Voir ou boycotter le dernier Polanski ?

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R.P. à Cannes en 2013

La sortie de J’accuse, le film que Polanski vient de consacrer à l’affaire Dreyfus, coïncide ironiquement avec la relance des accusations contre le réalisateur pour viol. Une première plainte avait conduit, dans les années soixante-dix, à son incarcération partielle puis à sa fuite hors des Etats-Unis, où il n’a jamais remis les pieds face à la menace d’emprisonnement qui pèse toujours sur lui dans ce pays.

Interdit là-bas de tournage, il a fait sa carrière en France, produisant des films dont plusieurs atteignent au chef d’œuvre comme Tess (1979), Le Pianiste (2002) ou La Jeune fille et la mort (1994)… Mais j’ai beaucoup aimé moi-même La Vénus à la fourrure (deux fois chroniqué sur ce blog), Carnage ou le très ancien Répulsion (trois films également consacrés à d’inquiétants huis-clos). Polanski conduit de main de maître ces œuvres d’une grande hauteur morale, doublée d’une enviable perspicacité psychologique dans le choix et la conduite d’intrigues qui peuvent toucher au satanisme (Rosemary’s baby), à la psychose ou à diverses variétés d’emprises.

Connaissant mal le détail des accusations qui pèsent sur lui, je ne peux évaluer leur véracité – mais je me pose avec beaucoup de gens la question : les demandes de boycott qui se sont précisées hier (mercredi 20 novembre), de la part d’élus municipaux auprès de salles de cinéma du 93, sont-elles justifiées ? Faut-il punir Polanski ou brûler ses films, en allant au-delà du pardon que lui a accordé Samantha, sa première victime ? Et si l’on démontre (malgré ses dénégations) que le génial réalisateur se double psychologiquement d’un violeur compulsif, de quel œil devrons-nous désormais regarder ses accomplissements artistiques ?

J’imagine le piquet de grève à la porte du cinéma où le spectateur se présente pour voir J’accuse :

  • Bonsoir, il n’y a pas moyen d’entrer ?
  • Pour le film de Polanski non, c’est interdit.
  • Pourquoi, y a-t-il dans J’accuse des appels au viol, ou des propos anti-féministes ?
  • Vous savez bien pourquoi nous sommes là : plusieurs femmes se sont plaintes d’agressions sexuelles commises par ce type, la justice ne semble pas l’inquiéter, nous avons donc décidé de le punir une bonne fois en faisant barrage à ses films.
  • Vous vous en prenez aux œuvres pour punir leur auteur ? Vous avez déjà vu un film de Polanski ?
  • Ce n’est pas la question, ce type est immonde et ne mérite pas qu’on lui fasse en plus de la pub à travers cette projection.
  • L’idéal pour vous, ce serait que personne ne voie ses films ?
  • Exactement, comme cinéaste il s’est lui-même complètement cramé !

Etc. On peut voir, heureusement, le film dans d’autres salles, et malgré l’absence de promo ou les tentatives de sabotage de sa diffusion, J’accuse bat actuellement les records de fréquentation sur la première semaine. Pourtant et quelles que soient les péripéties en cours, on sent bien le public divisé, et que la question se pose : pouvons-nous y répondre ici en conscience puisque, la justice ne semblant pas le bon recours, chacun se détermine selon ses propres convictions ?

Je n’ai pas encore vu J’accuse, qui semble un très bon film d’après les rumeurs qui m’en parviennent : un film si bon, pédagogique voire « moral », qu’il serait désastreux d’en priver le grand public, et notamment les jeunes générations. Mais qui pourrait prendre une pareille décision ? Les collectifs qui se dressent ici ou là en exigeant sa « déprogrammation » n’ont heureusement pas ce pouvoir à l’échelle nationale, et les demandes d’élus qui vont cette semaine dans ce sens ouvriraient la porte à toutes les dérives : verrions-nous avec indifférence une communauté se dresser sur notre sol contre la sortie d’une œuvre, au motif que celle-ci offenserait telle ou telle conviction ?

Mais, objectera-t-on, les œuvres ont des auteurs. Si ceux-ci ont commis un crime avéré, et que le recours en justice ne soit pas évident (pour cause de prescription, de contradictions dans les accusations, ou de notoriété du présumé coupable), ne peut-on atteindre l’homme en le frappant dans son œuvre ?

Roman Polanski se trouve, depuis le début de ces « affaires », au centre d’un acharnement suspect, qui commença dès le premier procureur. Parmi les accusations qui le visent, seule la première a été établie. Mais admettons sa culpabilité de serial-violeur, cela justifierait-il l’interdiction de ses films ? Ne faudrait-il pas à ce compte, dans les musées ou les bibliothèques, retirer de la circulation bon nombre d’ouvrages dont les auteurs étaient peu fréquentables, Caravage ou Gauguin (convaincu de relations pédophiles), Céline ou le marquis de Sade ? Je comprends que la réédition des pamphlets si lourdement antisémites de Céline fasse débat, leur contenu est extrêmement choquant, et capable de donner à certains des idées. Mais le crime de collaboration et de haine raciale peut-il contaminer par extension Voyage au bout de la nuit ? Et autres chefs d’œuvre…

J’ai moi-même, présentant ici et là l’œuvre d’Aragon (indispensable et inépuisable outil de culture) affronté l’objection. Quoi, ce bolchevik ? L’homme qui a écrit « Feu sur Léon Blum et les ours savants de la social-démocratie » ? Libre à vous, ô justiciers intègres, de ne pas lire La Semaine sainte ou Le Fou d’Elsa, et d’ignorer jusqu’au bout de votre vie Le Paysan de Paris ou Blanche ou l’oubli, vous ne savez pas de quoi vous vous privez ! Mais ces situations, hélas assez banales, conduisent à soupçonner ceci : et si chez nos intransigeants moralistes, nos pointilleux censeurs, c’étaient les œuvres qui n’étaient pas aimées ?

J’aime les films de Polanski pour leur côté scabreux, leur façon de côtoyer la folie ou le crime, le tact délicat qu’il met à disséquer les monstruosités de la vie ordinaire, en y ajoutant parfois une touche de loufoquerie, politesse peut-être du petit juif rescapé du ghetto de Varsovie. Mais cette virtuosité, cette élégance, ces coups de miroir aussi qui peuvent donner le vertige (dans La Vénus à la fourrure par exemple, et les allusions à son propre couple), ne l’excusent en rien aux yeux de ses détracteurs, il faut que l’auteur demeure un salaud, et qu’il paye !

Les œuvres ne sont pas aimées à notre époque d’autofiction, de direct, de brutalisations venues des réseaux sociaux, de plus courte distance entre nos représentations et les vies minuscules où le réel nous tient parqués. Les accomplissements esthétiques où se hissent quelques-uns intéressent moins, ou relèvent d’un luxe superflu, d’une époque révolue. « Pourquoi, demandait Jacques Lecarme à une réunion de notre comité de médiologues, lisons-nous les biographies d’auteurs dont nous ne lisons pas les œuvres ? »

Oui, pourquoi cette préférence pour la vie telle qu’elle va, au détriment de la fiction, de l’irréel, du rêve ? Pourquoi, sur les tables de libraire, la confession du footballeur ou de l’icône audio-visuelle supplante-t-elle les bons romans ? Pourquoi la violence, le saignant, le réel font-ils de meilleurs scores d’audience que notre littérature ? Ne pouvons-nous laisser les films, les bons livres, les tableaux mener leur vie à l’écart, et par cet écart verser un peu de lumière sur la nôtre ? N’y a-t-il pas dans cette haine des œuvres un ressentiment contre le génie de certains artistes, et une forme inquiétante d’effondrement symbolique ?

C’est cet effondrement que je perçois en regardant les images de manifestants tous assez jeunes, sur le trottoir du Champo, brandissant leurs pancartes aux slogans sommaires, criant leur haine du cinéaste. Ma façon un peu différente d’apprécier sur ce blog les affaires Haenel, ou Polanski, serait-elle aussi, ou d’abord, une affaire de génération ?

J’ai été éduqué dans un monde où les œuvres de la culture nous regardent, nous instruisent, et parfois nous sauvent ; je hais moi aussi, autant que ceux qui manifestent, une société où l’homme pourrait prendre une femme pour sa chose, l’avilir et abuser d’elle au nom d’une supériorité de bête ; malgré la multiplication des « j’accuse », je ne vois pas Polanski dans ce rôle. Et faute de preuves (impossibles à fournir en l’absence de témoins fiables), je persisterai dans mon amour de ses films qui ne montrent nulle part d’aussi basses pulsions.                   

Voir aussi : « Il n’y aurait jamais dû y avoir d’affaire Dreyfus »

Voir aussi : Affaire Dreyfus : Il y a cent ans Louis Dreyfus était réhabilité

22 réponses à “Voir ou boycotter le dernier Polanski ?”

  1. Avatar de Kalam
    Kalam

    Quid de Bertrand Cantat?

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Sur le plan juridique, on vous répondra que Bertrand Cantat a purgé sa peine, et qu’il est donc libre de reprendre son job de chanteur, la peine ne s’étendant pas à l’interdiction d’un métier. Sur le fond, je dirais que les situations ne sont pas symétriques, Cantat a commis un meurtre particulièrement horrible, dont il est sans aucun doute coupable ; Polanski n’a commis qu’un viol avéré, sur Samantha à laquelle il a versé 225000 $ , et pour lequel il purgé une peine (partielle) de prison ; le reste demeure plutôt flou, et n’a pas abouti en justice. Mais pourquoi, au fond, continuons-nous d’aller aux films de Polanski, plutôt qu’aux concerts de Cantat ? On célèbre, en suivant un artiste, une sorte de fête intime, son oeuvre nous grandit, son talent nous inspire… On noue avec lui, ou du moins avec son oeuvre, une relation très personnelle, intime. Je ne connais pas Polanski et ne le rencontrerai jamais, mais un monde vidé de ses films serait pour moi moins beau.

  2. Avatar de vyrgul
    vyrgul

    Mon commentaireConcernant la très difficile question de décider de ce qui est licite ou illicite, de la liberté d’expression à donc toutes formes de crimes, les démocraties ont conçu un truc qui fonctionne plutôt pas mal, même si il reste perfectible : la loi. L’objectif est de briser le cercle de la violence qu’entraine tout crime en confiant la non moins difficile question de la sanction à des personnes qui peuvent évaluer froidement la situation, et non pas à des personnes impliquées affectivement (ou à des radicaux épris d’idéal, mais finalement assez peu anthropologues) et qui réagissent légitimement en bêtes blessées. On sait que déroger à cette règle en démocratie c’est ouvrir une boite de Pandore qui conduit inévitablement à des catastrophes : élimination des dits criminels, puis élimination d’autres un peu moins criminels, etc. pour finir par toucher toute personne dont la tête ne me revient pas, et ce légitimement puisque d’une façon ou d’une autre, nous sommes tous coupables de quelque chose. Ce qui laisserait les coudées franches à toute forme de pouvoir qui s’affranchirait des principes inscrits dans la loi, au point de s’offrir la très commode liberté de les redéfinir.

  3. Avatar de Eden
    Eden

    Quand la justice ne fait pas son travail alors la justice se fait autrement : par l’appel au boycott du film sur les réseaux sociaux. Seule la justice peut calmer mais où est la justice ?

  4. Avatar de helena
    helena

    https://www.liberation.fr/debats/2019/11/22/porter-roman-polanski-en-martyr-de-la-censure-est-une-injure_1764757

    Et j’ai du mal à comprendre comment on peut écrire :
    « Et faute de preuves (impossibles à fournir en l’absence de témoins fiables), je persisterai dans mon amour de ses films qui ne montrent nulle part d’aussi basses pulsions.  »

    Les preuves sont pourtant écrites dans le jugement qui a eu lieu.
    Je vous rappelle également que les violeurs ont tous de bonnes têtes et ont ne voit pas leur « basses pulsions » vu que dans 75 pour cent des cas… ce sont des membres de l’entourage !

  5. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire JFR
    Oui, il faut bien le reconnaître, la différence des générations est au cœur du débat. Nous assistons à une grande mutation qui ne concerne pas seulement le rapport homme-femme mais aussi le dialogue entre les générations. Nous ne parlons plus la même langue et jamais le linguiste Darmesteter et Aragon n’ont eu autant raison d’insister sur l’importance de la catachrèse. Les mots s’usent, les idées aussi et les arguments ne sont plus entendus. Chacun reste sourd et fixé à ses convictions. Comment donc se parler ? Doit-on interdire les films de Polanski, interdire Bertolucci et Le dernier tango à Paris, comme le réclame le collectif de femmes qui protestent contre la scène du viol de Maria Schneider ? S’agit-il d’un viol d’ailleurs ou d’une représentation de viol ? La différence n’est pas mince et l’on doit s’interroger sur de telles accusations. Dans un tel contexte, peut-on rappeler Magritte et son célèbre tableau ? « Ceci n’est pas une pipe ». Ne vous méprenez pas, s’il vous plait, et ne me faites pas procès. Les débats et les accusations fusent… « J’accuse », avec quelquefois 45 ans de retard. La société toute entière, comme tout un chacun, est en état d’accusation, d’arrestation.
    La question de l’emprise à elle seule mérite un immense débat. « J’étais sous emprise », disent de nombreuses femmes abusées. Ici encore la sémantique nous égare. L’enfant est sous l’emprise et la dépendance de sa mère. Emprise et dépendance sont une forme d’amour mais l’emprise est aussi une forme de violence et peut donc avoir un sens très différent. Existe-t-il un amour sans emprise, sans liens, sans attachement ? demande avec raison Radu Stoenescu dans le dernier blog du Randonneur consacré à Adèle Haenel. Et de citer Racine, Phèdre et Venus toute entière à sa proie attachée. Quel est donc le sens que l’on attribue à ces mots et aux images qu’ils suscitent ? Ils n’ont visiblement pas le même sens pour tous. A écouter l’intensité des débats et des passions qu’ils déchainent, on ne sait plus quelle est la proie et quelle est la victime. La confusion sémantique rend inaudible le débat. Celui-ci s’avère impossible et personne n’écoute plus personne. Le psychanalyste Sandor Ferenczi, dans un article célèbre, a parlé jadis de confusion des langues. Confusion qui existe entre la langue de l’enfant, langue de la tendresse, et la langue de l’adulte, langue de la passion et de l’excitation sexuelle. Là se créent, dans cette rupture, les vrais rapports d’emprise. L’enfant abusé est alors clivé, il se sent à la fois innocent et coupable en introjectant la culpabilité de l’adulte. On peut comprendre que cette ambivalence puisse ressurgir un demi-siècle plus tard et que l’enfant devenu adulte puisse alors vouloir se venger.
    Pour survivre à ce débat impossible, rappelons-nous le dessin célèbre de Caran d’Ache et les horions familiaux, à propos de l’affaire Dreyfus : « Ils en ont parlé ! »…

  6. Avatar de Roxane
    Roxane

    Bonjour!

    Ce matin, aux aurores, je relis ce message d’un ami, enseignant retraité, qui m’écrit en ces termes :

     » bonjour Roxane,
    chez moi le mystère est que le monde est « petit » ; sais-tu que Bhul-Lorraine ne m’est pas inconnue ; j’y ai passé 3 jours chez mon copain de « régiment » qui s’y sent bien(…)Alllez on en reparle plus tard.

    INFO-cinéma : j’ai apprécié « j’accuse » de Polanski ; une belle page d’histoire de France… J’ai aussi aimé « JOKER » une peinture de société américaine très féroce qui imbrique moult drames familiaux ; pas très optimiste … Enfin, j’ai envie de voir « SORRY » de Ken Loach, un Anglais qui me déçoit rarement
    à plus  »

    Je repense au dernier commentaire du précédent billet où il est question de l’actrice plus intelligente qu’un normalien, professeur agrégé.
    La personne visée n’a pas répondu et ce silence est aussi une marque d’intelligence.
    Aussi, il me plaît de vous proposer la lecture de ce petit extrait de « L’engagement rationaliste » de Gaston Bachelard :

    « Paul Desjardins et Léon Brunschvicg m’avaient chargé de diriger les Entretiens des dix jours. Ces Entretiens avaient pour titre général : La destinée. À entendre les conférences faites par Léon Brunschvicg, en l’interrogeant aussi, familièrement,
    dans nos lentes promenades, dans les libres causeries sous la charmille,
    j’ai mieux compris que Léon Brunschvicg avait choisi la vie de l’intelligence comme on choisit une destinée. Oui, pour lui l’intelligence est un destin. L’homme est destiné à devenir intelligent. Il peut certes avoir d’autres idéals, et la noble vie de Léon Brunschvicg est là pour nous prouver que l’intelligence la plus claire est déjà un gage de délicate bonté. Mais le destin d’intelligence a un privilège que je veux
    marquer pour finir. C’est un destin qui s’enseigne, c’est un destin qui se transmet d’homme à homme, de génération à génération, par l’exemple, par la leçon, par le livre. » (Fin de citation)

    Et puis il y a le genre humain avec ses défauts et ses qualités…et la vie de tous les jours. Faut faire avec ou comme on peut!
    Des gens vont au cinéma et d’autres non….C’est un loisir studieux, certes, mais le peuple dans sa majorité préfère regarder « Plus belle la vie » avec, maintenant, ses histoires de viol, plutôt que payer une place de cinéma ou acheter un livre.
    Il faut savoir, chère lectrice, cher lecteur, qu’il y a des millions de gens à l’intérieur des terres de la Dolce France qui doivent survivre avec moins de 850 euros par mois et ces silencieux qui ne cassent rien, n’ont pas touché un ducaton des milliards accordés, par le pouvoir actuel à la bande moyenne pour améliorer sa vie quotidienne Qui peut, à la ville, leur donner le goût de se faire leur propre cinéma pour changer leur vie, sans passer par la fabrique du crétin digital ou la fabrique du crétin tout court, là où l’on se vante de ne pas être resté au cul des vaches, grâce à l’école républicaine, moyen de promotion sociale?
    « Ce qui est en jeu, ce n’est plus le réel et l’imaginaire, mais le vrai et le faux, devenus indécidables ou inextricables » nous dit Gilles Deleuze dans son « Cinéma 2, l’image-temps », cité par Marc Beigbeder dans sa « Bouteille à la mer » de fin janvier 1985.
    Ce même M.Beigbeder mentionné par Régis Debray, page 47 de sa « Critique de la raison politique » ‘n’avait-il pas décelé sous la gangue du « Scribe » une possible pépite dans la notion d’incomplétude sociale?
    Vouloir quand même, vouloir malgré tout…La question de l’être touche aussi le peuple désargenté qui peut se sentir partie prenante, si loin des pavés de la ville et de son hégémonie où la connaissance de la nature se limite à une promenade dominicale à Hyde Park. Je parle de celles et ceux qui voient dans la nature qu’une abstraction à deux sens : nécessité économique, réalité matérielle.
    Dans le pot au lait où nous sommes, petites souris sans importance, que pouvons-nous faire? Décider de mourir ou s’en sortir? En tel dernier cas, il faudra se bouger les pattes pour transformer le lait en beurre, matière dure capable de nous délivrer.
    A quand une superproduction de la nature qui ne se ferait pas du cinéma et qui saurait répondre à notre attente de libération?
    Peut-être en trouvera-t-on le scénario dans l’ouvrage sous formes d’actes qui va suivre le séminaire du 29 novembre au Patronage laïc Jules-Vallès…
    Ce serait tout simplement inouï.
    Bonne journée

    Roxane

  7. Avatar de Olivier
    Olivier

    Mon commentaire
    Que les œuvres soient à lire, voir, écouter certes. Que leurs auteurs les réalisent à partir de ce qu’ils sont, ressentent, pensent, font, certes. Qu’on ne confonde pas les deux est sain, mais on peut utiliser son œuvre pour cacher derrière les actes répréhensibles commis comme les violences faites aux femmes ou à qui que ce soit d’ailleurs.
    Pour Christophe Ruggia, l’agresseur présumé d’Adèle Haenel : personne ou presque pour le défendre maintenant. Pour Polanski : trop de monde se lève pour le protéger. Ce sont donc bien leurs œuvres qui les protègent et ça n’est pas/plus acceptable.

  8. Avatar de Brindamour
    Brindamour

    j’espère que ce ne sont pas les mêmes personnes qui veulent censurer Polanski que celles qui criaient
    à l’innocence de Battisti.

  9. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire JFR.
    Pour en revenir au coeur du débat ouvert par le blog du Randonneur, il faut lire Le Monde du mardi 26 novembre, page 20.  » Le théâtre des Quartiers d’Ivry dans la tourmente ». Le directeur du théâtre est accusé de viol. L’affaire, nous dit-on, a été classée sans suite. Des artistes soutiennent l’accusé, d’autres renoncent à présenter leur spectacle. Le 12 novembre, le soir de la première, on découvre un immense tag devant le théâtre accusant le directeur de viol. « JPB violeur ». Le tag est effacé mais réapparait dans la journée. Philippe Bouyssou, le maire communiste d’Ivry, n’a pas pris position. Qui croire? Que penser? La justice populaire doit-elle se substituer à la Justice tout court?

  10. Avatar de Marianne
    Marianne

    Le fait de violer ou d’agresser sexuellement des enfants n’a rien à voir avec l’amour. Adele Haenel vient de porter plainte contre CRugia, donc peut être certains arrêteront de cacher la réalité sous le tapis des mots.

    Pour l’affaire d’Ivry : pourquoi une femme n’est jamais entendu quand elle dénonce le viol d’un homme de pouvoir ? Pour être entendu, il faut être une centaine de femme (Weinstein). Et si vous êtes un enfant face à un prêtre il faudra également être nombreux pour être entendu (La parole libérée). Pourquoi cette parole ne peut pas être entendue ? Pourquoi il est si difficile en France de faire condamner un homme pour viol (un agresseur sur 100 seulement est condamné). Est ce la société qu’on veut pour nos enfants ? Je travaille avec des personnes obèses et je suis effarée du nombre de ces femmes qui ont été violées/.

  11. Avatar de Marianne
    Marianne

    Si les femmes se groupent pour parler, c’est parce que c’est leur seul moyen de se faire entendre (on ne sait pas encore si à Ivry d’autres femmes vont parler).

    « Quand les femmes s’associent pour se défendre, elles ne font pas une chasse aux sorcières, pour la bonne raison qu’elle ne chassent pas (elles ne prédatent pas) l’homme : si nous sommes obligées de s’associer entre femmes pour nous défendre, c’est que nous vivons à une époque où la parole de 6 femmes (comme c’est le cas avec Tarik Ramadan), ou 12 femmes (comme c’est le cas avec Polanski), ou même de 60 femmes (comme c’est le cas avec Trump ou Bill Cosby) peine encore à faire poids face à celle d’un seul homme.
    Même quand 60 femmes (60 femmes!!) dénoncent un mec, vous trouvez toujours des pékins pour vous assurer que c’est un grand complot visant à écrouer un homme innocent.  »

    A part JC Brisseau, qui connait des hommes de pouvoir qui ont été condamné ??

  12. Avatar de Marianne
    Marianne

    Ivry :

    Nous aurons le luxe du “une contre un” lorsque vous accorderez autant de poids à la parole des femmes qu’à la parole des hommes ; et qu’on arrêtera de réserver aux hommes la présomption d’innocence et aux femmes la présomption de mensonge.

  13. Avatar de Marianne
    Marianne

    « Ton ami hausse la voix, ne cesse de dire « Laisse-moi parler ! » sans m’écouter, il ne supporte pas de ne pas avoir la parole tout le temps. Il parle de « tribunal médiatique », sans entendre que les femmes ne peuvent que fuir la justice, puisqu’elle ne condamne quasiment jamais les violeurs. (…)

    Je connais ton ami, parce que j’en connais mille comme lui, paniqués à l’idée de perdre leurs privilèges. Mais ce moment-là est nouveau : un producteur qui hurle sur une réalisatrice qu’il connaît à peine. Finalement, contre quoi est-il tellement en colère ? Pas contre moi, non.

    Contre la révolution qui s’annonce. Un nouveau monde, qui ne concerne pas uniquement le cinéma mais la société tout entière, un monde dans lequel les femmes parlent, font des films, des livres, de la musique, des articles, de la politique, cessent de n’être que des images disponibles pour les hommes, qu’on regarde et qu’on aimerait bien baiser, ou tripoter, ou humilier. Un monde qui serait enfin raconté par les hommes et les femmes, la fin du regard uniquement masculin (et si souvent blanc et hétérosexuel). Le monde est plus grand que ça.

    Il y a une histoire symptomatique que je raconte souvent, c’est celle de ma fille en CE2 qui s’était plainte d’un garçon de CM2 qui lui touchait les fesses. Je suis allée voir la directrice, qui m’a répondu : « Oh, ce sont des blagues de potache. » C’est la culture du viol à la française. On minimise. On explique à ma fille qu’il faut rire de ça, et on confirme au petit garçon : « Tu as le droit de toucher ses fesses, puisque ça te fait rire. » Comme on explique à la coiffeuse, face au comédien qui a les mains « baladeuses », qu’elle doit prendre sur elle. « Baladeuses », c’est un joli mot, mais le geste que ça raconte, c’est un enfer quand on travaille. Les femmes ne peuvent pas être vigilantes sans arrêt, c’est insupportable. Voilà ce qui est dit en ce moment : on ne le supporte plus.

    Pas ton ami, qui a quitté le bar dans un mouvement de cape extraordinaire, ne supportant pas la fin du vieux monde. Ce qui m’a choquée, ce n’est pas l’attitude caricaturale et vue mille fois de ce genre de mecs terrorisés à l’idée de voir la société tendre vers l’égalité, parce que depuis le temps j’ai appris à ne pas prendre en compte cette parole. C’est ce que tu as dit, toi, mon ami que j’aime, et c’est pour ça que j’essaye de t’expliquer tout ça.

    Tu as dit, quand je t’ai fait remarquer que ce n’était pas normal qu’un mec prenne la défense d’un agresseur : « C’est mon pote, il est normal, il n’a pas de problème. » Eh bien si, je te l’affirme, c’est bizarre de défendre un violeur. Ce n’est pas par amour du cinéma, c’est des conneries. Une femme sur dix a été violée dans notre pays, et toutes les femmes sans exception ont subi des agressions, des harcèlements. Toutes ces femmes, ça fait, en proportion, pas mal de mecs qui les ont emmerdées, non ? Il y en a forcément parmi tes amis, comme parmi les miens, et il faut l’admettre pour avancer.

    Il n’y a que dans les agressions sexuelles qu’on culpabilise les victimes et qu’on victimise le bourreau. Pauvre DSK, en plus elle est moche ; pauvre Luc Besson, que des actrices en mal de notoriété ; pauvre Brisseau, grand artiste incompris ; pauvre Polanski, il est si vieux et il a déjà tellement souffert.

    Tu m’as dit ensuite : « J’ai l’impression qu’on ne peut plus communiquer entre hommes et femmes. » Mais qui sont les hommes que tu fréquentes ? La plupart de ceux que je connais sont ravis que l’impunité cesse enfin, appellent les agresseurs des « porcs » et ne pensent pas une seconde à prendre leur défense. (…)

    Source : https://www.telerama.fr/cinema/affaires-haenel-et-polanski-lettre-a-un-ami-et-a-son-pote-un-peu-connard,-par-blandine-lenoir,n6539980.php

  14. Avatar de Marianne
    Marianne

    Pour terminer (oui !) et pour l’affaire du théâtre d’Ivry on peut lire ici l’article du critique de théâtre JP Thibaudat :

    https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-thibaudat/blog/210619/metoo-le-theatre-francais-aussi

    Et la réponse d’une des femmes qui accuse :

    https://www.facebook.com/claire.metootheatrefrancais.1/posts/109269297050022

  15. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonsoir!

    Merci Marianne pour cette contribution courageuse, soutenue et édifiante qui m’incite, en cette abbaye, à essayer, à mon tour, d’écrire deux ou trois petites choses.
    Essayer de répondre, à ma manière, à la Marianne si jolie, chantée par Michel Delpech, qui passait l’autre jour dans les rues de Paris, pour que ça aille mieux demain…toute la vie. Aussi permettez-moi de vous faire partager mon petit moment de participation à cette juste cause :

    Objet : Il a neigé sur Yesterday

    Journée contre la violence faite aux femmes

    Voici de courts échanges qui vous inciteront, peut-être, à réagir….

    N’hésitez pas, surtout!

    Bon dimanche

    Amicalement

    Jacques

    P-S : J’aurais bien voulu l’envoyer à Madame Eve 2 rue de la Pomme, Cité biblique 0000 Paradis Terrestre.

    Mais je n’ai pas l’adresse électronique de la belle, ni celle de son mari, palsambleu!

    Me reste Elsa, l’épouse qui a quitté son mari… l’auteur de la femme est l’avenir de l’homme.

    Mais elle est partie, je ne sais où…et je connais que de nom le biographe randonneur d’icelui! (Voir blogue du Journal « La Croix »)

    Le 23 nov. 2019 à 22:08 Jacques L C a écrit :

    Bonjour !

    Comment vas-tu? Cette manifestation, aujourd’hui, comment est-elle perçue chez vous ?

    Bonne nuit

    Jacques

    Merci de ta question Jacques. Quand vont-ils faire le nécessaire pour qu’il n’y ait plus de deuxième constat au commissariat de police, que la femme va réellement avoir protection, et que les enfants ne seront plus d’arguments pour et en bénéfice de leur pères… Quand le personnel qui reçoit la dénonciation va être responsable jusqu’au bout de la dénonciation de la violence, les responsables du gouvernement et les personnes qui sont en train d’écrire et de faire leurs interprétations, aussi seront-elles responsabilisées, je pense que oui, un jour il va avoir du changement. Très bon dimanche à toi et aux amis de L’abbaye. Amitiés

    Le 25/11/2019 à 08:00, C a écrit :

    Cher Jacques,

    Je crois que de ce côté les torts sont très partagés, fort malheureusement, et que la dictature de la pensée qui tend à faire fi de la nature n’y portera pas remède ! Même s’il faut protéger les plus faibles au moyen de lois bien sûr contre les puissants.

    Mais qu’on pense à l’enfant aussi, qui aime tout autant, quoique différemment, son père et sa mère !

    J’aimais bien la fête de la st Valentin, que l’on ne célèbre plus beaucoup.

    Amicalement.

    Le 25/11/2019 à 10:41, M… a écrit :

    La femme est l’avenir de l’homme !… maintenant la femme est l’avenir de l’homme; déjà parce qu’elle porte la vie en son sein pendant toute la grossesse , elle prolonge sa vie tout en développant une autre vie ; par cet état extraordinaire de préparation a une vie future elle est l’avenir de l’homme , son présent , son futur , et l’avenir , celui de l’enfant qu’elle porte ; quant a l’égalité je pense qu’il reste du chemin a faire !!!
    Amitiés

    25 novembre 2019
    De Mme F…

    Bonjour Jacques,

    Merci pour ta question ! Il y aurait tant de choses à dire sur le sujet et sûrement que quelques psy ont écrit sur la question du pourquoi et du comment.
    Aussi, je suis tout à fait d’accord avec le commentaire de Mme Ana.
    Mais, en lisant ta réponse Jacques, on pourrait penser que les femmes porteraient une grande responsabilité dans l’éducation qu’elles donnent à leurs enfants et, en particulier aux garçons qui deviennent ensuite les hommes qu’ils sont.
    Or, ne sommes-nous pas toujours sous le joug d’une société patriarcale, qui empêchent encore les femmes d’élever les garçons, en particulier, d’une autre manière, leur laissant entendre qu’ils doivent continuer à être « les chefs » ? Ainsi, les hommes d’aujourd’hui se conduisant souvent comme tels, pourquoi leurs enfants ne reproduiraient-ils pas le schéma qu’ils ont sous les yeux ?
    Ceci dit, on sait qu’il y a quelques exceptions à ce constat car, il y a aussi des hommes maltraités par leur femme et, par fierté, la plupart ne disent rien alors, la réponse n’est-elle pas celle qui nous a été déjà donnée, à savoir que : « L’homme est un loup pour L’homme » et, j’ai bien peur que ça ne change jamais !

    Bonne soirée à tous et, « bonnes fêtes de fin d’année ! » avec peut-être, pour tout un chacun, un examen de conscience sur nos propres comportements avec ceux qu’on aime et, davantage encore avec ceux qui ne nous sont pas sympathiques.

    Très cordialement et, amicalement pour ceux qui le souhaitent !

    (Fin de citation)

    D’autres amies, délicates et sensibles, n’ont pas répondu, ce qui ne veut surtout pas dire qu’elles n’aient rien à exprimer. Loin s’en faut!
    Et si chacun de nous essayait de réaliser sa vie en tournant son propre film sans se faire seconder par des images de cinéma?
    Pour ce faire, vivre un écart, une distance me semble une évidence, si nous voulons entendre l’inouï pour renverser ce si lassant réel, comme le dit, à sa manière, François Jullien. Inouï, au sens où l’entendait Claude Favre de Vaugelas au tome II de ses « Remarques sur la langue française », au sujet d’une « façon de parler qui est inouïe à la cour ».
    Demain sera un autre jour et reviendra le temps des cerises…Notre randonnée n’est point achevée. Qui saura rêver dans les yeux de Monna Lisa et en même temps entendre le cri du peuple ? Quel flâneur au don d’ubiquité pourrait réunir ces lieux à sa portée? Loin, si loin des abominations et des bruits de ce monde , ce serait tout simplement inouï…
    A bon entendeur!

    Jacques

  16. Avatar de Walther
    Walther

    Frère Jacques, je viens de voir à la télévision, ce soir, le malheur et la détresse dans nos campagnes françaises. Ami, entendez-vous sous vos cloches monacales, les cris sourds du pays qu’on enchaîne?
    Alors, ils peuvent toujours parler d’inouï, vos amis très instruits qui font des livres, mais que changent-ils du haut de leur chaire universitaire?
    Telles sont les questions qui s’imposent et qu’il nous faut bien poser dans l’état de platitude morne où nous sommes.
    Que peuvent-ils faire tous vos diplômés, face à cette violence qui ne tombe pas sous le coup de la loi?
    Une prière à Marianne et un requiem pour un paysan mort n’y changeront pas grand-chose, vous savez, mon bon starets.
    Ce jour, à Paris, puisse Jules Vallès entendre vos honorables intervenants et qu’il leur inspire la possibilité d’une île où un rai de lumière dans le gris du ciel pourrait donner à chacun, avec ou sans bagages, une vraie raison de jubiler.
    Bonne nuit …blanche.

    Walther

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Bien sûr frère Jacques, la condition faite aux paysans est révoltante, et malheureusement toute une population (d’où nous sortons, nous avons tous des racines ou attaches rurales) semble condamnée à une extinction silencieuse… Cela fait partie du « fond », mal dit, mal perçu, que François Jullien nous invite à discerner ou à scruter sous les événements bruyants et les figures du monde moderne, et c’était le sujet de mon intervention hier matin, au début de cette journée consacrée à « L’Inouï » : comment faire apparaître le fond(s) ou le foncier, comment ne pas le refouler dans l’inconscient personnel ou collectif ? Il y a cette question, très politique, au coeur de ce livre, et je crois qu’elle touche à votre question. Les universitaires semblent souvent dans les nuages, mais il arrive qu’un livre, ou un professeur de philosophie, nous en fasse descendre J’aime pour ma part Jullien pour sa force pratique, son invitation à penser plus largement, et surtout au plus près de ces événements silencieux qui nous arrivent, pourtant.

  17. Avatar de THEMIS
    THEMIS

    La meilleure réponse au boycot des petits fachos qui voudraient CENSURER le film, c’est le nombre d’entrées , j’ ai hâte de le voir ! Et je me permets de signaler qu’un film est une oeuvre collective, à laquelle ont travaillé des acteurs, des techniciens , des cameramen etc…. And last but not least, Polanski est il poursuivi devant un tribunal pour les faits invoqués ?…
    Donc, jusqu’ à preuve du contraire, il est présumé innocent. Quant au « tribunal médiatique « , réseaux sociaux ( fesse de bouc etc…) et autres hurleurs avec les loups, surtout quand il s’agit d’un Juif, non merci très peu pour moi !!!!

  18. Avatar de Roxane
    Roxane

    Bonsoir!

    Peser le pour et le contre, je pense que tout a été dit dans la longue suite des commentaires de ce billet où plane, me semble-t-il, en filigrane sur son petit nuage, la souveraine balance de Thémis.
    Permettez-moi, divin randonneur, de monter légèrement vers les nuages, alors que votre professeur de philosophie voudrait nous en faire descendre, palsambleu!
    Sitôt dit, sitôt fait, nous voici au chapitre VIII de « L’air et les songes » consacré aux nuages, avec en exergue cette citation de Novalis :

    LES NUAGES

    Jeu des nuages — jeu de la nature, essentiellement
    poétique… »
    (Novalis, Fragments, éd. Stock, p. 132.)

    Avec cette touche finale, pages 229 et 230 :

    La poésie totale, la poésie parfaite, dit Hugo von Hofmannsthal ,
    « c’est le corps d’un elfe, transparent comme l’air, le messager vigilant
    qui porte à travers les airs une parole magique : en passant il s’empare
    du mystère des nuages, des étoiles, des cimes, des vents ; il transmet
    la formule magique fidèlement, mêlée cependant aux voix mystérieuses des nuages, des étoiles, des cimes et des vents »
    Dans la solitude de mon prieuré m’arrive heureusement la colombe du hasard qui m’apporte cette petite information.
    J’apprends que le Directeur de l’hebdomadaire « La Vie » sera demain soir dans les herbages d’Intermezzo pour y donner conférence. C’est bien trop loin pour moi mais quelqu’un de ma connaissance, qui est de là-bas, ira sans doute…
    Pour traiter de ce fond(s) que vous mentionnez judicieusement, cher Monsieur Bougnoux, et peut-être pour apporter une réponse à votre question, suffirait-il de faire signe à Monsieur Denis, en toute bénévolence, cela s’entend!
    Pourriez-vous, s’il vous plaît, vous, Monsieur le professeur, dont le blogue est hébergé par « La Croix » nous instruire sur la possibilité de ce signe?
    Plus d’un, peut-être, fera bon usage de votre leçon particulière et peut-être inaugurale en quelque chaire invisible et pourtant attestée.
    Oyez, bonnes gens, tous unis vers Cythère, la parole de Daniel!

    Roxane

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Chère Roxane, Je vois mal de quel « signe » je pourrai remplir
      votre attente, je disais à propos de F. Jullien qu’il attire notre attention sur le fond, le fonds ou le foncier, soit tout ce qui supporte ces figures que nous voyons et percevons clairement, mais qui demeure, en raison même de cette visibilité, dans une relative opacité. Et dans ce fond(s) il y a en effet tout le refoulé ou la misère du monde, vers laquelle notre attention ne se dirige pas volontiers. Jullien, autrement dit, me semble recouper sur ce point les patientes analyses d’Yves Citton et son travail sur une « économie de l’attention », qui me semble capital pour une meilleure compréhension de nos usages mentaux. Car ce foncier, toujours peu visible, c’est aussi l’humus cher à notre ami Walther, d’où surgit par étymologie notre humanité.

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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