Justice pour Woody Allen !

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Cela fait cinq semaines peut-être que Le Randonneur n’a rien publié, que se passe-t-il ? Il y eut divers voyages, dont une semaine à vélo dans l’Aveyron, les préparatifs d’un déménagement qui nous barre actuellement l’horizon, et pour moi depuis quelques jours une attaque imprévue de Covid, qui ne laisse pas beaucoup d’espace à la réflexion. Attaque surmontée il me semble, parlons donc d’un événement autrement important : la sortie en librairie samedi 18 juin de mon livre Génération Woody, aux éditions du Bord de l’eau.

Les lecteurs du Randonneur ont déjà pu cueillir au fil de ce blog une bonne moitié de ce livre, celle consacrée aux analyses de films, sans lesquelles comment parler sérieusement de Woody ? La cinéphilie est essentielle au propos d’un tel livre, et il faut la défendre aujourd’hui contre les fossoyeurs de tous bords, qui vont répétant qu’il n’y a plus d’œuvres mais seulement des films-symptômes, des fragments de vie ou des confessions. C’est ainsi que j’ai pu entendre à la radio un « critique » (Emmanuel Burdeau) chercher doctement la preuve de la pédophilie invétérée, compulsive du cinéaste dans le scénario de Manhattan, qui met en scène les amours contrariées d’Isaac (joué par Woody Allen) avec Tracy (Mariel Hemingway), une jeune fille âgée de dix-sept ans dans le script…

J’ai écrit mon livre pour combattre frontalement des raccourcis imbéciles de ce genre. Nous vivons une époque dés-oeuvrée, je veux dire, à la lettre, où les œuvres ne sont plus aimées ; où par impatience, par inculture, par nivellement démocratique ou par une défiance insurmontable, celui qui se croit plus malin que l’œuvre a vite fait de lui régler son compte en bricolant contre elle le soupçon de quelques indices ; le monde symbolique, patiemment échafaudé par l’artiste, n’intéresse plus ou n’émeut guère, à nous la vérité, assez de détours et d’échappatoires, place au réel disponible de suite, sans tant de salades ni de falbalas…

La coupure sémiotique (si bien illustrée et scénarisée dans un film comme La Rose pourpre du Caire) ne joue plus son rôle, il n’y a plus de re-présentation mais une morne présence, partout étalée ; selon cette vulgate qui gagne du terrain, un artiste, un auteur n’enchantent pas, ne créent pas, n’interprètent pas, ils n’ont que le choix de se trahir… Misérable victoire de la biographie !

Pour le dire autrement, le jugement esthétique est chose difficile, exigeante et toujours à reprendre ; c’est pourquoi il se trouve rabattu sur un sommaire jugement éthique. Posez autour de vous l’épineuse question « Que penser de l’œuvre de Woody Allen ? » car elle est forte, elle est grande, pas facile à saisir dans son ensemble (cinquante films !). Le pékin moyen laisse rarement son imagination courir à cette échelle qui dépasse, qui transcende chacun. Et la transcendance n’est pas aimée, rabattez-la, restons entre nous ! La petite critique, commodément, préférera donc répondre « Quoi, ce pédophile ? ». Remplaçant une authentique recherche morale (mise en œuvre dans tant de films de Woody) par de la moraline (disait Nietzsche), une giclée de lieux communs, une condamnation bien consensuelle : la moraline donne à bon compte à chacun l’avantage de se croire supérieur à ce qu’il dénonce.

(Variante souvent affrontée, dans le cas d’Aragon, « Quoi, ce stalinien ? » ou, après la mort d’Elsa, « Quoi, ce pédé camouflé ? » Etc.)

Ces questions, déjà débrouillées dans La Crise de la représentation (poche-Découverte 2019) dépassent le cas de notre cinéaste, mais j’ai traité celui-ci en ayant toujours présent à l’esprit ce double pilotage : l’exigence de rendre justice à Woody Allen en tordant son cou à la rumeur, qui l’accuse si lâchement, si ignominieusement ; et de rendre justice à son œuvre en la fouillant  un peu plus avant que les critiques précédentes ne l’ont fait (à quoi bon un « nouveau livre » sur WA qui ne ferait que reprendre des discours déjà disponibles ?). Dans ce deuxième versant, « justice » devrait plutôt s’entendre comme la recherche d’une justesse, ou d’un ajustement : la critique ne dévoile pas une vérité, elle tâtonne à sa recherche en multipliant les passerelles et les analogies.

Je reprends mon livre, je le considère avec un peu d’étonnement (car cela fait quinze mois qu’il était achevé). Comment va-t-il faire son chemin, qui va s’en emparer ? La tâche proprement critique en général n’intéresse guère, à part quelques fans, quelques ressortissants de la « génération Woody ». L’affaire « Allen vs Farrow » en revanche mérite de mobiliser nos faiseurs d’opinions car elle cristallise, au-delà des sentiments de vengeance d’une femme ivre de jalousie, les trop rapides solidarités de nos réseaux sociaux, les courts-circuits de la rumeur, la facile victoire des fake news… Pourquoi, comment, alors que deux commissions d’enquête officielles ont conclu qu’il n’y avait simplement pas de cas, « no case », la persécution rebondit-elle avec cette force dans ce qu’on appelle (par antiphrase sans doute) le tribunal médiatique ?

Et vous qui lisez ces lignes, qu’en dites-vous ?

Je reproduis ici ma couverture quatre, et la table des matières, pour donner au lecteur une première vue de ces problèmes. Après avoir défendu Aragon, ou l’identité de Shakespeare en juif émigré, je me spécialiserais décidément (me fait remarquer un ami) dans les causes perdues ? Mais je regarde surtout la photo de couverture quatre de son autobiographie Soit dit en passant (prise par Diane Keaton) d’un Woody effondré, ou en posture de marionnette cassée : qui le réconfortera aujourd’hui ? Qui volera à son secours pour lui dire à quel point ce qu’il a fait est grand, et mérite notre reconnaissance plutôt que des crachats ?

Couverture quatre (prière d’insérer) de Génération Woody :

Woody Allen serait-il mort ? C’est ce qu’une cabale, venue des Etats-Unis, voudrait faire croire à ses admirateurs du monde entier. On en démonte ici la fausseté, mais on voudrait surtout, film par film, montrer la vigueur, la vivacité d’une œuvre assez comparable aux comédies de Molière, qui comme celles de Woody sondent tant de drames… Et survivent au passage des années.

Woody Allen serait-il notre Molière ? Moraliste, il en a l’envergure, l’acuité du regard, la précision des intrigues nouant le rire au drame… Comme lui aussi, on l’accuse d’inceste : Molière avait épousé Armande la fille de Madeleine, et Woody Soon-Yi fille adoptive de Mia Farrow. C’est notre rire que le parti dévot voudrait, dans cette affaire, exterminer. En balayant l’examen de films qui ont pourtant tellement à nous apprendre, et qui auront contribué à nous former ; car il y a une génération-Woody, fidèle au miroir que ses intrigues nous tendent.

Deux commissions successives d’enquête ont longuement auditionné les enfants, nounous, femmes de ménage, avant de conclure qu’on ne disposait contre Allen d’aucune preuve tangible. Pourquoi la rumeur ignore-t-elle cette parole autorisée ? « Pendez ce sale youpin ! » s’écrie, dans Zelig, une respectable représentante des ligues de vertu. Notre actualité n’est pas favorable à ceux qu’on accuse à tort d’être des abuseurs.

Contre des allégations sans fondement, ce livre voudrait réagir par un exercice de cinéphilie, et d’admiration d’un géant.

Table des matières :

Comme Molière de son vivant

I. L’Affaire

  1. Allen vs Farrow, pourquoi tant de haine ?
  2. Moses enfin

II. Génération Woody

III.  Intrigues

  1. Adieu à la philosophie (Irrational man)
  2. Manhattan in blue
  3. Mystères et misère de La Rose pourpre du Caire
  4. Crimes et délits, sous le regard de qui ?
  5. Traversée de la terreur (Ombres et brouillards)
  6. Zelig, un athlète du conformisme
  7. Le magicien mystifié (Magic in the Moonlight)
  8. Annie Hall, le grand tournant
  9. Match Point, de sang froid
  10. Alter écho (Une autre femme)
  11. Psychanalyse-peep show (Tout le monde dit ‘I love you’)
  12. Catharsis ? (Maris et femmes)
  13. Et Woody devint sombre (Intérieurs)
  14. Filmer la conscience (Le Rêve de Cassandre)
  15. Big Mother monte au ciel (Le Complot d’Œdipe)
  16. Affronter septembre (September)
  17. Les confettis de la fête (Café Society)
  18. La Roue de l’infortune (Wonder Wheel)

IV. Enigmes

  1. Angoisse, phobies, petites manies
  2. Astrophysique
  3. Autodérision, personnage
  4. Besoin des œufs
  5. Catharsis
  6. Chance, Witz, coups
  7. Chercheur
  8. Direction d’acteurs, fraîcheur de l’énonciation
  9. Faux self
  10. Intime
  11. Magie, doubles-fonds
  12. Meurtre
  13. Musicien
  14. Passer du rire aux drames
  15. Psychanalyse
  16. Vieux jeu ?

V. Adieu à la cinéphilie ?

  1. Quel tribunal médiatique ?
  2. Voir ou boycotter Allen ou le dernier Polanski ?
  3. Quelle critique enfin ?

23 réponses à “Justice pour Woody Allen !”

  1. Avatar de Annada
    Annada

    J’avais oublié que le livre n’était pas encore officiellement sorti, puisque nous en avons eu la primeur au cours d’une présentation édifiante et chaleureuse dans la charmante librairie aux Terrasses de Gutenberg.
    Le 18 juin ! Si ce n’est pas un appel annoncé avec une date pareille ! Et une raison de le divulguer tout aussi bonne que nécessaire puisqu’il s’agit de la double défense d’un innocent et d’un Art. Un acte de courage ! C’ est, en effet, remonter à contre-courant d’une actualité intellectuelle indigente que de récuser les dossiers stéréotypés et insupportables des Metoo, des traqueurs abusifs de pédophiles, des excès en tous genres. Toutes ces engeances se réclament d’une éthique fondée sur la mauvaise foi et la déformation des faits. Phénomènes woke, cancel-culture … autant d’intrusions – invasions – erratiques du bon sens et perversion d’une argumentation véritable…
    Oui, ce livre mérite d’être le début d’un combat contre tout ce qui est en train de faire disparaître les vraies valeurs ( terme galvaudé que je n’aime pas mais qui peut encore faire sens). Il faut espérer qu’il en déclenche d’autres.
    Mes idées en cette heure tardive d’un retour de concert en Cévennes profondes expriment pourtant ma sincérité, même avec de la confusion.
    Bon route à l’ouvrage et bravo à son auteur.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci Annada pour ces remarques même « confuses », qu’il faudra au fil des échanges essayer de développer. C’est vrai que le cas Woody, si on l’examine un peu précisément, prend en écharpe une bonne part des maux de la société américaine, du maccarthysme des années cinquante jusqu’à Donald Trump et la généralisation des « fake news ». Le tribunal médiatique substitué à la justice institutionnelle ne date pas d’hier, mais nous avons ici un tableau éloquent de ces perversions ; et de notre difficulté à tordre le bâton d’une opinion obstinée dans l’autre sens. Ce blog peut-être, dans les jours qui viennent, va nous donner un état des forces en présence ? Et quelles réactions suscitera la sortie en salle, annoncée le 13 juillet, du prochain (du « dernier » ?) film de Woody Allen, « Rifkin’s Festival » ? Je suis très curieux de lire la presse qu’il va recevoir…

  2. Avatar de Rosa
    Rosa

    Très cher ami, de retour de Rome je puis attester que Woody y est adoré et défendu bec et ongles dans l’attente quasi fiévreuse de son prochain film… l’esprit mâtiné de belle culture latine souffle toujours dans la Ville éternelle !
    A quand la traduction italienne de ce bel hommage littéraire à notre Woody éternel ?!…

  3. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonsoir!

    Et si l’on avait, Madame, Monsieur, une petite pensée pour tous ces gens qui ne connaissent pas Woody Allen!

    Sans doute, ils disent oui en guise de réponse en ignorant la question.

    Jamais ils ne liront le livre du randonneur ni la moindre ligne de ceux de Roland Quilliot et de Laurent Dandrieu.

    Et alors, ils ne sont pas plus malades que les autres!

    Il est une question, ce jour, qui fait grand bruit dans les médias : « Le jeu est-il toujours ludique? »

    Bonne question en effet pour ceux qui savent « le jeu du jeu ».

    Woody peut-être s’en délecte, qui sait, dans « l’approche bleue du vide »?

    Et dire, Madame, Monsieur, que les lettres permutées de cette expression entre guillemets font :

    « L’épreuve de philo du bac ».

    Qui l’eût cru?

    Bonne nuit à tous.

    Kalmia

  4. Avatar de DH47
    DH47

    Voici un livre très personnel, je veux dire un livre qui non seulement présente l’oeuvre et l’esthétique de W.A. mais aussi le défend avec vigueur face aux attaques de certains de nos modernes qui sympathisent sans vergogne avec le pire des wokismes.
    Le texte en effet a son prétexte : l’exercice d’admiration est doublé d’un sentiment d’indignation qu’il est impossible de ne pas partager avec Daniel Bougnoux quand on sait que la dictature des vertueux interdit à W.A. de tourner et de publier aux Etats-Unis .
    La section 1, « L’Affaire Allen vs Farrow » sert de catapulte à l’ensemble du livre sans toutefois y suffire : comme le montre bien l’auteur, les rêves et le réel alléniens s’alimentent largement au-delà du cadre des allégations qui ont conduit notre scénariste-réalisateur devant les tribunaux et livré à la curée des réseaux sociaux .
    La section 4 « Enigmes » analyse non les films pris un par un (objet de la section 3) mais les thèmes transversaux dont traitent ceux-ci ; j’ai aimé notamment les développements relatifs au cinéma et à la littérature comme instruments permettant de se tenir « à l’écart du monde, l’un des endroits que j’aime le moins fréquenter » écrit Woody dans son autobiographie . C’est l’occasion pour Daniel Bougnoux de montrer le rôle primordial de la « coupure sémiotique » qui seule permet et facilite nos projections et rêves, et d’habiter « résolument ailleurs » . En cela « Génération Woody » est aussi une illustration éloquente d’un livre précédent « La crise de la représentation » (Poche-Découverte. 2019).
    Dans la section 5 court un fil d’or résumé par cette question : « voir ou boycotter Allen ou le dernier Polanski ? » ; autrement dit : peut-on dissocier l’oeuvre de son auteur ? . Le parti-pris de Daniel Bougnoux est sans ambiguïté et s’avère identique à celui exprimé par l’avocat Emmanuel Pierrat dans son livre « Les nouveaux justiciers – Réflexions sur la cancel culture » (Bouquins.2022): « Dissocier l’oeuvre de l’auteur est une nécessité incontestable, à moins de vider nos bibliothèques en retirant illico les romans du collaborateur Céline, de toutes les fictions (pour enfants et adultes) du pédophile Lewis Caroll, des poèmes de l’assassin François Fillon, des récits du pilleur Malraux, de la prose du voleur Jean Genet, etc. » Et ce refus d’épurer nos rayonnages est parfaitement compatible avec la lecture de biographies !
    Au total, beaucoup de bruit pour rien… car  » Woody a pour lui la conclusion de deux commissions et l’intime confiance de beaucoup d’amis « .
    Reste une oeuvre c’est à dire un contenu qui fait sens et qui est indissociable d’une forme.
    Reste une oeuvre qui refuse de céder sur sa liberté esthétique au profit du tout politiquement-correct et d’une moraline de dévot .
    Reste, aux yeux de l’ami randonneur, une oeuvre qui refuse de méconnaître le principe d’incertitude, de négliger cette part de l’art faite d’humour et de rire et qui nous ouvre à l’énigmatique ambiguïté du réel .

  5. Avatar de DH47
    DH47

    Je me console d’être, semble t-il, le premier à constater mon inexplicable lapsus dans mon commentaire du 18/06 …
    Dans ma citation de l’avocat Emmanuel Pierrat il faut lire : François VILLON (le poète) et non Fillon ( l’ancien Premier Ministre)…
    Même Woody n’aurait pas osé ce gag !!

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Hélas cher DH47 l’erreur est aussi de mon côté, j’avais relevé le « gag » et j’aurais dû le corriger, mais je voulais aussi vous répondre sur le fond, je l’aurais fait aussitôt si la chaleur, la torpeur…

  6. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonjour!

    Vraiment quel plaisir de lire vos commentaires Monsieur DH 47! Vous illuminez ce blogue.

    Vous faites preuve d’un véritable esprit scientifique dont on sait avec Gaston Bachelard qu’il se constitue sur un ensemble d’erreurs rectifiées. Mais enfin, quel lecteur, très cher esprit finement aiguisé, aurait vu en lisant votre reproduction infidèle du texte de Maître Pierrat, un voleur et un assassin dans l’ancien député et ancien ministre, Monsieur François Fillon?

    Chacun, rassurez-vous, a corrigé de lui-même.

    Et puisque nous sommes en pleine journée électorale, il ne messied pas, peut-être, de nous rappeler cette anthologie parlementaire de la fin des années nonante où, justement, Monsieur Fillon député de la Sarthe avait choisi « Le dormeur du val » d’Arthur Rimbaud. D’autres comme deux députés du Val-de-Marne, un député de la Vienne et un député de l’Orne, ont préféré François Villon.

    Brisons là.

    « On peut comparer la coupure sémiotique à la substitution d’une carte à un territoire. La carte est plus facile à ranger dans sa poche que le territoire. Il y a allégement, remplacement d’un objet réel par un signe ou une représentation. Par cette coupure, nous accédons au symbolique », écrit notre randonneur.

    Et dans « La crise de la représentation », page 75, la coupure sémiotique est totale au cinéma, et l’auteur de citer Woody Allen qui prend le contre-pied de l’interdiction dans « La rose pourpre du Caire ». Un peu plus en avant, page 54, avec la photographie, c’est la coupure médiologique majeure et de poser la question : « Pourquoi la reine des facultés irait-elle se commettre avec une machine ou un artifice technique? » Et par ailleurs, notre nautonier en la matière, considère la coupure épistémologique comme secondaire. Il est vrai que le médiologue reconnu ne cite pas souvent Gaston Bachelard, palsambleu!

    Coupez!

    Et sa petite planète, tel l’ouvrier parisien dans les bals populaires, tourne, tourne et tourne bien!

    Il faut dire que l’astrophysique a voix au chapitre des énigmes dans l’ouvrage du maître, n’est-ce pas?

    Alors, au bord de l’eau, autant suspendre nos lyres et dans la « noire énergie » chanter la « reine ignorée ».

    Avec les mêmes lettres, les mêmes notes!

    Action.

    Jacques

  7. Avatar de m
    m

    Bonsoir!

    Je reviens d’un petit village des Vosges où Athalie, une connaissance de là-bas, vient d’écrire un livre, son journal de fille de la ville, installée en ce coin de France rurale, un petit coin de paradis.

    Dans le train du retour, j’ai lu votre billet, cher disciple de Woody, et les commentaires qui suivent…

    En même temps ou presque, je relisais quelques passages du livre, annotés dans une première lecture en diagonale.

    Je pensais à l’itinéraire de cette personne qui jette sur le papier ses souffrances et relate avec sincérité les combats de sa vie.

    Chrétienne jusqu’au bout des ongles, elle rencontre différents courants de l’église catholique qu’elle voudrait ouverte au dialogue.

    Militante, elle côtoie les ténors de l’athéisme et l’un d’eux lui demande pourquoi elle est chrétienne?

    Pour le respect de tout être, répond Athalie.

    Mais ils racontent tous ça, rétorque le créateur de Charlie Hebdo.

    Je m’arrête sur le mot « Sororité » et réfléchis sur son interprétation du hasard qui jalonne le chemin de cette femme rebelle et courageuse.

    Je pense aux « relations d’incertitude » qui sont un roman et vous en savez quelque chose…

    Deux mots dans ce journal : L’Espérance – La Présence. On les relit et l’on voit qu’ils sont composés des mêmes lettres.

    L’auteur s’en réfère à M.Twain, à D.Pennac et W.Allen n’est pas à la page. Et d’ailleurs, pourquoi le serait-il?

    Les mots font vivre les journalistes mais pas toujours ceux qui les lisent ou les écoutent.Et si l’énigmatique réel, ce quelque chose « résolument ailleurs » se lisait au delà du livre et au delà de l’écran?

    Si tel est le cas, il nous faut des preuves mon adjudant, des preuves et que des preuves pouvant être touchées du doigt. Sinon rien.

    « Une brève de comptoir » dont on sait pourtant par une belle anagramme qu’elle « comporte bien du rêve », est-ce bien suffisant?

    J’arrive enfin avec l’orage à destination.

    Il pleuvait fort sur la grand-route…

    m

  8. Avatar de M
    M

    Bonsoir!

    Je viens de regarder sur TMC (la 10) un documentaire « Temple solaire – L’enquête impossible »

    J’y ai vu quelqu’un dont je connais le village, à quelques lieues de là. Cet animateur-artiste a rencontré « L’immonde rond bleu » et a voulu témoigner. Je laisse à l’amateur d’anagrammes la liberté de trouver en telle rencontre, le lieu imaginaire et réel de ce poète qui vit à Paris.

    Je rouvre un livre « Le feu sacré ». Au chapitre « Unité » où Gaston Bachelard est cité en exergue, l’auteur, un sacré chercheur, ne trouve pas d’émetteur extraterrestre dans les vers de Charles Baudelaire qui voit dans la Nature, de vivants piliers qui laissent parfois sortir de confuses paroles. Non, notre allumeur de réverbères qui en connaît un rayon sur les fonctions du religieux, ne donne pas dans ce panneau littéraire.

    J’ai pensé à lui, ce soir, en écoutant, Maître Francis Szpiner. Icelui, lui avait demandé son avis sur les écrits de Michel Tabachnik, versés au dossier « Temple solaire » et imprimés sous le titre « Archées ». Une affaire qui fut jugée en appel, à Grenoble.

    Monsieur notre randonneur, lecteur de « Médium » et membre du comité de lecture, connaît la réponse rédigée de main de maître par le directeur de la revue.

    Quelle sorte de textes? Qu’est ce qui conditionne quoi? Quelle sorte d’engrenage? Le philosophe, écrivain a répondu avec force arguments et il ne messied pas, ici, de reprendre sa mise en garde. « On ne combat pas l’obscurantisme, notre devoir, en éteignant les Lumières, notre héritage »

    Un beau finale à entendre-voir, les yeux ouverts, en naviguant dans le clair-obscur.

    Les « cris d’un temple épars » par ses lettres permutées composent « le sacre du printemps ». Un pur hasard, sans doute!

    Samedi 30 juin au Forum 104, à Paris, un universitaire, M.Georges Combe, va nous parler d’un temps qui fit l’objet d’un film… avec projection et conférence.

    Il y aurait selon, cet universitaire, un certain rapport avec le film de Stanley Kubrick « Eyes Wide Shut ».

    Des aliens aux alleniens, il n’y a peut-être qu’un pas pour faire apparoir, qui sait, une justice immanente dans les choses…

    Aux gens du voyage « intérieur » de faire chanter cette divine trajectoire!

    Bonne nuit et belle saison

    M

  9. Avatar de spartacus
    spartacus

    Bonjour et prompt rétablissement Mr Bougnoux.
    Je vais, je viens ici parfois, toujours à l’affut de quelques rigolades et souvent suis aux anges.
    Pas toujours: on ne peut être au mieux de sa forme eternellement hélas.
    Mais les cas raisonnables sont intéressants .
    Sauf à ne pas avoir bien cherché dans la rubrique archives, Céline est absent ici .

    Dommage car l’autre Louis du 20 eme siecle littéraire est aussi une pétite comme l’auteur d’Aurélien.Tous deux de la fin du 19 éme , tous deux dans les tranchées de 14 .tous deux décorés , mais aprés evidemment plus rien de commun.
    6000 feuillets retrouvés!
    Vibration, excitation et impatience depuis quelques mois et enfin « Guerre » en librairie.
    Certes le choc ressenti à la lecture du « voyage » n ‘est pas au rendez vous, mais Céline est bien reconnaissable et son style envoute encore et toujours.
    Détestable personnage, aucune indulgence pour son antisémitisme , cependant à 17 ans on lit:
    « ca a débuté comme ça.Moi ,j’avais rien dit.Rien………… » et on n’en sort pas et encore aujourd’hui .
    Aucun livre marque son siecle comme ça. Même Aragon n’atteint pas , pour moi, ce choc , cette révélation ahurissante du pouvoir du style.
    Avez vous lu » Guerre  » Mr Bougnoux ?
    Quelques mots là dessus ? j’aimerais assez, je promets de ne pas rire 😉
    Spartacus

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Interpellé par un pétulant Spartacus, lui-même relayé par Jacques, je réponds enfin, pardon pour ce retard mais je viens d’être testé ce matin enfin négatif au covid, le mal s’éloigne, l’énergie revient…
      Le lien Céline-Aragon n’est pas simple, et mériterait quelques développements. Car ce sont louis et Elsa, de passage chez Denoël circa 1934, qui « découvrent » un manuscrit en souffrance sur une étagère, il s’agissait du « Voyage », excusez du peu, et qui (aux dires du couple) persuadent l’éditeur de le publier, Elsa se chargeant de sa traduction en russe. Tous deux voient alors en ce prometteur débutant un futur fleuron de la littérature prolétarienne (ce dont Céline fera plus tard des gorges chaudes, brocardant à l’envi « Larangon » et sa « Triolette »)… Une querelle s’&tait déjà élevée autour des deux Louis, à propos de la couverture de « l’Eglise », pièce de théâtre de Louis-Ferdinand parue (1931 ?) avec pour image le masque de l’Inconnue de la Seine : Aragon le prend vivement à partie pour l’emploi de ce masque, trouvant sans doute qu’il mériterait un meilleur usage – celui par exemple qu’il développera, si magistralement, dans son roman « Aurélien » dix ans plus tard…
      Préférer Aragon à Céline ? C’est en effet mon choix, pourquoi ? Question évidemment difficile ! Je l’ai un peu traitée dans ma « Crise de la représentation » : Céline recherche il me semble le choc, la plus courte distance entre ses mots et les nerfs du lecteur : écriture épileptique du sursaut, du court-circuit ou de la transe, qui peut déboucher sur nos spots publicitaires, mais aussi sur les maléfiques pamphlets des années noires ; je songe à la remarque de Julien Gracq (je cite approximativement), Céline s’est mis en marche derrière son clairon, un homme doté d’un tel organe, on l’empêchera difficilement de conduire les enfants à la rivière.
      Chez Céline autrement dit, je vois l’effet, l’épate, « ça en jette » – Aragon aussi dans quelques textes (Traité du style ou les pamphlets surréalistes), mais des romans comme « Aurélien », ou « La Semaine sainte », sont aux antipodes. Que diriez-vous ?

  10. Avatar de Gérard
    Gérard

    Bonjour Monsieur Bougnoux!

    Bonjour amis lecteurs du blogue!

    Dieux! Que ne suis-je assise à l’ombre de l’arène!

    J’imagine plus d’une Phèdre, ici présente, tout émue et toute heureuse à la fois de voir arriver dans une noble poussière le char victorieux de son Spartacus revenant.

    Béni soit ce retour?

    Que dire à notre Hippolyte du blogue, féru d’études céliniennes?

    Moi, dans mon creux-de-maison de l’arrière-pays d’Ariège et lui, sans doute, dans un pavillon cossu de la banlieue parisienne.

    Peu nous chaut l’endroit, braves gens, ce qui compte, c’est cet espace qui nous permet l’échange.

    Il pourrait commencer par ces mots :

    Parlez-moi du moi – celui qui a voix au chapitre entre la créativité et deux révolutions, dans la seconde partie consacrée au nihilisme, d’un essai sur le déclin de la culture générale – car « ça » m’intéresse.

    Ah, ça oui! Mais sans oublier le « petit z » sous la lettre c, cher gladiateur. Et n’en déplaise aux tristes réformistes, je verrais bien se poser sur l’affût et le style qui envoûte, l’hirondelle de l’écriture, si chère à Jules Renard. Bon, on ne va quand même pas se mettre rendez-vous pour discutailler à l’envi là-dessus, un chapeau et un trait de plume oubliés, voyons!

    Vous savez, Monsieur notre randonneur est un homme exigeant et chacun sait par expérience qu’il nous faut relire nos copies.

    Brisons là.

    Vous avez raison, Louis-Ferdinand Céline n’est pas de la compagnie, en ce blogue. Dans la revue « Médium », je pense au n° 50, consacré à la littérature, chutes et rebonds, là où Mr Bougnoux parle de survie, mode d’emploi et pose la question :

    « Qui se soucie aujourd’hui d’Anatole France, de Jules Romains ou de Romain Rolland, qui fut pourtant prix Nobel? » Et de Laclos à Dylan en passant par Valéry et Gracq entre autres, point de Céline.

    Pourquoi nos brillants littéraires de la si belle revue dirigée par Régis Debray, ont-ils délaissé cet auteur?

    Je vous pose la question, cher mirmillon des temps modernes qui avez sous le casque une tête si bien remplie.

    Tout à l’heure sur les gradins de l’arène, un rétiaire en retraite m’a dit au sujet du caillou de Sisyphe que l’on eût aimé arrimer pour de bon:

    « Il roule et n’est rien ». Peut-être avait-il lu « Le parasite » de M.Serres où les élites sont mis aux « Petites-Maisons »…

    « Il roule et n’est rien » Un ange, peut-être, telle son anagramme « le neutrino stérile »… J’ai pensé à Allen, étudiant le recul des noyaux atomiques (« L’activité rationaliste de la physique contemporaine », page 121).

    ET notre Woody en tout ça, Monsieur Spartacus?

    Il en rirait sans doute, d’un rire nouveau.

    Au fait, je réponds à Mme ou Mr M… sur l’anagramme de « L’immonde rond bleu » dont il est question dans le pénultième commentaire. Il faut y lire « Le nombril du monde » qui, après recherches sur Internet, se trouve rue des merveilles dans un petit village de ce département devenu la France, d’après une citation non référencée de L-F Céline, faite par Marcel Jullian dans sa « Courte supplique au roi pour le bon usage des énarques ».

    J’ai débuté ce commentaire par une métalepse et j’aime le terminer par une autre figure de style sur « l’aiguille verte » là où, dans les lettres permutées de ce sommet, « Le glaive rutile ».

    Gloire à Spartacus!

    Gérard

  11. Avatar de spartacus
    spartacus

    Je dirais ..hé bien :
    d’un style l’autre et c ‘est le choc célinien comme on le ressent pleinement presque physiquement qui l’emporte à 17 et à 77 ans .
    Publicité… pas plus je crois que l’écriture automatique , la vitesse, le mot slogan des écrits surréalistes d’Aragon.
    La réinvention par Céline du récit, du style crée presque la sidération et on peut se tromper en prenant l’effet pour la cause qui serait l’épate , la frime quoi, mais non trop simple et si facile il me semble.
    Tiens donc , Aragon et Elsa à l’origine de la publication du « voyage », j’ignorais , quel hasard objectif !
    Encore un lien assez ironique entre les Louis.
    Céline qui brocardera dites vous les deux amoureux pour leur bévue (littérature prolétarienne en effet quelle erreur d’appréciation totale pour Aragon ) se souviendra par bonheur pour lui qu’Elsa le traduisit en russe, fournissant ainsi un argument de poids à Tixier – Vignancour pour faire amnistier son client en 1951 .
    Le personnage d’ Aurélien en effet n’a rien de commun avec ferdinand Bardamu , militaire obéissant et courageux d’un côté ,de l’autre lâcheté et veulerie .
    Et tout autant « le voyage » détonne par rapport à Aurelien .
    « Voyage » qui est pour beaucoup dans l’ouverture à l’amour de la littérature, au lire quand on a 17 ans,Aragon ne produit pas cet effet ou plus tard et d’une maniére plus calme.
    Mon livre de chevet enfin avec « Mémoires d’Hadrien »
    Dixi et salvavi animam méam

  12. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Oh là! Quel sage centurion ce soldat des temps modernes qui s’endort avec Marguerite et disserte allègrement en fin intellectuel sur la métonymie!

    Hasard objectif? Oui, Elsa a traduit en russe « Voyage au bout de la nuit », en 1933 (édition en partie censurée en URSS)

    Tout le mode sait cela même la fermière du coin qui n’a pas un seul diplôme en poche, mes aïeux!

    Voyez le bel article de Marianne Delranc-Gaudric , page 14 du Hors-série de « L’Humanité » intitulé « Le feu d’Elsa »

    « La petite musique de Céline, et sa prose nerveuse ont voix au chapitre sur une communication plus directe dans « La crise de la représentation », pages 86 et 87.

    Maintenant quelques petites remarques au sujet de L-F Céline qui serait, selon certains commentateurs de ce blogue, absent de la revue « Médium » que Gérard et M semblent bien connaître.

    Je renvoie ces personnes au n° 29 de la revue où, page 278, Régis Debray parle du « Très français, Céline » dans les recyclages de son Pense-Bête

    et au n° 41 où le même Régis Debray cite en exergue Louis-Ferdinand Céline dans son article sur le temps « Servir plusieurs maîtres », page 4.

    Page 204 de ce même numéro qui, en passant soit dit, contient un très bel article de Michel Tabachnik sur l’invention perpétuelle, Régis Debray précise : « Céline réinventa la langue à grands coups d’oralité précieuse et rythmée au plus juste, Breton intronisa le spontané et le convulsif, jusqu’à prôner une écriture automatique dictée par l’inconscient (plus rêvée en fait que jamais pratiquée). » Et le directeur de la revue de conclure sur Paris qui reste une fête. « Paris est une fête »… Par quel pur hasard, Monsieur le savant littéraire, les lettres permutées de ces quatre mots entre guillemets ajoutent : « Et Paris est en feu »?

    Le feu est l’ultra-vivant, écrivait Gaston Bachelard, cité par Régis Debray dans « Le feu sacré ». Ce même Gaston Bachelard qui mentionne et cite André Breton dans quatre de ses livres mais ignore superbement Céline et Aragon.

    Allez savoir pourquoi!

    Bon réveil dans la nature.

    Kalmia

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Renversante, sidérante Kalmia, vous connaissez mieux que moi les successifs sommaires de Médium, dont les numéros demeurent enfouis à l’heure actuelle dans les caisses de mon déménagement ! Et je m’en remets donc à votre perspicacité, ou votre mémoire…
      Mais notre claironnant Spartacus me suggère une autre réponse à lui faire : OK, on ne tranchera pas ici de la supériorité d’un érivain, d’un Louis sur l’autre, libre à lui de préférer Céline, et moi Aragon… Je devine derrière ce différend une sorte de clivage, il y aurait en littérature la famille des claironnants (et Gracq a bien pointé le clairon chez Céline) et, disons, celle des « murmurants ». Distinction fondamentale, grosse de conséquences… Au point qu’il y a là, peut-être le sujet à creuser d’un prochain billet ?

  13. Avatar de spartacus
    spartacus

    Les chôses du coeur sont bien imprévisibles et tout autant celles de l’esprit .
    M’endormir avec Ferdinand, ho bien impossible avec un tel ouragan et non plus en entendant la phrase fluide et si juste d’ Hadrien.
    Clairon célinien! un peu de mesure tout de même !
    Clivage que préferer Céline à Aragon?,c ‘est caricaturer fortement et une préférence n ‘est pas une guerre ni un rejet.
    le classisisme de Yourcenar est ma joie aussi, alors le claironnant ne fait pas chez moi un clivage.
    Ainsi le »Rivages des Syrtes » ,n’a jamais quitté ma bibliothéque quand je fais le vide toutes les x années.
    Quelle distinction fondamentale ?
    Mais voilà que je relance le débat , me piegeant sur un blog que je critique , où vais je finir ?
    Discuter est ce faire oeuvre d’humanité ou se compromettre ?
    Brisons là …c’est contagieux hein ……………

  14. Avatar de Gérard
    Gérard

    « Car JE est un autre. Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute. Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur la scène »

    Soldat lève-toi au son du clairon et, en telle occurrence, avec une citation du poète Arthur Rimbaud.

    Peut-être, eût-il été préférable d’aller de ce pas murmurer la prière de Gaston Bachelard dans « La poétique de la rêverie », implorant le vigoureux rationalisme du matin :

    « En fait, il nous paraît incontestable qu’une parole reste attachée aux plus lointains, aux plus obscurs désirs qui animent, en ses profondeurs, le psychisme humain.Sans cesse l’inconscient murmure et c’est en écoutant ses murmures qu’on entend sa vérité. »

    Il n’est pas question, en tel petit commentaire, de donner dans la dissertation de bachelier ou de faire un copier-coller d’une réflexion érudite d’une thèse.

    Par anagramme, toujours prisée ici, on entre « en lice » avec « Céline » et dans la toison « angora » avec « Aragon ».

    Discuter, dites-vous, cher Monsieur Spartacus! Je viens de rouvrir pour vous « La philosophie du non » de Gaston Bachelard où je lis , page 134 :

    « Deux hommes, s’ils veulent s’entendre vraiment, ont dû d’abord se contredire. La vérité est fille de la discussion, non pas fille de la sympathie »

    Comme par hasard, je reçois, ce jour, un message d’un ami, qui m’envoie en PDF son livre « Mathématiques et philosophie » où « La philosophie du non » a voix au chapitre. Cet autre Daniel, de la région de notre randonneur me parle de Pierre de Fermat, des éditeurs et de la pauvreté, en général, des universitaires.

    Il a préfacé deux livres de Gaston Bachelard et son nom est quelques fois mentionné dans « Médium ».

    Entrer en lice, cela ne veut pas dire « Place à Hitler. Amen » où dans les lettres permutées, on découvre « Le Maréchal Pétain ».

    Et si c’était justement, ce désir de rester chez soi (éloge des frontières) pour aller ailleurs…Rouvrir les fenêtres du grand large tout en étant là.

    Qualités de résistance et d’envol en même temps…Pourquoi pas? Projet, devenir, avenance.

    Un correspondant aux semelles de vent qui se considère comme un « homo nomadus attalien » vantait, l’autre jour, les winners magnifiques au détriment des loosers pathétiques.

    E c’est toujours la même chanson!

    A quand les beaux rivages? Un autre Louis rêve éveillé et se fait géographe.

    Mais où, sur la carte déployée, trouver notre cognée perdue?

    Jupiter es-tu là?

    Gérard

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Cher Gérard, Vous tapez dans le mille, et je songeais moi aussi au clairon de Rimbaud, en proposant cette distinction des « claironnants » et des « murmurants » (qui me parait à creuser). Face à Rimbaud, Verlaine est évidemment un murmurant. Mais songeons à Breton, impérial auteur de Manifestes, face à Aragon, auteur de la si belle nouvelle « Murmure » brochée dans « La Mise à mort »… La Révolution (surréaliste), les manifestes, appellent le clairon, une littérature du secret, ou des vertiges, de la mémoire-palimpseste et des reprises infinies du sens…, je la classe en « murmures ». Distinction à suivre ! La puissance de suggestion de « Césarée » à l’ouverture d’Aurélien et relevée par Kalmia, va dans le même sens ; car à mes yeux (à mes oreilles), la vraie littérature n’affirme pas, elle suggère.

  15. Avatar de M
    M

    Juste un petit commentaire pour rebondir sur la pauvreté des universitaires, dont il est question dans le dernier propos.

    A la fin des années quatre-vingt, j’ai été élu sans avoir sollicité le rôle, président d’une caisse locale d’assurance mutuelle.

    Pour tout vous dire, une place de pot de fleurs. Aussi, je me suis plu dans un rapport pour une Assemblée générale, messe rituelle pour faire marcher le système, de mettre en exergue un article du « Nouvel Observateur » publiant un tableau comparatif des montants des retraites par profession, en France. J’ai voulu montrer que la retraite d’un paysan, à cette époque, était sept fois moins élevée que celle d’un professeur d’université. Qu’en est-il aujourd’hui?

    Une chose est sûre, on est toujours le riche de quelqu’un et le pauvre d’un autre. Comment ne point rechercher la possession et le pouvoir?

    Impossible, lit-on dans un projet écrit au sommet de l’État, pour Gavroche et Marianne. Vous avez dit « Je »? Et Michel Serres de renchérir, en ces temps-là : Un Je pauvre est un « JE ». A vérifier!

    Est-ce par hasard, si les lettres transposées de « L’avoir ou l’être » peuvent écrire exactement « L’or ou la vérité »?

    Imaginons, Monsieur Bougnoux,, Monsieur Gérard, un peuple maître de la grammaire!

    Croyez-vous qu’il descendrait dans la rue pour « exprimer » sa colère?

    J’ai ma petite réponse.

    Bien à vous tous et bonnes vacances si vous en prenez.

    M

  16. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour!

    Merci Paulo.

    Quelle beauté, quelle sonorité qui nous prend aux « tripes » avec les lettres du mot « esprit »!

    « Je demeurai longtemps errant dans Césarée,
    Lieux charmants où mon cœur vous avait adorée. »

    On voit qu’une simple référence à une citation peut engendrer bien des questionnements. Qu’en est-il à l’inverse de la relecture de cette tragédie au regard de l’œuvre d’Aragon ? Laissons aux gens dont le métier est d’enseigner, le soin d’essayer d’y répondre.

    Quid de cette chose essentiellement poétique qui a ce très étrange pouvoir d’évocation de « quelque chose » qui n’est pas Césarée mais qui ne semble pas pour celui qui pense et vit avec la science, être seulement nous, ou totalement réductible à nous?

    Impression trompeuse, balayée au vent des arguments scientifiques? Nenni! Le physicien en sait quelque chose, ce vent dont-il s’agit n’existe pas.

    Quand le regard de Maître Kant erre dans les étoiles, celui de l’homme de laboratoire de physique théorique et particules élémentaires s’élève vers une contrée lointaine…

    J’irai bien y faire un tour.

    Avis aux amateurs argonautes qui font du co-fuselage, palsambleu!

    Kalmia

  17. Avatar de m
    m

    Oui, comme les quatre éléments étudiés, pensés, rêvés par Gaston Bachelard, qui suggèrent des confidences secrètes.

    m

  18. Avatar de M
    M

    Bonsoir!

    Et si on laissait nos Louis reposer en paix pour revenir à ce cher Woody?

    Aujourd’hui, moi qui ne lit pas les journaux, je suis tombé sur un article qui parle de lui, de son dernier film.

    Pour le plaisir, j’envoie cette information de province à notre randonneur qui, sur le cinéaste, a fait un livre.

    « La réponse est oui. Mais quelle était la question? » (Woody Allen)

    Bernard Pivot, de l’Académie Goncourt, en a fait un titre de l’un de ses nombreux livres de questionneur professionnel.

    Finalement, c’est au Seigneur qu’il s’adresse dans ce livre où, paraît-il, les vraies réponses sont dans les questions comme les perles dans les huîtres.

    Et quelqu’un de la même Académie dans un ouvrage d’éducation politique loue nos seigneurs.

    A force de rouler leur bosse, vont-ils, un jour de chance, finir par l’arrimer, mes bons seigneurs?

    M

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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