Humus humanité

Publié le

J’ai confié à mon ami Philippe Mouillon, pour paraître dans la revue Local contemporain, le petit texte suivant, issu d’une journée de débats au château de Vizille dans le cadre de « Paysages animés », le vendredi 3 mai dernier.

En conversant avec Yves Citton à la suite de la mémorable journée passée à Vizille, côté parc ou côté château, j’ai compris combien avait marqué les esprits l’expérience des participants invités ce matin-là à se vautrer parmi un troupeau de vaches, que celles-ci traitaient comme leurs veaux en les léchant à la ronde. Nous côtoyons parfois de si près le règne animal sans qu’il nous touche vraiment ! Plus précisément, comme écrit Lamartine, « le monde des animaux est un océan de sympathies dont nous ne buvons qu’une goutte, quand nous pourrions en absorber par torrents ».

Descendu du piédestal intellectuel où nous vivons tous plus ou moins juchés, notre ami ce jour-là avait touché terre. Expérience salutaire, et pour certains véritable chemin de Damas ! Je ne sais plus qui a écrit sur les philosophes désarçonnés, Saint Paul, Montaigne tombant de cheval, Rousseau reprenant conscience après sa chute racontée dans la fameuse Cinquième rêverie et vivant l’extase d’une communion fugitive avec un talus mouillé et un ciel étoilé… Expériences fondatrices, soit proprement du fond. Un fond que nous ne voyons pas, que nous touchons rarement, mais que certaines expériences provoquées par l’art, l’accident, l’amour ou la maladie nous rappellent, auquel elles nous ramènent impérieusement.

La Conversion de Paul

par Le Caravage

Il est vital, il est salubre de se trouver ainsi catapulté, « envoyé par le fond ». Un fond que nous passons notre vie à méconnaître tellement nous évoluons parmi les figures, c’est-à-dire ce que nous savons percevoir, découper ou clairement nommer. Le fond n’a pas de visage, ne se tient pas en vis-à-vis, n’est surtout pas un objet. Mais un milieu indistinct, un magma ou un Ça dirait le psychanalyste, un médium pour le médiologue, la terre noire de nos songes, un falun à perte de vue.

Falun, ce mot rare désigne le dépôt des tourbières, la poudre ou le gisement de nos déchets, ce qu’on expulse parfois du fond d’une poche ou qui s’accumule au creux des tiroirs, des caves que depuis longtemps on ne visite plus, qu’on n’a pas le temps de trier. « Zeitlos » comme disait Freud de l’inconscient, ce qui végète à l’écart du temps, des scansions de l’histoire, de ses récits ou de ses événements : inaperçu, court-circuité par la marche du monde, des affaires, des grandes nouveautés brillantes, bruyantes… Il n’y a pas de musique ou de bruit qui ne soient baignés de cette sourde rumeur, pas d’événement qui ne se double de ce halo d’indistinction, pas de figure derrière laquelle n’insiste, et ne germine, un fond. Qu’encore une fois et par définition nous ne voyons pas si voir (entendre, penser) c’est isoler, reconnaître ou nommer.

Figure/fond chez Berthe Morisot :

où passe la ligne de démarcation ?

Or ce mot « fond » s’écrit aussi avec une esse, le fonds désignant alors le fundus latin, la ressource comme on dit d’un musée, ou d’une bibliothèque. Cette proximité lexicale touche à la sémantique : tout fond(s) est capable de nous intéresser, de nous nourrir pour peu que nous l’approchions, ou fassions l’effort de le scruter. À vrai dire, cette expérience n’est pas rare, c’est même la plus ordinaire qui soit mais nous n’en avons pas conscience, elle ne s’inscrit pas sur le registre de nos pensées articulées ; elle borde notre conscience, elle veille sur elle ou sur nous comme le falun de nos rêves veille sur notre pensée diurne, et peut-être la vivifie. « Travail du rêve », énonçait Freud assez paradoxalement pour nous rappeler cette ressource de germination, en marge ou à l’écart du grand train des choses ou des affaires. Un fond(s) ne cesse d’insister à bas bruit en nous, entre nous, à la façon aussi dont l’humus ne cesse de travailler sous nos pieds, et de nourrir notre humanité.

Humus, humanité : lumineuse étymologie, où la proximité sémantique pour le coup éclate ! Et nous rappelle à quel point nous sommes fils de la glèbe, et solidaires de tout un milieu loin duquel, sans lequel toute vie individuelle aurait vite fait de s’étioler et disparaître. Or nous percevons mal ce milieu, et dans cette mesure nous le maltraitons, nous ne lui rendons pas justice ni hommage, nous n’en faisons pas le partenaire qu’il est pourtant, bien réel, de la moindre de nos interactions. Comment traitons-nous l’air de nos villes, les bas-côtés de l’autoroute, l’eau des rivières ou des mers et tous les animaux qui les peuplent, qui en vivent aussi ? Quelle négligence est la nôtre dans le traitement de ces boucles trophiques, de ces partenaires cachés qui nous regardent et que nous regardons et gardons en retour si mal, si désastreusement !

Non seulement la Terre souffre mais elle se dérobe, se rétracte ; notre monde est devenu dense au fil de nos voyages, de nos commerces et de nos communications, les espaces vierges ou sauvages fondent comme glaciers au soleil ou brûlent comme nos forêts, nous ne saurons bientôt plus où aller pour refaire l’expérience de ce contact régénérateur avec l’humus, vecteur et pourvoyeur de l’humaine condition. Tel est notamment l’argument de Bruno Latour dans un petit livre aigu et militant, Où atterrir ? (La Découverte, 2018), où il prophétise l’extension à chacun de l’épreuve des migrants, qui n’ont plus de terre habitable. Qui ont vu, comme un tapis, l’humus ou le sol se dérober sous eux.

Gamine en embuscade

La Terre nous quitte. Impensable divorce, n’est-elle pas notre fonds, notre commun par excellence ? Et de cette fracture, un Donald Trump a pu se réjouir en refusant de respecter les accords de Paris sur le climat : votre terre n’est pas la nôtre, a-t-il pu marteler à longueur de tweets, vous et nous n’avons rien de commun – et c’est à établir cela que servent aussi les fake news, à chacun sa vérité, l’objectivité n’est pas un objectif et les problèmes de Paris ne concernent pas Washington !

→ EN DIRECT. Joe Biden ou Donald Trump ? Suivez les résultats des élections américaines 2020

Contre ce déni de solidarité, comment réagir ? Quoi opposer à la vision étroitement comptable, bassement immédiate du bien-être ou du profit ? Avec un Trump et ses semblables comme interlocuteurs il ne sert pas à grand-chose d’argumenter, en rappelant par exemple que l’écologie c’est l’économie au sens large, la prise en compte de biens, et de dons (l’eau, l’air, la terre) qui n’entrent pas dans les circuits marchands mais qui en sont la condition d’exercice, et de maintenance. Comment amener tous les Trump qui nous accablent à réaliser ?

En faisant donner contre eux le fonds, cette rumeur grondante qu’ils n’entendent pas mais qui enfle, et qui pourrait se déchaîner. On rêve qu’un ouragan tel que ceux qui déferlent sur les Caraïbes frappe, en la ciblant précisément, la Maison blanche, cela ferait-il changer d’avis son climato-sceptique occupant ? Mais d’autres fonds se mobilisent ; et quand une Greta Thunberg par exemple croise le Président, celui-ci peut bien la traiter de gamine, c’est une vague de jeunes qui déferle aujourd’hui dans les rues en scandant des slogans au nom de leur avenir, qu’on ne voit pas mais qui constitue bien notre fonds, ou notre horizon. De cet humus que je disais participe au premier chef la ressource de la jeunesse, ce qui pousse. Qui ne saurait donc penser ni agir hors sol, qui ne s’en est pas encore détachée, qui s’éprouve intimement solidaire ou concernée, reliée.

Abraham Poincheval grimpant sur son mât

dans le parc du château de Vizille, printemps 2019

Deux manifestations m’ont frappé à Vizille, en marge de nos débats, l’approche du troupeau mais celle aussi, symétrique et comme inversée, et à laquelle peut-être il conviendrait de réfléchir, d’un Abraham Poincheval juché sept jours sur son mât de vigie, isolé en plein ciel. On a glosé sa prestation par le retirement du stylite, ce moine méditant qui passait sa vie édifiante en haut d’un fût de pierre, comme Saint Siméon dont j’ai visité jadis la colonne tronquée au nord d’Alep, quelque part au seuil du désert. J’aurais voulu en parler avec Abraham, que je n’ai pu rencontrer le jour de sa descente, fait-il vœu d’isolement avec cette expérience en effet peu commune d’une vie quelques jours passée sur cet étroit îlot rincé des pluies et balancé par les vents ?

Je dirais plutôt que la performance d’Abraham pose une loupe grossissante sur ce travers, ou cette postulation dont nous souffrons, d’une vie hors sol. Détachée, postmoderne, le comble de l’individualisme ; et dont il faut, assez vite, redescendre tellement cela n’est pas soutenable.

 

7 réponses à “Humus humanité”

  1. Avatar de W.Jaroga
    W.Jaroga

    Bonjour!

    Ben voyons! Haro sur Trump, le diable américain par qui vient tout le mal et gloire au plus haut des cieux à la petite jeune fille catapultée par la grâce divine sur les plus hautes marches de l’ONU!
    Un peu facile, bien cher ami, non?
    Hier, au bord des haies ou je ramassais quelques noisettes en compagnie attachante d’un chat noir et d’un quarteron de limousines, j’ai sans doute pensé à cet humus dont vous nous entretenez ce jour, pensé en le vivant.
    Pour ne rien vous celer, le petit animal roux était passé avant moi et la récolte ne fut pas très abondante…Quant au Casse-Noisette qui va bientôt se produire sur la grande scène de la ville, c’est une autre histoire moins naturelle… Quoique le domaine de l’âme a aussi sa nature, que je sache!
    Et là, on eût aimé que sur le sujet précédent, Messieurs Michel Melot et Nöel Cordonier, informés du billet, vinssent apporter leurs lumières de connaisseurs pour nous éclairer sur l’olfaction sonore, chère à V.Segalen et sur les synesthésies qui s’y rattachent.
    Facile de s’en prendre à un président élu de l’autre côté de l’Atlantique et de l’accabler de tous les péchés du monde…Que celui qui est sans aucun péché lui jette la première pierre, Messieurs les universitaires!
    Quelqu’un de votre noble institution d’utilité publique, n’a-t-il point relever sept péchés capitaux dans vos rangs d’enseignants, mes bons amis?
    Cette même personne dans une belle épistole de l’aprilée du début des années nonante, conservée dans un bonheur-du-jour, me suppliait de ne point acheter son livre, avec des mots touchants, d’une très fine intelligence. Je l’ai pourtant acquis, cet ouvrage portant la liste peccamineuse. Et l’auteur n’était plus de ce monde, sauvagement assassiné, un jour d’hiver, au siège d’un hebdomadaire parisien.
    Revenons à nos odeurs sans oublier celle du temps.
    Ici, on appelait falun ou falin le reste de la graine de lotier qui exhalait une fragrance fort agréable, lors des battages de septembre/octobre.
    Temps désormais disparu avec la paysannerie, ses traditions et son sens de la terre, emportant dans les flots d’une modernité sans âme, le bébé avec l’eau du bain.
    Combien d’intellectuels reconnus, à l’époque, ont aidé les paysans à prendre le maquis? Trop près sans doute des héros romantiques, Fabrice, Julien…et si loin des misérables restés au cul des vaches.
    Je me demande par quel miracle, on pourrait renverser le tableau dans ce monde assailli d’images, de séductions permanentes et de débilités servies continuellement par une lucarne qui n’a plus rien d’étrange, tellement elle est devenue banale, mercantile et dérisoire.
    Quel borée pourrait d’un coup balayer tout ça et remettre un peu d’ordre en cette vallée de larmes ou quelle brise légère d’une douce puissance infinie saurait raccommoder les mailles du filet de cet univers irrésolu?
    En ce 6 octobre qui nous fait penser au titre du premier tome des « Hommes de bonne volonté », cette antique bénédiction qui va les chercher dans la foule, serait-elle aujourd’hui porteuse d’une bonne nouvelle, celle dont parlait à la fin de sa « Lettre ouverte à son grand-père qui avait le tort d’avoir raison », ce cher Marcel Jullian.
    Dans sa randonnée grenobloise, l’amateur des vaches nous parlera peut-être un jour, d’un autre temps, d’un temps déployé où une fleur sur le tapis pourrait égayer le temps qui court.
    Quant à la cueillir…

    W. Jaroga

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je ne m’attendais pas, cher M. Jaroga, à trouver en vous un défenseur de Trump !

  2. Avatar de W.Jaroga
    W.Jaroga

    Mon commentaire

    On se comprend quand même!

    Trouver un bouc émissaire, c’est connu et ça empêche de balayer devant sa porte.
    A la maison « France » y’a du boulot à faire quand un jeune beau parleur aux mains blanches, élu très démocratiquement par une certaine partie des électeurs, explique sans vergogne qu’il faut du temps pour augmenter la retraite des petits paysans, alors que l’un de ses ministres balance tout de suite quelques centaines d’euros par mois d’augmentation à une autre catégorie professionnelle qui apprécie le cadeau après les vacances. Tant mieux pour les bénéficiaires !
    Relever ses manches…Oui da!
    Mais pas seulement devant les caméras pour un public de veaux.
    Au boulot ! Y’a des millions de gens qui souffrent en terre de France et certains se nourrissent de leur misère matérielle et morale en s’apitoyant sur leur sort sans faire le moindre geste.
    Est-ce la faute au Donald de là-bas?
    Reconnaître ses erreurs et apporter les correctifs qui s’imposent serait une bonne chose.
    Bonne soirée.
    Toutes mes excuses pour ma faute d’inattention dans le précédent commentaire.
    Il fallait écrire relevé au lieu de relever. « (…) n’a-t-il point relevé (…) »
    Pardonnez-moi cette grave erreur, cher Monsieur Bougnoux!

    W J

  3. Avatar de Roxane
    Roxane

    Mon commentaire

    W J me parlait récemment du cas d’une couturière, Rosa Parks, qui, dans les années cinquante, en Alabama, refusa d’obéir à un chauffeur de bus qui lui intimait l’ordre de laisser sa place à un Blanc.

    « Le président Barack Hussein Obama »

    fut élu bien des années plus tard…Il aurait pu dédier sa victoire

    « à Rosa Parks, à ce bien humble destin »

    La première expression entre guillemets est l’anagramme de l’autre, entre guillemets également.
    Comme quoi, la physique et la musique peuvent en filigrane nous révéler, peut-être, le fond(s) des choses ou le sens caché du monde!
    N’oublions pas que ce sont les pauvres et pas seulement des riches fermiers du Texas qui ont contribué à l’élection du Président D.Trump!
    Bien évidemment, on comprend WJ! Il y a péril dans la demeure depuis longtemps en milieu agricole et rural. Et sans doute pourrait-on faire des choses pour le bien de tous si, ensemble, nous pouvions franchir une certaine ligne de démarcation…
    Qui oserait dire que la chose soit facile?
    Le fait de ramasser des noisettes en compagnie d’un chat et de quatre génisses et certainement un tableau bien réel. Cher WJ, vous faites là des envieux qui, à juste raison, vous diront privilégié…Nonobstant les difficultés existantes du monde paysan, qu’il faut sans doute traverser, surmonter pour pouvoir en parler en connaissance de cause, il y a peut-être aussi une chance à explorer, une possible aventure et si vous me permettez l’expression, une expérience du corps à vivre, à réaliser.
    « La terre ne ment pas », écrit Régis Debray à la fin « Du génie français ».
    Quant aux débilités télévisuelles, eh bien mes bons seigneurs, il suffit d’éteindre le poste et vous aurez la paix!
    Se remuer, certes, pour remuer la terre et faire de telle sorte que le mouvement donne au paysan, au paysage et au pays une vie nouvelle.
    Les plasticiens d’un musée urbain où ça remue, voient-ils les choses autrement quand, à l’alentour d’un château, ils caressent, en passant, les museaux des vaches?
    Merci pour ce beau billet ruminant.
    Bonne nuit à tous, de mon prieuré lorrain, sous un ciel sans lune et sans étoiles.

    Roxane

  4. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonsoir!

    Après les complies, je reviens vers vous.
    Vous savez, Daniel, j’aime bien ce crochet en forme de s (esse).
    Elle peut servir à sortir quelque vérité nue du fond du puits.
    Je viens vous apporter des fleurs. Un message reçu de l’un de vos amis nommé par M.Jarroga dans son dernier propos. Il parle de l’ami dans le sens où il nous fait grandir.
    Il parle de vous.
    Difficile pour lui d’intervenir dans ce débat singulier, la chaîne du Jura qui sépare nos pays est trop haute et, de ce fait, il ne possède pas les clés françaises suffisantes pour pouvoir y contribuer.
    Son message est édifiant. Une réponse sera donnée à sa juste et lucide demande de précisions.
    Quant au débat éternel entre un Segalen mystique et un Segalen athée…
    Vous devrez, un jour, cher maître queux, nous régaler d’un menu bachelardien à nous faire rêver…
    Avec mes meilleures et monacales pensées.

    Jacques

  5. Avatar de W.Jaroga
    W.Jaroga

    En relisant, ce matin aux aurores, ce billet numineux de M. Bougnoux, je m’arrête sur la fin du propos entre plancher des vaches et îlot de retraite aérienne d’Abraham.
    Il a raison, Monsieur Cordonier, son véritable ami nous « grandit » avec ses justes mots et ses images souveraines.
    Qualités de résistance avec la terre et qualités d’envol avec l’imaginaire.
    Ne point regimber contre l’aiguillon, certes, mais redescendu sur terre, comment faire avec les vertus du ciel pour une heureuse union?
    Pour en arriver là, entre pluie et beau temps, un billet doux suffira-t-il?
    Je ne sais.
    Pour l’heure, avant d’aller donner quelques boisseaux de farine à mes ruminantes dans le pré vert, je vous laisse avec celles d’un chroniqueur du journal de ce blogue, qui va de l’essentiel au provisoire :
    « Commençons par l’essentiel : vos génisses sont magnifiques, parole d’Helvète. En plus, elles ont l’air de bien s’entendre (pas comme les noiraudes du val d’Hérens, où j’étais il y a quelques jours, des chamailleuses comme pas possible).
    Et allons à l’accessoire: ma chronique, je le constate, elle mérite une clarification. »
    (Fin de citation)
    Bonne journée à tous

    Walther J

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Mes amis (et je m’adresse par ce collectif à MM Jaroga et Jacques autant qu’à « Roxane »), j’admire avec quelle régularité de métronome vous apparaissez depuis quelques semaines en trio, à chacun de mes billets ; cette étrange trinité, d’où une connotation religieuse n’est pas absente si je songe que l’un de vous s’est retiré au couvent et l’autre habite un prieuré, me plonge dans le songe, d’autant que je décèle entre vos propos de subtiles résonances, voire une indéniable parenté de style, un amour de la belle langue ou du haut parler qui ne laisse pas d’étonner (tellement il est devenu rare jusque sur ce blog) le passant rêveur que je suis. Continuez je vous prie à m’émerveiller, je ne crains pas de vous trois quelque conjuration, même si vos masques m’évoquent irrésistiblement le trio poursuivant don Giovanni dans l’inoubliable film de Losey – je ne suis pas, tant s’en faut, une réincarnation moi-même de ce trompettant burlador.

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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