Je sortais dimanche de la présentation de mon livre Génération Woody à la Halle Saint-Pierre. Cet ouvrage paru en juin n’a recueilli encore aucun écho dans la presse nationale, où l’on a opposé parfois à mes demandes que le sujet était un peu trop « sensible »…
Or voici qu’en déambulant hier lundi sur le Boulevard Saint-Michel, cette sensibilité m’a sauté au visage : on y découvre un panneau d’affichage sauvage, en face de Gibert et à deux pas de la rue Champo (épicentre de la cinéphilie parisienne !), exhibant la photo d’un Woody Allen cloué (parmi d’autres) au pilori. Le jour même où le cinéaste entame à Paris le tournage en français de son dernier film (avec Valérie Lemercier et Niels Schneider), bienvenue Mr Allen ! Il ne manque, barrant cette affiche apposée par quelques ardentes néo-féministes, que le mot Juden…
Quelle infâmie ! Et quel journaliste protestera, quel magazine lavera cette honte que nous ressentons devant un pareil traitement ?
J’ai écrit mon livre pour défendre WA sur deux plans, celui de la justice (remplacée dans son cas par le « tribunal médiatique » des réseaux sociaux, ou asociaux), et celui du jugement esthétique, qu’il faut rendre à cet immense, cet exceptionnel artiste (encore assez méconnu à mon avis).
Le moment n’est-il pas venu, Mesdames et Messieurs les journalistes, de réagir ? Et, pour les féministes sincères du mouvement Metoo, de faire le tri ou le ménage, sans céder à d’odieux amalgames ? Je discute assez longuement dans mon livre de cette « affaire » qui accable Woody Allen, j’y demande qu’on tienne compte des deux rapports de police qui l’ont innocenté, qu’on prenne connaissance de la lettre de Moses, le fils de Mia Farrow, facilement disponible sur Internet, qui témoigne des méthodes de sa mère adoptive, et qui, présent dans la pièce le jour des prétendus attouchements, dément toute cette affabulation d’une compagne jalouse et ivre de vengeance…
Mia Farrow, ne pouvant porter l’affaire en justice puisque l’enquête lui donnait tort, s’est rabattue avec le succès que nous voyons sur les réseaux sociaux. Où l’on préfère croire une femme véhémente plutôt qu’un homme abasourdi, maladroit dans sa propre défense… C’est pourtant Woody qui s’est soumis au détecteur de mensonge, et Mia qui a refusé d’y passer.
Il est constant, il est terrrible que (loi connue sous le nom de Gresham) « la mauvaise monnaie chasse la bonne », la rumeur chasse l’information, les réseaux sociaux remplacent la justice, l’indignation bien-pensante ou une bruyante moraline piétine les simples faits. Renseignez-vous un peu avant d’accuser !
Ne fourrez pas tous les hommes dans le même sac !
Un peu de discernement !
Quand vous aurez stigmatisé à tort et à travers, dansé la ronde sur des corps gisants, foulé aux pieds une réputation, cloué au pilori un innocent, saurez-vous reconnaître votre faute, et faire amende honorable ?
Hélas, le mal est fait, Woody Allen emportera dans sa tombe cette flétrissure ignoble, et comme m’a déjà répondu une propagandiste zélée de la rumeur, IL N’Y A PAS DE FUMEE SANS FEU… Rideau !
L’affiche rouge, décrite par Aragon
et chantée par Ferré
Laisser un commentaire