Le goût de vivre

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Ce billet était écrit en contre-coup de la mort de François-Bernard Huyghe, que nous avons depuis suivi au crématorium du Père-Lachaise, pour une émouvante cérémonie conduite par ses trois neveux Nicolas, Etienne et Louis Garnaud. Olivier Adam puis Régis Debray y prirent la parole pour dire l’ami élégant, toujours disponible et affable que fut notre compagnon en médiologie. Je dois malheureusement, à regret, effacer ici mon propre témoignage, à la demande de sa famille ; ce texte a été, à l’heure où je le retire, consulté par 585 personnes et a suscité de copieux commentaires.

21 réponses à “Le goût de vivre”

  1. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Le « goût de la vie » ou le « goût des autres ». Cher Daniel ton article me replonge en 2016 où nous avons échangé dans le second semestre ! L’amour profond comme l’amitié profonde comme l’a si bien exprimé Jean dans le Film de Claire Denis n’est pas appropriation de l’autre mais don de soi pour laisser le libre choix à l’autre.

    En Janvier 2016, Noëlle m’avais demandé de l’aider à mette fin à ses jours lors de son avant dernière récidive de cancer, moment bien douloureux à vivre seul de mon coté. Puis en quelques jours repris le chemin bien difficile de la chimio. Ainsi 6 mois de bonus, pas après pas de mieux vivre. Un livre plusieurs fois lu : « la dernière leçon » de Noëlle Chatellet nous a bien aidé à vivre « un deuil anticipé ».

    Après le décès, seul, un « goût de vivre » bien dangereux m’habitât pendant un trimestre. La pensée de mes huit petits enfants et de mes trois enfants n’ont pas été des freins suffisants à résister des sorties solitaires en kayak fort exposées par mer trop agité prés des cotes corses ou encore par des températures hivernales, à ski sur neige non stabilisée, complètement isolé sur le glacier de Bonne Pierre dans les Ecrins….Puis le bon sens repris le dessus. J’ai un besoin essentiel de vivre en couple pour trouver un équilibre serein entre amours et amitiés profondes afin d’exprimer un « goût de vivre durable ».

    Mais quand la nostalgie, quand le manque, emplissent l’espace globale de travail conscient, le refus de la souffrance qu’elle soit morale, psychique ou physique peut conduire au suicide. Encore 9000 cas en France chaque année. Nous ne savons pas accompagner ces souffrances et le choix de ces chemins de vies vers la mort, d’une façon humaine alors que les actes restent encore trop souvent barbares. Là encore nous avons besoin de grandir en humanité.

    Jean Claude

  2. Avatar de Guillaume Bardou
    Guillaume Bardou

    Bonjour,

    Je viens sur ce blog à l’instigation de Kalmia, alias mon accoucheuse, alias la mère Michel, alias quelqu’un de formidable.
    Je m’apprêtai à réagir au billet précédent, sur l’apparition de son mot « Français », sur « l’emprise ». Et je tombe sur ce nouveau billet.

    Recevez mes condoléances, Daniel Bougnoux, pour la disparition de votre ami, François-Bernard. Je ne le connaissais pas, mais je regarde sa photo, visage beau mais lavé par cette eau qui noie, le pansement négligé sur un doigt, le titre de son dernier livre « la Bataille des mots », venant après une longue série d’autres titres.

    La Reine d’Angleterre part ce jour, phénomène unificateur. Emprise de millions de cerveaux synchronisés ensembles parce que quelque chose ne va pas, n’est pas dit, manque, et investissant un être de – tirez-en les conséquences … j’allais dire leurs désirs secrets, mais non je dis « de leurs goûts de vivre ».

    Là où la parole se révèle coupable ou impuissante, il y a donc les gestes. Tout ce qui vous échappe appelle la paix, tout ce qui se perd dans la mort force le silence, ennoblit ceux qui regardent, ainsi en fut-il de votre ami. Même si c’est quelqu’un qui s’est perdu en chemin. Si j’avais su, tout comme vous j’aurais été là pour lui, Daniel.

    Ce que l’on fait, paroles prononcées ou écrites, gestes, c’est nous seuls. Et votre ami faisait le bien. Ce que l’on pense, imagine, tout le reste sous la surface, c’est la multitude qui cherche un porte-voix.

    Enfin, peut-être…

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Ce que j’ai voulu critiquer ou signaler dans mon billet, Guillaume, c’est l’impropriété du terme « ami » rabâché avec complaisance, sans plus mesurer à quoi l’amitié vous engage. Oui et vous le dites, « être là pour l’autre ». Or nous assistons à la facebookisation du mot d’ami, assimilé à une vague ou éphémère relation, facile à établir ou à révoquer d’un clic. Vue depuis les réseau, l’idée ou l’exigence d’être là ne signifie plus grand chose : où est-on exactement, sur le réseau ? Que signifient « ici et maintenant » à l’heure des nouvelles technologies ? On multiplierait indéfiniment ce type de questions. En bref, je ne dirais pas que FBH et moi étions amis, la preuve : son silence sur sa souffrance, et pour finir ce départ qui surprend tout le monde…

  3. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour!

    Comment dire? Oui, comment exprimer un sursaut d’existence?

    Je viens de relire le dernier commentaire de Monsieur Jean-Claude dans le pénultième billet et le premier du « goût de vivre », signé de la même personne.

    Il y un mot que je lisais ce matin et, en même temps ou presque, Monsieur Jean-Claude l’écrivait…Un pur hasard, sans doute!

    Ce mot « amygdale » je l’ai trouvé, au petit jour dans le livre de Maurice Couquiaud « Chroniques de l’étonnement » au paragraphe intitulé « Esprit es-tu là? », avant de le relire, en cet espace.

    Voici un petit extrait :

    « C’est grâce à l’amygdale, une petite structure en forme d’amande située dans notre cerveau, qu’on associe le plaisir ou l’aversion à un souvenir particulier. Elle jouxte l’hippocampe jouant un rôle important dans le stockage des souvenirs épisodiques (…) Doit-on suivre Jean-Pierre Changeux affirmant que « l’homme n’a plus rien à faire de l’esprit » puisqu’il lui suffit d’être un homme neuronal »? Un et un ne font qu’un! Nos pauvres têtes! » (Fin de citation)

    Sur ma table, jouxtant l’ordinateur deux numéros de la revue « Médium ». Le premier et le dernier.

    Monsieur F-B Huyghe a écrit, en ce lieu qui fait lien, un dernier mot : « symbolique » (N° 60-61, page 135)

    Je me souviens avoir échangé avec lui, un soir, au téléphone, pour essayer dans ma nuit d’y voir un peu plus clair sans doute. Je me souviens des mots de son père dans une lettre conservée dans un bonheur-du-jour. Il me parlait de ce quelque chose entre le moi isolé et l’univers qu’il cherche à rejoindre.

    Seule dans ma chambre, ce refrain qui résonne et qui revient :

    « La nuit ne sera plus très longue
    Oui, je sais que tu existeras
    Il était un soir
    Il était une fois » (Quelque chose et moi)

    Je pense au second message personnel de l’auteur du livre « Le goût de l’avenir » qui se termine par ces mots pleins de justesse :
    « Pourrai-je mieux définir la gaieté dont je parle, en disant qu’elle est une autre façon de désigner l’esprit d’enfance. Je crois qu’il n’est pas de vertu plus joyeuse et plus grave… » (Fin de citation)

    Au jardin d’Alice, tout n’est pas cinéma!

    Qu’on se le dise!

    Kalmia

  4. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Paul Eluard a écrit : il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous.

    Quand un amour profond uni deux êtres, le couple ne leur suffit pas. Ils doivent s’ouvrir à quelques autres dans des amitiés profondes. Il y a les amis historiques avec qui l’on a vécu, qui emplissent nos livres d’or et nos souvenirs. Les amis d’aujourd’hui et ceux en devenir nous sont essentiels. Le temps nous presse et nous devons effectuer des choix. Cependant nous avons encore à garder de la disponibilité et à agir pour laisser de la place, pour faire advenir des amitiés futures. Elles nous seront fondamentales demain. Ce sont des rendez-vous à organiser.

    Notre dernier rendez-vous, celui avec la mort est le seul qui adviendra de lui-même sans effort. Agustin Casalia est un philosophe existentialiste brésilien et suisse. Dans une rencontre improbable à la Chimère Citoyenne, à Grenoble, en plein covid nous a proposé de méditer ces propos : « tant que la mort reste un possible, tout le reste est possible ». Le mystère du vivant ne peut être réduit à un dualisme corps – esprit, si propre à la culture occidentale. Henri Atlan suggérait de regarder ce mystère avec un peu d’humour, je dirai un peu d’insouciance.

    Jean Claude

  5. Avatar de Gérard
    Gérard

    Bonjour!

    Qui l’eût cru? Voici venir par la fenêtre, un fin limier, excellent sauteur, en mesure peut-être de pêcher la perle rare dans nos profonds abysses intérieurs.

    La pauvre Mère Michel, de son enclos des Cévennes, tout heureuse et toute honteuse à la fois, reste bouche bée en lisant le propos dithyrambique de l’étranger, à son endroit.

    Je l’ai vue tout à l’heure, parlant à son chat subliminal…Si j’ai bien entendu, je crois qu’elle lui demandait son chemin…

    Ah, ce souris mystérieux du chat de Cheshire, cet ange, ce neutrino stérile! Décidément, les amis, nous ne quittons pas les spectres…Ils seront là, demain encore.

    Et dans la rue, ils parlent, se racontent des histoires, la petite fille et son ange gardien. Une autre manière de se faire du cinéma, en effet! Ou d’apprendre sa leçon, la plus belle de la vie.

    Vous avez dit « Ami »? Dimitri El Murr, rencontré dans la distance par la revue « Médium » m’a offert, le vingt janvier deux mille huit, son beau livre intitulé « L’amitié ». Et dans ses textes choisis, on apprend des choses, beaucoup de choses…

    Ici et maintenant / Être là / Réseaux et prolongements…Sur la table, l’Atlas de Michel Serres déployé.

    Une case vide…Un point blanc, un mont et, peut-être… un jardin.

    Randonnée inachevée, faut-il aller plus loin? Ou faire chère lie dans l’auberge toute proche et descendre la montagne en pyjama?

    Je n’en sais rien mais, de grâce, ne perdons pas le goût… de vivre!

    Amicalement

    Gérard

  6. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour!

    Eh bien, cher Père l’eusses-tu-cru, rassurez-vous incontinent, ma minette n’est pas perdue!

    Elle s’égaye dans la nature et revient régulièrement manger ses croquettes.

    Ainsi sont les chats, mon bon Monsieur Guillaume et ce, depuis « l’origine du monde » dont l’anagramme fait « religion du démon », ventrebleu!

    Quant à celui du physicien lié à « l’ami » du Nobel, laissons là « les paradoxes du chat beurré » où par une surprenante permutation des lettres, la résolution devient vite un « aléa chaud d’experts bourrés » (E. Klein / J. Perry-Salkow)

    En parlant de religion, je pense au professeur Henri Atlan mentionné judicieusement par Monsieur Jean-Claude qui dit si bien les choses et dans « la chose », il y a aussi « le chaos ».

    J’ai pensé à lui, à ce professeur, dimanche dernier en traversant la ville dont il m’a parlé et qui lui rappelle tant de souvenirs. A quelques lieues un coin de verdure et une tribune à l’orée du bois où l’on fait des conférences et l’on vend des livres. Un pré couvert de voitures venues de tous les coins du pays. Des jeunes gens polis, souriants, amènes sans portables à tout bout de champ…Quelques soutanes par ci par là. C’était la journée de Monsieur Henri (de La Rochejaquelein) et la foule était là, présente, fidèle à Dieu, au roi.

    Pas tout à fait mon genre…Il n’y a pas de bénédicité chez moi et le signe de croix n’est pas mont fort.

    Et pourtant, écouter l’autre, essayer de le comprendre, de se comprendre sans se faire d’illusions, au delà des apparentes contradictions et des appas rances d’un monde sans foi ni loi, n’est-ce pas quelque part une belle aventure?

    Paris et la Vendée…Un autre professeur (Laborit) Henri de son prénom rêvait de cette impossible communion, loin des parcs d’attractions de la modernité galopante.

    On a du pain sur la planche et le droit et la liberté de rêver.

    Kalmia

  7. Avatar de Guillaume Bardou
    Guillaume Bardou

    # Daniel & Jean-Claude

    Les oiseaux peuvent être les amis des oiseaux, rarement des citrouilles, mais l’homme peut-être l’ami d’une citrouille, et pour cela il peut moins que les oiseaux en amitié. Il peut moins dans la nature trouver parmi les hommes l’ami(e) ou l’amour pour qui il est fait.

    Le langage crée des distorsions et force l’homme à patienter, mais il continue à chercher par les yeux, tant que le monde est pour lui quelque chose qui veut être vu, contenu en lui. L’inimité allant en tandem avec l’amitié est alors ce qui, à terme, doit devenir quelque chose de contenu, au même titre qu’une noyade est une possibilité dans l’immersion d’un corps.

    Tout ceci reste quand même bien difficile.

    Apprivoiser des êtres pour se rejoindre dans cet au-delà est une distorsion du langage, opérant sur le désir brut de l’appel reproductif du sang au (souvent le même) sang. Une distorsion n’est cependant pas une erreur, mais une possibilité.

    Ainsi dire que tous les mondes intérieurs possibles doivent épouser la réalité extérieure est un jeu du langage, une possibilité philosophique. Il y a rapport de force, de mise à l’épreuve, entre notre monde intérieur et le monde extérieur, dit réel. Heureusement.

    Ce souffle dit alors que la parole est aux amis.

  8. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonjour!

    Une correspondante du Morvan, lectrice fidèle de ce blogue et du journal qui l’héberge, me dit sincèrement ce qu’elle en pense :

     » Je n’aime pas les propos de ces pseudo-intellectuels qui se pavanent dans ce blogue. Tout cela m’ennuie car ça tourne autour du pot sans arrêt et ne rime à pas grand-chose! Je vais bientôt rencontrer un vrai intellectuel, je n’hésiterai pas à lui demander ce qu’il en pense… » (Fin de citation)

    « A la fin de l’envoi, je touche! » Dieux, que cette gente personne tire l’épée, ici même, et nous donne une bonne fois pour toutes une sacrée leçon, palsambleu!

    Peut-être, aussi, pourrait-elle, cette lectrice, nous faire partager les conclusions péremptoires du bel adonis des plateaux de télévision, essayiste de talent et amateur d’anagrammes…Grand seigneur, pourquoi pas?

    J’imagine que ça va passionner le petit peuple, gens sans qualités et sans résidences d’été!

    Revenons à nous et au dernier propos du nouveau venu, qui ne manque pas de perspicacité, c’est le moins que je puisse dire.

    La citrouille attachée à la branche d’un chêne pourrait blesser le dormeur pendant son somme au pied de l’arbre.

    Alors qu’un gland ne fera qu’effleurer le nez du paysan de la fable. Icelui, alors, de retourner à la maison en se disant qu’après tout, Dieu n’a pas si mal travaillé que ça! (Le gland et la citrouille, Livre IX, fable IV)

    Et notre habile et honnête commentateur de donner la parole aux amis.

    « Toi, ange et noble ami ». Cinq mots qui, dans leurs lettres permutées, forment le duo « Montaigne-La Boétie ».

    Monsieur Jean-Claude nous dira peut-être que ce n’est pas un hasard…Mais faut-il encore le prouver, chers amis lecteurs!

    Aussi, j’ai demandé suite aux commentaires de l’un et l’autre, l’avis d’une personne du cénacle, un universitaire qui en sait quelque chose :

    Voici sa réponse reçue dimanche dernier, avant d’aller faire la fête à deux pas d’ici, loin de ces si judicieuses considérations :

     » Je viens de lire les commentaires du billet de Daniel Bougnoux qui évoquent (1) la thèse de l’existence de l’esprit au-delà du monde physique neuronal et (2) la recherche du lien entre les deux domaines (physique et mental). De surcroît, le problème de la liberté vient se greffer sur les deux sujets, cherchant à soutenir que celle-ci (la liberté) serait logée dans le domaine de l’esprit et agirait sur la matière.

    Voilà des problèmes redoutables.

    Ce que je peux vous répondre, du point de vue de philosophie de l’esprit, c’est que le débat reste vif.

    Concernant les points (1) et (2), l’hypothèse d’un monde de l’esprit doté de forces causales autonomes et agissantes sur les entités du domaine physique est dans une impasse conceptuelle. Les agents sont des organismes physiques soumis aux lois causales de la nature et la nature (l’ensemble des entités et propriétés physiques) qui est un monde causal clos. C’est-à-dire qu’à tout événement physique il existe une cause physique. Postuler un domaine mental en plus de cette cause physique disponible pose un problème de cohérence.

    Alors pour parler de la liberté qui n’est en aucun cas un concept de science, il faut soutenir un certain dualisme qui donne au mental un pouvoir causal. Ce pouvoir, pour Spinoza (je convoque un auteur dont il est question dans les commentaires), n’est qu’une ignorance des causes qui nous déterminent. Bref, le libre arbitre sur lequel on appuie nombre de justifications de nos actes, serait une illusion. C’est un point de vue soutenu par la science académique qui pose des lois déterministes. Comment ne pas être d’accord ? Mais la science et ses lois disent-elles « tout » de l’état du monde ?

    Aujourd’hui, en dehors de cette thèse redoutable appelée « exclusion du mental », des discussions ont lieux à propos d’un aspect de la conscience dite « phénoménale ». La conscience phénoménale est ce qui relève de ce qu’exprime l’anglais par la question « what is it like ? ». Cette question tente de rendre compte de nos états de conscience qui ne peuvent être décrit (ineffabilité) mais pour lesquels nous avons un accès direct et qu’aucun modèle physique ne peut expliquer. Je pense à l’effet que cela fait de manger du chocolat, d’écouter une sonate, de caresser le dos d’une tortue, etc., etc. Ces état qualitatifs, appelés qualia par les philosophes, sont un problème épineux pour la science. Et c’est ici que le débat métaphysique prend forme. Existent-ils vraiment ces états ou sont-ce des illusions ?

    Ainsi, une fois encore, le problème de la matière et de l’esprit se décline vers un sous-espace qui est celui de la conscience dont on peut être enclin à faire exister en plus ? en dehors ? du monde des modèles de la science. Une thèse appelée panpsychisme par exemple ressort actuellement de ces vieux cartons et ne manque pas cohérence.

    Je ne sais pas si j’ai vraiment répondu à vos questions mais le débat est majeur et ne finit pas d’habiter tous les domaines de la philosophie de l’esprit.  » (Fin de citation)

    Nous relisons le mot dans « La dialectique de la durée » de G.Bachelard :

    « S’immobiliser, c’est mourir. Ainsi, on croit rompre avec la conception substantielle de l’âme et l’on taille, à pleine étoffe, l’être intime dans une durée indestructible. Le panpsychisme n’est plus qu’un panchronisme. La continuité de la substance pensante n’est plus que la continuité de la substance temporelle. Le temps est vivant et la vie est temporelle. Avant M. Bergson, jamais on n’avait si bien réalisé l’équation de l’être et du devenir. »

    Une valse à mille temps chez « L’intemporel »…Un peu de rêve pour ces milliers de gens qui font tapisserie depuis la nuit des temps.

    Aux « organisacteurs » du grand bal de la vie de retrousser leurs manches!

    Jacques

  9. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour!

    Il n’y a pas de hasard, nous dit Monsieur Jean-Claude dans l’un de ses si judicieux commentaires.

    Dimanche dernier, quittant couvées, poules, oies et toute la basse-cour, je me suis retrouvée dans ce parc, celui d’une fée, dans le vert massif d’une région française.

    Sur un banc de pierre, assise, je cherchais dans « A la recherche du temps perdu » une petite phrase, celle que l’on trouve en exergue de l’ouvrage de Jean-Yves Tadié « Le lac inconnu – Entre Proust et Freud- » .

    Le vent venu de la « Mère » tournait les pages ou du moins, j’en avais l’impression. Légère brise accompagnant ma lecture.

    Et dans « Le temps retrouvé », j’ai bien trouvé la phrase :

    « …ce magnifique langage, si différent de celui que nous parlons d’habitude et où l’émotion fait dévier ce que nous voulions dire et épanouir à la place une phrase tout autre, émergée d’un lac inconnu où vivent des expressions sans rapport avec la pensée et qui par cela même la révèlent. » (Fin de citation)

    Que dire du hasard de Monsieur Proust? Sur Internet, on trouve cette petite réflexion :

    « L’auteur de La Recherche du Temps Perdu, qui attend que le hasard lui présente à nouveau une vie qui lui était morte, n’est pourtant pas le greffier vétilleux d’une réminiscence scrupuleuse. La sensation, l’émotion, le sentiment importent. Ils sont la vérité du passé. Les faits sont à leur service. Le romancier conserve sa licence, à commencer par celle de métamorphoser des tranches de pain grillé, qui elles même remémoraient des biscottes, en une madeleine trempée dans une tasse de tilleul… » (Fin de citation)

    Hasard aussi, cette anagramme qui trouve « la madeleine de Proust » dans « la ronde ailée du temps »… (?)

    Le livre refermé, je me baladai dans le parc. Je rencontre une dame toute souriante, alerte, avec son fils, le portable rivé à ses oreilles.

    Je l’accoste pour lui dire quelques mots gentils et sans importance. Elle me répond du haut de ses quatre-vingt-seize ans :

    « _ Oui, j’habite depuis toujours à F… et je m’y sens bien!

    _ J’ai connu là-bas une personne qui a écrit un livre sur votre ville, quelqu’un qui a aussi publié sur F.Schubert…

    Il peignait aussi…Un artiste. Il n’est plus de ce monde et j’ai conservé ses lettres.

    _ Il s’appelait comment ?

    _ Monsieur P… Il était dans l’enseignement

    – Ah, quel étonnant hasard, je l’ai bien connu cet instituteur, un homme de grande qualité! »

    Et la dame s’en est allée rejoindre son fils toujours au téléphone, en me promettant de faire une centenaire. (Fin de l’histoire vraie)

    Il y a des lieux proustiens, des itinéraires proustiens et tout n’est pas dit du contenu de cette boîte noire.

    Heureusement peut-être…

    Il y a soixante-dix-huit ans, l’oncle de Régis Debray lisait Proust, au jardin, quelque part dans les Deux-Sèvres.

    Ainsi va la vie…compliquée.

    On l’aimerait si simple!

    Kalmia

  10. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Bonjour à tous,

    Ce débat en profondeur continue et c’est bien agréable. Merci à Jacques pour relater la contribution de cet universitaire en philosophie de l’esprit. Ses commentaires vont dans le fil de ma pensée mais ne suis pas universitaire et ne peut l’exprimer aussi bien. Merci aussi Kalmia de rappeler la citation du Paul Eluard, « il n’y a pas de hasard… » mais Paul Eluard est un poète, pas un scientifique ! Et tout ne peut être dit ni penser au seul registre de la science.
    Dans le regard scientifique, le hasard existe, jusqu’au cœur de nos cellules. La chromatine lor d’une duplication de cellule va faire « émerger » la structure de l’ADN et aussi produire du chaos via certains ARN messagers pour créer des mutations, salutaires ou non, héréditaires ou non. Nous sommes dans le cadre de l’évolution, le produit de ce hasard avec cette incompréhensible course à toujours plus de complexité d’organisation et de survie.

    Mais la science ne peut que tenter d’expliquer comment le monde fonctionne, advient puis disparaît

    En science la liberté est un concept particulier bien éloigné du concept philosophique. C’est celui du degré de liberté ou d’action. Dans la vrai vie ce concept me paraît fort utile. Il est avec la ruse et l’intelligence de situation, au cœur de l’élaboration de stratégies pertinentes et œuvre aussi dan la création artistique. Pour exemple le véliplanchiste qui est parti au surf sur une crête de vague un peu déferlante s’enivre des différents degrés de liberté, pour obtenir celui de voler au-dessus des eaux. Et cela grâce aux nombreux degrés de liberté élémentaires dont il dispose : les trois de la position de la planche dans l’espace, les trois de la position de la voile dans le vent sans compter ceux de sa position des deux pieds sur la planche et de l’équilibre régulateur de son harnais grâce à la pesanteur. Un ensemble de causes systémiques le contraint à jouer avec les vagues y compris la pression de l’écume déferlant sur la planche. N’en est il pas moins libre pour autant de jouir dans ces éléments et de ne point tomber à l’eau ! La science peut expliquer beaucoup de choses dont la façon d’apprendre. Ici la liberté est de l’ordre du choix de la stratégie, non fiable ni reproductrice donc non scientifique. Libertés et causalités ne se situent pas au même niveau d’organisation du vivant. La cellule mutante a le pouvoir de survivre ou disparaître suivant les informations dont elle dispose… est elle libre ou déterminé ?

    Dans l’infiniment petit tout ne serait que hasard ou nécessité. Mais pour l’humain, face a une vie dépourvue de sens et qu’il n’a pas demander à vivre, il peut la subir et s’inscrire dans une représentation fataliste, prisonnier de son passé, l’orienter en construisant sa mémoire du futur, la subir et l’orienter en fonction des contextes , ni la subir ni l’orienter mais seulement faire avec ce qui advient dans l’instant présent. Suivant le regard scientifique, spirituel ou philosophique, artistique, ou encore stratégique, il disposera ou non de degrés de liberté dans le temps court. Dans le temps long il développera ou non son libre arbitre et sa capacité d’intuition plus ou moins performantes. Si la liberté n’existe pas, il pourra gagner des degrés de liberté et ouvrir des voies nouvelles pour grandir en humanité ou pas….

    Jean Claude

  11. Avatar de Roxane
    Roxane

    Bonjour!

    Merci Jean-Claude pour cette mise au point qui insiste sur la notion de liberté et sur l’avenance (advenir) dans l’instant présent. Sérendip, vous connaissez?

    Je ne sais si le maître de céans va accepter ou non, cette réflexion phréatique entre nous, qui va de pair avec le goût de vivre, sans oncques mettre de côté la vie ordinaire, domestique et journalière. Cet au-delà dont nous parle Guillaume et les sentiers qui bifurquent dans les pérégrinations de la fermière, impliquent un élan, une volonté de vivre intensément, une aventure qui s’inscrit dans la sphère sociale et culturelle de la société dans laquelle on baigne.

    Au chapitre des « effets de la science », j’irai chercher le physicien et non des moindres, Bernard d’Espagnat, ignoré en ce blogue. Icelui nous rappelle que l’exploration des données de la science exige bien une plongée. Au delà de l’attitude insuffisante du procureur et celle plus modeste de l’explorateur, il y a celle du plongeur.

    Ce ne sont pas des médailles que l’on attend dans les enjeux du savoir mais des perles de vérité, pêchées dans les profondeurs de l’âme. Un pont pour faire lien et non une tribune pour paraître.

    Stratégie paradoxale avec la Mêtis des grecs et, maintenant, le poète cosmographe.

    Une science « légère à l’infini » s’habille en ses lettres des plis de « la lingerie fine ». Une lectrice sud-américaine vivant en France, m’interrogeait, hier, sur cette mise en plis, en s’appuyant sur les travaux de Leibniz, G.Deleuze et M.Serres. Régis Debray, cet encyclopédiste du tissu en sait quelque chose…

    En métaphysique quantique, les spécialistes (Conway et Kochen) considèrent que les particules ont une forme élémentaire de liberté et d’en conclure : « A vrai dire, il est naturel de supposer que cette liberté-là est l’explication ultime de notre liberté. »

    Est-ce une réponse physico-mathématique à l’une des plus profondes interrogations humaines?

    « Et les particules élémentaires »… « tissèrent la lumière » dit une renversante anagramme…

    Et dans la particule de Dieu, les anges s’y retrouvent, toujours par ce jeu de lettres étonnant :

    « L’horloge des anges ici-bas » (anagramme de « Boson scalaire de Higgs »)

    Quèsaco?

    Eh bien, la non-localité n’est pas une abstraction gratuite…Elle a des applications quelque part, comme l’ont bien précisé Messieurs Aspect et Gisin, par exemple. (Voir « L’impensable hasard »)

    Et je conserve chez moi, ce que l’un et l’autre m’ont écrit…

    Reste à savoir si la « téléportation quantique » va donner aux gens le goût du travail, en d’autres termes, le goût de vivre?

    Roxane

  12. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Merci Roxane de poser multiples problématiques bien difficiles qui chacune mériterait un ouvrage. Ce blog permet de mettre en perspective des commentaires qui s’enrichissent mutuellement à partir d’une invite produite par Daniel, ici le goût de vivre, en réaction émotionnelle au suicide d’un proche, d’une connaissance, d’un ami, etc.

    L’actualité s’invite dans ces discussions et commentaires par deux thèmes, la remise en chantier de la loi sur la fin de vie d’une part et d’autre part via le décès volontaire et très médiatisé du grand cinéaste J L Godard.

    Toute thématique, tout problème aussi singuliers qui soient, quand on cherche à approfondir, à ouvrir un chantier de discussion nous amène suivant le principe holographique cher à Edgar Morin, à explorer le grand tout qui est inclus dans la partie. Et ceci en poupées russes, ce qui complique la tache et peut facilement noyer le lecteur. J L Godard, paraît il n’a pas pu écrire de romans car sa pensée n’est pas linéaire et sans récit. Ses films sont des juxtapositions de plans sans liens directs. C’est d’ailleurs l’une des difficultés majeures de l’accès à la Méthode de Morin, en particulier le tome IV, le plus difficile à déchiffrer pour moi ( un an!).
    Avant de replonger sur la question de la liberté directement en ligne avec la thématique du suicide ou de la fin de vie désirée et assistée, élaguons quelques domaines de questionnent.

    Le premier est sans doute le plus simple, celui de la théorie quantique. Je m’en suis approché avec grande difficulté grâce à deux livres : « le cantique des quantiques » par Sven Ortoli, Jean-Pierre Pharabod et aussi « Sept brèves leçons de physique » par Carlos Rovelli. Je n’y comprends rien, c’est à dire je suis dans l’incapacité de faire corps avec ce corpus de connaissance. J’en ai retiré deux principes, celui que le temps à cette échelle infime n’a pas de sens et que à l’échelle « espace temps » ou évolue ma pensée je ne suis pas en capacité d’en parler.

    Cependant Jung ayant fréquenté ce domaine scientifique a a induit par analogie des concepts comme la synchronicité ( Freud a fait de même avec les théories de la thermodynamique…). Analogie n’est pas logique et encore moins vérité, mais c’est une source de sérendipité ou créativité par le hasard, etc…( Serindip est une entreprise de recrutement!). Avec l’extraordinaire complexité du cerveau humain par les nombres astronomiques des synapses et leur tailles infiniment petites, il est possible que la théorie quantique face son œuvre à toute petite échelle à minima au niveau biologique….mais qui pour en parler en connaissance de cause ?

    La question de Dieu est aussi difficile. Il existe, c’est une évidence puisqu’il figure dans Wikipédia et l’on relate ses effets dans les journaux. Il existe dans la noosphère. Ce qui nous divise c’est la question de sa nature transcendantale pour les monothéistes, ou pour moi qui serait sans doute panthéiste, dieu est le réel, le mystère du vivant.

    Pour revenir au sujet essentiel, celui de la liberté et en particulier de la liberté de décider de sa vie, ce qui s’inscrit dans un chemin de spiritualité (croyant, laïque athée…) c’est de s’exprimer en « je » afin de témoigner chacun de sa façon personnelle de penser et de vivre. C’est pour moi là que se situe la véritable force d’un blog. Comment par exemple ma croyance ou conviction irrigue mon chemin de vie et ma spiritualité. Comment j’i été influencé à penser comme je pense ? etc.

    Nous avons évoqué les « causalités biologiques » qui seraient en contradictions avec le concept de liberté. Il serait aussi utile de prendre en compte tous les freins sociaux, éducatifs, moraux qui brident la liberté des êtres humains.

    Il me semble que le plus difficile à mettre en œuvre c’est d’apprendre à penser par soi même. Cela demande de l’effort, du temps, beaucoup de temps, de la créativité, de l’humilité et de l’audace. S’exprimer en « je » en fait parti. Cela peut aussi conduire à vivre une certaine forme de solitude, d’incapacité à partager ce que l’on pense et surtout comment l’on pense ce que l’on pense.

    Et je finirai ce long commentaire sur une remarque proposé par Jacques à propos de la pensée intérieure. Il existe des langages externes qui nous permettent de communiquer avec nos pairs, le français, l’anglais. Certains peuvent penser en allemand et écrire en anglais comme Hanah Arendt. Mais ce sont des langages externes. La pensée intérieure, silencieuse n’est pas forcement de cet ordre. Hélène Loevenbruck, directrice de recherche CNRS travaille sur ce questionnement. Lors d’une conférence j’ai du traduire ses propos de « type auditif » pour que je puisse intégrer sa communication, moi qui suis essentiellement visuel, schématique et qui navigue dans les espaces vectoriels même pour écrire un article ou un livre. Nous sommes tous conditionner à penser différemment et singulièrement malgré notre formatage éducatif. C’est dans ce langage intérieur non formel que réside une grande part de créativité et de notre capacité à penser par soi même prendre du recul, choisir nos codes personnels.

    Je peux donc choisir de vivre et de mourir librement, suivant mes intentions, tant que mon état de conscience le permet encore en restant en phase avec mes valeurs d’esthétiques, de morales, de justice et d’éthique de la joie de vivre. Si cela n’est pas de la liberté, il nous faudra convenir d’un autre terme pour partager ce vécu !

    Jean Claude

  13. Avatar de m
    m

    Bonsoir, chers billettiste et commentateurs!

    Par sainte Hélène, quelle histoire!

    C’est la fête de la croix, ce jour, aussi il me semble de bon aloi de vouloir exalter ce chemin de croît des connaissances.

    Et pour ce faire, s’adresser aux gens qui savent plutôt qu’à leurs épigones, palsambleu!

    Monsieur Jean-Claude, votre propos me touche et j’aimerais vous demander un petit service.

    Vous avez chez vous « La Méthode 4 -Les Idées » de notre cher Edgar.

    Voyez la page 109, au chapitre des « reconnaissances de la noosphère ». L’auteur cite longuement un passage du livre de Jacques Monod « Le hasard et la nécessité ».

    Cette longue citation n’est pas précisément référencée. Pourriez-vous me dire, s’il vous plaît, où la trouver exactement dans l’essai susmentionné du biologiste?

    D’avance, je vous remercie de votre bénévolence.

    Serendip est l’antique Ceylan et vous connaissez sans doute les aventures des trois princes de là-bas.

    Pour Monsieur Morin, le concept de sérendipité intéresse la pensée complexe « par le fait qu’il met en relief le caractère créatif et génératif de l’aléatoire, de l’événement, de l’imprévu, de l’inattendu. On peut l’intégrer dans la catégorie des qualités intelligentes, comme l’auto-hétéro-didactisme, ou l’aptitude sherlock-holmésienne. »

    Quant au « je », est-il vraiment utile de citer M.Serres pour essayer de l’identifier dans la pauvreté?

    Peut-être…

    Comme « le neutrino stérile » le dévoile dans ses lettres : « il roule et n’est rien ».

    Alors noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir…

    Je ne vous dirai pas l’anagramme de cette question : « Discutera-t-on toujours d’espoir? »

    Autant n’en rien dire et chanter tout simplement.

    Que sera sera

    m

  14. Avatar de M
    M

    Bonjour!

    Reçu ces mots, ce matin, d’une personne handicapée qui se déplace en fauteuil roulant.

    Il ne messied pas de les porter à votre connaissance, car il y a là, une vérité crue et juste.

    Voici un petit extrait de son message :

    « Les discussions sur le blog sont vivantes. Jean Claude ose une parole personnelle qui me touche. Similitude de discours entre Roxane et Kalmia avec une vraie culture livresque qui surfe joyeusement. Avec ou sans profondeur pour la vie “intérieure” ?

    L’interrogation sur la fin de vie rejoint ma situation d’handicapée. Et là … Proust, Espagnat et d’autres sont de peu de secours. »(Fin de citation)

    Bien évidemment toute cette parade de culture livresque n’apporte pas grand-chose, on le sait bien!
    Alors pourquoi écrire dans ce blogue? Pourquoi cette fidélité aux billets du randonneur?
    J’ai une petite réponse personnelle toute simple : Parce que je ne peux faire autrement! Il y a là comme une nécessité pressante intérieure qui m’anime et me pousse à dire « présent » en mon for intérieur.
    C’est mon cas et celui des autres qui s’expriment céans et, à la chaîne, font preuve de haute fidélité.
    Alors, je le sais, tous ces mots bien envoyés ne guérissent pas nos maux, nos douleurs articulaires et ne payent ni nos impôts ni nos factures.
    A quoi bon, toutes ces leçons inaugurales de ces intellectuels et consorts qui font des livres, des conférences et passent à la télé? La plus belle leçon de la vie finalement ne serait-elle pas celle de la chanteuse, en habit de maîtresse d’école modèle?

    Mireille Mathieu – La plus belle leçon – YouTube

    Oui, sans doute, mais ce n’est qu’un refrain vite oublié et l’on revient sur le canapé regarder les informations en continu, Plus belle la vie et L’amour est dans le pré…loin d’un Bon petit diable et des Mémoires d’un âne.

    La vraie vie, on le sait bien est ailleurs et le but est de le toucher, d’atteindre la rive. Délirer sans doute au sens que donne au verbe le poète cosmographe. Et pour ce faire, on a besoin des efforts des uns et des autres, Madame, Monsieur!
    Quitter ce monde pour guérir « hors du spectacle ». Est-ce par hasard si ces trois mots sont l’anagramme de « La chute des corps »?
    « Invariance relativiste », es-tu là? Et pourquoi en tes lettres : « Einstein arriva, vit cela »?
    Bien belles ces anagrammes renversantes de Messieurs Klein et Perry-Salkow, en effet!
    Oui, mais nous sont-elles de quelque secours dans nos problèmes existentiels?

    En tout cas, la réponse des anagrammeurs à la question posée par m à la fin du quatorzième commentaire, le 14 septembre est la suivante : « On se suicide toujours trop tard ».

    Une bonne raison de rester vraiment vivant sur notre chemin de croît.
    « L’espérance » est dans « la présence ».

    M

  15. Avatar de Guillaume Bardou
    Guillaume Bardou

    Ils sont beaux, tous ces commentaires. Complexes, sensibles, nuancés. J’ai une bière dans le nez, suis un peu pompette, j’ai tout lu, et compris comme je pouvais. Et moi si je ne disais rien, maintenant, croyez que je ne serai pas pour autant absent. Il y a de l’angoisse mal placée dans le vide. La preuve est ce fil de discussion produit dans le fleuve de ce réel éternel, et dont la probabilité d’existence serait nulle si nous n’existions pas à 100% partout tout le temps. La conscience, c’est cette impression d’être quelque part, valable aussi pour la crevette et le caillou avec des mesures différentes.

    Mesures différentes dans l’œil de :

    1/ « des choses ultimes on ne peut pas parler » (Schrödinger, Heisenberg, théoriciens de la physique non déterministe qui existe depuis une bonne centaine d’années et qu’on dit « quantique »)

    2/ Shri Aurobindo… sa synthèse de la philosophie des Védas… spirituelle Baghavad Gîta.

    3/ Bon, solides, les physiciens et les poètes, mais pas les mélanges dans les limbes

    4/ La dame qui n’aime pas « les pseudo-intellectuels qui tournent autour du pot », et je sais bien qu’elle nous accuse dans l’endormir dans des illusions sans force.

    5/ Tiens ! 4/4/4/4/ : Nuit de colère noire, mauvais contacts, perte de soi, faillite des mots et des idées : venez trinquer avec moi, Madame, je garderai tout l’enfer et du meilleur de moi n’extrairai peut-être que la politesse de ne pas vous y entraîner. Aussi je ferai ce que je peux, et si je tourne autour du pot quand je suis dans les conditions où j’exprime le meilleur de moi-même, c’est par crainte de ne pas m’y noyer et vous avec. En attendant, je forme des vœux sur les puissances supérieures et je fais un peu ce qu’il faut, sentant que dans l’écrasement de soi et de ce pauvre pays, autre genre de gravité, il faut trouver l’orbite libératrice.

    6/ Elle est peut-être déjà trouvée cette orbite : « Je est un autre ». Et « Je » fais ce dont cet autre, fichument intriqué et conteneur, a besoin.

    7/ Ils sont donc beaux, tous ces commentaires. Mais leurs auteurs avoueront qu’ils sont aussi 5/5/5/5/5 selon les circonstances. J’ai écrit hier sur le blog de Jean-Pierre Luminet, à un supposé jeune homme de la source de sa fraîcheur. J’aurais dû l’informer de 5/5/5/5/5 aussi, de toutes les faillites que l’on croise par la force des lieux et des êtres, vérités hurlantes dans le cerveau, et qui vont continuer à le défraîchir quand il ne se connaîtra plus, à la croisée des routes, aux instants de vérités.

  16. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Pour m , de retour à Coursegoules, j’ai retrouvé mon T 4 de la Méthode et la page 109 traitant de la noosphère, superbe passage !
    Il me semble que la référence de l’extrait de J Monod est à trouver plutôt dans sa leçon inaugurale au Collège de France / Doupelay-gouverneur nogent le rotrou p 23-24 qui ne paraît pas accessible en mode numérique (vs Le Hasard et la nécessité 1970). je ne dispose pas de ces deux ouvrages, désolé.

    Jean Claude

  17. Avatar de Roxane
    Roxane

    Bonsoir!

    En relisant votre dernier commentaire Monsieur Bardou, je me dis qu’il y a chez vous un investissement, une incorporation, une sacrée aventure qui n’est pas donnée à Monsieur Tout-le-Monde.

    Je ne suis pas certaine qu’en vous enivrant de la boisson du boson scalaire, vous pourrez aller plus loin…

    Justement à propos de la particule divine et de l’anagramme de « L’horloge des anges ici-bas », je me dois de présenter mes excuses à Monsieur Bougnoux et aux lecteurs de mon commentaire où j’ai omis de mentionner deux lettres dans l’anagramme : L/E.

    Ce tic-tac inspiré me fait penser à la chanson de Claude Nougaro dont me parlait, un jour, dans un courriel, le physicien Philippe Grangier : « Le coq et la pendule ».

    Un rêveur à la montre suisse saura peut-être un jour béni des Puissances, écrire sur le tableau l’heure du réveil naturel, le réveil dans la nature.

    Sur ce chemin bachelardien, on a le droit de rêver d’un beau conte.

    Alors de grâce, méditons sur cette « Vérité altérée » qui contient en son corps « Rêve et réalité »!

    Une princesse endormie nommée science (Michel Cazenave) attend peut-être son heure, qui sait!

    Qui saura? Oui, qui saura?

    Roxane

  18. Avatar de m
    m

    Bonjour,

    En ce dimanche matin, je me dois de répondre à Monsieur Jean-Claude qui a bien voulu, à son domicile, faire une recherche pour satisfaire ma demande. Qu’il en soit ici sincèrement remercié.

    Allons aux faits. Page 109, la citation dont vous donnez la référence est bien mentionnée dans la biographie, page 259.

    Mais à la fin de la page, c’est la citation de l’essai « Le hasard et la nécessité » qui me pose problème car elle n’est pas précisément référencée et je ne la trouve point dans cet essai publié au Seuil, en 1970.

    Cette citation de 5 lignes, à la page 109 du livre d’E.Morin est intéressante, très intéressante, seulement il ne messied pas de la lire dans son contexte.

    A ma connaissance, en septembre 1972, à l’abbaye de Royaumont où Edgar Morin et Jacques Monod, parmi d’autres, étaient présents, ce propos attribué à J.Monod ne me semble pas avoir été tenu, du moins dans le compte rendu qui en a été fait.

    En revanche, M.Christian Puren, universitaire, dans le DOSSIER N° 8 LA PERSPECTIVE DIDACTOLOGIQUE (2/2) : L’IDÉOLOGIE ET LA DÉONTOLOGIE, page 4, écrit :

     » À la suite d’autres penseurs, E. Morin considère qu’il existe, à l’instar de la biosphère, la « noosphère » ou monde des idées, dans lequel ces idées vivent leur vie propre et autonome. Il cite à ce propos (p. 109) les lignes suivantes de J. Monod dans Le hasard et la nécessité (Paris : Seuil, 1970) : « Il faut considérer l’univers des idées, idéologies, mythes, dieux issus de nos cerveaux comme des « existants », des êtres objectifs doués d’un pouvoir d’auto-organisation et d’autoreproduction, obéissant à des principes que nous ne connaissons pas, et vivant des relations de symbiose, de parasitisme mutuel et d’exploitation mutuelle avec nous. »

    Il cite Edgar Morin sans donner, lui aussi, la référence précise de la citation de notre cher Edgar.

    Et le pauvre lecteur, palsambleu, de se retrouver Gros-Jean comme devant au milieu de ce joli monde des « Humanités » dont certains docteurs -pas tous! – ne prennent pas la peine de répondre aux esprits un peu trop curieux qui veulent en notre démocratie, en savoir un peu plus.

    Enfin bon, faut faire avec!

    Bonne journée à tous au bord de l’eau, peut-être, d’un lac inconnu.

    Amicalement

    m

  19. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Pour en finir peut être ou pas …..
    Nous avons vu comment les contraintes biologiques et les contrainte sociales peuvent brider notre liberté. En relisant la deuxième partie la vie des idées du tome IV de la méthode, je retrouve l’essence de la bifurcation dans ma façon de penser et surtout de penser comment je pense, aujourd’hui. La noosphère est aussi un limitateur de liberté individuelle puisque les idées sont capable d’autonomie et de vie propre.

    En relisant ces pages je retrouve l’émerveillement initial (1992) en étant confronté à ces propos. Je discerne aussi avec étonnement comment ma façon de penser s’est détachée au fil du temps de ces représentations encore trop entachées de réflexions duales (p 134) ou ternaires (p123). L’espace de travail et d’auto-réorganisation d’un système d’idées en constante évolution révèle la possibilité de gagner en liberté, et ainsi d’apprendre à penser par soi même. Le schéma (P 123) [ Psychosphère – Sociosphère – Noosphère ] encastrée dans l’Anthroposphère, elle même encastrée dans la Biosphère a produit en langage interne graphique non verbalisé un autre schéma quadripolaire et fractal, véritable processus créatif / sérendipité structurant mon nouvel système d’idées organisées « quadripolaire » avec mise en tension ou reliance entre ces 4 pôles, en déclinaison fractale :

    Niveaux : espèce humaine – civilisation – culture/nation – culture locale sociale – famille couple – individu – cerveau

    Quadripôle : Noosphère (idées) – Sociosphère (relations) – Psychosphère(affects) – Biosphère (émotions)

    Cette représentation fractale et hologrammatique est très riche et pertinente en déclinaisons spécifiques à chacun des niveaux. On constate que l’individu est plus grand que le cerveau qu’il contient et que paradoxalement le cerveau par son ouverture aux niveaux supérieurs est plus vaste que l’individu qui le contient. Chacun des pôles possède ses processus cérébraux non conscients, en interactions et les processus de conscientisation spécifiques.

    L’un des fruits de cette représentation mentale quadripolaire nous permet de sortir du dualisme ordinaire homme femme et de la confusion entre sexe et genre.

    L’individu peut être perçu comme un quadripôle : la personne ( qui agit et décide dans l’instant) – l’acteur ( de ses multiples rôles sociaux), le sujet (constitué de son itinéraire de vie, genré et sexué, parental etc.) et de la personne méta (capable de regard réflexif, de développement désiré et de spiritualité).

    Voilà un exemple-témoignage du développement possible d’un chemin de liberté qui certes m’a demandé du temps, de l’effort et de la volonté.

    Jean Claude

  20. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Vous avez sans doute raison, Jean-Claude, et je veux bien vous croire.

    Cependant, je pense quand même, que c’est notre intuition première qui compte et conte…

    Et quand la méthode corrobore notre a-méthode, c’est un bon heur quelque part, n’est-ce pas?

    Belle et douce nuit

    Kalmia

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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