Matzneff, ogre rattrapé par sa proie

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Je ne connais pas littérairement Gabriel Matzneff, je n’ai chez moi aucun de ses livres et ne l’ai jamais considéré comme un auteur de valeur ; mais il est difficile, ces jours-ci, d’échapper à son nom, comme il était courant, dans les années quatre-vingts, d’apercevoir son élégante silhouette sur les écrans d’Apostrophes où il est passé, je crois bien, cinq fois. On voit par ce rappel quel fin lettré fut Bernard Pivot, apparemment friand de ce « bon client » ; ne lui apportait-il pas ce piment de scandale sans lequel les présentations d’ouvrages sur le petit écran risquaient de lasser ?

Hélas, la personnalité de l’auteur des Moins de seize ans, du Dictionnaire de philosophie et d’un sulfureux Journal vient de connaître un retournement peu banal. Celui qu’encensait Mitterrand, que publiait Philippe Sollers copieusement chroniqué par Josyane Savigneau, le gourou d’une forme originale puisque osée, transgressive de libération sexuelle vient de basculer dans l’enfer de la réprobation. Il ne fait pas bon ces jours-ci être de ses amis ; et je n’ai encore vu personne prendre sa défense.

Au-delà du cas Matzneff, et de l’ouvrage assez remarquable de Vanessa Springora, Le Consentement, qui vient de lui porter un coup fatal, il semble intéressant de se demander comment ce qui était toléré voire loué autour de 1980-1990 a revêtu aujourd’hui un visage si odieux ; de prendre la mesure, autrement dit, du paysage très noir que nous cachaient les jeux de mains caressantes et la voix suave du collectionneur de vierges, ou (à Manille) de gamins de douze ans. Car le livre de Vanessa nous détaille les ravages d’une séduction précoce, la somme de lâchetés parentales, ou de distractions, qui la précipitèrent dès l’âge de quatorze ans entre les griffes du prédateur ; les efforts de celui-ci pour toujours lui parler la rhétorique éculée de l’amour, que tout son comportement ouvertement démentait ; et la conspiration d’un air du temps qui lui permettait d’émarger aux salons littéraires, aux séances de signature ou aux attentions de Bernard Pivot.

J’ai croisé Matzneff une fois, à la sortie de Radio Aligre dans le douzième arrondissement, où j’enregistrais sur Aragon et où lui prenait ma suite, pour je ne sais quel ouvrage. Philippe Vannini, l’animateur de cette dynamique antenne, ne m’a plus jamais invité depuis mes démêlés de 2012 avec Jean Ristat (client lui aussi de ce plateau). Les micros s’ouvrent ou se ferment selon d’obscures affinités, que le livre Le Consentement m’aide à débrouiller ; car il y eut, soutenant la carrière de Matzneff, toute une société tissée de complaisances, et d’envies refoulées ; et où des actions criminelles trouvaient l’absolution au nom de l’aura littéraire. Le livre lavait plus blanc, l’aveu de la publication fonctionnait dans ce petit monde comme alibi. Il n’est que de visionner l’émission d’Apostrophes qui tourne ces jours-ci sur les réseaux sociaux : que de gloussements, de rires complices accueillent les ébouriffants récits du quinquagénaire couvert non de femmes, mais de très jeunes filles qui se bousculeraient (à l’en croire) dans son lit sans lui laisser aucun répit ! Pivot plus ahuri que jamais fait celui qui n’en revient pas, mais qui salue au fond l’artiste d’un œil égrillard, avec un mélange tartuffe de réprobation et de concupiscence. C’est ce voyeurisme sans doute que Matzneff réveillait à la ronde, et qui faisait son succès de faux bonze toujours prêt à proposer aux adolescentes ses parties de zanzibar, avant de nous en faire profiter !

Il se présentait pour cela en porte-drapeau d’une croisade de libération du désir, de tous les désirs et donc d’abord de ceux, supposés enfouis et réprouvés, des très jeunes gens. Des jeunes débutantes, la « giovanne principiante » chantée par Leporello débitant l’air du catalogue de Don Giovanni. Comme si l’on pouvait, avec celles-ci, enchaîner les amours sans à tour de bras les flétrir, les massacrer…

Denise Bombardier

Sur le plateau d’Apostrophes dont je me souviens le mieux, il rencontra ce soir-là, tranchant avec le consensus habituel, la courageuse Denise Bombardier qui lui dit non seulement son fait, mais blâma le laxisme français, et la confusion générale qui permettait à un tel personnage de paraître et de faire à ce point figure. Quel embarras autour de Pivot, et quel tollé ! Je me souviens que ma femme Françoise, alors psychanalyste, approuva franchement Bombardier, pourtant bien seule, et que cela entraîna chez nous une soirée de discussions ; celles-ci n’étaient pas gagnées en faveur de la québécoise, que Sollers les jours suivants n’hésita pas à qualifier de « mal baisée ». Ô tempora, ô mores !…

Bombardier peut s’estimer aujourd’hui pleinement justifiée par le livre de Vanessa (le lui a-t-elle envoyé ?). Mais que pensent de ces émissions Pivot, et ses invités qui faisaient alors chorus ? Sont-ils dessillés, capables enfin de dénoncer ce qu’ils faisaient mine d’approuver ?

Le même Pivot raffolait, à juste titre cette fois, de Michel Tournier, un autre ogre auto-proclamé dans son chef d’œuvre, Le Roi des Aulnes (Goncourt 1970), sur lequel j’avais publié dans la revue Critique mon premier article, « Des métaphores à la phorie ». J’eus la chance de fréquenter Tournier à la suite de cette petite étude, dans son appartement d’Arles comme au presbytère de Choisel, où il se montrait très accueillant. C’est dans son jardin de curé qu’eut lieu devant moi une petite scène assez pénible, d’un jeune homme qui pouvait avoir l’âge adulte, et venait sur sa moto rançonner le grand écrivain, « qui lui devait bien ça ». Et Tournier de s’exécuter, en me prenant à témoin pour soupirer sur le charme des enfants qui passe si vite, et s’évanouit dans les pilosités, les mauvaises manières, l’appât du gain  et le goût des grosses cylindrées… Je ne sais comment seraient reçues aujourd’hui quelques-unes des déclarations, indéniablement pédophiles elles aussi, qui parsèment son œuvre.

Vanessa Springora

Qui ne dit mot consent… La formule rappelée dans LeConsentement mérite d’être creusée, tant elle recèle de pièges, et de faux-fuyants. C’est au nom de relations « entre adultes consentants » que le producteur de cinéma Harvey Weinstein plaide en ce moment sa (très improbable) défense. Qu’implique en effet ce mot ? Une égalité, de jugement ou de maturité, entre deux sujets ; la commune et réciproque passation d’un contrat. C’est en arguant d’un tel consentement que l’entrepreneur capitaliste, par exemple, se justifiait d’extorquer au salarié sa force de travail, ce salarié serait-il âgé de dix ans, placé dans l’enfer des mines ou des fabriques par des parents eux-mêmes réduits en esclavage. Le consentement de la misère, de la terreur ou ici de l’emprise a bon dos ! Il ne peut faire loi dans les rapports de classe, de domination, d’intimidation, de manipulation ou d’hypnose… Et ne vaut pas davantage ici, quelles que soient les vantardises de Matzneff célébrant la libération du désir de petits Philippins dont il achète l’anus pour une somme dérisoire.

Vanessa Springora a très bien documenté, en chapitres successifs, la fascination, l’emprise, la déprise, l’empreinte puis sa libération par l’écriture d’un livre. Ce monde ou cet ordre du livre figurent en effet l’alpha et l’omega de son histoire : petite, elle est élevée dans la maison d’édition de sa mère, côtoie ces dieux pour d’autres inaccessibles, les gens-de-lettres comme autant d’Olympiens. Mais cette mère est bafouée, délaissée par le père de Vanessa, lui-même grand amateur de bibliothèques strictement rangées, de restaurants hors de prix et de poupées gonflables. La carence familiale explique assez comment l’intérêt manifesté pour la fillette par un Matzneff, auréolé auprès de la mère d’un charme certain, put fonctionner comme délégation de paternité. Et puis assez vite s’appliqua, devant le couple improbable ainsi formé, la formule étourdie que Louise de Vilmorin lança en réponse à l’enquête « Que pensez-vous du mariage des prêtres ? – Oh moi vous savez, du moment qu’ils s’aiment ! »…

Un amour pouvait-il se former dans de pareilles conditions d’insurmontables inégalités ? C’est pourtant la fable à laquelle se range la mère ; et que confirme encore une pathétique rencontre de Vanessa avec un Emil Cioran bien peu perspicace ! (Mais quel philosophe, en ces années déconstructives et désirantes, était capable de faire solidement barrage ?) Un individualisme forcené, ou libertaire, présidait donc à cette fiction d’une jeune fille capable de « consentir ».

L’affaire Matzneff fait symptôme d’une autre façon, en nous montrant ce que la figure de l’écrivain supposait d’exception : celui qui écrit est nécessairement, au moins potentiellement, au-dessus des lois, comme le rappelait jeudi 2 janvier un perspicace sociologue invité au micro de Guillaume Erner. La notion même de « coupure épistémologique » forgée par Bachelard déborde ici, pour faire de l’écrivain un être qui n’endosse ni la sensibilité, ni le sens commun ordinaires, nécessairement trompeurs. L’écrivain par définition se doit de rompre, d’où le succès et la figure « exemplaire » de G.M., libertin-libertaire de droite où la gauche pouvait se reconnaître, l’homme au-dessus des lois, tenu comme le lacanien de ne pas « transiger sur son désir »…

J’ai dit combien Matzneff me semblait étranger. Je crois en effet qu’un écrivain, au rebours de cette stature soi-disant exceptionnelle, est d’abord et foncièrement un être du commun, et qui défend ce commun, ce fond de sensibilité ou ce bon sens qui n’est que trop de toutes parts attaqué, menacé, raillé. J’aime le réalisme d’Aragon et son extraordinaire, sa touchante sensibilité (qu’on peut prendre pour de la sensiblerie), j’aime chez François Jullien le retour incessant au fonds, ou au foncier, comme j’aime chez Edgar Morin l’homme précisément attentif à l’air du temps, prospecteur de cet humus qui nous relie, et fait notre humanité. Un grand écrivain en d’autres termes m’apparaît comme une force de liaison, non de déliaison ou de fracassantes ruptures.

Comment un Gabriel Matzneff fut-il possible ? C’est le livre, disais-je, qui faisait l’autorité (bien illusoire) et l’ascendant sur quelques esprits d’un tel manipulateur ; c’est une époque ou une certaine conception de la littérature qui imposa aux plateaux de télé et aux prix littéraires (Renaudot 2013 !) ce personnage que j’associerais plutôt, pour ma part, aux Bains Deligny. C’est parce qu’elle lisait Eugénie Grandet (l’ingénue grandit !) que Vanessa Springora tomba sous son emprise : le charme passait, se cristallisait, se renforçait par la stature d’écrivain du prédateur, qui attrapait ses proies par le miel ou la glu de ses livres, avant de les y emprisonner en racontant quel « exceptionnel amour » tous deux venaient de vivre… Pour le pervers narcissique fort bien illustré dans la personnalité de G.M., l’admiration portée aux livres rejaillissait sur sa personne en lui apportant des proies propices à faire de nouveaux livres, la boucle du narcissisme se trouvant bouclée, ou une spirale ainsi amorcée. C’est par un livre enfin, Le Consentement, et les pouvoirs d’une parole que l’enfant, l’infans qui bredouille encore ne saurait tenir face au beau parleur, que Vanessa quitte le rôle de victime pour prendre ici pleinement celui de sujet. Le Consentement, ce récit éprouvant propre à nourrir notre indignation, devient ainsi le livre d’une catharsis, ou d’une épreuve durement surmontée par les moyens même du livre.

Et Gabriel ? Comment va-t-il nous jouer le coup suivant ? Pouvons-nous imaginer quelle est sa figure d’octogénaire blessé aujourd’hui, foudroyé dans son image ? Ce qu’il rumine, ce qu’il enfouit ? Je vois pour lui une issue, que je lui suggère s’il lit jamais ce billet. Un grand Narcisse ne peut se refaire que publiquement, sous le regard de la foule. Puisque lui-même nous a habitués à ses prédications de croyant orthodoxe, qu’il s’empare de ce rôle en le jouant à fond, celui du grand pécheur à la Dostoïevsky, qui a beaucoup fauté mais qui (dessillé par le livre de Vanessa qu’il remercie profondément) se repend, et du fond de son abîme tourne désormais son bâton de pèlerin vers quelque ermitage où toute tentation lui sera épargnée, où il connaîtra sa misère, et l’acceptera. Un renoncement public, une contrition sincère (s’il en est capable) seraient un épilogue décent à ce destin (ce festin ?) si funeste…

38 réponses à “Matzneff, ogre rattrapé par sa proie”

  1. Avatar de Véronique Ignace
    Véronique Ignace

    Monsieur, Comment vous est il possible de poser des jugements aussi catégoriques sur un auteur dont vous n’avez pas lu un seul livre ?

    Certaines de vos affirmations ne peuvent être posées que par la justice et une expertise psychiatrique, …. ou bien par la vindicte populaire dont vous vous faites malheureusement l’écho. Dommage ! Cette histoire a beaucoup à dire et mérite un traitement bien plus approfondi et nuancé.
    Beaucoup à dire sur l’abandon de cadrage et d’autorité de tant de parents et particulièrement avec les ados. Les conséquences en sont dramatiques : sexualité toxique mais aussi et surtout drogue, déscolarisation, etc. « L’Amour ne suffit pas » de Claude Halmos
    Beaucoup à dire sur la place de la morale dans nos sociétés.
    Beaucoup à dire sur cette frontière disparue entre sexualité comme geste d’amour et pornographie. Aujourd’hui inutile de rencontrer un vieux pervers pour être traumatisé à vie. Beaucoup d’enfants le sont par la vue de scènes de hard porno. Vanessa Springora aborde maladroitement ce thème en nous disant que la sexualité d’un ado n’est pas celle d’un adulte. Expérience d’il y a trente ans ! Aujourd’hui les jeunes garçons nourris au porno dès 10 ans pour une grande partie d’entre eux, affichent des comportements sexuels très problématiques dès l’adolescence. Dans un article sur la prostitution des très jeunes femmes avec un ou plusieurs hommes d’âge mûr, (leur nombre était estimé à 10 000 en ile de France par la justice en 2016 !) l’une d’elle expliquait qu’elles préféraient l’amour avec ces vieux avec qui on ne se retrouvait pas immédiatement à devoir agir comme dans un porno, et avec le risque de retrouver notre photo sur les réseaux sociaux ou au moins regardés par tous les potes !
    Cette histoire d’il y a trente ans va permettre de mettre un cadre plus protecteur au relation d’adultes avec des adolescentes, mais elle est aussi en train de détourner l’attention des vraies et urgentes problématiques de nos jeunes d’aujourd’hui et je crains de fausser les réels dangers.
    Beaucoup à dire sur l’éphébophilie et ses déclinaisons au fil des époques.
    p.198 du « Consentement » : « Il est éphébophile, ce qu’il aime, c’est l’âge de la puberté, celui auquel il est sans doute resté bloqué lui même. Il a beau être redoutablement intelligent, son psychisme est celui d’un adolescent. Et quand il est avec des filles toutes jeunes, il se sent comme un gamin de quatorze ans lui aussi, c’est pour cette raison sans doute qu’il n’a pas conscience de faire quoi que ce soit de mal. » Tout au long de sa vie il cherchera à revoir Vanessa, ne comprenant visiblement pas ni son rejet, ni sa souffrance.
    Beaucoup à dire sur le droit d’un auteur à créer des personnages de fiction à partir de sa vie réelle. Reproche récurant de Vanessa à G. Matzzneff. Mais ne faisons nous pas tous un peu cela surtout lors de nos histoires d’amour ?

    Aujourd’hui il s’agit d’une tragédie entre deux adultes extrêmement vulnérables.
    Il ne s’agit aucunement de minimiser le comportement hors la loi et profondément nocif de cet écrivain. Mais à la lecture du livre de Vanessa S. les grandes souffrances que traverse cette jeune fille puis cette adulte nous touchent profondément, mais difficile de ne pas voir que ces deux années passées auprès de G. Matzzneff n’est pas l’unique cause de ses souffrances. Une enfance fracassée, un père qu’elle déteste tout autant que G.M. Traversant une dépression avant la rencontre, puis un épisodes psychotique un peu après, puis se choisissant comme prochain amant un toxicomane, etc. … et à 47 ans elle est loin de la maturité qui l’amènerait à comprendre ses parents, avec leur ombre et leur lumière, et à faire la paix avec eux.
    S’il est juste de s’emparer de cette histoire pour chercher à mieux protéger nos enfants, il est pour cela nécessaire d’en faire une analyse fouillée et de se méfier des généralisations et des jugements expéditifs en noir et blanc.

  2. Avatar de Veronique Ignace
    Veronique Ignace

    Au spécialiste d’Aragon,

    Je suis en possession d’une lettre inédite qu’Aragon écrivit à ma mère.
    Format A4 recto verso emplie d’une écriture serrée à l’encre bleue.
    Contenue intéressant

    Quel conseil me donneriez vous pour qu’elle fasse le plus œuvre utile ?

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci Véronique de cette ouverture, je vous réponds sur votre mail.

  3. Avatar de Julien WEINZAEPFLEN
    Julien WEINZAEPFLEN

    « Je ne connais pas littérairement Gabriel Matzneff » et « ne l’ai jamais considéré comme un auteur de valeur. » Comment pouvez-vous le déconsidérer sans le connaître?

    « Il ne fait pas bon ces jours-ci être de ses amis ; et je n’ai encore vu personne prendre sa défense. » Il y a pourtant quelqu’un, Paul-Marie Coûteaux.

    « les efforts de celui-ci pour toujours lui parler la rhétorique éculée de l’amour, que tout son comportement ouvertement démentait ». Comme s’ilexistait un amour chimiquement pur ! Je propose une hypothèse risquée par les temps qui courent : et si Gabriel Matzneff avait aimé Vanessa!

    Mais non, il ne peut pas. C’est un « ogre », un « manipulateur », un « prédateur », un « pervers narcissique ». Quand on m’expliquera ce que recouvrent ces catégories à la mode et c’est que ces bêtes-là, qui font figure de monstres à abattre par la néo-morale!

    Ce que je comprends mieux est que Matzneff ne savait pas aimer sans susciter de « l’emprise ». Une telle relation ne peut pas avoir d’avenir à long terme, ce n’en est pas moins un amour donné par celui, l’amant, qui exerce cette emprise, et éprouvé par l’aimée dans un premier temps, que celui qui exerce cette emprise vient délivrer d’autres démons, avant que cette délivrance ne devienne elle-même démoniaque pour l’aimée et que l’amour qui l’a fait naître ne devienne « toxique » (autre mot du temps !), à partir de quoi l’aimée devra suivre le chemin que vous décrivez, le chemin qu’a suivi Vanessa springora, et qui va de l’ »emprise » à la « libération » en passant par la « déprise » et en exorcisant « l’empreinte ».

    À Gabriel Matzneff « dépossédé » de Vanessa (je fais référence à un article paru ce matin dans « Libération », dans lequel une psychiatre montre que le point commun aux « féminicides » ou meurtres conjugaux, c’est qu’ils font suite à une « dépossession » de l’estime de soi, qui se fait jour dans le « prédateur » ou meurtrier après une rupture qui l’oblige à lâcher l’emprise), vous conseillez la mise au ban. Pour lui vous ne voyez pas d’autre salut que l’ostracisme. Je ne pourrai jamais vous suivre à cause d’un tel conseil qui me semble une tartuferie. Car tout homme doit connaître une réhabilitation au-delà de la réhabilitation morale. C’est aussi en cela que consiste le salut. Le salut est une justification en dieu, une réhabilitation ontologique. Gabriel Matzneff est de mon avis, qui présente comme moi le christianisme comme un amoralisme, comme un affranchissement de la loi au profit d’une union, dans l’Esprit, au Père par son fils. Mais cela échappe au psychanalyste, qui pense en fonction de la loi, ce qui vous fait dire par exemple que le consentement est hors la loi de l’amour, car il suppose une union contractuelle qui ne vous dérange pas, qui doit comporter une égalité entre les parties, qui n’existe pas dans l’amour, car l’amour échappe à l’arithmétique, il ne résout pas une équation, encore moins celle de l’égalité qui n’existe pas dans la nature, l’inégalité serait-elle sublimée par le renoncement (malheureusement forcément temporaire) du plus fort au rapport de force, la vie étant un rapport de force en dépit qu’on en ait.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je fais une réponse groupée aux deux commentaires de Julien et Véronique, où je trouve plusieurs confusions qui me choquent. Tout d’abord oui, ou plutôt non, je n’ai pas lu Matzneff, et j’en fais l’aveu tranquillement. Car je l’ai vu et longuement entendu à la télévision, et je lui ai serré la main en passant. Son cas m’intéresse aujourd’hui car il dépasse sa personne, nous sommes tous concernés, voire complices si je songe au climat de laxisme de ces années, vigoureusement dénoncé à Apostrophes par Denise Bombardier (qui était alors bien la seule !).
      Je ne crois pas « hurler avec les loups », ou la meute des moralistes tonitruants ; dans deux billets précédents, j’ai pris position pour nuancer les accusations portées par Adèle Haenel, puis soutenir Polanski. Passons, en nous gardant d’envenimer ou de personnaliser un débat profond, et nécessaire.
      Ma question rédigeant ce dernier billet est : comment un Matzneff at-t-il été rendu possible ? Comment mieux protéger nos enfants ? Et comment « l’ordre du livre » a-t-il à la fois précipité le malheur de Vanessa, et l’a ultimement sauvée ou rendue à elle-même.
      Je ne crois pas, Philippe, avoir fermé à GM toutes les issues, je lui fais au contraire in fine la suggestion d’une conversion christique à la repentance, publique puisque cela peut-être sera compatible avec son narcissisme. Quant aux considérations théologiques que vous semblez partager avec lui, je les connais mal et vous les laisse, elles ne sauraient servir ici de couverture.
      Mes trois questions supra ne sont pas vaines, et je crois que vous pouvez les partager. Il faut pour fouiller un peu la première en revenir au jeu des plateaux littéraires, à la sacralisation de l’écrivain, ou du moins à sa mise sur un piédestal où, devenu élite, il échapperait aux jugements ordinaires autant qu’aux lois. Je proteste contre ce statut d’exception, j’affirme que ses crimes, s’il en commet, tombent sous le coup des lois : contestez-vous ce point ?
      Deuxièmement, comment protéger l’enfant ? Car de tous côtés il est en danger : il suffit de songer à la mauvaise nourriture (ces caddies remplis de sucre et de junk-food aux super-marchés), à la pornographie devenue si facile d’accès, et si ravageuse sur les jeunes consciences ; de plus nos enfants grandissent dans un monde écologiquement dégradé, et que les adultes ne semblent pas capables de réparer, ils peuvent faire la rencontre de divers prédateurs, pédophiles, vendeurs de drogue etc. Enfin et surtout, la famille moderne n’est pas toujours une protection avec ses taux de divorce, de féminicides ou de mauvais traitements conjugaux. Et Vanessa en a fait doublement l’expérience : cadre familial à vau-l’eau, rencontre (d’abord perçue comme réparatrice) d’un sournois prédateur.
      Ces termes Philippe de prédateur, d’ogre, de manipulateur ou de pervers narcissique, vous choquent ? Trouvez-en d’autres pour décrire les agissements de notre héros, sans se voiler la face.
      Sur le pervers narcissique, puisque vous me posez la question (et puisque GM en est à mes yeux l’incarnation « exemplaire »), je vous répondrai ceci : c’est un homme qui n’a jamais tort, et refusera de s’excuser comme de se repentir, un individu au-dessus des lois. Qui non seulement prend librement son plaisir, en renversant les barrières de la décence ou du bon sens ordinaire, mais qui jouit en plus de cette transgression : voyant brandi par d’autres le glaive de la justice, il s’en empare pour en jouer comme avec l’épée de carton d’un enfant, cela n’est pas fait pour lui, pas plus que ces agissements ne font mal, ni ne blessent l’autre. Absence de culpabilité, absence de responsabilité et de sens d’une minimale communauté : les jeux de GM à la porte de son studio avec une police (bien peu inquisitive) venue l’interroger, sont à cet égard parlants. Et l’hypothèse (avancée dans le livre) que lui-même aurait pu envoyer à cette même police les lettres qui le dénonçaient me semble très suggestive, ou conforme au personnage.
      Mais, dites-vous, GM aimait Vanessa ? Oui peut-être, si c’est sa façon d’aimer : en la trompant ouvertement, en lui débitant des fadaises, en la mettant sous contrôle, ou « emprise » justement. On fait tant de mal par amour (y compris les féminicides) que ce mot ici avancé n’est pas un argument, il faut un peu analyser cet « amour », comprendre de quoi il est constitué. Il suffisait de voir et d’entendre GM chez Pivot pour comprendre que ce dandy n’a jamais aimé que lui-même ! Cela sautait aux yeux (aux miens, du moins).
      Bien sûr que la vie est un rapport de force ! Mais l’amour, qui corrige parfois celle-ci, met en rapport deux faiblesses, et se nourrit d’une commune vulnérabilité. Le moment (si fugitif), où GM a touché Vanessa, c’est quand celle-ci lui pose la question, longtemps retenue, de savoir si lui-même n ‘aurait pas autour de treize ans été victime d’une même séduction précoce, question pertinente à laquelle il semble acquiescer. Mais il se garde d’y répondre trop longuement, et nous n’apprendrons rien de sa propre histoire.
      L’amour ne peut exister dans de telles conditions (écart des âges, passion collectionneuse de GM, et sa faim de chair fraîche). C’est pourquoi le mot de Cioran rapporté par Vanessa me semble tellement choquant : avoir cette réputation de pessimiste radical, faire profession dans le nihilisme, et analyser si mal les sentiments ! Cioran, comme beaucoup d’autres, est un daltonien de l’amour, il confond tout.
      Le B-A BA de l’amour, s’il faut en revenir aux bases ou aux évidences, c’est la réciprocité. Qui implique une relative transparence, de la franchise, une estime mutuelle fondée moins sur la beauté physique des partenaires que sur leur valeur morale, et sur ce qu’ils se montrent capables d’accomplir ensemble (pas seulement « faire l’amour » !). Que faisaient ensemble le « couple Vanessa-Gabriel » ? En quoi remplissait-il ces élémentaires conditions ?
      Je ne juge pas ni ne tranche depuis un trône d’autorité (dont vous m’accusez) en rappelant ces évidences, j’énonce des conditions de base à l’emploi de certains mots, amour, narcissisme, crime, etc. Matzneff a fait figure et illusion dans le monde en y promenant son dandysme de prédateur ludique, en clamant son émerveillement pour ces jeunes filles (et jeunes garçons) toujours renouvelés, en nous incitant à goûter à notre tour à cette fraicheur, à cette enivrante liberté. Le livre de Vanessa nous montre l’envers de ce décor frivole, et elle y analyse il me semble plutôt bien les raisons (familiales) de tomber dans ce piège, sa souffrance d’y demeurer si longtemps engluée, puis le chemin de sa libération. Comment ne pas la suivre ? Et quoi sauver ou excuser dans le comportement et les moeurs de son détestable « amant » ?

  4. Avatar de Philippe
    Philippe

    Je remercie Véronique et Julien pour leurs deux beaux commentaires qui montrent un refus du jugement abrupt que je partage.
    Tant de commentateurs, célèbres ou anonymes, se sentent convoqués à émettre un avis trop souvent de circonstance.
    Et il m’a fallu attendre ces deux commentaires.
    Ma patience a été récompensée.
    Merci.

  5. Avatar de Perversions narcissiques et psychopathies
    Perversions narcissiques et psychopathies

    Merci pour cet article qui fait preuve d’une perspicacité et d’un discernement qui manque malheureusement à certains.
    Au delà de vos judicieuses remarques (oui les pédophiles peuvent être considérés comme l’un des archétypes – au même titre que les gourous de sectes – du pervers narcissique), il est patent de constater à quel point de telles personnalités peuvent être clivantes : entre d’une part, celles et ceux qui perçoivent la souffrance des proies de tels prédateurs et qui compatissent avec elles, et d’autre part, celles et ceux qui excusent les comportements du prédateur en légitimant ses actes par des ratiocinations que je n’ose même pas qualifier.
    En effet, une société est dite civilisée lorsqu’elle est en capacité de protéger les plus faibles de ces membres. Or, une société qui trouve des excuses à des actes de prédation ne peut être que qualifiée de barbare. C’est la raison pour laquelle j’approuve sans détour la citation de N. Mandela pour qui : « Il ne peut y avoir plus vive révélation de l’âme d’une société que la manière dont elle traite ses enfants. » Et une société qui livre en pâture ses enfants à des prédateurs sexuels en contournant les lois de la dite société prises pour la protection de ses enfants ne peut qu’être qualifiée de perverse et de barbare.
    C’est malheureusement le triste constat que nous pouvons actuellement poser sur l’état de notre société actuelle. En ce sens, l’affaire G. Matzneff est une apocalypse (au sens étymologique du terme).

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Entièrement d’accord avec vous, je viens de rédiger une « réponse » qui recoupe votre commentaire : mes trois assaillants m’ont surpris (je ne vois pas comment défendre GM, il est urgent en revanche de défendre nos enfants !), vous êtes le premier à me soutenir, c’est réconfortant au vu de l’état, en effet déplorable, de notre monde !

  6. Avatar de Julien WEINZAEPFLEN
    Julien WEINZAEPFLEN

    Merci Philippe de ce que vous dites de mon commentaire et de celui de Véronique, il est très difficile de ne pas attaquer unilatéralement Matzneff au moment où hurle la meute, l’ayant choisi pour bouc émissaire alors que personne n’a déposé de plainte contre lui, mais on préfère défendre le fugitif Polanski, ouvertement accusé de plusieurs viols et qui n’a pas eu la sincérité de confesser ses agissements comme Matzneff, mais continue de pontifier dans des films comme son récent « J’accuse ».

    Avant de vous répondre sur quelques points, cher Daniel bougnoux, je prétends prouver que vous affirmez ne pas juger depuis un trône d’autorité alors que, sans connaître Matzneffautrement que pour l’avoir regardé à la télévision et lui avoir serré la main, vous écrivez: « Il suffisait de voir et d’entendre GM chez Pivot pour comprendre que ce dandy n’a jamais aimé que lui-même ! Cela sautait aux yeux (aux miens, du moins). » Est-ce là le sérieux de l’analyste?Ne reproduisez-vous pas malgré vous une généralisation abusivetelle que dénoncée par Véronique dans son commentaire?

    vous affirmez que l’amour suppose transparence et réciprocité. Dans l’idéal, oui et certes, il vise à y atteindre. Que c’est la cessation du rapport de force pour faire se rencontrer deux faiblesses et deux vulnérabilités. Dans la poésie, certainement. Qu’il ne saurait y avoir d’amour qu’exclusifet probablement fidèle. Préjugé judéo-chrétien certes inscrit dans le décalogue, mais pratiqué souplement par les patriarches de l’ancien Testament et qui ne correspond pas à la nature polypartenarial de l’homme et de la femme, qui ne se sont jamais contentés, quelle que soit leur vertu, d’aimer unseul être, même si c’est ce qu’ilssouhaitent du plus profond de leur coeur.

    La perversion narcissique telle que vous la décrivez, qui peut aussi être dépeinte comme l’insensibilité à la douleur de l’autre, relève d’une fragilité, car il n’est pas facile, non de reconnaître à part soi qu’on a eu tort, mais de faire étalage de cette reconnaissance en s’excusant, car ceux à qui vous l’aurez confessée publiquement pourraient bien en abuser en en profitant pour vous marcher dessus. Je parle depuis ma propre fragilité et ai souvent été accusé de ne jamais accepter d’avoir tort. Or je connais peu d’êtres aussi peu persuadés d’avoir raison que moi. Qui me connaît finit par s’en apercevoir. Mais je cache cela sous un vernis de certitude qui ne demande qu’à craquer. Or on a souvent profiter de ce que mon vernis craquait pour m’attaquer au point sensible.

    De même, quand vous déplorez que Matzneff ne s’attarde pas à répondre à Vanessa Springora sur un éventuel abus sexuel dont il aurait été victime, autre temps, autres mœurs. Je suppose que Matzneff, qui se pique d’aristocratisme, ne veut pas abonder dans le pathos qui caractérise notre époque et notre société où beaucoup, après que la psychanalyse leur a appris à déshonorer leurs parents et à ne pas les comprendre, construisent leur vie sur un statu de victime, où tous leurs malheurs viennent d’un traumatisme originel perpétré par un seul coupable. Freud, qui nous apourtant appris « l’ambivalence des sentiments », ne nous a pas appris à sortir du manichéisme.

    Je ne crois pas que Matzneff jouisse de ses transgressions. La preuve, c’est qu’il écrit à Marie-Agnès, une de ses amantes, dans « Les nouveaux émiles de Gab la rafale », qu’il espère que Dieu lui pardonnera, car [il s’est] tellement mal conduit. Sauf à le soupçonner a priori de pause, je trouve cela aussi beau que la dédicace que Francis Poulenc écrit en exergue du « Dialogue des carmélites », où il espère que cette œuvre le rachètera d’aller en enfer, puisqu’il ne peut pas faire l’économie du purgatoire étant donné son inconduite.

    En revanche, là où je reconnais un trait de perversion narcissique dans Matzneff, c’est dans l’exemple que vous citez, où l’homme poursuivi par la brigade des mineurs se met en position d’inverser les rôles. J’ai rencontré le même trait chez quelqu’un que je connais, qui a trompé un psychiatre d’une manière approchante; on le retrouve encore dans le père de Christine Angot sous la plume de sa fille, quand elle note combien jalousement il « connaissait les codes de l’hôte et de l’invité ». Il commettait des transgressions majeures, mais tait incollable sur des points mineurs de savoir-vivre.

    Je ne suis pas choqué que l’on parle de perversion narcissique. Mais je trouve que cette manière de caractériser nos semblables est très clinique et ne jouit pas de la patine du temps pour entrer dans les catégories descriptives du moraliste, qui gagnerait à parler sans user de vocables psychologisants.

    Vous demandez comment un Matzneff a été possible dans le champ littéraire. Matzneff semble moins le produit du miliieu germano-pratin d’après 68 (il n’en a guère les idées même s’il en a connu tous les acteurs, et et ferait plutôt figure d’anar de droite) qu’il ne me paraît le continuateur d’un gide en beaucoup moins pervers. Gide voilait tout d’un manteau de cautèle. Matzneff révèle tout. Je crois même que, sans justifier ses inclinations, il a fait le pari de ne pas ajouter l’opprobre à la transgression pour ne pas ajouter du malheur au malheur. Il a voulu être sincère et verbaliser l’improbable de relations peut-être sordides et sortant des voies communes, comme toutes les passions sortent du prescrit et s’éteindraient souvent d’elles-mêmes si elles n’étaient pas entourées de la barrière de l’interdit qui les rend désirables, voire qui nous fait croire au moment où elles sont les plus fortes que nous pourrions mourir de ne pas les assouvir. Ces passions sont nos légendes de lamour.

    Vous demandez comment protéger nos enfant avantd’énumérer quantité de cas dans lesquels, au quotidien, nous sommes loin de les protéger. J’ai la faiblesse de croire que le laxisme constitue une meilleure protection que la moraline, surtout quand celle-ci est produite par les post-soixante-huitards qui, saturés de liberté, veulent en dégoûter les autres et les font vivre dans une exaspération normative qui s’exerce sur tous les actes de leur vie. Quel retour de bâton, de balancier ou du refoulé de la liberté qui fait peur à ceux qui l’ont ocnquise et gardée pour eux! Des enfants avec lesquels on chercherait à vivre le mieux possible et à qui on ne cacherait pas qu’on n’est pas Jupiter et qu’on a des doutes, tomberaient de moins haut quand nous les décevons, et nous tomberions de moins haut en ne leur infligeant pas l’impossible charge mentale et obligation morale de ne pas nous décevoir. Le laxisme et même la transgression permettent cette modestie quand les transgresseurs ne prétendent pas avoir agi en conséquence. Ce n’est certes pas le cas des post-soixante-huitard qui estiment qu’ils ont eu tout bon en tous points, et ce n’est pas non plus le cas des parents qui expliquent à leurs enfants en divorçant qu’il leur faut accepter que papa et maman refassent leur vie et que tout ça n’a pas d’importance puisqu’ils les aiment et que ça ne changera jamais.

    Je termine en répondant de mon point de vue à une question que vous abordez dans votre article et sur laquelle vous revenez dans votre réponse. L’écrivain est-il au-dessus des lois ? Judiciarrement, non, mais littérairement, je crois que oui. Gilles Deleuze disait qu’on écrivait pour sortir du rang des criminels. J’ajouterais « au risque d’inciter au crime », combien nombreux sont en effet les crimes des idéologues. Vous postulez que l’écrivain est un agent de liaison. Cela est-il possible sans écart esthétique ? Que nous révèlerait un écrivain qui n’exalterait que le bon sens et ne dirait de nous que le commun? On peut contester la notion d’avant-garde, mais l’écrivain m’y semble placé du fait qu’il explore mieux que nous ses états d’âme pour nous aider à mieux découvrir les nôtres. S’il ne nous les révélait pas, nous ne le lirions pas.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Monsieur, Le désaccord entre nous est trop grand, et votre « commentaire » trop compliqué pour que je le reprenne point par point. J’en relèverai un seul, le dernier : je maintiens que l’écrivain a plus de valeur en se réclamant « du commun » que d’une élitiste avant-garde, c’est du moins ceux que je préfère. Camus avait exprimé cette idée dans son Discours de Stockholm (1957), disant écrire « non pour refaire le monde, mais pour empêcher le monde de se défaire »; et Sartre à la fin des Mots (1964) au fond le recoupe : « un homme qui ressemble à tous les hommes, et que vaut n’importe qui » (je cite approximativement, n’ayant pas ici le livre).
      Donc, abrégeons. Une seule question résume notre querelle, et je vous prie d’y répondre : si vous aviez une fille ou une petite-fille de 14-15 ans, aimeriez-vous qu’elle fasse la rencontre d’un Matzneff, et connaisse le « parcours » qui fut celui de Vanessa ?

  7. Avatar de W.Jaroga
    W.Jaroga

    Bonsoir!

    J’en étais sûr, je sentais que notre cher randonneur allait sauter sur l’affaire, palsambleu! Ecce homo. Et les commentaires de tomber à foison sur le blogue de Monsieur Bougnoux, notre professeur.
    Que peut-on en dire, braves gens? De la ferme, du prieuré ou de l’abbaye, que vous raconter en sortant des sentiers battus? Si vous acceptez qu’ils bifurquent un tant soit peu, je vous dirai deux ou trois petites choses que m’inspirent ces regards sur le monde actuel.
    Je me souviens grâce à quelques notes griffonnées sur un bout de papier conservé dans un meuble au grenier, de l’émission « Radioscopie » de Jacques Chancel.
    Il parlait dans le petit poste et c’était le vingt et un décembre mil neuf cent quatre-vingt-un. L’ami de Bernard Volker nous disait qu’il n’avait ni voiture ni télévision.
    Peut-être l’auditeur a-t-il réfléchi le mot « libertin »…Au point d’acquérir quelques années plus tard le numéro 5 de « L’Infini » dirigé par un autre intellectuel à la peau fine…. Il y a dans ledit numéro un article de Julia Kristeva, intitulé « Evénement et révélation » L’apocalypse ou son élaboration étant pour elle le jeu – frontière entre corps et sens, sujet et objet. Les spirituels sont des jouisseurs, écrit au chapitre de « l’abjection »de « La luxure et la mort », Albert Caraco. Soit! Mais un ange peut faire la bête et la bête ne fera jamais l’ange.
    Je me souviens d’un mot d’un écrivain habitant dans un presbytère et nommé en ce billet. Il me parlait de ses limbes non point celles du Pacifique mais celles de sa vie quotidienne souffrante…Il m’avait invité dans son ermitage et n’y suis point allé.
    L’expérience du corps dans la nature et le social est une aventure de pensée et une pensée de l’aventure. Et c’est bien parce que l’on y trouve quelque chose que l’on va vers le livre et non le contraire.
    Peut- être serait-on bien inspiré de soigner nos relations…Il en est de mathématiques régnant sur le réel, à des parsecs des plateaux de télévision où la présentation et la vente des livres sont aussi partie prenante d’un niveau de réalité avec lequel on fait comme on peut.
    On pourrait peut-être élever le débat…Juste un peu dans une certaine idée du temps qui a voix au dernier chapitre de « La tyrannie du plaisir »
    (L’auteur s’est plu, un jour, avec un ami commun, cher Daniel, à aller à la rencontre – comme votre serviteur en juin deux mille dix – d’un bénédictin du côté de l’abbaye d’En Calcat.)
    Et à la fin du chapitre, il posait la question:
    Cette flèche du temps se brisera-t-elle pour de bon?
    Si loin des fatalités « naturelles » du retour au temps circulaire, peut-être pourrait-on, comme l’écrit parfaitement Etienne Barilier, cité par l’auteur de « La tyrannie du plaisir », orienté par un sens supérieur, tenter une aventure sensée de l’âme dans le monde…
    Par les temps qui courent, pour l’homme de la rue, pour les oubliés de l’intérieur des terres, ça veut dire quoi, cette belle et judicieuse référence?
    Des mots, rien que des mots de bâtisseurs de livres qui, pour l’heure, n’ont pas encore produit « leurs preuves » de maçons des cathédrales de l’Être et du tracé du destin de l’espèce…
    Vers quelle parole libératrice, vers quelle merveilleuse contrée s’achemine désormais notre humanité avec et sans diable dans le bénitier?

    Bien à vous tous et surtout bonne année deux mille vingt.

    Walther

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui cher Walther, bonne année à vous et à vos trois amis, Michel, Roxane et Jacques, qui mieux que la Trinité composent avec vous ce carré d’as ! Je ne trouve pas que les commentaires se bousculent à l’occasion de ce billet, la plupart défendent GM, ce qui vraiment me surprend. Je m’attendais à une réaction de votre part sur votre cher Gaston et sa « coupure épistémologique », qui a beaucoup compté je crois pour sacraliser le rôle du chercheur, donc aussi de l’écrivain. Et je n’évoque pas sans stupeur les années soixante-dix, et Apostrophes, et cette tolérance d’un libertinage confondu avec la liberté : quelle époque ! Dont nous sommes sortis, et dont GM aujourd’hui paye la facture. A juste titre il me semble.

  8. Avatar de Julien WEINZAEPFLEN
    Julien WEINZAEPFLEN

    Cher M. Bougnoux,

    Non, je n’aimerais pas, je ne la précipiterais certainement pas dans les bras d’un tel homme, j’essaierais de l’en dissuader, mais je ne serais pas à même de l’en empêcher.

  9. Avatar de Roxane
    Roxane

    Bonsoir!

    Ce n’est pas qu’une bonne question, Monsieur Bougnoux, c’est la question.
    Une question qui nous est posée à chacun de nous, à notre conscience avec l’impérieuse nécessité d’y apporter une réponse.
    Il y a, bien sûr, une réponse évidente, instinctive qui tombe sous le sens et que nous partageons tous, quand il s’agit de protéger et de défendre une enfant.
    Me permettrez-vous de rouvrir une belle et bonne revue dirigée par un ami de longue date? Le titre du numéro choisi de la revue est « Éros aujourd’hui ».
    Je lis ces mots d’un maître de conférences à Sciences-Po :

    « Être savant, cultivé, érudit, voilà qui est admirable et peut-être même souhaitable. Mais insuffisant. Que manque-t-il? De l’aisance à l’égard de sa propre intériorité. Une maîtrise décontractée de ses pulsions intimes(…)
    Il faut savoir être mal élevé. c’est peut-être à ceci que se teste une bonne éducation.
    Car l’éducation n’est pas un conditionnement et n’a pas à produire des enfants de chœur. Elle ne doit produire que de la liberté y compris celle de choisir d’être un enfant de chœur. (…) Une éducation où la sensibilité érotique n’aurait pas sa place qui lui revient ne serait pas une réussite ».

    En ce même numéro, entre les bancs de l’école et Madeleine mise à nu, Monsieur le Directeur a pris la plume. Et voici ce qu’il nous dit, en bon matiériste, dans son costume de médiologue :

    « La pédophilie par exemple, gentille excentricité littéraire en 1970, est devenue l’abjection impardonnable de 2010 (…) Les larmes d’Éros devant le porno sont à mes yeux celles d’une civilisation menacée dans ses fondements spirituels les plus intimes, par l’irrésistible et impudique assaut des corps audiovisuels »

    Et c’est une autre « Radioscopie » de l’inconscient collectif que nous livrent, en tel numéro, les critère de l’interdit, qui évoluent, dit-on, avec le temps jusqu’à se contredire.
    Des larmes au armes, on apprend que l’érotisme n’est pas la pulsion sexuelle, mais sa conversion en imaginaire : c’est un jeu avec et sur les représentations.

    Albert Camus mentionné en ce billet disait de la vie sexuelle qu’elle a été donnée à l’homme pour le détourner peut-être de sa vraie voie…
    On aimerait avec Edgar Morin que la classe enseignante missionnaire, éclaireuse …et l’intelligentsia nous montrent la voie d’une véritable éducation, celle du Nouvel Emile, par exemple…Pourquoi pas?
    Dans le boudoir de mon ancien prieuré, il y a un livre qui porte ce titre :
    « Les liaisons dangereuses » où un vicomte voit à travers la serrure sa proie « adorable », Mme de Tourvel.
    Si vous aimez les anagrammes renversantes, sachez que « Les liaisons dangereuses sont les « ailes sanguines d’Éros » et « Marie de Tourvel » est « vérité de l’amour ».
    Du haut de ma tour surplombant la vallée lorraine, je ne vois rien venir pour sauver notre enfance, celle qui ne regarde et ne lit point un album des contes merveilleux de Charles Perrault et que l’adulte entraîne sans réfléchir vers l’enfer des tablettes.
    Si, si, au loin je vois comme une poussière…

    Roxane

  10. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonjour!

    Ah mon Dieu, quelle affaire!
    Je viens de lire les commentaires de ce billet important…Mais, bonnes gens, je ne suis pas dans la vision de Lyncée de Roxane, la Lorraine, et je suis bien incapable de distinguer les cavaliers qui semblent s’approcher du prieuré de Madame.
    Il y a certes de la liberté dans l’air et aussi de la morale qui n’est pas moraline.
    Plus d’un sans doute, admirateur de Louis Aragon sait faire la différence quand différance se pose et s’impose…
    Oui, Monsieur Bougnoux, je suis moi aussi surpris par cette non référence à Gaston Bachelard dans le commentaire de Walther.
    Puis-je essayer de combler cette lacune?
    Coupure épistémologique, dites -vous? Dans un n°de Médium consacré aux ruptures techniques et à la continuité culturelle, force est d’observer l’absence du grand penseur dans les « Viscosités pragmatiques » où son ancrage eût été possible.
    Voici un passage de « La dialectique de la durée  » :

    « L’ensemble commande les parties. La cohérence rationnelle donne une cohésion
    au développement. Par exemple, un long discours se soutiendra par la cohérence
    rationnelle de ses repères bien ordonnés. »

    Dans la troisième partie d’un thèse consacrée au pluralisme cohérent de la philosophie de Gaston Bachelard, l’auteur, M. Julien Lamy, traite des voies de la vie bonne :

    « Toujours est-il qu’en parallèle d’une éthique normative, comme celle qu’il défend de manière caractéristique, voire dogmatique, dans le cadre régional de l’apprentissage des normes et des méthodes de la connaissance objective, nous montrerons la philosophie bachelardienne contient également les germes d’une éthique incitative, dans le sens de l’accomplissement de soi et de la majoration de l’existence, une éthique que l’on pourrait également considérer comme « inductive », selon une formule courante chez Bachelard, ou encore comme « possibiliste ». Dans cette perspective, nous prendrons le parti de considérer que l’éthique du rapport à soi impliquée par les analyses bachelardiennes consacrées au sujet pensant et au sujet rêvant n’exclue pas, et n’occulte en aucune façon, la considération d’autrui, dont nombre de penseurs font le seul lieu authentique de la morale.
    Selon nous, on peut considérer le rapport à soi et le rapport à autrui comme logiquement indépendants, comme deux modalités éthiques qui sont à déployer de manière parallèle et articulée, mais qui peuvent obéir à des logiques différentes, sans pour autant se contredire ou s’exclure. Pour reprendre une terminologie courante, on pourrait considérer que l’éthique peut être maximaliste dans le cadre du rapport à soi, sans pour autant être paternaliste dans le cadre du rapport aux autres, et donc s’adresser à eux sur le mode de l’exhortation plus que de l’injonction, à condition qu’elle soit incitative et non prescriptive.
    On doit sur ce point envisager un rôle inducteur de l’exemple dans la communication ou intersubjectivité morale. Inversement, l’éthique peut être minimaliste et normative pour régler le rapport à autrui, avec par exemple le principe de non nuisance, sans pour autant interdire à chacun de chercher à se réaliser personnellement en tant que sujet caractérisé par des possibilités de vie propres et une puissance d’exister singulière. Ainsi, il faudrait renoncer à l’idéal classique d’unité de la vie morale, et à l’exigence que l’agir de l’individu soit réglé de manière homogène par un seul style de vie éthique. C’est l’un des enjeux du pluralisme éthique interne, qui fait écho au pluralisme psychique et métaphysique ».(Fin de citation)

    Dans le temps retrouvé et fabuleux des enfants rêveurs, un mot dit « entrebâillé » peut faire ressentir…Tel ce bénitier à la fin du commentaire de Walther et à la page 119 de « La poétique de l’espace ». Quant au diable, mon bon Seigneur, n’est-il pas dans le mépris des détails?
    Bonne nuit.

    Jacques

  11. Avatar de W.Jaroga
    W.Jaroga

    Une abréviation pour une question.
    Vous avez raison, Monsieur Bougnoux, vouloir démontrer la vie bonne par un passage d’une thèse, c’est un peu aller vite en besogne ou comme ont dit par là, « couper au court », la citation fût-elle très longue…Ce soir, en regardant une émission sur une chaîne nationale de télévision, je n’ai pu m’empêcher de penser à un chapitre de votre livre, qui nous met « tous en scènes »avec un point d’interrogation.
    Peut-être devrait-on parler d’obscénité démocratique, qui sait!
    Le propos recherché de l’abbaye me laisse sur ma faim…
    On eût aimé une réponse ou une suite qui sent l’odeur de la terre, celle d’un radis éclairé par sadir, si loin des développements poussés et en mesure de nous faire humer ses exhalaisons.
    A la page cité du livre de Gaston Bachelard, il faut atteler deux chevaux pour faire bâiller le Grand Bénitier…Détail? peut-être…
    Au jardin d’enfant de ce livre, le détail d’une chose est le signe d’un monde nouveau, contenant les attributs de la grandeur.
    Comment comprendre cette chose-là, « Sans prendre garde que l’archè, ou le principe des choses, qui s’exhibe à l’aurore, ne signale pas le révolu, mais le sous-jacent »?(Régis Debray, Le feu sacré, page 95)
    « Archaïque (…) Non le dépassé mais le substrat; non le désuet mais le profond; non le périmé mais le refoulé » (Régis Debray, Critique de la raison politique, page 451)
    A quelques petits détails près, nous retrouvons la première citation dans la revue « Médium », n° 5, page 18 et dans le n° 35, page 175.
    Une exactitude pour chasser tous les diables, à l’eau d’une claire fontaine.
    Bonne nuit à tous et bon réveil naturel, le réveil dans la nature.

    Jaroga

  12. Avatar de Spartacus
    Spartacus

    Bonjour,je suis assez surpris de lire cette cette question :
    « Donc, abrégeons. Une seule question résume notre querelle, et je vous prie d’y répondre : si vous aviez une fille ou une petite-fille de 14-15 ans, aimeriez-vous qu’elle fasse la rencontre d’un Matzneff, et connaisse le « parcours » qui fut celui de Vanessa ? »
    tellement entendue dans les cafés du commerce et se voulant quasi définitive et seule valable.
    Comme si la seule question n ‘était pas justement : doit on imposer notre vision de la sexualité, de l’amour à quiconque.
    laissons ,je parle pour cet âge incertain de 15 ans ,les amours se vivre
    Et que l’adulte se retournant des décennies après sur les liaisons passées rejette et critique et ses pensées, et des actes et ceux de l’autre ne peut assurément compter pour vérité absolue.
    Tout comme aussi le souvenir sur ce qui fut est lumineux.
    Emprise !! mais quelles amours en sont exemptes ?
    le crime pédophile,les viols sont à condamner en justice.
    Régler l’amour à 15 ans: belle gageure !!
    Combien d’amours vraies vont se cogner sur cette affaire Matzneff !
    Et si un adulte n’avait eu « que » 30 ans ?
    ou 22 ou 27 ou combien au juste .
    Dites moi l’âge autorisé,l’âge où l’on sait être sans emprise en amour .
    vous ferez ou des innoncents ou de coupables d’amour par milliers .

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je croyais sur ce blog, vaillant Spartacus, élever le débat un peu au-dessus du café du Commerce – comme on se trompe ! Tout de même, je vous répondrai dans le proche billet que votre « commentaire », passablement embrouillé, m’incite à ajouter comme une mise au point.

  13. Avatar de Los
    Los

    Il y a un reportage sur Arte sur la pédophilie de l’église catholique qui explique assez bien pourquoi le scandale n’éclate que aujourd’hui: Il nous a fallu du temps pour accepter qu’un enfant a potentiellement autant, voir plus de valeur qu’un adulte.
    Dans tout ce que j’ai lu sur le sujet cet après midi, ce qui me choque le plus c’est la violence des réactions par rapport à l’intervention en 1980 sur Apostrophe de Denise Bombardier. La réponse de G.M. montre qu’il était convaincu de faire le bien, choqué même qu’on puisse lui faire une critique, alors même qu’il enfreignait la loi. Aujourd’hui cette émission est parait surréaliste.
    Dans le même registre, il y a l’amant de M. Duras, l’amour au temps de choléras de G. Marquez, Lolita de Nabokov, la aussi pédophilies … mais en lisant ces oeuvres, j’ai l’impression qu’elles décrivent une relation « équilibrée » entre l’enfant et l’adulte, en tout cas pas moins que si celle-ci l’avait été entre deux adultes.
    Il y a tellement de cas différents où un comportement donné génère, ou pas, une blessure, qu’il me parait difficile de prendre une position de principe.
    Cela dit, à entendre les extrait d’apostrophe, j’imagine que si G.M. avait alors parlé d’une de mes filles j’aurai eu beaucoup de mal à ne pas lui en « coller » une pour citer Sollers à propos de D. Bombardier! La justice Francaise a, il me semble, dans ce cas suffisement d’élément pour prendre position? Pourquoi ne le ferait-elle pas?

  14. Avatar de Tristou
    Tristou

    Mon commentaire
    J’ai vu l’émission de Pivot. J’avais une boussole très simple (je l’ai toujours) qui me dit que la pédophilie c’est dégueulasse; j’ai donc été et je suis à 100% pour Denise Bombardier.
    Par contre beaucoup de gens naviguent à vue, avec le vent: ils furent tolérants; ils sont aujourd’hui sévères.
    Les sévères sont en général psycho-juridiques: la pédophilie détruit le psychisme de l’enfant; il faut des lois qui le protègent. Les sévères ne veulent pas de morale. Il veulent de la psychologie et du droit. À leur façon, il ressemblent à leurs aînés tolérants. Ceux-ci non plus ne voulaient pas de morale et faisaient de la psychologie, de la psychanalyse, de la philosophie, ou de la littérature pour justifier plus ou moins la pédophilie; ils faisaient aussi du droit pour qu’elle soit permise.
    Ceux qui s’allient aujourd’hui pour défendre l’être humain – l’enfant notamment – n’ont pas forcément les mêmes boussoles, même quand celles-ci leur montrent la même direction. C’est ainsi. On a les alliés qu’on peut.
    L’être humain? Qui est-ce? La question reste entière. Les alliés d’aujourd’hui seront-ils les ennemis de demain?

  15. Avatar de jfsadys
    jfsadys

    Le consentement mutuel est trop souvent le consentement obtenu par le plus fort sur le plus faible.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Sans doute, et je ne dis pas autre chose : quand Harvey Veinstein parle pour sa défense de relations sexuelles « entre adultes consentants », cela s’applique dans son esprit à celles du tout-puissant producteur avec la starlette débutante…

  16. Avatar de Roxane
    Roxane

    Il y a t-il un âge « pivot » où l’on est sans chaînes, mon bon Monsieur Spartacus?
    Le dedans ne se manifeste qu’au dehors et, peut-être devons-nous nous résoudre à une théorie du sens dessous dessus.
    Une petite jeune fille de treize ans qui n’a pas lu René Girard peut néanmoins comprendre certaines choses et comprendre, c’est mieux aimer.
    Un jour de deux mille deux, Monsieur Pivot dont il est question dans ce billet, à la Cité des sciences et de l’industrie de la Villette, déclarait ex cathedra :

    « Et pourquoi, demain, la mine pâlotte, m’abîmerai-je dans les réflexions amères d’un billettiste lugubre?
    Suis-je l’esclave de mes neurones où le maître de mon ciboulot?
    Notre cerveau est-il du ris d’homme? Un tricot de subtiles synapses?
    Les pinsons, les rouges-gorges aux trilles synchronisés, les pipits, les harfangs des neiges, ne se sont jamais posé une seule question aussi fute-fute. C’est qu’ils ont des cervelles d’oiseaux. Tous des têtes de linottes! Même les grœnendaels et les juments bai cerise, certes dotés de têtes plus grosses, ne se sont jamais laissé embobiner par les interrogations des zoologistes.
    Comme nous serions babas, cependant, d’entendre un âne, entre deux hi-han, braire : »Eurêka! Je pense donc je suis! » (Fin de citation)

    Je viens d’ouvrir un livre et je lis :

    « L’éternel et lancinant débat, au sujet de la composition de la matière, à savoir : est-elle corpusculaire ou vibratoire, se trouve du coup résolu : les deux mon général »
    ( « Il est libre Max! », page 242, Hervé Cristiani)

    « Dans le panier de crabes, il joue pas les homards, il cherche pas à tout prix à faire des bulles dans la mare » (« Il est libre Max! », page 117, Hervé Cristiani)

    Au pays fabuleux et réel de l’enfance rêveuse, désirante et sérieuse, la vie se charge d’administrer les paires de claques….à qui de droit.
    Objection, votre Honneur?

    Roxane

  17. Avatar de Veronique Ignace
    Veronique Ignace

    « Dans le même registre, il y a l’amant de M. Duras, l’amour au temps de choléras de G. Marquez, Lolita de Nabokov, là aussi pédophilies … mais en lisant ces œuvres, j’ai l’impression qu’elles décrivent une relation « équilibrée » entre l’enfant et l’adulte, en tout cas pas moins que si celle-ci l’avait été entre deux adultes. » (pas vraiment pour Lolita)
    Il y a tellement de cas différents où un comportement donné génère, ou pas, une blessure, qu’il me parait difficile de prendre une position de principe.

    Emprise !! mais quelles amours en sont exemptes ?
    Dites moi l’âge autorisé, l’âge où l’on sait être sans emprise en amour .
    Vous ferez ou des innocents ou des coupables d’amour par milliers .

    Régler l’amour à 15 ans: belle gageure !!
    Combien d’amours vraies vont se cogner sur cette affaire Matzneff !

    « La pédophilie par exemple, gentille excentricité littéraire en 1970, est devenue l’abjection impardonnable de 2010 (…) Les larmes d’Éros devant le porno sont à mes yeux celles d’une civilisation menacée dans ses fondements spirituels les plus intimes »

    Et si Cioran n’était pas un imbécile ?
    Et si la femme conservait la liberté d’être autre que ce que veut en faire notre monde du 21ème siècle ?
    Et si la gravure de Durer, Le philosophe, portait une dimension tout autre que l’expression d’une terrible misogynie ?
    Et si nos ogres, leurs pourfendeurs sans nuance, et beaucoup de nos souffrances, n’étaient que l’expression d’un oublie des dimensions spirituelles de la vie ?

  18. Avatar de Tristou
    Tristou

    La question n’est pas de savoir si Cioran est un imbécile ou un salaud. C’est sa réponse à Vanessa qui est tout simplement dégueulasse. Faut se débarraser de l’esprit  »mille poids/mille mesures »: une connerie est une connerie, une saloperie est une saloperie. Un écrivain ou un philosophe, fût-il des plus grands, reste un homme. Il n’échappe pas au jugement commun. Toutes les finasseries que je lis ici sont écoeurantes. Au fond, j’y vois une cause élémentaire: l’absence de Dieu. Et quand Dieu n’est pas là, on le remplace par des idoles: Littérature, Philosophie, Art…Et alors les écrivains, les penseurs et les artistes deviennent des prêtres… Idolâtrie!

  19. Avatar de W.Jaroga
    W.Jaroga

    Bonjour Monsieur Tristou!

    Le veau d’or? Oui, vous avez raison…Il faut faire l’écart et prendre ses distances…
    Brisons là.
    Je vous invite à ouïr la parole de quelqu’un qu’il me plaît, grâce à vous, de faire revivre, ce jour. Pour lui, seul un dieu peut nous sauver…
    Ce grand spécialiste de l’auteur de « L’être et le temps » dit des choses qui me paraissent justes…Oyez mon bon Seigneur!

    « Mort du philosophe et écrivain Bernard Sichère – Philippe …
    http://www.pileface.com › sollers › spip › article2098″

    En attendant Godot (?), je vous prie d’agréer sans finasser, Monsieur Tristou, mes allègres pensées sur ce chemin de randonnée inachevée…

    Walther

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Vous m’apprenez, cher Walther, la mort de Bernard Sichère… Je l’avais croisé au colloque François Jullien de Cerisy (2013), mais j’ai peu lu ses livres, trop heideggeriens pour moi. Je me souviens qu’il a contribué aux études shakespeariennes de manière intéressante, mais sans jamais effleurer la question de l’identité du Barde. Et je me souviens aussi l’avoir trouvé plutôt bougon, et peu incliné au dialogue. RIP !

  20. Avatar de Anne de Dordogne
    Anne de Dordogne

    Réponse de Cioran à Vanessa : Gabriel vous aime, mais il ne changera pas …..
    La réponse de Cioran est aussi belle que cette femme dans la gravure de Dürer, le philosophe.
    Mais sans doute faut il avoir traversé d’autres temps et d’autres époques pour la comprendre.
    Elle n’est plus audible aujourd’hui, comme n’est plus audible Celle dont la matrice est vaste comme l’espace …
    Monsieur Daniel Bougnoux, je ne prends d’aucune manière la défense de Matzneff.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Vous défendez son défenseur ! Je comprends mal votre éloge de Cioran, sa déclaration (telle que rapportée dans le livre de Vanessa) me paraît indigente : à quoi bon faire carrière dans le nihilisme radical, et acquérir la posture d’un moraliste inflexible, pour proférer un jugement aussi superficiel ?

  21. Avatar de goulven guilcher
    goulven guilcher

    Monsieur,
    Je partage tout à fait vos idées sur Matzneff et le problème qu’il pose. Je ne l’ai jamais lu mais ses apparitions m’ont toujours passablement énervé (et j’étais de gauche!) Il est vrai qu’Alain de Benoist était de ses admirateurs.
    Beaucoup de monde vous a répondu sur ce triste héros. Certaines opinions sont étonnantes. Il est est qui hurlent avec les loups prédateurs contre les victimes.
    Mais c’est votre passage sur Michel Tournier qui me fait répondre. Justement, c’était aussi un carnassier et prédateur. Il y a 20 ans environ, une amie, directrice d’une Bibliothèque de la banlieue sud proche de Paris m’a fait part de sa panique devant le comportement de cet auteur qui était venu assister à une lecture de ses oeuvres. A peine arrivé dans la classe, il s’est précipité dans le fond pour s’asseoir près d’un enfant et explorer sa culotte. Le reste de la séance a consisté à tirer l’auteur par la manche (mon amie n’était pas très athlétique et elle n’est plus de ce monde pour en témoigner, Grâce à Dieu, comme dirait un prélat lyonnais) pour lui éviter des tentations. Mais il est parvenu plusieurs fois à ses fins. La réputation littéraire lui donnait à ses yeux le droit de se servir. Et comme vous le dites les occasions ne lui manquaient pas, même si certaines victimes venaient réclamer leur dû.

  22. Avatar de Oisans
    Oisans

    Ouh la la, que de remous suscite donc cette page si remarquable de Daniel. Le fait à lui seul donne à réfléchir, montrant combien la question soulevée par GM aussi bien que par le père prélat (quel toupet de s’appeler ainsi, pour un vulgaire aumônier pédophile) semble urticante à beaucoup. Personnellement, je me range à 100% aux côtés de Daniel, et me contente de citer ces belles remarques de Milan Kundera : « Don Juan (le Grand Conquérant) portait sur ses épaules un fardeau tragique, dont le Grand Collectionneur n’a pas la moindre idée, car dans son univers, toute pesanteur est sans poids. Don Juan bravait l’impossible, et c’est cela qui est tellement humain.En revanche, dans le royaume du Grand Collectionneur, rien n’est impossible, parce que c’est le royaume de la mort. Le Grand Collectionneur, c’est l a mort qui est venue chercher par la main la tragédie, le drame, l’amour. La mort qui est venue chercher Don Juan » (…) Don Juan était un maître, tandis que le Collectionneur est un esclave » . C’est tout l’écarat entre Don Juan et Don puant…

    (Le Colloque,Œuvres, Pléiade, T 1, P. 75)

  23. Avatar de Maufe
    Maufe

    Mon commentaireLe mot d’ordre de la génération GM n’était-il pas « jouir sans entrave » ? Ce slogan, pur fruit d’une société de consommation déresponsabilisante où tout n’est que marchandise, a été suivi à la lettre. Il n’est pas étonnant que cela produise des monstres d’égoïsmes.
    Être moral parait presque ridicule, dépassé et propre aux petites gens ayant encore des principes désuets. Que dire du sens de l’honneur ? Bah la plupart vous diront que tout a un prix. Il était « interdit d’interdire » Que de stupidités !
    Si le fait de se voir interdire des choses est infantilisant, s’interdire à soi-même demande une grande maturité et un haut niveau de conscience. C’est une preuve de respect de nos valeurs personnelles autant que communes, c’est le respect que l’on doit aux autres.
    S’interdire à soi-même, c’est un acte citoyen. A l’opposé, le consommateur, seul statut que nous reconnaît la société de consommation, braille. Il braille comme un enfant toujours insatisfait, il braille car il veut tout, il a payé, tout lui est dû.
    Dans le même temps il n’est pas étonnant de voir qu’il n’y a plus de politique, juste des VRP sans envergures au profit du capital. Que la corruption est galopante avec sa compagne l’impunité. C’est dans l’air du temps.
    Je ne connais pas non plus littérairement GM mais là n’est pas le sujet, quoi que, il apparaît évident mais pas très nouveau que comme le disait déjà La Fontaine dans sa fameuse fable « Les animaux malades de la peste », « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
    Cela reste universel et intemporel.

    Aujourd’hui Matzneff est donné en pâture à la vindicte populaire comme Weinstein en Amérique et comme Polanski, nous attendons le cas Cohn-Bendit qui doit sûrement s’inquiéter alors que sa diatribe durant l’émission «Apostrophes» diffusée le 23 avril 1982 à propos des petites filles de 5 ans qui le déshabillaient passe en guise de rappel dans tous les médias.
    On met au pilori quelques dégénérés en oubliant de s’interroger sur le système qui les produit.
    Il est en effet pour le moins étrange voire cynique que dans une société qui a des « droits de l’homme » plein la bouche, de la protection des enfants idem, des femmes, des animaux, on observe le porno omniprésent avec toutes les dérives que cela ne manque pas d’induire.
    Que dire de la réflexion entendue maintes fois décrétant que le porno n’est pas bien pour les enfants ? Cela tombe sous le sens pour tout le monde, et pour les adultes, pensez-vous vraiment que cela les aide à entretenir des rapports de respects mutuels entre hommes et femmes?
    Il y a encore peu, en Thaïlande, malgré une prostitution record, il était impossible d’accéder à un site pornographique sans voir apparaître un écran émis par le gouvernement interdisant l’accès.
    Que penser d’une société qui prétend protéger les enfants mais qui leur a retiré leurs mères ? Les laissant seuls au retour de l’école devant l’écran ? Cette pornographie à outrance et quasi obligée dès le biberon n’est pas une erreur mais bien un choix de société car il serait si facile, à l’image de la Thaïlande ou de certains pays totalitaire de bloquer certains types de contenu et d’accepter la perte des revenus inhérents à ce commerce.
    Tant que l’on fait le choix, car c’est bien un choix, du porno omniprésent apparaissant sans être même sollicité sur bien des sites de divertissement pour enfant et ados, il ne faudra pas s’étonner d’en subir les conséquences. Il est dans ce cas-là bien hypocrite de s’offusquer de quelques déviants qui seraient passés à l’acte.
    Bien des jeunes adolescentes vous diront qu’elles sont obligées et cela depuis plusieurs décennies que le porno s’est invité dans nos vies, de correspondre au modèle de sexualité apparaissant dans les vidéos pornos. Le genre est tellement banalisé qu’il arrive même que l’on invite des « stars » du porno au petit écran, mariant le mauvais goût à l’audimat pour le plus grand bonheur d’une population.
    Que doit-on dire à nos filles installées en famille devant ces émissions salaces ? « Toi aussi ma fille plus tard tu peux être star du porno ? »
    C’est quelle schizophrénie qui nous pousse à être offusqué par les actes et comportements sexuels déviants de certains alors qu’ils passent en boucle sur tous les écrans connectés ?
    Loin de moi l’idée de déresponsabiliser les auteurs de ces faits mais si quand même du coup car c’est un peu le jeu des chaises musicales, si cela n’avait pas été eux c’eut été un autre.
    D’ailleurs il est étonnant de voir la manière dont ces consommateurs parlent de leurs prouesses, il n’y a pas la moindre notion de culpabilité, voire même pour ce qui est de GM de la vantardise.

  24. Avatar de andrée/Boris
    andrée/Boris

    Mon commentaire Que de snobisme , que de commentaires pompeux ! Les consciences se réveillent . Toutes sorties du meme moule.
    Vous n’avez pas lu Matzneff . Moi non plus , pas plus que je n’ai lu et ne lirai Moix  » enfant martyr  » et son vomi . Je ne supporte pas d’etre prise en otage . Ni etre forcée d’avoir une opinion sur tt tt le temps .
    Avez vous regardé la vidéo de ce cher Cohn Bendit  » que c’est agréable d’etre deshabillé par une enfant de 4 ans ….2020…. oui mais c’était l époque , je n’ai jamais eu un geste déplacé envers un enfant ! L’époque ! le voilà le mot servant de justificatif , faute de regret , ou d’excuse ( il a il est vrai des enfants , qu’en pensent ils Chacun y va de son  » moi non plus je n’ai pas lu Matzneff  » mais quel bien fou d’en parler en le démolissant…c’est dans l’air du temps
    Le monde du cinéma , le monde littéraire …et le monde médical ( faut bien se défouler qd on est carabins avec les horreurs que l’on vit chq jr ) baisser la petite culotte d’une jeune fille de 17 ans en 1969 à qui l’on fait une radio liée à une scoliose ? de plus en plus bas , jusqu’à ce que surpris par ses hurlements de panique , résonnant dans les étages , ce futur ex étudiant en médecine stoppe net . Seulement voilà, cette jeune fille avait des  » parents  » ceux qui avertissent leurs enfants de possibles prédateurs, les protègent , bref fasse leur  » boulot  » de parents. Pour Vanessa je ne vois personne trop facile une maman abandonnique flattée d’une  » vague aura  » Matzneff ….. d’un papa parti ( il en y a tant et qui n’amène pas en conséquence de coucher avec son  » reflet  » )
    L’ere d’une  » seule sur le marché  » d’ailleurs , Françoise Dolto fort bien vue par Didier Pleux ‘ l’enfant ( le jeune ado aussi ) est un etre à part entière …..( et dieu que je l’ai lue , relue , m’appuyant sur certains conseils ) pronant la sexualité tts azimuts en famille , jeunes ado /adultes ….Allez donc ! Et voilà ! quelle période bénie 70/80 . Quelle attitude aurait eu Bernard Pivot en 2020 ? il se serait offusqué , mis en colère , choqué , il aurait dénoncé , tweeté …. je crains que la morale soit une mode dans ces milieux dits  » artistiques  » alors , elle change  »  » On nous Claudia Shiffer , on nous Paul Loup Sullittzer ,on nous inflige des désirs qui nous infligent …. Je ne lirai pas plus le livre de Vansessa Springora ( et je la crois ) ne dit elle pas pas qu’elle a « aimé  » ce G. M. mais qu’il lui aura fallu découvrir les enfants abusés ( Manille ) ….
    A la tète d’une maison d’édition semble t’il . et à chq fois le meme  » j’avais pensé écrire en 2008 2013 ….. puis avec  » me too  » Bla…bla.
    Cette tres jeune fille à la radio qui  » aurait pu passer  » à la casserole  » avec ce bel et charmeur étudiant en médecine , future médecin …. d’un milieu tres modeste avait des parents , juste des parents qui avait appris à leurs trois fille qu’on ne reussit pas en  » couchant » qu’on ne laisse pas des mains adultes toucher des corps enfantins ou puber(e) . et que le piston n’existe pas dans notre famille . En lisant tts ces  » témoignage  » je loue mes parents , tt comme j ‘ai prévenu mes deux fils 38 et 45 ans ….. Plus tard , qd il y a prescription ou pas il est temps d’écrire (ou suivre une thérapie ) selon .
     » Ne pas mélanger les torchons et les serviettes  » phrase qui me faisait sortir demes gonds qd mon père le disait , n’a jamais été autant d’actualité …. Mais arretons avec B.Pivot et  » a nous les petites anglaises  » parce que oui c’était les paroles qu’utilisaient des garçons encore boutonneux  » tts comme les soldats US en 1945 pensaient que les françaises étaient des  » filles faciles  » et ttes des danseuses de french cancan et ont ouvert en trop grand nombre les portes du viol .
    Que règlons nous ? en jouant les bonnes consciences , les donneurs de leçon ? Seule une femme parmi ce  » gotha  » d’écrivains avait dénoncé et nommé les agissements de Matzneff .
    Louons là , au lieu de nous répandre sur Matzneff ses 83 ans . Omniprésent dans les journaux , les conversations , nos esprits pollués n’ont ils que lui comme source d’interet ? ( je dis nous puisque j’en parle ) et cessons de tirer sur l’ambulance.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Si le « sujet Matzneff » vous déplaît ou vous lasse, Andrée, pourquoi ajouter à la logorrhée ambiante votre propre tirade ? Je ne crois pas pour ma part qu’on en parle trop, la question est d’apporter des mots justes qui cernent ce qui s’est passé, comment cette « époque », puisqu’en effet nous en sommes sortis, a été possible, avec quels raisonnements, quelles justifications. En laissant de côté l’imprécation, qui ne fait qu’empiler la confusion sur la confusion.

  25. Avatar de André Pilot
    André Pilot

    Il est bon que les médias nous sortent d’un regard focalisé sur la pédophilie dans l’Église. Non pas pour l’oublier ou la minimiser, mais pour essayer d’en prendre la mesure et pour essayer je l’espère de lutter contre elle.
    Revoir la vidéo de l’émission de B.Pivot est saisissant : tout était dit, y compris dans l’intervention remarquable de Mme Bombardier. Et pourtant, rien n’a été fait pendant 30 ans. Tout était dit devant des milliers de personnes, les faits et l’éclairage moral sur ces faits. Et tout était écrit. Cela laisse songeur sur les aveuglements ou les lâchetés de tous devant ce type de faits.

  26. Avatar de Jean-Marie
    Jean-Marie

    Le sujet n’est pas une histoire d’amour entre un homme et une jeune fille, je vous rappelle que Gabriel Matzneff a lui-même écrit (et avoué) qu’à un moment donné il avait « douze maîtresses régulières que je dois honorer… j’ai une écurie de jeunes amantes ». Certainement vierges pour la plupart d’ailleurs. Quoi que vous en pensiez, quoi que vous écriviez dans vos superbes commentaires, il s’avère que Gabriel Matzneff est indéfendable. Comment dire l’inverse ?

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Bie n d’accord avec vous Jean-Marie, mon deuxième billet sur GM ne dit pas autre chose !

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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