J’ai beaucoup négligé ce blog depuis avril, un mois où nous sommes partis trois semaines en Guadeloupe, pour un séjour qui nous laisse des souvenirs radieux. Malheureusement, quelques jours après notre retour, j’ai été rattrapé par la dengue, une piqûre de moustique qui laisse son hôte complètement à plat, incapable de faire mieux que dormir, dans un état végétatif qui a duré une dizaine de jours, et dont je me crois sorti en ce début de juin, mais avec encore une certaine « fatigabilité » – en bref un état que je ne souhaite à personne.
Le Randonneur a donc connu une interruption de deux mois, ce qui n’empêche d’ailleurs pas sa fréquentation, dont je me réjouis ; les textes accumulés, 595 billets à ce jour, garantissant une manière de butinage au fil des sujets abordés. Un malheur n’arrivant pas seul, c’est au cours de ces mois que la rédaction de La Croix, qui accueille mon blog depuis janvier 2013, m’a annoncé qu’elle mettait fin (pour des raisons qui m’échappent) à tous ses hébergements, et que le mien sera donc clôturé avant la fin de ce mois. Dure décision ! Atténuée par le transfert de mes données, et la conservation de l’ensemble de mes textes, commentaires compris me dit-on, sous un autre nom de domaine.
Je tenais à conserver la mention du « Randonneur », devenue un peu mon enseigne, mais ce mot se trouve déjà pris. Et, comme me l’explique mon interlocuteur à La Croix, il risque d’attirer les consultations sur un malentendu, puisque j’emploie ce vocable au sens figuré. On m’a donc suggéré « Les écrits du Randonneur », ou « Le Randonneur en pensées », et autres variations… J’aurai bien aimé « Randonner en pensées », mais l’accent aigu fait difficulté et ne peut apparaître dans un nom de domaine ; j’ai caressé la formule « En pensant, en randonnant », mimant le En lisant, en écrivant de Julien Gracq, référence un peu trop littéraire… Nous venons de tomber d’accord sur « Le-Randonneur-pensif.com », qui sera désormais mon adresse – l’ancienne fonctionnant encore pour quelques mois comme renvoi.
Je suis très reconnaissant à La Croix de m’avoir hébergé, c’est-à-dire un peu parrainé et encouragé, durant ces treize et quelques années, et d’abord à Jean-Claude Raspiengeas qui m’en a fait la proposition. Je ne savais rien alors du fonctionnement d’un blog, de sa souplesse, de sa flexibilité. J’y ai trouvé une alternative heureuse aux publications de papier : moins de contraintes (éditoriales), plus de légèreté, de rapidité (un sujet m’effleure, il entraîne la rédaction de quatre feuillets qui se retrouvent dans l’heure suivante publiés, sans subir le contrôle d’aucun « comité ») ; et une réactivité stimulante des lecteurs qui laissent parfois leurs « commentaires », et engagent le débat. Cette écriture du blog peut converger sur des sujets consistants, dignes de « faire un livre » – et c’est arrivé pour Woody Allen, prépublié en billets successifs avant de paraître au Bord de l’eau sous le titre Génération Woody (2022). J’espérais le même sort pour Leonard Cohen, auquel j’ai consacré à ce jour une dizaine de billets, mais le « sujet » est encore dans les limbes, et d’un traitement difficile. J’ai consacré parfois à un auteur une série, comme l’année dernière en juillet-août la séquence « Un été avec Tintin » (huit billets successifs), dont je suis assez fier, et que je relancerai peut-être cet été autour d’un autre chef d’œuvre de notre littérature.
595 billets, de quatre-cinq pages en moyenne, cela fait finalement beaucoup – l’équivalent d’un gros livre de 2500-3000 pages peut-être ? Un kaléidoscope de mes humeurs, une galerie de mes curiosités ; j’aime bien l’idée de randonnée, avec son étymologie du random, du hasard qui fait parfois si bien les choses… À travers ce blog aussi j’ai rencontré des esprits, noué des contacts durables, vérifié des sympathies ou des convergences de pensées. Et j’ai esquissé mon propre portrait, en traitant de sujets ou de personnes que j’aime, Aragon, François Jullien, le cinéma, la chanson… Ou d’autres noms de romanciers que je trouve audacieux, d’artistes qui m’aident à respirer ou à vivre.
Rendez-vous donc, amis lecteurs, sur cette nouvelle adresse du Randonneur-pensif où, je l’espère, nous relancerons et parcourrons quelques années encore ce chemin partagé !
Daniel Bougnoux
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