Freud, fin de partie ? (1)

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Je me trouvais la semaine dernière à la projection d’un film, Le Phallus et le néant, qui n’est pas encore distribué, et emprunte provisoirement la formule du ciné-club : une unique présentation promenée de ville en ville par sa réalisatrice Sophie Robert, qui débat ensuite avec le public. Pénible soirée ! Dont je suis ressorti (sans assister à la fin d’échanges assommants) animé de deux sentiments contradictoires.

Une rumeur pour moi alléchante avait motivé ma venue : après le coup d’éclat du Livre noir de la psychanalyse, annonçait en substance « Le Petit bulletin », arbitre de nos sorties grenobloises, on allait voir ce qu’on allait voir, la mise à mort finale d’une imposture qui n’avait que trop duré ! Cette promesse fracassante n’était pas nouvelle, mais la mention du Livre noir me décida ; j’ai très bien connu son maître d’oeuvre Mikkel Borch-Jacobsen, auteur (fort sérieux) d’ouvrages pour moi fondamentaux comme Le Sujet freudien (Flammarion) ou Lacan, Le Maître absolu… Qu’allait-on nous montrer ?

Une série ou une galerie en effet hallucinante de propos tenus par des praticiens ; les uns lacaniens, d’autres « freudiens », certains médecins et d’autres non, y glosent des notions comme phalluscastration, inceste ou quelques autres proposées par la réalisatrice. Dix-neuf (si j’ai bien compté) psychanalystes se prêtent à ce jeu qu’ils ne devinent pas de massacre, avec une inconscience surprenante touchant la réception de leurs propos. Si la règle d’or du patient sur le divan est de « tout dire », celle du psy prié ici de répondre semblait de dire n’importe quoi.

C’est le premier motif de sidération, comment osent-ils ? Quelle bonne conscience, quelle assurance née d’échanges entre soi, quel mépris de la simple interlocution autorisent ces hommes et ces femmes qu’on suppose intelligents, ou doués d’esprit critique, à proférer devant la caméra de pareilles âneries ? Car on n’entend dans leur bouche, à de rares exceptions, que l’arrogance d’une corporation devenue apparemment indifférente à toute vocation thérapeutique. Abrité, embusqué dans un jargon proféré en boucle, d’une circularité indigente, calé dans son piètre raisonnement fait de mots si étranges ou si pauvres, l’oracle-orateur administre au vulgaire, du haut de sa superbe, un catéchisme sans réplique ; quelque argument qu’on lui objecte, chacun semble parti pour avoir toujours raison. Le Phallus et le néant ou le retour consternant de Diafoirus !

Je ne peux, faute d’avoir pris des notes, produire ici des citations, seulement la liste des thérapeutes interrogés : Richard Abibon, Jacques André, Patrick Avrane, Yann Bogopolsky, Emeline Caret, Guidino Gosselin, Jean-Michel Hirt, Eric Laurent, Marie-Christine Laznik, Christine Loisel-Buet, Geneviève Loison, Aldo Naouri, Claude Parchliniak, Gérard Pommier, Jacqueline Schaeffer, Monique Schneider, Estella Solano-Suarez, Alexandre Stevens, Jean-Pierre Winter. On reconnaît dans ce défilé quelques noms illustres, qui ne se privent pas d’alimenter les médias de leur expertise – pour combien de temps encore ?

Jacqueline Schaeffer, particulièrement ridicule et malmenée dans ses déclarations, aurait intenté à la production du film une action en référé, dont elle fut déboutée. La présence de sa voisine de liste Monique Schneider étonne davantage : La Parole et l’inceste, ou Freud et le plaisir (je cite de mémoire, n’ayant pas d’où j’écris ma bibliothèque) sont des livres excellents, qui m’ont servi à composer mon propre ouvrage Le Fantôme de la psychanalyse, Critique de l’archéologie freudienne (Presses universitaires du Mirail, 1991). Et Monique figurait dans mon jury de thèse, que vient-elle faire ici où ses propos n’ont rien que de raisonnable ?

Un autre volet du film consiste en paragraphes tirés de Freud ou de quelques disciples notoires, Dolto ou Winnicott ; ayant oublié mes lunettes, je n’ai pu déchiffrer ces cartons qui suscitaient quelques ricanements du public. Je soupçonne Sophie Robert d’avoir tronqué à plaisir des phrases douées de sens en contexte, mais qui peuvent étonner ou scandaliser le profane ; c’est le reproche qu’une dame, vraisemblablement psychanalyste, lui adressa, on peut ridiculiser n’importe qui avec votre montage… Cette objection pourtant n’exonère pas les praticiens bavards qui ont bel et bien prononcé, avec quelle emphase, les mots pour la plupart ineptes que nous entendons.

Françoise Dolto

Un troisième élément du film consiste en un petit dessin d’animation narrant les affres d’une jeune patiente qui peine à s’allonger, ou à payer sa psy en liquide – cette dernière caricaturée en matrone aux traits de Françoise Dolto.

À l’issue de la projection, la jeune réalisatrice, douée d’un bagout certain, se lança dans de nouvelles diatribes avant de donner la parole au public. La salle bien garnie, assez jeune, m’a semblé peuplée d’étudiants en psychologie rameutés par leurs enseignants, et tous (ceux du moins qui eurent la parole) très remontés contre la psychanalyse. En une heure de débat, je ne réussis pas à obtenir le micro, qu’aurais-je dit ? Que les propos tenus à l’écran sont en effet accablants, mais que ces tristes représentants ne doivent pas nous détourner d’une discipline que d’autres pratiquent honnêtement, avec des résultats appréciables. Et je revoyais ma femme Françoise, qui exerça plus de trente ans ce métier comme thérapeute, et enseignante aussi auprès de petits groupes réunis dans notre salon : avec quel enthousiasme elle leur faisait partager Dolto, Winnicott et, par tranches pédagogiques, progressivement, l’œuvre de Freud ! J’entends encore les témoignages que ces « élèves » prononcèrent à ses funérailles ; sans langue de bois, sans jargon, ces femmes avaient assimilé quelques notions fondamentales capables de modifier leurs vies. Comme moi-même au contact de Françoise. Qu’aurait-elle pensé de ce film ?

Françoise (avec Mathilde)

Elle s’était durement affrontée à la corporation de ses confrères psychiâtres, et avait dû maintenir son cabinet assez seule, à l’écart des réseaux ; elle exerçait son métier avec passion, sans recourir jamais à un vocabulaire abscons mais avec le souci toujours d’expliquer, de déplier, de défaire les nœuds sans en rajouter du côté de l’intimidation, sans jouer au mage ni s’envelopper d’un voile de mystère. Et je me revois de même, jeune normalien, assister en 1966 à quelques séances du « séminaire » de Lacan dans une salle Dussane bondée ; je revois mon camarade Nassif faisant la cour au Maître, ou Jacques-Alain Miller se plaçant pour épouser sa fille Judith, et hériter de l’édition du Séminaire. Je revois Pierre Kaufmann, chez lequel je déjeunais souvent rue du Vieux-Colombier, entraîné par son fils Jacques alors mon copain de khâgne, qui me renseigna le premier sur Lacan et sur le mimétisme fatal qui plongeait ses « disciples » dans une navrante soumission. Je revois Serge Leclaire, chargé d’un cours du soir à l’ENS, peinant à nous tenir un discours pédagogique ; à celui qui n’était pas encore le praticien-vedette de l’émission de télévision « Psy-show », quelques camarades par ailleurs militants de l’UJC-ML lançaient cruellement des colles de philosophie auxquelles il ne savait répondre comme, dans des écoles de moindre rang, des chahuteurs jettent sur le pion des boules puantes…

Je n’ai pas fréquenté très longtemps le Séminaire, insupportable de mondanités, de vanités puériles et baptisé sans doute ainsi par antiphrase puisque personne, à cette date, n’osait plus y prendre la parole. Mais je me suis moi aussi allongé quelques mois sur un divan, grenoblois et lacanien hélas, sans autre résultat que de confirmer mes doutes. Je revois Hildenbrandt, ou quelques émules de son cercle, pauvres clones d’une parole qui les dépasse, petits porteurs d’un habit trop large qui plisse aux bras, aux genoux. Ceux qui, des années durant, ont pris le train chaque semaine pour aller faire chez Lacan ou l’un de ses proches disciples leur « tranche de contrôle » ne se montraient guère tendres avec les patients, vis-à-vis lesquels ils reproduisaient l’humiliation et les brimades endurées lors de leur formation. On observe aussi chez les cuisiniers, ou divers corps de métiers manuels, ce genre de transmission.

Jacques Lacan

En bref l’éthique de la psychanalyse, tant vantée dans ces mêmes milieux, ne saurait consister  à renchérir de superbe, ni de condescendance dans le cadre d’une relation clinique ou d’un échange intellectuel. Si analyser veut dire dissoudre (des liens abusifs, des nœuds psychiques), le rôle du maître-supposé-savoir n’est pas d’en rajouter en plaçant le sujet dans une dépendance infantile, voire une posture d’addiction. Françoise s’est battue pour libérer ses patients ; et quand j’ai moi-même publié mon livre consacré à examiner quelques difficultés de l’archéologie freudienne, je n’ai pas recherché le bouclier d’un ésotérisme enjôleur : les choses de l’amour, ou de l’inconscient sont assez repliées, confinées ou entortillées pour ne pas les obscurcir davantage ! Hélas, je n’avais pour prendre la plume aucune autorisation institutionnelle, je n’appartenais à nul groupe, et mon Fantôme n’eut aucun écho (sinon de la part de Roger Gentis). Beaucoup plus tard, Pontalis qui apparemment m’avait lu me demanda, presqu’avec reproche, pourquoi je ne lui avais pas proposé d’abord ce livre pour sa prestigieuse « Bibliothèque de l’inconscient » – cher vieux Jibé, si j’avais su ! Mais comment depuis ma province, dans ce climat d’intimidation tenace aurais-je osé ?

Lors du médiocre débat qui suivit la projection du film – médiocre par absence de contradiction, Sophie Robert ayant avec ses propos de guérillère conquis la salle –, j’aurais voulu avancer que la psychanalyse n’était pas une pensée négligeable, ni Freud un chien crevé ; qu’il se rencontre des praticiens honnêtes qui vous conduisent à la cure. Ou que par exemple, moi qui me trouvais la semaine dernière accaparé par un séminaire sur Aragon à l’ENS, je ne vois pas comment rendre compte d’un livre comme La Mise à mort (1965) sans le secours d’un minimum de théorie freudienne. On apprécie bien sûr les romans sans avoir lu Freud – mais une connaissance ou une culture tirées de lui peuvent tellement éclairer certains textes ! Au point que les commentaires qui s’en privent tournent en rond, ou demeurent de surface.

Les étudiants qui peuplaient la salle, peu soucieux de théorie psychanalytique, lui opposaient les mérites de l’hypnose, de la psychologie comportementale, des neurosciences ou de tel médicament… Un précieux outil de culture semble avoir fait son temps, victime de ses gardiens mêmes ; la figure du médecin cultivé, passionné d’art et de littérature comme le furent Freud ou Lacan (qui pétillait au moment du « Discours de Rome », ou du séminaire sur La Lettre volée), semble avoir disparu de notre horizon. Qui s’intéresse encore à un sujet comme « Littérature et psychanalyse » qui fut, dans les années 1970, le titre en fac d’un de mes cours ?

Mais j’ai vu la semaine dernière à Paris l’exposition de Jean Clair au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, « Freud du regard à l’écoute » – plus donc sur ce thème, dans un prochain billet.

49 réponses à “Freud, fin de partie ? (1)”

  1. Avatar de vyrgul
    vyrgul

    Humain, trop humain. On se croirait dans un salon de la Recherche du Temps perdu, ou dans certains milieux fréquentés par Ulrich dans L’homme sans qualités. Comme votre billet le dit à sa façon, il y a deux éthiques de la pensée et donc grand types de « penseurs ». Les libertaires qui transmettent leur pensée à leurs « élèves » pour leur donner les moyens de se libérer (autrement dit, se décentrer : l’aventure de toute une vie), et, pour paraphraser Musil, « les violents qui, faute d’armée à leur disposition, se soumettent le monde en l’enfermant dans un système. »

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui Vyrgul, et la réception est comme l’émission : l’élève peut choisir de se transformer au contact du message, de le creuser et l’adapter à soi, ou de le répéter comme un perroquet, de l’asséner comme un dogme. Dans l’enseignement, nous savons vous et moi qu’une partie des élèves ne retient rien, ne fait rien du message reçu ; et que des deux côtés de la transmission joue l’alternative que vous pointez, autorité versus liberté.

  2. Avatar de Winter
    Winter

    Cher Monsieur, votre compte rendu de cette projection (concept analytique !) est assez équilibré et subtil. A ceci près qu’a mon avis vous sous-estimez grandement la malhonnêteté de l’auteur de ce montage. Pour vous en convaincre il suffirait de vous renseigner sur les conditions des tournages qui étaient présentés aux interviewés comme un documentaire d’une étudiante en psychanalyse jamais annoncé comme destiné à un large public. Ce qui est dit est dit c’est vrai mais les itv dans leurs longueurs apportent les explications permettant d’éclairer des propos un peu abrupts. Avec mon estime, JP Winter

  3. Avatar de Marianne
    Marianne

    Mon commentaire
    Plaidoyer pour le soin
    Je n’ai pas pu voir in extenso le film de Sophie Robert intitulé « le phallus et le néant , « mais les quelques extraits que j’ai eu l’occasion d’appréhender m’ont révoltée !
    La psychanalyse y est ridiculisée et falsifiée dans sa nature même .
    Les entretiens avec des psychanalystes sont grossièrement manipulés par un montage idéologique à charge contre la psychanalyse !
    Ce procédé visant à démolir la psychanalyse n’est pas nouveau et a été souvent utilisé dans les régimes totalitaires pour disqualifier un mode de penser jugé contraire à l’idéologie dominante .
    Je rappelle la définition de Freud de cette discipline :
    Un mode d’investigation du fonctionnement psychique
    Une approche thérapeutique visant à aider des personnes en souffrance
    Une science , à ranger parmi les sciences humaines .
    La plupart de mes collègues considère que leur approche est avant tout thérapeutique, notre souci premier est d’aider nos patients à mieux appréhender leur fonctionnement psychique , aborder leurs conflits internes afin de mettre en œuvre toutes les ressources dont ils sont capables pour penser et surtout vivre plus librement .
    Je parle de manière compréhensible par tous et n’utilise pas ce jargon pontifiant , qui souvent ne signifie pas grand chose et méprise les « non-initiés « ..
    ce discours jargonisant dessert la psychanalyse et en écarte ceux qui pourraient en bénéficier .
    Il est vrai que la psychanalyse ne va pas dans le sens de notre époque prise dans l’immédiateté , et qui ne prédispose donc
    pas à cet après coup nécessaire au retour dans le passé , et qui permet le travail d’élaboration, de réflexion sur soi nécessite à la (re)construction de notre histoire vécue .
    Ce long et difficile travail effectué par les deux protagonistes reliés par le transfert , prend du temps et beaucoup d’énergie et il est semé d’embûches . Des résistances sèment le doute et produisent des régressions , parfois des réactions négatives, qu’il faudra comprendre dans la trajectoire du processus analytique .
    Tout cela pour dire combien le travail analytique est sérieux et au service de la vérité de celui ou celle qui s’y prêtent .
    Je pense que nous sommes bien loin là des théories souvent fumeuses et qui n’aident en rien à écouter nos patients en suivant le fil de leur pensée pendant leur séance ..
    voilà la réaction immédiate d’une psychanalyste qui met son rôle de soignante en priorité , sans oublier les hypothèses théoriques qui peuvent être remises en cause à tout moment , dans un travail de recherche et de discussions passionnantes .
    Marianne Rabain – Lebovici
    Psychiatre et psychanalyste

  4. Avatar de Schaeffer
    Schaeffer

    Cher Monsieur.
    Je m’associe à Jean Pierre Winter pour confirmer la malhonnêteté de cette dame, qui s’est présentée à nombreux d’entre nous en prétextant faire un documentaire pour Arte. Elle m’a filmée il y a exactement dix ans, en février 2009, pendant 2 heures 45. Mon avocat avait demandé au sien en 2017 de ne plus utiliser mon image, car je ne souhaitais pas être mêlée à certains propos, et ne me reconnaissais pas dans les concepts lacaniens. Il a intenté un référé dans ce sens, mais s’est trouvé devant un juge plaidant l’incompétence et renvoyant au fonds. J’ai pu obtenir l’intégralité de mes rushes. Il est facile d’y voir la décontextualisation et à quel point elle a oeuvré pour me disqualifier.
    En 2 h 45 d’entretien, en confiance, il y a des moments où certains propos sont lâchés sans contrôle, hélas, je le reconnais, et je ne suis pas la seule à déraper. De plus, comme il est dit fort justement dans votre article, « on peut en effet ridiculiser n’importe quoi avec le montage ». Procédé courant aujourd’hui.
    De surcroît, S.R. n’a pas hésité à falsifier une histoire clinique que je lui avais demandé de ne pas utiliser, ce qui est une faute éthique.
    Je suis fort surprise qu’elle ait pu être décorée de la légion d’honneur en janvier 2019. Elle aura réussi à duper jusque là ?
    Cette femme aurait pu faire un documentaire intelligent, critique, permettant un débat contradictoire. Mes propos concernant l’inceste, courants à l’époque de Françoise Dolto, maladroitement formulés, font référence à des diagnostics qui pouvaient alors être entendus et qui aujourd’hui devraient faire débat au lieu d’être ridiculisés.
    A l’avant-première à Paris au cinéma Le Balzac, le 10 janvier, le public n’était composé que de ses contributeurs et supporters. L’atmosphère était délirante de haine, avec des propos tels que « Ils sont partout », « Tous en prison ! », évoquant de sinistres échos de propagande.
    Il est bien triste que nos jeunes générations ne prennent pas le temps de débattre, et que la curiosité intellectuelle soit réduite à ce point, ainsi que les connaissances. Et ce n’est pas prétentieux de le dire.
    Durant l’entretien du filmage, il m’a d’ailleurs fallu expliquer et ré-expliquer la différence de base entre réalité physique et symbolique. Il semblait difficile pour cette femme d’entrer dans cette dimension. Et je ne parlais pas du « symbolique » lacanien, mon orientation étant freudienne.
    Tous les psychanalystes sont mis dans le même sac, aucune différence n’est faite entre lacaniens, freudiens ou kleiniens : tous des monstres, appartenant à une secte, et imbus de leur personne.
    S. Robert a en effet à tel point « tronqué à plaisir des phrases douées de sens en contexte », qu’elle fait des psychanalystes des pervers, des fous, voire des pédophiles. Les témoignages à charge sont accablants, dépeignant des psychanalystes psychopathes.
    Quel dommage et quel gâchis !
    La psychanalyse est toujours aussi dérangeante et subversive en 2019, n’en déplaise à S.R. Et elle le sera toujours.
    Merci, en tout cas, pour la qualité de vos propos.
    Jacqueline Schaeffer
    Psychanalyste.

  5. Avatar de aufildesjours
    aufildesjours

    De tous temps, des conflits ont existé entre les « savants ». Le progrès a toujours fini par chasser les pratiques obsolètes et barbares. Aujourd’hui, nous assistons à une guerre des psy et la psychanalyse est sur la pente descendante. L’existence de cette guerre entre la psychanalyse et le reste du monde n’est pas à démontrer. Par exemple, au Sénat le 20 novembre 2012, lors dune audience sur les dérives thérapeutiques et les dérives sectaires, le député Bernard Accoyer déclarait : « En toile de fond se joue un combat entre psychiatres de tendance analytique et psychiatres de tendance cognitivo-comportementaliste. ». Chaque année la psychanalyse perd du terrain, y compris en France. La psychanalyse n’est plus enseignée en psycho dans les meilleures universités américaines (Harvard, Stanford, État de Pennsylvanie, Yale, Wisconsin, Oxford, etc.). On y enseigne les TCC, la psychologie du développement, etc. En 1980, toutes les références freudiennes ont été retirées du DSM III (l’encyclopédie des maladies psychiatriques) pour leur absence de scientificité. La psychanalyse a fait l’objet d’un rapport de l’INSERM en 2004 qui démontre qu’elle est sans efficacité sur le plan thérapeutique. Elle a aussi été désavouée en 2010 par la Haute Autorité de Santé pour sa fausse prétention à pouvoir soigner l’autisme ! D’ailleurs, à ce titre, à l’Assemblée Nationale le 5 avril 2016, le député PS Gwendal Rouillard, associant son collègue LR Daniel Fasquelle, demandait à Ségolène Neuville : « d’abandonner définitivement les impostures morale, médicale, éthique et intellectuelle de l’approche psychanalytique vis à vis de l’autisme… ».

    On ne compte plus les pédopsychiatres d’orientation psychanalytique et professeurs d’université autoproclamés spécialistes de la théorie de l’attachement ayant parasité cette théorie de concepts psychanalytiques comme les ridicules pulsions d’attachement, ni ceux ayant usurpé le nom du docteur Brazelton pour faire croire aux ministères de la justice et de la santé que ce célèbre pédiatre serait opposé à la parentalité des pères de famille en cas de séparation parentale. Ces escrocs sont tous psychanalystes. Les associations dites de pères estiment que la psychanalyse contribue chaque année aux suicides d’environ 1000 pères de famille.

    Il est temps d’en finir une bonne fois pour toute avec cette pseudo-science.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Madame ou Monsieur (en l’absence de signature de votre commentaire, je ne sais vous nommer), je trouve que vous y allez un peu fort ! La guerre fait rage décidément, mais tous les coups ne sont pas permis, et parler en général « d’escrocs », ou de « pratiques obsolètes et barbares », semble évidemment excessif. Le problème est que la psychanalyse, forte de son élan (promis à retomber), a empiété sur des champs cliniques qui lui échappaient : l’autisme, la psychose, et les faits de société que beaucoup de praticiens manipulent et interprètent à leur guise – trop facile, abusif je vous l’accorde. Mais comment décider que la psychanalyse contribue chaque année aux suicides d’environ mille père…, cette « statistique » n’est-elle pas elle-même ridicule ?
      Je maintiens qu’il y a, en marge d’excès attestés, une place pour les jeux du symbolique et de la parole, place aujourd’hui gravement compromise par notre société qui souffre, précisément, d’effondrements symboliques bien visibles et ravageurs ; l’américanisation des soins, que vous mentionnez, ne me semble pas face à cela de bon augure, ni aucunement la panacée… Nous assistons, incontestablement, au retour de bâton pour une discipline ou une école de pensée qui a régné trop autoritairement sur la culture ; mais qui fut elle-même un outil précieux de culture, et d’intelligence de certains des maux (pas tous) dont nous souffrons. Je ne voudrais pas qu’on jette le bébé avec l’eau du bain, voilà tout.

  6. Avatar de Lo
    Lo

    Il est bon d’assister à l’apparition de failles dans des comportements que nous jugeons, nous, malades, inacceptables depuis bien longtemps. Il est savoureux, aussi, de constater à quel point les psychanalystes se défendent avec les mêmes mots et attitudes qui les disqualifient lors de la pratique de leur art.

    Même l’auteur, pourtant ouvert d’esprit, de cet article n’arrive pas à comprendre à quel point son commentaire vise mal : Sophie Robert montre simplement quelque chose que nous constatons, nous, au quotidien, à savoir le fonctionnement purement autogène d’une discipline n’ayant aucun égard pour le patient : ce décalage infini existant entre ce qui est devenu une doctrine nécrotique et une très simple et très humaine logique : nous ne sommes pas ce que vous dites et il n’est pas nécessaire d’avoir fait de longues études pour le savoir. La faillite globale du système, nous le vivons, nous, de l’intérieur, quotidiennement.
    Nous sommes des êtres humains en souffrance et voulons êtres considérés comme tels avant toute autre forme de considération interne à la discipline.
    Ce qui n’est pas le cas et Sophie le prouve.
    L’auteur de cet article regrette de ne pas avoir eu la parole lors du débat qu’il juge pauvre et égraine son parcours comme autant de perles ayant pour but d’éblouir et disqualifier l’autre. Sans verbiage, certes, mais avec la même morgue qui nous, patients, nous tue plus sûrement que notre propre pathologie.
    Les termes d’écoles de moindre importance ou de boules puantes par exemple : croyez vous nécessaire d’écrire noir sur blanc à quel point la majorité d’entre nous sont des « négligeables »?
    La faillite de votre discipline ne le doit en effet qu’à elle-même. Nous, qui sommes moins éduqués et souvent sans pouvoir aucun, avons le courage de dire à quel point nous sommes en désaccord avec vous, et peu importe la façon de le faire car vous, vous ne nous écoutez pas. Jamais. Vous vous écoutez, vous, et vos semblables. Vous ratiocinez et cela nous tue.

    Sophie Robert, comme d’autres, souvent des malades, prennent leur destinée en main car la psychanalyse a failli, parfois tellement gravement qu’elle a entrainé des suicides, des séparations de familles et des internements abusifs. L’enjeu est là, pas la survie de votre discipline. Et peu importe qui vous êtes et ce que vous avez accompli, qui est Freud et qui est Lacan. Nous, nous voulons juste vivre. Dignement.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je comprends mal, qui est « nous », qui est « vous » ? Personnellement, je ne suis pas praticien, seulement un observateur de cette branche de la culture, la psychanalyse, elle-même divisée en tellement de rameaux ou d’écoles, avec des succès inégaux, des approches différentes… Et vous, vous êtes patiente, fidèle encore à ce traitement ou en rupture de divan ? Je ne crois pas que le film de Sophie Robert présente équitablement une corporation, voyez ici même la protestation de Marianne Rabain : qu’avez-vous à lui opposer exactement ?

  7. Avatar de kalki
    kalki

    « En 2 h 45 d’entretien, en confiance, il y a des moments où certains propos sont lâchés sans contrôle, hélas, je le reconnais, et je ne suis pas la seule à déraper. »

    Un homme, une femme de qualité, lorsqu’il se rend compte que ses outils sont des bourreaux abandonnera ses outils messieurs et mesdames, psychanalystes et psychiatres. Que vos attentions soient les meilleures du monde, que votre rigueur soit des plus impeccables, les outils de la psychanalyse ne le sont pas. Vous pouvez pour cela user de tous les points de vue du monde, si des « patients » se trouve mieux après vous avoir vu se sera avec vous mais aucunement par la psychanalyse. Les fondements théorique sont faux, biaisés, et toxiques, effectivement dangereux au titre de la santé, de la sécurité et du vivre ensemble.

    cordialement
    Pierre Emmanuel

  8. Avatar de Christine
    Christine

    Et bien en tant qu’observateur,je vous trouve particulièrement orienté dans la défense de la psychanalyse. Citez-moi donc un seul succès réellement thérapeutique du célèbre Freud. Un qui n’ait pas été monté de toutes pièces.
    Vous n’êtes pas praticien? De quel droit vous permettez-vous alors de vous ériger en grand défenseur de ce que vous considérez vous même comme une partie de la culture? (Roudinesco,sors de ce corps)
    Que vient faire la « culture » en psychiatrie ou en psychologie? Qu’a-t-elle à offrir aux personnes autistes ou schizophrènes? Aux personnes victimes de viol ou de pédophilie?
    Vous citez « l’arrogance d’une corporation devenue apparemment indifférente à toute vocation thérapeutique ». C’est faux. Depuis le tout début,les tenants de cette doctrine ont fait preuve d’arrogance,de déni,de malversations,de mensonge éhontés pour promouvoir leur autorité sur leurs Sujets mais également sur leurs contradicteurs.
    Les défenseurs de la psychanalyse sont pétris d’arrogance. Ils n’hésitent pas à renvoyer en première intention leurs contradicteurs vers une supposée souffrance,voire une pathologie. Ce type d’attaques ad personam est une des marques de fabrique pour la défense de la psychanalyse.

    Votre anti-américanisme provient sans nul doute de ce que le Lacanisme a été rejeté par les américains. Si le Lacanisme y avait été adoubé de la même manière que le freudisme l’avait été,vous seriez probablement un ardent défenseur de l’américanisme.
    Quand à l’humanisme pré-supposé dont vous sembler parer cette discipline,beaucoup de gens en sont revenus.
    On ne compte plus le nombre de suicides parmi les psychanalystes eux-même,les analysés,n’en parlons même pas…
    J’aimerais aussi que vous m’expliquiez comment se fait-il que la France qui compte le plus de professionnels de soins formés à la psychanalyse soit également le pays où on consomme le plus de psychotropes. Magie de la psychanalyse?

  9. Avatar de Jacques Van Rillaer
    Jacques Van Rillaer

    M1) Le compte rendu que vous faites de l’assistance au « Séminaire » de Lacan est instructif et m’a beaucoup amusé. Pour un complément à votre description, je vous propose de lire ce petit texte où est rappelé que Claude Lévi-Strauss n’y est venu qu’en fois et n’a pas compris grand chose…
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/260818/seminaires-lacaniens
    2) Vous évoquez le travail de votre épouse. Je suis tout prêt à admettre qu’elle a travaillé avec générosité et efficacité. On peut faire du bon travail avec une théorie bancale ou même fausse. La majorité des thérapeutes, toutes Ecoles confondues, enregistrent des améliorations et des guérisons grâce à ce qu’on appelle les « facteurs thérapeutiques non spécifiques »:
    http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2431
    3) Une partie du succès de Lacan tient à la promotion de son discours sur l’éthique: l’apologie du plaisir et de la jouissance, sans le moindre souci de justice sociale. Il concluait son séminaire “L’éthique de la psychanalyse” (1960) en disant : “Je propose que la seule chose dont on puisse être coupable, au moins dans la perspective analytique, c’est d’avoir cédé sur son désir. […] Ce que j’appelle céder sur son désir s’accompagne toujours dans la destinée du sujet de quelque trahison” (Le Séminaire. Livre VII. Seuil, 1986, pp. 368, 370).
    Jacques-Alain Miller, dans “Vie de Lacan écrite à l’intention de l’opinion éclairée” (Paris : Navarin, 2011) décrit en ces termes le jouisseur narcissique qu’était son beau-père : “Lacan n’était pas un juste. II n’était pas tourmenté par le devoir de justice. Il m’avait même dit, et dit à tous, à la télévision, l’indifférence qu’il vouait à la justice distributive, celle qui veut que, de chacun, il en soit selon ses mérites” (p. 3). « Pour Lacan, un analyste qui s’excuse au nom de ses bonnes intentions, c’est à se tordre » (p. 12).
    4) Puisque vous avez une formation philosophique et que vous appréciez ce qu’écrivait Mikkel Borch-Jacobsen, je vous recommande son dernier ouvrage, dont voci une présentation:
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/210119/mikkel-borch-jacobsen-apprendre-philosopher-avec-freud-ellipses-2018-256-p
    Jacques Van Rillaer
    Professeur émérite de psychologie à l’université de Louvain (ex-psychanalyste freudo-lacanien)
    on commentaire

  10. Avatar de pere y scope
    pere y scope

    EXERCICE ILLEGAL de la médecine (doublé d’ abus de faiblesse et de travail dissimulé) : telle est la faute gravissime de cette pratique telle qu’elle s’est développée comme un cancer métastasé dans la société française si crédule. Si elle était restée là où elle devait rester , un sorte de yoga de la pensée, on aurait de l’estime pour ces saltimbanques comme on en a pour les artistes de rue.
    Mais ce fut le contraire , une dictature du psychisme ; rien ne pouvait se comprendre ET SE SOIGNER (!) sans la pensée des MAITRES (lol) . En résumé , comme si les grands maîtres du yoga prétendaient éviter et soigner le cancer .
    (les psychanalystes vont se lécher les babines : j’emploie 2 fois le mots cancer ! de quoi gloser à l’infini…)

  11. Avatar de aufildesjours
    aufildesjours

    Le 9 février (12:32), Daniel Bougnoux écrit : « La guerre fait rage décidément, mais tous les coups ne sont pas permis, et parler en général « d’escrocs », ou de « pratiques obsolètes et barbares », semble évidemment excessif. Le problème est que la psychanalyse, forte de son élan (promis à retomber), a empiété sur des champs cliniques qui lui échappaient : l’autisme, la psychose, et les faits de société que beaucoup de praticiens manipulent et interprètent à leur guise – trop facile, abusif je vous l’accorde. Mais comment décider que la psychanalyse contribue chaque année aux suicides d’environ mille père…, cette « statistique » n’est-elle pas elle-même ridicule ? ».

    La psychanalyse a aussi empiété sur le champ de l’expertise judiciaire. Par exemple, certaines universités comme Paris-Diderot, que Madame Roudinesco nomme comme un « immense bastion freudien fondé en 1971 », propose un DU d’experts judiciaires en psychologie spécialisés en psychanalyse ! La majorité des erreurs judiciaires impliquent (directement ou indirectement) un expert judiciaire psychologue d’orientation psychanalytique. Pratiquement toutes les décisions de justice familiale sont des erreurs judiciaires puisque les magistrats intoxiqués par des concepts dignes de ceux qu’on lit dans les magazines féminins sont convaincus que la résidence alternée paritaire est néfaste aux plus jeunes enfants et en cas de conflit entre les parents. Environ 20% des enfants du divorce (chez les mineurs) ne voient plus du tout leur père et (eh oui) environ 1000 pères de famille se suicident chaque année pour avoir perdu tous leurs liens avec leurs enfants. Cette statistique, si elle n’est pas officielle, car occultée n’est pourtant pas dénuée de fondement. Depuis, plusieurs années le psychologue Eric VERDIER tente de convaincre élus et responsables des ministères de la santé et de la justice de la nécessité de lancer une recherche sérieuse sur ce sujet.

    En 2004, quatre pédopsychiatres d’orientation psychanalytique (dont l’un d’eux était expert judiciaire et formateur de magistrat et un autre professeur de psychologie auto-proclamé spécialiste de la théorie de l’attachement dans un immense bastion freudien) ont usurpé le nom du Docteur Barzelton pour tenter de faire croire à l’Assemblée Nationale, au Sénat et aux Ministres que ce célèbre pédiatre aurait accompli des travaux de recherche dont les conclusions auraient été à charge contre la résidence alternée des jeunes enfants de parents séparés. Après tout, tous les coups sont permis ! Comment ne pas qualifier ces quatre créatures d’immondes escrocs, au même titre que Freud en était un ?

    Le 9 février (14:21), Daniel Bougnoux écrit : « …/… la psychanalyse, elle-même divisée en tellement de rameaux ou d’écoles, avec des succès inégaux, des approches différentes… ».

    On observe dans la psychanalyse (les psychanalyses) les mêmes phénomènes que ceux se produisant dans les sectes. Lorsqu’un disciple n’est plus en accord avec le gourou, il crée sa propre secte faute de pouvoir réfuter les croyances du maître. C’est ainsi qu’on note dans la psychanalyse plusieurs mouvements sectaires que Daniel Bougnoux appelle « écoles » : les freudiens orthodoxes, les freudiens culturalistes, les annafreudistes, les lacaniens, les post-lacaniens, les kleiniens, les reichiens, les jungiens, les adlériens, les eriksoniens, les ferencziens, les winnicotiens, les abrahamiens, les rankiens, etc. Freud a au moins réussi une chose. Il a créé la plus grande secte du monde.

  12. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire

    La lecture des commentaires qui suivent le blog de Daniel Bougnoux consacré au film de Sophie Robert et à l’état de la psychanalyse aujourd’hui, ne manque pas d’impressionner par la vigueur et l’outrance des réactions. Les commentaires sont passionnés, polémiques, pour certains carrément insultants. On en veut aux psychanalystes pour leur « arrogance » ou leur position d’ « escrocs ». Va-t-on allumer des bûchers ou pour le moins aller jusqu’au procès pour abus de confiance, de pouvoir ou de faiblesse, ou encore, à l’inverse, au procès pour diffamation? La réaction claire et précise, informative, de Jacqueline Schaeffer nous permet de comprendre la réaction des psychanalystes dont on a détourné la parole pour mieux les ridiculiser. La technique est grossière et bien connue : tronquer les propos, les citer hors contexte, les déforme, en enlève toute pertinence, et peut leur faire dire à peu près n’importe quoi. C’est un procédé fondamentalement malhonnête, au service de la seule polémique, qui est du domaine du règlement de compte et qui a l’avantage d’éviter tout débat. On connaît l’importance de l’utilisation de ces procédés dans les systèmes totalitaires comme dans les médias.
    Je lis dans les commentaires du blog beaucoup de souffrances, on y évoque souvent le suicide, des pères meurtris, des parents maltraités, des patients déçus, aussi ne peut-on suivre ce terrain polémique lorsque l’on rencontre de tels drames humains, des drames que précisément les psychanalystes ont l’habitude de côtoyer.
    Pourquoi tant de haine ? La question a fait le titre d’un livre d’Elisabeth Roudinesco qui dénonçait le brûlot truffé d’erreurs qui s’attaquait à une soi-disante « affabulation freudienne ». Depuis toujours la psychanalyse a déchaîné les passions. Faut-il rappeler que ce sont les milieux littéraires, particulièrement les Surréalistes, qui ont découvert Freud et la psychanalyse. Les médecins et les psychiatres leur ont montré, pour leur part, beaucoup d’hostilité et beaucoup d’ignorance. Rejet de théories qui avaient l’ambition de se constituer en corpus scientifique (voir la définition de la psychanalyse dans l’Encyclopédie en 1922) mais qui ont échoué à le faire ? Si l’on dépasse les causes conjoncturelles et la critique des pratiques, je vois deux points essentiels à ce rejet massif. D’abord le rejet de la notion d’inconscient, ce qui fait que le moi n’est plus maître dans sa maison, selon la formule freudienne bien connue. Freud s’est comparé sans vergogne à Copernic et à Darwin. Trois grandes blessures ont été faites par la science à l’humanité, selon lui. La théorie de l’évolution des espèces qui refuse la notion religieuse de Paradis terrestre, la révolution copernicienne qui refuse de considérer la terre comme le centre de l’univers, la théorie freudienne, enfin, qui déloge le moi de sa maison en le décrivant comme débordé et soumis à l’exigence des pulsions comme aux rigueurs du Surmoi. Trois blessures narcissiques pour l’humanité, selon Freud. On sait qu’il est des hommes aujourd’hui pour dénier ces découvertes et leur préférer la théorie de l’intelligent design par exemple.
    Un deuxième point me paraît encore plus essentiel. Celui du sexuel. La sexualité nous déborde de toute part, comment la domestiquer? La société ne cesse de changer ses lois quant à l’exercice de la sexualité, de changer le curseur quant à ses codes éthiques. La psychanalyse qui a jadis été attaquée pour pansexualisme, l’est aujourd’hui pour des conceptions jugées trop conventionnelles voire dépassées.
    Il n’empêche, une psychanalyse personnelle est une expérience de l’inconscient, elle ne résout sans doute pas tous les conflits individuels mais au moins est-elle une expérience de la psyché qui ouvre de nouveaux horizons et permet de penser. Les psychanalystes le savent qui se sont passionnés pour l’œuvre de Freud et pour ceux qui ont poursuivi son œuvre. La psychanalyse, est-elle une science ? Peut-être pas, mais au moins permet-elle d’accéder à la parole et à la capacité de penser.

  13. Avatar de Christine G
    Christine G

    Daniel Bougnoux nous donne une analyse très intéressante des enjeux de ce film, même s’il rase gratis dans toutes les directions (ça me rappelle quelques joutes verbales sympathiques avec Thierry Vincent, Albert Maitre … à l’hôpital Sud, lorsque j’y étais interne).
    Pour poursuivre la discussion qu’il a eu le mérite d’amorcer, en effet, la psychanalyse mérite mieux qu’un montage cinématographique à charge, et je me désole avec lui de l’indigence de la pensée des groupies de Sophie Robert.
    Partons de la ligne qu’elle nous indique dans le titre de son film « Le phallus et le néant » :
    Qu’est-ce que le phallus ? Nous pourrions dire que c’est un attribut qui permet à quelqu’un de s’autoriser à parler en maître, dans une certaine société ou un certain contexte. Dans des situations assez fréquentes encore, le fait de posséder entre les jambes, un pénis est une condition nécessaire à cette position de maitrise. Dans ces cas, phallus et pénis se superposent. Naturellement, personne ne va vérifier la chose concrètement. C’est donc le fait d’être inscrit comme homme, comme de sexe masculin qui devient déterminant. C’est-à-dire l’inscription sous un signifiant (homme ou femme, masculin ou féminin) qui organise la distribution des places. À partir de là, à un signifiant peuvent se substituer d’autres signifiants.
    Pour revenir à Sophie Robert, sur quoi s’appuie-t-elle pour s’autoriser à parler en maître et à détruire la psychanalyse, sans connaitre quoi que ce soit au fond de la question ? Elle s’appuie sur un signifiant qui fait autorité dans notre société : « scientifique ». Auprès des pouvoir publics, il suffit d’affirmer qu’une méthode est scientifique, ou dite « prouvée scientifiquement » (relevant de l’ »evidence based medicine » traduite par « médecine par les preuves »), pour qu’elle puisse exiger de s’imposer à tous. Personne, parmi les responsables politiques, n’ira vérifier la validité de la preuve, personne ne s’interrogera sur la scientificité véritable de ce qu’on vend sous ce mot. Il ne joue que sur la différence avec ce qui, par opposition, est dit « obscurantiste », tout aussi gratuitement.
    Naturellement, ce que Sophie Robert qualifie de « scientifique » n’a pas grand-chose à voir avec la science. Il s’agit d’une idée, de ce qu’elle veut bien faire passer sous ce mot, et qui répond à l’imaginaire collectif. Si nous nous référons à l’autisme, qui est son cheval de bataille, il s’agit du chiffrage d’un « progrès » selon un ensemble de critères dont il faudrait vérifier la pertinence par rapport à ce qui est espéré, et appliqué à un objet très hétérogène et mal défini qu’est l’autisme.
    Pour répondre de manière assez simple et intelligible à la question de Sophie Robert, le Phallus, pour elle, est le signifiant « scientifique » derrière lequel elle se range pour s’autoriser son entreprise diffamatoire. Ce signifiant vient simplement séparer dans la société, ceux qui sont reconnus comme répondant, de manière totalement imaginaire, à ce signifiant, et ceux qui, de manière tout à fait imaginaire également, n’en relèvent pas. C’est le cas des psychanalystes qui se réfèrent à d’autres repères que cette division duelle et ségrégationniste du monde. Ils n’en ont pas moins, pour ceux qui travaillent avec sérieux bien entendu, une pratique très féconde et humaine dont il serait déplorable de priver les personnes autistes.

  14. Avatar de Jacques Van Rillaer
    Jacques Van Rillaer

    En réponse à JFR qui écrit: « Pourquoi tant de haine ? La question a fait le titre d’un livre d’Elisabeth Roudinesco qui dénonçait le brûlot truffé d’erreurs qui s’attaquait à une soi-disante affabulation freudienne », je propose cette analyse très détaillée du livre d’E. Roudinesco:
    http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1424
    JFR répète l’explication classique que donne Freud des « résistances » à SA psychanalyse (je dis “sa” car il y a bien d’autres formes de psychanalyse : adlérienne, jungienne, reichienne, etc.) : refus de la notion d’inconscient et peur de la sexualité. JFR omet une 3e raison donnée par Freud : l’absolu déterministe de toute la vie psychique, mais peu importe.
    Comment explique-t-il que de nombreux praticiens de la psychanalyse, qui ont cru à la doctrine, s’en soient détournée? Ont-il BRUSQUEMENT éprouvé la peur de reconnaître la réalité de l’inconscient et l’importance de la sexualité malgré leur didactique et des années de pratique? Pour découvrir les raisons pour lesquelles des psychanalystes ont abandonné la doctrine freudienne ou lacanienne au profit d’autres orientations: Anna G., Beck, Ellis, Evans, Popper, Récanati, Rogers, Schmideberg, Schneiderman, Seligman, Szasz, Van Renterghem, Van Rillaer, Wolpe, voir :
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer-0/blog

  15. Avatar de Christine G
    Christine G

    Je souhaiterais répondre à Daniel Bougnoux sur son affirmation : « Le problème est que la psychanalyse, forte de son élan (promis à retomber), a empiété sur des champs cliniques qui lui échappaient : l’autisme, la psychose, et les faits de société que beaucoup de praticiens manipulent et interprètent à leur guise ».
    Je suis tout à fait d’accord avec le fait que les psychanalystes qui ont accusé les mères n’avaient pas à le faire et ont empiété sur un champ dont ils ignoraient la nature. C’est inadmissible.
    En revanche, les apports de certains psychanalystes au champ de l’autisme sont indiscutables et fondamentaux :
    – je parlerai tout d’abord de la publication Olliac 2017, dans la revue Plos One, qui établit une grille permettant de détecter le risque autistique dès l’âge de 4 mois chez le bébé entrain de s’enfoncer dans le retrait, et des psychanalystes qui, à la suite de Marie-Christine Laznik, sauvent une grande part de ces bébés d’un destin autistique forcément douloureux. Alors que chacun s’accorde (là dessus au moins il n’y a pas de conflit), pour souligner la nécessité de l’accompagnement précoce des enfants autistes, et que le délai pour obtenir un diagnostic par les Centres Ressources Autisme est de plus d’un an, il est scandaleux qu’en raison du dénigrement des psychanalystes, on prive les bébés à risque de ce secours.
    – je parlerai également des psychanalystes regroupés dans la CIPPA, qui travaillent sans relâche dans une ouverture à toutes les approches, et dont les colloques tenus tous les deux ans témoignent de la richesse et de la fécondité de leurs recherches.

    Je souhaiterais enfin faire une autre remarque : il n’y a pas conflit entre deux courants de la psychiatrie : les psychanalystes et les autres. Il y a une attaque violente et éhontée d’un mouvement comportementaliste qui vise à détruire tout ce qui ne tombe pas dans le champs de son travail, et dans son escarcelle financière. Il suffit de lire le projet de résolution que le député Fasquelle avait tenté de faire voter par l’Assemblée Nationale. Le ton était direct : après quelques justifications qui avançaient des chiffres qui étaient tous faux, il demandait premièrement tout l’argent, et deuxièmement, l’interdiction de tout ce qui n’était pas comportemental.

  16. Avatar de jacques Van Rillaer
    jacques Van Rillaer

    Ce que dit Christine G est très très simpliste par rapport à la doctrine lacanienne du Phallus. Voici ce qu’enseignait réellement le Maître :
    « Le phallus, soit l’image du pénis, est négativité à sa place dans l’image spéculaire. C’est ce qui prédestine le phallus à donner corps à la jouissance, dans la dialectique du désir. […] L’organe érectile vient à symboliser la place de la jouissance, non pas en tant que lui-même, ni même en tant qu’image, mais en tant que partie manquante à l’image désirée : c’est pourquoi il est égalable au √-1 de la signification plus haut produite, de la jouissance qu’il resitue par le coefficient de son énoncé à la fonction de manque de signifiant : (-1) » (Écrits, 1966, p. 822).
    « Le rôle de la mère, c’est le désir de la mère. C’est capital. Le désir de la mère n’est pas quelque chose qu’on peut supporter comme ça, que cela vous soit indifférent. Ça entraîne toujours des dégâts. Un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes — c’est ça, la mère. On ne sait pas ce qui peut lui prendre tout d’un coup, de refermer son clapet. C’est ça, le désir de la mère. Alors, j’ai essayé d’expliquer qu’il y avait quelque chose qui était rassurant. Je vous dis des choses simples, j’improvise, je dois le dire. Il y a un rouleau, en pierre bien sûr, qui est là en puissance au niveau du clapet, et ça retient, ça coince. C’est ce qu’on appelle le phallus. C’est le rouleau qui vous met à l’abri, si, tout d’un coup, ça se referme. » (Le Séminaire. Livre XVII. L’envers de la psychanalyse. Paris : Seuil, p. 129)
    Petite remarque sur l’autorité de ce qui est scientifique : il est vrai que beaucoup de gens qui n’ont pas de formation scientifique ou épistémologique croient facilement que ce qui est scientifique est «vrai» … tout comme d’autres croient que la psychanalyse dit «vrai» sur l’Inconscient (dont, à vrai dire, on ne peut faire que des inférences toujours discutables). Ceux qui ont une formation intellectuelle convenable ont le sens de la relativité des connaissances scientifiques. Voyez le nombre de fois qu’un Lacan utilise le mot « Vérité » et comparez avec la fréquence de ce mot dans les publications scientifiques.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Hélas, j’ai beau lire et relire la première citation que vous faites ici de Lacan, j’avoue n’y rien comprendre…

  17. Avatar de Christine G
    Christine G

    À Monsieur Van Rillaer :
    Dans vos mots à vous, vous diriez ça comment ? Parce que ce qu’on reproche à certains psychanalystes, c’est de répéter des citations toutes faites sans les faire passer par leur propre subjectivité

  18. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire
    Réponse à Jacques Van Rillaer.
    Cher Monsieur, vous avez eu l’amabilité de lire mon commentaire et de l’argumenter. A mon tour de vous répondre et de vous exposer mes critiques. Quand vous écrivez que je « répète » les arguments de Freud sur la résistance à la psychanalyse, je ne m’en offusque pas ayant fort heureusement la possibilité de penser également par moi-même. Il est bien vrai que Freud a parlé de résistance (widerstand) à la psychanalyse et en particulier dans la cure. Son article sur « La dynamique du transfert » (1912) est éloquent à cet égard. Freud y explique que rien n’est plus difficile que de vaincre les résistances qui sont associées à l’existence des conflits inconscients. On comprendra qu’il n’est pas toujours facile de s’interroger sur soi et sur ce qui a été mis hors-conscience par le refoulement. La fameuse blessure narcissique infligée à l’humanité dont parle Freud part de ce point. Lorsque vous parlez des « nombreux praticiens de la psychanalyse qui ont CRU à la doctrine » et qui s’en sont détourné, il me semble que vous exposez là une position religieuse qui n’a rien à voir avec le corpus freudien. On n’a pas à croire ou ne pas croire à la psychanalyse. La psychanalyse n’est pas une religion. Elle n’a ni doctrine immuable, ni dogme, même si Freud considérait certaines notions comme un shibboleth pour la psychanalyse. Les notions freudiennes sont des hypothèses de travail, elles doivent être découvertes, explorées, critiquées. (Du moins est-ce là mon avis). La psychanalyse n’est pas une Weltangschauung. Elle n’est pas « une construction intellectuelle qui résout tous les problèmes de l’existence à partir d’une hypothèse qui commande le tout » (ici je cite Freud effectivement et même, je le reconnais, je le « répète »). Freud voulait édifier une science, c’est à dire « se soumettre à la vérité et refuser les illusions ». Il raconte tout cela très bien dans sa XXXVe conférence, Sur une Weltangschauung (1932), et, en relisant ce texte, vous verrez que ses souhaits sont bien éloignés des mauvais procès qu’on lui prête. Cela dit, personne n’est obligé de faire une psychanalyse, de s’étendre sur un divan, ou d’adhérer au corpus freudien. Faire une analyse est une aventure personnelle, comme pour d’autres le fait d’écrire des romans. Et je conçois très bien que certains aient pu prendre d’autres chemins. Je leur souhaite d’ailleurs tous les accomplissement possibles. Le seul discours que je refuse est celui de la haine. On sait où cela conduit..! JFR.

  19. Avatar de jacques Van Rillaer
    jacques Van Rillaer

    Mon commentaire à Daniel Bougnoux et à Christine G
    Dire d’un grand nombre de textes de Lacan, « je n’y comprends rien » est, à mon avis, une preuve d’intelligence. Ce n’est hélas pas le cas des suiveurs de Lacan.
    En 1972, Lacan est venu faire une conférence dans mon université. Etant alors membre de l’Ecole Belge de Psychanalyse (EBP), j’ai déjeuné avec Lacan et mon patron, Jacques Schotte. J’en ai profité pour poser des questions sur le thème de ma thèse de doctorat, que j’allais défendre peu de temps après. Lacan a fait des associations très libres dont une partie était incompréhensible pour moi, mais aussi pour les autres convives. Là où j’ai commencé à vraiment comprendre que Lacan jouait avec les mots pour donner l’illusion d’une pensée nouvelle et « profonde », c’est l’année suivante, quand un groupe de l’EBP a passé deux soirées pour essayer de comprendre les deux dernières phrases (surtout la 2e) d’une interview à la TV : “L’interprétation doit être preste pour satisfaire à l’entreprêt. De ce qui perdure de perte pure à ce qui ne parie que du père au pire” (Télévision, Seuil, 1973, p. 72). Ecouter la dernière aide peut-être à comprendre (haha): http://www.youtube.com/watch?v=GbSfb8OQ-NE
    Cet incident a joué un rôle très important dans ma prise de distance avec le lacanisme, qui sera suivie ensuite de ma déconversion de la psychanalyse.
    Christine G, qui me demande comment traduire les citations de Lacan dans mes propres mots, n’a pas compris que je donnais là des exemples du bullshit lacanien. Je l’invite à lire ce texte pour d’autres échantillons et pour qu’elle comprenne que sa discipline est « sans effet sur la connerie »
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/041218/lacan-enseignait-la-psychanalyse-est-sans-effet-sur-la-connerie

  20. Avatar de jacques Van Rillaer
    jacques Van Rillaer

    Réponse à JFR
    1) A propos des « résistances » : Freud écrivait « La psychanalyse est à bon droit méfiante. Une de ses règles s’énonce : tout ce qui vient perturber la poursuite du travail est une résistance » (W.G., II 521). L’analysé arrive en retard ? Résistance. Il ne se rappelle plus une remarque de l’analyste ? Résistance. Il n’accepte pas une interprétation ? Résistance. Il est mécontent ? Résistance. Il accepte d’emblée l’interprétation ? Résistance. Freud affirme : « Le “oui” direct de l’analysé est multivoque. Il peut être “hypocrite”, sa résistance trouvant son compte à ce qu’un tel assentiment continue à cacher la vérité qui n’a pas été mise à découvert. […] Le “non” de l’analysé est tout aussi multivoque et, à vrai dire, encore moins utilisable que son “oui”. Bien souvent, il est la manifestation d’une résistance » (G.W. XVI 49). Comme Havelock Ellis le disait, Freud interprétait selon le principe « Face je gagne, pile tu perds ».
    Pour en savoir plus sur ce concept qui permet une interprétabilité universelle, qui immunise contre toute objection et permet de traiter tout opposant de névrosé:
    https://cortecs.org/wp-content/uploads/2011/12/Cortex_VanRillaer_Freud.Resistances.pdf

    Freud a eu la sagesse d’écrire (une seule fois, me semble-t-il) que « la détermination psychologique d’une doctrine n’exclut en rien son exactitude scientifique » (“L’intérêt que présente la psychanalyse”, Œuvres complètes, PUF, 2005, p. 113).
    Il convient en effet de distinguer l’examen épistémologique et l’examen psychologique, sociologique, idéologique, historique, etc. On peux p.ex. expliquer la focalisation (ou l’obsession) de Freud sur la sexualité par ses frustrations sexuelles. Lorsqu’on parcourt sa correspondance, on constate qu’il souffrait manifestement de frustrations sexuelles à partir de 1893. À cette époque, il a déjà six enfants, dont les naissances se sont succédées à un rythme rapide, et il souhaite ne plus procréer. À l’âge de 36 ans, il confie à Fliess : « Nous [ma femme et moi] vivons maintenant dans la continence. » (20-8-1893). Dans les années qui suivent, il écrit, à Fliess : « Une personne comme moi n’a plus que faire de l’excitation sexuelle. Je reste toutefois serein. » (31-10-1897), « Dès que je suis libéré de mon travail professionnel, je mène une existence de philistin avide de plaisirs. Tu sais combien mes plaisirs sont limités ; je ne puis rien fumer de bon, l’alcool ne me dit rien, j’ai fini de procréer. » (11-3-1900) ; à Jung : « Il me faut, bien contre mon gré, vivre en Américain : je n’ai pas de temps pour la libido. » (17-10-1909).
    En fait, ce qui remet en question la conception freudienne de la psychopathologie, ce n’est pas qu’elle soit une émanation des problèmes personnels de son inventeur, mais uniquement un ensemble de recherches empiriques méthodiques, qui sont venues infirmer ses généralisations.
    2) A propos de la haine : elle est fréquente dans la saga freudienne. Échantillon : après que Freud ait rompu avec Jung, il écrit à Abraham : « Ci-joint la lettre de Jones. Il est remarquable de voir comment chacun de nous, à tour de rôle, est saisi par l’impulsion de frapper mortellement, au point que les autres sont obligés de le retenir. Je pressens que ce sera Jones qui nous produira le prochain plan d’action. A cette occasion, la fonction de la collaboration au sein du Comité se manifeste à plein » (25-3-1914).
    Et c’est pire chez les lacaniens : Pierre Rey, resté dix ans en analyse quotidienne chez Lacan, écrit (sans aucune gêne) qu’au cours d’une soirée chez des amis, il entend deux jeunes hommes expliquer que Lacan est un dangereux charlatan. Sa réaction: « Pendant cinq minutes, j’eus la force de ne pas intervenir ». Ensuite, « Je sentis un voile blanc m’obscurcir le regard tandis qu’une fantastique poussée d’adrénaline me fit me dresser, blême soudain, muscles tendus, visage de pierre. Je pointai tour à tour sur eux un index meurtrier et m’entendis dire d’une voix blanche : ‘Écoutez-moi, connards… Écoutez-moi bien… Bougez simplement un cil, ajoutez simplement un mot et je vous tue’. Paralysés, blancs comme la craie, je crois qu’ils ne respiraient même plus. Par crainte de tenir ma promesse, je tournai les talons. Ils en profitèrent pour quitter les lieux sur la pointe des pieds. » (Une saison chez Lacan. Laffont, 1989, p. 146s).

  21. Avatar de Christine G
    Christine G

    Cher Monsieur Van Rillaer,
    Vous êtes bien aimable de me prêter l’excuse de l’incompréhension de votre démarche. Malheureusement, je crains que le malentendu ne soit plus profond que cela. Il tient à votre position par rapport au langage lui-même, et c’est cela que je tentais de pointer par une remarque laconique.
    Il est clair que Lacan est parfois difficile à lire et à comprendre. Personnellement, il y a de nombreuses phrases de lui que je ne comprends pas. Cela n’enlève rien au fait que son travail m’a énormément apporté. Il a dégagé, au fil des années, des repères structuraux fondamentaux, qui permettent d’appréhender de manière féconde des situations cliniques individuelles autant que sociales. Le phallus, auquel je faisais allusion, est l’un de ces repères.
    Vous nous en amenez une citation hors contexte. Il est évident que celle-ci est rendue incompréhensible par l’emploi fallacieux que vous en faites. Lacan a parlé du phallus tout au long de son élaboration, et on pourrait trouver des centaines de citations différentes. Ces manières différentes d’aborder la question tentent de cerner ce qui n’est pas au sens strict un concept, mais un repère structurel.
    vous semblez ignorer que lorsqu’on parle, on s’adresse à quelqu’un. Je n’ai pas été rechercher où vous aviez pioché votre citation, mais faire abstraction du contexte et du public auquel elle était adressé est un problème majeur.
    Vous l’opposez à ce que j’ai écrit un peu plus haut dans ce blog. Je ne pense pas qu’il y ait à opposer ces deux manières de parler : j’ai pris la question du phallus du côté de la distribution des places qu’il implique, en référence à ce que Lacan a pu élaborer sur le discours du maître. Mais m’adressant à un public non lacanien, il m’a semblé pertinent de parler un langage le plus clair possible. Vous m’accusez alors de simplisme.
    Les analystes que Sophie Robert met en scène assez perversement, pensaient s’adresser à des personnes au fait de la psychanalyse. Elles n’ont pas fait cet effort et elles sont raillées pour leur côté diafoirus.
    Je n’ai eu aucunement la prétention d’être exhaustive dans ma mise en place de la question du phallus. Elle répondait juste au sujet traité dans ce blog : le film tendancieux de Sophie Robert.
    Dans la citation que vous avancez comme caricature du discours lacanien, Lacan prend, à ce moment-là, la question du côté de la jouissance. Pourquoi pas ? Je reconnais cependant qu’ici, et hors contexte, on ne peut pas appréhender ce qu’il cherche à dire à la lettre. Il serait nécessaire de mettre en perspective le cheminement qui l’a amené là.
    Je trouve que votre manière de rejeter une personne comme vous le faites, sur quelques phrases énigmatiques est peut être regrettable pour vous, mais c’est votre affaire. Vous en avez le droit.
    On peut cependant s’étonner que vous soyez encore attaché à Lacan au point de chercher sur différents blogs, à le discréditer sans cesse.

  22. Avatar de jacques Van Rillaer
    jacques Van Rillaer

    Chère Christine G.
    Si, comme vous dites, je suis encore « attaché » à Lacan au point d’écrire à son sujet sur des blogs (je n’ai pas le pouvoir qu’à Mme Roudinesco qui peut écrire ce qu’elle veut quand elle veut dans des journaux prestigieux comme “Le Monde”, “Libé”, etc.), c’est parce que je suis convaincu, pour avoir été 14 ans dans une Ecole freudo-lacanienne, que ce personnage et sa doctrine sont véritablement nuisibles. Il est affligeant de voir de malheureux étudiants devoir se farcir sa prose dont des adeptes, comme vous, ne comprennent qu’une petite partie. Il est affligeant de voir que des lacaniens occupent des postes importants dans le domaine de la santé mentale. Ma motivation se résume à ceci :
    http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2343
    Je vous rappelle que Lacan lui-même, arrivé au terme de sa vie, déclarait : « Notre pratique est une escroquerie, bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c’est quand même ce qu’on appelle d’habitude du chiqué. […] Du point de vue éthique, c’est intenable, notre profession ; c’est bien d’ailleurs pour ça que j’en suis malade, parce que j’ai un surmoi comme tout le monde. […] Il s’agit de savoir si Freud est oui ou non un événement historique. Je crois qu’il a raté son coup. C’est comme moi, dans très peu de temps, tout le monde s’en foutra de la psychanalyse » (« Intervention de Jacques Lacan à Bruxelles », 26 février 1977. Publié dans Quarto, Supplément belge à La lettre mensuelle de l’École de la cause freudienne, 1981, n° 2. Réédité en partie dans Le Nouvel Observateur, sept. 1981, n° 880, p. 88.)
    Vous trouverez facilement sur Internet un des derniers séminaires de Lacan (1979), qui commence comme ceci : « Mon séminaire, je n’ai pas la moindre envie de le faire. Je l’ai intitulé cette année le Moment de conclure. Ce que j’ai à vous dire, je vais vous le dire — c’est que la psychanalyse est à prendre au sérieux, bien que ce ne soit pas une science. Comme l’a montré abondamment un nommé Karl Popper, ce n’est pas une science du tout, parce que c’est irréfutable. C’est une pratique, une pratique qui durera ce qu’elle durera. C’est une pratique de bavardage. » (Ornicar ? Bulletin périodique du champ freudien, 1979, n° 19, p.5).
    Par ses « bavardages » Lacan vous a peut-être « énormément apporté » au plan intellectuel. Les lacaniens dévots, que j’ai fréquentés pendant des années, étaient de cet avis. Je ne les voyais quasi jamais résoudre efficacement des problèmes psychologiques. Mais il est vrai que l’« efficacité » est pour eux une bien triste préoccupation de comportementaliste.

  23. Avatar de Marie-Françoise
    Marie-Françoise

    Bonjour !
    Je ne suis rien du tout dans ce domaine (je suis scientifique…) mais, ayant vécu l’aventure psychanalytique pendant 4 ans il y a plus de 30 ans, je dois dire que c’est l’une des expériences fondatrices de ce que je suis aujourd’hui…
    Ce que j’en dirai, vu de ma fenêtre, c’est ceci :
    1 – Elle ne résoud pas les problèmes psychologiques ; elle permet, à la personne qui tente l’aventure, de mettre des mots dessus, de les reconnaître, et de les contourner…
    2 – C’est une voie possible de guérison, mais ce n’est pas la panacée ! La personnalité de la personne qui souhaite entreprendre une psychanalyse entre en jeu dans le processus…
    3 – Je connais une personne malade psychique, décédée aujourd’hui, qui a été entre les mains de la psychiatrie pendant 50 ans. Les 10 meilleures années qu’elle a vécues ont été celles où elle a été suivie par un psychiatre d’orientation psychanalytique : il l’a aidée à sortir du déni de sa maladie, ce qui lui a permi d’oser aller à la rencontre des autres et de se sentir reconnue socialement, en dépit de son handicap psychique. Ceci étant, il a très mal géré son suivi médicamenteux, et l’a abandonnée lorsque son impéritie a condamnée cette personne à terminer sa vie grabataire pendant 5 ans…
    Je ne pense pas avoir l’occasion d’aller voir ce film, mais, par contre, ce pour quoi je suis prête à me battre, c’est pour que les soignants, psychiatres ou autres, sortent de leur posture arrogante, pas toujours consciente d’ailleurs, face aux personnes (et à leurs proches) qui s’adressent à elles. Ces personnes doivent être écoutées…
    Ayant lu Françoise Dolto, ce que j’en ai retenu, c’est sa capacité d’écoute qui lui permettait une parole juste…
    Voilà ce que j’avais envie de dire après avoir lu cette page de blog, et parcouru les commentaires…

  24. Avatar de JB Mauvais
    JB Mauvais

    Bonjour,
    Quelques remarques rapides :
    2) La malhonnêteté de Madame Robert a bien rencontré la naïveté de certaines et certains psychanalystes. Quand on veut se trouver, on se cherche, et réciproquement.
    1) Illusion (infantile ?) que celle consistant à croire encore en 2019 qu’une approche plutôt qu’une autre constituerait une voire la réponse univoque et définitive à tous les maux, tous les cas. Je me rappelle avoir lu l’article lumineux d’une thérapeute correctement formée aux deux approches et montrant finement, à propos de deux cas différents mais présentant néanmoins des similitudes, pourquoi elle avait adopté une approche pour l’une et l’autre approche pour l’autre.
    Nous avons tous dans nos entourages des personnes pour lesquelles une approche psychanalytique serait, au moins dans un premier temps, trop « ouverte » et par là insécurisante, et d’autres qui, sans symptôme identifié/identifiable, bénéficieraient rapidement de celle-ci dans la découverte de soi.
    2) Lacan a probablement eu quelques intuitions et fulgurances géniales (outre son évident talent d’auto-mise en scène), mais a probablement aussi causé pas mal de dégâts, sans parler de certaines et certains de ses disciples. Tout cela est su, depuis longtemps, mais la psychanalyse ne se réduit heureusement ni à la biographie de Freud et Lacan vue par le (petit) bout de la lorgnette, ni à quelques citations hors contexte de l’un et de l’autre.
    3) Une certaine façon d’écrire, de prendre position dans les médias, de faire de la psychanalyse une pratique quasi ludique, autoréférentielle, n’accordant à la dimension thérapeutique qu’une place très accessoire voire « vulgaire », a gravement nui à certains patients mais aussi à la psychanalyse elle-même, dans sa perception par les autres professionnels comme par le grand public.
    3) Il existe chez les psychanalystes comme dans toute « confrérie » ou profession des personnes compétentes et à leur place, et d’autres moins voire pas. C’est vrai des enseignants, des boulangers, des avocats, des fleuristes, des garagistes etc.
    Déclarer « 4 boulangers sur 10 font du mauvais pain donc le pain n’est pas bon en géneral et même nuisible à la santé » n’est ni à la hauteur du débat, ni à celle des besoins et souffrances de certains patients.
    4) La psychanalyse a aidé beaucoup de personnes qui ne sauraient, pour autant, ni mesurer ni quantifier ce mieux-être et ce mieux-vivre. Ce mieux-être et ce mieux-vivre n’en sont pas moins réels. Tant pis pour celles et ceux auxquels ce raisonnement échappe…

    Bien cordialement
    JB Mauvais

  25. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire
    Réponse à Jacques Van Rillaer
    Cher Monsieur, je lis votre réponse avec intérêt, parcourant avec vous les références freudiennes que vous proposez, tout comme les vidéos représentant Jacques Lacan lors de sa conférence à Louvain ou dans Télévision. L’article sur la Négation (Die Verneinung 1925) est certainement un des écrits les plus passionnants de Freud sur la résistance, en effet. Il a fait l’objet de nombreux commentaires, autant des psychanalystes que des philosophes (Jean Hippolyte « Commentaire parlé sur la Verneinung de Freud ». in J. Lacan Ecrits. Le Seuil 1966. p. 879). Que nous ayons besoin d’avoir recours à ce mode de pensée ou de fonctionnement mental et que nous ayons envie de rester aveugle à ce qui nous est insupportable, quoi de plus naturel. La haine dont je parle n’est pas celle (légitime) qui guide nos émotions et parfois nos plumes, mais plutôt celle qui conduit à brûler les livres puis les individus.
    Ce qui anime mes réactions à vous lire est plutôt d’un autre ordre. Plutôt que de perdre son temps à de vaines querelles et à redresser les « mensonges » freudiens ou les « erreurs » du Viennois parce qu’il a parlé d’un vautour et non pas d’un milan dans son Léonard, ou à expliquer la théorie de la libido par les insuffisances sexuelles du Maître et encore de dénoncer une « doctrine » qui est surtout une aventure de l’esprit, je préfère, pour ma part, m’appuyer sur les avancées de cette œuvre pour continuer à penser. La critique des idées freudiennes est de toujours. Elle prend avec le temps de nouveaux visages qui ne sont pas sans ressembler à ceux de notre hideuse époque envahie par le fake, les fakenews, les infox le cyber-harcèlement, les théories complotistes et autres ligues du LOL. L’époque précédente savait encore lire et pratiquait des confrontations utiles. On se souvient encore du Colloque de Bonneval qui discutait la notion d’inconscient et de la critique que Jean Laplanche adressait alors à Georges Politzer et sa Critique des fondements de la Psychologie. On peut retrouver ces discussions dans un ouvrage de J. Laplanche, Problématiques IV, L’inconscient et le ça. (PUF. 1981. p. 261). On y parle du caractère « réfutable » ou « irréfutable » de l’inconscient corrélé aux phénomènes du refoulement, de la résistance et en dernière analyse de la notion de conflit psychique. Ces échanges sont plus riches que les jugements sectaires et définitifs adressés à partir d’oeuvres généralement non lues ou qui sont citées hors contexte, hors « problématique » justement.
    Je préfère pour ma part, me souvenir des moments de plaisir et d’exaltation où, lisant Freud, je découvrais ses immenses romans, ses fictions freudiennes (O. Mannoni) qui ont enchanté nos jeunes années. Oui, je me suis bien amusé à lire ces romans érotiques que sont Dora (Ah, la scène du lac avec Mr K et la blancheur ravissante du corps de Mme K), Anna O. (« Joseph Breuer, sauve-toi… »), Emmy Von N., les inattendus et les mystères de la sexualité. Nous avons longuement rêvé avec Freud et sa culpabilité avec l’injection faite à Irma, ses rêves de deuil après l’enterrement de son père (On est prié de fermer les yeux), ses rêves de mort des personnes chères, ses rêves typiques. Nous avons déchiffré avec lui les arcanes de nos vœux oedipiens, de nos refoulements, de nos dénis, rêvé avec Serguei Pankejeff, l’Homme aux loups, toujours en pleine forme à 90 ans lors de ses entretiens avec Karin Obholzer, pénétré dans l’immense folie du Président Schreber repeuplant le monde avec des hommes à la 6, 4, 2, avec Jean Gillibert, admirant sa moitié femme et sa moitié homme dans son baquet, au théâtre de la Resserre de la Cité Internationale à Paris, fait charivari avec les chevaux du Petit Hans, découvert Octave Mirbeau et Le jardin des Supplices avec l’Homme aux rats et le capitaine cruel. Freud nous a fait découvrir Hamlet, Macbeth, Othello, Le roi Lear, Le Marchand de Venise et Portia, l’admirable Rosmersholm d’Ibsen. Grâce à lui j’ai redécouvert Pompéi et la villa des Mystères en recherchant Zoé Bertgang/Gradiva au milieu des ruines, j’ai rêvé fasciné plusieurs jours durant devant la statue du Moïse de Michel Ange à Saint Pierre-aux-Liens, descendu jusqu’au fond du tombeau d’Aménophis IV, lu Les frères Karamazov en analysant culpabilité et masochisme, lu tout Hoffman, Rank et Peter Schlemihl pour y retrouver des fantômes… Oui, l’immense dette que nous devons à Freud n’a pas fini de s’éteindre. On préfère s’amuser aujourd’hui en regardant la prestation de l’acteur Lacan à Louvain ou dans Télévision plutôt que de lire les Séminaires qui ont permis le retour à Freud et de découvrir Jacobson et Benveniste. Comme professeur, nous avons la responsabilité d’enseigner, pas de décourager ou tromper nos élèves…

  26. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire 2 BIS
    Réponse à Jacques Van Rillaer
    Cher Monsieur, je lis votre réponse avec intérêt, parcourant avec vous les références freudiennes que vous proposez, tout comme les vidéos représentant Jacques Lacan lors de sa conférence à Louvain ou dans Télévision. L’article sur la Négation (Die Verneinung 1925) est certainement un des écrits les plus passionnants de Freud sur la résistance, en effet. Il a fait l’objet de nombreux commentaires, autant des psychanalystes que des philosophes (Jean Hippolyte « Commentaire parlé sur la Verneinung de Freud ». in J. Lacan Ecrits. Le Seuil 1966. p. 879). Que nous ayons besoin d’avoir recours à ce mode de pensée ou de fonctionnement mental et que nous ayons envie de rester aveugle à ce qui nous est insupportable, quoi de plus naturel. La haine dont je parle n’est pas celle (légitime) qui guide nos émotions et parfois nos plumes, mais plutôt celle qui conduit à brûler les livres puis les individus.
    Ce qui anime mes réactions à vous lire est plutôt d’un autre ordre. Plutôt que de perdre son temps à de vaines querelles et à redresser les « mensonges » freudiens ou les « erreurs » du Viennois parce qu’il a parlé d’un vautour et non pas d’un milan dans son Léonard, ou à expliquer la théorie de la libido par les insuffisances sexuelles du Maître et encore de dénoncer une « doctrine » qui est surtout une aventure de l’esprit, je préfère, pour ma part, m’appuyer sur les avancées de cette œuvre pour continuer à penser. La critique des idées freudiennes est de toujours. Elle prend avec le temps de nouveaux visages qui ne sont pas sans ressembler à ceux de notre hideuse époque envahie par le fake, les fakenews, les infox le cyber-harcèlement, les théories complotistes et autres ligues du LOL. L’époque précédente savait encore lire et pratiquait des confrontations utiles. On se souvient encore du Colloque de Bonneval qui discutait la notion d’inconscient et de la critique que Jean Laplanche adressait alors à Georges Politzer et sa Critique des fondements de la Psychologie. On peut retrouver ces discussions dans un ouvrage de J. Laplanche, Problématiques IV, L’inconscient et le ça. (PUF. 1981. p. 261). On y parle du caractère « réfutable » ou « irréfutable » de l’inconscient corrélé aux phénomènes du refoulement, de la résistance et en dernière analyse de la notion de conflit psychique. Ces échanges sont plus riches que les jugements sectaires et définitifs adressés à partir d’oeuvres généralement non lues ou qui sont citées hors contexte, hors « problématique » justement.
    Je préfère pour ma part, me souvenir des moments de plaisir et d’exaltation où, lisant Freud, je découvrais ses immenses romans, ses fictions freudiennes (O. Mannoni) qui ont enchanté nos jeunes années. Oui, je me suis bien amusé à lire ces romans érotiques que sont Dora (Ah, la scène du lac avec Mr K et la blancheur ravissante du corps de Mme K), Anna O. (« Joseph Breuer, sauve-toi… »), Emmy Von N., les inattendus et les mystères de la sexualité. Nous avons longuement rêvé avec Freud et sa culpabilité avec l’injection faite à Irma, ses rêves de deuil après l’enterrement de son père (On est prié de fermer les yeux), ses rêves de mort des personnes chères, ses rêves typiques. Nous avons déchiffré avec lui les arcanes de nos vœux oedipiens, de nos refoulements, de nos dénis, rêvé avec Serguei Pankejeff, l’Homme aux loups, toujours en pleine forme à 90 ans lors de ses entretiens avec Karin Obholzer, pénétré dans l’immense folie du Président Schreber repeuplant le monde avec des hommes à la 6, 4, 2, avec Jean Gillibert, admirant sa moitié femme et sa moitié homme dans son baquet, au théâtre de la Resserre de la Cité Internationale à Paris, fait charivari avec les chevaux du Petit Hans, découvert Octave Mirbeau et Le jardin des Supplices avec l’Homme aux rats et le capitaine cruel. Freud nous a fait découvrir Hamlet, Macbeth, Othello, Le roi Lear, Le Marchand de Venise et Portia, l’admirable Rosmersholm d’Ibsen. Grâce à lui j’ai redécouvert Pompéi et la villa des Mystères en recherchant Zoé Bertgang/Gradiva au milieu des ruines, j’ai rêvé fasciné plusieurs jours durant devant la statue du Moïse de Michel Ange à Saint Pierre-aux-Liens, descendu jusqu’au fond du tombeau d’Aménophis IV, lu Les frères Karamazov en analysant culpabilité et masochisme, lu tout Hoffman, Rank et Peter Schlemihl pour y retrouver des fantômes… Oui, l’immense dette que nous devons à Freud n’a pas fini de s’éteindre. On préfère s’amuser aujourd’hui en regardant la prestation de l’acteur Lacan à Louvain ou dans Télévision plutôt que de lire les Séminaires qui ont permis le retour à Freud et de découvrir Jacobson et Benveniste. Comme professeur, nous avons la responsabilité d’enseigner, pas de décourager ou tromper nos élèves…

  27. Avatar de aufildesjours
    aufildesjours

    JB Mauvais (14 février 2019 à 18:44) écrit : « La psychanalyse a aidé beaucoup de personnes qui ne sauraient, pour autant, ni mesurer ni quantifier ce mieux-être et ce mieux-vivre. ». Les adeptes de l’homéopathie en disent autant. Certains adeptent de la psychanalyse vont même jusqu’à dire : « la psychanalyse m’a sauvé » comme Christine Angot et bien d’autres… Pratiquement toutes les personnes qui subies 20, 30 ou 40 années de psychanalyse le disent. C’est la même chose dans les sectes : « jéhova m’a sauvé » ; « Jésu m’a sauvé de jéhova » ; « Jésu nous a sauvé » !

    Marie-Françoise (13 février 2019 à 15:38) explique qu’elle est scientifique… Puis elle ajoute : « mais, ayant vécu l’aventure psychanalytique pendant 4 ans il y a plus de 30 ans, je dois dire que c’est l’une des expériences fondatrices de ce que je suis aujourd’hui… ».

    En dehors du fait que certains usagers de l’homéopathie s’estiment très satisfaits de celle-ci, je connais un neurobiologiste et neuropsychiatre : Jean-Didier Vincent, qui est lui aussi un scientifique et qui est lui aussi ressorti extrêmement satisfait de sa cure psychanalytique. D’ailleurs, il témoigne de cela dans un de ses bouquins : « J’ai été psychanalysé – je le raconte toujours – par un vieux chimpanzé toute noire parce que j’étais inscrit chez Marie Bonaparte et puis elle est morte. Alors, comme je travaillais à la Salpêtrière, tous les mardis, j’avais une séance d’analyse avec ce vieux chimpanzé qui avait une écoute absolument extraordinaire. Ça ne me coûtait qu’un paquet de cacahuètes et je m’en suis très bien tiré mais j’ai gardé, si vous voulez, cette attraction pour les singes. ». Je vous invite à suivre ce lien. Vous y entendrez Jean-Didier Vincent s’expliquer lui-même sur ce sujet :

    https://www.youtube.com/watch?v=xA7nErVUwI0&feature=youtu.be&t=689

    Parler à son chat, son chien, sa vache ou ses moutons procure la même efficacité que la psychanalyse. Cependant, les chats, les chiens, les vaches ou les moutons sont rarement à l’origine du suicide de l’analysé. Pour en savoir plus sur les effets de détérioration de la psychanalyse, voici un extrait disponibles à ce lien :

    http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2574

    Parler à son chat, son chien, sa vache ou ses moutons… me fait aussi penser à ce film où Fabrice Luchini est l’animateur d’un stage de développement personnel. Dans cette comédie, on y voit les participants parler à des vaches…! Je crois que le titre était La cloche a sonné. En conclusion, parler à un psychanalyste ou à une vache, quelle différence si cela sonne bien ? Du coup, Marie-Françoise a-t-elle pensé à adopter une petit chat ou un chien, même si avec un poisson rouge cela devrait aussi fonctionner ?

    JFR (14 février 2019 à 21:24) écrit : « Comme professeur, nous avons la responsabilité d’enseigner, pas de décourager ou tromper nos élèves… ». C’est aussi ce que disent également tous les enseignants en homéopathie. Je serai curieux de savoir ce qu’ils racontent chez jéhova !

  28. Avatar de JB Mauvais
    JB Mauvais

    Cher Au fil des jours,

    Il est probable que certains psychanalystes aient été peu secourables pour leurs patient-e-s, peu aidants, peu soucieux d’éthique etc.
    L’ont-ils été moins que d’autres personnes formées à d’autres approches ?
    Impossible de le « prouver », même si l’argument de la preuve vérifiable vous semble capital.

    Votre ironie mordante pourrait être sympathique, mais ce masque sarcastique révèle, plus qu’il ne les cache, colère, peur et probablement tristesse.
    A quoi ces sentiments sont dus, seul vous pourriez le dire et ces sentiments vous appartiennent.
    Si la relation thérapeutique entre deux êtres humains vous paraît toujours pouvoir et devoir être quantifiable, mesurable et en définitive contrôlable, sous peine de ne pas être fiable et crédible, pourquoi pas, mais on comprend alors que les éclairages de la psychanalyse vous soient insupportables, dès lors qu’ils mettent précisément au jour le contraire, à savoir la part d’incontrôlable, d’incertitude et d’ombre qui anime chacun et toute relation.

  29. Avatar de Marie-Françoise
    Marie-Françoise

    À aufildesjours | Le 15 février 2019 à 7:05

    Je vous trouve un peu insultant à mon égard en sous-entendant que j’aurais pu avoir le même résultat si j’avais parlé à mon chien ou à mon chat !…
    Si je prends le risque de me faire « foutre de moi » plus de 30 ans après ces 5 ans de psychanalyse, croyez-vous vraiment que, pendant ces 30 années, réfléchissant à ce que j’avais vécu à l’époque, je n’avais pas eu le temps de faire la différence entre cette expérience et celle de parler à un chat ?
    Autre précision : si, à l’époque, je n’avais pas la compagnie d’un chat, ne voulant pas infliger à cet animal l’enfermement dans un appartement parisien, depuis que je suis en retraite, dans une maison à la campagne, je bénéficie de la compagnie d’un chat à qui il m’arrive de parler.
    Mais, malgré toute la « débilité humaine » que vous me prêtez, je fais la différence entre parler à mon chat et parler à mes semblables !…

  30. Avatar de aufildesjours
    aufildesjours

    JB Mauvais (15 février 2019 à 10:32)

    Vous trouverez à ce lien une pétition signée par 5500 charlatans.

    http://petitionpublique.fr/Default.aspx?pi=RADL2013

    Le pédopsychiatre et psychanalyste Maurice Berger avait écrit dans la presse que cette pétition avait été signée par 5500 professionnels de l’enfance. De multiple médias ont ensuite fait écho de cette annonce fracassante :

    https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/6497-La-proposition-de-loi-sur-la-residence-alternee-inquiete-les-medecins

    En réalité, les psychanalystes organisateurs (professeurs d’université, formateurs de magistrat, experts judiciaires, conseillers en tout genre notamment dans des ministères) de cette pétition diffamatoire, mensongère, provocatrice et manipulatrice l’ont notamment construite, entre autres, sur l’usurpation du nom du Docteur Brazelton pour faire croire que ce pédiatre de renommée mondiale aurait accompli des travaux de recherches visant à démontrer que la résidence alternée serait néfaste aux jeunes enfants dont les parents sont séparés et qu’il aurait donné son nom à un stupide calendrier qu’aucun état américain ne pratique de toute façon !

    https://blogs.mediapart.fr/pierre-laroche/blog/250714/l-utilisation-inconvenante-du-nom-de-brazelton

    La pétition prétend également que la Californie, entre autres, aurait marche arrière à l’égard de la résidence alternée !

    https://blogs.mediapart.fr/pierre-laroche/blog/080614/marc-juston-et-le-centre-d-analyse-strategique-trompes

    Nota * : Ci-dessous, le mot « escroquerie » est à mettre au sens de celui employé par Lacan lui-même lorsqu’il annonçait (après s’être fait traité publiquement de charlatan par Noam Chomsky en 1975) que la psychanalyse n’est pas plus une escroquerie que la poésie elle-même.
    Il n’y a bien évidemment aucun lien direct entre cette escroquerie* et l’escroquerie* psychanalytique.

    Cette escroquerie* ne fait que servir les intérêts de la psychanalyse qui sont de continuer à nier les progrès issus des constats de la psychologie scientifique pour :
    – maintenir son emprise sur le ministère de la justice et sur toutes les questions qui entourent les notions relatives à l’intérêt de l’enfant.
    – Protéger les dogmes freudiens infondés et largement obsolètes comme la théorie des pulsions, celle des relations d’objet et celle de l’étayage.
    – Légitimer l’interprétation psychanalytique de la théorie de l’attachement et les contributions psychanalytique à cette théorie comme les pulsions d’attachement dans le but d’en faire un tout irréfutable.

    À titre d’exemple, citons Bernard Golse (auto-proclamé spécialiste de la théorie de l’attachement) à propos de la théorie de l’attachement et des pulsions d’attachement :

    https://www.cairn.info/revue-la-psychiatrie-de-l-enfant-2004-1-page-5.htm#

    Cela implique que TOUS les professionnels de l’enfance plutôt opposés à la résidence alternée des enfants en bas-âge ou en cas de conflit parental lorsque les parents se séparent, sont TOUS d’orientation ou de vernis psychanalytique.

    Vous trouverez ici un article très critique sur cette fumeuse pétition :

    https://blogs.mediapart.fr/pierre-laroche/blog/250514/petition-des-5500-charlatans-loi-famille-et-psychanalyse

    Vous évoquez ma prétendue colère… D’autres évoquent parfois la haine… C’est généralement soit l’un, soit l’autre. Du coup, je ne peux m’empêcher de repenser à cette très formule très juste (issue du livre noir de la psychanalyse) : « Des freudiens croient annihiler des objections en les attribuant à la haine. Cet argument, tel qu’ils le formulent, présuppose que la haine est une « chose » à l’intérieur de soi, qui précède les raisons avancées qui, elles, n’en seraient que des expressions arbitraires. En fait, il y a des critiques sans haine. Énoncer des critiques ne signifie pas automatiquement éprouver de la haine. D’autre part, certaines haines sont légitimes, en particulier lorsqu’elles sont provoquées par le spectacle récurrent de la mauvaise foi, de l’arrogance et de la manipulation de gens qui souffrent. Des idées énoncées par quelqu’un qui éprouve de la haine ne sont pas, de par la présence de ce sentiment, sans valeur épistémologique. Réciproquement, les énoncés d’un dévot ne sont pas ipso facto clairvoyants, sinon tous les religieux intégristes parleraient en vérité. Répétons que la valeur d’une objection est une question de logique et de vérification méthodique. Il ne suffit pas de renvoyer à des particularités psychologiques de celui qui l’énonce pour la réfuter ou la valider. ».

    Plutôt que d’évoquer ma colère, vous devriez peut être vous interroger sur votre absence de colère (et celle de vos confrères et consoeurs) car les pédopsychiatres-clown (dont de nombreux professeurs d’université, formateurs de magistrats, experts judiciaires, conseillers en tout genre notamment dans des ministères) sont en train de donner une multitude d’arguments aux associations dites de pères pour critiquer la psychanalyse dans les plus hautes sphères de l’état dans le but d’alerter sur le fait que cette fausse science constitue un risque majeur de santé publique.

    Si, vous et les freudiens ne vous inquiétez que du film de Sophie Robert, c’est que vous manquez sans doute de faculté d’anticipation.

  31. Avatar de aufildesjours
    aufildesjours

    Marie-Françoise (15 février 2019 à 12:24 ).

    Le neurobiologiste et neuropsychiatre Jean-Didier Vincent est ressorti extrêmement satisfait de sa cure psychanalytique. Je ne pense pas qu’on puisse lui prêter la moindre notion de « débilité humaine ».

    Vous êtes satisfaite de vos 5 années de psychanalyse, mais parler à un ami, un curé de paroisse ou à un inconnu procure la même satisfaction tant que la personne fait preuve d’empathie. Le problème est que la psychanalyse est parfaitement inefficace pour tous ce qui est trouble dys. Par ailleurs, le fait d’être satisfait de 5 années de psychanalyse, ne permet pas de savoir si on aurait été déçu par une TCC (sans doute plus courte et moins onéreuse). Contrairement à la psychanalyse, les TCC ne demandent qu’à être évaluées.

  32. Avatar de Jacques Van Rillaer
    Jacques Van Rillaer

    Réponse à JFR
    JFR écrit qu’il a eu des moments de plaisir et d’exaltation où, lisant Freud, il découvrait ses immenses romans. « Oui, je me suis bien amusé à lire ces romans érotiques que sont Dora (Ah, la scène du lac avec Mr K et la blancheur ravissante du corps de Mme K), Anna O. (« Joseph Breuer, sauve-toi… ») »
    JFR devait avoir bien peu d’expériences érotiques (en acte on via des lectures) pour avoir eu du plaisir et même des moments d’exaltation (!) en lisant le cas de Dora ou d’Anna O.
    Pour les lecteurs qui veulent en savoir davantage sur ces cas canoniques :
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/110718/anna-o-le-cas-paradigmatique-de-la-psychanalyse
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/010618/dora-l-hysterique-exemplaire-selon-freud-et-les-freudiens
    Le 1er cas illustre le charlatanisme de Freud.
    Le 2d son « monoïdéisme » sexuel (l’expression est de Freud lui-même).
    Le lecteur qui n’a aucune expérience sexuelle (ce serait étonnant à l’époque de l’Internet) jouira peut-être en lisant : « Elle avait, accrochée à la ceinture, une aumônière servant de porte-monnaie, de la forme qui était alors à la mode, et elle jouait avec tandis qu’allongée elle parlait, l’ouvrant, y mettant un doigt, la refermant, etc. Je l’observai pendant un moment et lui expliquai alors ce qu’est une action symptomatique. L’aumônière bifoliée de Dora n’est rien d’autre qu’une présentation de l’organe génital, et le fait de jouer avec elle, de l’ouvrir et d’y mettre le doigt, n’est qu’une communication par pantomime — en toute naïveté mais sans ambiguïté — de ce qu’elle aimerait faire par là : se masturber » (Œuvres, PUF, VI p. 255) ? Je souligne SANS AMBIGUÏTÉ.
    Quand JFR écrit dans la réponse qu’il m’adresse: « La haine dont je parle n’est pas celle (légitime) qui guide nos émotions et parfois nos plumes, mais plutôt celle qui conduit à brûler les livres puis les individus », me vise-t-il ?
    Je rappelle que si des LIVRES de Freud ont été brûlés c’est parce qu’il était juif, non parce qu’il avait écrit sur la psychologie. Qui sont les psychanalystes qui ont été « brûlés » ? Je crains que, dans cette discussion, certains glissent dans le complotisme et la paranoïa de persécution. On risque d’arriver aux étiquettes « fasciste », « antisémite », « nazis » utilisées en réponse au « Livre noir de la Psychanalyse ».
    En fait, la psychanalyse s’accommode fort bien de dictatures. L’exemple de l’Argentine est à cet effet exemplaire. Il faut lire à ce sujet l’ouvrage de Plotkin Histoire de la psychanalyse en Argentine.
    L’historien montre que les régimes militaires argentins ont persécuté des ouvriers, des militants politiques, des enseignants, des sociologues et des psychologues, mais très peu de psychanalystes : uniquement ceux qui étaient politiquement engagés. Bien plus, « la diffusion massive de la psychanalyse se produisit précisément durant les années 1960 et 1970, alors que le pays était gouverné par des dictatures militaires ou des régimes démocratiques faibles qui restreignaient les libertés publiques » (p. 353). La grande majorité des psychanalystes se sont retranchés derrière « la neutralité analytique » et sont restés confinés dans leurs cabinets. Nombreux ont été les psychanalystes qui ont prôné des idées conservatrices sur la famille, la société et l’individualisme. Certains, comme Rascovsky, membre fondateur de l’Association psychanalytique argentine, ont même prêté main forte aux militaires en affirmant que « le terrorisme est une maladie » causée par « la crise de la famille traditionnelle » (p. 350). Pour une présentation de cet ouvrage, voir :
    http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1529

  33. Avatar de JB Mauvais
    JB Mauvais

    Cher Au fil des jours,

    Il semble difficile de dialoguer avec vous, si vous faites dire aux autres si souvent ce qu’ils n’ont pas dit. Je n’ai pour ma part pas parlé de « haine » mais de colère.
    Nuance. A vous de nous dire si c’est de la haine en revanche (si j’ose dire).

    Pour ce qui est de « Vous êtes satisfaite de vos 5 années de psychanalyse, mais parler à un ami, un curé de paroisse ou à un inconnu procure la même satisfaction tant que la personne fait preuve d’empathie », je vous souhaite sincèrement bien du courage pour trouver un ami, un curé de paroisse ou un inconnu qui acceptent de vous écouter sans broncher pendant 5 ans chaque semaine.

    Pour ce qui est de la preuve irréfutable et éternelle de la plus grande efficacité et de la supériorité thérapeutique définitive d’autres approches, ce terrain est périlleux : il est en effet bancal de s’appuyer sur la « science » et les « études » randomisées (horizon ultime et eldorado de la « psychologie scientifique »), s’il est vrai que celles des dernières années tendent à montrer que, pour un certain nombre de troubles, une psychanalyse ou une thérapie d’inspiration analytique correctement menées peuvent susciter des effets non seulement comparables, mais aussi plus durables que l’approche comportementale. Quelques sources, puisque celles-ci semblent vous rassurer. A compléter bien sûr, mais je n’ai guère le temps.
    https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2011-2-page-51.htm
    https://www.vr-elibrary.de/doi/abs/10.13109/zptm.2012.58.3.299#.XGcdzvzJ9jR
    https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0924933817323465

    La limite de ces sources est que peut-être elles entretiennent l’illusion durable que toute personne, toute situation ou tout trouble pourraient faire l’objet soit d’un traitement comportemental, soit d’une psychanalyse, embranchement à gauche, embranchement à droite, et le premier qui arrive a gagné.
    La psychanalyse propose, vise et permet autre chose, expérience et retour à soi ou découverte de soi qui, de plus, n’est pas forcément mesurable dans ses « bénéfices », ses « impacts ». Oui je sais, c’est difficile à admettre.
    La thérapie comportementale est plus adéquate pour des troubles dys ? Soit, très bien.
    La psychanalyse n’a pas le coeur du coeur, ni du reste. Je vous rejoins donc sur l’idée qu’elle s’est peut-être arrogé des prérogatives qui aurait dû rester hors de son périmètre.
    Inversement, il n’est pas rare que des personnes ayant déjà « tout essayé » franchissent le pas d’aller voir un/une analyste, et y découvrent autre chose que ce qu’elles étaient venues chercher, et qu’elles n’avaient pas trouvé ou n’auraient pas trouvé chez un/une comportementaliste. Est-ce pour autant une illusion ou une perte de temps ou d’argent ?
    Si vous ne pouvez pas admettre cela pour d’autres, ou si vous persistez à y voir une illusion, une secte ou que sais-je encore, tant pis pour vous, vous ne savez, justement, pas ce que vous perdez.
    Sans rancune…

    A bientôt
    JB Mauvais

  34. Avatar de Jacques Van Rillaer
    Jacques Van Rillaer

    JB Mauvais écrit : « qu’il souhaite sincèrement bien du courage pour trouver un ami, un curé de paroisse ou un inconnu qui acceptent de vous écouter sans broncher pendant 5 ans chaque semaine ».
    En effet, « écouter sans broncher », sans donner de conseils, sans aider à activement changer des significations : cela n’est pas la pratique analytique. Là on écoute « en principe », car, il n’est pas exceptionnel que l’analyste (à commencer par Freud) dorme pendant qu’il officie.
    Rappel de la façon dont Lacan, l’analyste exemplaire, analysait :
    https://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1553
    2) Pour ce qui est des études empiriques sur les résultats, il en existe des centaines, réalisées dans les pays anglo-saxons (en France on préfère théoriser et commenter ad infinitum les quelques cas canoniques : Dora, Hans, l’homme aux loups…). Le rapport de l’INSERM (2004) en faisait une synthèse remarqauble : http://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/57
    3) JB Mauvais écrit : « La psychanalyse propose, vise et permet autre chose, expérience et retour à soi ou découverte de soi qui, de plus, n’est pas forcément mesurable dans ses bénéfices, ses impacts ».
    Moscovici, au terme de sa célèbre enquête sur la psychanalyse, son image et son public, concluait que les interviewés, qui connaissaient des analysés, soulignaient fréquemment l’augmentation de l’égocentrisme comme une conséquence de la cure. Il résumait les réponses en écrivant : « Le psychanalysé, arrogant, fermé, adonné à l’introspection, se retire toujours de la communication avec le groupe » (p. 143). Le mot « toujours » est bien sûr excessif.
    L’enquête de Frischer (“Les analysés parlent”) confirme cette observation. Ainsi « Jean-Pierre déjà égoïste dans le passé, reconnaît que l’analyse a développé cette tendance, faisant de lui un parfait égocentrique » (p. 312) ; « Marie-Hélène exulte d’être devenue individualiste, égoïste, jouisseuse, autoritaire… » (p. 314), etc., etc.
    Pour d’autres témoignages et citations, je renvoie à mon livre « Les illusions de la psychanalyse » p. 373 à 375. Fabrice Luchini, qui ne cesse de se vanter de ses 40 ans de psychanalyse, est l’exemple parfait de cette évolution.
    A ne pas oublier : « l’effet de détérioration » qui s’observe dans toutes les thérapies mais particulièrement dans les « cures » lacaniennes:
    http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2574
    on commentaire

  35. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire
    Réponse à Monsieur Van Rillaer,
    Cher Monsieur, je m’aperçois que le site du Randonneur qui était jusqu’alors un lieu d‘échange aimable, courtois et surtout ludique, consacré aux réactions des lecteurs du blog de Daniel Bougnoux, risque de devenir une tribune pour des idées que je ne partage pas, aussi vais-je cesser d’échanger et de polémiquer. Relisant la centaine de pages que vous consacrez dans Le Livre Noir de la psychanalyse (Les arènes. 2005) à dénoncer les limites et les soi-disantes aberrations de notre discipline, je me rends compte combien nous sommes dans un dialogue de sourds. Inutile donc de rouvrir ici un trop vieux débat. Le site du Randonneur ne doit pas devenir une tribune pour vos idées, vos certitudes, alors que vous chercher à convaincre que la psychanalyse n’a aucun intérêt, pire qu’elle est une « mystification centenaire », comme l’écrit Mikkel Borch-Jacobsen dans son livre Souvenirs d’Anna O. (Aubier 1995). Sur ces points, personne ne peut convaincre personne donc inutile de poursuivre le combat.
    C’est dommage car, à vous lire, je me suis bien amusé. Vous raillez mon inexpérience d’étudiant en matière de lectures érotiques en ne suivant pas mon plaisir de la lecture. C’est de bonne guerre et je veux bien m’en amuser avec vous. Dora, Anna O, sont considérés par vous comme des mascarades et des mensonges freudiens, alors qu’on peut les lire comme des romans ou des fictions traversés par l’Eros. J’en veux pour preuve ce passage fort amusant que vous citez sur le blog, dans lequel Freud fait une intéressante remarque à sa jeune patiente alors qu’elle évoque ses émois érotiques sur le divan. « Elle avait, accrochée à sa ceinture, une aumônière servant de porte-monnaie… l’ouvrant, y mettant un doigt… L’aumônière bifoliée de Dora n’est rien d’autre qu’une présentation de l’organe génital et le fait de jouer avec elle… etc, etc… ». Oui, je vous l’accorde, ce court passage ne vaut pas Le con d’Irène d’Aragon, Les Onze Mille Verges de Guillaume Apollinaire ou Le ministère des verges d’Odile Cohen-Abbas. (Librairie-Galerie Racine. Paris. 2011). Néanmoins le terme « d’aumônière bifoliée » pour le sexe féminin est une trouvaille assez savoureuse de la nouvelle traduction des PUF. Freud, qui se défend d’avoir écrit « un roman à clef destiné au divertissement des médecins » et qui dit « vouloir échapper à la tentation d’écrire une satire » (PUF. O.C. T VI p. 228), revendique, enveloppé de toute la dignité médicale, le « droit de parler aux jeunes filles des choses sexuelles » et « les droits du gynécologue ». Il insistera beaucoup, en effet, sur la question des « flueurs blanches », des leucorrhées des jeunes filles, qu’il rapporte un peu trop vite à la masturbation. Fluor albus, en latin s’il vous plait, comme matrem nudam ou a tergo more ferarum pour l’Homme au loup. Ah, comme ce latin nous amuse aujourd’hui et combien la prudence de nos praticiens est essentielle. La célèbre prescription du Dr Chrobak : « Rp. Penis normalis, dosim repetatur » et le célèbre tableau de Brouillet montrant Charcot et les neurologues de La Salpétrière, en costumes sombres et cravatés, face à la gorge offerte de Blanche Wittmann se pâmant dans les bras de Babinski, nous montre s’il en était besoin combien le sexuel, comme le transfert sont explosifs. « Pour faire une omelette, il faut casser des œufs », écrit Freud en français dans Dora (PUF. T VI. p. 229). Aujourd’hui, on dirait plutôt qu’il faut « marcher sur des œufs ». Freud s’excusera plus tard, en 1923, dans une note (OC. VI p. 254), d’avoir été trop affirmatif en ce qui concerne l’onanisme de la jeune fille, écrivant « qu’il s’agit là d’une opinion extrême qu’il ne soutiendrait plus aujourd’hui ». Vous voyez combien le Viennois est capable de contrition et peut changer de cap ! Autre volte face, en 1923 également, Freud se reproche de ne pas avoir reconnu suffisamment les tendances homophiles de la jeune fille. « Avant d’avoir reconnu la significativité du courant homosexuel chez les psycho-névrosés, je restai souvent arrêté dans le traitement de mes cas ou je tombai dans un désarroi complet », écrit-il. Vous voyez combien le Viennois arrive à se remettre en question ? Ne conviendrez-vous pas que la modestie du clinicien l’emporte ici sur la « doctrine » ?
    Oui, Dora est bien le roman de la stratégie du désir. « La névrose est le négatif de la perversion », est une formule célèbre que l’on retrouve dans Dora. On passera de la scène du baiser et de la promenade autour du lac avec Mr K à la blancheur ravissante du corps de Mme K. L’aumônière bifoliée de Dora n’est qu’une pièce supplémentaire à « cette chose génitale, toujours, toujours », dont parlait Charcot à Freud, le grand mystère de la sexualité. Dora met si bien en scène le désir et l’amour que l’on en a fait une pièce de théâtre. Hélène Cixous a écrit Portrait de Dora, qui fut créé a Paris, en 1976, au théâtre d’Orsay.
    Je pourrais encore gloser longtemps et c’est presque à regret, monsieur, que je vous quitte.
    JFR.

  36. Avatar de Jacques Van Rillaer
    Jacques Van Rillaer

    Précisions concernant ce qu’écrit JFR concernant DORA
    Je suis loin d’être le premier scandalisé par le « traitement » réservé par Freud à cette pauvre jeune fille. Voici l’avis du psychanalyste canadien Mahony, qui a fait un travail d’exégèse exceptionnel sur ce cas :
    https://media.blogs.la-croix.com/freud-fin-de-partie-1/2019/02/07/

    L’avis de Peter Gay, biographe admiratif de Freud :
    « On peut, en l’occurrence, accuser Freud d’insensibilité et, pis, de froide arrogance dogmatique : bien qu’il fît profession d’écouter, à ces moments-là, il n’écoute pas, mais cherche seulement à intégrer les dires de son analysante dans son schéma préétabli. Ce droit, implicite pour une large part, à une sorte d’omniscience appelle un mot de critique. Il suggère la certitude, chez Freud, que toute interprétation psychanalytique est automatiquement correcte, que l’analysant l’accepte ou non. “Oui” signifie “oui”, et “non” de même. » (trad., 1991, p. 287).

    L’avis de Richard Webster :
    « Freud ne soupçonna jamais que son souci d’investir des rêves notoirement non érotiques d’un sens explicitement érotique et d’interpréter les symptômes de ses patients pareillement, était sa façon de se permettre indirectement, sous couvert d’herméneutique médicale, le genre de fantasmes sexuels que d’autres, intellectuellement moins austères, se permettaient régulièrement et ouvertement, et en pleine conscience d’esprit. […] Quand, dans le cas de Dora, l’attirante jeune fille de dix-huit ans, il analyse un rêve où elle sentait de la fumée en notant qu’il était lui-même gros fumeur et interprète en conséquence le rêve comme une allusion cryptique à son désir d’être embrassée par lui ; quand il continue en assurant qu’en ouvrant son réticule et en le tripotant, elle donne “un signe mimétique qui ne trompe pas” de ce “qu’elle voudrait faire avec ses organes génitaux” ; et quand il tente ensuite de la persuader que le raclement de gorge qui fait naître sa toux nerveuse est une allusion à la stimulation qu’elle expérimenterait dans un acte de fellation, il semble raisonnable de conclure que son herméneutique revient à sexualiser dans l’imaginaire une relation que l’éthique médicale le forçait à maintenir comme non sexuelle. En d’autres termes, on serait tenté de croire que c’est l’interprétation de Freud, et non les rêves et symptômes de sa patiente, qui est l’accomplissement d’un désir inavoué. Freud, ici, reproduisait l’attitude que nous avons déjà vue à l’œuvre dans son interprétation du rêve de la place du marché : il usait de ses stratégies interprétatives pour fantasmer qu’une de ses patientes fantasmait à son sujet. Freud manquait singulièrement de perspicacité “freudienne” vis-à-vis de ses propres techniques. Au lieu de voir en face le fait que son intérêt pour ses patientes était au moins en partie érotique, Freud se montra sans cesse anxieux de nier que ses rapports thérapeutiques pussent lui procurer la moindre gratification érotique. Tout en admettant qu’il n’hésitait pas à parler ouvertement de sujets sexuels avec des jeunes femmes comme Dora, il assurait que c’était pour les motifs scientifiques les plus purs, ajoutant, avec ce mélange de naïveté et de duplicité qui caractérise souvent ses tentatives d’autoanalyse, que “ce serait l’indice d’une étrange et perverse lubricité si quelqu’un devait supposer que des conversations de ce genre sont un bon moyen pour exciter ou pour satisfaire des désirs sexuels” » (Le Freud inconnu. L’invention de la psychanalyse. Ed. Exergue, 1998, p. 312)

  37. Avatar de JB Mauvais
    JB Mauvais

    Il est dommage (pour vous), cher Monsieur Van Rillaer, que vous ne déceliez pas la contradiction interne majeure irriguant votre propos.
    Vous passez votre temps, à longueur de publications, commentaires, interviews, à porter en bandoulière la santé mentale des patients, l’éthique professionnelle et la nécessaire rigueur « scientifique » (sic), alors que vos « arguments » incarnent en miroir, et en boomerang, quasi en permanence le parfait contraire : exemples valant pour généralité, procès d’intention, déductions axiologiques d’aspects biographiques, et surtout discrédit définitif de la pratique suite à certaines erreurs interprétatives de Freud.
    En définitive, faudrait-il que Freud fût parfait pour que ses interprétations et la pratique résultant de ses trouvailles soient légitimes ?
    C’était un homme de son temps, avec ses errements, ses contradictions et sa part d’ombre. Comme tout autre. C’est trivial de devoir vous le rappeler.
    N’en avez-vous aucune, vous, de part d’ombre? On vous le souhaiterait.
    L’illusion de la maîtrise et de la transparence…
    Quel curieux besoin de votre part, étonnament infantile, d’idéaliser semble-t-il totalement vos maîtres pour les suivre, sous peine de basculer dans l’inverse, et de manifestement passer votre vie (au sens littéral) à tenter de les déboulonner.
    Faudrait-il alors, éclairez-nous, se dispenser sans attendre d’écouter Mozart sous prétexte qu’il lui arrivait de raconter des histoires égrillardes à sa cousine (rohhh) et d’écrire parfois quelques lignes musicales un peu faciles afin de faire bouillir la marmite, lignes qui étaient bien loin d’être toutes géniales ?
    La psychanalyse a aidé voire sauvé de nombreuses personnes, et elle continuera à le faire, en dépit de ses imperfections, de ses aménagements nécessaires, passés et à venir (oui, elle ne peut tout « soigner », non, elle ne convient sûrement pas à tout le monde), de celles de Freud et de ceux qui la font vivre.
    Que faut-il vous souhaiter ?
    Bonne continuation ?
    Et surtout bon courage…

  38. Avatar de Van Rillaer
    Van Rillaer

    A JB Mauvais ou Mauvals ?
    Dans le premier cas, je signale que Stekel en 1911 et Abraham en 1912 ont publié des articles intitulés respectivement “La contrainte du nom” et “La force déterminante du nom” pour démontrer, à la suite de Freud, que “le nom agit souvent de façon contraignante sur celui qui le porte” (Abraham, Œuvres complètes, Payot, vol. 1, p. 114). Pour tout psychanalyste, le patronyme reçu ou le nom choisi en disent long, très long…
    S’il s’agit du 2e cas (MAUVALS), vous auriez grand intérêt à écrire pas seulement « JB » en majuscules.
    Merci de votre conseil « bonne continuation ». Je compte bien le suivre, si pas sur ce site (cela devient un peu long), du moins ailleurs.

  39. Avatar de JB Mauvais
    JB Mauvais

    Cher Monsieur Van Rillaer,
    CQFD.
    Vous brandissez la science pour finalement mieux nous gratifier d’un ultime commentaire grotesque. Ce faisant, vous vous ridiculisez définitivement.
    Au bout de vos errances et de vos litanies obsessionnelles sur la science et l’éthique, la seule carte qui vous reste à jouer est donc, à l’aune d’un déterminisme d’une rare platitude, un dérisoire couplet sur le patronyme de vos interlocuteurs. C’est que, derrière la façade de vos références et citations multiples, vous n’avez décidément pas grand-chose d’intéressant à dire, triste sire !
    Bien cordialement
    Jean-Baptiste Mauvais

  40. Avatar de Jacques Van Rillaer
    Jacques Van Rillaer

    1) Ainsi donc, pour Monsieur Mauvais, c’est “un déterminisme d’une rare platitude” que d’“analyser” un patronyme. Mais c’est exactement ce que font Freud et ses disciples à l’égard de patients. Ferenczi avait raison d’écrire au sujet de Freud : « il n’analyse que les autres et pas lui-même » (« Journal clinique », Payot, p. 147). J’ai très souvent observé que les fans de Freud s’offusquent de l’application de leur technique interprétative à eux-mêmes par quelqu’un qui doute de sa pertinence. Je suppose que dans la France lacanienne il n’en va pas autrement qu’en Belgique francophone (en Flandre, Lacan est aujourd’hui quasi inconnu et le freudisme est mourant).

    N.B. : Pour en savoir plus sur Ferenczi, « le psychanalyse préoccupé d’efficacité et d’humanisme » (hé oui, il en existent, mais ce n’est pas la norme chez ceux que je connais) :
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/250219/ferenczi-le-psychanalyste-preoccupe-d-humanisme-et-donc-d-efficacite

    2) A propos de l’insulte « triste sire », j’invite à méditer le 38e et “ultime stratagème” que recense Arthur Schopenhauer dans L’art d’avoir toujours raison : « Si l’on s’aperçoit que son adversaire est supérieur et qu’on va perdre la partie, que l’on prenne un ton personnel, offensant, grossier. Devenir personnel, cela consiste à passer de l’objet du débat (puisqu’on a perdu la partie) au contradicteur lui-même et à s’en prendre à sa personne, d’une manière ou de l’autre : on pourrait l’appeler argumentum ad personam, afin de le distinguer de l’argumentum ad hominem : celui-ci s’écarte de l’objet proprement dit pour s’attacher à ce que l’adversaire en a dit, ou en a concédé. Mais, lorsqu’on devient personnel, on laisse complètement de côté l’objet et concentre son attaque sur la personne de l’adversaire ; on devient donc désobligeant, hargneux, offensant, grossier. C’est un appel des facultés de l’esprit à celles du corps ou à l’animalité. Cette règle est fort appréciée, car chacun est capable de l’appliquer, et s’emploie donc fréquemment. » (« L’art d’avoir toujours raison »)

  41. Avatar de JB Mauvais
    JB Mauvais

    Cher Monsieur,

    Moi, je crois que la grande majorité des lectrices et des lecteurs de ce blog voient clair dans votre jeu.

    Vous déblatérez en permanence, ici ou ailleurs, sur la psychanalyse, mais la convoquez à l’occasion lorsque cela vous arrange.
    Lorsque l’on vous fait remarquer que « l’argument » est bancal, vous sautez sur l’occasion pour faire remarquer que la pratique convoquée relève justement de la psychanalyse.
    Lorsque vous n’avez, en amont même de cela, plus d’argument valable à avancer, vous prenez votre interlocuteur à partie sur son patronyme, dont la dénotation négative renseignerait potentiellement sur la « valeur » de la personne. On pourrait rire de la puérilité de l’invective, digne au demeurant d’une cour d’école, si l’histoire n’avait donné quelques exemples funestes de telles extrapolations.
    Lorsque l’on vous fait remarquer la grossièreté du procédé, vous attribuez à l’autre l’emploi d’une « insulte », alors même que vous êtes l’initiateur du procédé dans la conversation.

    Cette manière d’être et de faire porte un nom : la manipulation.

    J’en tire la conclusion qui s’impose, à savoir qu’il se révèle de ce fait, et c’est assez triste, impossible de dialoguer avec vous.
    Meilleurs messages

  42. Avatar de Jacques Van Rillaer
    Jacques Van Rillaer

    1) M. Mauvais écrit que “La grande majorité …”. Il a la prudence d’écrire aussi “je CROIS”.
    2) Je m’étonne que M. Mauvais continue à dialoguer avec moi alors qu’il déclare que c’est impossible. Un psychanalyste dirait « masochisme », mais je me garde bien sûr d’interprétations à la Freud.
    3) Je convoque la psychanalyse uniquement pour montrer à quel point elle mène à des absurdités ou des conneries. Pour ma part, je ne tire AUCUNE conclusion de l’analyse de prénoms ou de patronymes. Je fais seulement remarquer que c’est cela la doctrine freudo-lacanienne. M. Mauvais n’a pas compris que j’ironisais non sur lui, mais sur la psychanalyse. Dommage.

    A propos de l’interprétation de patronymes, voici un magnifique exemple de Lacan, exemple qui permet de réfléchir à la signification du terme « manipulation » employé très souvent à tort mais cette fois très à propos. L’exemple se trouve dans le livre de Gérard Haddad, « Le jour où Lacan m’a adopté. Mon analyse avec Lacan ». Le Livre de Poche, 2007, p. 363s.

    Haddad s’intéressait à Aimé Pallière, un journaliste français converti au judaïsme. Je le cite :
    « J’avais rendez-vous pour une séance le mardi qui succédait à un lundi de Pâques, jour où Lacan ne recevait pas. J’y fis brièvement le point sur l’avancée de mon article sur Pallière. Je m’apprêtais à partir après avoir réglé ma séance quand Lacan m’arrêta :
    “Vous me devez la séance d’hier !
    — Mais hier…
    — Hier, je vous ai attendu et vous n’êtes pas venu.
    — Mais nous n’avions pas rendez-vous, c’était jour férié…
    — Vous me la paierez ! » conclut-il en grinçant les dents de colère et en me chassant littéralement du cabinet.
    Je me renseignai auprès de Gloria : le docteur avait-il, hier, reçu qui que ce soit ? Non, il n’avait pas bougé de sa maison de campagne à Guitrancourt.
    Il me fallut un long moment pour saisir le sens de cette intervention, plutôt scandaleuse : pas hier, Pallière, pas là hier, ce rendez-vous non advenu de mon destin qui m’avait projeté dans la névrose. Lacan venait d’y plonger un douloureux scalpel, douleur qui se transforma en éclat de rire : mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient. »
    Je recommande vivement la lecture du livre de G. Haddad. Vous pouvez trouver quelques extraits dans cet article :
    http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1553

  43. Avatar de Spartacus
    Spartacus

    Pendant presque 20 ans suite à la découverte de la psychanalyse présentée comme une science,une pratique vérifiée et incontestée par mes professeurs j’ai lu Freud,Jung,Bettelheimm,Dolto et tous les articles qui passaient entre mes mains,j’étais totalement conquis,enthousiaste et j’ étais persuadé que seule cette theorie scientifique permettait de soigner,comprendre la psychologie de l’être humains et soigner par exemple l’autisme ,j’avais une vénération pour Bettelheim.
    puis de formation assez rationnelle ,j’ai reçu un choque énorme quand la composante génétique de l’autisme fut découverte.
    Tremblement de terre. que se passe t il ?et alors recherche,lecture, encore et encore lecture et enfin je m’aperçois que NON la psychanalyse n’ a JAMAIS été une science contrairement à ce que mes profs racontaient .
    Alors j’ai lutté contre cette dissonance cognitive ,mais non vraiment rien ne restait de ma croyance. je me suis trompé 20 ans,j’ai une certaine rage contre mes profs qui déjà à l’époque n’ont pas été sincéres ni compétents alors que déjà les critiques du freudisme étaient légion et ont caché cela.
    Rien de scientifique ,juste un beau discours qui en vaut d’autres, on y croit ou pas ,mais plus moi.

  44. Avatar de Pierre Kammerer
    Pierre Kammerer

    Merci Daniel pour tes propos à la fois nuances et intransigeants dans Freud, fin de partie ?
    La psychanalyse est passée de mode…Tant mieux ! Les  » grands  » psychanalystes l ont gravement blessée…Honte à eux !
    Mais il existe encore de très nombreux petits artisans consciencieux et modestes sui font ce (dur ) métier avec tout leur coeur et leur intelligence. J en suis ( comme Francoise) et j en rencontre beaucoup dans des groupes ou nous échangeons passionnément à propos de cures qui nous éprouvent. Et que nous vivons a vec beaucoup d empathie pour nos  » patients « .
    Je signe Pierre kammerer, psychanalyste…Car je ne veux pas laisser cette dénomination aux « autres »,ceux qui par arrogance ou par soumission ( et souvent les deux ), ont ridiculisé la psychanalyse en même temps qu eux memes.

  45. Avatar de Pierre Kammerer
    Pierre Kammerer

    Mon histoire m a rendu plus sensible à écouter les conjoints ou enfants ou parents de  » suicidés  » .Je pourrais t adresser le récit de l une de ces cures…Si tu le souhaites. Et aussi, si j avais ton adresse à Paris , le livre magnifique de Nicole Yvert Coursilly  » Accomplir la promesse de l aube « . Point sur la psychanalyse et récits de cures de très jeunes bébés dont l accouchement avait été catastrophique.
    Amitiés Pierre Kammerer

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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