Aragon, un portrait (3)

Publié le

Bêtise d’Aragon ?

 L’intelligence d’Aragon éclate partout, elle brûle, mais elle étonne aussi par ses déconcertantes collusions avec la bêtise. Ne pouvait-il, sur ses passions amoureuses, en faire un peu moins ? Et puisque de son propre aveu l’amour d’Elsa l’avait conduit, circa 1930, à sa conversion réaliste et à son affiliation effective avec le P.C.F., n’aurait-il pu desserrer ce nœud fatal, l’enchevêtrement de l’amour-la politique qui fonctionne aussi comme machine à aveugler et à broyer ? Car l’engagement d’Aragon fut une affaire de famille, et d’un amour cellulaire non négociable, à l’instar de tant de communistes d’ailleurs, avec dans son cas propre la revanche à prendre sur les faux pères fauteurs de guerre, et sur la honte. La croyance, l’attachement, la dépendance, le service figurent autant de passions lourdes ; Aragon les documente de première main avec son intransigeance de moine-soldat en matière de foi. Un curieux document du début de 1957, alors que le Parti tangue et se vide à la suite des terribles péripéties de l’année 1956 (rapport « attribué à Khrouchtchev » de février, écrasement de la révolte de Budapest par les troupes du pacte de Varsovie en novembre), témoigne de cet état d’esprit : évoquant dans la revue Europe son défunt camarade Jean-Richard Bloch, Aragon distingue entre les hommes de conscience et les hommes d’honneur. Les seconds, plaide-t-il, sont en politique toujours supérieurs aux premiers, trop ondoyants, sujets à l’introspection et au doute là où les hommes d’honneur tiennent sur leurs engagements, leur parole ou leur rang. Ecrite pour faire rentrer « les rats dans leurs trous », cette bizarre chronique identifie au fond les fidélités politiques et conjugales : quelles que soient les avanies d’un couple, l’honneur consiste à ne pas rompre ! Comme l’a remarqué Vitez, les positions d’Aragon se réclament souvent de valeurs aristocratiques, c’est-à-dire religieuses et militaires, qui font de lui au XXe siècle un personnage assez anachronique. La fidélité et la foi, dans l’Eglise comme dans l’Armée, ça ne se discute pas ! Ce trait de caractère explique l’admiration que lui vouèrent Claudel ou Jean d’Ormesson, comme la détestation venue des gens de la gauche non communiste : à la mort d’Aragon, les nécrologies parfois d’une rare violence se firent à front renversé, le Figaro saluant avec respect, et Libération par des quolibets.

La mémoire d’Aragon, quels que soient les immenses accomplissements de son œuvre, demeure en effet aujourd’hui enfouie sous les décombres du communisme. Comment l’en désincarcérer, et par quel bout plaider son dérangeant dossier ? Nous venons de rappeler combien il diffère de nos intellectuels standards : alors que nous associons à ceux-ci la liberté de parole, un individualisme sourcilleux et les beaux gestes de rompre, lui mit son honneur à toujours condamner, en amour comme en politique – et au fond en art – le monstre ébouriffé de l’individualisme, « cette espèce d’analphabétisme social », et à demeurer solidaire du Parti pour y mener son tortueux combat, peu visible de l’extérieur. C’est qu’Aragon, comme Aurélien, s’explique avant tout par la guerre (qu’il fit deux fois sans compter la guerre froide), alors que nous, ses admirateurs ou ses détracteurs, vivons dans une paix relative. Que cette idée nous plaise ou non, le rescapé de Couvrelles, de Dunkerque ou du rapport Khrouchtchev ne sera jamais tout à fait notre semblable.

Nous ajouterions volontiers que, comme Géricault choisissant de suivre sur un coup de tête Louis XVIII et les Princes dans leur boueuse chevauchée en direction des Flandres, parce qu’il porte un peu par hasard l’uniforme des mousquetaires du Roi, Aragon fit par honneur le choix d’un certain déshonneur : l’important était de ne pas rejoindre « les rats ». Comment s’orienter dans l’Histoire ? Persuadé qu’un homme seul ou que l’individu n’est jamais en bonne compagnie (pour le dire avec Valéry), il s’en remit aux orientations données par son cher Parti, au risque de souffrir mille morts morales lors d’épisodes comme le pacte germano-soviétique de 1939, la condamnation d’un communisme national en 1940, l’affaire du portrait de Staline en 1953, l’annus horribilis 1956 et tant d’autres péripéties qui le virent ferrailler, avec un inégal bonheur, contre les diktats soviétiques et leurs relais chez ses camarades. Aragon ne fut pas l’âme serve ni le lâche apparatchik que se plaisent à stigmatiser ses ennemis : il se battit comme le lion, qu’il fut souvent, dans les colonnes des Lettres françaises ou plus rarement de L’Humanité, et il est souhaitable qu’on puisse, après la poésie et les romans, éditer ses œuvres critiques complètes et les milliers d’articles (à commencer par Ce soir) qui révèleront un paysage inédit, et lui rendront justice.

Il savait…

 Il semble futile de se demander encore ce qu’Aragon savait exactement des crimes de Staline, du goulag et du rapport des forces politiques en U.R.S.S. Bien introduit à Moscou, où sa belle-sœur Lili Brik vivait dans la cage à la fois dorée et précaire d’une privilégiée du régime (qui lui avait tout de même tué deux compagnons, me dit Aragon un jour), et parlant assez vite le russe, nous supposerons que comme dans sa première famille, il savait. Mais qu’il ne pouvait le dire aux camarades moins informés, qui fixaient toujours la terre promise avec les prunelles des croyants. L’affaire du Retour d’U.R.S.S. d’André Gide publié en 1937 est éclairante : Aragon a aidé Gide à Moscou, il a lu son livre d’ailleurs riche en nuances et il ne peut, sur toutes ses critiques, lui donner tort – mais le Parti se déchaîne. Plutôt mentir avec Thorez qu’avoir raison avec André Gide ! Et hurler avec les loups… Une solidarité de classe, en cette période de Front populaire, de montée de la guerre et de très durs affrontements avec la droite, l’emporte infiniment sur l’énumération de quelques « ombres au tableau ».

Encore aujourd’hui, ses adversaires déclarent Aragon insupportable car menteur et falsificateur ; on peut le défendre inversement en remarquant que sa fidélité paradoxale au Parti a fait de lui un être déchiré et tragique, qui voit la vérité sans pouvoir la dire, et qui cherche pour cela des biais, ou des métaphores acceptables. En d’autres termes, la contrebande – l’art de susciter des pensées interdites avec des mots autorisés, qu’il pratiqua avec un rare bonheur sous l’Occupation – change de camp : le « dernier Aragon », qu’on datera de 1956 (qui voit paraître l’absolu chef d’œuvre du Roman inachevé), doit à la fois dire et ne pas dire, ou pire encore : mettre en scène sa pensée captive. Des pages du Fou d’Elsa et de La Mise à mort témoignent admirablement de ce double bind, ou de ce tour d’écrou. Son adhésion, loin de simplifier le militant ou l’homme d’organisation, l’a au contraire rendu beaucoup plus intéressant, plus complexe et tordu que le premier écrivain venu. Fixant par son écriture des secrets, il nous invite à lire entre les lignes. A-t-il jamais sacrifié au jdanovisme, qu’un Rinaldi lui jette en injure ? Ne s’est-il pas battu énergiquement contre les poussées d’ouvriérisme dont il fut le premier à souffrir ? Les lecteurs des Lettres françaises furent-ils crétinisés par lui, ou n’a-t-il pas plutôt, chaque fois qu’il en avait l’occasion, soit presque chaque semaine, singulièrement élevé le débat ?

Arlequin tragique et secret

 Sur toutes ces contradictions de son personnage, l’homosexualité affichée par le veuf d’Elsa, à partir de 1971 et jusqu’à sa mort (survenue le 24 décembre 1982), jette une dérangeante lumière. Aggravée par l’exhibition télévisée sous le masque, devant les caméras de Raoul Sangla, lors d’entretiens avec Jean Ristat diffusés sur la 2e chaîne en 1979. Là-dessus encore, ses adversaires eurent beau jeu de dauber, ou de broder une nouvelle version du tract « Paillasse ! » lancé contre lui par les surréalistes en 1932 : on vous l’avait bien dit que son Elsa sonnait faux, il vous a décidément bien eus ! Et Maurice Nadeau de dénoncer dans ces apparitions masquées le spectacle peu ragoûtant « d’un homme qui se noie ». Est-ce ainsi que les hommes survivent ?

Les mêmes auraient pu remarquer que cette affaire du masque, ou ce drame du visage, venaient de loin : que par exemple on voit, dans le dernier conte véritablement séminal du Libertinage intitulé « La Femme française », une libertine dépouiller littéralement de son visage l’homme qui lui fait l’amour ; que l’intrigue d’Aurélien tourne autour du masque blanc de l’Inconnue de la Seine ; que dans La Mise à mort Alfred a perdu son image dans les miroirs ; que le dernier chapitre de Blanche ou l’oublimultiplie les allusions à L’Homme qui rit de Victor Hugo, et les citations de Stendhal qui porterait « un masque avec délice », ou de Michel Foucault célébrant « l’éclatement du visage de l’homme dans le rire, et le retour des masques » ; qu’une bonne part de Théâtre/roman enfin, dès son titre même… Ces diverses dé-capitations pointent un drame de l’identité, et une scène qu’on dira pour le coup capitale – ou carnavalesque. Car « Le Carnaval » est justement le titre d’un des plus beaux contes d’Aragon, inséré dans La Mise à mort

« Perdre, mais perdre vraiment – disait Apollinaire – pour laisser place à la trouvaille ». Aragon en écho il me semble, dans La Défense de l’infini, repoussait par la voix de son héros Michel « ces hommes faits que j’exècre ». Tandis que le Parti dépêchait les gardes du corps sous ses fenêtres et jusque dans sa cuisine pour prévenir un geste fatal, le veuf une nouvelle fois entreprit derechef, méthodiquement, de se dé-faire ou de se perdre. Le jeu consistait à s’enfoncer assez profondément dans les rues de Paris, la nuit, où plus d’un y croisa le masque, gesticulant. Dans ces années terminales d’une nouvelle et paradoxale jeunesse, Aragon aurait pu trouver une mort à la Pasolini, et il n’est pas exclu qu’il l’appelât : « Je lui dirai merci de tout mon sang » (Les Chambres). Le jeu fut aussi de composer l’étrange mosaïque des « murs », qui peuplèrent peu à peu d’images arrachées, de collages ou de fragments de lettres les cloisons de l’appartement, comme un déballez-moi ça de cette survie impure : bien digne de Maldoror, cet ultime monument élevé au coq-à-l’âne absorba les dernières années d’Aragon. Mais aussi l’entreprise tellement étrange de l’Œuvre poétique en quinze volumes, dont il ne réussit à éditer lui-même que les huit premiers, pour lesquels il confectionna, émonda et cisela d’ahurissantes préfaces – Gérard Genette en parle comme d’un « triste gâchis » –, ne se contentant pas de rééditer sagement ses textes mais les rebrassant, les raboutant aux circonstances de leur nouvelle publication, dans un extraordinaire effort de chorégraphie mentale, pour remettre encore une fois le monument en mouvement, et tailler un habit d’Arlequin à sa propre statue. Comment ne jamais finir ? Par l’homosexualité, la    composition en décombres des murs ou la carnavalesque Œuvre poétique, c’est un masque qui persiste et qui signe, parachevant magistralement la confusion des genres.

 Aragon-en-l’île

Trente ans après sa mort, le calme semble revenu : l’orageux, l’harassant ouragan n’est plus qu’un mot d’or sur nos places, et l’on vient justement d’inaugurer la sienne, au bout de l’île Saint-Louis. Où l’on peut lire, gravé sur la plaque, ce quatrain : « Connaissez-vous l’île / Au cœur de la ville / Où tout est tranquille / Eternellement ». Les vers d’Aragon se nichent dans l’oreille comme un mantra, nous les habitons, nous nous incorporons ces mots apaisés et devenus si sages, suspendus au cœur du cyclone, du mouvement perpétuel. Qui, nous ? Le peuple de « la foule malheureuse », comme dit l’envoi de Blanche en inversant le « Happy few » stendhalien. Ceux à qui les mots manquent pour dire leurs passions les demanderont à cet homme qui fut lui-même tant d’hommes (et quelques femmes !) – tant qu’il y aura des hommes, et des femmes, pour aimer, lutter et désespérer, pour chercher – éternellement ?

9 réponses à “Aragon, un portrait (3)”

  1. Avatar de Aurore
    Aurore

    Bonjour, chers lecteurs de cet espace!

    Est-ce bien raisonnable d’écrire son mot, à la fin ce cette série de billets qui chantent la recherche éternelle?

    Pas sûr, mais bon, on s’y risque!

    Dans les années cinquante, au fin fond de nos campagnes, on ne lisait pas Aragon même si parfois, on se passait « La Terre » en catimini là où il reste sans doute, en quelque vieux grenier, des brochures de Maurice Thorez ou de Jacques Duclos…Il n’est pas impossible qu’en ces temps-là, une certaine idée d’un fils de riches, s’en allant au diable vauvert pour faire la révolution traversât l’âme paysanne pour s’y imprimer et surprendre la fille du gentilhomme citadin, bien des décennies plus tard.

    Lui aussi a vécu les masques et comme quelques autres en haut comme en bas, il est devenu gaullien.

    Masques chez Nietzsche, chez Gaston Bachelard aussi. Dans « Le droit de rêver », la phénoménologie du masque nous donne des aperçus sur ce dédoublement d’un être qui veut paraître ce qu’il n’est pas et qui finit par se découvrir en se dissimulant, par sa dissimulation. La notion de masque, précise G.Bachelard, travaille obscurément dans notre psychisme.

    Et l’Arlequin du « Tiers-Instruit » de suivre ses chemins serriens de traverse…

    Puis vint la chanson avec la vedette de « Ma France » et de ses belles montagnes, jouant aux boules avec les gars du village. Entre deux parties sur la place ou deux causettes au Conseil municipal, parlez-moi d’Aragon?

    Enfin bon, si ça fait marcher le commerce, palsambleu!

    Coralie, fille de la mer, qui fait partie, j’imagine, de ces rares personnes qui lisent ce blogue, à ton tour de te jeter à l’eau ou tendre la perche au « moderne qui se noie »…La fable de l’enfant et du maître d’école est toujours d’actualité, à l’heure où la foule déambule, crie sa désespérance dans les rues des villes de grande solitude.

    En tout cas, dimanche, on va « écouter-voir » l’onde mystérieuse sans la troubler, pour qu’elle revienne!

    Aurore

  2. Avatar de toilage
    toilage

    Merci pour ces portraits si précieux contre la tentation du jugement à l’emporte-pièce. La haute couture n’est pas un luxe, quand le client à vêtir est « trop ». Qu’il ne rentre pas dans les moules pré-établis. Merci pour tous ces rappels, et celui de sa proximité avec trois guerres. Il a été l’un des « conscrits des cent villages » en vrai et pour de bon. Allez, si on doit se réfugier dans une grotte, je prévois des livres en plus dans le baluchon …

  3. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Qui se cache derrière le masque d’Aragon ? …
    Toute une vie , n’est-ce pas !

    L’émission sur «  L’inconscient «  podcast de France Inter avec le docteur Juan-David Nasio éclaire ma réflexion de ce 1 mai 2023. J’écoute avec intérêt et délectation l’émission L’artiste et le psychanalyste. Il s’agit moins de décrypter la source et ressources du peintre Félix Valloton (1865-1925) que de mieux se comprendre à travers le ressenti des œuvres observées.

    Présentation de l’émission deFrance Inter.
    « Un tableau cristallise l’émotion de son créateur. Chaque toile recèle l’âme d’un artiste, une âme qui se redresse quand le spectateur que nous sommes entre dans le tableau. Dès que nous regardons intensément une œuvre d’art, son créateur revit et nous parle ».

    Ainsi le masque que Aragon a promené les longues années après la mort brutale d’Elsa lui aurait permis de Survivre ? Au lieu d’aller noyer, dans la Seine, son amertume face à l’existence, nous privant de ce que sa part de génie pouvait encore nous apporter.

    Amertume de nos désillusions … Angoisse face à l’inévitable du bout de la vie. Un combat qui nous incombe.

    PS. Podcast disponible, en replay, sur France Inter. Bonne écoute !

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je tenterai chère Cécile de capter cette émission de France inter, que je ne connais pas. Pour l’amour du peintre Valotton dont nous avons au Musée de Grenoble un très beau tableau.Et pour mieux cerner ce mot-valise d’inconscient – qui n’est sûrement pas « structuré comme un langage », comme les perroquets lacaniens le répètent ! Que de cancans autour de Lacan…

  4. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Merci, Daniel pour votre écho à ma visite sur le blog ! L’expression “cancans” me fait réagir …
    Cependant qu’est-ce que, pour vous, le mot-valise “d’inconscient” ?

    Sans être en capacité de reprendre un discours universitaire, j’associe le mot “inconscient” á celui d’un secret.

    Et le travail d’une cure simple de thérapie ou de psychanalyse a pour objectif de
    désincruster la part sombre de chaque individu. Celle qui lui empêche d’accéder à une forme de vie heureuse.
    La cure ne supprime pas les traumas d’enfance … Elle fait passer l’individu d’un chaos mortifère à une zone de tranquilité psychique qui lui ouvre son destin, sans les amertumes ou aigreurs transformées en colère qui pourrissent son existence, le détruisant à petit feu.

    La psychanalyse est toujours à revisiter à l’aune des problématiques d’aujourd’hui ! Pour moi, les interrogations de psychanalystes actuels qui détricotent, raboutent les concepts mis au jour m’apportent un vagabondage joyeux, toujours créateur.

    Point de prétention livresque, mais un ressenti en éveil. Et une plus grande acceptation et indulgence pour comprendre ce que j’observe comme fractures ou chaos par rapport à mes représentations mentales.

    Concernant les choix de vos chers Aragon, Woody Allen, Léonard Cohen, je goûte leurs talents, sans aboyer sur leurs frasques. A chacun , ses bonheurs et les responsabilités qui en incombent.

    La psychanalyse me montre que chacun garde en soi une part d’immaturité, supportable pour autrui quand elle ne le manipule pas dans le but de le réduire à ses goûts propres.

    Ici … un 2 mai ensoleillé. Et le jardin respire … Moi aussi !

  5. Avatar de Jacques
    Jacques

    Merci, Madame d’Eaubonne, je vais prêter l’oreille, c’est certain.
    Oui, Monsieur Bougnoux, il y a bien au Musée de Grenoble, une femme nue sur un fauteuil.
    Si l’on voyait la belle « s’asseoir nue dans l’église », grand Dieu du ciel, que diraient nos rosalbins lacaniens?
    Moi qui ne suis pas sorti du lac obscur ou inconnu de l’inconscient et ne suis qu’un pauvre ménure en pleurs, je vois simplement dans l’expression blasphématoire entre guillemets, les lettres permutées du titre d’un livre « Les liaisons dangereuses ».
    Pour éviter la noyade, j’appelle au secours! Je demande, je supplie notre Magister J-F R de me tendre la perche pour me tirer de danger.
    Puisse-t-il ouïr mon SOS qui n’est pas de l’imitation, palsambleu!
    A bientôt , si Dieu le veut.

    Jacques

  6. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Merci Cécile pour cette référence que j’ai trouvé intéressante sur l’interprétation des rêves. Il y en a beaucoup à écouter !
    Ce mot d’inconscient est bien paradoxal puisque défini comme l’opposé d’un terme que l’on a encore beaucoup de mal à définir. En visitant les neurosciences la phrase de Lacan n’est peut être pas si éloigné du réel quand on la prend au mot à mot et sachant que « langage » comme « inconscient » n’ont sans doute pas la même signification chez les neuroscientifiques que chez Lacan. Quand on évoque la pensée intérieure, les processus cérébraux non conscients vont faire émerger des schèmes ou éléments de pensées conscients. Ces processus de « penser non conscient » sont des langages internes et propres à chaque personne qui vont être traduits en langage externe pour communiquer avec nos pairs. C’est une hypothèse de recherche très intéressante. Un exemple assez trivial : certaines personnes peuvent penser en une langue et s’exprimer oralement ou par écrit dans une autre langue (Anglais vers Français) ou encore dans mon cas (visuel/paysage vers auditif/récit)….
    Jean Claude

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Chers amis, Je suis ce mercredi et pour une quinzaine de jours en Italie , avec un internet … disons intermittent. Je vous répondrai mieux demain !

  7. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour!

    Oh, que c’est difficile tout ça!

    Je crains fort ne pas être à la hauteur et faire moi aussi ma harangue sans être capable d’aller à l’essentiel, cher Jacques.

    Ce que dit Madame C…me paraît juste, l’inconscient est le secret, secret non par discipline mais par nature.

    Je suis au diapason avec son propos empreint de sincérité et de bénévolence…Et pourtant, je ressens en mon for intérieur qu’il n’est pas possible, en tel domaine, de se passer des universitaires.

    . Très inspiré par les travaux de Carl G.Jung, Bachelard va inventer « la psychanalyse de la connaissance objective »

    « De toutes les écoles de la psychanalyse contemporaine, c’est celle de C. G. Jung qui a le plus clairement montré que le psychisme humain est, en sa primitivité, androgyne. Pour Jung, l’inconscient n’est pas un conscient refoulé, il n’est pas-fait de souvenirs oubliés, il est une nature première. L’inconscient maintient donc en nous des puissances d’androgénéité. Qui parle d’androgénéité, frôle, avec une double antenne, les profondeurs de son propre inconscient. » (La poétique de la rêverie, page 50)

    Jean-Yves Tadié, à la mi-août de l’année dernière, m’écrivait que l’on pouvait appliquer Bachelard à Proust, mais c’est entre Proust et Freud qu’il a choisi de faire surgir « le lac inconnu », celui du « Temps retrouvé » qu’il ne messied pas de citer :

     » …ce magnifique langage, si différent de celui que nous parlons d’habitude et où l’émotion fait dévier ce que nous voulions dire et épanouir à la place une phrase tout autre, émergée d’un lac inconnu où vivent des expressions sans rapport avec la pensée et qui par cela même la révèlent. » (Jean-Yves Tadié a dirigé la thèse universitaire de l’auteur de « Fugue américaine », son dernier roman, à cette heure, Ministre d’État, en France.)

    Ne quittons pas de sitôt, le professeur et l’artiste et lisez cette phrase que Monsieur Tadié ne connaissait pas :

    « L’inconscient est un lac obscur ». Par quel étonnant hasard ou parfaite harmonie ses lettres permutées font découvrir un « blanc inconnu sous clé stricte ».

    Lundi dernier, au restaurant du lac, près d’ici, un commensal a pris une photo du paysage environnant.

    Sur la table, un livre du physicien « Ondine et les feux du savoir » où, sur la couverture, pose la fée en son justaucorps bariolé.

    La photographie fait apparaître un feu blanc sur un tronc d’arbre…Quid de cette étrangeté au rendez-vous de l’arbre de mai? Que de réminiscences convergeant sur un nombre et un lieu! Le soir venu, j’ai vu, lu et compris le feu blanc, en ouvrant à la dernière page « Le Tiers-Instruit » de Michel Serres.

    Lieu d’incarnation d’un métavers occidental, m’écrit le sociologue en son Mythistan où les randonneurs s’intéressent à l’avenir.

    Quèsaco?

    « Lancer ce futur » par anagramme sur « France-Culture » fut l’œuvre de Michel Cazenave qui a vu dans son fameux colloque, la science faire les yeux doux à l’inconscient et de parler du berger et de la bergère avec moult développements sur leurs rapports amoureux.

    Cette année-là Catherine Clément, pour « Mélusine » donc aussi pour Régis Debray, sous l’arbre de mai nous invitait à rêver chacun pour l’autre…

    Alors rêvons, pourquoi pas? Tous unis vers Cythère!

    D’une rencontre au bord d’un lac entre randonneurs. Aujourd’hui, en Piémont, en Grésivaudan, en île-de-France, à Paris ou du côté de Sainte-Soline, ça parle et c’est tout!

    Imaginons un déjeuner sur l’herbe, ensemble, au bord de l’eau…Pour deviser à l’envi des fins de mois difficiles de Monsieur-Tout-Le-Monde et du salaire mirifique de Mme Simonnot, nouvellement contrôleuse? Ou tout simplement déployer la carte pour trouver par quelque pesanteur médiumnique, le point singulier qui révèle une nouvelle géophysique de nous-même?

    Allons ça-voir!

    Kalmia

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

    Lire la suite

À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

    Lire la suite

Les derniers commentaires

  1. Bonsoir, amis du bogue ! On attendait l’argumentaire de Monsieur Serres. C’est fait et bien fait. Une invitation à la…

  2. Du bon usage de MeToo en passant par DSK et Weinstein puis la tragédie du 7 octobre 2023 sans oublier…

  3. Bonjour ! De grâce, Messires, appelez-moi « MADAME » ! Quèsaco ? Eh bien, prenez le moi de « Me » Too…. Mettez la…

  4. N’ayant pas encore lu le dernier livre de Caroline Fourest ni entendu l’émission d’Alain Finkielkraut, j’en étais restée aux passages…

  5. Bonjour ! J’ai quitté ma caisse tardivement, hier soir, et le temps de faire les courses, impossible de trouver un…

Articles des plus populaires