Solitude du vrai

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Beaucoup de voix s’élèvent périodiquement pour déplorer la perte des Lumières, et le recul des simples exigences de l’établissement de la preuve : la montée en puissance des réseaux sociaux court-circuite les tortueux chemins de l’enquête et de la vérification des faits par les facilités immédiates du conformisme, ou d’un narcissisme qui ne s’embarrasse pas de donner ses raisons, remplacées par des affirmations aussi farfelues que tranchées, inexpugnables dès lors que quelques-uns les partagent.

Le récent débat Trump-Biden ne peut sur ce point qu’inquiéter, quel mépris pour les fondements de la démocratie (le pluralisme des opinions), et d’une façon générale pour la raison ! Qui osera encore présenter celle-ci comme « la chose du monde la mieux partagée »  (selon l’illustre fondateur de notre âge des Lumières) ?

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Donald Trump, fort de ses intimes convictions et du haut de ses intérêts bien compris, n’est pas le seul à mépriser la parole des experts, ou de ceux qui cherchent. S’il était par malheur réélu, l’éclatant triomphe de ses défauts (tout ce que nous haïssons) donnerait des ailes à mille despotes qui, de par le monde, attendent leur tour et piaffent d’impatience ; à quoi bon s’informer, éduquer, respecter l’autre, quand le mépris des simples faits, la grossièreté, l’affirmation brutale du moi d’abord emportent mieux les suffrages que les détours de la culture et les patiences du raisonnement ?

Toute notre époque bascule, dit-on, dans celle de la post-vérité, où il suffit pour croire avoir le dernier mot d’asséner haut et fort n’importe quoi, d’exprimer bruyamment sa peur, ses folles croyances ou ses états d’âme en guise d’arguments. Comme si cela avait jamais suffi ! Ce mélange de narcissisme et de conformisme met en avant le moi-je, et se conforte ou se vérifie dès qu’il est relayé par d’autres, qui partagent les mêmes lubies (créationnisme, « platisme » ou climato-scepticisme…). Ces faciles, et pas si éphémère que cela, communautés réduites aux affects, prennent le contre-pied de la philosophie des Lumières, qui mettaient à plus haut prix l’argumentation, et le tressage du lien social. Avec cette régression massive, hautement contagieuse, c’est toute notre tradition rationaliste, mais aussi républicaine et fondée sur la connaissance et l’école, qui se trouve littéralement décapitée : privée de tête, de chef (éducatif, politique, spirituel) et de points fixes, qui sont des points de ralliement ou des socles invariants tels que la science, mais aussi la morale, l’art, la religion ou le bon gouvernement des hommes persistent à en construire.

Et certes le succès des fake news ne date pas d’hier, tout homme politique, sans se réclamer de Machiavel, connaît les avantages du mensonge, ou l’art des bonnes paroles qui aveuglent et endorment. Les sociétés, les civilisations ne reposent-elles pas sur des mythes fondateurs qiui sont autant de fausses nouvelles, comme la virginité de Marie pour le christianisme, ou plus près de nous l’abolition de l’exploitation et le paradis des travailleurs pour l’URSS ? Toute révolution ne s’accroche-t-elle pas à l’énoncé d’une promesse ou d’un idéal qui mobilisent d’autant mieux les masses qu’ils ne peuvent pas être tenus ?

Les études d’information-communication, auxquelles j’aurai consacré une bonne part de mes recherches, le montrent de plus en plus clairement, il faut concevoir ces deux termes comme antagonistes, et les placer sous tension. La raison, la science ne sont pas le ciment du lien social, ni l’information qui passe par le travail d’établissement des faits. S’informer fatigue ; argumenter rebute, et la vérité n’a pas bon visage. Nous préférerons toujours aux contraintes de l’enquête et de la recherche, soumises à l’ennuyeux trébuchet du vrai/faux, les douceurs de la communication, qui forge du commun et obtient l’accord ou la synchronisation entre les esprits par de plus court chemins, le rêve, le rire, la musique ou la chansonnette, l’affirmation des sentiments, les impressions d’un « vécu » peu soucieux d’analyses… Ouvrez la radio et promenez-vous sur la bande FM,  qu’entendez-vous ? Qui l’emporte à l’audimat ? Avec quoi occupe-t-on de préférence les pensées de nos concitoyens ?

Nous sommes des êtres évangéliques, nous carburons à la croyance, et aux bonnes nouvelles. Or le propre des Lumières n’était pas de nier en  homo sapiens les articles de croyance, de fidélité ou de foi qui l’émeuvent et le meuvent mieux que la raison ; mais plutôt d’équilibrer en chacun les appels de cette croyance (combien tyranniques parfois !) avec ceux de la raison. Le legs de Kant fut par excellence de tracer les domaines légitimes d’application de chacune, pour aboutir ainsi, entre foi et raison qui ne cessent d’empiéter l’une sur l’autre (comme on le voit par les guerres mutuelles des sciences et des religions), à un concordat ou un traité de paix.

Nous sommes bien loin de cette hauteur de vue. Et la (tant célébrée) critique kantienne ne ferait guère recette aujourd’hui sur nos réseaux, où domine la cacophonie stérile des croyances et des préférences clamées par les petits moi-je. Dans l’espoir d’endiguer ce flot, beaucoup de voix s’élèvent pour dire l’effroi devant l’essor des fake news,  des « faits alternatifs » et, d’une façon générale, devant l’effondrement ou du moins l’érosion d’augustes transcendances, au premier rang desquelles les sciences, qui avaient pris le relais de la religion comme modèle de surplomb symbolique, et de méthode pour conduire un débat. Myriam Revault d’Allones dans La Faiblesse du vrai (Le Seuil 2018), ou tout récemment Etienne Klein dans un tract Gallimard,  Le Goût du vrai (septembre 2020), s’inquiètent de notre frivolité collective dans le traitement d’un réel soumis aux caprices et aux interprétations de chacun, selon qu’il se réclame d’une identité ou d’une culture « différentes ». Comment prendre la mesure de ces dérives, de quelles profondeurs surgit ce fléau, et quoi lui opposer ?

Etienne Klein s’appuie sur la crise sanitaire pour relever à quel point « la tendance à avoir un avis non éclairé sur tout, et à le répandre largement, semble gagner en puissance ». La science, surtout lorsqu’elle dérange, ne relèverait-elle que d’une « croyance parmi d’autres » (page 10) ? Car nous avons vu, de fait, des virologues amateurs  ou autoproclamés fleurir sur nos écrans d’ordinateurs, ou de télévision, la formule « je ne suis pas médecin mais… » autorisant toutes les prises de position. Klein nous rappelle en passant la définition par Karl Popper du débat scientifique, cette « coopération amicalement hostile » qui pourrait concerner aussi les débats des jugements de goût, ou les joutes électorales si gravement polluées aujourd’hui… Mais comment prendre la méthode scientifique pour remèdes à nos maux si, comme notre auteur le remarque aussi, « la science se partage mal », et s’éloigne  par son formalisme des énoncés de l’homme de la rue ?

Etienne Klein égratigne au passage les sociologues des sciences (sans nommer Michel Callon ni Bruno Latour), ont-ils contribué à la perte du crédit des scientifiques auprès de l’opinion ? Ont-ils soutenus eux aussi que « tout est relatif » (slogan dont Klein relève avec malice qu’il est auto-contradictoire) ? Les thèses avancées par les théoriciens de l’acteur en réseau, notamment dans La Science en action de Latour, ne vont pas du côté du relativisme, mais du relationnisme : un savant seul est une fiction, il doit pour agir et persuader ses pairs recourir à toutes sortes d’alliés, à commencer par les citations au bas de page des thèses, mais aussi à tout un contexte social et politique qui constitue l’éco-système et la caisse de résonance (ou d’éclosion) des énoncés gagnants.  Ces sociologues nous donnent donc une mesure élargie de la recherche, en y incluant quantité de facteurs impurs, non pas déterminants mais conditionnants. Le tract d’Etienne Klein gagnerait sur ce point à examiner ces coopérations.

Car, comme il le reconnaît aussi, il y a des zones grises, où le rôle de l’opinion (cette maudite doxa opposée depuis Socrate à la connaissance droite) reprend tous ses droits. L’opinion demeure par excellence le matériau, ou l’ingrédient, de l’art (on n’ose dire de la science) politique ; à la façon dont Descartes, pourtant rationaliste, remettait à plus tard la constitution d’une morale qu’il rabat, faute de mieux ou provisoirement, sur les mœurs de son pays. La science et ses jugements tranchés (vrai/faux) ne sauraient pénétrer partout, et c’est même un défaut (politique) de nous opposer d’en haut un one best way, là où la décision à prendre demeure intrinsèquement confuse, et ne peut procéder que par essais et erreurs, ou consultation du public.

Emmanuel Macron a commis cette faute en déclarant, à propos de l’adoption de la 5G, que c’était une option scientifique donc indiscutable par le vulgaire, son refus nous ramenant aux mœurs des Amish, ou à l’âge de la bougie ! Trop d’exemples passés témoignent que sur une technologie aussi sensible, et qui concerne autant de comportements individuels et collectifs, un peu de recul s’impose, et une consultation des futurs usagers. La prudence écologique est à ce prix, car qu’est-ce que l’écologie, sinon le souci et la mise en pratique du commun ?  Or il y a une intelligence collective, née par exemple d’une convention de citoyens ou d’un débat un peu élargi, et ce débat semble une meilleure garantie, dans le doute, qu’une décision tranchée et précipitée au nom d’une science brandie comme un fétiche.

On voit la difficulté de ces questions : Klein a raison de nous rappeler les vertus de la coupure épistémologique (terme inventé par Bachelard et qui aura beaucoup servi aux beaux temps du structuralisme), la science n’est pas une opinion comme les autres. Contrairement à ce que prétendaient les sophistes adversaires de Socrate, on ne saurait dans ce domaine mettre la vérité aux voix. Les réseaux sociaux ne sont donc pas de taille à lutter contre les énoncés du laboratoire. Oui mais la politique n’est justement pas une science, et elle doit pour s’appliquer rallier ou susciter une majorité d’opinions favorables. Comment faire pour donner à une position raisonnable une chance de convaincre, ou d’entraîner ?

Car encore une fois le réel, la raison ne sont pas sexy, et ne portent pas à rêver. « Comment élargir la rationalité pour qu’elle devienne généreuse, poétique, excitante, contagieuse ? Comment excéder l’application du seul critère d’exactitude ? Ces défis sont justement ceux que nous, scientifiques, n’avons pas su relever : la science désormais semble triste, lointaine, complexe, étrangère. Un tel éloignement ouvre des boulevards au populisme scientifique, qui lui-même nous détourne de la science » (page 29).

Question en effet capitale. Que l’appui pris chez Nietzsche (pages 21-22) n’éclaire pas vraiment, Nietzsche ayant très largement moqué la raideur scientifique (« Il n’y a pas de faits mais seulement des interprétations »), et contribué dans cette mesure à l’érosion de la transcendance vite proclamée de la raison. J’insisterais pour ma part sur deux facteurs ou dimensions à développer dans le cours de ce débat : Freud a mis au cœur de sa doctrine l’opposition du principe de plaisir et du principe de réalité, faisant du même coup de l’homme un rêveur définitif (selon le mot d’André Breton), plus sujet aux sirènes de l’imaginaire (gros de mille plaisirs) qu’aux injonctions de la réalité. La communication est justement conçue, et très généralement conduite, pour alléger en nous et entre nous les infinies complications de l’information. Une règle médiologique en découle : l’audience ne va pas aux énoncés de la raison, mais à ceux qui moquent, piétinent ou dispensent de ceux-ci – comme semble le montrer la stratégie de « débat » inaugurée par Trump.

Etienne Klein fait partie des scientifiques qui s’efforcent, avec talent et humour, de rendre la science aimable, sinon compréhensible par chacun, et qui nourrisent pour cela le débat ou, titre de l’émission qu’il produit sur France-culture, la conversation. Le modèle conversationnel, très étudié et documenté aujourd’hui par la pragmatique des énonciations, est au cœur de la civilité, donc de la démocratie. Avec les lecteurs et commentateurs de ce blog (qui ne connaîtra jamais l’audience des bateleurs d’estrade), ne le laissons pas dépérir !

20 réponses à “Solitude du vrai”

  1. Avatar de M
    M

    Bonjour!

    Quel plaisir, quel bonheur de lire ce billet sur la solitude du vrai!

    Il ne s’agit, une fois de plus, de faire une fleur à l’auteur de ce billet, mais d’essayer d’en humer toute la saveur et si possible d’en extraire le suc qui libère.

    Vous connaissez l’anagramme : »La vérité » est « relative »? L’animateur de « La conversation scientifique » sur une chaîne de radio, s’en explique avec son ami pianiste dans leur livre sur les « Anagrammes renversantes ou Le sens caché du monde », page 12.

    Qu’est ce que la vérité? Une argumentation? Un fait? Celles et ceux qui lisent ce commentaire savent pertinemment que nos universitaires et non des moindres ont répondu à ces questions et il serait vain en ce petit espace de discussion de jouer au rosalbin avec moult citations à n’en plus finir. Des laboratoires avec maints esprits qui cherchent la vérité, en se contredisant parfois, on en trouve, en Isère et ailleurs…Mais le simple citoyen contribuable, loin de ce cadre urbain, qui cherche le laboratoire non localisable « en politique » ne trouve personne pour lui répondre.

    Nos puits de sciences ont beau dire et beau faire et notamment des tonnes de livres, la vérité toute nue semble se plaire en ses profondeurs et nous voici Gros-Jean comme devant sur la margelle, mon bon Seigneur!

    En exergue d’un premier chapitre d’un bel ouvrage qu’il m’a offert, un jour, un auteur cité dans ce présent billet, cite une « Poétique de la rêverie » où la beauté à sa place dans un univers transformé. Il cite aussi au cœur de son livre, très précisément, un extrait des pages 96 et 97 de « L’Engagement rationaliste » de Gaston Bachelard. Comment ne point penser à la conclusion de ce livre qui honore Jean Cavaillès?

    Voici quelques mots de la fin de « L’engagement rationaliste » :

    « Voici donc le problème d’une théorie de la science pour une philosophie de la science des temps modernes : il faut appréhender la science dans son progrès créateur, en retrouver la « structure, non par description, mais apodictiquement en tant qu’elle se déroule et se démontre elle-même. Autrement dit, la théorie de la science est un a priori, non antérieur à la science, mais âme de la science » (L’œuvre de Jean Cavaillès, in Gabrielle FERRIÈRES, Jean Cavaillès, philosophe et combattant (1903-1944), Paris, Presses Universitaires de France, 1950, pages 25 et 26 ). Dans la conclusion de sa thèse principale, Cavaillès avait déjà dit, d’une manière familière, que comprendre la science, c’est en « attraper le geste, et pouvoir continuer ». Il était de ceux qui pouvaient continuer, qui allaient continuer, de ceux précisément qui comprennent les intuitions de la rigueur, les intuitions de la solidité. Tous les éléments d’une grande doctrine étaient à pied d’œuvre. Après des efforts sans nombre, un grand bonheur de l’intelligence, le bonheur de la synthèse harmonieuse et solide attendait Jean Cavaillès. Il touchait à la récompense de la plus austère des vies intellectuelles. » (Fin de citation)

    « Attraper le geste! »…

    Les gens courent en ce monde. Ils sont dans le tunnel. La science là-haut peut-elle leur donner la main pour les sortir de la misère grouillante? Telle est la question.

    Faire de telle sorte qu’une conversation digne de science ne soit pas inutile.

    L’armée des ombres, le réel vacant le long de la paroi, Daniel dans la fosse…

    Il y a là, je crois, en filigrane, une douce brise d’exactitude.

    « Une voile leste, l’attrait du large ». Si belle anagramme retenue par le professeur et l’artiste « Entre la solitude et la vulgarité ».

    Un porc-épic, au petit matin, sur votre chemin de randonnée.

    M

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci pour ce rebond cher Michel ! Je savais en l’écrivant que ce billet vous accrocherait puisque j’y mentionne deux de vos intimes, Etienne, Gaston…

  2. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    Bonjour!

    Je viens, à l’instant, de lire un commentaire du billet de M.Jean-Pierre Luminet dans son blogue « Luminesciences »; billet où il parle du très récent Nobel de Physique, Roger Penrose.
    Ce commentaire mentionne ce présent blogue et des citations sont faites.
    Point de porc-épic sur ce sentier de balade là…et ni luciole.

    Gérard

  3. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    La SCIENCE n’est pas une opinion … elle a besoin de preuves. Belles enjambées entre le Minitel des années 1975 et Internet aujourd’hui. Le politique ne serait donc jamais au meilleur rendez-vous de celle-ci ? Il serait nécessaire de faire appel à un semblant de démocratie pour gérer l’arrivée de la 5G. A chacun de nous, peuple d’individualistes de se déterminer selon son ressenti : ses besoins et sa philosophie de l’existence.
    J’entends encore mon vieil ami paysan du Voralberg ( Autriche), répliquer devant les changements de société : “… Ça ? C’est pas bon pour “la cow”… . Sa vache lui fournissait lait et beurre, améliorait son quotidien. Il n’avait que faire de toute la technologie censée faciliter l’existence montagnarde à 1500 m d’altitude. Interrogé, un trentenaire me faisait part de ses agacements pour la lenteur de la 4 G dans la gestion de ses activités d’auto-entrepreneur.
    J’écoute l’un et l’autre. Je rêve chaque mois de juillet de retrouver les mêmes paysages alpins. Les traditions du travail paysan disparaissent peu à peu. Et les champs à l’herbe drue et fleurie sont devenus des étendues lisses pour un golf. Bof ?! Les petits-fils du vieil homme circulent en grosse cylindrée et utilisent le télé-travail. Heureux, vraiment ?

    “Entre solitude et vulgarité” dit monsieur FAI pour stigmatiser “la misère grouillante” dont il se plaint.
    N’avons-nous “que “ Gaston Bachelard ( 1884-1962) pour nous faire réfléchir aujourd’hui ? Quid de la complexité du monde actuel ? La glissade verbale de justifier la 5G contre les pratiques des Amish ou l’usage de la bougie fait sourire. Ah ! La belle jeunesse des conseillers en communication de notre président !
    Pire pour nous, gens bientôt chenus et hors-course des tracas du monde, on annonce à bas- bruit la prochaine arrivée de la 6 G. Planète à sauver …

    Et 11 milliards d’individus à nourrir dans le monde ! En 1950, nous étions 2 milliards et demi …

    Chaque jour, dans les familles du Nord de la France , l’hiver était une fête. Le poêle Godin oū se mijotait une cuisine goûteuse et solide ne chassait pas les jolies fleurs de givre sur les carreaux des fenêtres. Dans mon école de quartier, je me délectais avec le poème de Maurice Carême …

    Nostalgie ? Rien d’autre à dire. Je cherche comment faire pousser l’été prochain quelques belles tomates au goût d’autrefois. Je suis écœurée par l’absence de qualité des fruits et légumes proposés. Manque d’eau et trop de soleil, beaucoup de récriminations sur le coût de l’alimentation en milieu urbain.
    Au secours, la Science … et les trous noirs du ciel.

    Alors la 5 G ? Surtout pas avec un mât qui captera les ondes maudites . Ou évidemment loin de proximité de chez moi !

  4. Avatar de vyrgul
    vyrgul

    Bonjour,
    Voila ce que disait Nicolas Tenzer en conclusion d’un débat sur les USA hier sur Arte ; « Il y a de véritables menaces sur les institutions, et plus encore que sur les institutions, sur l’esprit publique américain. Il faut relire Tocqueville : ce qui fait la démocratie d’un pays, c’est l’esprit publique américain. Or on a vraiment l’impression que pour la moitié de l’électorat, tout simplement les valeurs, les principes de la démocratie – la vérité, le rapport à la science, l’examen critique, la capacité de débattre, la tolérance -, l’ensemble de cela a été complètement balayé par l’idéologie de Trump et c’est ça qui m’inquiète le plus ».
    Il n’y a pas si longtemps encore, quelqu’un comme Trump n’aurait jamais pu être porté à la présidence, ou en tous cas maintenu (car on peut toujours être trompé ), car une majorité de la population adhérait encore aux principes de la démocratie. On a le sentiment que ce n’est plus le cas aujourd’hui, ce que montre d’ailleurs le fait que ce mouvement de l’opinion publique est désormais de plus en plus perceptible dans d’autres pays : Italie, Angleterre, France, pour ne citer que 3 fleurons de la démocratie.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Bien d’accord avec vous , cher Vyrgul, le vrai est emmerdant ! Quel repos de le fouler aux pieds, et quelle permission de le faire quand l’exemple vient de si haut – et fait inévitablement chez d’autres des émules…

  5. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Et … le phénomène Trump comme l’extrait d’un remake carnavalesque ! Et c’est ahuris que nous écoutons les justifications pour le maintenir dans son rôle !
    Solitude du vrai ? Bien vu comme interpellation, Daniel. Impuissance aussi !

  6. Avatar de m
    m

    Mon commentaire

    Bonsoir!

    Je vous comprends Mme Cécile, M.Bougnoux, M.Vyrgul…Et je compatis aussi.

    A quoi bon en rajouter? Si l’important, c’est la rose, on finira bien un jour, par la sentir…

    La science jardinière, vous connaissez?

    Bien à vous tous

    m

  7. Avatar de Gérard
    Gérard

    Mais, mes bons amis, ce sont les pauvres et pas seulement quelques riches propriétaires terriens du Texas qui ont voté pour Monsieur Trump, considéré comme un pelé, un galeux d’où vient tout le mal. L’électorat démocrate est décevant car il a été déçu…

    Dites-moi comment faire « peuple » quand on a les mains blanches, le derrière toute la sainte journée au bureau sur une chaise, plutôt bien payé, certains par les contribuables en attendant sans trop s’en faire que l’heure de la retraite sonne ou les belles vacances au diable vauvert?

    Postvérité. Telle est la réponse de celles et ceux qui se posent des questions sur le fake de la postmodernité et qui ne sont pas forcément des donneurs de leçons.

    Autant choisir la randonnée carnavalesque dans l’attente joyeuse d’une « scienza nuova »…Pour l’heure, elle reste inachevée.

    Au pays de l’oncle Sam comme au pays de la cousine Marianne, il nous faudra changer de disque si nous voulons vivre réellement le rêve « américain », palsambleu! Un autre pays sans doute, sans 4×4 et sans bonimenteurs, est-ce possible, bonnes gens d’en haut et d’en bas?

    Peut-être suffirait-il pour ça, d’un peu d’imagination!

    Gérard

  8. Avatar de M
    M

    Bonsoir!

    « Au secours, la Science … et les trous noirs du ciel. » écrit Madame Cécile.
    Ma rude raison de manant lui répond tout de go :

    « Et si le ciel était vide? »

    J’imagine la gente dame qui sait lire dans les pensées par lettres transposées, réduire a quia le vilain par cette réplique en anagramme, l’envoyant une bonne fois pour toutes sur les roses :

    « Ta vie, elle est dite ici »

    Et pauvre de moi, de retrouver en « la matière »… « ma réalité » avec mes « tripes » dont les six lettres forment le mot « esprit ».
    Il fallait bien qu’il soit là, dans la solitude du vrai.

    M

  9. Avatar de m
    m

    Mon commentaire
    N’avons-nous « que » Gaston Bachelard pour nous faire réfléchir aujourd’hui?
    Vous posez, Madame, une bonne question à laquelle vos lecteurs ont déjà la réponse.
    Bien sûr que non! Entre la pluie et le beau temps, nos chemins sont-ils bachelardiens?
    Si dans notre besace intérieure et pas seulement sur des étagères de salon doré, la pensée qui s’aventure de G. Bachelard a quelque place, notre chemin de croix peut se changer en sentier du désir où l’on croît, l’on s’augmente dans la réjouissance de l’intuition vraie.
    La raison instruite nous invite à aller plus loin, plus loin encore en telle métamorphose d’écolier permanent qui se fatigue sans doute et en même temps se repose.

    Il se trompe Monsieur Bougnoux, la solitude, ça n’existe pas!
    L’autre jour, sur les terres du chanteur, qui peut dire qu’il n’était pas là sur le bord de l’un des ces chemins qui ne mènent nulle part, susurrant à l’oreille du promeneur ce vers tiré d’une ode dédié à Leuconoé (Horace, Odes, livre 1, XI, v.8) :

     » Cueille le jour sans te soucier du lendemain ».

    Et le professeur et l’artiste avec ces trente-sept lettres transposées découvrent :

    « Au seuil du jardin, une école, cent mille roses »

    L’important, c’est la rose et le jardin est l’essentiel.

    Nos deux G B, ici, Madame, nous invitent à y descendre pour en goûter tous les sens.

    m

  10. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    M s’interroge sur mon ressenti de la Science et des trous noirs ? Je renvoie les lecteurs à l’article de La Croix écrit par Gilles Biassette. je vais tenter d’ajouter le lien ( journal du 10 octobre). On y parle aussi des tours de passe-passe de Trump ?!
    Ma posture vis à vis de ceux-ci échappe à mon interrogation. Celle-ci est occupée par une réflexion récurrente : «  Face aux défis à relever en ce début de XXI ème siècle, comment entendre et accompagner ce qui fait Sens dans l’existence de chacun ? ». Mais ne pas oublier d’apprécier le joli soleil automnal et de s’engager à confectionner un repas goûteux pour un dimanche ordinaire.

    Amicalement aux passants du blog

  11. Avatar de Amateur très seul forcement
    Amateur très seul forcement

    Bonjour, votre billet est sensé, bien écrit. Cependant, trop mondain, Étienne Klein n’est pas une référence pour moi et pour !’avoir incidemment croisé dans un de ces directs radiophoniques où se verrouille le monopole des stars qui s’encensent perpétuellement. Il y a tant d’autres chercheurs privés d’audience, tout aussi capables de communiquer leur passion et leur propre regard sur la vérité, à défaut de pouvoir l’englober tout entière. Best regards

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      J’ai un peu croisé Etienne Klein autour de François Jullien, c’est pourquoi je l’ai un peu mis en relief dans ce billet, espérant prolonger avec lui ce début de relations. Hélas, il n’a pas répondu !

  12. Avatar de Solitude du chercheur amateur
    Solitude du chercheur amateur

    Merci pour votre attention. Vous avez, grâce à votre talent de la visibilité et je ne sais pas si vous pourriez me répondre sur une sorte d’omerta des scientifiques vis à vis de l’amateur sans affiliation. Combien de fois ai-je réagi à des articles, poliment, en espérant une réponse. A deux exceptions près, je suis resté planté devant un mur d’indifférence. Serait-ce un code des convenances au sein du CNRS ou autres clans si j’en juge par l’absence totale de volonté de partager un brin de connnaissance ?
    A moins que ce ne soit moi qui déraille, mais comment dès lors le savoir ?

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je ne sais que vous dire, votre question n’est pas assez explicite: qui, sur quel sujet, s’est détourné de vous répondre ? L’entre soi sévit très fortement parmi les « experts » – c’est presque leur caractéristique, on ne parle pas au vulgaire… Attitude évidemment déplorable, mais beaucoup s’estiment harcelés, et aussi toujours pressés. Toute science ou connaissance s’exerce dans un cercle, mais il faut selon moi qu’un cercle soit à la fois ouvert ET fermé !

  13. Avatar de Amateur
    Amateur

    Merci encore pour votre attention.
    Il s’agit d’une recherche où je déduis une unité significative des unités de Planck scellée par le théorème de Noether. Les archives du Cnrs (Hal) en ont publié l’épreuve, mais je n’ai aucun retour d’avis de scientifique, ce qui m’inquiète beaucoup. C’est aussi évidemment une projection ultra concise, dont je suis conscient, du paysage depuis mon étroite fenêtre sur ce qui me semble vrai.

    J’ai réfléchi sur votre billet et le parallèle suivant.
    « Information-communication … il faut concevoir ces deux termes comme antagonistes, et les placer sous tension » :
    – « La raison, la science ne sont pas le ciment du lien social, ni l’information qui passe par le travail d’établissement des faits. »
    – « La communication est justement conçue, et très généralement conduite, pour alléger en nous et entre nous les infinies complications de l’information. Une règle médiologique en découle : l’audience ne va pas aux énoncés de la raison, mais à ceux qui moquent, piétinent ou dispensent de ceux-ci ».
    – En conséquence : «Toute notre époque bascule, dit-on, dans celle de la post-vérité, où il suffit pour croire avoir le dernier mot d’asséner haut et fort n’importe quoi, d’exprimer bruyamment sa peur, ses folles croyances ou ses états d’âme en guise d’arguments. » Au moment donc où la science réintroduit l’observateur au centre du système et où nous tenons l’information dans la main comme jamais auparavant, paradoxalement la communication paierait le coût à lui donner du sens.

    En physique, le « ciment » de l’univers est l’interaction, intrinsèque à l’information. Le système s’oppose à la modification, l’évolution se fait grâce à la contradiction à l’exemple de la mécanique quantique et de la relativité générale, à mon avis les deux faces d’un même miroir :
    en maths : imaginaire et réel, irrationnel et rationnel, chaos des nombres premiers et ordre des nombres naturels, log et exponentielle, mesure et volume, arithmétique et géométrie ;
    en physique : permittivité et perméabilité, intrication et localité, temps et espace, énergie et matière, onde et corpuscule, électromagnétisme et gravitation.
    Symétries et paradoxes …. ontologiquement, nous voilà à la surface d’un miroir, entre incommensurabilité et son image, un-tout indissociable qui semble divin, quoique l’observateur interroge. La place considérable q’il occupe dans le système et donc dans l’Histoire est un reflet plutôt bancal de la transcendance.

    Selon Teilhard de Chardin l’univers, appelé à cumverger en Oméga, triomphera dans sa sagesse sur le dérisoire, l’absurde, l’arbitraire, l’abject. Puisant dans sa mémoire, ne tenterait-il pas plutôt éperdument, « seulement », de se hisser selon les caractères intrinsèques de l’énergie à un paradis enfin retrouvé ?

  14. Avatar de Amateur
    Amateur

    Bonjour,
    À tout hasard, même si ce n’est pas de la littérature, je vous adresse le lien Hal.
    https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02391730

    Au fait, j’ai collaboré, plusieurs années et en studio, aux directs de « Culture Matin » par Jean Lebrun à la Maison de la Radio ou j’ai travaillé 40 ans ; très sympa, bonne ambiance. Plus tard il vous a interviewé sur Inter à propos d’Aragon dans sa « Marche de l’histoire » qu’on peut écouter sur le web. De proche en proche, j’ai regardé le film concernant Aragon et Elsa Triolet dans le cadre magnifique et décalé du haut de la Tour Eiffel pour s’y adresser des roses !
    Best regards

  15. Avatar de Amateur
    Amateur

    Enfin,
    je dois faire amende honorable, le CNRS m’a fait un très beau cadeau en acceptant ce travail plutôt audacieux.

  16. Avatar de Amateur
    Amateur

    Côté information et côté communication.
    En 68 tard le dimanche soir, j’écoutais « Le théâtre de l’étrange » sur France Inter, auparavant enregistré et mixé dans les studios du Centre des émissions artistiques qui se trouvent au 1er étage de la maison de la Radio et qui permettent de produire les environnements sonores de portes grinçantes, escaliers, revêtements de sols, gravier, chambre d’écho, pièce sourde.
    « Il s’agit d’adaptations de nouvelles fantastiques ou de romans d’anticipation et de science-fiction écrits par des auteurs célèbres comme Dino Buzzati, Lovecraft ou Ray Bradbury », dixit l’Ina ; la qualité sonore y est en général remarquable : https://tinyurl.com/y7x2lsyt – clic sur résultats « Audios».
    Il y a quelques années, j’ai parodié pour m’amuser cette randonnée dans l’abîme que j’évoquais précédemment, histoire de bruiter sa rationalité glaçante :
    https://sites.google.com/site/cotecouretcotejardin/autheatredeletrange
    Meilleures salutations

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

    Lire la suite

À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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