Les négligents et les soignants

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Notre monde, disais-je dans le précédent billet, est largement grevé par une course en avant de la consommation : nous ne réparons pas les choses en général, nous les jetons impatiemment au premier défaut pour les remplacer par une marchandise de substitution plus neuve ou performante. Et c’est dans ce geste d’ignorance ou de négligence que beaucoup d’économistes voient le facteur essentiel de notre croissance ! (À la façon dont les profits du capital supposaient, pour augmenter toujours davantage, l’appauvrissement draconien des tâches dévolues, sur la chaîne de montage, à des O.S. sous-payés.)

Les attitudes, innombrables, de négligence contemporaine semblent impossibles à énumérer, mais notre (dé)confinement en offre des exemples saisissants, chaque fois qu’on s’exempte d’une solidarité de base, ou du souci élémentaire du bien commun. Cela commence avec le masque de protection abandonné sur les trottoirs (ils sont nombreux dans les villes, laissés à la charge des balayeurs) ; les difficultés à inculquer le tri des ordures ménagères aux Français rejoignent la résistance de certains à appliquer les gestes-barrière : dans la queue (mal respectée) d’un magasin, Odile s’est entendu dire, par un quidam à qui elle demandait pourquoi il ne portait pas le masque, « Oh vous savez, la contamination ça s’attrape surtout par la pensée… » Combien pensent intimement que ces mesures ne sont pas pour eux, évidemment et de toute façon protégés, ou à l’abri de tout danger ? La loi sans doute existe, ils ne la contestent pas, mais (comme suggère Kant) on peut toujours y faire une exception, pour une fois, ou dans mon cas… Et c’est ainsi que le diable réside dans les exceptions ou les cas particuliers, de sorte que le mal prospère.

Comment (dé)confiner les idiots ou les cons ?

Comment par exemple (problème classique dans nos études d’info-com) faire qu’une information ne se change pas trop vite en prescription ? Si l’on annonce, comme on commence à le faire ces jours-ci, un progrès dans les courbes de la contamination et un mieux-être dans les hôpitaux, comment empêcher que cette information ne se transforme aussitôt en invitation à se laisser aller, à reprendre ses habitudes en se précipitant dans le monde d’avant ? Comment éviter la ruée sur les plages, les pelouses du Champ-de-Mars, les berges du canal Saint-Martin ?

Comment l’ado privé de sa moto depuis deux mois ne va-t-il pas impatiemment l’enfourcher pour faire un maximum de bruit ? Comment les enfants qu’on ramène doucement vers l’école vont-ils y respecter les gestes-barrière ?

L’essence du soin, disais-je précédemment, c’est la reconnaissance et la culture du commun, ou d’une certaine continuité entre moi et les autres : par le soin je m’éprouve relié, solidaire, et je respecte (je cultive) cette relation qui me nourrit et me justifie en retour.

L’idiotie de la négligence inversement, c’est conformément à l’étymologie de ce terme, idiot, de se tenir à l’écart ou en deçà des formes du commun ; de confier à l’EHPAD ses vieux parents comme on met au rancart des objets déficients ; comme certains abandonnent leur chien sur l’autoroute pour le départ en vacances ; ou comme on s’en remet, devant un enfant en difficulté scolaire aux bons soins d’autres agents, sans y prêter soi-même trop d’attention. C’est, devant la dégradation évidente de la planète, de persister à penser « après moi le déluge » – tant pis pour l’eau, tant pis pour l’air, il y a pour cela des spécialistes -, d’adopter en toutes circonstances le comportement du dernier homme décrit par Nietzsche, celui qui n’a ni ascendance à respecter ni descendance à nourrir ou à soigner, l’individu enfin pleinement détaché, fier de sa liberté d’aller et de venir entre les avions, les contacts aussi nombreux qu’éphémères sur la Toile, ou les gadgets de la consommation…

Variante de la négligence précédente du quidam dans la queue : une dame se plaint vertement du prix des masques, elle n’en portera pas tant qu’on ne lui en fera pas cadeau, l’Etat n’a qu’à y pourvoir… Ce refus de s’impliquer, de prendre ses responsabilités ou d’agir par soi-même relève de la même indifférence au bien commun, on n’en fait pas partie, s’en occuper n’est pas notre affaire ou, comme demandait Caïn, « suis-je le gardien de mon frère ? »

Nous applaudissons chaque soir nos gardiens, et que deviendrait notre société ou notre simple humanité sans la foule de ces gardiens, de ces bénévoles anonymes ? Mais ceux qui s’exemptent de ces mesures de bonne garde, ou d’élémentaire sauvegarde, triomphent à bon compte : les frivoles négligents, fiers de leurs attitudes de survol, ne sont pas malades certes (ou peut-être), mais ils doivent leur santé au soin des autres, à la majorité qui, se protégeant, les protège. Ils se trouvent, sans le savoir ou en voulant l’ignorer, considérablement endettés. Une meilleure conscience de notre solidarité passera par la prise de conscience de cette dette.

La consommation distraite des uns s’oppose ainsi à l’engagement actif des autres. Comment restaurer le goût entre nous d’un agir humain incarné, qui ne se contente pas de survoler l’autre, mais qui le traite en alter ego ? Une bonne part de notre culture repose désormais sur la triple abstraction de la science, largement mathématisée, de la monnaie, qui aligne la valeur sur les échanges marchands, de l’individu qui se croit libre et mobile, en reniant toute forme d’interdépendance. Soigner oppose à cette abstraction montante un salutaire contre-poison ; à l’opposé de toute maîtrise technique, soigner demeure hasardeux dans ses voies, et dans ses effets. Cela peut toujours échouer contre des paramètres non-prévus, ni tout-à-fait maîtrisables, de même que du jardinage, de la chasse ou de la pêche on peut revenir bredouille – mais fort d’un surcroît d’observations ou d’expérience.

Entretenir ou réparer n’est pas de l’ordre d’une fabrication qui partirait de zéro, en suivant un plan ou une notice de montage : dans le soin, il y a de l’autre. Et donc, côté soignant, un constant retour sur soi, mon geste est-il le bon, ma perception adéquate ? Le soin implique une relation d’interprétation et de déchiffrement, une randonnée en territoire inconnu. Soigner est donc incompatible avec une clôture autarcique du sujet incapable de sortir de soi, ou de contextualiser son monde propre en l’ouvrant aux autres mondes.

Le savoir-faire pratique ou les soins ne peuvent pas davantage se résumer, s’enfermer une fois pour toutes dans un programme ou un protocole (livresque, informatique), ni se télécharger. Le tant vanté télé-travail n’y a guère de place, on ne pourra sur internet pas davantage appliquer à un corps un massage que, sur une planche, enfoncer un clou. Le processus du soin, en revanche, tend vers la conversation (situation pragmatique par excellence, où chaque intervention déclenche et oriente celle de l’autre sans aucune possibilité de survol, ni d’anticipation).

En bref et sans prétention de conclure, notre endettement à l’égard des autres et du monde ne saurait être minimisé. Parce que nous sommes dépendants d’un ordre d’objets et de sujets que nous n’avons pas créés, notre négligence envers eux s’apparente à une forme d’idiotie. Ou d’ingratitude.

15 réponses à “Les négligents et les soignants”

  1. Avatar de Philippe
    Philippe

    Qu’est-il arrivé à Cécile d’Eaubonne ?

  2. Avatar de m
    m

    Il est cinq heures…Paris s’éveille et la campagne aussi.

    J’étais en train de relire en prenant des notes, le récent billet de notre maître randonneur et d’un jardin de banlieue, en fin de lecture, arrive un message :

    « Vous me donnez la clef attendue.
    Me reste à ouvrir la porte de l’inattendu.
    Descendre dans ma solitude,
    Naviguer sur l’aile du rêve
    Puis dans l’air incertain
    débroussailler quelques difficiles lectures.

    Le voyage peut commencer. » (Fin de » citation)

    Heureux qui comme Ulysse…a fait un beau voyage. Seulement voilà, nous devons limiter par la force des choses, pour notre bien et le bien commun, nos petites sorties. Mais bon, on peut mettre le nez dehors à cinq heures, si nous savons bien nous conduire et ménager la monture, que je sache! Masque et chapeau, sans oublier la plume…celle qui chante.
    Dont acte.
    Négligence, tel est le mot juste, sur lequel, nous devons, lecteurs de ce billet, nous pencher.
    J’ouvrirai donc un livre, encore un livre…Il pleut des livres dehors!
    Il s’intitule « Le contrat naturel » et je lis :
    « Pénélope, jour et nuit, ne quittait le métier de tapisserie (…)Ainsi le terme religion dit exactement ce parcours, cette revue ou ce prolongement dont l’inverse a pour nom négligence, celle qui ne cesse de perdre le souvenir de ces conduites et paroles étranges …) Les doctes ne disent jamais quel mot sublime la langue en face du religieux, pour le nier : la négligence. Qui n’a point de religion ne doit pas se dire athée ou mécréant, mais négligent. La notion de négligence fait comprendre notre temps. » (Fin de citation)
    Aussi nous faut-il soigner notre relation à l’autre.
    J’imagine, l’ire de Monsieur Bougnoux en lisant ces mots et je pense lire en filigrane la raison de son courroux.
    « Ce lecteur est bien gentil avec toutes ses citations et ses lectures mais il ne nous apprend strictement rien, il nous laisse sur notre soif… »
    Et voici le rosalbin rejeté illico pour ne point porter la robe nuptiale de la vraie connaissance, celle de l’intérieur des terres
    Je referme le livre et de ce pas, vais vous conter une histoire vraie vécue dans mes ténèbres extérieures.
    C’était en début de semaine sur la place d’un village français, quelque part en Flandre…Il n’y a plus de tilleuls, la place est goudronnée, sert de lieu de stationnement et reste le monument aux morts pour la France et sa liste de noms des jeunes sacrifiés. Plus haut, un espace vert entretenu par les agents de l’environnement de la ville. La boulangerie a fermé boutique et le distributeur de baguettes se trouve en face du dépôt des ordures ménagères. Le maire délégué n’habite plus le village, il réside à quelques lieues, en ville.
    Je suis là pour glisser une lettre dans la boîte…Arrive en même temps un brave gars du village. Il a été conseiller municipal durant des années et responsable local d’un syndicat agricole. Le voici sortant de sa voiture avec beaucoup de difficultés, il réussit à saisir sa canne et de l’autre main sa lettre à poster. On s’assoit sur un muret en respectant la distance et la conversation commence :
    Il me parle de ses problèmes de genoux et craint de se faire opérer…Il vit seul et il a des bovins à s’occuper.
    Dans le coffre de sa voiture une débroussailleuse à dos pour couper l’herbe sous les fils de clôture électrique.
    Pour lui aussi, c’est la nuit…A qui la faute?
    Le fait de faucher l’herbe avec cet engin à dos quand on a des hectomètres de clôture, engendre bien des problèmes de genoux et voire de hernies. C’est prouvé même si on ne le crie pas sur les toits. Un petit pulvérisateur de 5 l contenant un produit herbicide peut remplacer la machine motorisée à porter avec des sangles. Le résultat est là, plus de végétation sous les fils de clôture, pendant un bon bout de temps, et même les ruminants sont attirés par l’herbe grillée avec le produit de synthèse. Des paysans à l’hôpital pour des problèmes de surcharge dorsale et d’éclatement de vaisseaux sanguins, on n’en parle peu et pourtant!
    J’entends bien l’objection – et il faut l’entendre – de celles et ceux qui n’ont pas besoin de couper l’herbe pour survivre.
    J’entends bien l’anagramme de nos érudits : « Entreprise Monsanto = poison très rémanent ».
    Je ne les entends pas ou si peu, défendre la cause sociale des gardiens du paysage, du pays, autrement dit celle des paysans qui n’existent plus.
    A qui la faute? Qui néglige? L’aurige romain ou le conducteur gaulois? Coronavirus ou Astérix?
    Aussi avons-nous besoin, tous ensemble, de très vraies connaissances, celles de l’intelligentsia qu’il ne faut pas confondre avec les certitudes assénées par des gens en place qui vendent des outils et ne s’en servent pas, comme il est dit dans « La fille du puisatier » de M.Pagnol.
    Certes, nos pionniers de la communication, E.Morin, D.Bougnoux, H.Collet parmi d’autres, ne peuvent pas tout faire avec leurs livres, articles, blogues, colloques, émissions, et autres séminaires, mais ils sont là en éclaireurs et je ne vois pas comment on pourrait trouver notre chemin de libération sans leur aide précieuse ou leur lampe scialytique. On peut aussi comprendre, même si l’homme lige le déplore, la multitude des jeunes hommes riches refusant de suivre le randonneur.
    Alors que faire? S’en aller de ce pas parler au ruisseau et s’amuser singulièrement à faire des ronds dans l’eau sans traité et sans essai?
    Ou relire les Confessions?
    Dites-moi!
    Merci et bon dimanche enjolivé de prudence et de sérénité.

    m

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      C’est vous qui portez le scialytique cher Michel, plongeant dans la nuit de la bibliothèque pour en sortir le passage éclairant ! Je n’ai pas ici la mienne comme vous savez, et je ne savais plus où j’avais lu, chez Michel Serres, l’opposition si pertinente de la religion et de la négligence, rappelée vaille que vaille dans mon précédent billet. Vous ne me sciez pas l’herbe sous les pieds, bien au contraire, vous prévenez, vous accompagnez avec sagacité quelques pensées que nous avons en commun, puisque nous partageons des auteurs de prédiction. Soyez-en loué !

  3. Avatar de Philippe Perrot
    Philippe Perrot

    Daniel et Michel ne seraient-ils pas des bavards compulsifs ? Permettez-moi de préférer Rupi KAUR

    Ne vous inquiétez plus
    Voici le soleil et ses fleurs.

    ( R. K. : « The Sun and Her Flowers » – Andrews McMeel Publishing and Simon & Schuster, Kansas City, 2017)

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      N’aimant guère le bavardage, je ne crois pas y céder sur ce blog. Mais je prends plaisir, en effet, aux interventions de Michel ; souvent « copieuses », mais malicieuses, elles laissent briller un esprit vif, original et audacieux, qui nous apporte des lumières pour moi inattendues. Ce qui n’est pas le cas de tous les commentaires…

  4. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Philippe,
    Nous invitez-vous à applaudir comme les groupies de Rupi Kaur ?

    Un jus sucré … Bof !

  5. Avatar de m
    m

    Oui, en ce qui me concerne, cher Monsieur Perrot.
    Toute la question étant de savoir si telle logorrhée purifiée de ses scories, peut laisser apparaître juste un mince filet de connaissance vraie…Ce qui reste à voir!
    Même le soleil et ses fleurs a besoin de « l’honorabilité guindée » pour briller un peu.
    Par ici la monnaie et la belle Rupi n’y échappe, palsambleu!
    De haut en bas, la plupart des gens ne vivent pas, confinés dans leurs habitudes de simples automates mus par les ressorts du champ social…
    Un voyage dans l’espace-temps informationnel et réel, au delà des appas rances et des travaux sur les apparences, pour inventer un genre nouveau, pourquoi pas? Mais c’est un rêve ou un conte de fée, Monsieur Perrault!
    Ils ont raison, comme vous, Garo et les autres, mieux vaut se taire, quitter le bal masqué et s’en aller loin de tous ces bruits, vivre sa vie en quelque ermitage.
    Quant à être charitable…

    m

  6. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Surtout ne pas vous taire, cher M … Que deviendra l’existence, s’il faut se contenter des « berluettes » du milieu du spectacle ? Elles réconfortent les cœurs des midinettes, mais plus dure sera leur chute dans le maelström des combats de la vie.

    Quant à « se terre «  ? Pas vous, s’il vous plaît …

    Que nous diraient Gaston Bachelard ou encore Guy Lachenaud, aux temps anciens ?

    Bonjour aux passants du blog.

  7. Avatar de m
    m

    Bonsoir!

    Je reviens vers vous, chers lecteurs de ce commentaire, après un lundi au soleil, dans un champ, entre des haies touffues, pour semer, à la mode de chez nous, quelques graines et puis une après-midi dans les rues peu fréquentées d’une ville.

     » (…) l’une des villes les plus laides qu’il m’ait été donné de voir. » (Sérotonine, page 45) Fin de citation.

    Oui, copieux! Je suis en pleine correction de copies où l’écart est faible entre « mes élèves ». Une demi-faute oubliée et ce serait un scandale, bonnes gens! Un loisir studieux doit s’exiger rigueur et cohérence, comme on disait de la médiologie, il y a quatorze ans, dans une revue de qualité, où notre maître randonneur expliquait Sa Majesté La Représentation. Pur hasard, je viens de corriger la copie de la dévouée secrétaire de rédaction de cette revue. Prendre soin du travail de l’autre, ce travail fût-il un jeu anodin, me semble aller dans le bon sens.

    Je laisse de côté les copies, et revenons à nous, cher Monsieur Perrot, si vous voulez bien accepter cette invite à bavarder avec votre lecteur sur ce banc de randonnée, non sans avoir auparavant compulser certains textes! Je relis avec grand plaisir vos deux messages postés le 6 mai dernier à 3 H 32 et 11 H 03. Il faut relire vos propos nycthéméraux d’une grande intelligence.

    « La poésie conduit au sain retirement », écrivez-vous, très justement! Oui da et votre serviteur sur ce banc public n’est point l’aède du blogue, puisque ne sachant demeurer dans son fromage de Hollande, palsambleu!. Je ferai donc avec en essuyant vos justifiées critiques, mon bon Seigneur.

    On tournait en rond dans ce billet écrit de main de maître par qui vous savez. Votre allusion au serpent m’incite à vous proposer cette référence extraite du chapitre VIII de « La terre et les rêveries du repos » :

    « Quand on a compris que le serpent replié est la vie circulée plutôt qu’un dessin circulaire, on apprécie mieux certaines légendes »

    Brisons là.

    Et votre villageois de vous poser une question, Monsieur Perrot :

    « Qui bocardera Regency? Savez-vous, que les seize lettres de ces deux derniers mots de la question font – eh oui font, font, font _ Cyrano de Bergerac?

    Pour poser la question et y répondre, il ne faut certes point ignorer la recension de votre travail des apparences, écrite par Monsieur Alain Corbin, n’est-ce pas?

    Cher Inspecteur de l’invisible et toucheur de l’inouï, que pouvez-vous dire, en peu de mots ou dans un discours fleuve, au croquant mal habillé qui vous interpelle, aux sans-dents qui ne vous lisent pas, sur la possibilité de libération de tous ces gens?

    Si vous étiez là, céans, au fin fond de la campagne lorraine, en écoutant un disque de votre chanteuse préférée et bien endentée, en cette fin de lundi au soleil, on pourrait à l’envi deviser sur les transformations d’un genre et pourquoi pas, sur l’invention de l’autre…

    On boirait copieusement de l’eau bonne et, qui sait, avec un petit sirop typhon, la chose au palais serait délicieuse.

    Un conte à dormir debout…Un conte du lundi tout simplement, en telle carnavalesque randonnée, pardi!

    Je regarde ma montre, il est déjà bientôt minuit. J’avais oublié, oui, oublié que c’était l’heure de s’enivrer.

    Avec mes sincères salutations spiralées.

    m

  8. Avatar de M
    M

    Bonsoir!

    Madame d’Eaubonne, Monsieur Perrot, où êtes-vous?
    N’est-ce point quelque part négligence que de laisser se noyer le manant dans ses palabres interminables, sans lui tendre la perche?
    Belle et douce nuit

    M

  9. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Bonjour, EM
    Fatigue ou inquiétude grandissantes pour l’heure du déconfinement ? Les mauvaises nouvelles affluent dans l’effondrement de l’économie et l’absence de perspectives avant un vaccin. On se noie entre les avis péremptoires et contradictoires.
    Chacun, en sa taverne, de réclamer l’aide de l’Etat !
    Un Etat-Providence … jusqu’où ?
    Je me suis réfugiée hier soir dans les contes de Pierre Gripari avec sa sorcière de la rue Mouffetard et autres contes de la rue Broca.

    «  Taratata ! Je ne veux rien entendre ! Mais puisque tu as la langue si bien pendue, je te propose une épreuve : tu as trois jours, pour me demander trois choses. Trois choses impossibles … »

    A cœur vaillant, rien d’impossible !

  10. Avatar de m
    m

    Bonjour Mme d’Eaubonne!

    Si tant est qu’il existât, ce cœur vaillant vous répondrait, peut-être, en ces termes:
    « Donnez-moi Madame, s’il vous plaît, une grenouille aux cheveux qui ne dit pas de gros mots pour savoir le temps qu’il fait! »
    Dans les placards, parfois, plus d’un secret y réside, gente dame!
    Mais enfin, quelle habitude avez-vous prise en tel blogue – et je pense aussi à notre randonneur, maître des lieux – de revenir toujours sur la sorcellerie, palsambleu?
    Auriez-vous conjointement décidé de vouer aux flammes le croquant sur la place de son marché de Lorraine, sans bon évêque pour défendre sa cause?
    En médiologie, on a vu des maîtres estimés et estimables, se poser la question de savoir s’il fallait ou non brûler notre ami de toujours , celui qui vante la sirène et qui dirigeait une revue où il a donné la plume à un ancien professeur, spécialiste de la Renaissance, qui nous instruit sur ce que la science doit à la sorcellerie…Et si vous ne me croyez pas, allez de ce pas, Madame, Monsieur, rouvrir le n° 4 de « Médium » et vous m’en direz des nouvelles. Juste pour m’offrir des circonstances atténuantes afin d’éviter l’ordalie, que diantre!
    Ah, la rue Mouffetard! Il y a un passage dans le livre de Daniel Gélin « Mon jardin et moi » qui parle de cette rue où ce cher Gaston Bachelard faisait ses courses, loin de l’image de Maurice Blanchot poussant son chariot de supermarché.
    Ce matin, dès potron-minet, je relis une page du livre d’un ami qui a bien connu Raymond Queneau. Il cite « Odile » : « Il s’agit de décrire un monde, de le découvrir et non de le construire ou de l’inventer, car il existe en dehors de l’esprit humain et indépendamment de lui » (Fin de citation). Une réserve s’impose à la remarque de l’auteur et, l’ami de considérer que l’on peut en effet parler de l’esprit comme d’une chose.
    Je suis tenté, aux aurores de ce matin de mai, de demander cette chose, telle Agar dans le désert pour son enfant.
    Quant à la troisième, celle de la métamorphose, autant prier notre bon Daniel, de nous donner une idée que l’on puisse contempler, une idée matutinale qui peut tout changer…
    A votre baguette maestro!

    m

  11. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    À EM et aux passants de ce week-end de la Pentecôte

    À l’abordage, Sorcières et Fées pour enchanter un quotidien et dégager quelques lumières dans un avenir trop sombre !

    Dans les vents intempestifs de ce printemps, je cherche avec Pierre Gripari, Roal Dahl , JK Rowling, et … toutes les collections de l’Ecole des loisirs ou de Bayard Presse de quoi trouver les mots magiques d’un monde autre. À venir … Et, pourquoi non !

    Petits et grands sont invités au festin des livres. Qu’on se le dise ! …

    Émissions aussi proposées ces jour-ci par France- Culture et France-Inter.
    Comment s’ouvrir au dé-confinement !

    “ Je fais des livres pour amuser l’enfant que je suis. Et pour faire sauter les idées reçues à la dynamite “ réplique Tomi Ungerer.

    Et me voilà à offrir des ailes de papillon à la notion de “Care” . Toujours le Soin vis à vis de l’autre et de soi-même. Je peux aussi évoquer le livre de Daniel Pennac “l’œil du loup” qui m’a été d’une puissante aide pédagogique pour approcher tel ou tel jeune adolescent agressif et résistant à n’importe quel parcours d’apprentissage.

    Le “Care “ qui a tellement de poids dans toutes nos relations : familiales, amicales, professionnelles. Et amoureuses.

    Convoquons l’intermédiaire de nos 5 sens, auquel on pourrait ajouter une bonne dose d’empathie non-contrainte pour autrui.

    Je pense à l’effet glacial sur l’accueil d’un ami qui s’entend dire : «  Je t’attendais avec une grimace où perce une colère sourde ».

    Soin contre négligences ou indifférence … Quelle baguette magique ?

  12. Avatar de m
    m

    Vous avez raison, Madame, et votre question est pertinente.
    Je n’ai pont trouvé la réponse à votre question, ce soir, dans la série hebdomadaire du petit sorcier à lunettes.
    Où sont les sages femmes, les bonnes sœurs qui, de leurs doigts de fée, sauraient prendre soin de l’enfant rêvé, sortant du jardin imparfait de l’homme?
    Charité bien ordonné commence peut-être par l’invention de soi…en tripes satin.

    m

  13. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Une invention de soi … en tripes satin ! Je donne ma langue au chat …

    Votre proposition, monsieur M ?

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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