Je publie ici les paroles prononcées (à la suite des miennes) au Funérarium de Grenoble mardi 4 février.
Témoignage de Pascale
Mon cher frère,
Tu disparais si brutalement, comment allons-nous faire sans toi désormais, quel choc pour nous tous et quelle peur pour l’avenir, notre équilibre familial était si parfait !
Je garderai le souvenir d’un frère si heureux de vivre, si amoureux de sa femme et de ses deux petites filles, si heureux d’être père, je regardais des albums familiaux hier tu portais tes filles tout bébés à bout de bras tels des trophées, je ne sais pas lesquels des deux était le plus fier mais vous aviez tout les deux un sourire éclatant.
Tu étais tout le temps content de ton sort Brieuc, tu adorais la vie et elle te le rendait bien, tu avais tout ce que tu aimais autour de toi, fidèle aux photos de toi bébé que nous avons projetées à ton mariage, où on te voit assis dans l’herbe à picorer les fleurs autour de toi.
Tu adorais ta femme, tes filles, nos parents, ta belle-famille, les maisons et la montagne, tout t’entourait, quel triste sort d’être mort de ta passion, Brieuc, c’est très injuste tu adorais la montagne tu l’as toujours respectée, protégée et elle t’a englouti.
Tu avais fière allure mon frère, mince et élancé, et encore si beau dimanche, dans le salon 4 certes tout froid mais le visage lisse et détendu, on essayait de te réchauffer de nos mains mais non c’est bien fini, tu es dans nos cœurs mais plus dans notre vie.
Tu étais bon Brieuc, je ne dis pas ça parce que tu es mon frère je le pense sincèrement, tellement bon père gentil avec les autres serviable et passionné par ta vie, tes recherches économiques, la politique et la montagne tu faisais plaisir à voir et je t’enviais d’être si heureux.
Tu resteras un exemple à suivre mon frère de simplicité de joie, de gentillesse, il va falloir continuer sans toi aujourd’hui, c’est une nouvelle vie qui commence mais tu brilleras toujours en moi, Brill.
Témoignage de Sylvain
Les enterrements c’est un peu comme l’école en pire, on aimerait être assis au fond, assis au dernier rang. Aujourd’hui les Bougnoux nous sommes téléportés ici, au tout premier, renvoyés au tableau, en noir, dire quelques mots. La première et la dernière fois que j’ai dû en dire c’était pour Mamie, il y a plus de 10 ans. Toi Mado tu les avais trouvés touchants, aujourd’hui par la pire infortune, c’est pour toi et maman, c’est pour vous que j’écris.
Salut Brieuc, salut petit frère, à l’heure des communications c’est très dur de ne pouvoir en faire. On voudrait te parler, on aimerait te prévenir, t’encourager, on aimerait te frapper, te réchauffer, te dire de résister, mais on ne peut rien faire. Pour ce dernier échange épistolaire je n’ai pas ton adresse, je n’aurais pas de réponse, le téléphone reste muet, au bout du fil il n’y a plus personne, on reste avec notre détresse.
Inconscient tu étais, nul ne le saura jamais ? Inconscient tu deviens. Aujourd’hui tu es mort ; apparemment tu ne t’en rends pas compte. C’est arrivé dans les bras de la montagne et de Mado, amoureux des deux, ton amante et ta femme. Tu es mort, il faut mettre les mots, mort entouré d’une fine chapelure blanche, un grand drapé blanc, un manteau de soierie pour un roi pas marrant, étouffé par cette neige que tu avais si souvent foulée en conquérant. Cruel retour, communication univoque pour nous, équivoque pour elle. La montagne que tu appréciais tant t’a nonchalamment trahie. Belle mort, la belle histoire, tu nous tires ton chapeau, mais c’est trop tôt frérot, trop tôt. Le vide que tu aimais, tu nous en as trop laissé. Nous on est là, pour toi, incompétents en la matière, seuls, et on pleure. Colère, j’aimerai crier vengeance; cynique la montagne en ferait l’écho, je ne lui laisserais pas ça. Sentiments dérisoires le Lyon-Turin que tu combattais avec les convictions qui te caractérisaient, percera la perfide, de part en part, piètre consolation. Quant aux autoroutes électriques, plus compatissants, ils te regretteront certainement. Nous on te regrettera, c’est sûr, pas besoin de mots, c’est maintenant que c’est dur. Ce dernier baiser fatal t’a laissé en l’état, fœtal, mais tu es resté beau, très beau, ce sont les mots de maman.
Plus clément le ciel t’a pleuré ce WE. Deuil éphémère. Hier lundi c’était fini la nature resourit. Nous pas encore, donne-nous un peu de temps.
Pour tes filles Mathilde et Alice, un mot aussi, loin de remplacer votre papa, je suis l’homme qui lui ressemble physiquement le plus, en plus gros dira ma femme, et je serais toujours là pour vous raconter ses bêtises et ses bons mots.
Voilà, pour moi ce sont les derniers, il me reste les larmes, salut frérot.
Témoignage de Benoit, Damien et Raphaëlle
Pour nous, c’est plein de bons souvenirs, depuis la rue des Trois-Epis, le lycée Mounier, la fameuse terminale TC4, puis les nombreux voyages (Corse, USA….), les randos en montagne, les vendanges…
Brieuc savait profiter pleinement de la vie et nous en faisait toujours profiter avec sa célèbre phrase : « C’est la plus belle journée de ma vie », soit devant un magnifique paysage, soit lors d’une virée en montagne ou simplement lors d’une fête super sympa avec de la bonne musique…
Il appréciait énormément les grands paysages, et on se souvient de lui notamment aux Etats-Unis: il voulait absolument s’arrêter à chaque « view point » pour être sûr de ne rien rater et s’imbiber des paysages grandioses.
Il s’intéressait beaucoup aux autres, leurs posait beaucoup beaucoup de questions pour les connaitre et comprendre leurs points de vue.
Quelques moments cocasses : Brieuc coincé dans un rappel au milieu de la tour du Zénith,
Passager clandestin sur le bateau de la Corse,
Regardant son ventre en fin de repas pour savoir s’il pouvait continuer à manger…
A Herbeys
(à suivre)
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