Fixer Tchernobyl ?

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« Ni le soleil ni la mort ne se peuvent regarder en face »… Il faut décidément allonger la liste de ces aveuglantes ou médusantes réalités pointées par La Rochefoucauld ; Méduse, c’est cette tête de Gorgone qu’on ne pouvait fixer sans être changé en pierre. La Shoah, la Grande guerre, le Goulag ou plus près de nous Tchernobyl pétrifient également le regard qui voudrait les circonscrire, ou calmement les saisir, se les représenter. Certains phénomènes nous opposent un point de débordement, à partir duquel notre attention fuit, ou défaille. Freud baptisait Ça ce pôle de hantise ou de confusion, innommable autrement que par ce monosyllabe, aussitôt escamoté que prononcé ; nous ne savons mentaliser ni énumérer clairement ce qu’il désigne, nos sens n’accommodent plus, enregistrent à peine,ça n’est pas à l’échelle, au format qui nous permettrait d’y penser…

Les Taupes (classes préparatoires aux concours des grandes écoles scientifiques) ont donc mis à leur « programme de français » trois ouvrages, où je me plonge pour aider, je l’ai dit, mon petit-fils Gaspard dans ses révisions : Les Contemplationsde Victor Hugo déjà copieusement analysées sur ce blog, mais aussi Le Gai savoir de Nietzsche, dont je repousse provisoirement l’étude, et (curieusement) La Supplication de Svetlana Alexievitch,  sous-titré « Tchernobyl, Chronique du monde après l’apocalypse », dont je viens d’achever la lecture. Ces trois ouvrages eux-mêmes inscrits ou sur-titrés sous une entrée commune qui,  concernant le troisième titre, m’intrigue, « La force de vivre »…

Pourquoi Tchernobyl ? Pour sensibiliser peut-être nos futurs ingénieurs aux dangers de l’atome, et singulièrement à l’aveuglement des « nucléocrates » (qui peuplent, dit-on, l’Ecole des Mines) face aux dégâts irréparables causés par ce qui fut le plus terible accident nucléaire du siècle écoulé.

Méduse du Caravage, Musée des Offices

Svetlana Alexievitch pourtant n’écrit pas un pamphlet contre les centrales nucléaires, dont elle n’aborde pratiquement jamais les aspects proprement techniques, factuels ou industriels. Ce livre de 1997 serait plutôt à ranger aux côtés de La Fin de l’homme rouge, traduit chez nous en 2013, avant que le prix Nobel en 2015 ne couronne l’ensemble (assez mince) d’une œuvre qui n’est pas vraiment littéraire.

La Fin de l’homme rouge et La Supplication enregistrent deux catastrophes (d’inégale ampleur), l’effondrement de l’URSS et l’explosion du réacteur, et leur appliquent un traitement similaire : dans l’un et l’autre ouvrage, l’auteure tend son micro à des témoins de conditions et de provenances fort diverses, pour produire autour de ces deux séismes un effet de chœur, par la variété des propos retranscrits. Il s’agit dans les deux cas d’approcher un phénomène tellement complexe qu’aucun regard ne peut à lui seul l’embrasser. Contre les simplifications journalistiques, Svetlana compose donc une polyphonie, qui dans La Fin de l’homme rougen’évite pas la discordance (quand la voix d’un néo-capitaliste que le nouveau régime enrichit se juxtapose à celle d’un nostalgique de l’ancien système) ; La Supplication de même nous fait à entendre, jusqu’au ressassement, la profondeur des douleurs causées par la catastrophe, mais aussi le stupéfiant aveuglement qui entoure l’irruption de l’atome dans les vies quotidiennes, et empêche les plus élémentaires mesures de protection. Cet ouvrage sonde, avec une profonde empathie, le poids des souffrances humaines et l’étendue d’un mal que n’ont retranscrits ni les statistiques, ni les telex et dépêches d’agences. N’est-ce pas là, après tout, la mission essentielle de la littérature ?

Svetlana Alexievitch

Nous descendons, lisant ce livre il faut le dire très éprouvant, dans un double enfer, celui du site lui-même, devenu théoriquement inapprochable mais très fréquenté, et dans le tumulte de consciences très inégalement développées, happées par ce maelström d’indicible souffrances physiques et de déchirants renoncements. L’explosion du réacteur numéro 3 a précipité ses témoins « dans un gigantesque laboratoire du diable » (page 128), dont ils deviennent du jour au lendemain les cobayes qu’on mesure, qu’on photographie, qu’on soumet à des ordres contradictoires. Toutes les paroles ici rapportées tendent à nous confirmer, comme l’a dit un anti-nucléaire français, que l’énergie atomique est bien une cochonnerie.

Comment réagir ? Ou plutôt, si j’avais habité moi-même ce périmètre de la centrale avec ma femme et mes enfants, qu’aurais-je fait ? Ce que nous montre d’abord ce livre, c’est l’impréparation, à tous les niveaux. On dirait que personne ne comprend. Que la pensée critique, ou une conscience un peu claire, se trouvent durablement suspendues, hypnotisées par ce feu brillant, plutôt beau à voir, qui monte du « toit » où s’affairent, pour le colmater, les équipes à rotation rapide des liquidateurs. On  saura plus tard. Dans un premier temps,  qui dure deux ou trois jours, on lutte contre un simple incendie. Aucune mesure ne circule de la radioacrivité pourtant galopante ; ce sont les pays voisins, Finlande, Biélorussie, qui sonnent l’alerte tandis que l’Ukraine (territoire de Tchernobyl) et Moscou demeurent muets, aphasiques. Ou, dans de rares communiqués, minimisent l’accident, évidemment placé sous contrôle.

Rédigé contre ces bonnes paroles qui voudraient circonscrire, tempérer le désastre, ce livre nous montre inversement à quel point Tchernobyl empoisonne tout. L’air, la terre, les forêts, les rivières, les corps bien sûr mais aussi les âmes, les amours, les projets, les désirs…, pollution à tous les niveaux, cochonnerie à perte de vue. Affrontés à ce mystère qui reste à élucider, qui ne ressemble à rien de connu, les malheureuses victimes s’accrochent au modèle de la guerre, « une guerre par-dessus toutes les guerres » (page 58), l’horreur n’est-elle pas de mémoire humaine leur « milieu naturel » (page 144), l’invariant de leur existence ? La littérature, les films russes dans leur majorité parlent-ils d’autre chose ? Comme à la guerre, on voit le ciel de Tchernobyl sillonné d’avions et d’hélicoptères, les rues envahies de soldats, de voitures blindées, de camions où l’on presse les civils de monter en abandonnanr derrière eux leurs affaires, « ça ne durera que quelques jours ». Comme à la guerre on leur bourre le crâne, mais quel est l’ennemi qu’il s’agit de vaincre ? Une radiation qui comme Dieu est partout mais que personne ne voit. Comment se protéger de ce qu’on ne connaît pas, de ce qui ne fait d’abord aucun mal ? De quoi faut-il avoir peur ?

Première image d’un trou noir (2019)

Tchernobyl, qui veut dire matière noire en russe, fait dans la blanche Biélorussie l’effet d’un trou noir, une chaudière où bouillonnent des informations piégées par leur confusion, un fascinant théâtre de l’absurde. Certains s’en tiennent à une franche dénégation, les mesures prises par les vieux dosimètres ressortis en hâte sont des bobards, les scientifiques leur mentent ou sont aux ordres d’un ennemi étranger qui veut s’approprier leur terre ; d’ailleurs les poissons n’ont jamais été aussi gros dans la rivière, les récoltes aussi abondantes au jardin, le soleil brille et on se baigne, on bronze au grand air, la radiation n’est qu’une bonne blague. Face à l’impensable horreur le discours se diffracte et dévie, les militaires, les responsables du kholkose font des tirades sur l’héroïsme soviétique, distribuent médailles et diplômes aux liquidateurs en leur promettant des primes, de confortables retraites, des datchas…, on parle beaucoup aussi des menées hostiles des services secrets occidentaux, de tous ceux qui complotent contre l’admirable homo sovieticus.

Cet homme, suggèrent les témoignages recueillis par Svetlana, n’a pas été élevé dans la culture de l’esprit critique, mais plutôt dans celle de la discipline et d’une émulation militaires. La guerre demeure décidément, dans ce contexte, l’interprétant de base : plusieurs liquidateurs comparent l’exaltant ratissage du toit à l’intensité de l’expérience vécue en Afghanistan, voire à celle de l’amour (page 189) ! Ils n’hésitent pas à y monter ; ils se disent galvanisés par la tâche à accomplir, ils ont besoin de lieux pour manifester leur courage et leur héroïsme, pour y « planter un drapeau » (page 98). Leur vie est une lutte, il s’agit toujours, comme pour le mineur Stakhanov ou Gagarine, de surmonter quelque chose. « Cela nous plaît de venir ici, cela nous donne une charge énergétique puissante » (page 142), énoncent quelques-uns des trois-cent quarante mille hommes mobilisés sur le site de la centrale (soit deux-cent neuf unités militaires envoyées au feu nucléaire), dont quatre-cent mineurs chargés de creuser sous le réacteur un  tunnel, pour y verser un azote liquide de refroidissement. Et quel avenir prédire à ceux qui ont fait assaut d’émulation pour ouvrir, en plongeant au fond de de la piscine d’eau lourde, une vanne de vidange ?

Photo d’Igor Kostine prise sur le toit du réacteur

« Personne ne se plaignait. Quand il faut y aller, il faut y aller ! La patrie nous a appelés ! Il est comme ça, notre peuple » (page 158). Il est difficile à la lecture de ces témoignages de toujours savoir qui était exactement « volontaire », l’enthousiasme à répondre à l’appel se démêlant mal de la crainte des représailles, retrait de la carte du parti, stigmatisation des objecteurs ou des timorés. La vodka semble un puissant facteur d’enrôlement, et elle est présentée par beaucoup comme le bouclier souverain contre la radiation, un remède à ingurgiter autant qu’on peut ! Mais ce qui décuple leur énergie obscurcit dans la même proportion leur jugement, pauvres hommes qu’on envoie à l’abattoir nucléaire au mépris des précautions les plus élémentaires : ils montent sur le toit en bottes de similicuir, ne portent pas toujours de gants pour reverser dans le trou béant du réacteur les plaques de graphite arrachées au sol brûlant… Il semble que tout ces héros hagards se shootent à la vodka, que l’archipel du goulag soit devenu dans ces pays celui du goulot.

L’envers du tableau ou la revue des conséquences de ce théâtre dantesque sont déchirants, hommes déchiquetés six mois, un an après leurs exploits par une peste noire qui ronge leurs viscères, transforme leurs membres en  charbon, leurs visages en masques d’épouvante ; femmes accouchant d’enfants mal formés, telle cette petite-fille née sans bouche ni appareil génito-urinaire (page 90). Dans ce nouveau monde, défense de s’aimer ou de procréer, attention aux monstres qui pourraient naître des gestes les plus tendres ! Les fiançailles se rompent par peur d’enfanter, ou l’amour conjugal consiste désormais à veiller un corps jadis follement aimé, qui glisse inéluctablement dans une insoutenable difformité… Les chapitres qui ouvrent et ferment le livre sont, à cet égard, les plus poignants par leurs récits des calvaires endurés, et de l’amour quand même, face aux médecins ou à un personnel soignant débordés  qui ne savent traiter, ou qui pris de peur se détournent. Car les tchernobyliens sont reçus comme des pestiférés, leurs corps brillent, ou sonnent au contact des dosimètres, ils sont autant de réacteurs en circulation, où aller, que faire ?

Photo d’Igor Kostine, les potagers regorgent de récoltes

« Dans la vie, des choses horribles se passent de façon paisible et naturelle » (page 166). Vous vous mentez à vous-même ! crie un journaliste anglais aux héros de la catastrophe, émasculés par la radiation mais qui ne le reconnaîtront jamais, victimes et collaborateurs de cette tromperie généralisée. Comment l’atome, « le travailleur pacifique » pourrait-il tuer ? Pourquoi douter de la parole, incantatoire, des responsables qui prêchent l’abnégation et l’élan collectif ? L’homme rouge habite dans un monde de mots, ou de volontés rêvées, il participe à une usine d’imaginaire ou à un empire de la croyance qui se brisent à présent sur une réalité physique intraitable. « Nous sommes des métaphysiciens », proclame-t-il (page 193), là où un peu de connaissances en physique nucléaire, touchant les rayonnements et leur mesure, et quelques doses d’iode distribuées aux populations auraient avantageusement remplacé la rhétorique officielle. Mais il était dangereux, dans un premier temps,  d’informer et de s’informer vraiment sur Tchernobyl.

Ce n’est donc pas le réacteur seul qui a explosé, manipulé dans cette nuit fatale du 26 avril 1986 par quelques ingénieurs qui voulaient, pour voir, faire un test en débranchant les circuits de sécurité, mais tout un ancien système de valeurs, construit sur l’idéologie, l’incantation, l’appel aux volontés, construit en bref sur le spectacle du mensonge. Tchernobyl a ouvert un abîme, qui préfigurait l’effondrement de l’URSS quelques années plus tard.

Tel est en substance le contenu de ce livre grave, éprouvant,  que peu de taupins sans doute auront la force de lire entièrement. Il resterait à questionner son titre, pourquoi « la supplication » ? Ce mot oscille entre les supplices (bien réels autour de ce bûcher du réacteur béant) et les suppliques, autrement dit les prières, cet état de la parole bafouillée quand on ne sait plus que faire, quel parti prendre ou à quels gestes confier son salut. Mais le titre russe a-t-il ces deux sens ?

Supplique : ce titre autrement dit touche à un fond religieux de l’existence, souvent associé aux peuples slaves et que la catastrophe réactive : une projection exaltée de soi-même sur fond de fatalisme, un optimisme délirant (il n’est rien arrivé de grave) conjugué à l’aveuglement volontaire, à l’intoxication de l’idéologie officielle ou de la vodka… Mais cette histoire encore nous montre la plus folle tendresse appliquée comme un baume à des états du corps particulièrement repoussants ; les extrêmes mêlés de l’horreur, de la peur et de l’extase amoureuse. Un tel mélange obscur, en son fond intraitable, appelait cette tresse de voix singulières fondues au malheur collectif, un malheur qui ne date pas d’hier et qui pèsera sur demain, s’il est vrai que d’autres Tchernobyl nous attendent (Fukushima , de fait, a suivi en 2012 la parution de ce livre).

Dessin (encre) de Victor Hugo

Comme l’écrit Svetlana Alexievitch tentant de fixer le mystère-Tchernobyl, elle a eu « l’impression de noter le futur » (page 33).

12 réponses à “Fixer Tchernobyl ?”

  1. Avatar de m
    m

    Bonjour au cœur du silence de la nuit!

    Regarder en arrière sans pour autant être changé en statue de sel. Essayons!

    Billet à lire et à relire, écrit pour tout le monde et pas seulement pour des élèves de classes préparatoires, censés devenir des décideurs.

    Mais que peut faire, un lecteur sans le moindre pouvoir, perdu dans sa brousse, mon bon Capitaine?

    Chercher une anagramme à cette image représentant « le radeau de la Méduse » quand on est parvenu, à ce point, « au delà de la démesure »?

    Oui et alors? Les jeux de mots n’empêchent pas les maux et le voici, le pauvre, Gros-jean comme devant!

    Ainsi, je me suis plu après relecture de ce billet de l’envoyer à un comptoir de la prospective où officient des gens cultivés qui ont pignon sur rue.

    J’ai reçu incontinent une réponse de celui qui, sur son milieu de terrain, essaye de faire la passe.

    En voici pour tout dire l’essentiel :

    « Texte dense et intense sûrement autant que les livres qui l’ont inspirés.
    J’hésite à me lancer dans leur lecture qui ne manquerait pas d’être dense et intense. Juste mesure de la chose. Mais je vais m’en approcher, peut-être en rusant comme Persée.
    Je vous en dis plus dès que j’ai plus… » (Fin de citation)

    Les derniers mots de votre billet, Monsieur le randonneur, font appel au futur, un futur noté.
    « Lancer ce futur » (belle expression dont l’anagramme est celle du nom d’une chaîne de radio nationale), ça veut dire quoi dans un débat qui en est encore au combat mythologique des Gorgones et des Méduses, celui du bien et du mal qui, comme l’écrivait un élu du peuple quelque peu hiératique, colore encore notre vie politique d’une violence primitive et dangereuse?
    Voyager autour de sa chambre, tel Xavier de Maistre, du temps de Jacques Necker, est-ce bien la solution idéale pour gens confinés qui s’ennuient à mourir?
    Comment changer cette noire matière en pierre de rêve? Le miroir magique de la fenêtre étrange questionné à longueur de journée par tant et tant d’experts, les rassure dans leur position dominante. Et passe au dessus de nos têtes, le nuage d’inconnaissance…

    Les voix intérieures du poète nous répondent :

    « Pour que la lune émousse à travers la nuit sombre
    L’ombre par le rayon et le rayon pour l’ombre »

    Et notre âme atomisée cherche désespérément la voie…pour la suivre jusqu’à destination.

    m

  2. Avatar de Eric
    Eric

    Pour completer cette lecture, je vous conseille un livre sur Tchernobyl sorti cette année que j’ai trouvé en librairie avant le confinement, « visite post-apocalyptique », qui retrace l’histoire de la catastrophe et est accompagné de photos glaçantes, mais hypnotiques.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Ce « point d’hypnose » occupé par Tchernobyl est bien souligné par Svetlana dans son livre, et fait en effet l’énigme et l’immense intérêt suscité par cette catastrophe, d’où mon propre titre, comment « fixer » cela ?

  3. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    Bonjour!

    Il nous faut revenir sur ce billet, à la question posée. Peut-on faire autrement, Monsieur Bougnoux?

    Dans « Le bouclier de Tchernobyl » un responsable biélorusse, S V.Sobolov écrit en parlant des journalistes qui vont voir sur place :

     » Ils m’ont avoué : « Cela nous plaît de venir ici. Cela nous donne une charge énergétique puissante ». C’est une réponse inattendue, n’est-ce pas ? Il est probable que, pour eux, nos sentiments, notre monde, nous-mêmes représentons quelque chose d’inconnu, d’hypnotique… Mais je n’ai pas compris ce qui leur plaisait le plus : nous ou ce qu’il est possible d’écrire à notre sujet, de comprendre à travers nous ? Pourquoi tournons-nous toujours autour de la mort ?

    Le président ukrainien a ainsi déclaré : « Tchernobyl a été un point noir de l’image ukrainienne. Il est temps de changer cela. Nous devons montrer au monde cet endroit : aux scientifiques, écologistes, historiens et touristes ». Pour le journal La Croix, la directrice du centre Russie/Nouveaux États indépendants de l’Institut des relations internationales, explique ainsi qu’avec « l’ouverture médiatisée de cette zone marque encore une autre rupture avec l’époque soviétique où tout ce sujet était secret et mensonge ». Il sera ainsi désormais possible de photographier et faire des vidéos sur le site de Tchernobyl. »

    Une aubaine économique? Lisons plutôt ce que « La Croix » écrit :

    « De fait, le site est déjà en partie accessible aux touristes depuis quelques années. Mais avec l’aménagement de la zone, le président ukrainien espère récupérer quelques précieuses grivnas, monnaie ukrainienne. Car la situation économique en Ukraine inquiète et Tchernobyl s’est avérée une véritable mine d’or depuis la diffusion de la série américaine. L’afflux de touristes et autres « instagrammeurs » a ainsi fait bondir de 40% les réservations de tours guidés à Tchernobyl, rappelle « La Croix ». Le décret signé par le président ukrainien prévoit d’ailleurs un « corridor vert » pour touristes, pour permettre aux visiteurs en mal de sensations fortes de se promener en toute liberté sur le site toujours hautement radioactif. »

    Et maintenant, cet extrait de « La supplication »:

    « C’est pour les villageois que j’éprouve le plus de pitié. Ils ont été des victimes innocentes, comme les enfants. Parce que Tchernobyl n’a pas été inventé par les paysans. Eux, ils avaient leurs propres relations avec la nature. Relations de confiance et non de conquête. Ils vivaient comme il y a un siècle ou un millénaire, selon les lois de la divine providence…Et ils ne comprenaient pas ce qui s’était passé. Ils avaient une foi quasi religieuse dans les scientifiques, dans les gens cultivés. Et nous leur répétions : « Tout va bien. Rien de grave. Il suffit de se laver les mains avant de manger. » J’ai compris plus tard, quelques années plus tard, que nous avions tous participé…à un crime…à un complot…
    (Zoïa Danilovna Brouk, inspecteur de la préservation de la nature, p. 171-172) »

    On pourrait sans nulle conteste allonger la liste des témoignages sur ce spectacle de mort lente, abominable et des commentaires sur le contraste saisissant, à peine croyable de l’enjeu touristique d’une telle catastrophe.
    Aussi sommes-nous tous concernés par ce drame humain où la « matière noire » devient, en douze lettres, par anagramme « arme orientée » et la « noire énergie » devient par là même « reine ignorée ».
    Relisons Monsieur le Duc de La Rochefoucauld:  » C’est dans le regard clos, détourné de la lumière aveuglante du soleil que l’œil de l’âme explore ce tombeau nécessaire, cathartique, prélude à une renaissance de la vie, purifiée du superficiel et de l’accessoire, autrement dit de l’insensé. »
    Comment dans un œuvre littéraire en couleurs, dissoudre la matière et fixer l’esprit? Par quelle alchimie de la découverte, peut-on aujourd’hui, inventer une politique du Phénix? Et si ce n’était pas une illusion, une vague utopie pour intellectuels fatigués? La poétique du Phénix, on connaît un peu et là je pense à cet auteur qui terminait, en octobre mil neuf cent cinquante, à Dijon, l’un de ses livres, par ces mots : « Le passé de la culture a pour véritable fonction de préparer un avenir de culture. » (…) Elle est de Franz von Baader cette pensée qui définit vraiment l’homme cultivé par son devenir de culture :  » Nous sommes un livre vivant, un livre qui donne envie non de commencer à lire, mais de commencer à écrire. » (Gaston Bachelard)
    A cet instant précis, j’ouvre un livre que je suis allé acheter hier, dans un magasin d’électro-ménager (Eh bien oui! Vous voulez des preuves?) C’est celui d’un ami, écrit pour sa fille, son fils et un bibliothécaire belge…Il se termine par une question : »J’ai fait mon temps, mais rien n’est fait du temps qui m’a fait?
    Le temps dont plus d’un sait la valeur d’instrument saura-t-il nous donner la clé de la dimension à part où « la vraie vie est ailleurs » et par anagramme « la rivière suit sa vallée »? Autre question…d’un lecteur.
    Habiter poétiquement. Oui da. En mil neuf cent vingt-six, Marina Zvétaieva visitant un coin de France, le voyait d’une certaine manière. Hölderlin autrement en mil huit cent deux et pour parler de ces deux regards en deux mille huit, un entendeur de M.Heidegger a écrit un texte afin de saluer la venue en ce coin de France, connu des touristes du monde entier, le vingt-cinq septembre mil neuf cent quatre-vingt-treize, d’Alexandre I.Soljenitsyne.
    L’oiseau de nuit, là-bas, au parc, fait recette.
    Chouette alors! Celle de Minerve va s’envoler…
    Bien cordialement
    Gérard Fai

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Magnifiques associations, et rebonds dans les questions cher Gérard ; je n’ai fait que suivre Svetlana Alexievitch, son livre fourmille de perspectives et bien d’autres développements seraient possibles… Impossible donc, pour répondre à Cécile, de « faire le tour » d’une catastrophe de l’ampleur de Tchernobyl, surtout si elle se change ensuite pour quelques-uns en « bonne affaire », quelle ironie de l’histoire !

  4. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour!

    Nous sommes aujourd’hui, le vingt-deux novembre, le jour de la fête des Cécile. Sainte Cécile, la patronne des musiciens.

    Allez savoir pourquoi, ce matin, j’ai regardé, moi l’athée qui se méfie de cet appareil ménager appelé poste de télévision, le début d’une émission interreligieuse sur Dieu et la science! Le thème est connu et sans doute est-ce opportun de remettre de nouveau le débat sur la table.

    De retour d’un petit intermède matutinal dans ma nature où il fait un temps de printemps (Un privilège, sans doute), j’ai relu le dernier billet si poignant de M.Daniel Bougnoux et les commentaires qui suivent aussi. Et puis, chemin faisant, sur la toile, comme ils disent, j’ai découvert ce propos signé Fabrice Rousselot, directeur de la publication de « Libération » :

    « Tchernobyl : 33 ans après l’accident nucléaire, la nature se porte bien, merci ! »

    Et la nature est tellement belle, qu’on va même à Pripiat, donner un concert de musique électronique en l’honneur de l’équilibre retrouvé.

    En comparant avec le billet du randonneur, c’est le jour et la nuit. C’était en deux mille dix-neuf, trente-trois ans après l’horreur.

    Trente-trois, oui trente-trois ans et nos « docteurs » de tous poils – certains qui demandent des dons pour vivre, d’autres qui s’en passent car le contribuable est là pour financer ce qui est reconnu comme d’utilité publique – disent oui, disent non et le pauvre peuple ne sait plus à quel saint se vouer!

    Aussi, j’aimerais qu’une voix musicienne non récusable, vienne en ce blogue nous chanter quelque chose, en ce jour de fête.

    C’est un appel à une fine intelligence, à la vie tout simplement.

    J’ai ouvert la bible tout à l’heure et j’ai lu ceci dans Le Livre des Psaumes :

    « Entonnez un cantique, faites résonner le tambourin, et le doux kinnôr, avec le nébel » (81,2)

    « Aux saules qui s’y trouvaient, nous avions suspendu nos lyres » (137,2)

    J’imagine cette vox inconnue, voyageuse, enfin nomade quelque part.

    Une voix pour nous parler de là-bas…D’un exil sur les bords du fleuve Amour ou du lac Majeur, une petite cantate, des mots qui se souviennent et chantent la vie.

    J’imagine – mais imaginer n’est pas croire – la possibilité de cette « aile ».

    Bonne fête à toutes les Cécile!

    Kalmia

  5. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Bonjour aux passants du blog … Tout me semble dit dans votre texte Daniel auxquels s’ajoutent Les échos pertinents de l’un et l’autre.

    Le monstre de Tchernobyl ! Le confort apporté par le nucléaire est un drame sans issue aujourd’hui. Mais, que ferai-je pour survivre dans les conditions actuelles données aux gens de là-bas.

    “La température peut descendre à plus de – 20 quand nous sommes dans notre isba à 200 kilomètres de Moscou”. La personne qui me parle a vécu en appartement communautaire à Léningrad, après sa rencontre et ses épousailles avec Igor. Ils évoquent l’inconfort, les tensions entre les familles qui devaient se contenter de beaucoup de promiscuité. Avec les questions insupportables du droit à utiliser tel ou tel paquet de sucre, de farine., etc. Telle se déroulait leur quotidien dans les années 70.

    Couple Franco-Russe, probablement devenus des “pro-Poutine”, ils profitent aujourd’hui de leurs ressources financières acquises en région parisienne. Ce qui leur procure une existence confortable pour les mois à vivre en Russie.

    Mais qu’en est-il pour les autres habitants ?

    Évocations d’autres souvenirs ? Dans l’immédiat, je retourne à mon fourneau. Midi a sonné : c’est l’heure du repas !

  6. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonsoir!

    C’était en septembre et le pays semblait respirer.

    Par le bon coin orienté, j’étais quelque part dans un fond de village de Sologne, en quête d’une vielle Aronde du tout début des années cinquante:

    A chacun son petit grain de folie, que voulez-vous! Et de cette sente couverte de ronces, j’aperçus à quelques hectomètres, quelque chose qui ressemblait à une sorte d’animation où des gens s’affairaient autour de vieux bâtiments de ferme. Qu’est-ce que c’est? Le brave paysan, baissa la tête et répondit:

    -Ah là-bas, c’est un autre monde, ce sont là des choses qui me dépassent mais chacun fait ce qu’il veut!

    Après avoir pris congé de mon hôte et de sa voiture rouillée, abandonnée dans un creux de chemin, curieux de nature, je m’approcha et discrètement tendis l’oreille. Ce que j’entendis entre des bottes de foin et des livres sur des tables de fortune, aiguisa mon audace au point d’entrer avec un masque dans cette danse si particulière où sur la piste, il n’y avait rien du tout à vendre. Sans rien me demander on m’offrit recta une boisson du cru.

    Je reconnus, céans, un auteur qui publia quelques jours plus tard, un ouvrage où à la page des anges, Monsieur Daniel Bougnoux a sa part.

    Et, en telle compagnie si variée, il y avait aussi une ethnographe qui parlait musique et avait lu Michel Serres.

    De retour de cette rade inconnue et si mystérieuse où le gris pays avait des airs d’Italie, j’ai réussi à contacter Maritza, un peu par chance, le hasard aidant!

    L’ethnographe qui en a vu des continents et qui s’est risquée à l’intérieur des terres a lu, par mon entremise, mon commentaire dans le blogue du Randonneur de La Croix.

    Elle a bien voulu, en toute bénévolence, honorer ma proposition en nous offrant, si l’on peut dire, « sa chanson ».

    En voici des morceaux choisis :

    « Donc, que dire pour vous donner une réponse en direct à votre appel pour une autre voix ?
    Ces deux citations interpelant le domaine musical sont bien loin d’être les seules présentes dans la bible. Il en est de même dans les textes de références des autres religions. Pour moi, la seule démarche qui vaille est celle qui tentera de comprendre pourquoi, toujours et partout, la présence de cet art et non celle d’un autre : qu’apporte, que permet cette forme d’expression que ne peut produire toute autre façon de (se) dire ? Je serais bien tentée d’esquisser un début de réponse qui, certes, n’engage que moi (mais tout de même !!!) et je pourrais, aussi, rajouter que j’ai l’impression de radoter mais, disons avec beaucoup d’humilité que les années qui passent me permettent de creuser plus profond mon propre sillon :
    VI(e)BRATION(s)

    Une fois le mot lâché, il reste à s’interroger sur les points communs et les divergences entre musiques et musiques. Et, là encore, le mot vibration prend un autre sens selon qu’il est associé aux musiques dites traditionnelles (d’où qu’elles soient) ou à tout autre type de musique. Il devient, alors, presque facile de comprendre pourquoi tout a minutieusement été « orchestré » pour, dans les sociétés occidentales, les faire disparaître ! Et, pourtant, pourtant, il aurait peut-être suffit de ces chansons et de ces airs, d’ici et de partout ailleurs, pour que, l’air de rien (!!!), Tchernobyl, la Covid et bien d’autres horreurs n’existent pas !!!
    Faute de savoir et d’avoir compris ce en quoi cette voix-là pourrait aider l’humanité (et on ne peut pas en vouloir à qui que ce soit tant tout est fait pour qu’il en soit ainsi), non rares sont ceux qui se tournent vers la chanson dite à texte. Certes, à un bien moindre niveau dans la mesure où elle ne porte pas les spécificités des sons des musiques traditionnelles mais, au moins avec ceux-là, Laissons entrer le soleil

    (https://www.youtube.com/watch?v=G6eBBfxrhJk) s’il est encore temps !

    Vous en appelez à une autre voix. Voilà la mienne : puisse-t-elle être une autre voie !

    Samedi sur X…, une manifestation a eu lieu : n’étant pas en local, je n’y étais physiquement pas présente mais des amis y participaient, violons et répertoires traditionnels à l’appui (que faire de plus et de mieux ???). Et, au programme des chansons à texte, choisie par un groupe de jeunes que je connais bien : Sans la nommer (Moustaki). J’aurais aimé m’associer à un tel moment et y faire entendre ma propre voix ! Tant qu’à s’en référer à la bible, je serais tentée de rajouter : Mon Dieu, il faut que l’heure me semble bien grave pour que j’en sois-« là » !

    ps : j’ai écris ce mot en laissant se dérouler le lien donné au-dessus et, de fait, j’ai réentendu le Non, non, rien a changé que ces « enfants » offraient, dans les années 70 , en chant de Noël !! Là encore, bien difficile de ne pas lâcher un « Mon Dieu » tant, après toutes ces dizaines d’années, non seulement rien a changé mais « tout a continué » dans cette descente vers l’horreur ! Que tentent de faire, sous couvert de ce soi-disant virus, ceux qui ont le pouvoir en mains ?? quels sont les réels objectifs de ces temps d’isolement ?? de ces obligations de port du masque ????

    Maritza » (Fin de citation)

    Très intéressant, en effet, le propos de cette fine universitaire.

    Devant mon poêle, assis, regardant danser la flamme, mon esprit s’évade et je me dis au tréfonds de moi-même :

     » Bien sûr la musique charme l’oreille et adoucit les mœurs, mais a-t-elle, Madame, Monsieur, empêché la foule sentimentale avachie et beuglante de collaborer avec la bêtise humaine, dans les années quarante ou l’après-68?

    Maritza mentionne un mot formidable qu’elle façonne à sa manière, élégante et spirituelle : Vibration.

    Gaston Bachelard dans « L’air et les songes » cite Shelley qui affirme : »Tout l’espace vibre…Pas d’espace sans musique parce qu’il n’y a pas d’expansion sans espace ». Il nous invite, précise GB, à écouter « les êtres de l’espace infini » et mettre au silence les bruits de la terre pour entendre la musique se « transformer en substance ». – »

    Oui, Maritza, la musique est une matière vibrante qui s’adresse à la part vibrante de notre être, notre âme atomistique.

    La mémoire d’un chant traditionnel, d’une petite chansonnette de variété peut nous augmenter, certes, mais pour quoi faire?

    Mon vœu pieux d’athée, chère Madame, serait qu’une telle remembrance dont vous êtes un parfait exemple, répondît à vos pertinentes questions. Or, autant se rendre à l’évidence, pour ma part, je n’en sais strictement rien. J’imagine, sottement peut-être, que des bonnes volontés existent quelque part et travaillent à l’éclosion d’un monde meilleur.

    Sur votre Sitar, aux prochaines fêtes de la Noël avec votre famille réunie dans le respect des règles en vigueur, peut-être saurez-vous interpréter en cette intimité heureuse, un « chant oublié »… « Intouchable », telle est son anagramme!

    Toucher ou chanter juste, une merveilleuse haptique et fascinante étrangeté. Si loin, si près de Pripyat.

    Merci de votre attention.

    Kalmia

  7. Avatar de M
    M

    Bonjour!

    La musique antidote à la bêtise humaine? Eh bien, mes amis, les trompettes de Jéricho n’ont pas fini de sonner!

    Si j’ai bien compris l’entière disposition de votre correspondante, Kalmia, n’est pas à la cause musicale mais à la cause humaine, du moins si l’on se doit de lire entre les lignes.

    La musique dite de tradition, travaillée, enseignée dans les départements de musicologie des universités, victime au cours du temps de certains pouvoirs qui avaient, ont tout intérêt à la disqualifier et à en faire un simple divertissement? Soit!

    Reconnu d’utilité publique, son enseignement serait-il à ce point inadéquat pour éviter l’effort de relever le défi?

    Le propos de Maritza ne peut être pris à la légère, il mérite réflexion.

    Je pense à Régis Debray écrivant quelque part :

    « Tous les Orphées noirs et blancs qui ont « fait chanter les fontaines du jour » sans se tenir pour quittes de l’humiliante situation faite au commun des mortels par notre système de crétinisation et d’avilissement des consciences, ont droit à un peu plus que du respect. Et en particulier de celles et ceux qui se résignent mal au grandissant divorce, en chacun et autour de nous, entre ce qui chante de moins en moins et ce qui calcule de mieux en mieux, entre nos communions enfuies et nos quant-à-soi grinçants ».

    Régis Debray est un intellectuel qui découvre que le sobriquet intellectuel, qui n’engage à rien de sérieux, permet d’acquérir aujourd’hui une belle situation matérielle et morale, avec une pente invétérée, difficile à remonter, vers le bon côté du manche.

    Faut-il pour autant brûler les cahiers de médiologie et leurs maîtres au milieu? Laissons sans réponse la question posée par les gens reconnus du savoir, sachant que d’autres qui n’en font pas partie, en Ukraine ou en France, oncques ne la poseront…

    « Cela se nomme musique, cette mer immense qui baigne et inonde le Monde, berce les vivants qui pullulent, bouleverse les humains, foules et cultures, mer où plongent les personnes et leurs émotions, mer Musique où les ondes acoustiques, envahissant l’univers, sonnant l’universel du sens avant que quiconque s’exprime, consolent qui pleure et, de joie, dilatent qui loue. Paix dans la bataille longue qui oppose deux siamois. »(Michel Serres, Musique, page 165)

    Percevoir, en nos propres corps, la « musique primitive » par vibration, sans doute et peut-être jouer la suite, là où dans le questionnement la mélodie de l’idée reste en suspens…

    « Rien n’a changé, tout tout a continué, chantent les enfants des années septante que Maritza écoute de nouveau…en tapant sa réponse sur un clavier.

    Quelle enfance, le ciel bleu autour, peut encore avec des mots embellir le temps qui court?

    M

  8. Avatar de Gérard
    Gérard

    Bonjour!

    Plus d’un lecteur, comme votre serviteur, je pense, a été surpris de découvrir dans les commentaires de ce billet, le propos d’une personne qui répond au joli prénom de Maritza, qu’une autre met en piste. Pourquoi pas? On peut, en effet, se poser la question sans pour autant heurter notre randonneur qui décide de la fréquentation de son blogue. Un propos dont on ne voit pas le rapport avec la question posée : « Fixer Tchernobyl? »

    La randonnée est une quête et elle est inachevée…Il n’est pas interdit, que je sache, à l’enseigne d’un relais, s’arrêter, se sustenter goulûment et remonter nos réveille-matin pour un lendemain qui chante et compte soulever bien des montagnes.

    Je ne sais ce qu’en pense notre chef de file mais dans une randonnée, entre pluie et beau temps, on peut faire une croix sur le traintrain et, exceptionnellement, suivre un sentier qui bifurque…Et là, faire connaissance avec une secrète mélodie dans les sous-sols de l’être sans pour autant tomber dans l’obscurité d’un bougnou heideggerien où la parole s’achemine et nous laisse dans le trou, palsambleu!

    Tchernobyl est un trou noir.

    Quant à Rimbaud…

    Gérard

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Précisons que le « bougnou » si je vous entends bien, Gérard, qui êtes expert en mots rares et étymologies, est le nom donné au trou ménagé au point bas de la mine pour y drainer l’écoulement des eaux ? Oui cher compagnon de route, j’étais surpris moi-même, à la suite d’un billet consacré à un sujet plutôt sombre (programme des Taupes oblige), de ces bifurcations en direction de la musique, mais je ne dirais pas que les commentaires s’égarent, ils bifurquent selon les humeurs et c’est bien ainsi. Ceci dit, j’ai détesté ce livre de Michel Serres que cite le précédent commentaire, « Musique », et malgré l’admiration que je porte par ailleurs à son auteur, je crois que de dépit je l’ai jeté, horresco referrens !

  9. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Musique … musiques ! Pour se projeter au-delà des ritournelles mièvres ou autres discours confus, je propose un vagabondage avec violoncelle, violon ou piano avec les Alexandre Tharaud, Hilary Hahn et Renaud Capuçon ou tant d’autres aux multiples talents.

    Mieux même, à partager un goûteux détour en compagnie de Seiji Ozawa, chef d’orchestre qui conjugue son « exigence musicale et une indocile liberté ».Sur Arte, nous retrouvons le réalisateur Olivier Simonnet retraçant le parcours de celui-ci avec un bonheur sans égal.

    Loin de Tchernobyl et des lassantes fureurs de nos quotidiens, une leçon de vie donnée par une personnalité haute en couleurs, un vieil homme aujourd’hui pétri par son insatiable soif de transmettre la grande musique occidentale.

    Vous avez dit vieil homme ! Qui se souhaite sa vigueur et son humour à 80 ans … ?

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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