Vincent Lambert, post-scriptum

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Je tiens ce blog, Le Randonneur, depuis janvier 2013, à l’invitation de deux amis journalistes de La Croix, Jean-Claude Raspiengeas et François Ernenwein. « Les yeux ouverts de Vincent Lambert » était mon trois-cent trente-cinquième billet ; je m’efforce, à travers tous ces textes essaimés depuis plus de six ans, de problématiser ou de souligner la complexité de quelques œuvres, de rencontres ou de « faits de société » qui peuvent toucher chacun.

Je ne m’attendais pas, rédigeant cet article samedi dernier, à soulever une telle tempête, j’en suis encore stupéfait.

Une fréquentation normale, pour ce blog, tourne autour de mille visites par semaine, un chiffre dont je me satisfais amplement (mes principaux bouquins ne connaissent pas une meilleure vente). Mais j’ai vite compris, dès dimanche, qu’avec l’affaire Lambert les choses prenaient un autre tour, cinq-mille visites à l’heure ! Je n’en revenais pas, le compteur des consultations, reçu chaque lundi, en affichait pour la semaine écoulée plus de vingt-six mille… Quelque chose déraillait.

Et la nature des « commentaires » changeait : aucun de mes billets, jamais, ne fut à ce point insulté. J’ai l’habitude, écrivant ce blog, de rencontrer chez mes lecteurs une certaine complicité, une émulation dans la recherche ou, à tout le moins, un dialogue encourageant. Ici, c’était sans appel ni nuances : « ce blog est ignoble », vous n’êtes qu’un nazi, ou même : Vincent Lambert est plus vivant que vous ! Des dizaines de lecteurs, que je ne peux appeler des interlocuteurs, s’étonnaient hautement de voir mes lignes publiées sous le patronage du très catholique journal La Croix, en appelant ainsi, à mots à peine couverts, à ma censure ou mon expulsion… J’avais rencontré brutalement, face-à-face, la meute, une horde de lyncheurs. Je suis, aux yeux de ces indignés, coupable de blasphème ; à lire les propos d’ « Alix », de « Dawid » ou de « Mitroma », je comprends qu’en d’autres pays ce billet valait lapidation, que j’étais cette chrétienne coupable d’avoir bu l’eau d’un puits réservé aux musulmans, et qui a échappé de peu à la mort. Ne rêvons pas de notre exception républicaine, laïque et française, notre pays n’est pas si éloigné que cela, pour certains, du Pakistan.

Qu’avais-je pu écrire d’assez révoltant pour mériter un pareil traitement ?

À relire mon billet, j’y trouve ces deux photos d’abord, que je n’aurais pas dû reproduire : publier un visage sans l’accord du sujet constitue une atteinte à la vie privée. Nous avons donc, d’un commun accord avec La Croix, rapidement retiré ces deux documents, à regret pour moi car j’étais justement parti de ce visage, c’était le sujet de ma réflexion. Mais je fais, sur ce point, amende honorable. Faut-il renoncer de même au terme de zombie, qui a nourri la querelle ? Je me revois rédigeant ce billet tandis que la radio diffusait une analyse du dernier film de Jarmusch ; cette créature mort-vivante est dans l’air du temps, non au sens technique du mort qu’un sorcier déterre et réanime à son profit, mais comme on dit de quelqu’un qui traverse le monde sans vraiment s’y intéresser, ou y comprendre grand-chose. Je venais de conclure un précédent billet, destiné à la revue Médium et consacré à l’incendie de Notre-Dame, en relevant la frivolité d’une société politico-médiatique qui sur-réagit devant la cathédrale en flammes, mais non quand c’est notre Terre qui brûle dans une indifférence à peu près générale. Comment peut-on à ce point voir sans voir ? L’indifférence ou l’absence au monde quasi-totale de Vincent Lambert ne nous tend-elle pas un inquiétant miroir ?

Je n’entre pas dans le détail des accusations, ou des soupçons tordus, puisque les interventions des uns et des autres figurent désormais ici à ciel ouvert. Quelles que soient leurs outrances, je les « valide » chaque fois impartialement en me disant que cette semaine du Randonneur, faste et tellement néfaste, constitue une archive du fanatisme contemporain. Une rencontre, hélas très instructive, avec des gens dont j’étais loin de soupçonner la virulence, ou la bassesse de pensée. Le Randonneur vivait d’un naïf optimisme communicationnel ; j’espérais, à travers le jeu des questions-réponses, la formation d’une « mentalité élargie » – il a fallu déchanter !

Je me dis aussi que jamais, dans un débat à visages découverts, les adversaires ne se montreraient aussi grossiers : est-ce l’écriture numérique et sous pseudonyme d’internet qui encourage autant d’incivilité ? Mais non, Odile me rappelle comment, à l’Assemblée nationale en 1974, Simone Weil fut victime de monstrueuses attaques de la part de députés hommes, qui allèrent jusqu’à traiter de nazie cette rescapée des camps ! Elle déjà, elle aussi, en introduisant pour la première fois la légalisation de l’avortement dans notre pays, remettait en question le sacro-saint « droit à la vie ».

À quelle sorte de vie ? C’est évidemment le fond du problème, que ne veulent pas discuter les jusqu’au-boutistes des « soins ». Leurs attaques m’ont blessé mais j’ai aussi appris sur le cas Lambert, au cours de cette semaine. J’ai dit, écrivant mon billet, que je ne connaissais pas son dossier médical, au-delà de ces quatre mots d’experts : « état végétatif chronique irréversible ». D’où plusieurs décisions de justice, au fil desquelles les parents l’ont pour finir, ou provisoirement, emporté. Je crois, sur le fond, m’être exprimé avec mesure, ne sachant moi-même ce qu’il conviendrait de faire, ni comment trancher une pareille aporie : les directives anticipées, dans son cas, auraient-elles seulement servi ? On leur oppose déjà que Vincent n’est pas « en fin de vie », ou que cette notion d’état végétatif demeure approximative, ou sujette à caution.

Le « nazi » que je suis disait-il autre chose, en écrivant : « Partage-t-il avec nous, a minima autant qu’on voudra, quelque chose du propre de l’homme ? Nul n’en sait rien, qui peut répondre ? » Et plus loin : « Le doute subsiste »… Parti de ces yeux ouverts, j’ai voulu limiter mon propos à l’effroi, ou au questionnement intense, que suscite nécessairement ce visage qui de fait nous regarde, je veux dire par lequel chacun se sent interpellé. Et moi, que souhaiterais-je qu’on me fasse si cela m’arrivait ? Et comment réagiraient mes proches ? Le cas Lambert nous concerne tous ; chacun peut donc, ici ou ailleurs, dans la mesure de ses moyens y réfléchir sans être nécessairement médecin ni spécialiste du droit. Et je devine aussi que c’est moins l’acharnement thérapeutique qui m’a intéressé ici que, conformément à mon domaine d’études, l’acharnement médiatique.

Ce n’est pas la réflexion qui a dominé les commentaires postés sur ce blog, ni un doute né de la complexité inextricable de la situation, ni la conduite honnête d’un nécessaire débat, mais les invectives et un dogmatisme pesant : pour la plupart de mes « lecteurs » (mot impropre), il n’y a simplement pas de problème. Ils voient écrit Vincent Lambert et ils foncent, avec la pétulance du taureau sur le chiffon rouge. La réflexion détrônée par le réflexe conditionné, la lecture et la quête d’information remplacées par la sonnette du chien de Pavlov…

Vincent Lambert n’est pas pour eux un sujet, à tous les sens du terme, mais un slogan, un étendard bon à brandir dans quelque manif pour tous. Interdiction de l’IVG, « droit à la vie » (à quelle qualité de vie ?), prolongement des soins – même combat !  J’ai compris, un peu tard, que bien en deçà de toute réflexion sincère dont ces gens n’avaient cure, je me heurtais à une féroce instrumentalisation du cas : qu’il y avait ce couple de parents au jeu si glauque, et derrière eux leurs bruyants avocats, et la Congrégation de Saint Pie X, et la Fondation Lejeune, ou le journal Valeurs actuelles…

Je remercie La Croix d’avoir servi ici de miroir ou de révélateur en montrant, bien involontairement, que la religion (dont je suis moi-même dégagé) n’inspire ou ne grandit pas forcément ses fidèles ; merci aussi à ceux, moins nombreux, qui ont enrichi ces pages par leurs connaissances, leurs analyses ou leurs encouragements.

Cette semaine qui aura été éprouvante m’a remis en mémoire ce mot de Sempé, « Je pratique le pardon des offenses… Mais, j’ai les noms ! »

39 réponses à “Vincent Lambert, post-scriptum”

  1. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Bonjour, monsieur Bougnoux
    Faites-moi l’amitié de ne pas confondre la religion et ses dogmatismes figés avec la démarche de Foi qui n’est autre qu’une marche vaillante, incessante et pas toujours facilité dans de belles émotions lumineuses. Ceux qui restent fidèles à cette quête sont des saints. Quant au message de l’Evangile, il a mission d’infuser la société hors de ces chapelles qui le trahissent.
    Gilets roses ? Tous, Lecteurs de La Croix payant l’abonnement mensuel : j’en doute ?! Ce doit être facile de jouer la stratégie du « coucou » en s’infiltrant pour déverser du fiel. Incognito et à coups de hache : on le voit.
    Pas si grave, sauf pour votre égo écorché dans l’espace où les douleurs de la maladie de Françoise restent une meurtrissure. Brutal, mais tout excès de langage ruine l’impact recherché. Et votre intelligence et votre culture sont des éclairages nécessaires dans la complexité des événements du monde.

    Des coups et un coût ? Votre texte ci-avant en montre la nécessaire utilité.

    Bonne vaillance à vous ! Croire en la Vie Éternelle devrait être un réconfort après une série d’épreuves comme le subit Monsieur Vincent Lambert. Nos contradicteurs préfèrent le choix de souffrances sadiques.

    Et négligent l’essentiel qu’apporte la Foi.

    Je redis pitié pour Vincent. Pitié et encore pitié ! Bienveillance. Laissons-le dormir en paix …

    Cordialement

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci Cécile de revenur sur ce blog, et de tenter d’y calmer le jeu !

  2. Avatar de Jean Daniel Reuss à Rebais
    Jean Daniel Reuss à Rebais

    En préliminaire, et après avoir lu (rapidement) ces 5+1=6 « articles les plus populaires » (avec les commentaires), je crois utile d’indiquer que je suis un agnostique rationaliste et que, depuis 2013, je reste (pourtant) un partisan de la survie de Vincent Lambert.

    Avant d’entrer dans le vif de ces sujets, je laisse aujourd’hui quelques remarques.

    *** «…le compteur des consultations … en affichait… plus de vingt-six mille… Quelque chose déraillait.»
    °° Ce qui manifeste que vous avez abordé un sujet sérieux et important, donc particulièrement intéressant (et qui exige de longs débats avant de pouvoir « être évacué »).

    *** «….émulation dans la recherche ou, à tout le moins, un dialogue encourageant»
    °° Du choc des idées peut naître la lumière.

    *** «zombie»
    °° Est une métaphore assez juste et bien trouvée. Mais attention, l’utiliser c’est admettre que Vincent Lambert n’a guère conscience de son état et que ses douleurs physique sont atténuées . Dès lors à la question qui se pose « faut-il laisser vivre Vincent Lambert » le terme zombie peut apparaître comme étant un argument « pour » (laisser vivre).

    Je tue les moustiques qui me piquent, mais pas les vers de terre qui ne me gênent pas. Alors pourquoi tuer les zombies inoffensifs dont les vies ne valent pas la peine d’être vécues ? Question posée en excluant provisoirement, pour la simplicité de cette présente introduction théorique, les arguments financiers qui sont en eux-même valables et importants.

    En fait les arguments « pour » et les arguments « contre » sont nombreux et variées et doivent être examinés et discutés avec rigueur.
    Pour en avoir un aperçu rapide daté du 2/6/2019, je signale cet article (tendance un peu trop Emmanuel Hirsch) :
    https://www.jforum.fr/monsieur-vincent-lambert-lhumain-deshumanise.html

    *** «Et moi, que souhaiterais-je qu’on me fasse si cela m’arrivait ?»
    °° L’attitude de chacun devant l’euthanasie (et le suicide assisté) est conditionnée par sa propre conception de la dignité et par sa Weltanschauung.
    À titre d’exemple, voici quelques notes personnelles destinées à la rédaction de mes directives anticipées :
    1) – Ma conception de la dignité consiste à lutter jusqu’au bout dans les conditions de survie les plus extrêmes, les plus artificielles et les plus désespérées (« Jamais abattu ! Jamais découragé ! »). La notion de situation dégradante est située en dehors de mon univers mental.
    Résister à la torpeur permanente et pouvoir garder une chance d’atteindre un bref éclair de lucidité sont pour moi plus importants que le soulagement des douleurs ou autres symptômes. Je ne souhaite donc pas de sédation et encore moins de sédation profonde.
    …..etc.
    2) – Il va de soi que je n’ai aucune objection contre n’importe quelles formes de traitements ou de techniques artificielles.
    ….etc.

    *** «Le cas Lambert nous concerne tous ; chacun peut donc, ici ou ailleurs, dans la mesure de ses moyens y réfléchir sans être nécessairement médecin ni spécialiste du droit.»
    °° Oui, c’est un cas précis et concret relativement connu et souvent commenté , ce qui facilite la réflexion « philosophique » pour les gens qui n’ont pas une grande puissance d’abstraction (j’en suis).

    *** «Interdiction de l’IVG,…, prolongement des soins – même combat»
    °° Selon moi, IVG et continuation des soins sont évidemment deux chapitres très différents.

    *** «Vincent Lambert n’est pas pour eux un sujet,….»
    °° Exact ! Personnellement, je vois en Vincent Lambert un symbole, un champion de la survie, une allégorie de la résistance dans des conditions extrêmes, un exemple admirable de lutte contre l’adversité……………..
    Objectivement, il est une des rares (ou la seule) personnes qui aient réussi à survivre pendant 31 jours avec une ration d’eau quotidienne de 200 millilitres, et ceci malgré des moyens physiques et mentaux quasiment nuls.

    J’espère avoir la possibilité (et le temps) pour continuer à argumenter ici sur ces
    thèmes délicats aux multiples facettes.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci Jean-Daniel pour cette approche rigoureuse, loyale et sympathique ! Les invectives suscitées par le précédent billet nous font tellement régresser…

  3. Avatar de basaltine
    basaltine

    Merci pour votre texte et pour votre courage, merci d’avoir pris le temps de l’étude et de l’intelligence, le temps du doute et de la question au risque de ne pas avoir de réponse.
    Je suis catastrophée par le tournant radical qu’ont pris nombre de chrétiens modérés au sujet de mon frère Vincent, grâce à une intervention plus que maladroite de certains évêques que j’avais rencontrés et dont je peux affirmer qu’ils ne s’exprimaient pas en leur nom… entre hypocrisie et mensonge, je ne sais pour quel « but supérieur », ils ont ainsi semé une confusion dramatique, dans l’esprit de personnes faciles à guider, entre euthanasie et retrait d’une médecine qui a fait déjà trop et déjà trop longtemps… que ne se battent ils pas pour les 20 000 arrêts de soins qui se déroulent dans la paix en France, et dans un dialogue subtil entre médecins et famille?… Nous sommes désormais dans le domaine du délire…
    Je reste à votre disposition si vous aviez des questions précises, pour vous répondre avec le plus de précisions et vérité possible, sans autre but que d’y voir un peu plus clair.
    Marie-Geneviève Lambert

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Madame, Votre commentaire me fait un bien fou, vous effacez les dizaines de messages d’insultes ou de sottises qui ont encombré, malheureusement, ce blog, et je me sens un peu mieux justifié d’avoir abordé le sujet de votre frère. J’ai souvent songé, en recevant et lisant tout ceci, à vous, à l’autre côté de la famille, qu’on entend si peu, merci de prendre ici la parole, avec cette bienveillance.

  4. Avatar de Sennelier
    Sennelier

    Venant de déposer un commentaire en bas de la page à laquelle celle-ci se réfère, j’invite tout un chacun à le lire, c’est un point de vue destiné à apaiser le débat, qui semble en avoir bien besoin.
    Apaiser, mais non pas clore le débat… Car il y a pour moi quelque chose qui « ne va pas » dans la situation actuelle.
    Vous en remerciant d’avance.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci Sennelier, pour votre contribution importante, et en effet « apaisante ». Je vais regarder la vidéo que vous postez ; mais comment se fait-il que « état végétatif chronique irréversible » figure sur le compte-rendu d’un groupe d’experts ?

  5. Avatar de Sennelier
    Sennelier

    Chere Basaltine, cher Daniel Bougnoux, cher Jean Daniel Reuss,

    Vous exprimez parfaitement, Jean-Daniel, le point de vue que j’aurais voulu moi-même exprimer: pour moi non plus, il n’y aura pas d’autre directive anticipée que « se battre jusqu’au bout », jusqu’à ce que la vie en moi s’éteigne d’elle-même.
    Grâce à Daniel Bougnoux, deux pages existent sur le Net, où, parmi les délires, de nouveaux points de vue apparaissent. Merci de bien vouloir lire mon approche « modérée » du problème en bas de la page précédente intitulée « Les yeux ouverts ».

  6. Avatar de Gaston Toucan
    Gaston Toucan

    Vincent Lambert a-t-il eu une chance de vivre autrement ?
    Pourquoi vouloir l’achever sans même lui avoir donné toutes ses chances ?
    Pourquoi ce refus de le transférer ?
    Et pourquoi ce déshonneur de la cassation?

  7. Avatar de Sennelier
    Sennelier

    Le fait qu’un membre proche de la famille de Vincent Lambert prenne ici la parole est la preuve que c’est sur cette page rendue possible par Daniel Bougnoux, que les derniers arguments publics de non-spécialistes cherchant à éviter hystérie, haine et délire seront peut-être échangés. Merci donc à vous, Marie-Geneviève, et à vous, Daniel.
    Mes commentaires sont développés sur la page précédente « Les yeux ouverts », et comme on le verra, je m’interroge et je doute, comme on doit le faire je crois, car l’intime conviction (les convictions assenées comme des vérités objectives) est ici ce qui pose le plus de problèmes. Je précise que je ne crois pas au paradis, et que pour moi la seule vie est celle-ci, et c’est pourquoi je pense qu’il faut prendre une dernière fois le temps de douter avant de prendre une décision définitive.
    Pour répondre à votre question sur l’emploi du terme d’ »état végétatif chronique », Daniel, il me semble que les habitudes du corps médical pèsent encore. Le terme est abandonné depuis la CIM 10 (classification internationales des maladies), dont une version date de 2008, soit il y a onze ans. https://icd.who.int/browse10/2008/fr
    C’est une classification qui fait grand cas des droits de l’homme et de la lutte contre les discriminations. Sans doute a-t-elle voulu, de manière correcte, éviter les représentations dégradantes de l’humain (végé…), et bien distinguer l’état « non répondant » dont on parle, en le situant entre le coma, et la conscience minimale (répondante).
    Les situations réelles étant en continuité alors que les concepts employés sont séparés, se pose la question du seuil à partir duquel employer les termes. Objectivement, Vincent Lambert, effectivement, a un comportement avec une part d’activité plus grande que chez certains autres: il lève et tourne la tête, fait bouger ses yeux, il émet des des sons, bouge les lèvres et les mâchoires comme s’il voulait parler. rien à voir avec un coma. La vidéo dont j’ai parlé permet aussi bien de se faire une intime conviction, que de douter. Chacun y projettera ce qu’il ou elle a choisi de « voir »… Au moins a-t-elle l’avantage de rompre avec le « végé… ». Vincent y est « bien en vie » (même si ce n’est pas une vie bonne), et l’on voit mieux toute la portée qu’aurait dans ces conditions l’acte d’euthanasie envisagé, en ce qui concerne les personnes en situation de handicap grave. https://youtu.be/OFPcHs_yU1g

    Les questions, pour moi, et elles s’adressent ici surtout à Marie-Geneviève, seraient:
    1) puisqu’il est établi (c’est référencé, et non réfutable pour parler le langage du droit américain) qu’en 2011, Vincent pouvait modifier sa respiration à la demande, et que cette méthode est connue comme méthode de communication dans les Maisons d’accueil spécialisées (MAS) qui recueillent des personnes en situation au moins aussi difficiles, cette méthode de communication a-t-elle été tentée?
    2) la dégradation de l’état de conscience constatée en 2014 se manifeste-t-elle aujourd’hui par une incapacité à faire varier la respiration sur demande, dans un but de communication?
    On ne peut qu’être désolé par le fait que dès 2013 une décision d’arrêt d’alimentation a été faite, alors que la constatation de 2014 n’avait pas été rédigée, et qu’on en était encore , au moins sur le papier, à l’expertise de 2011, qui laissait des espoirs.
    Beaucoup de prévention, de précipitation, de conceptions personnelles et subjectives (pro-euthanasie /pro-vie) semblent accompagner la situation de Vincent Lambert.
    Il reste quelques brèves semaines pour que l’opinion publique puisse elle aussi se former un avis le plus objectif possible, le plus éloigné possible des convictions personnelles, les seules admissibles ici étant celles que Vincent Lambert possède encore (ce qui reste précisément à prouver en l’écoutant du mieux que nous pouvons) ou qu’il a communiquées verbalement.
    Si on laisse les intimes convictions de chacun sur la vie, nous sommes tous, en raison des médias, et que nous le voulions ou non, mis objectivement en face d’une situation non pas de fin de vie, mais d’euthanasie d’une personne gravement handicapée.
    Il me semblait que le droit français l’interdisait.
    Je ne suis pas, personnellement demandeur d’une évolution du droit sur ce point, contrairement à d’autres. Ainsi, sans partager les croyances et opinions personnelles des pro-euthanasie et des pro-vies, je suis partisan d’attendre d’en savoir plus sur l’état des émotions et pensées éventuelles de Vincent. Je ne vois pas pourquoi on dirait que Vincent « pleure » alors que la vidéo ne permet pas de savoir si ces éventuels pleurs sont « à propos » et suivent une annonce triste ou impressionnante. Si pleurs il y a, nous sommes en face d’un retournement de situation, et devant une situation à comprendre.
    Je considère donc que le recours gouvernemental à la cassation est précipité et imprudent. Ce faisant, alors que le Président prétendait ne pas intervenir, il le fait ici en prenant l’entière responsabilité de la suite. Je ne comprends pas bien cette manière de faire à sens unique, ce double langage: se taire et laisser faire quand on part vers l’arrêt de l’alimentation, agir à l’inverse quand l’alimentation est reprise.

  8. Avatar de Sennelier
    Sennelier

    Pour répondre à votre question sur la persistance de l’emploi d’ »état végétatif » dans le vocabulaire médical, il est à noter que les termes de la CIM-10 ne sont pas une norme absolue, par exemple l’académie de médecine emploie le terme de manière récurrente ici:
    http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2014/05/Re%C2%B4ponse-saisine-Conseil-Etat-22-04-14.pdf
    Il s’agit d’un texte réfléchi et de bon sens sur la situation de Vincent Lambert, en réponse à une demande du Conseil d’Etat.
    Mais malgré sa précision et sa prudence, on en reste à la situation inchangée.

  9. Avatar de axelle
    axelle

    Bonsoir,
    Je n’ai pas pour habitude de commenter sur les blogs mais votre dernier billet me pousse à réagir. J’ai découvert vos livres, Shakespeare – que j’ai ensuite offert à une amie – puis en ce moment un Aragon, avant de tomber – algorithme ou coïncidence – sur votre « double » numérique. Extrême plaisir à vous lire, intelligence et bienveillance… pour faire vite. Même si le sujet de l’euthanasie me terrifie. Je ne suis pas étonnée de la violence des commentaires en réponse à votre texte pourtant on ne peut plus équilibré sur la tragédie Vincent Lambert. Internet, refuge des violents, des forts en gueule, des trolls : pas bien original. Vos textes accompagnent des centaines de lecteurs silencieux. Vous avez un courage remarquable d’être dans l’arène. Ça mérite un immense merci. re

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Bonjour Axelle, le sujet de l’euthanasie n’a rien de terrifiant, à mon avis, il permet (dans la législation belge) à des patients de partir en paix, entourés de leur famille, et d’avoir une mort « propre » aux deux sens du terme, ce qu est encore si rare… Mais ce n’est pas le sujet ; vous avez lu mon bouquin sur Shakespeare, ou plutôt Florio, savez-vous que la cause de ce dernier a fait dernièrement de grands pas, et que nous nous rapprochons d’une révélation que les orthodoxes stratfordiens seront bientôt obligés de reconnaître ? Affaire extrêmement intéressante. Quant à Aragon, les éditions Champion viennent de publier un gros dictionnaire sur lui, 1000 pages, auxquelles j’ai vivement contribué, cela fera date j’espère… Vous avez raison, derrière les enragé bruyants que le Net encourage, il y a ces centaines de lecteurs silencieux qui sont nos vrais destinataires et qu’il ne faut jamais perdre de vue. Merci d’être sortie du silence avec cette gentillesse !

  10. Avatar de Dawid
    Dawid

    Monsieur Bougnoux, votre honnêteté intellectuelle vient d’être une nouvelle fois prise en défaut :
    en effet, vous prenez pour exemple la législation belge tout en omettant qu’elle permet l’euthanazie des enfants !

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Dawid, J’ai « l’honnêteté » de valider vos commentaires et de les faire apparaître ici, malgré les sentiments qu’ils m’inspirent. Sachez que j’approuve la loi belge (qui n’a pas été votée, que je sache, par une Chambre peuplée de nazis ni d’infanticides), et que l’adoption par la France de dispositions équivalentes épargnerait à beaucoup de personnes d’aller mourir en Belgique, ou en Suisse, comme on allait avorter dans ce dernier pays avant la loi Weil de 1974, votée sous les huées d’une partie de nos députés…

  11. Avatar de Dawid
    Dawid

    Désolé, monsieur Bougnoux, ceux qui votent de telles lois sont les héritiers idéologiques directs du plan Aktion T4 dont les « arguments » de propagande étaient les mêmes : mort « douce » et « miséricordieuse », inutilité sociale des victimes et économies réalisées à ne plus les entretenir… !

  12. Avatar de Dawid
    Dawid

    Merci beaucoup !

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Et merci à toi Jean-Claude pour cette longue, chaleureuse, précise mise au net : la vertu de témoignage, et d’analyse, a un peu trop manqué dans les commentaires de ce blog postés la semaine dernière, mais l’apaisement est aujourd’hui sensible, et le renversement spectaculaire – merci à toi d’y contribuer !

  13. Avatar de Jean Claude Serres
    Jean Claude Serres

    Merci Daniel pour ce post-scriptum qui permet d’enrichir encore le débat que tu as ouvert. Je me joins à tous ceux qui t’ont remercié d’avoir persévéré sans clore ce débat nécessaire. Je viens encore de relire ton article sur le problème moral de l’euthanasie (2).
    J’avoue que mon commentaire sur « les yeux ouverts de VL » a été réalisé sans la connaissance adéquate de ce cas et trop orienté par mon propre vécu « accompagnement de fin de vie » de mon épouse Noëlle.

    J’ai beaucoup appris de TOUS les commentaires à propos du cas VL, les durs, les violents comme les autres. Je pense que l’on ne traite que du « vécu hypothétique » de Vincent Lambert, pas du tout du vécu de son épouse, de ses parents, de l’équipe médicale, de la dimension sociétale, politique et citoyenne (il y aurait 1100 personnes en « handicap profond » en France et en mettant tous les guillemets pour cette caractérisation). Les questions et points de vue que je pose sont orientés par la situation globale de ces 1100 cas, associés aux problématiques de fin de vie, à partir de ce cas singulier.

    Dimension politique et citoyenne
    Il me semble que chaque cas est éminemment singulier. Aucune loi ne peut encadrer la prise de décision. La décision de vie assistée ou de mort concerne un problème sans solution rationnelle. Dans une communauté de territoire, il n’y a ni convergences ni compromis possible entre des communautés de destins différentes (convictions, croyances, valeurs etc). Cela illustre parfaitement la difficulté actuelle non résolvable démocratiquement en France du vivre ensemble (avortement, fin de vie, mariage pour tous, PMA, cultes religieux dans les espaces publics etc.).

    Il me semble qu’un encadrement par la loi devrait instituer une compétence nouvelle pluridisciplinaire indépendante du milieu médical impliquant le principe de subsidiarité territoriale, limitant les recours possible sur le territoire (chaque cas est singulier). Cette compétence nouvelle serait juridique, médicale, économique, éthique, capable de décider de la sédation profonde ou de l’euthanasie avec seulement deux niveaux de recours, départemental et national.

    J’attire l’attention sur la grande difficulté de valider les dernières volontés définies à l’avance quand on sait le pouvoir potentiel d’influence des proches (convictions, croyances, héritages, conflits familiaux) qui constituent les soubassements psychosociaux de nombre de familles.

    Vécu du conjoint ou responsable légal
    Le vécu d’un conjoint sur une durée d’une ou plusieurs décades, en situation de conflit peut devenir une seconde vie foutue en l’air (conjoint et enfants à charges). Il me semble que le conjoint devrait pouvoir s’il le désire avoir le droit de poursuivre sa vie selon son choix : divorce de fait, disposition des biens communs etc. au-delà d’une durée raisonnable de 2 ans par exemple.

    Témoignage personnel : les dernières volontés de mon épouse étaient d’avoir une sédation profonde et rapide au-delà d’un coma de 72h (écrites vers 65ans). La structure hospitalière en a décidé autrement. Le corps a continué à survivre 12 jours. D’un commun accord avec l’hôpital, j’ai fais confiance au protocole et à l’équipe médicale comme solution de moindre douleur. D’un autre coté, j’ai assumé la décision de considérer mon épouse « humainement décédée » au bout de 72 heures et de ne plus mettre les pieds dans la chambre, incapable de supporter que des proches ou des infirmières parlent à ce corps « sans âme » comme s’il y avait encore une once de conscience. La cérémonie familiale a été organisée 4 jours avant son décès officiel. L’interne m’avait assuré qu’il ne pouvait plus y avoir une once de conscience. Le contraire, pour moi claustrophobe, aurait été encore plus insupportable et m’aurait sans doute conduit à une autre décision plus violente.

    Vécu parental
    La souffrance psychique des parents ne doit pas être sous-estimée. Quant il y a conflit familial en la matière et que toute décision ne peut être qu’injuste pour l’un ou l’autre des partis, le principe de précaution visant à ne pas commettre d’acte irréversible (le cas des 1100 personnes en France) peut être recevable. La compétence poly-compétente doit alors décider qui garde la responsabilité familiale et le cadre hospitalier adéquat.
    Pourquoi dans les cas similaire à celui de V. Lambert, avec un grand handicap dépourvu de « branchements » de maintien en vie artificiel, l’hospitalisation à domicile n’est-elle pas envisagée ?

    Vécu de l’équipe médicale
    La conscience professionnelle de ce corps médical est mise à mal par des ordres et contre-ordres venant de structures juridiques nationales, européennes ou internationales non compétentes et surtout non adaptées à traiter de cas aussi singuliers. Cela illustre de manière tragique la dérive juridico-réglementaire et procédurale qui pas à pas détruit la notion même de métier, d’état de l’art, du droit à la prise de risque et ainsi de la conscience professionnelle. Ainsi dérive notre société occidentale mortifère.

    Vécu du patient non communiquant ses volontés et directement concerné
    Trop a été dit, je ne rajouterai rien. Juste un point sur les poids comparatifs de s’exprimer en présence, d’écrire un texte, d’être immergé émotionnellement par une photographie (merci de l’avoir supprimée) ou encore plus par la vidéo (même sans le son). Là, j’ai failli à mon éthique de ne pas regarder. J’ai, bien sûr, été agressé émotionnellement par la photo et puis encore plus par la vidéo. Cela m’a demandé du temps pour reprendre du calme et de la distance émotionnelle. Photos ou vidéo sans débat, mettant en chair et en perspective cette immersion sauvage, sont un danger pour la société et la citoyenneté.
    Merci d’avoir permis de donner chair à cette difficile problématique.

  14. Avatar de Sennelier
    Sennelier

    Le débat évolue, grâce à cette page de Daniel Bougnoux (qu’on ne remerciera jamais assez de laisser toute parole se dire).
    On commence à s’apercevoir que bien des positions ont été prises sans avoir vu de vidéo de Vincent Lambert, et que bien des avis ont été donnés alors qu’on croyait que Vincent Lambert était couché, incapable de bouger, « branché de partout » (je cite un de mes amis, ce soir 7 juin, qui n’a pas vu de vidéo, et qui croit donc qu’on est dans un cas médical classique de fin de vie).
    Le très touchante et réaliste évocation des derniers moments de vie de son épouse, par Jean-Claude Serres, est bien éloignée de la situation de Vincent Lambert qui n’est absolument pas en « fin de vie ». Nous (ce nous veut dire « nous autres Français ») allons faire quelque chose d’une infinie gravité en ôtant par décision la vie à quelqu’un qui n’est pas en fin de vie. Je n’arrive pas à comprendre comment nous en sommes arrivés là, comment on a pu ne pas permettre à Vincent d’aller en MAS. L’inadmissible, l’insupportable (car l’affect « doit » ici avoir toute sa place) est de comprendre que c’est le fait d’avoir maintenu Vincent à l’hôpital qui a dégradé ses fonctions, et qu’ont veut maintenant s’appuyer sur cette dégradation pour se permettre de le priver de nourriture. L’insensé puis l’injuste et enfin la plus grave faute.
    Personnellement j’agirai jusqu’à la dernière minute, et vais envoyer demain à la première heure le lien vers la vidéo où Vincent se nourrit à la cuillère, aux cinq juges de la CEDH, en les priant de communiquer ce liens aux autres juges avant la décision de la cour de cassation. Je suis certain qu’ils n’imaginent absolument pas la situation réelle de Vincent Lambert.
    Je cesse ici 07/06 mes commentaires, puisque Marie-Geneviève ne répond pas, et vous souhaite bon courage à tous, et encore sincères remerciements à Daniel.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Cher Sennelier, Je lis et relis vos commentaires car il me semble que nous sommes sur l’arête du débat, sur la crête où l’on bascule d’un côté ou de l’autre – et vous et moi ne somme pas du même côté ! Pourquoi ? J’avoue que vous me donnez à réfléchir, qu’une question que je croyais (pour moi) tranchée se pose à nouveau.
      Laissons de côté, voulez-vous, ou laissons à « Dawid » les allusions aux nazis, inutilement polémiques et qui enveniment le débat. Je découvre que je ne suis pas, c’est vrai, un inconditionnel de la vie, que je ne voudrais pas poursuivre la mienne à n’importe quelles conditions. De même ma femme Françoise a formulé le désir de « partir en beauté », formule qui peut ainsi rapportée sembler naïve, mais qui avait un sens précis : je ne veux pas d’une vie dégradée, assistée exagérément, je veux partir à la hauteur de ce que j’ai vécu, que ma fin ressemble à ma vie courante et n’en soit pas l’affreuse inversion, l’insoutenable renversement. Trop de fins de vie en effet, par lâcheté devant l’inconnu de la mort ? plongent aux enfers de la dépendance.
      Ceci dit pour ma femme, qui était en fin de vie. J’ai écrit ici même que ce n’est pas le cas de Vincent. Mais devant les images de Vincent, que penser ? Que nous disent ces yeux ouverts, comment les faire parler ? Vous dites qu’il n’a rien écrit, hélas. Mais il a parlé justement, à sa soeur, à sa femme, prononcé des mots qui valent des directives anticipées – pas juridiquement je sais, mais humainement que faire ? De quel côté est le respect des volontés de la personne, de quel côté, devant la grande dépendance, est la vraie charité ?
      Je possède chez moi, comme je l’ai raconté, une (précieuse) dose de penthobarbital. Je l’utiliserai sur moi sans état d’âme, si j’étais affronté aux conditions d’une fin de vie pénible, car c’est la mort la plus douce qui soit, diluée dans un peu d’orangeade. Et je l’administrerais avec le même sang-froid à un proche, s’il me le demandait. Je crois que le droit à sa propre mort (méditons cette expression je vous prie) est encore à venir, comme était l’IVG avant 1974 ; que ce droit, dans le détail de l’application, pose quantités de difficultés et qu’il n’y a en cette matière que des cas – mais qu’il faudra y venir et l’étendre, ce droit, sous forme de loi (les Belges l’ont fait) car trop de gens souffrent d’être (comme Vincent ?) enfermés dans une condition intolérable, dont l’issue leur échappe ou leur est refusée.

  15. Avatar de Dawid
    Dawid

    12 raisons de dire non à l’euthanasie
    ET OUI AUX SOINS PALLIATIFS.

    http://laviepaslamort.fr/

  16. Avatar de Dawid
    Dawid

    Le texte des 12 raisons de dire non à l’euthanasie (et oui aux soins palliatifs) a été établi par un collectif de plus de 175 associations de bénévoles en soins palliatifs.

    Ce collectif représente plusieurs milliers de bénévoles engagés quotidiennement dans l’accompagnement de patients en fin de vie.

    Collectivement, ces bénévoles offrent plusieurs centaines de milliers d’heure dans une démarche de soins palliatifs, soucieux de faire de chacune d’elles un moment singulier. Ils sont présents chaque jour dans une démarche de bienveillance et de non-jugement, d’écoute et parfois de simple présence dans le silence. Les bénévoles n’ont pas d’autre tâche à accomplir, ils ne sont pas non plus des proches que l’on voudrait épargner, ils sont simplement et pleinement là, témoins et solidaires.

    Leur respect pour la complexité de toute vie et de toute fin de vie, leur culture de la simple écoute voire du silence ne les conduit pas, ordinairement, à prendre la parole publiquement. Leur voix doit pourtant être entendue.

    1. Chacun doit vivre dans la dignité, jusqu’au bout de sa vie
    Toute personne, quels que soient sa situation et son état médical, est intrinsèquement digne. Même dans les situations les plus redoutées, les équipes de soins palliatifs mettent tout leur cœur et leur savoir-faire à sauvegarder la dignité véritable des patients. Considérer que l’on assure la dignité d’une personne en lui donnant la mort est une défaite de l’humanité.

    2. La loi doit protéger les plus fragiles
    Nos choix personnels ont tous une portée collective, surtout quand ils requièrent l’assistance d’un tiers, comme dans le cas de l’euthanasie ou du suicide assisté. Se tenir face à la mort et vouloir la hâter est un exercice rare et solitaire revendiqué par quelques personnes déterminées mais qui pèserait sur tous les plus faibles : les personnes isolées, âgées ou d’origine étrangère, qui sont susceptibles d’être soumises à toutes sortes de pressions (familiale, sociale, voire même médicale). C’est particulièrement vrai dans notre société, qui valorise la performance et peut donner à une part notable de sa population le sentiment d’être un poids.

    3. L’interdit de tuer structure notre civilisation
    Légaliser l’euthanasie, c’est inscrire au cœur même de nos sociétés, la transgression de l’interdit de tuer. Un principe élémentaire de précaution devrait nous dissuader de suspendre désormais nos valeurs collectives à un « Tu tueras de temps en temps » ou « sous certaines conditions ». Notre civilisation a progressé en faisant reculer les exceptions à l’interdit de tuer (vengeance, duels, peine de mort…). Légaliser l’euthanasie ou le suicide assisté serait une régression.

    4. Demander la mort n’est pas toujours vouloir mourir
    Très peu de patients nous disent vouloir mourir et bien moins encore le redisent quand ils sont correctement soulagés et accompagnés. Beaucoup, en outre, veulent signifier bien autre chose que la volonté de mourir lorsqu’ils demandent la mort. Vouloir mourir signifie presque toujours ne pas vouloir vivre dans des conditions aussi difficiles. Et demander la mort parce qu’on souffre, est-ce vraiment un choix libre ? Les soins palliatifs permettent de restaurer la liberté du patient en fin de vie en prenant en charge sa douleur comme sa souffrance psychique. De façon ultime, la loi française permet au patient de demander l’arrêt des traitements de maintien en vie et que soit mise en place une sédation dite profonde et continue jusqu’au décès quand il est en fin de vie et qu’il juge ses souffrances insupportables.

    5. La fin de vie reste la vie. Nul ne peut savoir ce que nos derniers jours nous réservent
    Même dans ces moments difficiles, nous avons pu entendre des patients vivre des moments essentiels, jusqu’à découvrir pour certains que la bonté existe. D’autres font des adieux inattendus à des proches. Accélérer la mort, ce peut être aussi nous priver de ces ultimes et imprévisibles moments d’humanité.

    6. Dépénaliser l’euthanasie, ce serait obliger chaque famille et chaque patient à l’envisager
    Voulons-nous vraiment, demain, face à une situation de souffrance, nous interroger sur l’opportunité d’en finir, pour nous ou pour nos proches ? Souhaitons-nous vraiment, face à un diagnostic, faire entrer la piqûre fatale dans le champs de nos questionnements – voire imaginer, lorsque nous sommes affaiblis, que nos proches se posent la question pour nous ?

    7. Les soignants sont là pour soigner, pas pour donner la mort
    La vocation propre des soignants est d’apporter des soins. La relation de soin est une relation de confiance entre la personne malade et celle qui la soigne. Pour les soignants, donner la mort c’est bouleverser ce contrat de confiance et renverser le code de déontologie médicale. Les soignants que nous côtoyons refusent également les tentations de la toute-puissance, que ce soit par l’acharnement thérapeutique ou par l’euthanasie.

    8. L’euthanasie réclamée dans les sondages est une demande de bien-portants, elle occulte la parole des patients
    Le débat public et les sondages diffusés mettent en avant une société qui serait « prête » à légaliser l’euthanasie. Pourtant, personne ne peut se projeter de façon réaliste dans sa fin de vie et affirmer savoir ce qu’il souhaiterait alors effectivement. Les seules personnes consultées sont des bien-portants alors que les seules personnes concernées sont les patients. La parole des patients en fin de vie est en réalité occultée.

    9. Se tromper sur une demande d’euthanasie serait une erreur médicale sans retour
    Les erreurs judiciaires dans les pays pratiquant la peine de mort font légitimement frémir. Mais aucun patient ne reviendra jamais non plus d’une euthanasie pour faire valoir une erreur de diagnostic, une ignorance des traitements existants ou une méconnaissance de la nature réelle de sa demande. Pouvons-nous seulement tolérer un tel risque ? Face à des situations par nature ambivalentes, quel risque acceptons-nous de courir : celui de vivre encore un peu quand on voulait mourir, ou celui de mourir alors que l’on voulait encore vivre ?

    10. Légaliser l’euthanasie ce serait la banaliser sans éviter les dérives
    L’expérience démontre que la légalisation ne fait que repousser les limites des dérives vers des pratiques plus extrêmes. Une fois légalisée l’euthanasie des patients en fin de vie, on en vient à celle des mineurs, puis des personnes atteintes de troubles mentaux, ce qui est déjà envisagé en France par ses partisans, puis l’on passe outre les conditions fixées par la loi, et parfois même outre le consentement du patient. De plus, les dérives sont plus nombreuses encore dans les pays qui ont déjà légalisé l’euthanasie (ainsi les euthanasies clandestines sont-elles trois fois plus nombreuses en Belgique qu’en France).

    11. Les soins palliatifs doivent être apportés à tous
    Les soins palliatifs doivent être accessibles partout et pour tous. Ce doit être un droit pour chaque patient. Actuellement, bien trop de patients n’ont pas accès aux soins palliatifs quand ils en auraient besoin. Cela doit changer. Appliquons la loi, toute la loi, rien que la loi ! La France a développé une voie spécifique qui sert de référence à d’autres pays, infiniment plus que les modèles belge ou hollandais parfois cités en exemple. La France doit former ses soignants et avoir l’ambition de donner accès aux soins palliatifs à tous.

    12. Les soins palliatifs sont incompatibles avec l’euthanasie et le suicide assisté
    Ces deux approches obéissent à deux philosophies radicalement différentes. La légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté repose sur l’exigence d’autonomie. Les soins palliatifs, eux, conjuguent l’éthique d’autonomie avec l’éthique de vulnérabilité et de solidarité collective. Les soins palliatifs préviennent et soulagent les souffrances alors que l’euthanasie vise à hâter la mort intentionnellement. Les soins palliatifs sont des traitements, l’euthanasie est un geste mortel.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Dawid, Vous apportez ici un texte discutable auquel je peux donc répondre. Que vous dire qui ne soit redites ? J’ai raconté sur ce blog comment ma femme Françoise, admise deux semaines en soins palliatifs au CHU de Grenoble, s’y est trouvée remise à flot moralement ou psychologiquement, le traitement de sa douleur était enfin équilibré, les soins parfaits, la nourriture bien meilleure, la chambre spacieuse donnait sur un beau jardin, etc. Je me suis néanmoins affronté à l’équipe quand j’ai parlé d’euthanasie, et je revois une séance mémorable, autour d’une table de blouses blanches : toutes étaient des femme, et à majorité catholiques, elles m’ont tenu les propos que vous m’énumérez. A quoi j’ai répondu qu’on ne connaissait pas le cas de ma femme, qu’on prenait en compte son espérance de vie (évaluée par elles à six mois, alors que Françoise est décédée naturellement quatre jours après avoir quitté ce service), bref qu’on était excellent dans ce centre pour les soins du corps mais qu’on ne considérait pas la volonté du patient. On négligeait sa propre morale, à laquelle on substituait un catéchisme catholique. Encore une fois, il n’y a que des cas, dans celui de Françoise sa volonté (selon moi) devait primer, ou l’emporter sur le collège des blouses blanches. Le cas de Vincent Lambert est inextricable par défaut de cette volonté clairement exprimée, en l’état actuel, d’où l’interminable querelle, et l’incertitude : devant ce corps en état de dépendance pathétique, que faire ? J’avoue que je n’en sais rien.

  17. Avatar de Dawid
    Dawid

    Merci, Monsieur Bougnoux, pour votre réponse.

    Je vous souhaite de tout cœur d’être en paix.

  18. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    – À Jean Claude Serres ( participation du 6 juin)
    Merci de dérouler avec clarté les divers niveaux du cas VL … Devant ce corps en état de dépendance pathétique, que faire ? Moi aussi, je n’en sais rien … ou presque. Sauf que je ne voudrais pas de cette situation pour moi. La violence de certains propos m’a fait l’effet de momifier un être humain, le transformant en un objet de propagande. Curieusement à l’issue de ces derniers posts, Vincent Lambert retrouve pour lui, un prénom et la responsabilité de son nom, d’abord confié à une épouse et surtout donné à son enfant. J’ai déjà parlé pour celle-ci de deuil “impossible”. Cette situation me hante !. Quant aux parents, ils seraient hors-jeu, d’après l’injonction biblique.
    – A Daniel,
    Mon intérêt se tourne vers votre texte du 27 janvier : Démocratie et convictions. Ce fut dans le contexte présent un coriace exercice de mise en pratique. Bravo et merci, encore et encore … à vous. C’est une vraie satisfaction pour moi d’avancer dans ma réflexion avec une mentalité élargie. “L’homme qui comprend le dissensus demeure ouvert à la discussion, à l’altérité, sans que l’étrangeté des autres le scandalise …”.
    Puisse chacun retrouver votre écrit de janvier sur le blog. Je peux y puiser beaucoup de sagesse pour affronter les perturbations de tous genres du monde d’aujourd’hui. Et ainsi moins fuir le mode affrontement que je déteste. De la sagesse donc et l’audace de dire et se dire !
    Car vous dites aussi “ qu’une vie parfaitement agnostique et sans opinions serait insipide et plate. … La tolérance initiée par la philosophie des lumières, et la curiosité pour l’altérité n’ont rien de spontané, cela demande une éducation- sur soi et sur les autres- toujours à reprendre”.
    Je devrais trouver et lire sur Internet le projet de ces journées internationales Saint-François de Sales dont la 23ème s’est tenue à Lourdes.
    Des interrogations pour aujourd’hui ? On a trop peu d’espaces où peuvent se rencontrer ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croient pas . Pour s’apercevoir très vite que chaque groupe se divise en fonction de subtiles convictions …
    Puisse le blog trouver encore beaucoup de lecteurs et contributeurs pour faire vivre une démocratie qui
    sert l’humain en nous. Hommage au philosophe qui prend la tâche de passeur.

  19. Avatar de Sennelier
    Sennelier

    Daniel dit : »devant ce corps en état de dépendance pathétique, que faire ? J’avoue que je n’en sais rien. »
    Sage position qui devrait être celle de tous les médecins, et qui ne peut en tant qu’acte positif que s’exprimer par la prudence et le maintien en vie, même si c’est très insatisfaisant.
    Ceci est parfaitement expliqué par les cinq juges du Conseil de l’Europe, dont l’avis de 2015 est publié ici, in extenso, sur un blog de médecin, où l’on est aussi renvoyé au document original:
    https://jeanyvesnau.com/2015/06/06/affaire-lambert-cinq-des-dix-sept-juges-de-la-cedh-qualifient-d-effrayante-la-decision-de-leurs-pairs/
    Il nous reste peu de jours pour continuer d’agir.
    Je rappelle que ma position est la préférence pour une mise en situation protégée et aidée de Vincent en MAS, pour tenter de favoriser ce qui reste de communication avec lui. Si par hasard il finissait par demander ne serait-ce que par une variation de la respiration, un suicide assisté, la situation serait autre et poserait d’autres problèmes. Pour l’instant nous sommes devant une personne en situation de handicap, qui n’est pas en fin de vie, et si les juges de la CEDH ont pu, en majorité (malgré l’opposition intelligente et sensible de cinq juges), considérer qu’un « arrêt des soins » était possible, c’est qu’ils n’ont pas vu de vidéo de Vincent et qu’ils se fient seulement à des version papier d’expertises. Je pense qu’ils seraient horrifiés d’apprendre, en fin d’été, après avoir vu une vidéo, ce qu’ils ont permis si Vincent Lambert était euthanasié.
    Je rappelle que ma position est celle d’un citoyen qui n’est pas « pro-life », ni pour l’euthanasie, même pas favorable au suicide assisté (il faut avoir, je crois, le courage de ses positions et n’impliquer personne d’autre dans son choix mortifère) et qui ne croit ni au paradis ni à l’enfer.
    L’enfer est sur terre, dans l’hallucinant débat qui ne devrait pas être, où l’on se demande (je crois cauchemarder) si on va ou non exécuter une personne lourdement handicapée.

  20. Avatar de Dawid
    Dawid

    Sennelier, je me retrouve tout à fait dans votre dernière phrase :

    « L’enfer est sur terre, dans l’hallucinant débat qui ne devrait pas être, où l’on se demande (je crois cauchemarder) si on va ou non exécuter une personne lourdement handicapée. »

    J’espère en effet que nous nous réveillerons un jour en apprenant que Vincent a été enfin transféré dans un service adapté à son état, comme c’est le cas pour 1 700 autres personnes en France, et qui, elles, ne font pas polémique…

  21. Avatar de Eagle
    Eagle

    L’auteur de ce blog indique avoir été professeur : la première chose qu’un enseignant apprend à ses élèves est la rigueur et l’effort intellectuel. Deux éléments absents, n’ayant toujours pas étudié cette affaire dans les détails et continuant la désinformation sur le prétendu « acharnement thérapeutique » de Vincent Lambert alors que les experts du Conseil d’Etat ont inscrit noir sur blanc dans leur rapport que ce patient n’est pas en situation d’acharnement thérapeutique. Il ne reçoit en effet que de l’eau et de la nourriture. Au diable la véracité des faits, philosophons, philosophons…

    S’étonner du nombre de visites sur cet article est quelque peu naïf étant donné qu’il apparaissait en tête des résultats de Google Actualités. C’est très regrettable pour un blog certes personnel mais faisant partie du Network La Croix, c’est-à-dire avec un minimum d’exigence requise dans la véracité de l’information. Même Médiapart a censuré des articles de blog qui ne respectaient pas le devoir de rigueur du journal. Se tromper dans la définition de l’état médical de Vincent Lambert est anti-informatif, quel que soit l’avis porté sur ce dossier.

    La virulence de certains commentaires s’explique par les termes très forts utilisés par l’auteur lui-même au sujet d’un patient handicapé : qualifié de « zombie », qui selon la définition attribuée peut être un terme très insultant. Manque de respect pour les 1500 patients dans son état (sont-ils des « zombies » eux-aussi ? Doit-on les déshydrater ?). Attaque ad hominem envers les parents, taxés de quasi-intégristes, accusés de « jouer à un jeu glauque ». Travestissement du vocabulaire : sur un sujet qui est avant tout scientifique (il s’agit de porter un regard sur une décision relative à son état médical), confusion entre « fin de vie » au sens médical et « fin de vie » au sens philosohique (l’auteur voulant dire « fin de la vie digne d’être vécue »). Ce qui entretient un peu plus la confusion sur l’état médical de Vincent Lambert. Ne tombons pas dans les dérives sémantiques et les abus de vocabulaire car ils ont par le passé été un outil de propagande des régimes totalitaires. Tous les sujets de bioéthique nécessitent une très grande rigueur sémantique.

    On est quasiment tous d’accord pour dire que son état doit lui causer une très grande souffrance morale et qu’on préférerait tous mourir plutôt que de supporter ça. Cependant des patients dans le même état ont dit qu’ils ne souhaitaient pas mourir (comme par exemple Philippe Pozzo di Borgo, opposé à l’euthanasie, ou Rom Houben, un paraplégique belge végétatif chronique). On ne connait pas ses volontés et même s’il était favorable à une euthanasie, nul doute qu’il ne voudrait pas mourir de déshydratation. Dans cette situation l’acharnement est de continuer à refuser son transfert. Au moins avec de la rééducation dans un centre spécialisé pourrait-il enfin exprimer sa volonté. Autre incohérence des médias affirmant qu’il n’a plus aucune conscience mais voulant son euthanasie pour ne plus qu’il souffre moralement. Comment peut-on être sans conscience et souffrir moralement, c’est incompatible. Où est donc passé le principe de non-contradiction.

    Au moins 3/4 des commentaires en désaccord avec l’article n’étaient ni insultants ni agressifs, beaucoup de soutiens de Mr Lambert n’ont pas de convictions religieuses, parmi lesquels plusieurs médecins spécialistes, nul besoin de les qualifier de « fanatiques ».

  22. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Sainte Patience … au secours ! Eagle. Tous vos arguments seraient donc exacts puisqu’il vous justifie.
    Évitez d’attaquer Daniel Bougnoux de biais ou de front, je vous en prie. Cela m’est désagréable et ruine vos propos par leur mauvaise acidité.
    Chacun aura émis un avis selon la perception qu’il se fait du sens de sa vie. Fanatique … zombie …
    etc … etc ?! Une parole « non formatée » se cherche. Elle est maladroite ??? Tant mieux, elle ne subit pas les injonctions de celui qui parle le plus fort.

    On vous a entendu. Faites comme chacun, attendez la prochaine étape. Et prions pour la sérénité de ce malheureux Vincent.

  23. Avatar de Dawid
    Dawid

    Merci beaucoup, Eagle !

    Alors que Vincent est en train d’être assassiné à petit feu et « légalement », vous lire est un véritable réconfort.

    Désolé, Cécile d’Eaubonne, mais c’est le relativisme que vous érigez en pseudo-tolérance, cette fameuse « dictature du relativisme », dénoncée maintes fois par Benoît XVI, qui permet l’euthanazie actuelle de Vincent, symptôme parmi d’autres de « la culture du déchet », stigmatisée, elle, par le pape François…

  24. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Pfuff ! … David.
    Bonne chance quand il arrivera de vous battre avec l’inévitable. La mort fait partie de la vie. Pour moi, j’ai choisi … Il y a beaucoup d’autres combats que ceux de pseudo existences justifiées par l’acharnement thérapeutique. Il paraît que la Vie Éternelle est un havre de paix et de douceur. Mais puisque vous n’y croyez pas, c’est votre choix.
    Bel été à tous, en santé suffisante. Mille autres souhaits.

  25. Avatar de Albatros8
    Albatros8

    Quelques remarques :

    1) La Croix ne peut être considérée comme un journal catholique je pense, quelqu’un l’a déjà dit sur le précédent post.
    2) Par conséquent, certaines idées exprimées par vous, M. Bougnoux, ne devraient pas surprendre, si ce n’est que ce journal continue de porter ce nom et de se réclamer de l’Église catholique.
    3) D’où la gravité, malgré tout, de la promotion de l’avortement et de l’euthanasie sur ce blog.
    4) Personne n’a prononcé, que je sache, de menaces de mort à votre encontre, M. Bougnoux. Ne vous posez pas en victime et ayez la décence d’éviter de vous comparer à Asia Bibi.
    5) Je vous suis reconnaissant cependant de publier tous les commentaires, c’est à votre honneur.
    6) Dawid a raison, l’eugénisme (incluant la PMA) que l’on veut mettre en place aujourd’hui a pour ancêtres les sinistres projets d’extermination et de sélection que l’on connaît (Aktion T4, Lebensborn…)
    7) Cette femme, Simone Veil (et non Weil), est à ce jour coresponsable de plus de 8M de morts…
    8) Je ne reviendrai pas sur les précisions très importantes de Eagle, merci à lui (notamment sur la contradiction). Je n’y vois pas de « mauvaise acidité », Mme d’Eaubonne ; ce n’est pas parce que « cela vous est désagréable » qu’il devrait se taire il me semble.

    Vincent Lambert est en train de mourir en ce moment. La prière reste notre dernier recours.
    MP

  26. Avatar de Dawid
    Dawid

    Cécile d’Eaubonne,
    votre « Pfuff ! …  » en dit long sur l’estime que vous portez à vos contradicteurs…
    Vous n’avez pas compris, ou faites semblant de ne point comprendre, que refuser l’euthanazie ne veut pas automatiquement dire accepter l’acharnement thérapeutique.
    Et votre manière de justifier l’euthanazie par la croyance en la Vie éternelle relève de la malhonnêteté intellectuelle ou du cynisme le plus éhonté, ou des deux…

    Merci beaucoup, Eagle, pour vos remarques plus que pertinentes !

  27. Avatar de Dawid
    Dawid

    Je voulais écrire :
    « Merci beaucoup, Albatros8, pour vos remarques plus que pertinentes !

  28. Avatar de Dawid
    Dawid

    En tant que responsable des Veilleurs de Châlons-en-Champagne,
    je rejoindrai avec des amis les Veilleurs de Reims
    devant l’hôpital Sébastopol de Reims, ce mardi soir à 20h00.
    C’est dans cet hôpital que Vincent est en train de mourir…
    Nous serons présents pour dénoncer cet ignoble scandale
    et aussi pour alerter sur les autres victimes à venir…

  29. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Bonjour,
    Bienfaits inattendus des prières des uns et des autres ? Car il est juste de penser que l’Esprit-Saint, Amour entre le Fils et le Père doit encore assouplir nos cœurs endurcis.
    Bienfaits, dis-je ?
    Dans quelques rumeurs, j’ai crû entendre que les parents de Vincent Lambert choisissent en souvenir de l’amour qu’ils porteront à jamais pour leur fils d’apporter un peu de réconfort à une famille dans le souci. Avec l’argent mis à disposition par la fondation Legendre et autres dons Pro-Vie, ils prennent en charge les frais d’une auxiliaire scolaire pour un enfant handicapé qui peut être accueilli dans un établissement scolaire. Une initiative loin d’une haine délétère à entretenir …

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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Les derniers commentaires

  1. On pourrait aussi bien poser la question, cher J-F R : Comment la France des riches, gens diplômés, bien endentés…

  2. Bonsoir ! Je reviens de Vendée où j’ai vu des gens assis dans une école abandonnée, en train d’écouter religieusement…

  3. OFPRA bien sûr : Office Français de Protection des Réfugiées et Apatrides.

  4. Magnifique compte rendu, cher Daniel, de ce film impressionnant et fort. On sort bouleversé et l’on espère changé, après sa…

  5. Votre « commentaire » est très sombre Eglantine, et je comprends votre désespoir. Je ne décrirais pas aussi sombrement que vous le…

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