Aimer d’entre les morts

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Est-ce d’ouvrir ce lundi le chalet d’alpage, au-dessus de Briançon, où resplendissent les couleurs de l’automne, et d’affronter dans cette maison que Françoise et Brieuc aimaient tant leur double spectre ?… Je suis seul, les mélèzes n’ont pas totalement viré à l’orange ni les trembles au jaune vif, mais les cerisiers sont d’un rouge éclatant. Nous célèbrerons dans une semaine le Jour des morts, et je me répète pourtant devant tant de couleurs que « l’automne aussi est une chose qui commence », qu’il ne faut pas s’identifier aux disparus, macérer dans leur perte, qu’eux-mêmes n’auraient pas voulu ça…

Il se trouve que j’ai (re)vu avant de partir Vertigo, l’un des chefs d’œuvre incontestables d’Hitchcock, titre plutôt mal traduit par « Sueurs froides », et que je viens de relire l’analyse qu’en donna Jean-Pierre Dupuy, complètement obsédé lui-même par ce film qu’il vit plus de cinquante fois ! (On trouve son texte à la fin de La Marque du sacré, Carnets nord 2008.)

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Vertigo traite d’une hantise, donc du spectre, mais qu’a-t-il pour nous fasciner tellement en retour ? Quel est le ressort, le spin ou le pitch de cette ténébreuse intrigue qui semble dès le générique s’enrouler sur elle-même en spirale ? Boileau et Narcejac étaient déjà à l’origine d’un film, Les Diaboliques tourné par Clouzot, dans le style d’une intrigue policière, un genre que Vertigo survole d’assez haut. Scottie (James Stewart) est un ancien policier de San Francisco mis sur la touche pour cause d’acrophobie, ou mal des hauteurs ou vertige (il a côtoyé de près le vide dans une course-poursuite sur les toits, qui ouvre le film, et son collègue qui lui tendait la main en est mort) ; il se laisse approcher et décider (non sans mal) par un ancien ami, Gavin Elster, de prendre en filature sa femme Madeleine (merveilleuse Kim Novak). Celle-ci a d’étranges absences (physiques et mentales), au point que son mari craint qu’elle ne se suicide. Scottie commence donc à espionner la douce et séduisante Madeleine, qui l’entraîne dans son sillage au musée de San Francisco, où elle contemple longuement le portrait de sa supposée ancêtre Carlotta Valdès, dont ses cheveux reproduisent le même chignon noué en spirale ; elle se rend de même chez un fleuriste acheter un bouquet ressemblant à celui du tableau, puis sur des tombes, ou devant un hôtel dont elle loue une chambre, ou au pied du pont du Golden Gate où, d’un seul coup, elle se jette à l’eau. Scottie la sauve de la noyade et la ramène inconsciente (et nue) dans son propre lit, en mettant son linge à sécher. A partir de là, une inclination amoureuse se déclare entre les deux protagonistes ; Madeleine avoue à son poursuivant qu’elle ne peut aimer que dans la mort, qu’elle est la proie d’une possession par son aïeule Carlotta et qu’elle doit pour cela se rendre en un certain village, San Juan Bautista, où elle entraîne Scottie pour se jeter sous ses yeux du haut du clocher : en la poursuivant dans les marches, son amoureux pris de vertige n’a pu empêcher ce geste désespéré. Fin de la première partie, dont nous allons bientôt apprendre qu’elle est entièrement fausse ou « manipulée ».

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Faut-il raconter la suite ? Je supposerai que mon lecteur connaît bien tout cela. Attardons-nous plutôt sur la double identification : Scottie s’identifie à « Madeleine » qui s’identifie à Carlotta, il tombe amoureux d’une femme elle-même amoureuse d’une morte, cette aïeule qui lui renvoie sa propre image. Il aime (assez désespérement) « Madeleine » pour ses absences, ses dérobades. Plusieurs critiques ont posé la question de savoir si Scottie la déposant nue dans son lit avait fait, hors champ, l’amour avec elle. Car après tout lui-même l’a déshabillée… Hypothèse ridicule ! L’impuissance de Scottie est soulignée dans le film où Jame Stewart incarne (à merveille) un timide, un homme battu par sa propre infirmité. Et la présence à ses côtés d’une « fiancée » qu’il n’épousera pas, la robuste dessinatrice de soutiens-gorges (!), tout à tour maternelle et pratique, et qui aimerait tellement le séduire, souligne ce trait fatal : les amours de Scottie ne sont pas de ce monde.


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Revenu à une vie d’errance après un sévère épisode dépressif, Scottie hallucine : il croit reconnaître partout Madeleine. Or celle-ci inopinément ressurgit, dans la rue et sous l’aspect d’une femme plutôt vulgaire ; Scottie la suit dans sa chambre, il ne veut que le plus possible « la regarder ». L’intrigue atteint ici l’un de ses climax : la fausse Madeleine (appelée Judy) a été forcée de jouer précédemment son rôle de rêveuse et suicidante bourgeoise par l’époux devenu son amant, et désireux de se débarrasser de sa femme en jetant son corps (aux habits identiques) du haut du clocher… Or elle voit revenir l’homme qui l’a aimée, et qu’elle aime (alors qu’Elster n’a fait que la manipuler), mais qu’elle ne peut d’abord que repousser… La tension culmine admirablement dans les scènes d’habillage, par lesquelles Scottie exige de Judy qu’elle endosse au détail près la toilette de la morte, et nous voyons par amour celle-ci se soumettre à ce caprice, acceptant (non sans réticence) de rémunérer le fantasme de cet homme amoureux d’une autre, et dont le fétichisme la brutalise.

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Hitchcock, je crois, aura rarement filmé quelque chose d’aussi fort. Une critique venue des féministes a dénoncé la conception très machiste, voire sadique de l’amour de Scottie, reflet de l’érotisme supposé du réalisateur qui n’est pas tendre avec ses actrices, et qui livrera bientôt la malheureuse Tippi Hedren au tournage cauchemardesque des Oiseaux (1963)Hitchcock ne filmerait-il que des femmes-objets ? Or ces scènes tournées dans les salons des magasins de couture, ou dans la chambre éclairée de vert de l’hôtel Empire, reflètent assez précisément les conditions d’un tournage : Scottie y est la proie d’un film dans lequel il instruit sa partenaire en conséquence, son amour s’apparente à la direction d’actrice ! Mais la même critique oublie qu’Hitchcock filme simultanément, sans les édulcorer si nous savons entendre, les affres de l’amour de « Madeleine », son désespoir quand elle doit dire adieu (dans sa tenue bourgeoise et pour toujours ?) à l’homme qu’elle aime avant la mascarade funèbre du clocher, puis son immense désarroi devant la reconstitution de leur couple : doit-elle, ne doit-elle pas se laisser poursuivre par un Scottie aussi bouleversé qu’elle ? Mais elle, qui est-elle ? Assurément pas Judy, mais pleinement Madeleine aux yeux d’un Scottie qui n’a de désir que pour la disparue, qui aime « d’entre les morts » (titre du livre-tuteur de Boileau et Narcejac) comme « Madeleine » aimait le tableau de Carlotta. Le vertige identitaire qui frappe Judy, au fil de cette poignante seconde partie, et la tragédie de la femme-objet, deux fois manipulée ou soumise au funeste désir de l’homme, élève ce film au rang des chefs d’œuvre de l’analyse psychologique où ni l’homme ni la femme ne sont spécialement flattés, mais fouillés et disséqués avec tendresse et compassion, pris qu’ils sont dans cette machine infernale initiée par le désir d’Elster qui ici les entraîne.

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Il faut en effet, à côté de James Stewart, relever l’interprétation hors pair de Kim Novak, tour à tour rêveuse et respectable bourgeoise, puis fille à demi putain. Son jeu vulgaire de la seconde partie, où elle bouge librement un visage et un corps animal, aux hanches et aux seins généreux (dépourvus de « brassière », un détail qu’on remarque à l’écran et qui, paraît-il, tracassait Hitchcock)…, contraste tellement avec la rêveuse résille qui enserrait « Madeleine » dans la première partie ! Et que dire de ses expressions quand cette résille la reprend et qu’elle assiste, muette de confusion, à la jubilation de Scottie qui la voit enfin revenir à lui, fausse Madeleine rediviva « d’entre les morts », au sortir de la salle de bain de l’hôtel dont l’enseigne verte noie toute la scène d’une couleur d’outre-tombe ?

Dans son zèle pour coller au désir (pervers ?) de l’homme, Judy en fait maladroitement trop en ajoutant à sa toilette le pendentif de Carlotta, provoquant aussitôt le dessillement du regard de Scottie, et la double défaite de leur amour : d’un coup l’homme comprend toute l’histoire, et à quel point on s’est joué de son désir, un désir qui a somnambuliquement reproduit celui d’Elster déguisant et instrumentant « Madeleine », le mari a fait la même chose que lui, but better ! Ce cri de désespoir signe l’effondrement de l’homme frappé au cœur de sa passion ; mais la femme, deux fois victime du même procédé, a perdu de son côté tout espoir de faire valoir son identité de Judy, elle n’est littéralement rien aux yeux de Scottie, qui aime décidément « ailleurs ».

Le dénouement, très brutal, s’accorde parfaitement à cette pulsion de mort que Freud appelait aussi pulsion de répétition, « Wiederholungszwang » ; mais aussi à l’infernale logique de ce film spiralé ou mimétique, tout entier consacré à ce démon nommé désir mimétique. Gardons-nous d’aimer dans la mort, ou d’endosser le rôle d’une morte, nul ne joue impunément avec ça, semble nous dire Vertigo.

Il se trouve que je dois prononcer à partir de novembre plusieurs conférences sur le roman Aurélien d’Aragon, mis cette année au programme des khâgnes. Le scénario de ce livre (de 1944) très différent de ce film (de 1958) le recoupe pourtant sur un point essentiel : Aurélien comme Scottie a été « battu là, bien battu par la vie » (au sortir de la Grande guerre), et il s’éprend de Bérénice dans-la-mort : à travers des monuments funéraires, une citation de Racine, le masque de l’Inconnue de la Seine…, ces étayages d’un amour foncièrement morbide révélant, à la dernière page, leur infernale logique de répétition.

Et moi, en ces splendides journées de Toussaint, qui aimer et vers qui me tourner ? Il semble que ce film autant que ce livre dressent au carrefour d’Eros et de Thanatos un signal sans ambiguïté.

33 réponses à “Aimer d’entre les morts”

  1. Avatar de Apoline
    Apoline

    Mon commentaire
    « Qui aimer, vers qui me tourner ? »
    J’ai envie de vous dire…
    Aimez l’instant présent, la beauté des lieux, aimez le bonheur d’être là où vous avez été heureux, Vous, vous pouvez admirer et ressentir ces lieux alors qu’ILS n’y sont physiquement plus.
    Tournez-vous vers la lumière la plus vive, le rayon de soleil le plus doux et laissez-vous traverser par ces énergies subtiles et sublimes.
    Continuez votre chemin, aimez la vie, elle vous renverra ce dont vous avez besoin pour continuer.
    Elle est belle notre Terre, elle est belle notre Vie.
    Amicalement
    Apoline

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui elles sont belles Apoline, j’en suis bien d’accord avec vous ! Mais cette beauté s’étiole ou fait souffrir quand elle cesse d’être partagée avec les personnes « d’avant », qu’y pouvons-nous ?

  2. Avatar de Colibri
    Colibri

    Peut-être que vous allez me trouver mièvre, à côté de la plaque mais à votre dernière question «  »qui aimer et vers qui me tourner ?  » j’ai envie de vous répondre : « vos petits enfants ».

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Hélas Colibri, je fais partie de ces hommes auxquels jamais l’amour familial (qui m’occupe aussi), ne suffira, faut-il le déplorer ?

  3. Avatar de Elster
    Elster

    Merci pour cet article très intéressant. Je me permets d’indiquer ici le lien d’un blog dont je m’occupe sur « Vertigo » : http://vertigohitchcock.hautetfort.com/

  4. Avatar de Isa
    Isa

    Je pense réellement que la vie sans AMOUR semble si fade .
    Alors ,aimons sans retenue, et surtout ,il est possible de vivre plusieurs vies à la suite ,sans faire ombrage aux disparus qui ne cessent de vivre dans nos coeurs ….Isa

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Si fade, oui … François Jullien a fait un éloge de la fadeur, dans un ouvrage remarquable qui rejoint peut-être le point d’ataraxie cherché par les Stoïciens : demeurer disponible, ouvert à la variété des goûts, des projets de vie encore virtuels. Mais dès qu’on s’engage (et comment aimer sans s’engager ?) c’est fini, on est casé, ou moins disponible, ou retenu (« sistemato » disent les Italiens, selon une formule rappelée par Barthes). Bref, moins ouvert aux autres rencontres : « aimer sans retenue » est donc un peu contradictoire, qu’en dites-vous chère Isa ?

  5. Avatar de Mjgc
    Mjgc

    Mon commentaire

    Colibri a raison !
    Bien que comme pour vous l’amour familial soit insuffisant, quel bonheur quand l’autre jour en les retrouvant, l’une des petites filles de mon défunt mari sauta dans mes bras, me serrant à m’étouffer et disant « Mamie J, je t’aime fort ! »
    Essayez d’apprécier plus ces moments d’exception et le reste viendra en son temps, vous permettant alors de partager à nouveau dans une « seconde vie » !

  6. Avatar de Colibri
    Colibri

    @Daniel Bougnoux, « faut-il le déplorer ? ». Non, vous pouvez aimer à nouveau une femme en continuant d’aimer celle que vous avez perdue. Certains êtres humains l’ont fait, le font. D’autres non. L’Âme humaine est complexe et différente selon les personnes. Vous pouvez même aimer à nouveau en cherchant dans celles que vous aimerez à nouveau celle que vous avez aimé. Je vous lis et je montre certains de vos écrits autour de moi depuis un petit moment déjà. Je vous perçois comme quelqu’un de pas ordinaire alors je pense que vous n’allez pas refaire votre vie mais que vous allez la continuer. Du verbe aimer Cocteau disait « C’est le verbe le plus difficile à conjuguer: son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif et son futur est toujours conditionnel. »

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je vous remercie, Colibri, de me trouver « pas ordinaire », j’y suis sensible, je vous répondrai qu’on pourrait le dire de chacun, question de grain dans l’observation, d’attention portée. Mais c’est vrai que faute de temps, ou d’intérêt, nous passons à côté de la plupart des êtres. L’écriture sert de loupe grossissante pour révéler l’originalité de quelques-uns, les autres s’expriment parfois autrement, et tout le monde au fond a quelque chose à dire, ou à montrer… Que vous en semble ?

  7. Avatar de xavier brioni
    xavier brioni

    Le premier accroc dans la ressemblance coûte deux cents francs…et quelques gouttes de sang frais, certainement (aurait pu dire l’inspectrice des ruines du couple dans l’amour, madame Elsa Triolet).
    Bel article, je n’avais jamais fait jouer les aimants du rapprochement comme vous le faites entre Aragon et le Hitch de Londres et de l’Amérique, Daniel.
    Peut-on dire que Aragon rhabilla lui aussi (au moins quelquefois dans ses romans) Elsa en Nancy ?
    Quelques correspondances flottent tout de même ici ou là.
    La scène de la piscine du quartier Oberkampf où Aurélien recueille avec ses bras de poète (pour moi Aragon est partout dans le roman, l’hypothèse Drieu La Rochelle n’est-là que pour faire joli dans le tableau, comme trop transparent devient, à chaque passage devant une glace, le reflet du jeune Paul Denis, que l’on croit toujours à peine sorti d’une réunion nocturne tenue au siège de la Révolution Surréaliste) le corps de Bérénice recouvert d’écailles de mots qu’il n’a plus qu’à gratter pour nous l’offrir ensuite dans sa splendeur de sirène, rappellerait la photographie que vous avez choisie en illustration, le bain forcé de Madeleine (aux seins appétissants si j’ai bien saisi, une sorte de Madeleine de Brust, un satut que n’atteindra jamais la Midge amie du héros qui semble en effet avoir la troisième jambe dans le plâtre, comme le photographe de Fenêtre sur Cour) dans les courants dangereux du détroit sous le Golden Gate.
    Je crois me souvenir que Aragon aurait bien lui aussi fait un dernier plongeon dans les eaux troubles de Venise. L’amour-passion pouvait être trivialement trahi par une Miss Cunard qui devait quelquefois en avoir ras la coupe de devoir se traîner un Paysan de Paris l’esprit un peu mollifié par les soucis d’argent, le désagrément d’être toujours raide, par devers lui sinon par devant.
    Scottie, un Aurélien reverdi par la sève des néons « de la société de consommation » (en fait une Amérique aimée du couple Aragon-Triolet), cache certainement des choses du domaine biographique dans les symptômes de sa maladie, cette espèce de scotomie qui lui offusque la vue.
    Aragon, votre judicieuse image de la spirale est à reprendre ici, souffrait-il de cette même maladie orpheline ?
    Manque de repères (mais aussi son contraire, le trop-plein qui bouche la vue, comme il l’analyse dans un remarquable passage du Voyage à l’Impériale où il décrit sa phobie d’être embarqué (embedded aux creux des beaux draps d’un même lit) dans la même voiture de tramway avec de parfaits étrangers qui deviennent par l’atroce force des choses plus proches que les membres de sa propre famille — les camarades Communistes apprécieront), au coeur des rues d’un Paris-Césarée en ruines dont la Moveable Feast semble bien finie, l’impossibilité de faire couple dans l’animalisation des rapports humains, la ritualisation de la guerre comme solution des énigmes que posent les nations.
    Comme toujours Aragon s’en sort par l’écriture, ses imparfaits du subjonctif sont parfaitement ajustés dans les tissus conjonctifs de ses romans, oeuvres qui lui permettent peut-être de retrouver un peu de l’espace d’un champ visuel rétrécit, qui ne faut jamais beaucoup personnel, et de combler des lacunes de perception sur sa vie.
    La vertiginosité de son style réglant idéalement les tremblés de l’objectif, sa chambre noire intime éclairée, il peut d’autant plus facilement rabrouer l’interdit de Breton en marquetant à loisirs les vitraux de la poésie au cobalt et au plomb de sa plume de moine cistercien de la littérature française.
    Certains aiment, d’autres adorent, j’aimerais détester, mais avoue me pencher souvent au bord de cette falaise, glisser quelquefois du toit de ce gigantesque immeuble.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Tressons l’un dans l’autre (selon le titre du petit jeu surréaliste) : Aragon « dans » Hitchcock, pourquoi pas ? Cela donne à penser.

  8. Avatar de Apoline
    Apoline

    En effet, nous n’y pouvons rien Daniel et il est bien difficile de retrouver à partager tous ces instants du reste de notre vie, que nous ayons perdu des êtres chers physiquement ou parceque nos chemins se sont séparés.
    Nous devenons méfiants ou sommes tellement déboussolés que nous ne percevons plus vraiment qu’elle personne pourra être en harmonie avec nous.
    Pour l’instant, je pense que les ombres de vos deux amours sont trop puissantes pour que quiconque puisse s’approcher de vous et que vous laissiez quiconque vous approcher.
    Vous vous êtes certainement mis en situation de vous dire, voilà j’e fais une place à une autre femme dans ma vie, dans mes placards, dans mes lieux refuges que ce soit votre bergerie, votre maison au-dessus de GRENOBLE ou celle de Corse… Reste alors le chacun chez soi, ne serai-ce que pour un temps.
    Ces lieux que je perçois comme magnifiques, connaissant les régions où ils se situent ont leur beauté propre, leur âme et c’est pour cela que vous les avez choisis, mais choisis à deux, pour y vivre ensemble et ils ont été rendus encore plus beaux, sublimés par vos cœurs aimants de mari à femme et de père à fils.
    Aujourd’hui, seul, ils vous paraissent fades. Seule votre famille pourra les animer. Daniel, je crains que vous ne puissiez partager à court terme cet aspect de vous, d’une autre vie avec une autre personne. Il vous faudra trouver un ailleurs au moins temporairement.
    Le fait de retourner seul en ces lieux est une bonne démarche, une façon aussi de faire votre deuil. Que cela vous fasse souffrir est bien normal, tout est si frais et le départ de votre chère Françoise a ravivé la douleur du départ de votre cher Brieuc.
    Quel joli prénom et qu’elle originalité. Autour de mes 8 ans, mes Parents nous avaient emmenés en vacances à Saint-Quay-Portrieux près de Saint–Brieuc. Que de bons souvenirs !
    Amicales pensées.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Et amitié à vous en retour, secourable Elyane. Non, je ne suis pas adepte du « chacun chez soi », les maisons sont de redoutables (et délectables) pièges à fantômes, il faut donc y ouvrir les portes et les fenêtres, créer un appel d’air plutôt qu’y macérer en ermite. Je rentre ce soir du cap corse (d’où le retard à vous répondre), territoire extrêmement marqué par les deux disparus, mais où l’extraordinaire lumière qui pleuvait de la mer et du ciel et nous portait, nous criblait, nous enveloppait littéralement (littoralement) annonçait autre chose que ce lugubre Jour des morts.

  9. Avatar de Cécile d'Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    De cœur avec vous, cher Daniel Bougnoux.
    Je ressens ce que peut être douleur et colère vis à vis de cet enchaînement  » stupido  » qui a provoqué la mort brutale de Brieuc et le tsunami pour Françoise …

    Je rejoins en pensée le petit cimetière de montagne, symbole de repos et tranquillité. Démarche si douloureuse à affronter !
    Mado y emmènera-t-elle les petites ? Pour vous adultes, le défi de retrouver sens à la vie ne fait que commencer. Probable que les fillettes sont encore à l’abri par la grâce de l’enfance. D’abord pour affronter ce malheur, elles sont 2. Et intiuitivement perçoivent-elles que leur joie de vivre épargne un peu leur mère.

    Je suis en Italie. J’ai tout à fait entendu une des secousses du tremblement de terre …
    À la peur, pour les gens qui ont perdu leurs maisons s’ajoute, le froid de l’hiver. Terrible … Terrible !

    Je suis venue en Toscane chercher la paix et plus de douceur de vivre. À côtė des touristes, se démènent les gens du pays pour la récolte des olives et les soins de la vigne. Déjà, les commerçants comptent  » leurs sous » avant le départ des badauds. La facilité ici aussi n’est qu’un leurre. L’effondrement de la basilique de Nurcia vient cruellement nous rappeler que le Ciel n’est pas dans la beautė de l’histoire des pierres.

    Depuis quelques jours, au vent et à la pluie et humidité des premiers jours d’octobre succèdent de belles journées ensolleillées, chassées par la nuit qui revient toujours trop tôt.
    Ainsi pour le tumulte de nos vies !

    À tous et chacun de vous, les passants du blog, je laisse en partage l’ultime image qui me rēconforte les nuits d’insomnie. Si je quitte le méchant douillet du lit qui ne me protège plus, je peux profiter des délices d’un immense ciel parsemé d’étoiles. Et chaque fois, c’est un cadeau consolant …

    Parce que le 2 novembre est jour de recueillement, mais aussi de dėsespoir, me reviennent les scènes du Nouveau Testament reproduites par les peintres italiens : l’attitude des apötres le jour de l’Ascension du Christ, celle de Marie accueillant son fils à la Croix.

    Peuvent-elles nous rejoindre ces évocations ?!

    J’espère que le soutien discret de vos amis souffrant avec vous du dèpart de Françoise et Brieuc vous accompagne au mieux. Plus tard … plus tard, pour vous Daniel, s’ouvrira une nouvelle page å ēcrire. Parce que vous me semblez douē pour accueillir les dons de l’existence, Cher Daniel Bougnoux, elle sera encore riche et inattendue. Comme tous les mots et ēvocations dont vous nous donnez le cadeau. Mots de vie qui chassent les maux !

    Cordialement, encore.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      L’hiver, le froid qui vient, la basilique écroulée – quelle entrée dans les ténèbres, je me répète le vers si fort de Baudelaire depuis qu’on nous impose cette lugubre heure d’hiver, comme pour en rajouter au rétrécissement, à l’agonie des jours : « Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres »…
      Merci de votre chaleur – et de nous rappeler que la fuite vers la lumineuse Italie n’est pas forcément synonyme d’éclaircie… Je rentre aujourd’hui de Corse où la réverbération de la mer était confondante, et où nulle secousse n’a troublé notre littoral.

  10. Avatar de Jfr
    Jfr

    VERTIGO.
    Hallucinant Vertigo. Hallucinant vertige de l’absence et du vide. Valse mélancolique et langoureux vertige, dit Baudelaire. Le film semble renvoyer autant à une symbolique biblique que sexuelle. Une chute mortelle marque l’entrée du film. La Chute peut-être, d’où procède l’histoire des hommes marqués par leur désir d’immortalité et condamnés au sexuel, c’est à dire à l’incomplétude, à la castration, à l’intense désir de réunion à l’objet perdu. Sexe vient de seccare, couper, séparer. Le mythe platonicien de l’androgyne est un mythe d’origine qui marque l’histoire du manque, de la séparation et de la naissance du désir. Vertigo est l’histoire d’un homme qui parcoure d’abord les toits comme dans un rêve à la recherche de son ombre, de son double peut-être…? Cet homme est marqué par ce qui sera désormais son symptôme, la chute, puis la chute de son organe, son impuissance sexuelle. La femme lui est désormais inaccessible. Perte d’objet, perte de puissance sexuelle, mais non pas perte du désir. Le voila qui resurgit avec la course-poursuite d’un objet qui ne cesse que de se dérober. Madeleine, hallucinante Kim Novak, semble elle-même possédée par un fantôme, Carlotta Valdes, son arrière-grand-mère suicidée à laquelle elle s’identifie et dont le pendentif sera bientôt l’élément surréel du film. Après la perte de Madeleine, après sa chute du clocher de San Juan, le désespoir de James Stewart est un des plus poignants que l’on ait pu voir au cinéma. Plongé dans une prostration profonde, Stewart semble tombé dans un état mélancolique. Il faut relire l’admirable texte de Freud Deuil et Mélancolie (1915) dans lequel il écrit: “L’ombre de l’objet est tombée sur le Moi”. Ecrasé par l’objet, possédé par celle qu’il a perdue, Stewart n’aura de cesse que de la retrouver. On croit posséder l’objet de son amour, quelle erreur, l’amour fait de vous un possédé! Une femme rencontrée dans la rue par hasard (Nadja ne fût-elle pas également rencontrée par hasard dans la rue?) va bientôt lui en restituer l’image. Kim Novak n’a jamais été plus excitante et son corps plus voluptueux que dans cette apparition. Son allure s’oppose totalement à la sophistication et à la retenue de sa composition précédente. Hitchcock disait aimer ces femmes blondes platinées qui brûlent comme de la glace et qui soudain sortent érotiquement de leur réserve. Stewart donc s’obstine, il ira jusqu’aux Enfers pour retrouver Eurydice ou en retrouver l’image. Au risque bien sûr de la perdre une nouvelle fois. Par deux fois, il franchira l’Achéron. Il veut à la fois les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée. Stewart/Orphée impose donc le tailleur moulant, le chignon (le meme que celui de Carlotta) qui cache et révèle à la fois la volute et le vide du sexe féminin. Ces retrouvailles donneront le baiser le plus long de l’histoire du cinéma. Hitchcock racontera à François Truffaut qu’il fallu découper la scène du baiser en plusieurs prises pour déjouer la censure. La caméra nous entraine dans une valse tourbillonnante qui se termine dans une chute sans fin à l’intérieur du chignon ouvert de Kim Novak, sexe qui aspire et anéanti le spectateur. J.P.Vernant, marqué lui aussi par le mythe orphique, a écrit sur le mythe d’Orphée un texte magnifique La mort dans les yeux. Orphée perd Eurydice en un seul regard, en se tournant vers le passé. Stewart est donc un possédé. Il croit avoir retrouvé l’objet perdu. En fait ce sera pour mieux le perdre. Désir, hallucinations, relation fétichique à l’objet, Stewart court à sa perte. L’escalier du campanile qu’il grimpe, à la toute fin du film, sa puissance sexuelle enfin retrouvée, est une spirale plus dense encore que celle du chignon enroulé de Kim Novak qui l’emporte vers la mort. “Trouver l’objet, c’est le retrouver”, écrit Freud. Sans doute, mais peut-on jamais retrouver l’origine? N’en conserve-t-on pas plutôt l’infinie nostalgie? En fait, c’est Stewart qui tombe deux fois dans le vide avec Novak. Après la chute de Kim dans la dernière scène, que se passe-t-il demande Truffaut à Hitchkock ? « Je crois qu’il tombe », lui répond-il.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Magnifique cher Jean-François, je savais (je croyais deviner) que tu accrocherais à ce film, qui est vraiment « la fête au psychanalyste » ! Même si, assez paradoxalement, Hitch n’entendait pas grand chose au corpus freudien, cf les piètres tentatives d’insérer explicitement le travail de la cure dans ses films (« La Maison du Docteur Edwards », ou « Ce que savait Marnie », je cite de mémoire, il y en aurait d’autres…). Quel décalage entre son discours sur la psychanalyse, et sa maestria à en développer si profondément les intuitions centrales ! Fascinant, et à creuser par nous : de quelle façon un créateur s’empare-t-il de Freud pour le porter un cran au-delà…

  11. Avatar de oulitalie
    oulitalie

    Mon commentaire
    Les êtres aimés étaient une partie de nous-mêmes de leur vivant et ils continuent d’exister en nous après leur mort.
    Les beautés de l’automne, le plaisir de revoir « Vertigo », les découvertes lors d’un voyage… sont autant d’occasions de ressentir leur forte présence et l’amour que nous leur portons toujours. C’est ainsi qu’ils continuent à remplir notre quotidien. La question n’est donc plus : « qui aimer et vers qui me tourner ? ».
    Je repense pour le coup, à « La chambre verte » de F.Truffaut… et à ce moment si réducteur qu’est le Jour des Morts.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui, quelle réduction dans cette fête calendaire, accorder aux morts un seul petit jour, comme s’ils ne débordaient pas de leur présence nos jours et nos nuits !
      « La Chambre verte » de Truffaut est un film lui-même audacieux et testamentaire – mais je me trompe en le situant comme son dernier, il en a fait d’autres ensuite, n’est-ce pas ? Et souffrait-il déjà de la tumeur qui l’a emporté ??

  12. Avatar de Apoline
    Apoline

    Merci Daniel d’avoir pris le temps de nous répondre à votre retour et de nous faire partager cette lumière si particulière à la Corse. Nul doute que cette pluie de lumière enveloppant tout votre être ait été un baume apaisant et purifiant.
    Ici il a fait une merveilleuse et chaude journée aux couleurs automnales flamboyantes. Les cimetières étaient d’une gaieté inhabituelle avec toutes ces touches de couleur que le soleil rendait encore plus lumineuses. A l’heure de midi où beaucoup étaient réunis en famille, je suis partie dans la nature, admirer arbres et bosquets avant que les gelées ne les effeuillent. Quel beau et apaisant spectacle.

    Je suis tombée sur un article, dont j’ai extrait ceci que j’ignorais en partie. Je le livre en partage aux lecteurs que cela intéresse.

    « Lorsque Boniface IV a décidé la célébration de la Toussaint, celle-ci avait lieu le 13 mai. C’est en effet ce jour là que le pape avait sacré le Panthéon, temple romain transformé en sépulture des martyrs chrétiens. Le Panthéon célébrait tous les dieux, la Toussaint célébrera tous les saints. C’est vers 835 que le pape Grégoire IV décale la fête au 1er novembre. Ce changement de calendrier liturgique pourrait tirer son origine de la dédicace d’une chapelle de l’église Saint-Pierre de Rome à l’ensemble des saints par l’un de ses prédécesseurs. »

  13. Avatar de Vyrgul
    Vyrgul

    « Est-ce toi que j’aime mon amour, ou mon amour ? », disait Derrida je crois dans La Carte Postale. Je trouve qu’il y a toujours dans l’amour cette part d’indécidable entre le fantasmatique et le réel et on ne sait jamais vraiment à qui ou à quoi l’on a affaire quand on vit l’expérience de l’amour (bien malin qui…). Et Hitchcock est particulièrement habile dans son chef d’œuvre à faire subir à son récit un véritable tour d’écrou qui laisse finalement le spectateur dans l’indécision, et l’homme aimant face à sa condition ; quelle partie est vraiment rêvée ou fantasmée, quelle autre restitue l’expérience dans sa réalité « objective ». Comme l’a fait avant lui Preminger dans Laura et comme le fera plus tard Lynch dans Mulholland Drive.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui Vyrgul, dans « Laura » aussi il me semble que l’intrigue s’enroulait autour d’un tableau, ou plus précisément du portrait peint d’une femme…

  14. Avatar de Vyrgul
    Vyrgul

    Oui, l’inspecteur tombe amoureux, via son portrait peint, d’une femme morte, sur le meurtre de laquelle il enquête . Ce n’est que plus tard qu’il finit par la rencontrer. Mais cette rencontre a lieu à son réveil, alors qu’il s’est endormi chez elle. Si bien qu’on ne sait pas si la suite du film est la réalité (une méprise réelle sur l’identité de la victime) ou le rêve de l’inspecteur qui compense dans son rêve son amour frustré (il « ressuscite » la victime grâce à son enquête qui révèle que c’est une autre femme qui est morte à sa place, tuée par un autre prétendant, qui jalouse du reste l’inspecteur dans la réalité). J’espère que c’est à peu près clair…

  15. Avatar de Colibri
    Colibri

    @Daniel Bougnoux, « Ecrire c’est se décrire » mais bien entendu et fort heureusement il y a parmi celles et ceux qui n’écrivent pas , ne parlent pas, ne s’expriment pas, ne parlent pas des personnes étonnantes. Je n’ai été qu’un petit instit de campagne qui n’a jamais fait de fac, j’ai été et je suis encore au contact de la réalité du terrain qui est pour moi comme un livre de vie pour de vrai. J’ai toujours su repérer et m’enrichir, me cultiver des autres étonnants et enrichissants chacun à leur manière. J’ai croisé des élèves,des parents, des grands-parents plus égaux que d’autres comme disait Coluche. Et dans les blogs que je vais lire régulièrement le vôtre tient une place importante pour moi. J’aime internet, ce téléphone qui permet d’écrire beaucoup. 🙂

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Très juste, Colibri, internet fait la synthèse du téléphone et de la presse, de la conversation et de l’imprimé : outil très supérieur donc aux précédents, dont il redistribue les partages, et dans un sens que je persiste à trouver plus « démocratique ».

  16. Avatar de Cécile d'Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    A JFr,

    Merci infiniment pour la clarté de votre texte du 31 octobre. Il m’offre des clefs tout à fait nécessaires pour me permettre de poursuivre solitairement mon chemin de rēflexions.

    Et c’est tellement jouissif de penser pour soi-même. Surtout à l’ėcart du mieux-disant, n’est-ce pas ?!

    Vertige de l’absence et du vide. Comment gérer le manque ? Car en toute fin, c’est sur soi-même que l’on pleure.
    Aux pleurs, j’ajouterai la colère et les regrets qui harcèlent. La mort me renvoie au constat incontournable que jamais je ne peux m’approprier autrui. Tant pis pour mes projets de toute-puissance. Et s’engager, c’est renoncer à celle-ci. N’est-il pas ! Le chemin du deuil est abrupt …

    Une question ! …
    Pourquoi JFr, parlez-vous du vide du sexe féminin ? J’aurais mieux entendu à la place de vide, le mot creux. A l’image de l’espace d’une amphore … de fait, je repère l’image, mais pas le mot juste.
    Je comprends -grâce à votre art qui s’apparente au conteur, – je n’ai pas vu le film Vertigo, comment le spectateur se sent aspirė et … anéanti.

    Que conclure ? Rien si ce n’est pour moi surtout. le bonheur de penser/ c’est-à- dire de « panser », là où le dilemme Viie / désir et Mort demeure.

    Et c’est un rien qui me rend vivante. Merci, encore.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Et maintenant chère Cécile, il vous reste à visionner le DVD de ce chef d’oeuvre, en vente partout !

  17. Avatar de Cécile d'Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Si … si … Daniel ! Toutes ces dernières journées, la campagne de Toscane flamboie de toutes les merveilleuses couleurs automnales. Et je vous assure que je ne me lasse pas d’attendre le lever de Soleil, et la féérie des nappes de brume qui s’accrochent sur les collines. Mais, je dois admettre les coups de vent, les pluies diluviennes et le fracas actuel des orages : accueillir autant les excès que la beauté du lieu. Nul doute que l’humidité glaçante de la saison d’hiver s’installera ici aussi.

    Peut-on trouver un peu de douceur dans un cimetière ? Je visite les miens au printemps ou en été quand l’air ambiant accompagne mon dialogue avec ceux, aimés à jamais. Que leur paix protège la mienne … Rites possibles hors du bataillon des chrysanthèmes gelés.

    Avec le retour en France, combattre la détestation assurée des mois d’hiver. Insensible à l’accrochage lumineux de la ville, j’aurai à refouler une humeur belliqueuse et mauvaise. Basta !

  18. Avatar de Martine du lycée Bonaparte
    Martine du lycée Bonaparte

    Cher Daniel Bougnoux,

    Consternation, ce matin, lorsque revenant sur votre blog après des mois d’absence, j’apprends le départ de Françoise! Je suis très émue de lire vos écrits qui la célèbrent comme une reine, et qui expriment votre désarroi.

    Les paroles de vos amis peuvent vous aider, mais vous êtes seul à traverser le deuil, seul à devoir accepter l’absence de celle qui vous a accompagné pendant si longtemps. Cette période difficile est nécessaire avant de reconstruire. Je comprends combien ne plus partager avec Françoise les beautés de la vie est une réelle souffrance. Revenir sur les lieux d’un passé heureux est redoutable, et pourtant…

    J’admire votre volonté de continuer la route, d’avoir des projets et de dire oui à la vie.
    Tenez-moi au courant de vos conférences à Dijon ou à Toulon (j’y suis pendant les vacances) . Ma nouvelle vie de retraitée est bien occupée mais elle me permet davantage de liberté.

    Bien cordialement.
    Martine.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci chère Martine, la vie sans Françoise est en effet bien étrange, on ne tourne pas facilement le dos à quarante-neuf ans de vie commune ; et pourtant il faut séparer ses affaires des miennes, donner les vêtements, les livres, jeter des monceaux de papier, etc… Restons en contact, Toulon me rappelle tant de (bonnes) choses ! Bien à vous – Daniel

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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