt
    D’un éclat de rire en plein cœur
    C’est la fin du premier amour
    Ma vie qui appelle au secours. »

    *
    Nous la cellule amoureuse /C’est dix-huit pages dans une revue / Qui veut transmettre pour innover/C’est le chant plus fort que le chantage/ C’est ce lutin qui rentre chez « moi » / Et sur nos tables, il est médium » / C’est la marque du dessus-dessous qui pose finalement une sacrée question / C’est le numéro des français libres du tuteur du chanteur / C’est la question du pourquoi chanter l’amour? C’est Médium 20/ 21 NOUS.

    Chère Roxane, sachez que je ne prends pas de gants, ni rubans ni bouffettes ni ganses pour écrire ce « NOUS ».

    Et ne suis pas sûr qu’à la fin de l’envoi, je touche!

    Merci à tous les deux pour vos talents respectifs qui font réagir vos lecteurs.

    M

  13. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonsoir!

    Avant les douze coups de minuit, quel plaisir, non point de croiser le fer avec je ne sais quel interlocuteur ni vu ni connu, mais de « travailler » une petite réflexion inspirée par les écrits de l’un et de l’autre.

    Pétulance. Un joli mot en effet. Peut-être pourrait-on aller plus loin sur sa signification par Littré interposé :

    « La pétulance est une vivacité impétueuse ; la turbulence, une vivacité désordonnée, et à l’idée de désordre se joint celle de quelque chose de bruyant. »

    Et de citer Pierre Charron : » »Les indiscretions et petulances des fols ne heurtent point les grandes et hautes ames ». »Sagesse, I, 30 XVIe siècle)

    Parlons de Charron.

    Il a quelques heures, je recevais d’un correspondant en Mythistan, Monsieur Christian…son article qui fait l’éloge de l’allégeance rebelle. Voici sans digression aucune quelques extraits :

    « Un génial sale gosse.

    Le Fripon Divin incarne l’explosion permanente de la réalité, les feux d’artifice de la créativité humaine, rusée autant que chaotique. C’est un principe puissant, celui de l’imaginaire de la dispersion, de la contestation, de la diffusion, de l’explosion et sans doute … du grabuge. Il incarne une force centrifuge d’expansions réjouissantes, de vertiges inquiétants. Ça grince et ça brûle de temps en temps mais ça fait avancer le monde. Le Fripon divin est un génial sale gosse.

    Un terrifiant vieillard.

    Face à lui, Charron pousse la barque de l’existence dans les fosses lugubres de la mort. Force centripète ultime, il incarne le rétrécissement, la contraction, l’abandon. Ça grince et ça brûle tout le temps. Un terrifiant vieillard. On sait bien qu’il attend le Fripon au tournant mais ça va prendre du temps. Le Fripon ne se laisse pas faire. C’est un rusé.

    Voici deux acteurs de la mythologie d’une formidable modernité. Il y a là le terreau d’une controverse féconde, jamais interrompu depuis le commencement des temps. Des forces contraires, anciennes et puissantes ont de tout temps scénarisé le cours de l’espèce humaine. Elles sont la matière première et le feu central des religions, des fictions, des idéologies

    État des lieux de deux récits mythologiques

    qui n’ont rien perdu de leur charme vénéneux.

    Pente descendante, tropisme nocturne, Charron sur sa barque est le grand maître de la délectation morose. (Fin de citation)

    Monsieur Bougnoux, j’aime bien votre réponse à Roxane.

    Je la ressens sincère et juste. L’homme à la loupe de « La poétique de l’espace » de Gaston Bachelard, pages 145 et 146, ce n’est pas le minus habens de la simple loupe. « Le populisme », comme vous dites, dont l’anagramme est « simple loupe »ne fait pas dans les détails et sur la place populacière on l’entend. L’autre, non.

    Alors, de grâce, donnez-nous un « polisseur de lentilles » pour nous permettre d’y voir plus clair! « Et les perles d’illusion » son anagramme, de tomber dans l’abîme…

    Le « Benedictus de Spinoza » dont l’anagramme « dit peu, donc bien assez » ne fait pas tout.

    Monsieur J-F R en citant judicieusement D.W. Winnicott, me rappelle quelque part une phrase du Talmud de Babylone, mentionnée en exergue d’un chapitre sur « L’homme-jeu » du Professeur Henri Atlan dans une Intercritique de la science et du mythe. Pas question ici, avec moult citations de pérorer à n’en plus finir sur les jeux de langage, comme alternative au dévoilement de la réalité ultime. Nos deux pertinents intellectuels savent déjà tout cela par cœur et bien mieux que votre serviteur, sont capables de nous en parler avec aisance et profit.

    En revanche, ils ne savent pas ce qu’ils se disent quand ils se rencontrent, le savant biologiste et l’homme de peu, menuisier ou simple paysan…Qui dit lien dit lieu.

    Vers quels panneaux indicateurs s’orienter, braves gens honnêtes, pour accéder un jour de chance, à cette mystérieuse vicomté, si tant est qu’elle existât vraiment? Petit doigt de fée ou de médiologue, sauras-tu nous en dire quelque chose…

    Bonne nuit à tous

    Jacques

  14. Avatar de m
    m

    Bonjour!

    Eh bien quel succès pour le randonneur!

    Une vingtaine de commentaires pour se tenir en forme, c’est une prouesse, palsambleu!

    De la fâcheuse de Cyrano au sonneur de cloches, ça défile, et les mots tel un torrent dévalent dans les commentaires du billet de sortie du film de W.Allen.

    Que restera-t-il de cette avalanche?

    Ils doivent bien rigoler quand même nos aventuriers de la vallée du Var et du Mont rose, en lisant tout ça!

    Puisque l’on parle de « nous », autant faire son journal au ras des pâquerettes, dans la vie ordinaire réelle, en direct, pour de vrai, n’est-ce pas?

    Ce jour, on lit Proust à mes côtés avant d’aller au ciné et un message m’arrive de Jean-Yves Tadié qui me parle de Lacan et me souhaite d’heureuses lectures. Vous voyez, rien de nouveau sous le soleil!

    Et les pauvres qui sont légion en ce pays, qu’en faites-vous, mes bons amis?

    Il faudrait qu’ils « changent de nature », certes! Et les riches et les puissants « d’habiter la nature ».

    Sacré programme qui ne s’inscrit pas au fronton de vos colloques.

    « Je » dé-coïncide, est-ce bien raisonnable?

    Puisse Monsieur Serres nous entendre dans les jardins du ciel!

    Hominescemment

    m

  15. Avatar de m
    m

    Quel tsunami!

    Je n’y peux rien, c’est comme ça!

    Ils (la lectrice de « A la recherche du temps perdu » et son ami) sont arrivés à la maison.

    Ils ont vu un film qui leur a beaucoup plu « Les vieux fourneaux »

    A quand, les amis, « Le nouvel athanor »?

    « La terre est une charogne cosmique », nous dit l’anagrammeur qui cite Emil Cioran.

    Et dans ses lettres permutées, on voit « Cet os sacré que ronge l’être humain »

    Ézéchiel, est-tu là? Quel bon rabbin peut ici nous répondre?

    A l’instant, je reçois un message de quelqu’un, Monsieur X… qui apprécie la grande mutation vue par des conférenciers habiles, faiseurs de livres qui ne veulent plus voir de vaches paître dans les prés et qui enfourchent leur motocyclette pour aller à dix lieues de leur domicile, acheter de la viande cellulaire produite en laboratoire.

    L’un d’eux, préfacé par Jacques Attali et apprécié de François de Closets, m’a fait parvenir un webinaire de son « université » où il me fait un clin d’œil. J’ai proposé à mon correspondant, Monsieur X… susmentionné, de voir et d’écouter.

    Voici quelques extraits de son message :

    « Je viens d’écouter…
    J’aime intensément… Je ne peux pas dire  »j’adore » vous savez pourquoi!
    Je vais le faire écouter autour de moi. Je suis convaincu de cette révolution à venir et je suis convaincu du thème général qu’il va se produire un bouleversement ayant une odeur de retour en arrière mais qui n’en sera pas un.
    La richesse de nos vies ne vient que par la puissance d’en extraire du  »BEAU », terme pris dans le sens de réalité bienfaisante pour tous ou presque tous. Où quand une philosophie vient avant toutes les instances techniques et politiques.
    Où quand une intelligence artificielle peut ou pourra résoudre un souci ou un problème avant même que l’énoncé de ce dernier soit fini d’être prononcé et évalué….
    Où la vraie écologie ne peut être celle défendue par les écolos de maintenant, véritables dictateurs pour une dictature non dite, et dans une langue française non apprise et au ras des pâquerettes y compris pour cette professeure émérite de la Sorbonne entrée en politique.
    Figurez-vous que c’est EXACTEMENT le thème que je vais développer à Tunis les 1 et 2 /09… devant des ambassadeurs japonais, allemands, tunisiens et français! Je ne sais pas qui a voulu que ce soit moi qui fasse cette avancée dans le débat. (…) Dès que j’ai fini mon texte d’exposé, je me permettrai de vous le faire parvenir.
    Je retiens de cet interview le mélange (âge et société pour faire ici très court) que j’ai eu pour mon choix de vie et de profession.
    Je suis entré à l’école des Arts Appliqués à l’industrie (PAris) je n’avais que 14 ans et dans la même classe il y avait des pré-adultes de 18/20 ans.
    Quand je suis revenu à l’université dans le circuit où j’ai voulu évoluer j’étais le plus ou un des plus âgés (65 ans) alors que le plus jeune en avait 22… » (Fin d citation)

    Eh bien mes aïeux, vous avez du pain sur la planche et comme vous êtes tous des jeunes en puissance avec des rêves plein la tête, je suis certain que vous direz votre mot face à cette évolution des êtres et des choses!

    Il y a soixante-dix-huit ans, un médecin français lisait Proust au jardin, à deux lieues d’ici. Cinquante-huit ans plus tard, son neveu découvrait ses « Mémoires » tout près, dans une vieille bâtisse où les hommes d’ouvrages naguère, au jour des battages, venaient manger la soupe. Autres temps, autres mœurs. Quid de notre usure? Celle de l’âme.
    Bon, je vous quitte, on va ce soir, au restaurant.
    Au plaisir de lire de nouveaux commentaires, si vous voulez bien venir refaire un tour du côté de chez notre randonneur.

    m

  16. Avatar de m
    m

    Erratum

    Madame, Monsieur, j’ai fait une faute et, de ce pas, je corrige.
    Il faut lire : »Ézéchiel es-tu là? »
    Mille excuses.

    m

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Vous êtes tout excusé, cher m, puisque cela fait un commentaire de plus… Mais n’abusons pas de ces repentirs. Je ne trouve pas le temps, d’où je suis, de vous répondre sur le fond, à vous, à J-F, à Jean-Claude, le Val d’Aoste nous tient encore dans la splendeur de ses randonnées, bien réelles celles-là.
      Mais la rentrée est proche, où nous deviserons. « C’est la fin de l’été » (air connu)…

  17. Avatar de Roxane
    Roxane

    Oui, cher randonneur italien, on vous attend!

    A quand le prochain billet pour la dolce France à inventer de notre enfance?

    Il y a Monsieur J-F R, Monsieur Jean-Claude et l’Arlequin, bien sûr!

    On aimerait tellement entendre d’autres sons, d’autres mots, d’autres refrains!

    Que sont, la bonne dame d’Eaubonne, le mirmillon Spartacus, devenus?

    Ils nous apportaient tellement quand tous deux croisaient le fer pour la bonne cause.

    Ne restent plus que nous, des intellectuels, plus proches des plateaux de télévision que de la nature vraie, si tant est qu’elle existât encore dans nos campagnes dévastées, mes bons amis!

    Je suis là, du haut de ma tour, et ne vois rien venir à l’horizon.

    Il y a bien ce responsable culturel grenoblois, un universitaire médiateur qui m’envoie des choses, ce matin.

    Et ce professeur qui émerge de son lac obscur pour me parler de Monsieur Lacan.

    L’un mousquetaire, l’autre dragon, est-ce bien la chevauchée attendue du petit peuple qui a le couteau sous la gorge?

    Par terre ou dans le ruisseau, quelque chose et lui, peut-être…

    Je ne quitte pas ma longue-vue.

    Roxane

  18. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Cher Daniel,
    Je comprends bien ta position et ce regard critique sur le fascinant de la mode et du nouveau mais ce n’était vraiment pas le sens de mon propos. Ce que je trouve fascinant c’est d’être présent à cette histoire et même la très grande histoire qui avance à pas de géants.

    Toutes générations confondues nous sommes confrontés aux mêmes murs, à des points de basculement majeurs et ce en très peu de temps. Les anciens, nous avons à transmettre certes mais aussi à témoigner de notre propre capacité d’adaptation, grâce justement à cet héritage. Tempêtes Covid, Ukraine, gilets jaunes, attentats, plus rien ne vas de soi.

    La culture, ce cerveau collectif comme notre cerveau individuel sont des inhibiteurs, des effaceurs du trop d’information. Que garder, que transmettre pour survivre et s’adapter. Je fais partie de ces générations qui n’ont connu le tragique qu’à travers le cinéma, le livre et le petit écran, rien dans les tripes.

    L’inimaginable s’est présenté à nous avec un arrêt brutal de la mondialisation. La valeur travail s’est transformée. Les yeux s’ouvrent. Qui veut encore jouer la partition d’avant ? Voilà les questions essentielles que je me pose et que je discute en famille et plus largement . Comment distinguer l’essentiel de l’important, L’incertitude plonge notre société si bien huilée dans un état de quasi sidération. Le tragique est à nos portes pour la décade à venir. Sans parler des autres pays et continents….

    Je ne suis en rien pessimiste, réaliste peut-être.
    Bonne soirée à tous

  19. Avatar de M
    M

    *

    « Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,
    Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été,
    Avait, en s’en allant, négligemment jeté
    Cette faucille d’or dans le champ des étoiles? »

    *

    Booz endormi n’est pas Monsieur tout-le-monde et Jeanneton n’est pas Ruth.

    Quant au cinquième élément…

    Dommage, dans nos petites contrées pas question de voir le film, toujours non programmé!

    M

  20. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire. Très bonne réponse. Merci Daniel, tu poses le problème essentiel. Il faut donc  s’interroger « sur les conditions de la transmission dans un monde orienté par le nouveau, le coup médiatique, le coup de bluff». Peut-on « jeter la mémoire par dessus bord, la traiter en fardeau, en déchet ? », écris-tu. Un récent détour par Bayreuth me rend la question encore plus vive. Bayreuth est le lieu du chant (wagnérien) et aussi de l’enchantement. Mais depuis que l’arrière petite fille de Richard Wagner, Katharina Wagner, est devenue maître d’œuvre du Festspielhaus, nous n’avons plus que des productions folles sur la Colline sacrée..On y voit des opéras dévoyés, détournés de leur sens, très loin de leur écriture d’origine, cédant aux modes du moment. Ainsi on a vu une Isolde après sa mort sublime au dernier acte, redevenue soudain vivante et traînée par les cheveux par un roi Mark transformé en Weinstein comme pour faire plaisir à Metoo… Après les délires de Franck Carstorf transformants les filles du Rhin en prostituées,
    Siegfried ou Wotan en chef de station service, Sigmund et Siglinde frigorifiés dans une cahutte en Sibérie, (mais pourquoi pas si la transposition est cohérente et inventive), on assiste aujourd’hui à la destruction totale du Ring des le début de la représentation par une mise en scène dévoyée qui semble totalement ignorante de la mythologie wagnérienne. Valentin Schwarz, le nouveau metteur en scène de cette année, a voulu transformer la famille des Atrides, des Labdacides, Wotan et sa descendance, en familles « dysfonctionnelles », bonnes à jeter aux psys. Une série télé-réalité ou Netflix pour les nuls. Si au moins le livret était signé par Meilhac et Halevy, on pourrait rire comme dans la Belle Hélène et chanter à la gloire du grand AgaAga-Agamennon. Mais non, ici pas une once d’humour, et pire encore aucune cohérence repérable dans ce nouveau scénario illisible et inaudible qui semble ignorer délibérément Wagner. Où est le mythe, sa signification, sa poésie, sa poïetique, où sont les émotions qui font frémir tout un public sur son siège dans cette communion, ce vécu collectif de la Colline Sacrée, où sont les pensées qui tournoient dans la tête grâce à cet engendrement de la musique et de la scène ? Disparus sans laisser de traces.. Heureusement restent la musique envoûtante de Wagner et les voix des chanteurs qui sont exceptionnelles et dont je donne ici les noms. Thomas Konieczny, un très grand Wotan. Klaus Florian Vogt, un splendide Sigmund et Lise Davidsen une merveilleuse Sieglinde. Brunnhilde/Irene Theorin est remarquable. Le public a hué comme un seul homme la mise en scène incompréhensible de Mr Schwartz qui je le parie va bientôt disparaître comme sa production. Patrick Chéreau fut d’abord hué lors de son premier Ring en 1976 mais applaudi pendant 1heure 20
    (sic) lors de la dernière représentation en 1981. Chereau était génial. Il donnait au mythe toute sa force humaine de par sa représentation scénique. Sa dernière production Electra de Richard Strauss à Aix en 2013 avec Evelyne Herzelius fut longuement ovationnée. Bayreuth n’est pas un rendez-vous de vieillards cacochymes sans descendance et sans avenir. C’est le lieu du chant, du Contre-chant et de l’en- chantemrnt. Tous ces allemands amoureux de Wagner, tous ces français, tous ces européens passent d’abord, avant chaque représentation, devant les stèles qui indiquent les noms des chefs d’orchestre, des chanteuses et chanteurs juifs exterminés pendant la Shoah. La aussi est la communion de la Colline sacrée. La aussi est la transmission. Restons des enseignants… Apprenons à nos enfants et à nos petits enfants à penser. A connaître. et à vivre. Apprenons d’eux cette merveilleuse expérience qu’est la vie.. Continuons le dialogue….continuons le combat…

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Effrayant témoignage cher JF ! Tu poses la loupe grossissante de Bayreuth sur des expériences que nous avons tous vécues, et j’avais dénoncé ici même une « adaptation » de la Bérénice de Racine par Isabelle Lafon, que de sottises, d’inculture et d’arrogance dans ces prétendues adaptations !… Mais les profs présents dans la salle (de la MC2 de Grenoble) applaudissaient, bien aises apparemment de voir enfin ce Racine devenu illisible remis à la portée des gamins qu’ils sont eux-mêmes incapables d’élever à la littérature. On corrige les auteurs, on les tance de haut – ne sommes-nous pas leurs successeurs, donc leurs redresseurs ? Les morts sont sans défense. Les oeuvres aussi, raison de plus pour se demander (le sujet de mon livre sur Woody Allen) ce qu’est une oeuvre, ce qui fait sa cohérence, sa beauté mystérieuse, sa force de réparation pour nos vies malmenées… Car l’oeuvre n’est pas au niveau de la vie, mais un cran au-dessus, elle la surplombe, la transcende. En appeler à un surcroît de vie pour les oeuvres (mot d’ordre dadaïste dans le Manifeste de Tzara), c’est savonner cette planche sur laquelle depuis un bon siècle nous glissons, vers ces livres-documents, ces biographies-poubelles ou ces témoignages hâtivement scellés, c’est tomber dans Virginie Despentes qui prétend « récrire » Choderlos de Laclos… Il y aurait trop à dire. Mais merci pour la belle citation tirée de Finkielkraut (que ces gens-là évidemment haïssent) citant lui-même Borgès, « la ferveur préalable et la mystérieuse loyauté », comme c’est juste, et comme cette loyauté (qui leur manque) nous grandit !

  21. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire: en addendum, cette citation d’Alain Finkielkraut : « La littérature, c’est l’idée qu’on doit passer par les grands textes pour comprendre quelque chose à soi et au monde. Ce besoin a cessé d’être au cœur de la transmission. Le présent déconstruit le passé. On aborde de moins en moins les œuvres classiques avec « une ferveur préalable et une mystérieuse loyauté », comme disait Borges, mais en les regardant de haut ou en les enrôlant. Voyez la métamorphose des metteurs en scène. Le présent s’empare des œuvres soit pour dénoncer leurs lacunes soit pour montrer que tout ce qu’on pense aujourd’hui s’y trouvait déjà. Voilà l’arrogance qui fait notre misère. »

  22. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Dieux! Que ces derniers commentaires font du bien!

    Par ces temps de sécheresse, c’est comme l’eau de l’ange dans le désert biblique.

    On y reviendra, c’est certain!

    Le philtre de Tristan n’est pas loin et le « boire amoureux » sur ce thème, cher à Gaston Bachelard, n’est-il pas l’image même du grand mystère de la vie?

    Merci à vous, chers échansons.

    Quand j’aurai un peu de temps, j’irai à la cave, voir s’il y a derrière les fagots, une boisson digne de vos palais.

    Promis.

    Kalmia

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui trinquons chère Kalmia, à la bonne vôtre !

  23. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    A tous et chacun
    Tous ces jours, je lis … tantôt avec intérêt, tantôt avec un peu d’agacement les nombreux messages postés. Ceux-ci dessinent la carte des vagabondages de l’été. Ainsi se poursuit l’existence de chacun : contingences et réflexions personnelles.
    Merci à notre Randonneur pour la finesse de ses analyses.
    Une belle saison pour 2022 ?
    Moi, je gère un accident domestique, une chute dans l’humidité d’une salle de bain qui m’octroie une fracture du genou, une entorse du pied à réparer.

    On peut conclure de la sorte …Pas si grave dans la cacophonie des nouvelles du monde !

    Plaindre Woody Allen ? Il est l’homme du cinéma qu’il a été … À ce cinéma de l’existence, je lui préfère les soubresauts de l’errance de Charles Wright dans son « Chemin des Estives » et l’analyse de Rupture(s) de Claire Marin.

    Vieillir … mille façons de l’aborder. Comment se sauver d’un manque momentané d’autonomie ? Et je n’ose imaginer ce qu’il en est lorsqu’une situation tragique perdure.

    Claire Marin est aussi belle qu’intelligente. En gérant sa maladie auto- immune que nous dit-elle ?

    A bientôt … en marchant.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je salue, chère Cécile, votre retour, même affligée par cette chute ! Remettez-vous vite d’aplomb, et songeons peut-être à nous revoir : il y aura le 24 septembre, à Paris à la Halle Saint-Pierre (Montmartre) une rencontre autour de mon livre et de l’oeuvre de Woody Allen, qui s’annonce fertile !…
      Avec mes voeux…

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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