Fêlés avec Leonard Cohen

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Une fois n’est pas coutume, ce billet de blog en rebond sur un propos de Leonard Cohen vient s’enchaîner au précédent, consacré à l’exposition d’Olga de Amaral.

Je découvre en effet dans une conférence de l’artiste textile prononcée au Metropolitan Museum of Art d’avril 2003 (reproduite dans le copieux catalogue de la Fondation Cartier et intitulée « La Maison de mon imagination » pages 130-131), la mention d’une technique ancestrale mise en œuvre au XVe siècle au Japon, le kintsugi ; elle consiste à réparer un objet cassé en mettant en valeur ses lignes de fracture, ou de faille, avec de la poudre d’or, d’argent ou de platine. Au lieu de masquer l’intervention, ce procédé surligne l’épreuve traversée par l’objet ainsi rafistolé. Cette opération apparemment contradictoire, qui tire son nom de kin (or) et tsugi (jointure), « jointure à l’or » donc, exhibe à la fois la fracture, et sa guérison. Celle-ci n’efface pas, elle recueille le travail supplémentaire provoqué par l’accident, mémorisé et réparé par l’intervention habile de l’artisan.

Comment ne pas songer à la chanson de Cohen « Anthem », et à ce distique qui court à travers toute son œuvre, comme une maxime, « There is a crack, a crack in everything  / That’s how the light gets in » – Il y a une fêlure, une fêlure en toute chose / C’est par elle que la lumière rentre ?   

La plupart des chansons de Cohen n’ont-elles pas pour fil conducteur ce fil d’or de la fêlure, la veine aurifère de nos cicatrices ? 

J’y songeais particulièrement en reprenant les ouvrages de François Jullien récemment consacrés à la « décoïncidence », dont le philosophe a fait pour sa part son mot d’ordre, et le titre d’une association. Dé-coïncider, c’est éprouver un écart qui nous divise, qui révèle une blessure intime où notre identité, notre sentiment de complétude avec nous-mêmes se trouvent déséquilibrés ou remis en cause. Or ce sentiment ou cet état sont inséparables du mouvement même de la vie : vivre, grandir, désirer, vouloir…, en un mot « ex-sister » (étymologiquement se tenir hors de), c’est décoïncider d’une adhésion première, d’une assiette ou d’une assise désormais fracturées, ou remises à plus tard.

La vraie vie autrement dit ne consiste pas à s’enclore, à coller à ses propriétés, à une supposée identité, ou à un clan, une communauté, une définition socio-professionnelle ou mondaine de son personnage…, mais à s’ouvrir, au risque d’une déstabilisation, voire d’une blessure infligée à une première et sécurisante clôture. À un statut qui tourne chez certains à la statue, marmoréenne, privée de vie.

Car telle est, de fait, la pente naturelle de toute vie. Nous sommes guettés par l’enlisement, la répétition, la routine qui nous simplifient, nous bornent et insidieusement nous machinisent. Nos plus beaux élans, ceux de l’amour par exemple, retombent en journées de couple ou de ménage bien différentes des folles saisons de la rencontre : au fil de nos vies, certains paliers se proposent qui nous suggèrent que c’est assez, qu’une réussite, une cohérence, un accomplissement sont atteints sur lesquels désormais nous pouvons nous reposer, au moins est-ce ainsi que raisonnent les hommes faits

Il n’en va pas différemment dans le domaine de la pensée ; penser vraiment, c’est fracturer, fissurer, sortir d’un cercle ou d’un carré où nous demeurions prisonniers (sans le savoir) de nos premières évidences, auxquelles nous collons ou tenons d’autant plus qu’elles furent parfois chèrement acquises, avant de se changer traitreusement en système. Dans ce domaine aussi, des paliers stabilisateurs nous suggèrent que c’est  assez, ou que c’est ainsi, qu’il n’y a rien à chercher au-delà. 

(Je songeais à cette déchéance de nos plus beaux élans en visitant l’exposition de Beaubourg consacrée au surréalisme, et plus précisément au centenaire du Manifeste du surréalisme par Breton ; visite prolongée pour moi par notre débat du samedi 11 janvier à la Halle Saint-Pierre ; comment raviver cette flamme, souffler sur ces braises ? Car les textes d’Aragon et de Breton pourraient encore nous brûler, nous illuminer, mais ils sont pour la plupart dorénavant classés, ou par cette exposition même embaumés, comment leur rendre leur tranchant, leur force (qui fut irrésistible) de mobilisation ? Me revenait en mémoire la phrase cruelle de Sartre autour de 1947, parlant du « bonbon si vite sucé de l’exposition surréaliste » d’alors. Et certes, Sartre avait ses raisons de tenir Breton à bonne distance, l’existentialisme de cette seconde après-guerre jouant le rôle qui avait été celui du surréalisme des années vingt. L’histoire ne se répète pas, les œuvres se classent et nos commémorations ont un goût de cendre. Comme cette revue que je feuillette, Alcheringa, fort bien composée et mise en pages, et qui voudrait sous l’impulsion du fougueux Joël Gayraud nous refaire à cent ans de distance le coup de l’écriture automatique, du cadavre exquis, du récit de rêve ou d’une imagerie démarquée de ces années de feu – à qui porter celui-ci, comment le faire reprendre ? Un mot en -isme, surréalisme comme christianisme, ou marxisme, est peut-être la plus sûre façon d’enterrer un mouvement : il est le nom que prennent des idées d’abord jaillissantes, quand les média ou l’opinion s’en emparent.) 

Mais revenons à Leonard Cohen, qui sut si bien d’un disque à l’autre déjouer l’enlisement, et nous surprendre.  Qui sut à ce point incarner tant d’hommes différents, sans se laisser rattraper ou dévorer par son personnage. Comme il répondait à la fin de sa vie à une passante ravie qui le reconnaissait dans la rue, « Are you Leonard Cohen ?  –  I used to be »… Comment ne pas se laisser enclore, enfermer, résumer, fût-ce par son propre nom ?

L’identité n’est pas sûre, et le chant transforme la voix. Mais Cohen raviva au fil de ses chansons plusieurs blessures intimes, et il chercha délibérément auprès de ses successives (et si nombreuses) compagnes un vacillement de lui-même, un vertige salutaire. La gravité qui fut la sienne à l’approche du féminin, si nous en croyons tant de chansons, rejoint son choix de la méditation, du jeûne et de la prière. Nous ne savons pas à quoi pensait Cohen (Jikan-le-silencieux !) lors des longues séances nocturnes de méditation dans sa cellule du mont Baldy. Moments de recueillement et de réparation de ses blessures, de recollement d’un soi – ou au contraire recherche du vide et dislocation d’une pensée partie en vrille, en fumée ? L’insistance de cette dernière figure dans plusieurs chansons plaide il me semble pour une éthique de la décoïncidence, une quête de la dépersonnalisation, en amour comme dans ce que nous appellerons après plusieurs commentateurs la quête mystique de Leonard Cohen. 

L’amour nous arrache à nous-mêmes, il opère dans le vif une brèche par où la lumière rentre. Mais comme on le chante aussi depuis Aragon, « il n’y a pas d’amour heureux », le comblement amoureux est indissociable d’un tumulte, d’une blessure qui nous portent à un degré supérieur d’ex-sistence. Ce qui incita Cohen à figurer, sous forme d’étoile de David, la superposition des cœurs brisés partout reproduite dans ses livres ou ses pochettes de disques. Aimer c’est surmonter une clôture, se risquer vers un Autre ou en vue d’une vie double qui nous intranquillisent, nous déstabilisent. Mais cette quête d’infini prépare aussi aux élans mystiques ou religieux, par lesquels nous tentons de nous unir à la figure qui englobe toutes les autres, Dieu, G.d (écrit Cohen) ou l’univers… Dieu comme les femmes démesurent le chanteur, le déportent hors de lui. Ce qu’on peut dire aussi de toute véritable rencontre.

Il est frappant que la voix, qui décrit si bien dans tant de chansons les méandres du cœur brisé, soit aussi le remède qui raccommode et répare : guérison, « healing » est ainsi le maître-mot d’une merveilleuse chanson du disque Old Ideas (2012) dont la photo de couverture, sur la pochette, montre une ombre grandissante pointée vers le chanteur dans son petit jardin de Los Angeles. « Come healing of the body / Come healing of the mind – Vienne la guérison du corps / Vienne la guérison de l’esprit », répète en refrain le penitential hymn où figure aussi une citation explicite du dessin fétiche de Cohen, l’étoile de David des coeurs unifiés, « The Heart beneath is teaching / To the broken Heart above – Le Cœur du dessus enseigne / Au Cœur brisé en dessous ».

Healing, c’est par la voix qu’on guérit, nous murmure Leonard Cohen reprenant à son compte les antiques thaumaturgies des shamans, des prêtres, des prophètes-poètes. Une voix qu’il a comparée lui-même à un filon aurifère, dans une précédente et illustre chanson, « Tower of songs », « (…) I had no choice / I was born with the gift of a golden voice – Je n’avais pas le choix / Je suis né avec le don de l’or dans ma voix ». 

Avec le don d’appliquer la « jointure d’or » (kintsugi) sur nos blessures, nos fractures. 

7 réponses à “Fêlés avec Leonard Cohen”

  1. Avatar de Roxane
    Roxane

    Bonsoir !

    Un soir d’hiver…écrire un commentaire.

    Est-ce bien raisonnable ? Tomber les masques et écouter…dehors.

    La cloche fêlée s’est tue…Une autre mélodie.

    Lire le billet et s’en sortir pour ouïr une voix.

    Par la route, je suis allé, un jour, à sa rencontre… sur ses routes.

    Faire le pas au delà sans pot au lait sur sa tête…Battre la campagne.

    Suivre une autre route qu’eux…

    Sur l’enseigne, une citation :

    « La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. »

    Et marcher, marcher encore, dans la nuit, guidé par quelques lucioles et enfin, le trouver, à l’abri des dangers…le paradis.

    Homme plein de qualités, vous avez dit « illusions » ?

    Roxane

  2. Avatar de Anetchka
    Anetchka

    Par ce nouveau blog en continuité avec le précédent, on fait un grand saut de l’Amérinde au Pays du Soleil -Levant!, De la culture colombienne, et plus haut dans le temps, celle des Incas du XVe s. au mystérieux langage cordé quipus  on passe à la culture japonaise du XVe s. encore, chérissant cette fois la technique du kintugi, sorte de culte de la fêlure, et c’est passionnant.

    Il ne s’agit pas apparemment de la « restauration visible » pratiquée dans nos contrées par les spécialistes du monde de l’art et des archéologues. Cette valorisation de la faille, la fêlure, la lézarde, la brèche nous ramènerait plutôt du côté de la Brèche de Roland avec son brio épique. Cette belle trouée de 40 m de large et de 70 m de profondeur sur le majestueux site de Gavarnie a immortalisée notre héros éponyme.

    Pour revenir au Japon, il me semble que le kintugi ne peut être séparé d’un arrière-fond culturel attesté de longue date : la culture du sabi «  le terni, la patine, la rouille » (idéogramme »fer » + « bleu ») et par extension « altération par le temps ». Il est souvent associé à sa rime wabi « solitude, mélancolie, dissymétrie » dans le composé euphonique wabi-sabi renvoyant à « atmosphère calme, mélancolique et subtile où l’homme goûte la beauté des choses à travers leur altération ». C’est en fait une disposition spirituelle dérivée du bouddhisme et du taoïsme, et on la retrouve dans l’Inde bouddhiste. Le terme anicca « chose impermanente » est un motif lié au contraste des vivants et des morts. On y exalte la stupa « reliquaire » et le sangharama « couvent » dont s’empare la jungle indienne qui enlace et lézarde à loisir et à profusion ! Source de méditation et de célébration devant la beauté impermanente.

    Puisque Léonard Cohen s’introduit dans le blog, je note par écho que le sabi japonais s’associe aussi à la voix dans un énoncé comme : sabi no aru koe où sabi est une « voix au timbre grave, une voix profonde et impressionnante ». Alors « Jikan-le-silencieux » comme tu le rappelles, cher Daniel, semblait lui aussi méditer nuitamment dans sa cellule du Mont Baldy..,,La voix comme blessure et remède de part et d’autre, dans ces vieilles cultures asiatiques et dans le monde de Léonard Cohen…

    D’ailleurs, l’intriguant logo de ce blog emprunté au chanteur, les cœurs entrelacés façon Étoile de David, permet, par un curieux hasard, de relier deux cultures distantes, aussi anciennes l’une que l’autre, la Biblique et l’Hindoue aux riches et proches symboliques. Si on ignore le symbole premier des deux étoiles à 6 branches (-8000) des deux côtés, ces dernières sont en tout cas décoratives, et ont en commun d’avoir pris par la suite des sens cosmiques et divins, en dynamiques . Union du masculin-féminin en liaison avec le Dieu créateur chez les Brahmanes, et union du présent-passé-futur dans le monde biblique et kabbaliste, en liaison avec le dieu créateur, symbole de protection et de redemption aussi, teinté de messianisme.

    En revenant dans notre présent, la fêlure valorisée (et non pas invisibilisée voire péjorée), va bien dans le sens des sciences, si on y réfléchit. La structure dynamique, instable et provisoire des sciences dures, les « modèles » toujours remodelés au gré des connaissances nouvelles, a son pendant (relatif) dans les sciences humaines, comme en linguistique : ex. La structure vue avec ses pans stables et instables, la synchronie dynamique versus la diachronie..,

    Alors oui, « la vraie vie », cher Daniel, échappe vraiment au figement, aux entités définitives, et à tous ces fichus,- ismes destinés au marbre!

    1. Avatar de Daniel Bougnoux
      Daniel Bougnoux

      « Goûter la beauté des choses à travers leur altération », quel beau programme chère Anetchka ! Je ne sais si c’est japonais, cohenien, bouddhiste, cela me rappelle aussi la chanson de Brassens, « Saturne » : « C’est pas vilain les fleurs d’automne / Et tous les poètes l’ont dit / Je te regarde et je te donne / Mon billet qu’il n’ont pas menti »… Mais il faudrait citer tant de textes, à commencer par ceux de notre cher Cohen ! Je sais pour ma part que la beauté (ou l’attraction) féminine ne va ou ne vaut pas sans quelque chose d’un peu « fêlé »…

  3. Avatar de Aurore
    Aurore

    Bonsoir !

    J’ai lu quelque part ces mots, peut-être dans un conte chinois !

    « Heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière ».

    Février 1936. « Toute vie est bien entendu un processus de démolition, mais les atteintes qui font le travail à coups d’éclat – les grandes poussées soudaines qui viennent ou semblent venir du dehors, celles dont on se souvient, auxquelles on attribue la responsabilité des choses, et dont on parle à ses amis aux instants de faiblesse, n’ont pas d’effet qui se voie tout de suite. Il existe des coups d’une autre espèce, qui viennent du dedans – qu’on ne sent que lorsqu’il est trop tard pour y faire quoi que ce soit, et qu’on s’aperçoit définitivement que dans une certaine mesure on ne sera plus jamais le même. La première espèce de rupture donne l’impression de se produire vite – l’autre se produit sans presque qu’on le sache, mais on en prend conscience vraiment d’un seul coup. » (La Fêlure de F.S Fitzgerald)

    Début des années quatre-vingt: « (…) l’homme serait un être non achevé, ce qu’indiquerait précisément cette fissure ouverte en lui vers l’infini ) Cette « brèche » de l’être qui révèle la transcendance de l’homme est murée. » ( N’ayez pas peur ! André Frossard dialogue avec Jean-Paul II)

    Faut-il avec la fée Anetchka parcourir sur le dos d’un grand jars toutes les contrées du chamanisme, là où les choses ont aussi des choses à dire, sans craindre la chute où peut nous précipiter un vain babil ?

    Quid de la contrée que la bonté seule ensemence? Ce monde habité par le chant où règnent la délicatesse, la teinture, la dentelle…

    Celui d’Aragon et de ses mots chantés sur les ondes.

    Je me souviens de cet ancien ministre qui dictait, un jour, un texte au titre intrigant dans un club de « fêlés » censés défendre la politesse de notre langue.

    Il en connaît un rayon sur la question d’une vie réussie et sur la révolution de l’amour, aussi .

    Et lui aussi écrit des livres !

    Laissons la ballade des gens heureux au chanteur qui n’a jamais rencontré Dieu.

    On pourrait lui offrir un titre formidable ;

    « La fêlure qui fait éclore la rose »

    Aurore

  4. Avatar de Anetchka
    Anetchka

    Je rebondis sur la plaisante formule (tirée d’un lointain conte chinois!) citée par Aurore : «  Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière ».

    Oui, les référence à F.S. Fitzgerald et à André Frossard sur la sourde blessure intérieure qui poursuit à vie sonnent juste !

    Et je pensais aussi à Franz Kafka et sa hantise du père, de sa figure menaçante , cette hantise présente partout dans son œuvre. Lui qui écrivait, dans une plume tragi-comique, sobre et laconique bien à lui (Journal, Prague, 1912; à l’issue d’une table familiale): «  De temps en temps, j’ai essayé de prendre conscience de mon malheur, c’est à peine si j’y suis parvenu ». Alexandre Vialatte, son traducteur français, le seul de nos compatriotes à percevoir le comique dans l’œuvre de Kafka, la métamorphose des malheurs de l’écrivain en humour froid – qui faisait mourir de rire ses proches lorsqu’il leur lisait lui-même des passages – avait eu ce mot: «  On me l’a changé [=
    chacun voyait Kafka à sa porte]. «  Je croyais lancer un des princes de l’humour. Je retrouve un roi des ténèbres »(Mon Kafka, Les Belles-Lettres, 2010). Il faisait allusion à tous « « les Blanchot, les Gide, les Sartre et les Camus qui, contrairement à Vialatte, régnaient sur l’époque, projetaient sur Kafka toutes sortes d’affinités avec les
    – ismes de leur temps » ( Maïa Hruska , Dix versions de Kafka, Grasset, 2024)

    Pour exprimer la blessure, mieux vaut prendre la distance, et c’est assez drôle, chère Aurore, de m’octroyer le sobriquet «  fée Anetchka «  qui, tel le petit Nils assis sur son jars, volerait par delà le Royaume de Suède au pays des Shamans!

    Je ne connais pas le ministre qui dictait des codes de politesse française, n’ayant comme seule référence la Dictée de Mérimée, la Dictée de Pivot (sport national français!) et Les deux Minutes du Peuple de François Pérusse. Mais pour revenir au Japon et son célèbre code de politesse, je ne résiste pas à l’effet comique involontaire (pour nous Occidentaux) des formules du Kenjôgo (langage de la modestie), où le noble interlocuteur est hissé sur un piédestal tandis que le malheureux émetteur se rabaisse en déployant à l’envi ses failles et faiblesses…

    1. Avatar de Daniel Bougnoux
      Daniel Bougnoux

      Je crois me souvenir, « fée Anetchka », et Aurore, que Gille Deleuze avait consacré dans « Logique du sens » (1966) un chapitre à « La Fêlure » de Scott Fitzgerald, et que bien des années plus tard il publia un « Franz Kafka ».

  5. Avatar de Anetchka
    Anetchka

    Décidément, ce petit sobriquet me propulsant au pays des elfes et autres êtres ailés improbables me ravit! Par les temps de plomb que nous traversons, une plume voltigeante n’est pas désagréable…

    J’ignorais que Deleuze avait plus ou moins rapproché Scott et Franz autour de la « fêlure » , à des années de distance, et cela m’intrigue…Merci cher Daniel de cette référence.

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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