« Il fait beau » (1)

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Tableau de  Caspar-David Friedrich

Autant de points d’interrogations que de mots dans un jugement pointant la beauté : le pronom y désigne-t-il une personne, un sujet qu’on puisse clairement créditer ? Le faire de l’artiste procède-t-il selon des règles ou un protocole qu’on puisse repérer, répéter ? Cette étrange idée ou valeur du « beau » enfin, qu’on peut rapprocher du bon, du vrai, de l’agréable, du juste, de l’utile…, s’en sépare de quelles façons ? Que voulons-nous désigner plus précisément quand nous affirmons « c’est beau » ?

Le sens des œuvres ne s’énonce pas seul

 Commençons par le sujet de cette phrase, qui est loin d’être clair. La communication, terme quelque peu suspect, est le mauvais rêve de l’art, qui ne saurait se confondre avec la publicité et les spots. Pourtant, le sens des œuvres ne s’énonce pas seul, et nul artiste ne crée au désert, ses œuvres et leur environnement technique, médiatique et social s’interpénètrent. Comment l’art d’hier et d’aujourd’hui nous parviendrait-il, sinon par la médiation de médias qui incluent l’institution ? Métiers, marchés, médias, musées, l’art est pris dans cette chaîne, dont les maillons ne se laissent pas séparer.

Face à ces médias en général, les artistes ont une position ambigüe d’utilisation (obligée), de dénégation, de bricolage ou de détournement. Intempestives par définition, les grandes œuvres n’en doivent pas moins « faire avec » cette infrastructure ou ces enceintes qu’elles contribuent à façonner. L’esprit propose, le médium dispose ; les contraintes de la transmission ne peuvent être sans effet sur les conditions de la création.

Aucune œuvre d’autre part ne parle en clair, et son message constitue par lui-même une médiation fort équivoque. Plusieurs disciplines (esthétique, iconographie, psycho-sociologie, médiologie…) s’appliquent à faire causer ce message, à le rabattre sur un discours, à le rapporter à une cause. Fonction organisatrice des œuvres : à travers elles nous nous identifions, nous nous relions. Elles promettent une réconciliation, proposent un accord de résolution (ou du moins une réduction de dissonances), en nous et entre nous.

Le jugement esthétique demeure donc à tous égards complexe. À la fois intellectuel et sensible, individuel et social, constatif et performatif, il enchevêtre tout ce que les analyses de l’énonciation s’efforcent de distinguer : les œuvres nous parlent d’un fond(s) personnel, collectif ou historique fort obscur. C’est de cette nuit qu’il faut repartir si nous voulons traiter des conditions du jugement esthétique ; d’un état des arts et des techniques qui mêlaient les usages, où moi se distinguait mal des autres, le medium du message, l’image de la magie et la culture des cultes ; où dire, faire et montrer n’avaient pas conquis leur autonomie, mais se confondaient au temps d’une « « enfance de l’art », comme on dit sans y penser – du temps que les représentations agissaient.

« C’est beau » : de quelques conditions du jugement esthétique

Au commencement (s’il est permis d’en parler) n’était pas le Verbe, ni même l’image, mais un magma de forces-formes confondues dans le même envoi. La sphère de l’art n’était pas dégagée, les choses signifiaient comme signes et agissaient comme forces, le « territoire » adhérait fortement à la carte dans une contiguïté, une continuité éperdues, un attachement généralisé. Pour que l’art advienne, une première partition est requise entre utiliser et faire d’une part, montrer et exhiber hors du registre de l’utilité de l’autre. Il convient que l’œil et l’oreille se dégagent, deux sens que Hegel nommait théoriques ou spéculatifs, et notre histoire de l’art est largement celle de ce détachement.

« Ne touchez pas aux œuvres d’art » ! Cet interdit veut préserver l’aura de l’œuvre, « unique apparition d’un lointain » comme dit très bien Walter Benjamin. L’œuvre demeure inatteignable et inappropriable, si proche qu’elle puisse être. Plus généralement, un certain débrayage s’impose : porter sur un phénomène un jugement esthétique, c’est d’abord le placer en retrait ou à bonne distance spéculative. Ce désintéressement de la vision a pour corollaire un fonctionnement autonome, ou pour mieux dire autoréférentiel de la représentation de l’objet ; si le sculpteur et le cantonnier manient également la pierre, le premier au lieu de l’utiliser la révèle dans sa présence obscure.

L’art n’est pas utile. Sans reprendre ici l’analyse par Kant du « désintéressement » de la vision esthétique, et ses difficultés, nous dirons qu’une valeur d’usage est forcément locale. Qu’est-ce qui domine quand celle-ci se retire ? L’expérience du monde dans son injustifiable nudité ; décadré, placé hors de tout usage possible, le monde redevient esthétique. La nature, la vie, l’univers ne sont au service de rien et ne renvoient qu’à eux-mêmes (vivre pour vivre…). Pas question de les relever (pour traduire l’aufhebung chère à Hegel) dans aucun usage particulier ; autoréférentielles, les choses que nous déclarons belles s’offrent dans une totale insubordination.

C’est une question qui m’a souvent hanté (et décidé à rédiger ces pages), pourquoi le monde est-il beau ? Je veux dire : beau en plus ou en prime, au-delà de tous nos usages. Car un pré fleuri, un paysage, le passage des nuages dans le ciel, les traits de ton visage ou la course d’un bel animal ont chacun leurs fonctions, mais pourquoi en pluscette séduction esthétique ? Un élément de réponse tient à la disjonction radicale du service et de la beauté : bien loin d’être utile ou de répondre à une finalité (« pourquoi, à quoi ça sert ? »…), la beauté  réside en deçà, du côté d’une disponibilité étrangère à tout usage possible.

Cette appréhension des choses que nous dirons originaires dans leur « être-là » peut se colorer d’angoisse. L’expérience esthétique serait-elle la petite monnaie de ce Dasein primaire et fondamental du monde ? En deçà ou au-delà de la beauté, et sans souci pour elle, les objets de l’art contemporain font concurrence à cette présence injustifiable du monde, ils en miment la contingence radicale.

Es gibt, comme souligne Heidegger, il se trouve que le monde est – avec une gratuité totale, un désintéressement incalculable. En écho au Geben heideggerien, Marcel Duchamp produira quelques œuvres sur le même postulat minimal : « Etant donné 1. Le gaz d’éclairage, 2. La chute d’eau… ». Un autre Marcel, à la même époque, explorait avec l’Essai sur le don les paradoxes économiques de quelques sociétés dites primitives. Ou bien c’est un troisième Marcel encore, qui évoque dans La Prisonnière « cet albâtre translucide de nos souvenirs, duquel nous sommes incapables de montrer la couleur, qu’il n’y a que nous qui voyons, (…) et que nous ne pouvons considérer nous-mêmes sans une certaine émotion, en songeant que c’est de l’existence de notre pensée que dépend pour quelque temps encore leur survie, le reflet des lampes qui se sont éteintes et l’odeur des charmilles qui ne fleuriront plus »…

L’art, le potlatch, l’albâtre des souvenirs, l’angoisse ou l’émerveillement devant le fait brut d’exister, composent autant de variations de cette « part maudite » (Georges Bataille), ou mal dite, qui ne se plie pas aux formes dominantes de l’échange ou de la raison économique. En marge du marché, avant d’être récupéré par lui, ces expériences intérieures auront nourri quelques manifestations artistiques troublantes de notre temps.

Le beau n’est pas le vrai

 L’art n’est pas davantage au service du vrai. C’est l’autre versant du fameux désintéressement, l’artiste doit tôt ou tard se séparer du savant. Celui-ci découvre, son but est de faire converger et d’étendre la raison, et pour cela de traverser la diversité des phénomènes sans s’attarder aux apparences, ni aux sentiments individuels qui s’y accrochent. L’artiste au contraire invente ; le sens pour lui demeure sensible, il construit son monde, qui peut fortement diverger. L’art, au moins depuis l’époque romantique, annonce la fin du monde (unique, commun à tous) pour explorer et produire une pluralité de mondes alternatifs ou virtuels, qui ne prétendent nullement dire la vérité de celui-ci. Voir s’est décroché du savoir, et dérive en liberté pour vivre sa propre aventure dans les parages de la voyance (Rimbaud), du carnaval de l’imaginaire ou du désir : en art, rappelle André Breton, « l’œil existe à l’état sauvage ». Cette liberté est assez récente. C’est Kant, à la fin d’un siècle dominé par l’assaut des sensualistes contre le modèle rationaliste, qui fonda par l’esthétique transcendantale de sa Critique de la raison pure la déliaison du sensible par rapport à l’intelligible, sa radicale autonomie.

Toute l’esthétique classique conjurait cette scission potentiellement catastrophique du beau et du vrai. Toujours il fallait que la beauté figure ou redouble le rayonnement de la vérité ; ou, comme scande Boileau, « rien n’est beau que le vrai, le vrai seul est aimable / Il doit régner partout, et jusque dans la fable… ». Il était honteux d’être attiré par la beauté seule, éphémère et superficielle, et qui ne constitue qu’un étage assez bas de la connaissance. L’homme « vaincu par la beauté » porte, à l’âge classique, le nom d’un personnage immoral, Dom Juan.

Pourquoi la vérité devait-elle assister la beauté ? Il serait aussi dangereux de laisser la beauté errante qu’une belle fille en liberté. La société qui enfermait ses femmes et ses filles eut soin de même, philosophiquement, de chaperonner le jugement esthétique par les instances supérieurs du savoir et de la sagesse : le Beau, depuis Platon, coule du Vrai, du Juste et du Bien ; il n’est de création que de Dieu ; l’art suppose une ontologie qui repose sur une théologie. Cette solidarité allait de soi pour Platon, Thomas d’Aquin, Malherbe ou Boileau, qui tous nous mettaient en garde, attention aux poètes, aux peintres, aux faiseurs de théâtre ! L’art n’a jamais été autonome, mais au contraire pétri d’idéologie et de morale, car traditionnellement lié aux autorités politiques et religieuses Longtemps la rime, un pas de danse ou la composition d’un tableau, surveillés par l’Académie, auront constitué une affaire d’Etat.

Louis XIV par Hyacinthe Rigaud

(à suivre)

9 réponses à “« Il fait beau » (1)”

  1. Avatar de Gérard
    Gérard

    Bonjour!

    Dans le pénultième billet, nous avons lu les « Pouvoirs du roman » qui ont voix au chapitre.

    Et dans les commentaires, je retiens le propos fort pertinent de Monsieur Vyrgul.

    Un spécialiste d’Aragon qui fut élu à l’hémicycle bourbonien, ne dira pas le contraire, tant il apparaît une ambition partagée entre les romans de la Belle Époque : Les voyageurs de l’Impériale, la Montagne magique, L’Homme sans qualités et A la recherche du temps perdu.

    Cher Monsieur Vyrgul, je viens d’ouvrir la revue n° 74 de L’ARC, numéro consacré à Robert Musil.

    L’année que vous indiquez, du Congrès des écrivains au Palais de la Mutualité entre le 21 et le 25 juin, R.Musil écrivait une lettre en date du 29 novembre, à Ernst Schönwiese où il parlait du poème Isis-Osiris, et de ce qui l’a déterminé à écrire ce poème qui réunit selon des associations affectives les éléments épars de la réalité. Le possible, c’est l’utopie en face du réel…De la vie motivée finalement.

    Quelque chose comme un « chant oublié »…Et ces deux mots puisque le randonneur aime les anagrammes, révèlent ce qui est « intouchable »

    Ce blanc comme un laboratoire de morale, non localisable. Thomas l’haptique, es-tu là?

    Kalmia, j’espère que vous avez passé un bon réveillon avec Monsieur l’abbé. Merci petit Jésus!

    Gérard

  2. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour en ce matin de fêtes de Noël!

    Deux hommes en habit d’apparat, au bord de la mer au coucher du soleil…Que nous dit réellement ce tableau du Musée de l’Ermitage?

    Une espérance peut-être, un au-delà que l’on puisse toucher…Cette contemplation monarchique (l’expression est de Gaston Bachelard) du paysage vespéral, me fait penser aux intuitions raisonnées du physicien dans son propos sur le réel voilé…

    Un ami lui pose des questions : Si telles ou telles images séduisent, n’est-ce pas simplement en raison de l’éducation, ou d’empreintes reçues dans la petite enfance ou bien encore en vertu d’instructions émanant du code génétique? N’es-tu pas dès lors bien naïf d’interpréter comme des appels de L’Être des données aussi anthropomorphiques?Bien des esprits conscients de la vanité du quotidien ont vu, ont cru voir dans la beauté de certains soirs sur la montagne ou dans le souvenir de l’immensité du désert, des traces de » l’Être en soi ou suprême » et cette évocation pensaient-ils, elle lève un peu le voile des phénomènes. mais cette évocation a-t-elle le même effet quand on pense aux insondables gouffres que doivent être les taches solaires, aux mugissements qui y résonnent?

    D’où je conclus sans peine que le sublime est relatif et que la beauté n’est qu’humaine.

    Et notre physicien de répondre les choses suivantes :

    Je concède le rôle joué par l’habitude _ la nôtre ou celle de nos gènes _ dans la détermination de ce qui est beau à nos yeux. Et puis après?

    D’abord on ne peut a priori exclure l’idée que l’habitude, en certains cas, ne soit elle-même révélatrice de quelque vérité profonde et le sentiment de beauté qui éventuellement l’accompagne participe lui-même de cette valeur de vérité. Dans certains cas, ce sentiment de beauté s’étend au delà. Après tout, dans le ressort des théories physiques, aussi, l’habitude joue un grand rôle.

    Et le physicien de terminer sa réflexion par ces mots : Je répondrais que la beauté sensible est chose complexe, perçue différemment par différents esprits et que dans, par exemple, mon appréhension personnelle de cette beauté, je crois voir entrer, par les voies de l’intuition, une part importante de recherche de L’Idée, en un sens quelque peu platonicien, sachant qu’il n’est en ces matières rien – bien sûr – qu’on puisse affirmer!

    J’ai conservé dans un bonheur-du-jour, quelques lettres manuscrites de cet universitaire, professeur de physique théorique, qui me parlait justement de mon milieu agricole et rural en termes simples et profonds qui peuvent s’entendre en quelque Béotie pas tout à fait contaminée par le tumulte des foules.

    « Il fait beau. »Au delà du temps qu’il fait…IL Y A le temps et la référence heideggerienne est ici de mise. Don et porrection….Chauffe Marcel!

    Un autre physicien bien connu de notre maître de cordée avec son ami musicien ont fait de « la ronde ailée du temps » l’anagramme de « la madeleine de Proust ». Et nous voici plongés dans l’extrait de la longue phrase de « La Prisonnière » reproduite dans le présent billet avec cet albâtre translucide de nos souvenirs (Page 231, « A la recherche du temps perdu », Bouquins, Robert Laffont) où le randonneur, dans sa citation, met de la pluralité en notre for intérieur « en nous-mêmes » (s final). Comment faire du « je / nous » à l’au-delà en ce « paradis onirique et cruel » où l’artiste et le professeur découvrent son anagramme « critique de la raison pure »?

    En cet espace il fut question, il y a peu – Noël oblige – du matin du Messie. Pourquoi pas? On aimerait comprendre dans sa dimension esthétique pour mieux la savourer le résultat de la permutation des lettres de cette affirmation : la fin du monde est pour demain.

    Du haut de ses sommets, l’admirateur de L.Wittgenstein, qui s’intéresse essentiellement au langage – tel le nouveau Moïse, cher à Edgar Morin, saura-t-il descendre de sa montagne pour instruire, guider, enchanter notre pauvre ici-bas par les commandements du psychisme ascensionnel?

    Il suffira d’un signe, peut-être…

    Kalmia

  3. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonsoir!

    « La fin du monde est pour demain » Eh bien oui, on peut lire en ces sept mots une anagramme plutôt belle et étonnante.

    Mais ce qui intéresse les gens, c’est la fin de l’année pour faire la fête sans trop penser aux fins de mois souvent difficiles.

    Billets et commentaires de gens érudits qui ont des références, c’est bien beau, les amis, mais ça laisse indifférent l’homme sans qualités.

    Les gens de lettres, que l’on connaît en cet espace de liberté d’expression et dont les qualités sont évidentes, gardent la distance et cultivent leur jardinet secret, loin des belles envolées stériles des habitués du blogue.

    Oui, c’est ainsi et si vérité il y a quelque part, c’est chez eux qu’il nous faudrait aller la quérir, si tant est que l’huis s’ouvrît.

    Leur silence nous apporte la preuve discrète de l’existence de ce quelque chose…

    Monsieur Spartacus a quitté l’arène, Madame Cécile préfère et de loin son petit jardin de banlieue, Monsieur Jean-Claude fait son chemin, en quête d’actions d’homme, loin de la sente de La Croix et Monsieur Jean-François n’est pas du genre à s’allonger sur le divan du salon de Mme Verdurin. Enfin, peut-on imaginer notre randonneur, en train de faire la causette à la terrasse d’un café de sa Drôme provençale, avec des grands forts et bêtes, sur la manière de faire marcher une tête? Ainsi est fait ce monde avec ses non-dits et sa face cachée.

    Peut-on être sûr que des gens dits liges, fins, élégants, bon chic bon genre, admirés, délicats et cultivés, oncques de leur vie n’ont fait la bête?

    Et le romantique éthéré qui fait le beau, aurait-il oublié qu’il n’est point de transport amoureux sans vit d’ange, braves gens?

    Aller au delà de l’écran, marquer la distance, se retirer, se détacher, dé-coïncider, c’est du bon sens sans doute et, dans le sens agricole de la culture, peut-on porter crédit aux dires de la publicité? Faire le moine? Oui pourquoi pas et … pour quoi faire?

    Je pense à un ami bénédictin, auteur d’un livre sur les risques de la conscience, que Régis Debray a rencontré…S’est-il posé la question en son abbaye, cet honnête homme qui a fait des études – comme le célèbre médiologue – sur ce que la conscience ne peut, paraît-il, que manquer?

    Est-ce possible, ici-bas, qu’un pas de côté finisse sur la scène de nos petites vies – riches ou pauvres – en queue de poisson ou en pirouette?

    Ce petit commentaire « porte à confusion » peut-être…Je ne sais si c’est bien, je ne sais si c’est beau tout ça.

    J’essaie tout simplement de « faire face… »

    Bonnes fêtes de fin deux mille vingt et un.

    Amicalement

    Jacques

  4. Avatar de GKMJ
    GKMJ

    Il fait beau…Un vrai printemps pour ce début d’année.

    Autant l’inaugurer, ce nouvel an par un conte de Noël qui n’est pourtant pas une fiction mais, quelque part, par bien des traits plus ou moins filigranés, se profile une pure réalité.

    Imaginez un ballon tout bleu s’envolant des Hautes-Alpes ou de la contrée d’Orion, un jour de Noël, il y a bien sept ans déjà. Et le voici par je ne sais quel enchantement ou signe de la Providence, atterrissant l’autre nuit dans un bruit sourd, en plein mitan de la prairie d’en face. Quelle ne fut pas ma surprise de voir un être venu d’ailleurs sans doute, sans âge, en sortir et se dirigeant à pas mesurés, vers la petite maison qui abrite votre serviteur!

    Masqué comme un terrien craignant contagion, je ne puis voir son visage. Il s’approche, s’arrête et me salue de la main.

    A ma grande surprise, il m’adresse la parole dans un français impeccable :

    – Je reviens de loin et je cherche quelqu’un.

    – Mais qui donc, Messire?

    – Eh bien, un genre d’astronome qui pourrait m’aider à retrouver mon étoile!

    – Vous n’avez pas Internet dans votre machin qui vole?

    – Que nenni! Vos brigades pourraient m’intercepter et je suis là en mission secrète.

    – Venez plutôt vous asseoir à ma table, mon bon seigneur, et autour d’une bonne soupe chaude, vous allez m’en dire davantage…

    Peut-être pourrais-je vous aider!

    Il faudrait tout un livre pour raconter nos conversations à peine croyables, sans doute inutiles, mais ne suis point écrivain, bonnes gens!

    Après avoir déployé sur la crédence, moult cartes et portulans, mon hôte inattendu susurra quelques mots incompréhensibles et disparut par la fenêtre en cinq sec. Plus rien dans le pré, pas de ballon bleu, juste l’herbe verdoyant sans la moindre trace de l’engin interplanétaire.

    Quid de ce type de rencontre?

    Il me faut poser la question mais, à temps et à contretemps, laissons réfléchir le sachant qui, dans l’avion s’envolant vers les îles, verra peut-être par un hublot imaginaire apparaître les éléments de la réponse…Qui sait?

    Loin des sites d’ici-bas, un sachant qui fait de la résistance, n’a peut-être pas tout dit. Il n’est pas prouvé que sur cet « il » kafkaïen venu de je ne sais où, notre fin connaisseur de la crise de la culture ne s’arroge le droit de l’illuminer…

    Autant s’en remettre à sa bonne étoile.

    G K M J

  5. Avatar de Gilles
    Gilles

    Il pleut aussi en fait et comme au  » contre-temps » de Saint-Paul , ils se rejoignent un peu l’un Jean-Paul II marqué comme au fer rouge en blessure du communisme et nazisme , marqué du deuil de sa mère et tout à Marie et des ponts pas des murs et de l’Europe à deux poumons , attaqué de ses silences sur la pédophilie , Santo subito et pour certains mis un placard en étant canonisé aussi vite comme une mise au placard et fermeture des lieux d’Assise après fermeture des journées d’Aasise et fermeture desa seule dévoilation du troisième secret dit de Fatima , de l’autre un patriarche de l’orthodoxie russe arc-bouté sur ses prétentions , son atavisme , son orthodoxia en étymologie , ses murs de guerre de sainte-russie , son orgueil de russe en phylactère avant Dieu et ruse et instrumentation en histoire des hommes de l’Evangile du Christ et de La Paix , n’ayons pas peur pour reprendre le Christ dormant en tempête ou du « ne soyez pas effrayés » , n’ayons pas peur de chamboulements en Seule Joie malgré les douleurs , et en humilité et courage , et courage dépassant les frontières et douleurs et larmes des armes n’ ayons pas peur de nos actes et de la Seule Foi et l’Unique Espérance et sans amalgame des constructions d’hommes n’ayons pas peur en Partage et de l’Evangile des paix et de La Paix / Gilles

  6. Avatar de Gilles
    Gilles

    méditation et nota bene sur « le latin »

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je comprends mal ce « commentaire »…

  7. Avatar de Gilles
    Gilles

    c’est comme la chanson de l’oiseau de Sébastien par Mehdi , un secret sur un autre blog en égrenant le temps / et puis sur des voix d’Innocence dépassant les phylactères et les barrières des religions en conflits et guerres , pueri concineti et consoler en manteau de Saint-Martin et c’est Carême et de l’Enfance Innocence et Pierre Angulaire aussi et au silence des armes « les mains de La Paix et des paix » c’est Carême

  8. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour!

    Pour vous, Monsieur Gilles, c’est sûrement clair, mais comprenez aussi que nombre de lecteurs puissent ne rien saisir du message d’enfance que vous nous délivrez.

    On se souvient de la chanson de l’oiseau de Sébastien :

    « Quel est ton grand secret?/ Un secret d’homme, je le comprends bien »

    Peut-être pourrait-on trouver un début d’explication dans « Les métamorphoses de Tintin », un livre dédié à l’Oiseau…

    Ou demander l’éclairage d’un religieux, tel frère Gilles qui, dans « Le siècle et la règle » de ce cher Régis Debray, s’attelle à la tâche pour lancer des passerelles entre la terre et le ciel.

    Que notre maître du blogue se rassure, frère Gilles est du cénacle et notre ami médiologue susmentionné a dirigé, à Lyon, sa maîtrise sur « Le concept de décréation chez Simone Weil ».

    A quand le retour noétique de l’oiseau, dans son bec, le rameau d’olivier?

    Ou le monde après la pluie.

    Il suffira d’un signe, peut-être…en latin, bien entendu, car sans le latin, sans le latin la

    grand-messe médiatique nous ennuie.

    Kalmia

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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