« Partir en beauté »

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Résumons quelques épisodes précédents : depuis plusieurs années, François Jullien a publié toute une série de livres tournant autour du vivre et de l’exister, Vivre de paysage (2014), De l’être au vivre (2015), Vivre en existant (2015), Une seconde vie (2017), L’inouï (2019), jusqu’à ce dernier titre récapitulatif, De la vraie vie (éditions de l’Observatoire, janvier 2020, chroniqué sur ce blog en deux livraisons successives) ; puis Baptiste Morizot a fortement retenu l’attention avec Manières d’être vivant (Actes sud 2020, dont j’ai donné trois comptes-rendus) ; aujourd’hui enfin, j’aimerais réfléchir un peu à l’ouvrage de mon ami François Galichet, ancien condisciple à l’ENS devenu collègue et voisin en Isère, Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? (Odile Jacob 2020). Vraie vie, vie parmi les vivants ou vie accomplie, comment s’orienter et choisir ?

Reprenons donc, et précisons les points de contact entre ces trois auteurs dont aucun ne cite les deux autres. Pour Jullien, la vraie vie est combat contre tout ce qui l’enlise, résistance aux forces de conformisation, d’alignement, de « tassement » ; pour Morizot, notre vie gagne à s’épanouir dans la rencontre avec les animaux voire d’autres formes encore de vivants comme les végétaux, dont nous pourrions mieux apprendre les signes, ou déchiffrer les indices ; pour Galichet, la mystérieuse notion d’accomplissement suppose de dégager dans nos vies une dimension esthétique, distincte de la simple biologie.

L’ouvrage de François Galichet est robuste, profond sous une présentation sobrement pédagogique, et porte sur ce point précis, que j’ai déjà traité sur ce blog et qui touche en moi le médiologue, mais surtout le veuf de Françoise : en quoi l’accès au produit appelé pentobarbital, qui procure dilué dans un verre d’orangeade la plus douce des morts, est-il susceptible de changer la vie de ses (heureux) détenteurs ? De ceux, du moins, qui n’auront pas été victimes des perquisitions dont j’ai déjà parlé ici. François consacre particulièrement un chapitre à recueillir les témoignages de ces personnes qui, sans faire encore usage du produit, le conservent « au cas où », comme un précieux viatique et un réconfort moral.

Je ne peux entrer dans ce livre sans entendre résonner les paroles de Françoise déclarant au printemps 2016, face aux propositions de son oncologue qui lui présentait une batterie renouvelée de soins, « laissez-moi partir en beauté ». Ce qu’elle fit peu après, dans des circonstances que j’ai relatées ici et sans avoir à utiliser le précieux pentobarbital que nous avions réussi entre temps à nous procurer, grâce aux conseils de François précisément et de l’association « Ultime liberté » qu’il représente en Isère. Je revois aussi son sourire d’inexprimable soulagement quand je lui montrais le flacon, qu’il n’avait pas été évident (pas plus qu’aujourd’hui) d’obtenir ; comme j’entends les paroles réprobatives des dames des soins palliatifs quand je leur annonçais que « la clé était sur la porte »…

Derrière ces péripéties vieilles maintenant de quatre années, et qui ne concernent au fond que moi, se tient cette notion d’accomplissement qui croise avec justesse il me semble ce mot de mon épouse, liant sa propre mort à une exigence de « beauté » par une association de mots qui a de quoi choquer. Et pourtant…

Comme beaucoup de malades du cancer, ou plutôt comme tous ceux qui entrent dans un troisième ou quatrième âge, et pour avoir longuement visité sa propre mère dans son EHPAD amélioré, Françoise avait la hantise de finir grabataire, ou incontinente, amnésique et vagissante, murée dans cet univers de couches-culottes, de plateaux-repas à peine entamés, de transfusions et de tisanes où végètent en nombre croissant nos « anciens ». Pourquoi infliger à ses proches ce spectacle, ou cette charge ? Pourquoi grever le budget de la santé en France par des soins inutiles, ou seulement capables de procurer au patient quelques semaines ou mois supplémentaires d’une vie larvaire emplie de honte et de souffrances ?

Car la grande maladie, en attaquant nos fonctions proprement humaines de communication et d’autonomie à se nourrir, se laver ou se déplacer, fait nécessairement honte, on ne se reconnaît plus soi-même, on n’est plus présent à sa propre vie, ni très présentable… À cette perspective de dégradation, la directrice des soins palliatifs de Grenoble (où Françoise séjourna trois semaines dans de très bonnes conditions) m’opposa au cours de plusieurs discussions que j’eus avec elle la notion d’éminente dignité du malade, et que mon épouse au vu de ses analyses avait encore quelques semaines ou mois à vivre, pourquoi l’en priver ? Oui, répondis-je à cette excellente femme de religion catholique, vous me renseignez sur son corps ou ses fonctions vitales, mais je vous parle, moi, de son âme, Françoise n’a pas envie de vivre au-delà, l’idée de la déchéance la révulse !

J’ai déjà relaté cet épisode ici, en deux billets intitulés « Le problème moral de l’euthanasie » qui furent assez lus ; le livre de Galichet me permet d’y revenir, et d’approfondir la question en la prenant sous un angle inédit. Il est plutôt rare, disais-je, que l’on puisse s’attribuer sa mort ; ce possessif convient mal, « ma mort » est presque nécessairement passive et m’arrive du dehors, décidée par Dieu (pour les croyants que le Père « rappelle à Lui ») ou par les circonstances inflexibles d’une Vie que nous ne pouvons que subir, sans enfreindre son ordre immuable. Cette transcendance de la mort (ou de la vie,  cela revient au même) fait le fond de l’argumentation des adversaires de l’euthanasie : l’homme a appris à maîtriser beaucoup de choses au cours de son évolution mais il est bon que cette dernière parcelle d’autonomie, ou cette « ultime liberté » lui échappent ; décider du jour et de l’heure de sa mort(devenue ainsi vraiment sienne) se heurte à de puissants barrages, au nom desquels et pour combien de temps encore des personnes vont chercher en Suisse ou en Belgique, à la législation plus tolérante, le secours de mourir. Comme, avant la loi Veil de 1974, il fallait pour une IVG se rendre à l’étranger.

C’est dans le corps médical m’a-t-il semblé (au cours de débats que j’ai pu mener ici ou là) que les résistances les plus fortes s’expriment : les médecins se posent en gate keepers de la mort, comme si leur formation et leur métier leur donnaient l’intime connaissance des états de conscience du patient qui leur réclame le geste létal. Et certes ils connaissent ce geste, et le mettent en pratique ; mais dans le secret d’un « colloque intime » avec la personne en souffrance et sa famille dont on recueille l’accord, et sans encadrer cet acte de compassion par une législation plus appropriée. Pour ne pas alourdir ce débat, je ne veux pas parler ici des jusqu’au boutistes de la vie, qui se sont exprimés sur ce blog à l’occasion de l’affaire Vincent Lambert, et m’ont abasourdi par leur absurde violence : les traces demeurent dans leurs commentaires, ici conservés.

La vie a été promue valeur dominante dans notre civilisation devenue largement indifférente à une religion qui l’a façonnée, elle est notre idole suprême ou de remplacement, comme on l’a vu dans le discours de Macron face à la pandémie, et son fameux « quoi qu’il en coûte »… Repartons donc de cette évidence devenue incontestable pour poser la question : maîtriser le temps et le moyen de sa mort augmente-t-il, ou diminue-t-il, la valeur de cette vie ?

Les jusqu’au-boutistes du vivre n’hésiteront pas à répondre qu’il est criminel d’abréger sa vie, une idole tellement éminente que, même dans les pires souffrances, il est interdit d’attenter à sa valeur sacrée. Ce qui revient à aligner le calcul de la valeur sur une conception quantitative du toujours-plus ; c’est-à-dire, tout simplement, sur le calcul. Plus vous vivrez (dans quelque état que ce soit) et plus votre vie mérite d’être vécue… L’indépassable valeur de la vie s’identifie, en ce cas, à l’indépassable ordre ou cadre de la biologie.

Or la morale (qui prévoit le sacrifice de soi) a posé qu’il est des valeurs plus hautes liées à l’honneur, ou au devoir, où notre vie gagne donc non à se conserver mais à se donner ou se perdre. Galichet n’argumente pas longuement dans cette direction ; il préfère distinguer, à côté d’une conception quantitative ou biologique de la vie, une visée esthétique, donc éthique, préfigurée dans le mot de Françoise qui me sert ici de titre. Une vie accomplie, par exemple par le sacrifice de soi quand des circonstances le proposent ou l’exigent (cas du lieutenant Beltrame examiné dans ce blog), ne relève pas du toujours-plus, ni d’un calcul accumulatif, mais de l’intuition qu’avec ce geste ou cette décision ma vie connaît un couronnement et peut à ce point s’achever. Accomplir n’est pas réussir, mais donner une cohérence finale et le sentiment d’une totalité organisée à ce qui pourrait passer pour une succession sans principes de moments : la vie s’accomplit dans une fidélité à soi-même, qui efface ce qui pourrait faire tache ou contradiction. À Françoise, femme fière et autonome, l’idée de dépendance vis-à-vis de ses proches ou de l’appareil médical faisait justement horreur : elle voulait jusque dans ses derniers moments nous offrir ce visage accueillant et serein, maître d’elle-même.

La meilleure image de l’accomplissement est donc recherchée, par Galichet, du côté des peintres ou des écrivains qui savent à point nommé mettre la dernière touche ou ligne à leur poème, leur tableau. Que tout ajout irrémédiablement gâcherait. Less is more : son arrêt n’appauvrit pas la création de l’artiste mais au contraire la fait advenir, la consacre. En matière d’art, il faut savoir suspendre le geste et s’arrêter à temps.

Rembrandt, autoportrait en Zeuxis

Lumineuse métaphore pour avancer sur ce problème épineux de la fin de vie ! Une autre comparaison, empruntée au jeu d’échecs, examine la politesse et la beauté de certains abandons de partie : le grand maître ne s’obstine pas à gagner, il sait deviner, fort en amont de l’issue, que celle-ci est pliée, et avec élégance se retire…

Il convient donc, avec Galichet, de toujours rappeler cette hiérarchie : que la vie n’est pas une fin inconditionnelle mais un moyen, en vue de réalisations éventuellement plus hautes, la dignité, la liberté, le respect dû aux autres… On a étape par étape, au siècle dernier, rapproché l’art de la vie, sous l’impulsion notamment du geste photographique, et par impatience grandissante face à la coupure sémiotique et aux lenteurs d’une représentation trop lointaine ; au point, avec Josef Beuys, de déclarer que la meilleure des œuvres d’art m’attend au niveau de ma propre vie. François Galichet examine avec ce livre plusieurs implications de cette identification, dans l’autre sens donc, de l’art avec la vie : il ne discute pas la tâche de rendre l’art plus vivant, mais de savoir dans quelle mesure faire de sa propre vie une œuvre ? À quelles conditions serons-nous pleinement auteurs de celle-ci ?

Soumettre chacun à l’exigence (biologique) de continuer à vivre envers et contre tout ne revient pas seulement à nier la personne dans sa dignité (en lui refusant l’accès à une mort qui serait pleinement sienne), mais c’est violer la hiérarchie de la nature et de la culture : nous ne sommes pas seulement des vivants, chacun forge sur cette base biologique un imaginaire, une image de soi, des désirs, une sensibilité ou des exigences symboliques qui relèvent proprement d’un autre ordre. Et d’un domaine où la médecine n’entre pas, dont elle n’a pas la clé ni le dernier mot. Au-dessus du corps de chacun se tient l’âme. Est-ce à dire, avançant cela, que nous mettons la mort en libre-service, accessible au caprice de l’individu et du moment ?

Dans son livre comme dans nos débats, nous insistons au contraire François et moi sur le nouveau caractère de cette mort par suicide assisté : alors que le suicide traditionnellement clandestin se cache, et se décide seul, la prise de pentobarbital est précédée par de profonds entretiens du sujet avec ses proches, et avec deux accompagnants de l’association, qui ont soin de vérifier le caractère libre, constant et bien fondé d’une pareille décision.

Ce qui revient à faire reculer la loi, au nom de l’autonomie : ce n’est pas à une entité extérieure ou surplombante, ordre théologique, ou médical, ou judiciaire, mais aux personnes concernées à se réunir et à décider, par une délibération soigneuse et approfondie, de la pertinence du « traitement ». Car il n’y a que des cas particuliers, et des morts singulières.

Au nom de quoi notre législation s’oppose-t-elle aujourd’hui si fort, malgré les « directives anticipées », à la volonté de mourir formulée par un patient ou une personne qu’on ne croit pas, qu’on n’entend pas, qu’on laisse retomber en minorité comme les adolescents frappés d’incapacité à la fois psychique et juridique ?

Au nom de quoi vous opposerez-vous à cette délocalisation de la loi ? À cet élargissement de notre autonomie ? À ce rappel qu’au-dessus de la volonté de vivre à tout prix planent des exigences de délicatesse, de politesse, de cohérence et oui, pourquoi pas, de « beauté » ?

25 réponses à “« Partir en beauté »”

  1. Avatar de M
    M

    Il a parlé de l’âme. Il a dit « exigence de « beauté » dans ce billet intime à propos duquel le lecteur se doit de pratiquer l’écart.

    J’ai trouvé la trace de cette attitude dans un chapitre sur les vaches grasses et vaches maigres, d’un livre de Michel Serres.

    Voyons plutôt :

    « Quel est donc cet écart d’exigence? La réponse est physique et métaphysique à la fois. (…) Nous retrouvons ici le même écart, au travail de la science. Son rapport au réel est de le retrouver : l’exactitude, ici, est l’existence, là. « (Fin de citation)

    De la beauté, le physicien qui a lu le Phèdre (dialogue de Platon où une partie est consacrée à la beauté) nous instruit dans ses « Intuitions raisonnées » :

    « (…) la beauté est chose complexe, perçue différemment par différents esprits et que dans, par exemple, mon appréhension personnelle de cette beauté, je crois voir entrer par les voies de l’intuition, une part importante de recherche de l’Idée, en un sens quelque peu platonicien. Mais, je le reconnais, l’échange d’arguments pourrait très longtemps se poursuivre…Car, encore une fois, il n’est en ces matières rien – bien sûr! – qu’on puisse affirmer. » (Fin de citation)

    Dans un mémoire universitaire consacré à « L’ailleurs comme présence dans l’œuvre de Wolfgang Laib » où Gaston Bachelard et Joseph Beuys ont voix au chapitre, on trouve cette citation de M.Dufrenne :

    « Une œuvre d’art n’est pas seulement appréhendée par une réception corporelle directe, mais par rapport au langage qu’elle matérialise. N’oublions pas que l’objet esthétique est toujours langage, et même s’il utilise du vivant pour le transmettre, il ne peut pas être réduit au vivant ».

    Le randonneur raisonnant qui cherche dans les lettres de « L’espérance » ce qu’il ne messied pas d’appeler « la présence » veut toucher – et comme on le comprend – cette réalité incertaine.

    Aussi, sans m’attarder en vains babils, je propose à celle et à celui que la chose peut intéresser, cet épitomé d’un manifeste reçu, ce jour :

    Manifeste pour un art actuel face à la crise planétaire

    Les analyses abondent de tous horizons pour changer nos paradigmes, nos valeurs, nos gouvernances politiques, économiques, sociales, écologiques, culturelles, locales aussi bien que planétaires et nos comportements individuels, pour repenser nos pratiques de santé publique, d’éducation, de commerce, revaloriser la société civile face aux logiques surplombantes de nos gouvernants. Tout y passe, contradictoirement souvent. Mais force est d’entendre le silence assourdissant d’un grand absent de ce concert d’appels urgents à mutations : l’art. Pourtant dans le domaine de l’art aussi, la « normalité » qui nous a menés à une catastrophe planétaire doit être profondément repensée.

    La créativité individuelle du « n’importe quoi est art » initiée par Dada, Fluxus, le happening, les installations les plus diverses, a eu ses vertus créatives, on ne saurait le nier. Mais cette liberté extrême, qui nous libérait des poncifs de l’art et de la société, et célébrait l’alliance de l’art avec la vie, a inévitablement, comme l’avant-gardisme exacerbé des années 1960-70, atteint un degré de caprice individuel, de saturation, de non-sens et d’épuisement de ses modalités expressives, qui en détournent aujourd’hui le public élitiste, et auxquelles le grand public n’a jamais adhéré. Et c’est sans compter que le monde a considérablement changé entre temps, appelant à de nouveaux engagements artistiques.

    Quant au « market art » globalisé, trop souvent vide de sens et médiocre, sa fibre marchande l’a réduit à un simple produit financier de spéculation entre les quelques mains de collectionneurs richissimes, faiseurs et défaiseurs de côtes outrancières qui éclateront comme des bulles irisées de savon. Il n’est même plus le « supplément d’âme » du capitalisme déréglé qui l’a instrumenté, mais un vulgaire placement : faits du prince, ports francs et enchères. Cette dérive ahurissante a tué le marché traditionnel des collectionneurs et des galeries qui aimaient fidèlement les artistes qu’ils soutenaient durablement. Ceux-ci en sont réduits à devenir des artisans commerçants de redites esthétiques pour nouveaux riches ou, s’ils préfèrent demeurer des explorateurs authentiques du monde actuel, de petits autoentrepreneurs marginaux et miséreux dans un marché mondial qui les ignore et les réduit à quêter aux portes des programmes de bienfaisance des institutions culturelles gouvernementales, s’il en existe dans leur pays.

    Nous sommes aujourd’hui confrontés à un bouleversement planétaire qui ne permet plus ce laisser aller « normalisé ». La crise, avec ses paradoxes inconciliables entre l’économie, l’écologie, la santé publique et le respect de l’homme, nous a enfermés dans un labyrinthe dont nous ne trouvons plus l’issue. Il nous faut pourtant agir rapidement pour survivre dans ce vortex obscur en accélération. Face aux dangers planétaires, la spirale verticale des philosophes postmodernes a perdu toute crédibilité. Comment peuvent-ils nier, comme s’y obstinent aussi les mathématiciens en astrophysique, et alors qu’elle est démontrée en géologie et dans les sciences de la vie, la singularité puissante de la flèche du temps dans notre histoire humaine, sous tension créatrice entre entropie et néguentropie, en rupture avec la répétition, la sélection et l’adaptation darwinienne, créant des divergences irréversibles. Il faut repenser l’art et la société, l’un autant que l’autre, qui sont inséparables, pour saisir de nouvelles chances dans cette disruption mondiale.

    Tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir des fabulations porteuses d’espoir collectif et éviter les hallucinations toxiques qui nous ont conduit à cette crise mondiale qui n’en finit plus avec son cortège de souffrances humaines. Il faut donc en finir avec le cynisme de la résignation postmoderne aussi bien qu’avec l’irresponsabilité de l’aventurisme anthropocène, avec l’errance insignifiante du “n’importe quoi est art” aussi bien qu’avec la dérive triviale du « market art ». Il faut donner un sens à l’art. Il faut donner un art au sens. Certes, il n’y a pas de progrès en art, mais l’art change le monde.

    Du scandale de cette crise émerge une conscience augmentée, hyperhumaniste grâce à la multiplication des hyperliens numériques qui nous informent en temps réel à l’échelle de la planète, nous imposant l’obligation et la responsabilité d’un art philosophique en quête d’une éthique planétaire, un technohumanisme en accord avec notre temps, respectant la puissance aussi bien que la fragilité de la nature, attentive à l’équilibre homme/nature autant qu’aux droits fondamentaux universels de l’homme, inclusive de notre diversité et des populations les plus vulnérables. Si nous ne croyons pas en l’Homme, il n’y a pas de solution.

    Hervé Fischer, mai 2020, Montréal « ( Fin de citation)

    Et tourne la roue de la vie!

    Bonne nuit
    Cordialement

    M

  2. Avatar de PhR
    PhR

    Cher Daniel

    tu touches à un point sensible, à mes yeux beaucoup plus large encore que celui que tu vises expressément, à savoir la différence entre l’infini, qui distingue entre toutes l’espèce humaine, et la totalité, règne de la mesure, du nombre, des sommes. Terre des hommes ou terre des sommes, that is the question, et je la vois posée en plein par ce que nous venons de vivre : une gestion de la pandémie entièrement dominée par la comptabilité, (égrenée chaque soir par le professeur Salomon, c’était iconique!), avec entre autres effets fâcheux de dérober à des milliers de gens le droit à une mort décente, au motif de contenir à toutes forces le nombre de décès. Or vaut il mieux passer de vie à trépas dignement ou finir dans un entrepôt frigorifique de Rugis avant inhumation furtive après avoir passé des semaines en réanimation, périnde ac cadaver, pire qu’au mitard, cobaye de réanimations intrusives vous transformant en corps inerte pour vous maintenir en vie ? On pourrait au moins se poser la question. Cette question du rapport à la mort éclaire en fait, tu le dis fort bien en introduction, la transformation inévitable du rapport à la vie à laquelle nous ne pouvons plus nous dérober désormais, et il est urgent d’y venir avec lucidité et décence, car à défaut le mouvement ambiant opte pour une sorte de minimum …vital, la sur-vie en forme de sous vie… Vivre, ce n’est pas durer, mais vivre. En tant que soi et identiquement en tant qu’être au monde, parmi les autres et au sein de la réalité, qu’on appellera nature pour faire vite et surtout pour la camper en contrefeu d’une option  » culture » comprise non comme civilisation, mais à la manière dont on parle de culture de bactéries ou de champignons en laboratoire. Comme l’écrit Dominique Folscheid dans son excellent  » made in labo « , notre horizon cultuel et culturel est la paillasse ( en a t’on vu à la télé à l’occasion du covid, autre détail sémiologique intéressant ! ), à l’origine comme à la fin de la vie, avec pour effet que tout l’entre deux y vient peu à peu. Car c’est exactement ce qui tend à prendre le dessus : nous entretenir ad vitam aeternam ( ou plutôt in mortem viventium) dans des conditions dont fleurissent déjà les prototypes : les EHPAD, si justement qualifiés par le terme de « dépendance », en quoi se résume tout le programme de l’anti-vie.  » Pour votre sécurité », vivez à petit feu, telle est la doxa de notre siècle : restez en vie, mais pas vivants, c’est trop dangereux ! Or cette furie de maintenir en vie, voire de placer au cœur même du projet sociétal, des cadavres poteniels me semble doublement le contraire de toute dignité humaine : d’abord en soi, parce que ce remplacement sournois, jour après nuit, de personnes ayant eu une certaine tenue par ces collections de corps informes, informes, déchus que deviennent tendanciellement les grands vieillards, qu’on vaporise l’été et confine l’hiver, a quelque chose de quasiment obscène : on dirait la crypte des capucins de Palerme juste avant le dessèchement final. Mais ensuite et surtout parce que cette obsession de protéger  » à n’importe quel prix » les débris d’un âge outrepassé est une des ailes marchantes de la progression générale du nombre sur la substance, évolution qui peu à peu grignote nos vies et les ramène à n’être plus que des quantités — le triomphe de la notion absurde de  » pouvoir d’achat » sur toute pensée politique, sociale, éthique en est un signe bien insaturé dans notre logiciel collectif. Tu parles avec François Galichet d’accomplissement, et j’aime bien ce terme, parce que »il suppose une durée, une continuité, une cohérence. Pour qu’il y ait ultime touche au tableau, il faut bien qu’on ait d’abord longuement mûri et peint le tableau, qui alors peut « s’accomplir  » en son identité matérielle définitive, amorce de la vie infinie qui l’attend dans les yeux et l’imaginaire de qui le verra tel qu’on l’aura ainsi laissé en suspens — par là même neuf, créateur, ouvert, vivant ! Cette approche de la mort comme parachèvement de la vie, donc comme dimension essentielle de cette dernière en ses temps de plénitude et non pas comme affaissement ultime sous le poids d’une décrépitude corrosive, donne à la vie même une dimension, par réverbération anticipée : intégrer dans la vie son inévitable fin est le plus puissant levier qui soit pour donner à cette vie sens et plénitude, longtemps à l’avance, et de manie!re quasi jubilatoire. La foi, jadis, en un au-delà, conférait du sens à l’existence. Ne pouvant plus nous bercer de ces calembredaines, nous sommes appelés à conférer nous-mêmes un sens à la vie, et donc à en faire une œuvre – pas une concaténation de jours dépassant de loin la date de péremption jusqu’à sentir le moisi. Tout l’art est au contraire de reculer cette date en rendant savoureuse la vie d’avant pour soi et les autres, pas d’endurer avec constance le fiel en quoi elle tourne une fois ce seuil franchi. Vivre devient notre responsabilité et notre honneur, et ne peut donc s’accommoder de formes excessivement dégradées. Reconnaissons toutefois que les médecins sont dans leur rôle en faisant fermement barrage. C’est leur vocation leur serment, et si ce barrage cédait, convenons que la bride serait lâchée à l’élimination cavalière de bien des non-consentants. Ne touchons à cela qu’avec une main tremblante, comme disait Montesquieu. L’accomplissement dont François Galichet et toi parlez ne peut s’entendre que du gré et par la force intime même de qui mène pleinement sa vie à son terme, non comme une autorisation de mettre un terme à la vie de quiconque. Ce qui fait difficulté, c’est me semble t’il me mot d’euthanasie, qui pose la question en termes de mort au lieu de la situer du côté de la vie. Il ne peut y avoir de eu- avec Thanatos. Mais bien avec Zè, la vie la vraie ( cf F Jullien, bien sûr). On devrait donc parler de vie réussie, et non de bonne mort, la première étant la condition de la seconde qu’elle englobe sans plus besoin d’y faire intervenir la camarde en tant que tiers fatal. La vie qui s’accomplit comporte la mort comme épochè vers l’éternité de la seconde vie, et c’est cela qui est secundum vitam, alors que l’acharnement comptable à prolonger des jours calamiteux est totalement contre nature, n’étant rendu possible que par l’asservissement des intéressés (dépendants) à des prouesses techniques parfois très invasives.
    Merci pour cette invitation à réfléchir à un enjeu crucial de civilisation, qui va très au delà des problèmes de fin de vie, lesquels sont à considérer comme un simple indice de ce qu’on est en train sourdement d’en venir au mythe d’une vie sans fin, indissociablement condamnée à être une vie… sans fins, sans sens, une  » mourante vie » comme dit La Fontaine des animaux malades de la peste qui  » ne mouraient pas tous » . N’oublions pas que  » tous étaient frappés », ce qui est peut être pire !

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci cher Philippe, je savais bien que cette question allait recouper un problème qui t’est cher (et que tu as déjà traité avec indignation) en ces temps de COVID. Le calcul arithmétique ou l’esthétique ? Le forcing thérapeutique ou le geste suspensif du peintre devant son tableau, de l’auteur devant sa feuille ? Cette bifurcation est au coeur du livre de François, et elle donne beaucoup à penser : nos vies relèvent de choix esthétiques et éthiques, pas d’une course démesurée aux soins… Mais il est vrai que tant de vivants ne savent quoi faire de leur vie, et s’en remettent pour elle aux sorciers du « toujours plus » ! Je me réjouis de la tenue autour de François Jullien du séminaire qu’il t’a confié sur la « vraie vie » pour la rentrée, nous y débattrons de tout ceci, en relation pour moi avec Morizot, et donc Galichet.

  3. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Oh ! là … là ! «  Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ? ». Dans Racine… Hermione vient de se suicider sur le corps de Pyrrhus …
    Andromaque , Acte 5, scène 5 .

    Avec votre texte du 29 juillet, Daniel, vous nous évoquez l’épisode douloureux de la fin de vie de votre Françoise. Je me rappelle toutes les interrogations qui s’en suivirent. Comme autant de façons plus justes, c’est à dire plus humaines de voir s’achever nos existences. J’y fus sensible et vous reste encore proche dans cette épreuve.

    Mais, quel mauvais génie vous a incité à nous entraîner à lire le livre de François Galichet ? Lecture mortifère et détestable …
    D’abord, il nous offre un titre trompeur : « Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? » et donc n’indique absolument pas pas l’objectif premier, soit un discours sur l’usage du Pentobarbital. Celui-ci comme élixir de la promesse d’une mort douce et sans regrets.
    La suite ? Une recension de suicides d’écrivains pour justifier un réquisitoire moralement anxiogène.
    Ensuite, l’auteur parlerait d’une vie accomplie ? A l’usage de gens de sa qualité intellectuelle et justifiant une vie de confort à quitter élégamment.

    J’emprunte à Georges Bataille la réflexion suivante : «  Chaque fois que le sens d’un débat dépend de la valeur fondamentale du mot utile, c’est à dire chaque fois qu’une question essentielle touchant la vie des sociétés humaines est abordée quelles que soient les personnes qui interviennent et qu’elles que soient les opinions représentées, il est possible d’affirmer que le débat est nécessairement faussé et que la question fondamentale est éludée. Il n’existe en effet aucun moyen correct étant donné l’ensemble plus ou moins divergent des conceptions actuelles définir ce qui est utile aux hommes ».
    La part maudite, précédé de la notion de dépense ( 1933).

    Ce livre m’apparaît comme une autobiographie faisant le constat de tout de qui nous guette pendant la vieillesse : inconfort physique et moral , douleurs et désespoir assurés. Dans une prochaine édition, proposons- lui un dégraissage sur les 219 pages. Plus resserré, ce texte nous offrirait peut-être quelques pépites inédites ?!

    C’est à l’évidence un essai sur une description du malheur de vieillir où n’existe qu’un puits de désespérance sans fin ni fond. J’attendais quelques trouvailles positives pour un supplément de vaillance. Et ça existerait en contemplant le flacon de Pentobarbital ?

    Alors pour qui celui-ci ?
    À destination aussi de tous les déprimés de l’été 2020 : ceux qui luttent aussi contre le blues du samedi soir ou le stress du retour dans toutes les activités éreintantes de la semaine !

    Accomplir sa vie est rude et j’en conviens.
    J’attends de la philosophie un autre discours qu’une indication chimique qui en néglige le sens et ne règle rien. Sauf à disperser un peu de fumée anesthésiante qui ne vaut guère mieux que ce que vous éreintez, Philippe, en parlant de «  calembredaines ». L’expression me choque, nous en reparlerons peut-être.

    Daniel, écrivez aussi pour élargir nos existences en soulignant une liberté toujours à inventer.
    Au prochain colloque qui vous réunira avec vos amis , les Franćois, Philippe et autres contributeurs, vous aurez du plaisir à en discuter pour améliorer nos fins dernières. Mais je gage que c’est surtout la complicité intellectuelle avec un peu d’amitié et le plaisir de une bonne table qui vous laisseront le sentiment de plénitude attendue. La vraie vie, n’est-ce pas !

    Chers philosophes qui passez sur le blog, le secret de longévité serait de garder le cœur au chaud. Cela est dit et expliqué par notre cher Marcel Conche dans tous ses livres, comme autant de chemins de pensées vivifiantes, puisées dans l’âme de son terroir ? Probablement !

    1. Avatar de nsformation cela apporte dans la

      Chère Cécile , Votre sévérité m’étonne ! Car vous semblez avoir lu le livre de François Galichet, qui se tient très au-delà de vos reproches ; sa distinction de l’économique et de l’esthétique, sa façon de fouiller la notion de valeur, sa réflexion sur ce qui est fin et ce qui est moyen dans notre élan vital…, me semblent très éclairants philosophiquement, et font avancer un débat trop souvent passionnel et plein d’idées reçues. Et son enquête auprès des détenteurs du produit ne me paraît pas mal venue, quelles transformations cela apporte dans la vie des gens !… C’est pourquoi, si d’aventure le projet de séminaire autour de F.J. se maintient en octobre, j’y prononcerai une petite conf et vous aurez tout loisir de me réfuter. Mais encore une fois, je ne vois pas ce qui dans les propos de F.G. vous heurte si fort, dites-moi…

  4. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    A Daniel
    Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? ( Odile Jacob 2020 ) Vraie vie, vie parmi les vivants ou vie accomplie, comment s’orienter et choisir.

    Sur votre invitation, d’abord dans un sentiment de confiance vis à vis de vous, ensuite parce que la réflexion sur une vie Vraie, juste, authentique pour soi-même m’intéresse, j’ai effectivement acheté le livre de François Galichet dans sa forme numérique «  format Kindle ».

    Je n’ai aucun argument pour réfuter votre texte écrit sur ce blog. Autre est mon rejet du livre de F. Galichet ! Je n’y vois aucune recherche d’esthétisme. J’y ai lu des descriptions ordinaires sur les méfaits et douleurs de la vieillesse ou de la maladie. Rien d’autre à accueillir qu’une lecture anxiogène et mortifère qui se veut doucereuse en vantant le charme d’une potion magique qu’est le Pentobarbital.

    Oui … la mort avant qu’elle ne survienne. Là est la place que je refuse : être morte avant de vivre. Même si le flacon annoncé au goût d’orange doit être agréable à boire. En cas de nécessité ….

    J’attends des talents d’un philosophe qu’il me partage une force supérieure. Dernière remarque : trouver un tel livre sur les rayons d’un libraire de gare ? C’est une recherche de trucs faciles, trompeurs aussi.. J’ai indiqué que je cherchais plus loin, autrement. Il y a des milliers d’étoiles dans le ciel. Non ?

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je ne comprends décidément pas votre rejet chère Cécile, car je persiste à trouver ce livre fécond et nuancé, et tellement pertinent pour ceux qui, comme nous, abordent au troisième ou quatrième âge ! Mais sur le fond, en une question : l’accès au pentobarbital ne constitue-t-il pas un progrès de civilisation ? Comparable à la mise à disposition de la pilule dans les années soixante ? (malgré tant de vaines polémiques et cris d’orfraie)…

  5. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    A monsieur M
    “L’art pour l’art ou l’art pour la vie” me questionnait un ami japonais …Que dirait-il de ces coûteuses créations de Jeff Koons, plasticien qui encombrent ma vue ?

    Bien dit … de répondre que l’art est “présence”. Mais une vie vraie n’est-elle pas présence à soi. Votre Hervé Fischer a sillonné la planète de l’art. Que nous offrent ces grands lieux de l’art contemporain rencontrés à la Biennale de Venise ou dans les musées dédiés à travers le monde.
    L’œil n’y suffit pas toujours pour adhérer ? Alors les œuvres restent muettes : présence froide qui m’ennuie.

    Juste avant le confinement, j’ai pu m’enthousiasmer de la rétrospective offerte à Nice de l’œuvre de Pierre Soulage. Pas seulement les “outrenoir” si sublimes, mais ses œuvres antérieures d’art informel, tellement vivantes.
    Artiste né en 1919, un jeune homme à la passion intacte. Toute sa vie, il cherche dans une quête non achevée à ce jour.

    Un façon de toucher une vraie vie. Pour notre bonheur …

  6. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Cher Daniel
    Comment parler en respect de nos opinions divergentes ? De fait, je n’ai aucun rejet du Pentobarbital . Et je comprends aussi sa juste utilisation, en cas de nécessité. Laisser souffrir une personne, à mort lente, ne m’apparaît pas davantage un choix chrétien. Pour moi-même, j’espère l’accompagnement d’un Gabriel Ringlet qui l’explique dans son livre “Vous me coucherez nu sur la terre nue.

    Pourquoi ma critique pour le livre de F. Galichet ?
    – quant au titre qui ne dit rien sur vos combats pour faire accepter le produit interdit par le corps médical. Disons que réflexions engagées, j’admets désormais cette sorte de camouflage. Mais l’argument est incomplet.
    – Car le raccourci qui nous concerne – comme 3ème âge- me laisse intriguée et sans voix, déçue d’un manque à vivre.

    Vieillir ne serait donc que source de malheur pour vous et vos amis ! A quoi vous servent tous les grands idées comme autant de chemins empruntés en philosophie ?

    Je reviens de quelques jours en montagne. Certes les chemins de chèvres y sont devenus trop raides, voir périlleux pour mon équilibre. Je me suis obligée à goûter l’instant à vivre autrement. Bien sûr, il est sans doute préférable de ne pas être en compétition avec un trop proche plus jeune et sportif. Sauf si on est doué d’humour ou avec une estime de soi qui surmonte n’importe quelle comparaison d’ordre physique.

    Ce livre m’apparaît mal pensé et trop vite écrit. Au lieu de chercher des arguments auprès des suicidés célèbres que nous donne-t-il à faire entendre les ressorts moraux de nos grands centenaires, à savoir Marcel Conche, Pierre Soulage et … d’autres . Comment se débrouillent-ils pour garder “cœur” en l’existence avant l’usage pour eux-même du … Pentobarbitural.

    Un livre anxiogène ? Une rencontre avec le malheur … Dans l’existence quotidienne, il nous est proposé un double choix : ruminer nos défaites et nos manques ou se tourner vers les pans de lumière encore possibles.

    Je ne dis rien de moins. Tant mieux si vous faites avancer la politique raisonnée du produit qui apportera la mort en douceur. Mais ce que j’espère et attends, ce sont d’autres moyens à exploiter pour que la vie circule toujours dans nos veines et le plus longtemps possible.

    Et moi, aujourd’hui ? Je trouve beaucoup de bénéfice à profiter des techniques de la médecine traditionnelle chinoise. Moins de médicaments à ingurgiter ! C’est prendre surtout soin de soi-même …

    Daniel, je vous souhaite le meilleur pour ce 1 août. C’est encore l’été … !.

  7. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Cher Daniel,
    Cent fois, sur notre ouvrage reprenons le travail et ce sujet qui nous travaille, certains plus que d’autres, sans doute, le mérite bien. Tant que la mort reste un possible, elle n’est pas là et tout reste donc possible. Bien partir demeure encore bien vivre. L’âme, ce plus qui anime notre vie que l’on soit humain, animal ou insecte, pour ne pas dire arbre ou champignons agit à travers des cellules merveilleuses et en grand nombre pour notre espèce. Que ce soit nos neurones complexes et leurs réseaux électromagnétiques, ou les cellules gliales dont les magiques astrocytes (cf « L’homme glial ») gouvernent peut-être notre architecture cérébrale, l’âme utilise ces supports biologiques pour générer notre appétit de vivre. Cet appétit de vivre reste bien fluctuant entre individu et même pour chaque individu tout au court de la vie. Cependant même au bout du chemin il peut encore rester fort intense. Et nul ne peut en juger pour autrui.

    L’âme qui anime la vie et cet appétit s’éteint donc à la mort, pour moi, comme m’y ont incité à le penser ainsi, entre autre Jung dans sa psychologie et Spinoza dans L’Ethique. Bien partir, suppose une liberté de penser, de décider de soi et d’agir en conséquence. La personne est elle libre ? Suivant Spinoza encore, ce ne serait pas la bonne question. La question pertinente serait plutôt pour chacun comment devenir plus libre ? Cela peut se réaliser dans le chemin de vie qui s’oriente pas à pas, assure le mieux vivre (c’est plus modeste), son accomplissement et accroît son libre arbitre. C’est le long terme des apprentissages, des introspections, des conditionnements, de rencontres fructueuses et sans doute d’une bonne dose d’autodiscipline qui mûrissent dans nos processus cérébraux de façon non consciente grâce à ces merveilleux supports neuronaux et astrocytaires. Bien partir, bien vivre, développer son libre arbitre, accomplir son chemin dans le cadre de ses propres valeurs est affaire de long terme et d’appétit de vivre. Et cela n’est pas donné à tout le monde.

    Et ces valeurs qui orientent ou canalisent cet appétit de vivre, sont pour moi, au nombre de quatre, de même importance, en interdépendance, dans un équilibre-déséquilibre permanent qui caractérise l’impermanence fondamentale de tout être humain, de tout être du vivant. Ces quatre valeurs agissent dans le cadre du souci de soi, de ses proches, des autres et de l’environnement. Il ne s’agit donc pas d’individualisme mais d’individuation (Cf G Simondon). Je nommerai donc l’éthique de la joie de vivre (entre joie et souffrance), la justice (entre équité et injustice), la morale (entre la bienveillance et la violence de la torture ou de l’humiliation et enfin l’esthétique (entre le beau, la bonté d’un coté et le laid de l’autre).

    Réfléchir à bien partir, à accomplir son chemin de vie, non comme un tableau achevé, mais plutôt comme une interruption brutale ou non, rapide ou lente, interroge ces quatre valeurs dans son rapport à soi et aux autres. Aucune loi ne pourra cadrer, encadrer et satisfaire l’intérêt collectif sans déchaîner les affrontements partisans des communautés de croyances religieuses et laïques. Penser et œuvrer pour la liberté est d’abord affaire de dissidence, de prise de risque volontaire. Et quand il y a volonté, il y aura un chemin, des moyens. Ceci dit, la vie a une fin, le tragique que l’on peut parfois traverser et finir avec plus ou moins de sérénité et de paix intérieure. C’est du moins ma croyance que je partage. Et comme le dit Agustin Casalia (philosophe existentialiste suisse) « angoissez vous tranquille ».

  8. Avatar de François Galichet
    François Galichet

    Depuis la parution de ton blog je me suis beaucoup interrogé, cher Daniel, sur l’expression « partir en beauté » qui fait le titre de ton article et l’une des dernières paroles de Françoise. Pourquoi dit-on « partir en beauté », « finir en beauté », et non « naître en beauté », « commencer ou continuer en beauté » ?
    Il me semble que cet usage restrictif indique une vérité essentielle : la beauté ne se révèle qu’à la fin ; elle exprime la valeur d’une chose, d’une vie ou d’une œuvre quand celle-ci parvient à son terme. Chacun de nous a fait l’expérience d’ouvrir un roman qui au début ne nous plaisait pas, nous tombait des mains, mais que nous finissons par aimer lorsque nous parvenons à la dernière page. Pareillement d’un tableau qu’il nous a fallu du temps pour apprécier ; et ce sont souvent les plus rebutants qui finissent par avoir pour nous le plus de valeur.
    C’est aussi la démarche des créateurs : l’écrivain ou le peintre, quand ils commencent une nouvelle création, ont déjà une idée de ce qu’elle doit être, c’est-à-dire de ce qu’ils veulent qu’elle soit quand elle sera achevée. Bien entendu, cette idée évolue ; mais elle n’en guide pas moins leur main tout au long de leur parcours créatif.
    Faire de la beauté un critère de la vie humaine, c’est donc reconnaître qu’elle se construit comme une œuvre : on ne peut en estimer la valeur qu’à la fin – et notamment par la fin qu’elle se donne.
    En ce sens, la beauté se distingue de la moralité. Celle-ci qualifie la valeur d’un être à tout instant, c’est-à-dire tout au long de son existence. Pareillement la vitalité, la puissance, la reconnaissance, etc. sont des critères qui évaluent d’une manière intermittente et analytique un être, un peu comme un thermomètre mesure la température à chaque instant de la journée. Seule la beauté a un caractère synthétique : elle porte sur l’être entier, dans la totalité de ses moments, et seulement une fois qu’il est accompli. Elle n’a pas de sens avant cet accomplissement (ce serait erroné et malhonnête de juger une œuvre encore inachevée).
    C’est pourquoi je me retrouve pleinement dans le commentaire de Philippe, qui oppose une logique quantitative du « toujours plus », du « vivre à tout prix », « le plus longtemps possible » – qui domine notre époque et qui a triomphé dans la récente crise du Covid – et la logique qualitative qui suppose que la vie humaine ait « une durée, une continuité, une cohérence ». Je suis entièrement d’accord avec lui lorsqu’il évoque l’idée de « la mort comme parachèvement de la vie » : c’était d’ailleurs l’idée de Montaigne, pour qui « philosopher c’est apprendre à mourir », ou de Camus, pour qui « il n’y a qu’un seul problème philosophique vraiment sérieux, c’est le suicide ».
    En revanche, je ne me retrouve pas dans les commentaires de Cécile d’Eaubonne. Où a-t-elle vu dans mon livre des « descriptions des méfaits de la vieillesse ou de la maladie » ? Qu’y a-t-il « d’anxiogène et de mortifère » à considérer l’acte de mourir comme une capacité que nous avons, un aspect incontournable de notre liberté ? Je crois avoir montré tout au contraire que ceux qui ont acquis le pouvoir et ont la volonté de mourir quand ils le jugeront juste (et seulement alors) vivent mieux et apprécient mieux la joie de vivre que ceux qui, comme Cécile, vivent dans la hantise « d’être morte avant de vivre ».
    Ne serait-ce pas sa propre anxiété qu’elle exprime en refusant que soit abordé cet aspect de notre existence ? Je serais tenté de le penser en la lisant : vouloir, comme elle le dit, que « la vie circule toujours dans nos veines le plus longtemps possible », c’est sacraliser la vie biologique (la métaphore du sang le montre bien), en faire une valeur et une fin en soi – ce qui est la définition exacte du paganisme.
    En revanche le Christ proclame que « l’homme ne vit pas seulement de pain ». Il nous invite à l’imiter dans l’accomplissement de sa vie, dont il dit que « nul ne la prend, c’est lui qui la donne ». Avec son dernier cri « Tout est accompli », il nous indique clairement que la vie n’est pas, comme Cécile le dit, une quantité qu’il faut faire durer le plus longtemps possible, mais une histoire et un projet qui a sa cohérence et ses exigences. La référence que fait Cécile à « nos grands centenaires : Marcel Conche, Pierre Soulage…et d’autres » est à cet égard éloquente : comment mieux dire que pour elle « plus ça dure mieux c’est » ? Ce n’est pas du tout la conception chrétienne : les grands saints ne cherchaient pas à vivre « le plus longtemps possible » mais à rester fidèles à leurs engagements et à leur foi, même au prix de leur vie. En ce sens, ils voulaient faire de leur vie une œuvre et non une simple durée, fût-elle pleine de gratifications. Saint Paul, en se rendant à Rome, savait qu’il y trouverait la mort. Il aurait pu, comme Socrate, y échapper aisément. S’il ne l’a pas fait, c’est que comme Socrate il estimait que vivre le plus longtemps possible aurait été trahir toute la cohérence de sa vie (cf. le commentaire que je fais du tableau de David, La mort de Socrate, dans ma vidéo sur YouTube, https://www.youtube.com/watch?v=ONYA_ee7v80)
    Mon livre ne prône donc aucunement une quelconque morosité et encore moins « une rencontre avec le malheur ». Il invite au contraire, en considérant l’importance majeure de « partir en beauté », à considérer sa vie comme une œuvre à accomplir – dont chacun est évidemment le seul juge. C’est plus exaltant que de l’appréhender comme un bien dont il faudrait profiter et qu’il conviendrait de prolonger au maximum ! Libre à des personnes comme Cécile de privilégier cette option quantitative et consommatoire du « toujours plus ». Mais il serait malhonnête de l’identifier à la foi chrétienne, alors qu’elle en est l’exact contraire.
    Merci encore, cher Daniel, de ton apport à notre réflexion commune. Ton commentaire montre excellemment que le critère de beauté n’a rien à voir avec un quelconque esthétisme, mais qu’il implique au contraire une exigence et une vigilance bien supérieures aux simples critères de moralité et de vitalité qui dominent aujourd’hui. C’est en tout cas ce que m’ont appris les personnes que j’ai aidées – celles qui, comme Françoise, sont « parties en beauté » et qui ont aimé la vie jusqu’à la fin.

  9. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Décidément, monsieur François Galichet que communiquer est action difficile ! Vous ne prenez aucune précaution pour me « balancer » que je suis anxieuse. Quelle prétention ! … A l’évidence, vous êtes assuré de votre prestige et de votre savoir. C’est oublier que votre livre appartient aux lecteurs … De même, vous m’avez lu avec des lunettes dēformantes. Je reconnais qu’entendre que votre texte publié chez Odile Jacob est mal écrit n’est guère plaisant. J’espère que vous soignerez davantage le prochain. Il est donc dangereux de s’exprimer face à n’importe quel professeur émérite sans recevoir en retour quelques coups de cravache ?

    J’ai acheté votre livre par Internet pour un titre qui ne correspond pas à mon attente. Je pensais y trouver
    un chemin de vie et non le moyen d’en finir élégamment avec celle-ci. Bon temps à vous dans vos prochaines réflexions. Je reviens de Partenen dans le Voralberg où j’ai respiré l’air des Alpes autrichiennes et rencontré la simplicité des gens de là-bas. Je suis donc tonique et tout va au mieux pour moi. Merci !

  10. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    Bonjour la compagnie!

    Je ne connais personne hormis le premier commentateur de ce billet.

    J’apprends quelque chose à chaque réaction…Alors merci à vous tous contributeurs qui enrichissez le débat par vos propos si intéressants.

    Merci tout particulièrement à M.Bougnoux qui mène habilement la ronde et à Mme d’Eaubonne qui entre dans la danse avec courage et détermination.

    « Petits princes, videz vos débats entre vous! » a écrit quelque part Monsieur de La Fontaine. Et si, trouvant l’apologue véritable, votre lecteur esquissait un pas de côté, en vous invitant en toute simplicité à chanter la vie? Oyez bonnes gens!

    Michel Delpech « La vie, la vie » | Archive INA – YouTube

    Je me souviens d’échanges épistolaires avec le biographe du chanteur, M. Pascal Louvrier, auteur de « Georges Bataille -La fascination du mal – »

    Une belle chanson et un livre édifiant. Madame Cécile d’Eaubonne, vous citez cet auteur, que vous avez sans doute croisé dans « Les armes d’Éros » au tout début d’une revue dirigée par un autre auteur, celui de « La critique des armes ».

    Au delà où les calembredaines s’estompent pour faire place à quelque chose de lumineux et d’exact, telle une autre forme d’information basée sur un compte de faits, je suis tenté d’ouvrir un livre, celui d’un universitaire, où je lis à la fin de l’ouvrage :

    « De particule élémentaire en particule élémentaire, d’analyse psychologique en analyse psychologique, la descente est subtile et sans terme.Ce chemin ne peut-être qu’une révélation de la contingence, et c’est donc le hasard qui sera notre compagnon de route. Mais c’est un autre chemin que nous cherchons, une montée où nous verrons les choses se rassembler au lieu de se disperser, et où le hasard nous abandonnera, comme Virgile quitte Dante à l’entrée du Paradis. C’est la beauté qui sera notre guide. » (Au hasard, la chance, la science et le monde, pages 198 et 199). Un livre du mathématicien qui finit en beauté.

    Ce chemin serait-il celui qui mène en ces lieux « d’un pandémique ennui où toute vie intellectuelle est recouverte d’un apprêt de conformité »(Dixit François Jullien)? Ou bien une sente vers une contrée sauvage où l’on fête à sa manière le verbe oser?

    Qui d’entre vous, messires et gente dame, s’y risquerait?

    Bonne nuit

    Gérard Fai

  11. Avatar de M
    M

    Bonjour!

    Merci pour ce billet et ces commentaires formidables (Retenez le sens précis de cet adjectif)

    Je ne dis pas que tout le monde il est beau, tout le monde, il est gentil, je veux dire tout simplement que toutes ces réflexions nous incitent quelque part à un dépassement, à aller au delà, tout en sachant raison garder dans la bouche une rose ou l’honneur des poètes.

    Hommage à Madame qui nous revient de sa villégiature autrichienne pleine d’entrain et dont l’envolée racinienne est censée nous éclairer pour nous faire comprendre au sens spinozien du verbe et nous rendre plus belle, la vie.

    Une invitation à un dépassement, une autodiscipline que l’on ne trouve pas forcément dans ces maisons dites de retraite où le personnel remplit les bacs de mégots jetés pendant la pause.

    Décidément nous sommes tous frappés par ce mal qui répand la terreur, le mal de l’âme dont il est question au chapitre final « Le royaume et les ténèbres  » du célèbre essai de Jacques Monod. Merci Monsieur de nous inviter à relire la fable dédiée à Madame de Montespan.

    Vous me rappelez ce moment d’école de village, au début des années soixante, où dans la classe, l’instituteur se mit dans une colère inhumaine en nous demandant d’expliquer les deux derniers vers : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »

    Brisons là.

    Oui, au delà…Au delà des neurones et des mots savants qui vont avec.Pour quelle liberté? Pour quelle puissance? Pour quel rêve?

    Pilule, échec au roi, fabrique du crétin digital…Passent les harangues des faiseurs de livres et l’enfant se noie dans la rivière…

    Tendre la perche au peuple, est-ce encore possible, si tant est qu’il désirât s’accrocher?

    Dans quelques jours, je recevrai céans sur mon petit îlot, le Robinson de la médiologie, classé parmi les plus grands esprits de notre temps.

    Bien au delà des colloques, tables rondes et séminaires…une rencontre. Pour quoi faire?

    Petits princes des universités, petite reine des écoles, dessinez-moi, je vous prie, une âme et je lui montrerai.

    Nous en serons tous ravis.

    Je vous laisse pour aller de ce pas dans le pré et vous souhaite un excellent dimanche à vous tous.

    M

  12. Avatar de G F
    G F

    Bonsoir!

    Un mien ami qui n’a pas Internet a lu par mon entremise ce qui précède.

    Je ne résiste pas à l’envie de vous livrer ses quelques confidences.

    Lisez plutôt :

    « Eh bien, ils ont bien du courage et une bonne dose d’audace, ces visages pâles, qui osent venir jusque dans nos campagnes où les indigènes aux flèches acérées ne font pas de cadeau!

    Franchement, je ne vois pas un Descola et compagnie descendre en ces terres lointaines où l’on risque de perdre la tête, si l’on entre imprudemment sur les parcelles de territoire d’un cavalier masqué qui ne fait pas de quartier. »

    Pour tout vous dire, sans vouloir rouler les mécaniques, j’irai quand même, juste pour faire le curieux.

    Comme dans une mystérieuse nouvelle de Balzac…Au pied de la lettre.

    G. F

  13. Avatar de François Galichet
    François Galichet

    Je voudrais poser à toutes les contributeurs de ce blog qui exaltent l’amour de la vie, demandent « des trouvailles positives pour un supplément de vaillance » afin d’exalter « la vraie vie » (Cécile), « l’appétit de vivre » (Jean-Claude), « chanter la vie » (Gérard), une question très simple – si simple que j’ai presque honte de la poser : peut-on aimer quelque chose ou quelqu’un – une personne, une œuvre littéraire, musicale ou picturale, un paysage (par exemple du Vorarlberg…) sans être libre de le choisir ou non ?
    Pour ma part, j’admire profondément la peinture de Rembrandt. Mais si on me contraignait à ne contempler que des toiles de cet artiste, je ne pourrais pas l’aimer. Pareillement, pouvait-on parler d’amour au temps des mariages forcés et arrangés ? La liberté d’épouser (et de divorcer) n’est-elle pas une condition de l’amour ? Tout comme la contraception, en donnant la liberté de procréer, a permis d’aimer réellement ses enfants sans les considérer comme des fatalités génératrices d’obligations non choisies.
    Pourquoi en irait-il autrement pour la vie ? Je crois aimer la vie autant que tous ceux qui s’expriment sur ce blog. Mais je l’aime précisément parce que j’ai la capacité de la quitter sans avoir à passer par des circonstances horribles que je ne décrirai pas pour ne pas apparaître « mortifère » (il suffit d’avoir d’avoir subi en TGV un retard dû à un « incident de personne » pour savoir ce que je veux dire…).
    Or dans l’état actuel de la société française et de sa législation, cette liberté, on le sait bien, n’existe pas. Mon livre se borne à défendre une vérité encore une fois très simple : pour aimer la vie, il faut pouvoir la quitter librement, sans souffrances ni violence. Le plus tard possible, certes, mais à tout instant si on le juge juste et digne.
    C’est d’ailleurs ce que vous dites, Cécile, lorsque vous écrivez : « Je n’ai aucun rejet du Pentobarbital et je comprends sa juste utilisation en cas de nécessité ». Vous l’envisagez donc pour vous-même « si nécessaire », avec un accompagnement fraternel et aidant : c’est exactement la position que je défends dans le dernier chapitre de mon livre. Je suis très heureux de cet accord entre nous. Mais alors, j’ai une autre question à vous poser. Que signifient cette « nécessité » et cette « juste utilisation » pour vous-même ? Quels sont les critères qui vous feront reconnaître que cette issue est devenue pour vous « nécessaire » et « juste » ?
    Encore une fois mon livre n’a d’autre objet que d’inviter chacun de nous à y réfléchir, parce que je ne vois pas beaucoup de réflexions en ce sens. Si vous en connaissez, signalez-les moi ! Sinon, accordez-moi au moins le mérite d’avoir tenté, peut-être maladroitement, de mettre en lumière un problème jusqu’ici esquivé par les discours sur le « bonheur », la « pleine conscience », la vie « épanouie » et autres ouvrages de développement personnel dont nous sommes abreuvés quotidiennement.
    Merci d’avance de votre contribution à cette réflexion.

  14. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Oui … mon énervement apaisé, poursuivons un dialogue.
    Si celui-ci est possible … sans l’idée de un pouvoir à conquérir !

    La “vraie vie “, monsieur Galichet, ce n’est pas l’attrait de paysages uniquement, mais bien davantage la rencontre de gens qui y vivent.
    Coup de cœur donc pour cette vallée du Montafon dans le Voralberg. Il y a une trentaine d’années, c’était encore le monde d’une ruralité à l’ancienne. Eux et nous, nous nous sommes apprivoisés …
    Même si leur allemand est un dialecte bien rugueux à mes oreilles. Chaque année, je les retrouve avec un bonheur inattendu. Dans ce bourg de fond de vallée, la vie y était rude et difficile, presque toute l’année. De les avoir admirés dans leur besogne, si vieux mais avec une telle opiniâtreté souriante, je m’interroge encore.

    Probablement que cela ne répond pas à votre interrogation existentielle !

    Juste dire … Le Pentobarbitural comme une béquille pour mieux supporter toutes les peurs qui nous menacent ? Je doute d’un tel choix pour moi.

    Je reste persuadée que c’est une tâche “plus haute “ de défendre notre sérénité avec beaucoup d’autres façons. Pour ma part, parce que je ne mène pas mon existence en solitaire, je me donne une place de responsabilité. Comme un devoir de solidarité qui serait celui de prendre soin ( care ) de ceux qui croisent ma vie.

    Ainsi donc, je peux oublier le joli élixir qui me fera dormir sans douleur, un jour lointain. Qui le sait ?

    A poursuivre …
    Bonsoir aux passants du blog.

  15. Avatar de m
    m

    Bonjour!

    En cette nuit du 4 août, il me plaît de donner suite aux deux derniers commentaires de ce billet.

    Merci à vous, Monsieur Galichet, merci à vous Madame Cécile de vos réflexions sincères qui élèvent vos lecteurs dans leurs colloques singuliers avec eux-mêmes.

    En vous lisant Monsieur, vous m’avez incité à aller de ce pas, quérir sur une étagère de mon grenier, un ouvrage du Pr Henri Laborit, intitulé « Éloge de la fuite » où tout un chapitre est consacré à la liberté.Maintenant démonter les mécanismes comportementaux dont la mise en évidence permet de comprendre pourquoi elle n’existe pas est une chose. Accepter de l’autre qu’il « déraille » pour transiter par d’autres gares, en est une autre…Naguère, ce correspondant, me parlait du jeune homme riche des évangiles.Il est un foi dans ce livre qui a le goût du cosmique.Et puis encore…

    Les gens de mon espèce sociale – celle qui a créé dans un pays des paysages, sans toucher de primes – ne risquent pas d’assister à « un incident de personne » dans le train à grande vitesse que votre catégorie sociale de fonctionnaire de l’enseignement retraité de l’université vous permet d’utiliser, sans que cela puisse avoir une incidence fâcheuse sur votre porte-monnaie.

    Que sont maintenant les paysans devenus, mon bon Seigneur? Ces gens sans lesquels vous n’auriez pas grand-chose à vous mettre sous la dent?

    Ces « sans dents » que l’on entasse dans les antichambres de la mort en les dépouillant de leurs maigres ressources dans l’univers cravaté des organisateurs de ces camps de concentration, n’ont pas d’argent pour aller en Suisse acheter le pharmakon pour finir en beauté?

    Hier, dans un petit restaurant vendéen, une sorte de hasard objectif, sans doute, m’a fait ouvrir les « Mémoires d’Outre-tombe » et face à mon interlocutrice commensale, j’ai lu une page de la première partie du Livre neuvième , 1 – où l’auteur parle de son mariage qui lui fut imposé.

    Et pourtant, voyez avec quelle ardeur, il exprime sa tendre et éternelle reconnaissance à sa femme dont l’attachement a été aussi touchant que profond et sincère!

    Le chemin de traverse, tonique et serein, emprunté par Mme Cécile est une belle et édifiante preuve de faim de vie aux antipodes d’un lyrisme exacerbé.

    Elle parle du goût de vivre d’une ruralité ancienne, aujourd’hui disparue…

    Des énormes engins conduits par des chefs d’exploitation qui payent des comptables pour gérer leurs affaires et complètement dépendants de la culture hégémonique de la ville. Une modernité qui tue le paysan devenu servile dans un système industriel sans sourire où, hélas, trop souvent, il décide d’en finir avec la vie avec les moyens du bord. C’est la réalité, la dure, la cruelle, l’innommable réalité et les documentaires sensationnels qui défilent à la télévision, n’y changent rien!

    Il y a sans doute « quelque chose » à la fin du livre qui a obtenu le Goncourt en mil neuf cent onze… »Quelque chose » dans « L’être et le temps » dont l’auteur s’en est allé, l’année de la publication d’un projet, écrit, en France, pour Gavroche et Marianne…

    Ce « quelque chose » serait-il une histoire naturelle de l’âme? En écrire un livre est une chose. Semer le radis dans l’étoile, fût-elle nommé sadir, en est une autre.

    Puissent Monsieur Carrouge et Madame Leprince faire un beau voyage et nous ramener d’une île lointaine le sirop typhon libérateur.

    Que nos apothicaires, lecteurs du Phédon, payent leur dette au dieu de la médecine…Et chante la plume annonciatrice d’aube!

    m

  16. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Rapport à la mort … rapport à la vie ! Ah, mes bons amis … je doute que quelques discours savants et réfléchis règlent une fois pour toute la dure réalité “d’attraper son grabat quotidien “ et de marcher avec vaillance. Ce mot vous surprend François Galichet ? Qui est épargné d’avoir à assumer la part qui lui échoit dans l’existence : le doux comme le rude et … tout le reste.

    Bouteille à moitié pleine ou à moitié vide ! Où est la part de lumière dans le tableau de la vie ? Jean-Claude pointe un appétit de vivre fluctuant selon les individus, et même au cours de nos vies. En observant quelques illustres centenaires ( philosophe ou artiste), je rêve devant la passion qui les a fait tenir dans l’adversité commune à chacun. Philippe nous donne beaucoup de précisions l’Apocalypse qui attend chacun dans son 4ème âge,. Hum ! Une description déjà d’actualité. Michel pointe avec justesse l’indécence de nos “malheurs” de nantis : le soleil de l’été ne console pas d’avoir à lutter pour vivre.

    Dans mon cercle d’amis et pour nous-mêmes, tous vieillissant, flotte l’idée de la nécessité d’un habitat sous forme de béguinage. Une façon d’échapper à trop de solitude, de rester chez soi et entre-soi, en gardant l’autonomie possible et nécessaire pour garder ce fameux goût de la vie qui fuit dans la vieillesse.
    Qui sur ce blog connaît des initiatives réussies ou bancales : meilleures que la perspectives des EPHAD si luxueuses, soient-elles. Mais jusqu’à la délivrance avec un flacon-miracle, nous sommes toujours confrontés aux deuils et renoncements ou autres “ calembredaines comme autant de béquilles salvatrices. Que me proposez-vous comme “énergie vivifiante”, Philippe ?
    Est-ce indécent de réclamer le plus à vivre de la part de vous, les philosophes, cher Daniel … ?

    Merci à Jean-Claude de me partager la part d’âme que j’attends : nuances dans mes colères, profondeur pour une détermination à poursuivre.

    Votre livre, François Galichet ? … puisse-t-il trouver un écho apaisant pour qui en aura besoin. ! Ici même, si les propos cognent , il y aura toujours nécessité de s’écouter. C’est cela aussi notre responsabilité de nantis.

    Amicalement à ceux qui ouvriront le blog aujourd’hui.

  17. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    Bonjour!

    Songe d’une nuit d’été ou l’approche du réel.

    Il y a t-il une vie, une possibilité de suite après ce dix-neuvième trou où Cécile met dans le mille.

    Un coup dans le vide sans doute dont une belle anagramme nous dit que « les trous noirs » « sont irrésolus »

    Elle parle des nantis parmi lesquels, elle se classe et sur ce chemin de randonnée inachevée, elle a le courage du bon samaritain des évangiles, dont se rappellent peut-être les lecteurs de La Croix. Cette personne que je ne connais est un éclaireur, au sens peut-être que donne à ce mot, ce cher Edgar Morin dont s’occupe actuellement, sans bruit, quelqu’un que j’apprécie.

    Le lecteur ordinaire qui a lu ce commentaire a son mot à dire, étant convenu qu’icelui ne figure ni peu ni prou parmi les gens favorisés dont parle Cécile.

    Il faut quand même le dire en face, nous recherchons tous la possession et le pouvoir, même ceux qui écrivent des livres pour dénoncer le pouvoir et l’argent. C’est à mon sens une très grave erreur de ne voir dans cette quête que des affaires de richesses extérieures. Même chez les pauvres, il peut y avoir un souci d’autre chose, une demande intérieure que j’appelle la cognée du bûcheron. Cette chose avant tout, ce devoir de travail consubstantiel du droit de rêver, nos responsables nantis, gens convenablement indemnisés, censés représenter le peuple auprès de Jupiter, l’intouchable de l’Élysée, ont-ils assez de coffre pour faire passer le message là-haut?

    On me dira non sans justesse que c’est le rôle des universitaires, fussent-ils émérites de faire ce travail dans leur cité, le travail de l’épreuve et de la preuve.

    Cependant, à ma connaissance, quand on leur parle d’abstraction prophétique dans un projet écrit pour Gavroche et Marianne, eh bien, Madame, Monsieur, ils suivent leur chemin, tel le lévite dans la parabole mentionnée plus haut! On ne les entend pas…

    Le président de la république française a ajouté une préface inédite à son projet quand naquit le jeune Emmanuel Macron qui devint plus tard selon l’anagramme « comme un prêtre dans la mine » « Emmanuel Macron, président. »

    Vous connaissez beaucoup de gens qui déploient la carte sur leur table d’existence, comme dirait G. Bachelard, pour situer ce laboratoire non localisable, d’après Monsieur Giscard d’Estaing, où se cherche une nouvelle idée civilisatrice?

    Moi, non. Et ça continue encore et encore…Les pauvres, les dominés comme ils disent, les exclus de la part du gâteau qui ramassent les miettes, les laissés-pour-compte dont la plupart sont aux anges – et comme je les comprends!- de voir un membre de la famille Le Pen faire un bon score un soir d’élection où ils découvrent, à la télévision, la mine déconfite des cravatés du système. Alors, ils parlent de ressentiment, ces messieurs si tranquilles qui savent tout, mais ne bougent pas le petit doigt quand la foule ignorante casse et saccage dans la rue.

    Qui parlera de ce mal profond, celui de l’âme, ce mal qui répand la terreur? Les pauvres vont au bal et en boîte, les uns seront flics ou fonctionnaires attendant sans s’en faire que l’heure de la retraite sonne … le plus tôt possible! Ils veulent vivre leur vie et c’est normal!

    Ils feront des enfants en espérant qu’ils auront des bons diplômes délivrés par les garderies de l’Alma mater pour avoir une bonne place dans la société qui leur permettra de prendre de belles vacances. Et puis, un jour, dans un bureau du ministère, ils seront fiers de déclarer ex cathedra qu’ils sont fils ou petits-fils de paysan et que c’est l’école de la république qui les a sortis du bourbier, sans laquelle ils seraient restés au cul des vaches pour finir avec une retraite de misère. Et voilà pourquoi votre fille est muette et pourtant belle la montagne!

    Une école faite pour la société où « le mec d’en bas veut prendre la place du mec du haut » (dixit Marcel Jullian) n’est pas une société faite pour l’école. Je vous propose, cher lecteur, de lire ou relire la fin de « La formation de l’esprit scientifique » et vous comprendrez, peut-être, que la question posée par Cécile à notre randonneur est appropriée, pertinente. C’est plus qu’une bonne question.

    Cécile n’est pas philosophe des sciences ni directrice de recherches. Elle nous éclaire tout simplement et nous fait retrouver le chercheur officiel et reconnu qui dit à ceux qui veulent bien l’entendre que le seul réel digne de ce nom se cache derrière les choses et que c’est aux philosophes dont fait partie Monsieur Daniel Bougnoux, qu’il appartient de nous le dire, avec les « grammaires » de leur intelligence et les mots de leur langue.

    Je sais bien, cher Daniel, qu’il y a matière à contredire et, cependant, elle a raison Cécile de vous pousser à la roue, à votre écritoire, puisque vous nous donnez la possibilité de nous exprimer.

    Un compte rendu des prochains « Actes des François assis » quelque part à Paris où vous ne verrez un seul manant ni la moindre femme de ménage, c’est bien sans doute mais qu’est-ce que ça va changer dans la vie de tout un chacun, mon bon Seigneur?

    Je connais un conférencier qui vit de ses prestations managériales auprès des entreprises qui s’est cru obligé, un jour, d’aller au diable vauvert, quelque part dans une luxueuse villa d’une île paradisiaque pour m’écrire une longue épître intitulée « Les pauvres sont des cons ».

    J’ai répondu par une anagramme qui m’a paru signifiante et où se trouve le nom de mon correspondant.

    Vous, Daniel, le poète, le prophète aussi qui avez choisi une autre voie, celle qui n’est pas commune, peut-être saurez-vous nous parler et dans l’attente, je ne puis que citer un petit extrait du roman intitulé « Odile » :

    « Le vrai poète n’est jamais «inspiré»: il se situe précisément au-dessus de ce plus et de ce moins, identiques pour lui, que sont la technique et l’inspiration. »

    Histoire de finir en beauté.

    Gérard

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Citant « Odile » du cher Queneau, vous me touchez à coeur mon cher Gérard, avec malice, et perspicacité… Oui, le « plus à vivre » mentionné par Cécile pourrait porter ce prénom. Si le petit livre que je viens de terminer trouve un éditeur (sous le titre « Odile enfin »), vous en apprendrez un peu sur ma « seconde vie ». Qui croise évidemment sans modération les réflexions et recommandations élaborées par François Jullien.

  18. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire
    Quelques remarques très courtes. Oui, on peut « donner » sa vie (à une cause, Beltame, Peguy, Verdun), ou l’offrir (à l’être que l’on aime et dont on prendra soin). On peut aussi considérer sa propre vie comme une œuvre. Ou accomplir l’œuvre d’une vie. Je me souviens de Georges Perec avant sa mort d’un cancer pulmonaire foudroyant à 45 ans, disant « Je ne vais pas pouvoir terminer mon oeuvre ». Je me réfère pour ma part à la décision de S.Freud demandant à son médecin Max Schur de l’aider à mourir quand il ne pourrait plus travailler. Aimer et travailler. Arbeiten und Lieben. Quand ce n’est plus possible, exit. Quelques cgr de morphine ont suffit. Cette décision radicale réaffirme notre liberté. Notre affirmation de nous-même. Elle évacue toutes les morales et les théologies. Elle peut atteindre le sublime comme le suicide de Pierre Brossolette se jetant par la fenêtres pour échapper aux tortures de la Gestapo. Acte sublime où il réaffirme le choix d’une liberté qui s’oppose à la soumission devant l’arbitraire, devant Mathausen, devant toute les dictatures de la pensée. L’homme n’est jamais plus sublime qu’en affirmant cette ultime liberté. J’y lis une esthétique tout autant qu’un choix métaphysique ou moral. Partir en beauté. JF.

  19. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire
    A François Galichet.
    Cher Monsieur, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre commentaire du 1er août envoyé sur le Randonneur sur le blog de Daniel Bougnoux, « Partir en beauté ». Vous écrivez :  » Faire de la beauté un critère de la vie humaine, c’est reconnaître qu’elle se construit comme une oeuvre : on ne peut en estimer la valeur qu’à la fin – et notamment par la fin qu’elle se donne.» Et vous citez Saint Paul qui fuit Rome pour sauver sa vie et qui trouve le Christ sur son chemin : « Quo vadis, Domine ? », demande Paul. « Je vais à Rome pour y mourir à ta place « , répond le Christ. « Partir en beauté », c’est donc savoir retourner à Rome, lorsque l’on vous y appelle. En vous lisant, j’ai eu envie de vous rappeler le destin du grand pédiatre polonais Janus Korczack. Il refusa d’avoir la vie sauve et d’abandonner les enfants du ghetto de Varsovie dont il avait la charge. Il accompagna en août 1942, les 192 enfants de son orphelinat jusqu’aux chambre à gaz de Tréblinka. L’héroïsme de Korczack est pour moi une des figures les plus accomplies de la Beauté.

  20. Avatar de Lionel
    Lionel

    Mon commentaire
    Bonjour, il est 22 heures le 13 janvier 2021, je suis à 18 000 kilomètres de Paris, et j’apprends en lisant ce blog la mort de celle qui a été ma collègue de 1998 à 2002 au Creps de Strasbourg….
    Au dela de la tristesse, et de mon éternel retard à l’allumage, une seule chose me vient en tête en plus de l’émotion et des souvenirs, « ça ne m’étonne pas de toi… ».
    Femme de culture s’il en est au tempérament bien affirmé, nous avions fait binôme en respectant parfois avec difficulté mais toujours avec respect et courtoisie les espaces des uns et des autres.
    Elle avait été contente de ma venue, histoire de ne pas porter toute seule constamment ce qu’était ce centre DEFA. Elle en avait fait un bel espace de paroles, d’échanges, de travail, de refléxion, d’éthique et finalement de démocratie… Avec le temps, il n’en reste finalement que chez les témoins de cette époque et de ces lieux. Je suis finalement heureux d’en avoir fait partie… Ce que je sais finalement de ta fin va m’accompagner quelques temps encore au gré des souvenirs et de ma destinée vis à vis de ce choix d’humanité commun…

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Lionel, Je crois que vous faites erreur, ma femme Françoise a travaillé à l’Hopital sud de Grenoble, puis au CMP, tout en entretenant un cabinet privé de psychanalyse… Rien à voir avec Strasbourg !

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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