Grenoble, la descente aux enfers ?

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L’attentat à la grenade contre un café associatif du Village Olympique de Grenoble, mercredi soir dernier, marque un point de basculement ou une terrible surenchère dans la guerre que se livrent sur le territoire de notre ville divers trafics, devenus apparemment incontrôlables.

Je me remémore que le 31 décembre dernier, nous rendant Odile et moi à un réveillon au centre ville, du côté de Grande rue, nous avions été frappés par l’état de délabrement du quartier, fontaines vandalisées, trottoirs souillés, attroupements bruyants de SDF, maraude de divers dealers, magasins à vendre, climat d’insécurité qui, peu avant minuit, nous incitaient à presser le pas… Qu’est-il arrivé à notre ville (où j’ai habité plus de quarante années, avant d’en déménager pour m’installer un peu au-dehors, sur les hauteurs) ? Qu’est devenue la promesse d’un slogan de l’élection à la mairie d’Eric Piolle, « Grenoble ville apaisée » ? Le nom du maire écologiste s’affiche un peu partout dans la presse depuis mercredi, mais c’est pour dénoncer presque unanimement son laxisme, ou un idéalisme incompatible avec l’état de guerre ouverte marqué par cet épouvantable lancer de grenade… 

Voici donc Grenoble, jadis ville-laboratoire fleuron d’une gauche associative et inventive, stigmatisée dans la presse comme la ville des narcotrafics, de l’insécurité due à la guerre des gangs, et conséquemment de l’exode de ses habitants ! Grenoble, Le Mythe blessé s’intitulait déjà, dans les années quatre-vingt dix, un ouvrage approfondi de mon collègue Pierre Frappat, qui analysait les aspects et les causes d’une première dégradation. Il faudrait, confiais-je à Odile en cette soirée de Saint-Sylvestre, réfléchir collectivement, en vue des prochaines municipales de 2026, à un bouquin que nous pourrions intituler Grenoble, Anatomie d’une chute…

Qu’est-il donc arrivé à Eric Piolle et à son équipe ? Quels choix malheureux, quelles négligences ou taches aveugles dans la gestion municipale ont précipité ce pourrissement ? Je me suis attelé à la lecture de son livre (Les liens qui libèrent, 2019), Grandir ensemble, Les Villes qui réveillent, évidemment bourré d’excellentes intentions. Comment celles-ci ont-elles dévié, sur quels points de bascule la générosité, ou le dévouement à la cause publique, se sont-ils retournés en faux-pas ou en effets contre-productifs ? Il sera très difficile pour le maire et son équipe, au vu de la situation actuelle, de défendre leur mandat lors des prochaines élections de 2026 ; une échéance d’autant plus critique qu’elle entache d’un soupçon la capacité des Verts, à Grenoble ou ailleurs, à gérer convenablement leurs villes. 

Un numéro bienvenu de Libération, daté du jeudi 13 février (donc non provoqué par l’attentat grenoblois de mercredi soir), faisait justement sa une sur « Les Verts face au dilemme sécuritaire », pour y examiner en pages intérieures les politiques assez divergentes appliquées à Lyon, Bordeaux, Strasbourg ou Grenoble, quatre villes également gouvernées par des Verts. Les déclarations de Piolle reproduites dans ce journal contrastent avec le pragmatisme en usage à Bordeaux, ou Strasbourg, et tranchent par leur radicalisme : interrogé sur les mesures qu’il aurait pu prendre pour enrayer l’insécurité ou la dégradation de l’espace public des rues (n’importe quel visiteur peut noter sur ce dernier point le saisissant contraste entre Lyon et Grenoble), notre maire rétorque sans nuances : « À vrai dire, je m’en fous un peu. Quand il ne reste que des attaques sur la sécurité et la propreté, ça veut dire qu’on a gagné quelques batailles par ailleurs, car on peut toujours se dire qu’une ville n’est pas assez propre, et pas assez sûre ». Les Grenoblois confrontés à l’état actuel de leur ville lui objecteront, à juste titre, la faiblesse de cette échappatoire. Mais le maire d’ajouter : « Face à une situation tendue et au caractère ostentatoire du narcotrafic, des élus de droite et de gauche cèdent sur la vidéosurveillance sans regarder les études. On gigote pôur donner l’impression qu’on ne lâche pas l’affaire, mais il faut résister au tourbillon médiatique. Il y a des fusillades partout ».

Comment Piolle résistera-t-il au présent tourbillon ? Lui qui s’est fait un dogme de ne pas multiplier les caméras de surveillance, qui a renoncé à armer les policiers, contestera-t-il l’efficacité de ces caméras qui ont permis l’identification et l’arrestation rapides d’Owen, l’assassin de la petite Louise ? Et recrutera-t-il encore beaucoup de policiers sans armes, ainsi transformés en cibles ? Les idéesgénéreuses exprimées dans son programme se sont transformées en idéologie ; sa fidélité aux principes en entêtement, voire en déni des dangers qu’il fait ainsi courir à ses concitoyens. Un élu politique n’a pas à demeurer contre vents et marées fidèle à des principes ; on lui demande plutôt d’évaluer en permanence le bon rendement de ces principes face aux successives (et parfois imprévues) situations que son mandat affronte ; et, quand la divergence devient trop évidente, de donner tort aux principes et raison à la situation, ou aux simples faits.

En matière d’insécurité, quel seuil fixer pour déclarer celle-ci tolérable, ou négligeable ? « Il n’y a pas de hausse de l’insécurité, mais il y a une dégradation de la situation autour du narcotrafic. Face à ça, on fait au mieux avec les moyens qu’on a ». Et de se plaindre des « coups de menton » rituels distribués par les ministres qui visitent tour à tour notre ville : « Les ministres viennent instaurer des joutes avec des élus locaux, mais qui est chargé du régalien ? ». Pourquoi Piolle parle-t-il de joutes ? La sécurité n’est-elle pas un bien commun, qui ne relève ni de la gauche ni de la droite, et aussi une responsabilité qui incombe à la fois aux villes et à l’Etat ? L’évitement à cet égard du ministre de l’intérieur vendredi dernier, quand on vit à la télévision Eric Piolle parler avec le personnel du CHU, tandis que Bruno Retailleau s’entretenait avec les habitants du Village Olympique, n’était pas un message de synergie entre la droite et la gauche, le local et le national ; et beaucoup ont dû ressentir qu’en boudant la venue du ministre, notre maire n’affirmait pas une ligne de conviction gagnante pour la fermeté républicaine, mais commettait une faute politique.

Non il n’y a pas des fusillades partout. Mais depuis le printemps 2023, notre ville et son agglomération ont enregistré dix morts et cinquante blessés, au cours d’une cinquantaine de fusillades.

Ville franche, Grenoble a toujours été (paraît-il) une ville violente, ouverte à la gangrène ou accueillante au banditisme. Voici cinquante ans, la collusion de la pègre locale avec la mafia italienne fit la fortune des proxénètes ; il est à craindre aujourd’hui que d’excellentes intentions écologistes, comme l’éclairage des rues mis en sourdine la nuit, pour ne pas « polluer » celle-ci, n’offrent une ombre propice à quantité d’autres trafics.

(À suivre)             

11 réponses à “Grenoble, la descente aux enfers ?”

  1. Avatar de Alain Faure

    Bonne chance et bon vent pour ce projet d’écriture! Concernant l’angle d’attaque, je me demande s’il n’y a pas un risque à trop personnaliser le diagnostic sur Eric Piolle. Le bilan est autant celui de l’ADES (qui historiquement se démarque d’EELV), du Front de Gauche puis de LFI, du PC et de tous les comités citoyens et autres groupes locaux de vigilance qui ont participé à la dynamique impulsée en 2014. C’était un vent plein de fraicheur et de jeunesse. N’oublions pas que ce souffle de gauche anti-institutions, anti-élites et anticapitaliste (quoique très libéral) est au cœur du piollisme dès le départ.
    A suivre !

    PS: pour les archives, ci-joint des liens sur 3 textes (écrits en 2014, 2019 et 2021) commentant la promesse municipaliste des écolos grenoblois. A défaut d’être prévisible, l’actuelle descente aux enfers a été pour partie pressentie dès les premières années dans sa dimension idéologique binaire.
    https://enigmes.hypotheses.org/1230
    https://shs.hal.science/halshs-02437636v1/document
    https://www.jean-jaures.org/publication/les-lecons-du-laboratoire-grenoblois/

  2. Avatar de JEAN CLAUDE SERRES
    JEAN CLAUDE SERRES

    Bien triste regard sur Grenoble que j’apprécie toujours autant lors de mes passages . Ville apaisée et accueillante, idéale pour balader nos petits enfants entres parcs et rues piétonnes du centre ville. Habitant proche de Berriat, de sa multiculturalité et de ses trafics de drogues, depuis 15 ans, je sais que la violence a toujours été présente. Elle se déplace entre saint Bruno, Mistral, la Villeneuve ou avant, Grand place Echirolles. Dans les années 95 le milieux avait infiltré HP à Eybens pour un vol conséquent de PC dans l’unité de production et menaces de mort vis-à-vis de la direction. Je ne me sens pas moins en insécurité à Grenoble que à Nice autant perturbée par les SDF et trafics de drogue mais certes bien moins apaisée que Grenoble.

    Je ne sais pas si les tirs de grenade et kalachnikov sont du ressorts de policiers municipaux (armés ou non) ou plutôt des CRS et de la préfecture mais la rivalité politique n’aide pas entre le nationale et le local !
    jean Claude

  3. Avatar de François GALICHET

    Entièrement d’accord avec toi. La sécurité n’est ni une valeur de gauche ni une valeur de droite, mais la condition préalable de tout pacte social. On ne peut atteindre ni la justice sociale (valeur de gauche) ni l’efficacité économique (valeur de droite) sans la sécurité.
    S’agissant de Grenoble, il y a toujours eu coexistence entre une population d’intellectuels (chercheurs, ingénieurs, universitaires, etc.) appréciant l’environnement grenoblois (ski, randonnées, etc.) et une population de « lumpenproletariat » localisée dans certains quartiers (La Villeneuve, etc.). Cette coexistence peut-elle être remise en cause par la dégradation actuelle ? Pour l’instant la violence est relativement limités à certains quartiers. Mais le sera-t-elle toujours ?

  4. Avatar de Gérard
    Gérard

    Ah, messires universitaires, il faudra bien trouver, un jour ou l’autre, un trait d’union entre base et sommet !

    Mais comment faire le pont ?

    Quelqu’un de votre milieu ou plutôt de vos cimes, est venu partager, naguère, mon brouet…

    Il m’a interrogé sur ce pont…Mais un pont de papier, un pont de livre.

    Son ouvrage va sortir en quelques semaines…

    Les livres, mes bons seigneurs, est-ce bien suffisant ?

    « Englober »(1) pour une montée au paradis.

    Tous unis vers Cythère.

    Gérard

    (1) Ce verbe si cher à K. Jaspers est l’anagramme de « Grenoble »

  5. Avatar de Anetchka
    Anetchka

    « La descente aux enfers » lente et progressive concerne non seulement Grenoble, mais Toulouse, Nantes et d’autres villes dirigées par des écologistes-politiques aux principes qui semblent bien écartés des idées et avancées des chercheurs et ingénieurs du GIEC. Ces derniers nous proposent pourtant des fourchettes d’évaluations air, eau, vents, courants aériens et marins. , températures, sécheresse, humidité, pollution en tout genre, proposent des modèles variables (car il n’y a jamaus unanimité complète en science ) , posent des diagnostics diversifiés; bref, nous ouvrent un chemin planétaire, qu’il est essentiel de considérer.

    A côté, on ne peut que se sentir affligés de voir que les préoccupations des écologistes politiques sont à mille lieux de ces considérations.
    La gueguerre contre les arbres de Noël, les symboles illuminés de cette fête ancestrale et non pas seulement contre les ampoules haute consommation, l’extinction des réverbères nocturnes nous renvoyant à la rue moyen-âgeuse , l’offensive contre le Tour de France; la lutte obstinée et dogmatique, en effet, contre les caméras préventives et si utiles à la justice, à un armement proportionné de la police municipale, face à une délinquance mafieuse recourant de plus en plus aux armes de guerre, pour l’élargissement des trottoirs en guise de réponse à l’insécurité des femmes sur la voie publique….constituent autant de combats inutiles et incongrus (la liste est longue! ). Ces faux combats ont fini par instaurer une défiance grandissante de la population vis-à-vis des vrais enjeux écologiques. Et le train ne repassera peut-être pas deux fois…..,

    La sécurité des personnes et des biens, incluant la liberté de circuler et à se poser ici et là à sa guise et à toute heure – femme ou homme- n’est ni de droite ni de gauche, d’accord avec toi cher Daniel : c’est la condition élémentaire de toute liberté, de tout développement, toute prospérité individuelle et collective…Notre contrat social. On délègue au régalien notre sécurité en toute confiance.

    Les embardées de Piolle « la sécurité je m’en fous », ou autre «  il faut apprendre à vivre avec les dealers » outre leur comique involontaire, sont vécues comme un abandon cynique du peuple, et singulièrement few populations fragilisés, paupérisées des quartiers dits « difficiles ». Incitation dangereuse à l’autodéfense d’individus et de groupes par rupture du contrat citoyen.,,

    Nos villes – et pas seulement celles dirigées par les écologistes, Nice est un bon exemple de la cité minée par le narco-traffic, j’ai constaté le crescendo d’année en année- pourraient bien devenir des îlots Far-West si on ne se ressaisit pas.. . Il nous manque juste une prise de conscience enfin majoritaire, une volonté décisionnaire collective car il existe beaucoup de gens pragmatiques et imaginatifs, non dogmatiques, non sectaires, prêts à agir en ce pays…Ne désespérons pas!

  6. Avatar de Bernard Pouyet
    Bernard Pouyet

    Plus dure est la chute .

    En 1967, le journaliste Cl.Gleyman, ( Combat, Les Temps Modernes …) , publiait chez Robert Laffont, un ouvrage intitulé « 50 millions de Grenoblois » , suggérant l’élargissement du modèle grenoblois à l’ensemble de la population française.
    Au cours des années 60/70, une multiplicité de facteurs convergeaient pour faire de Grenoble une ville-laboratoire.
    En premier lieu, l’élection d’une équipe municipale ( 1965 – 1983 ) , animée par un maire bâtisseur, Hubert Dubedout, mettant en action le programme des GAM, Groupes d’Action Municipale, fondé sur la participation citoyenne et exploitant au mieux l’opportunité et la réussite des JO d’hiver de 1968.
    La conjugaison ,ensuite ,de toutes sortes d’innovations : scientifiques ,industrielles et universitaires sur un territoire, qui avait vu la naissance de la houille blanche et, dans une ville d’histoire ,qui avait connu la Journée des Tuiles et qui avait été faite Compagnon de la Libération ; des innovations sociétales aussi, comme le Planning familial; des innovations culturelles , comme le Symposium de sculptures , voire la création de la Maison de la Culture.
    À l’époque, on comptait plus de parisiens s’installant à Grenoble, que de grenoblois rejoignant Paris.
    Grenoble apparaissait comme la ville de tous les possibles.
    Enfin, une consécration ultime se réalisa en 1967 , quand au mythe de Grenoble s’ajouta le mythe de Pierre Mendes France , choisissant de se faire élire député de la ville.

    Certes, dès cette période des failles ,apparaissaient et Pierre Frappat avait commencé à les inventorier dans son livre « Le mythe blessé », mais son ouvrage a été publié en 1979, et II ne pouvait imaginer les circonstances de la fin du mythe grenoblois ,qui se nouèrent , lors des années Carignon ,( 1983-1995), lesquelles allaient avoir raison du mythe grenoblois ,en faisant passer la ville du registre de toutes les expérimentations, à la chronique des affaires politico-financières.

    Les mandatures de Michel Destot , ( 1995-2014),ont été principalement marquées par la réussite de l’éco-système scientifique et industriel grenoblois, avec cette réserve que le ruissèlement n’a pas fonctionné , ici comme ailleurs, et n’a pas atteint les quartiers et les populations les plus défavorisés ; on a trop pensé alors : « puisque le CEA va tout va »…

    Des facteurs externes expliquent aussi la disparition du modèle grenoblois : d’une part , la fin des trente glorieuses et d’autre part , les lois de décentralisation ,qui paradoxalement , en permettant à de très nombreuses villes d’accéder à une véritable autonomie, leur ont permis de mettre en place des politiques urbaines ambitieuses et concurrentes ,dans le même temps où Grenoble rentrait dans le rang et se banalisait.

    Aujourd’hui, Grenoble apparaît comme la ville du trafic de drogues au grand jour, mais plus encore dans l’échelle de l’insécurité, comme la ville des narco-trafiquants, des fusillades répétées, des assassinats perpétrés ,par et sur , de très jeunes délinquants.

    Faut-il rendre l’actuel maire, et son équipe, responsable de cette situation ?
    En écoutant les propos de l’actuel Ministre de l’Intérieur, Éric Piolle se console peut-être en se souvenant que , le 30/07/2010, le maire de l’époque avait dû subir de la part de Nicolas Sarkozy , alors Ministre de l’Intérieur ,ce qui devait rester comme « le discours de Grenoble », liant explicitement délinquance et immigration.
    Nicolas Sarkozy avait promis l’installation de 60 000 caméras. Déjà ,les caméras…

    Se payer un maire de gauche constitue certainement un petit plaisir, auquel les ministres de l’intérieur de droite ont du mal à résister, mais en l’occurrence Éric Piolle se défend bien mal ,ou aggrave son cas ,lorsque dans une interview à Libération , le 12 février dernier, mentionnée par Daniel , il déclare à propos de l’insécurité
    et de la propreté de sa ville : « À vrai dire , je m’en fous un peu. Quand il ne reste que des attaques sur la sécurité et la propreté, ça veut dire qu’on a gagné quelques batailles par ailleurs , car on peut toujours se dire qu’une ville n’est jamais pas assez propre et pas assez sûre ».

    C’est là que le bât blesse, car quelles sont ces batailles gagnées par ailleurs ?
    Que mettre à l’actif d’une ville qui , après Paris a les taux cumulés de taxe foncière les plus élevés de France ?
    Des pistes cyclables- autoroutes à vélo ? Partout des plantations d’arbres , pas toujours en harmonie avec la patrimonialité des lieux ? Les places aux enfants aux sorties d’école ? Un titre de capitale verte de l’Europe si discrètement mis en action ?Des menus végétariens dans les cantines scolaires ? Etc…?
    Certes et pourquoi pas ?

    Mais ,une politique municipale ne peut se réduire à une politique du cadre de vie en se limitant au registre étriqué de ses compétences.
    Grenoble joue la politique de l’esquive , renvoie à l’État la seule responsabilité du régalien, donc de la sécurité.
    La Ville s’en remet à l’État encore, à la Métro ou à la Région en matière de développement économique , scientifique et universitaire.
    Or ,pour ne prendre que ce dernier exemple ,comment la Ville peut elle s’
    en désintéresser , ne pas s’engager financièrement , ne pas émettre des signaux positifs à l’implantation d’activités , notamment industrielles ?
    Les avancées grenobloises se sont toujours organisées dans une transversalité entre partenaires, État, collectivités locales, entreprises, grands équipements, universités , or voilà que la Ville centre , en bien des domaines ,et aujourd’hui défaillante.

    Sans exagérer la portée des classements sur l’attractivité des villes , dont sont friands les médias nationaux et internationaux, on doit quand même s’interroger quand on voit Grenoble reculer et perdre régulièrement des places.

    Peut-être que Grenoble est à l’image d’un pays, qui perd ses valeurs, ses repères , qui n’a plus confiance dans ses institutions et ses représentants politiques, qui est en manque de projet, qui privilégie le bien être individuel sur l’ intérêt général ?

    Alors , le risque est grand que paraisse demain un livre , dont le titre serait :
    « 68 Millions de Grenoblois ».

  7. Avatar de duchene
    duchene

    Mon cher Daniel,
    A la lecture de ton blog, et fréquentant régulièrement une certaine « grande » rue de Grenoble que tu as traversée un soir de réveillon, j’en suis arrivé aux mêmes interrogations : Une certaine idéologie écologiste peut elle devenir néfaste même si, comme beaucoup de jeunes le pensent, l’écologie doit devenir notre préoccupation prioritaire ?
    Comme toi, je constate que le centre ville de Grenoble est non seulement sans charme mais, pire, sale et peu entretenu. Il suffit de flâner dans les rues piétonnes de Lyon, Chambéry, Aix-les-Bains ou Annecy pour apprécier le charme de ce que peut être un centre ville « apaisé » (comme dirait notre maire), mais dont les commerçants n’ont pas fui vers les centres commerciaux périphériques !
    Les commerces du centre ville historique de Grenoble ferment les uns après les autres à l’exception bien sûr des fastfoods, barbershops, boutiques de vêtements low-cost et débits de boissons qui, eux, étendent leurs territoires de plus en plus sur les trottoirs et les espaces publics.
    Les rues du centre ville sont désormais fréquentées d’une part par les quelques vieux bobos qui n’ont pas émigré dans les banlieues résidentielles et qui continuent à fréquenter les commerces locaux traditionnels – ceux qu’on rencontre le samedi aux Halles sainte Claire – d’autre part par les « jeunes des banlieues » dont beaucoup de jeunes femmes voilées accompagnées de leurs compagnons barbus qui déambulent entre la place Grenette et la place saint André le soir venu, mais aussi par les livreurs de repas à domicile à vélo ou scooter « auto-entrepreneurs » souvent d’origine africaine, exploités par Uber ou Deliveroo, et bien sûr les étudiants qui consomment des hectolitres de bière dans les pubs autour de la place saint André…
    En observant depuis quelques mois les travaux qui ont eu lieu entre la place Sainte Claire, et la place de Bérulle ainsi que sur les rues avoisinantes, qui ont consisté à défoncer les dalles de porphyre en vue de planter quelques arbres, je me suis interrogé sur le bien fondé de ce genre de décisions politiques bien pensantes. Bien sûr les arbres captent du CO2 et réduisent les surfaces imperméabilisés en ville, et ceci est louable, mais, comme me l’a justement fait remarquer un primeur des Halles chez lequel j’ai mes habitudes, si le but est de sauver la planète alors il faut chasser tous les habitants de la ville de Grenoble et les remplacer par des arbres !
    Enfin je terminerais en citant Eric Piolle, comme tu l’as fait, qui en réponse aux nombreuses critiques, a répondu : «A vrai dire je m’en fous un peu. Quand il ne reste que des attaques sur la sécurité et la propreté …»…sans commentaires !

    Jacques

  8. Avatar de Benji
    Benji

    Bosse sur ce que tu connais.
    C’est là que tu peux apporter
    les égarements te desservent
    ils entachent de nullité
    d’autres propos bien pensés
    Benji

    1. Avatar de Daniel Bougnoux
      Daniel Bougnoux

      Je comprends mal votre attaque, Benji, je ne fais dans ce papier que relayer une inquiétude largement partagée à Grenoble, et une déception devant le bilan d’Eric Piolle, qui promettait mieux ! Mais je me documente pour équilibrer, dans un prochain billet, ce premier jugement. Pourquoi, au lieu de m’invectiver, ne donnez-vous pas votre propre diagnostic ? Cela nous éclairerait…

  9. Avatar de m
    m

    Bonsoir ou bonjour !

    Je viens de relire le commentaire d’Anetchka avec lequel je me sens tout à fait au diapason. Peut-être, il y a-t-il une raison supérieure cachée au commun des mortels qui valide en haut lieu, ce qui nous paraît injuste…Je ne sais pas.

    Dans la liste de noms énumérés par notre pilote sur son oiseau, je trouve des auteurs dont les lettres manuscrites sont, là-haut, conservés au grenier dans une vieille armoire avunculaire.

    Pour paraître savant ou « dans le coup » je serais tenté de citer Nicolas Grimaldi !

    « Par l’éveil du besoin cesse la torpeur de l’immanence. » Le Désir et le temps (1971)

    Bientôt, peut-être, quand son livre va sortir, un professeur des « Grandes écoles » viendra me l’apporter et pour l’occasion, j’ai demandé à cette pointure de donner conférence au fin fond de ma campagne. Il a dit oui.

    Il sera question de l’empreinte de Dieu dans le monde quantique et, dans la salle des fêtes ou dans une grange, autour d’une botte de foin, il me faudra modérer la chose…Il n’est pas sûr que tous les gars du village fassent lalala quand la science va dégrafer son corps sage, mes bonnes gens !

    Le thème ? « Le sens de la vie » qui a dans son corps de lettres « L’éveil des ânes »

    À des parsecs de Grenoble et à des années-lumière de la fée sur sa monture, un petit événement sans importance, loin des bruits du monde qui ne va strictement rien changer. Nos campagnes continueront à se vider quand, par anagramme, « la révolution industrielle » – « nourrit la solitude en ville »

    On aura beau à pérorer à l’envi sur les métamorphoses de la science en rappelant celles d’Ovide et d’Apulée, et de poser moult pertinentes et judicieuses questions au tribun magnifique, invité en chaire, rien ne va changer sous nos pauvres tropiques.

    Le physicien le sait : « il roule et n’est rien » – « le neutrino stérile » qui se dévoile par hasard, ici même, en cette renversante anagramme.

    On en serait tous baba si de ce néant, un hi-han du fond des âges nous ferait redresser l’oreille et lever des vivants.

    Je vous laisse sur cette incertaine ballade…Pour qui, pour quoi ? Pour rien.

    m

  10. Avatar de Anetchka
    Anetchka

    Loin des étranges actions et propos du maire à l’étiquette « écologique » , on s’envole plaisamment avec M vers les sphères quantiques.

    Il est vrai que certains chercheurs comme Karl Thibault estiment que la science quantique pourrait nous offrir des solutions aux changement climatiques : « Quantum for climate ». Quant à « l’empreinte de Dieu » dans ce microcosmos, l’auteur semble l’esquiver…. Et de « neutrino stérile » ; il n’est pas question. Au passage, pas mal l’anagramme « il roule et il n’est rien « . En fait, nuance: il est presque rien (masse infime en principe) et comme dirait notre Raymond Devos national : « presque rien, c’est déjà quelque chose! » .

    Quant à l’animal , autre thème apprécié des écologistes, évoqué via une pirouette par M, , « pilote sur son oiseau », , «  l’éveil des ânes », « hi-han du fond des âges », il surgit de manière tout aussi insolite chez nos physiciens quantiques. On n’a pas oublié le célèbre « chat mi-mort mi-vif » de son propriétaire Schrödinger, mais on ne soupçonnait peut être pas l’existence, sans métaphore cette fois, d’une « navigation quantique des oiseaux migrateurs «  (le jars du petit Nils ne vole certes pas au hasard!) , autrement nommée « boussole quantique », ces volatiles étant apparemment dotés d’un 6e sens.
    Mais de cela, tout comme de la sécurité de ses habitants, le maire de Grenoble se soucie comme d’une guigne !

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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Les derniers commentaires

  1. Loin des étranges actions et propos du maire à l’étiquette « écologique » , on s’envole plaisamment avec M vers les sphères…

  2. N’étant pas spectatrice de ces chaînes, n’étant tombée que deux-trois fois sur le plateau de Cyril Hanouna, j’ai été néanmoins…

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