Voir rouge

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Le billet suivant constitue l’introduction à une étude de la colère chez Aragon (qui prit le pseudonyme de « François la Colère » en 1943 pour signer certains écrits de résistance), et particulièrement à une lecture de son Traité du style (1928), dans un numéro consacré à « Aragon polémiste », dirigé par Adrien Cavallaro et à paraître en septembre prochain, de la Revue des sciences humaines (n° 343).

« Ne me réveillez pas, nom de Dieu, salauds, ne me réveillez pas, attention je mords, je vois rouge ». La première phrase de cet ouvrage (Le Con d’Irène) demeuré anonyme révèle un auteur plutôt colérique. L’examen de ce caractère bien attesté dans l’écriture d’Aragon pourrait, avec profit, bénéficier d’un éclairage récent : dans son essai Colère et temps (Maren Sell, 2007), Peter Sloterdijk a distingué en marge de nos pulsions érotiques des pulsions « thymiques », le thumos désignant l’ostension de soi, sa glorieuse ou énergique manifestation au dehors.

Eros et Thumos, deux branches de la libido

Libido d’objet / libido du moi, aurait sobrement recadré le fondateur de la psychanalyse. Si le thumos correspond à ce qui nous enflamme, ou nous indigne, il est intéressant de l’envisager avec Sloterdijk sous l’angle du gisement, voire du carburant : la colère, passion thymique par excellence, serait ce réservoir à partir duquel je peux en effet me dresser, argumenter, m’engager… Un sportif aura par exemple intérêt à se mettre en colère pour mieux l’emporter, et ce conditionnement psychologique fournira un appoint décisif dans les compétitions de haut niveau. Une manifestation de colère bande les énergies individuelles et collectives ; l’orateur habile à la manipuler suscite chez ses auditeurs cet affect éminemment mimétique et communicable, et l’on voit sous l’effet de sa harangue les petits porteurs se constituer en sortes de « banques thymiques » où la colère collectée se trouve affinée, travaillée et réinvestie.

Peter Sloterdijk (en 2009)

 Cette communauté colérique peut grossir jusqu’au mouvement religieux, ou au parti révolutionnaire, où le thumos de chacun s’étend, s’identifie et se multiplie narcissiquement dans le miroir collectif ; « ira quaerens multitudinem », la colère aime, elle aimante la foule, et la foule cherche la colère, ces deux pôles s’appellent et se fortifient mutuellement. Passion propice au nouage du nous, la colère est l’esquisse d’un mouvement de masse, d’un collectif en formation ; « voir rouge », c’est postuler un monde colériquement inflammable. C’est ainsi que chacun, s’arc-boutant sur sa colère, vocifère pour tenter d’entraîner momentanément ses semblables – la masse « en nous », sous sa forme primaire, ne demandant qu’à coaguler hors de nous.

La colère constitue donc pour l’écriture, parmi toutes nos passions, un carburant de choix. Les premiers textes de notre tradition littéraire occidentale, l’Iliade  dès l’ouverture du chant 1, ou l’Ancien Testament, ne célèbrent-ils pas la colère d’Achille, et les accès très thymiques d’un Dieu courroucé et jaloux ? Ce qui donna le jour à notre littérature fut un jour de colère. Ce n’est pas eros mais thumos qui a d’abord fait lien, et fortifié le chant.

L’idole d’un Dieu colérique fait aujourd’hui sourire, c’est entre nous désormais que nous faisons fructifier nos colères, ici et maintenant. L’immanence, la présence et l’immédiateté augmentent ; notre monde moderne, laïc ou « désenchanté », répugne à attendre et à se dédoubler. Le romantisme et la démocratisation passent pour favoriser également cette culture de la colère : l’individu qui « se lâche » et s’exprime bruyamment se sent plus authentique, l’impatience primaire semble garantir une vie plus intense que les détours et les artifices secondaires de la culture. Contrairement aux codes, aux costumes et aux civilités de l’Ancien Régime, l’homme moderne (disons depuis Rousseau) identifie sa vérité à la spontanéité et à la « publicité » de ses pulsions.

Irruptions du réel

Le romantisme consiste en tous domaines à augmenter d’un certain taux de crudité, de spontanéité, de « nature », d’affects ou d’immédiateté les représentations trop distantes de notre culture ; il tourne donc autour de l’absolu du réel, soit, au sens lacanien du terme, de cette chose, cela ou ça, qui ne se laisse pas symboliser, sémiotiser, représenter, différer… Ce réel fait irruption par surprise sur le mode du choc, du lapsus, de l’explosion ou d’une pulsion primaire trouant les remparts secondaires de la culture et de ses signifiants. La colère qui bouillonne en chacun (parmi d’autres affects) participe éminemment de ce réel disruptif, intraitable ; et l’on devine qu’une littérature, elle-même aimantée depuis la Révolution française par les scénarios de l’éruption ou de la table rase, puisse accueillir la colère comme ingrédient d’un lyrisme fauve, d’un réalisme radical. Le modèle démocratique a fait de nous des individus automobiles et autonomes, dont le moteur fonctionne à l’explosion.

Que vaudrait d’ailleurs une littérature désaffectée, indemne de toute catharsis ou indifférente au traitement des passions ? Un jeu formel, un passe-temps esthète, l’ornement d’un bel esprit ou d’une âme désincarnée. C’est ce que reprochaient particulièrement les dadaïstes-surréalistes au poète Valéry, qui venait d’aggraver son cas en entrant à l’Académie française ; inversement, le père de Monsieur Teste ne se priva pas de brocarder les imprécateurs, tel Aragon l’invectivant lui et quelques autres dans Traité du style, et de railler l’effort et la pose de ceux qui reprennent chaque matin devant l’écritoire le fil forcé de leur colère.


Il est patent que les écritures marquantes du siècle écoulé, peu soucieuses des réserves de Valéry, auront tourné autour de l’insaisissable réel en l’approchant « par les gouffres », par la nausée, la cruauté, la déchirure érotique ou les secousses d’une phrase épileptique. Pourtant, ce réel latent et nécessairement sous-jacent ne saurait tyranniser. L’explosion ne peut aller jusqu’à détruire le moteur. Le direct, l’immédiateté, le présent, le processus primaire, la dynamique ardente des passions ou de ce que le Manifeste dadaïste appelle, en croyant par ce mot résumer l’essentiel, LA VIE…, devront toujours composer avec les ressources secondaires (sémiotiques, culturelles, médiatiques) de cette re-présentation ; de même un texte contient, aux deux sens du verbe, sa charge de colère.

On se méprendrait en classant le dadaïsme parmi les mouvements littéraires. Dada ne se propose pas d’ajouter, d’enrichir la culture de quelques trouvailles ou procédés nouveaux, ni de prendre bonnement la file dans une succession d’auteurs ou d’écoles. Il soustrait ou déçoit brutalement, il riposte aux désastres de la guerre par la guerre (portée dans le langage, la peinture et les formes apprises de la culture), il préfère la force à la forme, l’énergie à l’information, le hurlement à la parole articulée, le dynamitage primaire des pulsions aux représentations majestueuses et sages d’une culture organisée autour du théâtre et du livre. Le cinéma qui multiplie les chocs au fil de sa « décomposition lumineuse du monde », le coup de foudre amoureux ou « l’arme à longue portée du cynisme sexuel », le ready made et le collage, le bariolage de la grande ville explorée dans ses rues commerçantes et ses quartiers d’affaires, puis bien sûr le mot d’ordre de la révolution – claquent comme autant d’explosions, de gestes de rupture pour ne pas s’asseoir, et ne surtout pas prendre rang. Dada signifiant jusqu’au désespoir et sur tous les tons l’anarchie, la question devient assez vite de savoir comment vieillir avec elle, ou comment conduire concrètement une révolte, d’abord portée dans l’art, à faire la révolution.

Placer sa colère

 Le cas d’Aragon permet de préciser ces remarques trop générales en leur ajoutant un peu d’histoires, et d’Histoire. Dès son orageuse saison dadaïste, il était évident que ce jeune homme fiévreux disposait d’enviables gisements de colère. Quelques commentateurs malveillants d’Aragon, toutefois, ont contesté la sincérité de son lâchez-tout. Dans ses Entretiens de 1952 (au plus fort de la guerre froide), Breton lui dénie un véritable sentiment de révolte, et le juge excessivement littéraire ; Picabia, qui n’a pas goûté Anicet, traite son auteur de « Madame de Sévigné qui aurait pris le thé chez Dada »…

Il semble très facile, dans le climat de surenchère passionnelle et d’inquisition morale où baigne alors l’insociable groupe, de prendre Aragon en défaut de colère. À relire pourtant ses textes de cette époque, notamment ceux dont il entravera plus tard la republication, ou qu’il supprimera carrément – la préface de 1924 au Libertinage, La Défense de l’infini et notamment Le Con d’Irène, puis Traité du style, ou encore « Front rouge », « ce poème que je déteste »– on ne peut qu’être frappé par les vagues successives d’une colère qui frôle parfois l’autodestruction. L’art et la littérature vont-ils poursuivre gentiment leur petit bonhomme de chemin ? Les journalistes, les marchands et les flics auront-ils longtemps le dernier mot ? La barque de l’amour ne peut-elle que sombrer dans la vie courante ? Et quelles guerres se préparent sous le manteau mensonger de la paix ?…

On idéalise les années vingt à la lecture des chefs d’œuvres du surréalisme naissant (et si vite déclinant) – Le Libertinage, Le Paysan de ParisNadja ou Le Con d’Irène –, on oublie à quel point elles auront été dures à leurs auteurs, financièrement démunis, malheureux en amour, rejetés par l’establishment et qui vivent sur le pied d’une véritable guerre. Il faut lire de près Traité du style (1928), le plus « colérique » de ses textes de cette époque, pour saisir chez Aragon les grands motifs de son explication critique avec le surréalisme, et les signes avant-coureurs d’une rupture qui deviendra effective en 1932. La grande question à cette date, on le sait, est de rendre compatible l’activité ou l’activisme surréaliste, autoproclamé « révolutionnaire », avec la révolution soviétique, d’abord qualifiée par Aragon de gâteuse, puis inconditionnellement défendue et respectée au nom d’un engagement (pris en janvier 1927 avec sa carte du PCF) et d’un principe de responsabilité jamais démenti jusqu’à sa mort en 1982. Le congrès de Kharkov de décembre 1930 fit alors charnière, et chemin de Damas : à partir de cette date, la révolte dadaïste-surréaliste semble définitivement glisser aux yeux d’Aragon dans les parages suspects ou objectivement contre-révolutionnaires de l’anarchie. Au seuil de cette douloureuse prise de conscience, et pour éclairer la conversion à venir, il convient de relire cet orageux Traité. (…)

27 réponses à “Voir rouge”

  1. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Rendre hommage à Louis Aragon ? Je le disais dans un précédent billet être tout à la fois émue par le livre ‘Radar Poésie d’Alain Badiou’ avec l’envie d’une curiosité renouvelée. Cependant, il me manquait de mieux connaître l’homme et ses personnages.

    Ce soir, je ne boude pas mon plaisir d’avoir découvert, sur Internet un portrait de Louis Aragon en deux vidéos proposées par AB production en 2015 d’après une idée de Sandra Rude, avec une kyrielle de contributeurs dont vous-même, cher Daniel . Hommage à eux … J’ai aussi accueilli le plaisir d’entendre Ph.Sollers et J. d’Ormesson. Pas de laudateurs , ni de détracteurs imbéciles, même si le genre du documentaire se prête à la bienveillance des contributeurs, la. Critique interroge aussi.

    C’est l’histoire d’un homme dans la grande Histoire de France avec ses aspérités. Et unevfaçon de sortir le passé de l’oubli. Un passé dont les contours s’amenuisent au fil du temps, dans nos souvenirs aussi.

    Tant de poèmes dansent dans ma tête sur un certain ‘sens d’aimer, en fidélité’. Mais j’y ai trouvé bien davantage qu’un dandy amoureux, fidèle à ses engagements militants. Opiniâtre et c’est peu de le dire dans une société où l’opportunisme fait loi.

    Le film partagé entre 2 vidéos de 55 minutes réalise le pari de montrer à voir et à entendre la trajectoire de l’un de nos écrivains du XXème siècle des plus talentueux et des plus mystérieux.
    Car les engagements d’Aragon ont irrigué toute sa production littéraire.

    Au bout de sa vie, une autre vidéo nous montre un Aragon fragile à une fête du Parti communiste, la grande fête de l’Huma, populaire et joyeuse. Humain, trop humain … cet homme vieillissant sous d’ultimes pitreries ? Longtemps, sa poésie m’a enchantée. Mais il y a davantage à y lire surtout dans ses colères et ses interpellations.

    Andiamo donc … et sans tourner en rond. ! Des bonheurs à venir, du questionnement aussi.

  2. Avatar de MG
    MG

    Bonjour, en ce dimanche de mai!

    Ce billet se termine par le « Traité du style » dans lequel, l’auteur n’y va pas de main morte avec les journalistes. Il n’est qu’à relire l’article de Daniel Bougnoux dans la n° 1 de « Médium « automne 2004, pour s’en rendre compte (Aragon/Breton : médias contre médium)
    Il conclut par ces mots , page 34 :
    « Aragon est une fête pour celui qui cherche la critique au cœur de la création, et qui ne sépare pas l’exercice de l’intelligence de l’expérience orageuse des passions. »
    Thumos et Eros, bien évidemment. Chérir une intention dans tout ce vacarme et s’y tenir en maîtrisant la sainte colère tout en sachant apprivoiser Cupidon.
    Facile à dire devant son écran et sa feuille blanche…Dans la vie réelle, c’est une autre paire de manches!
    Nous entrons là dans un espace privé, intime et fût-il quelque part révélateur, il n’en reste pas moins que le secret est de mise et qu’on entre pas comme ça chez les gens sans leur accord. Un secret par nature plus que par discipline.
    Peut-on vivre à part la sentimentale « foulée » et se détourner des regards actuels?
    Se retirer du monde, comme votre serviteur en son prieuré et être quand même dedans…Pas si simple!
    Ce dilemme a fait ruminer notre Régis national qui s’en est allé, un jour, du côté d’En Calcat pour voir ce qu’il en était. Il essaye d’y répondre dans un « Moment Fraternité ».
    Au delà du plaisir et du chagrin, inventer une nouvelle religieuse.
    Elsa Triolet écrivait en février mil neuf cent cinquante neuf :
    « Est-ce à dire qu’un jour notre littérature va perdre les vertus agissantes de l’art, parce que les mots employés, la langue seront devenus trop primitifs pour les êtres évolués de l’avenir. Peut-être.
    Jusqu’à présent, il en va des mots comme des huit notes de l’octave dans la musique.
    Les combinaisons en sont inépuisables (…) Nous essayons seulement d’atteindre la lune… » (Fin de citation)
    Dix ans plus tard, la télévision nous montrait des images où nous avons vu des hommes sur l’unique satellite naturel permanent de la planète Terre.
    Et dans son village d’Ardèche, le chanteur d’Aragon se désolait de voir les filles des Hommes, incapables de faire la soupe!
    Et maintenant l’Humanité parle de « l’écrivaine » dans le n° Hors série consacré à l’écrivain : « Le feu d’Elsa ».
    On m’objectera que ce sont là des trucs d’intellos et que ça ne concerne pas le petit peuple qui fait des pieds et des mains pour gagner trois sous.
    Que répondre?
    Qu’en toute chose il faut considérer la fin. Et qu’il n’est plus possible de laisser les gens au fond du trou sans même essayer de leur faire la courte échelle!
    Et si « la fin du monde est pour demain », comme ils disent, pourquoi ou par quel miracle ou par quel jeu, les lettres de cette phrase en sept mots, nous invitent de par leur transposition , à goûter, à sentir un « Arôme fou d’un matin splendide »?
    Je vous laisse aux aurores avec ces effluves embaumés…

    M G

    P-S : Il y a exactement trente-neuf ans, jour pour jour, j’étais dans la foule « révolutionnaire » au Bourget . De cette expédition, j’ai retenu dans le brouillard une image, celle de Francis Lemarque chantant « Marjolaine ».

  3. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour!

    Un certain sens « d’aimer en fidélité » peut-on lire dans un précédent commentaire.
    Cette expression m’a fait tout de suite penser à Jacques de Bourbon Busset dont nous connaissons les mémoires d’un amour avec son épouse Laurence appelée Le Lion.
    C’est un physicien qui m’a orienté vers cet auteur, auteur d’un Journal, célébration de l’amour envisagé comme un lien sacré.
    De sa française Académie, il m’écrivait, un jour, une belle lettre manuscrite.
    En voici quelques passages signifiants :
    « Le secret de l’amour durable, c’est qu’il est une fugue à deux voix; deux voix qui se répondent dans une fugue musicale. (…) Je pense que le plus important pour moi a été de découvrir qu’on ne s’accomplit pleinement que dans une fidélité. Une fidélité non à un système mais à une personne. » (Fin de citation)
    Je serais tenté de parler de haute fidélité (musique oblige!) en telle aventure hiérogamique.
    Peut-on faire un parallèle avec le couple L Aragon/ E.Triolet?
    Il faut poser la question et la réponse est attendue.
    J’ai sous les yeux le Journal X de J. de Bourbon Busset. Une sorte de chronique
    foisonnante qui va de février 1981 à juin 1984.
    Le 25 décembre 1982. Une page pour écrire sur « le temps qui devient créateur quand le désir se donne une structure, mais le pouvoir créateur du temps suppose aussi qu’on y croie (…) Laurence écoute à la radio Tea for two, la chanson favorite de son adolescence. Les larmes lui montent aux yeux en pensant qu’elle a atteint ce à quoi elle rêvait, à seize ans.  »
    Pas un mot de la mort de Louis Aragon survenue la veille. En cette page, il en appelle au silence en citant Jean Sulivan : « Le silence appelle le silence. Il est moins le silence que ce qui appelle le silence. »
    Pourquoi le monument « Aragon » n’est-il pas érigé quelque part dans l’œuvre de ce grand écrivain, ami de Gaston Bachelard qui le cite page 121 de « La poétique de la rêverie »?
    Comment notre randonneur dont « La Croix » se fait l’écho, pourrait-il esquiver ces questions ?
    Puisse ce questionnement être entendu à la ronde!
    Bonne nuit

    Kalmia

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je ne sais pas chère Kalmia, ne connaissant rien à Jacques de Bourbon-Busset, croisé une seule fois à un colloque de Cerisy, autour de Michel Butor il me semble en 1973…

  4. Avatar de G F
    G F

    Mon commentaire

    Je m’interroge en pensant à celle ou celui qui fait le pitre…fût-il grand écrivain .
    Peut-on affronter le réel sans masque(s)?
    Avec toutes mes excuses pour ce bref commentaire sans plus d’explications.

    G.Fai

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Très juste Gérard, parvenu à un certain âge celui qui avait été un athlète de la fidélité (Elsa, le PCF) se mit à « faire le pitre » – il n’y a pas de réponse, est-ce ainsi que les hommes survivent ?

  5. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonne question posée à Gérard…Pour ma part je donne ma langue au chat – pitre.
    Vous êtes d’accord?
    Puisque vous nommez Michel Butor…
    Dans l’un de ses journaux, Jacques de Bourbon Busset écrit :
    « 23 mars 1981
    J’écoute une émission au sujet de Roland Barthes, mon ami mort, il y a un an. Michel Butor, Alain Robe-Grillet, Philippe Sollers discourent très intelligemment. Néanmoins, de ces considérations sur le « nouveau roman », se dégage une impression aussi pénible que des récits des anciens combattants. » (Fin de citation)
    Je ne pense pas qu’il était programmé pour les discussions au colloque de 1973 sur Michel Butor, mais il y était sans nul doute.
    Avez-vous rencontré, à cette occasion, la jeune norvégienne Bente Christensen, auteur d’une thèse sur « Mobile  » de M.Butor ? Elle était là-bas, cette courageuse étrangère, élève de Raymonde Debray-Genette, à Paris VIII, qui a beaucoup apprécié au château de Cerisy, la cuisine raffinée de Cécile, la légendaire cuisinière de ce haut lieu littéraire.
    Un colloque à Cerisy comme cadeau d’anniversaire…
    En toute sincérité, croyez-vous vraiment, cher professeur, que c’était la tasse de thé de
    François la colère, l’année de la naissance de notre jeune Président et de la victoire française à l’Eurovision?
    Notre amie, Marthe de Médium, qui connaît R.Enthoven et ses anagrammes, vous dira, que « la cérémonie du thé » c’est une « école d’être humain »
    Il aurait apprécié, au pied des lettres, ce nuage d’inconnaissance, n’est-ce pas?
    A une autre table peut-être…

    Kalmia

  6. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    En échos …
    Dans le roman inachevé ( 1956), Aragon écrit ces quelques vers qui seront immortalisés par Jean Ferrat et chantés par d’autres voix :
    Que serai-je sans toi
    Qui vins à ma rencontre
    Que serai-je sans toi
    Qu’un cœur au bois dormant
    Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
    Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?

    Et puis encore … dans le fou d’Elsa ( 1963 )
    Que ce soit dimanche ou lundi
    Soir ou matin, mini nuit, midi
    Dans l’enfer où le paradis
    Les amours aux amours ressemblent.

    /…/

    C’était hier et c’est demain
    Je n’ai plus que toi de chemin
    J’ai mis mon cœur entre tes mains
    /…/
    Et tant je t’aime que j’en tremble.

    Lecteurs, amis et familles de Jacques de Bourbon Busset auront sans doute eu une pensée joyeuse pour cet écrivain du bonheur conjugal à l’occasion de l’anniversaire de son décès., le 7 mai 2001.

    Il nous reste ses écrits. Dans le journal III, L’amour durable , il nous est dit que l’auteur est un rêveur Sylvestre qui voit dans le mystère de l’amour durable, le vrai défi à notre civilisation et le ferment de l’enthousiasme créateur.

    Ce journal III commence à Salernes en décembre 1966. Et J. de Jacques Bourbon Busset écrit : Je n’entendais plus battre le cœur oublié du monde. L. est venue et j’ai entendu un léger battement. /…/ J’étais englué dans le paraître, L. m’a révélé la présence /…/. Notre recherche permanente est recherche d’un Sens. Nous savons qu’on ne peut rien tout seul, qu’on peut beaucoup à deux.

    Il achève cette étape du livre III, en septembre 1968 par L’été s’en va, l’automne arrive. Ce qui n’est pas de la frime résiste à l’usure .

  7. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    «  ultimes pitreries » … Je n’avais nullement l’intention de porter un jugement désobligeant et vexatoire. Le dictionnaire me fournit quelques synonymes pour expliciter “pitrerie” : farce, facétie, truculence, pantalonnade, singerie, grimace, joyeuseté, etc. Lequel parmi ces mots pour mieux signifier la tristesse du clown qui tente en vain de faire rire ?

    « Est-ce ainsi que les hommes survivent ? demandez-vous, Daniel …
    Ultimes pitreries pour s’auto-flageller ou trouver un regain de désir ?

    «  C’est la passion qui crée le sens d’une vie » écrit encore Jacques de Bourbon Busset dans le journal VI “ Au vent de la mémoire”.

    Et s’il y a échos entre Aragon, le marxiste et de Bourbon Busset, le chrétien, c’est la recherche de Sens d’une fidélité aux rouages qui mettent debout pour accomplir son destin.
    Et ce n’est pas rien !

  8. Avatar de m
    m

    Bonsoir!

    Ce n’est pas rien, en effet, ces commentaires de votre correspondante, Monsieur Bougnoux!
    N’y voyons qu’un pur hasard (objectif ou non) des circonstances de la vie!
    Ce matin, j’ai décidé de traverser la rue pour aller dans un lieu des savoirs.
    J’ai lu la fin de la préface d’Etiemble au « Roman inachevé » et ces quelques mots de ladite préface : « Je tresserai l’enfer avec le vers du Dante, je tresserai la soie ancienne des tercets » et le petit commentaire en bas de page. Mes pénates regagnés, j’ouvre l’ordinateur et je découvre la référence du livre dans le commentaire fin et précis de Mme d’Eaubonne. Quésaco?
    Peut-être, quelque chose, à notre insu, émane de ce hasard qui embaume et attire, au sens 4 du verbe « embaumer » de la page 875 du dictionnaire choisi comme référence par Madame Cécile.
    Et si sens il y a quelque part, plus d’un élément sera nécessaire à tel engrenage pour que ça tourne rond !
    Quant à votre chat-pitre, Madame, il me fait penser à celui du physicien dont le nom fut donné au chat du chanteur de la liberté d’un Max.
    Il ne messied pas, en l’occurrence, de citer, ici, les leçons tirées de « ce chat-pitre » par
    un autre physicien :
    « On ne peut pas, sans risque, considérer le monde classique, auquel nous sommes habitués comme un prolongement du monde quantique et le passage d’un principe de calcul à une description explicite des phénomènes n’est pas d’une tranquillisante immédiateté. »(Dixit Etienne Klein)
    Un autre – physicien – pense que les manifestations de la vie évoquent aussi – bien que vaguement – des possibilités non réalisées. En cette herbe de mai, écrit-il, un jeune chat aimerait chasser. Deux amoureux, poursuit-il, pourraient errer sous les pins de cette presqu’île…
    En ce chapitre point de bonheur dans le pré ni de serpent dans l’herbe.
    Mais de la contrafactualité, sentiment et réalité-derrière-les-choses (Bernard d’Espagnat, Un atome de sagesse, page 175)
    Quel Born, aujourd’hui, pourrait nous instruire sur une histoire réelle versus mondes imaginaires? Le grand-père maternel d’Olivia Newton-John n’est plus de ce monde et ceux du chant national d’Aragon non plus!

    « Une activité sans bornes, de quelque nature qu’elle soit, finit toujours par faire banqueroute » (J W.Goethe)

    Ce n’est pas le cas, me semble-t-il, de celle, rationaliste, de la physique contemporaine, élaborée par G.Bachelard.

    Que de mots ! Nous sommes si loin, si loin des préoccupations de nos semblables.
    Et l’ombre de Spartacus est en train de s’étendre sur la société tout entière.

    m

  9. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    Merci au maître randonneur de nous donner la possibilité d’aller vers… et non contre.
    Une convergence, confluence ou con-fusion au sens de porte biblique, peut-être…
    En ce jour d’Ascension, jour férié en république française, il me plaît de rouvrir un ouvrage publié l’année de naissance de Monsieur Bougnoux. C’est un essai sur l’imagination du mouvement « L’air et les songes » où nous trouvons au chapitre V, Nietzsche et le psychisme ascensionnel. Rassurez-vous tout de suite, je ne vais me faire rosalbin pour vous ennuyer avec moult citations! Tout simplement, je pense et je réagis aux propos de Mme Cécile d’Eaubonne que je trouve très beaux et à ceux de Mme ou Monsieur m, toujours intéressants mais si énigmatiques.
    Il y a de l’oiseau dans l’air avec le belle et mythique chanson et le beau livre du compositeur-écrivain Hervé Cristiani : « Il est libre Max! » dont le chat s’appelait en effet Schrödinger.
    Certes, le hasard existe et lui donner toujours un sens serait déraisonnable. « Hasard objectif » …Expression retenue à la fin d’un livre de Laurence Debray, grande voyageuse devant l’Eternel!
    Prenons un exemple. J’étais, hier, dans un lieu des savoirs et pour y aller, comme tout le monde, j’ai traversé la rue. J’imagine que je n’étais pas le seul sur cette planète à consulter le dictionnaire Le Robert de la langue française pour m’instruire sur l’étymologie du mot « pitre » avant de lire les commentaires dans le blogue du Randonneur – Entre la pluie et le beau temps -. C’est une évidence!
    « Pour un chant national » dédié à Alain Borne, Aragon termine par ces mots :

    « Vous me faites penser à ce poète qui s’appelait Bertrand de Born
    presque comme vous
    Presque
    comme
    vous »

    Pour Max Born, le physicien, aïeul de la chanteuse anglo-australienne, les données de la sensation ont une valeur indiscutable; elles sont absolues mais subjectives. Gaston Bachelard dans « La valeur inductive de la réalité » répond à l’assertion du Nobel allemand, page 98.
    Je suis bien d’accord avec m…C’est là un déluge de mots qui ne mène nulle part.
    Le peuple se rebelle et que fait l’esprit scientifique?
    Bonjour Monsieur Spartacus versus Matamore…Précision oblige!

    Bonne après-midi

    Gérard Fai

  10. Avatar de MG
    MG

    Mon commentaire

    Oui, c’est vrai, on rue dans les brancards, on s’impatiente…
    A quand les commentaires éclaireurs de Monsieur Léon, de Monsieur Spartacus, de Monsieur J-F R?

    MG

  11. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Quelques questions pourraient nous rassembler sur nos chemins de pensées ….

    Voir Rouge ! Pour une ‘Colère’ féconde, telle que le présent billet nous la décrit. Loin du ‘Ressentiment’ comme de mauvaises lunes qui pourrissent le présent, sans apaiser les souffrances d’hier.

    Voir Rouge ou … vert pour les daltoniens du vocabulaire. Que signifie l’adjectif éclaireur pour vous, MG ? “L’individu qui “se lâche” et s’exprime bruyamment se sent plus authentique “.

    Voir Rouge … au sens de l’idée que chacun se fait de la Passion et de son lyrisme fauve. Chez nous, une main précautionneuse a relégué en hauteur le petit livre d’Aragon, Le con d’Irène. Pour ce texte autrefois considéré comme sulfureux Philippe Sollers écrit pour la dernière édition une préface de son écriture sèche et incisive qui laisse beaucoup de place pour notre subjectivité.

    Lu dans Médium, janvier 2016, n* 46-47, Sur les bancs de l’école aujourd’hui : “Quelqu’un sait-il ce qu’est l’érotisme ? Silence. Rires pouffés / … / Si monsieur. L’érotisme, c’est quand il y a du sexe.

    Belle jeunesse quand on a 14-15 ans avec ses désirs timides ou dévorants. Où on ignore encore les rêves bleus des promesses du Viagra et leur cortège de précautions pour éviter maladies cardio-vasculaires et troubles psychiques.

    Je peux écouter la suavité de la voix de Jean Ferrat : “Que serai-je sans toi qui vins à ma rencontre”
    “ Nous dormirons ensemble …” Et me réjouir !
    Plus modestement, Jacques de Bourbon Busset redit au fil de son journal autobiographique ce qu’il faut de patience et de renoncements joyeux pour réussir un nouage du deux. L’espace et le charme du moulin de Villeneuve de Saint-Arnoult-en-Yvelines des Aragon-Triolet y apportent cette aura de légende.

    J’aurai dans les prochaines heures, un 2nd exemplaire des 47 pages du Con d’Irène. Quelque chose à en dire avant qu’il ne s’égare encore. Épisode à suivre …

    Pluie en continu ! Je surveille l’arrivée des limaces. Les maraîchers de l’Oise vendent de petits radis roses tout frais, les jours de marché. La terre à travailler se fait lourde et fatigante.

  12. Avatar de MG
    MG

    Bonjour!

    Bonne question, en effet!
    Je répondrai avec Edgar Morin par ce mot allemand « Aufklärer » disant le rôle éclaireur dans la société de l’intelligentsia et de la classe enseignante même qui pourrait, selon lui, amorcer la révolution du nouvel Emile ou de l’éducation. Nous retrouvons là, le nœud gordien des problèmes humains.
    J’en parlai, hier, avec une personne habituée de ce blogue qui descendait de la montagne avec ses « Tables ». Celles d’un essai nécessaire de Michel Serres qui ne fait pas avancer la chose…Je veux dire la capacité d’embrasser, comme disait encore Edgar, l’unité du chaos destructeur-créateur et du Principe légiférant.
    Sur ces entrefaites, nous sommes allés dans la vallée, près d’un saule, et sur le bord d’un ruisseau, nous avons déjeuné sur l’herbe, en nous souvenant des paroles de ce blogue et des chansons du poète.
    Merci Madame de m’avoir posé la question.
    Bon dimanche à tous les passants de ce blogue.

    M G

  13. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour à tous!

    J’apprécie beaucoup ce commentaire de Mme d’Eaubonne et mon regard de passante pas plus honnête qu’un autre, s’arrête sur les bancs de l’école où Monsieur l’universitaire fait son cours sur l’érotisme.
    Page 95 de la revue d’utilité publique mentionnée, la dame de la vallée de Montmorency le cite exactement. Que nous dit finalement, le maître de conférences de Sciences-Po?
    Qu’une éducation où la sensibilité érotique n’aurait pas la place qui lui revient ne serait pas une réussite. Autrement dit savoir entrer en polissonnerie, si nécessaire, sans être un débauché.
    Et de nous dire qu’un aristocrate qui parle comme un charretier n’est pas vulgaire. Il est -finement – mal élevé. Et à ce sujet, de citer Victor Hugo parlant du roi et des femmes du nord!
    J’ai reçu, hier, un message amical de Monsieur Eric Z… qui officie sur une chaîne de télévision française. A propos d’une faute commise, il me dit ; « Je n’en suis pour rien, je transmets au patron de la chaîne… » Peut-être, pourra-t-il, ce brave, m’éclairer sur la « France qui vascille » (sic)?
    Sur les bancs de l’école revus intelligemment par Madame d’Eaubonne, on peut en toute sérénité parler de la chose et dans « Le con d’Irène » elle sait bien que le défenseur aragonien du doux-amer du secret et du discret, sonde premièrement en tout ça, à l’instar de son maître, une « chose mentale ». (Ces deux mots sont écrits en italiques, page 216, de la belle revue imprimée à Sienne.) Sans qu’ils le sussent vraiment, les gens honnêtes en leur ensemble, ont bien une petite idée de la chose, à savoir qu’il n’est pas de transports amoureux sans vit d’ange et qu’effectivement, elle est rouge la petite fleur bleue.
    Quant à la découvrir dans une peau de vache ou dans La psychanalyse du feu, c’est sans doute une autre histoire, qui demande un autre regard, une autre raison, peut-être…
    En tout cas, une rouge différence dans une féminité accomplie, si tant est, Madame, Monsieur, que l’on puisse inventer le masculin!

    Ici, au monastère, en Aragon, nous avons goûté nos premiers radis en méditant à l’hôtellerie une parabole végétale qui fait du bien au cœur et au corps.
    A chacun ses voyages, fussent-ils au delà du temps, par-dessus les océans!
    Bon dimanche de mai.

    Kalmia

  14. Avatar de C. Closal
    C. Closal

    Mon commentaire

    Madame, Monsieur,

    Cela fait longtemps déjà que je voulais m’exprimer en ce blogue que je lis assez régulièrement.

    Une amie, hier, m’a incité à franchir le pas, connaissant mon esprit critique. Dont acte.
    Je trouve les commentaires de Mme Cécile d’Eaubonne, Kalmia, Gérard Fai, J-F R, M, m, MG et j’en passe, très bien écrits, argumentés, avec des références précises et parfois de jolis refrains. Et pourtant, je tombe des nues en les lisant!

    Pas question de mettre en doute, la sagacité du professeur émérite qui anime cet espace, en lui reprochant de publier des propos malséants. Que nenni!
    Cependant, il ne messied pas, comme ils disent, de regarder les choses en face et de ne pas prendre des vessies pour des lanternes.

    Les envolées littéraires, le savoir livresque ouvertement affiché, c’est bien mais ça ne fait pas tout!

    Se faire du cinéma avec les mots d’une plume qui chante et aller chevaucher la licorne jusqu’à la tombée du soir, est-ce bien là chose raisonnable? C’est rêvasser sans donner suite et sans apporter la moindre preuve d’une réalité, peut-être merveilleuse, mais difficile à étreindre.

    L’un cite Gaston Bachelard à tout bout de champ et l’autre Jacques Billard, par revue interposée. Pourquoi pas?

    Mais faut pas pousser Marie dans les orties, ces beaux discours ne mènent nulle part.

    La harangue du moine en peau d’âne dans son jardin de curé et celle de la bourgeoise gente dame dans son jardin de banlieue ne changent pas grand-chose, si ce n’est rien!

    L’enfant se noie et personne pour lui tendre la perche.

    Rien n’empêche, bien sûr, de se plonger « en littérature » dans la vulve d’une petite fermière, imaginée par un écrivain masqué mais reste profond le mystère des lettres de « ce vagin où goutte l’ombre d’un désir » qui se lit dans « L’origine du monde, Gustave Courbet ». Ni le physicien, ni le pianiste, ni le moine et ni l’enseignante nous ont, pour l’heure, révélé le sens caché de ce hasard très étonnant.

    Parler du gamin de la fable en ce commentaire, c’est retrouver l’esprit d’enfance, vertu joyeuse et grave qui termine un message personnel d’un auteur qui a le goût de l’avenir.

    Inventer le masculin. Oui da! Mais qui fondera le nietzschéisme du féminin, cher à une poétique de la rêverie?

    Un bâton flottant, vu de loin c’est un chameau et de près ce n’est qu’un bout de bois.

    Alors, pour ne point quitter la bonne nouvelle, laissons le jeune homme riche à sa perplexité et à ses attachements.

    On ne sait jamais, le trou de l’âme peut s’ouvrir et laisser passer l’animal fabuleux, qui sait!

    Et d’abord de la liberté à l’égard de soi-même, condition première de toutes les autres libertés, comme il est écrit sur les bancs de l’école.

    J’imagine les regards obliques fustigeant ce commentaire (s’il est publié) et la réplique cinglante qu’il me faudra, en cette publique arène, essuyer.

    En toute amitié

    C. Closal

  15. Avatar de Gérard
    Gérard

    Bonjour!

    Ce commentaire s’adresse plutôt à Madame d’Eaubonne pour lui demander de bien vouloir m’éclairer sur deux mots, juste deux mots, si elle est d’accord pour m’aider dans ma recherche.
    J’habite très loin de la ville et de ses médiathèques. Nos petits villages n’ont plus de bibliothèques et les maisons de la presse ont disparu. C’est ainsi! Tristes nos campagnes.
    J’ai lu un mot sur le site Internet de l’Élysée, reproduisant le discours d’hommage rendu par l’actuel président à « l’autre grand président »(dixit Philippe Ratte)feu M.Valéry Giscard d’Estaing, en décembre dernier.
    Vous y lirez le mot « visionnel » Pourriez-vous, le chercher dans votre dictionnaire de référence, Madame, en vue d’en connaître la signification?
    Vous y lirez aussi, en ce discours, le mot « prémisses » Quel sens a, selon vous, ce mot utilisé dans la phrase du président Macron?
    J’ai trouvé ce mot en ouvrant le beau livre intitulé « L’ère des soulèvements », page 70, dans une citation de « Julie ou la nouvelle Héloïse ». Vérification faite, ce mot n’existe pas dans l’ouvrage mentionné de J-J Rousseau (un auteur que vous connaissez bien, je crois!)
    Il eût fallu écrire « principes » au lieu de prémisses. L’auteur dans un message envoyé à votre serviteur a reconnu sa faute.
    Merci de votre bénévolente diligence.

    Gérard

  16. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    A C.Closal

    Bonjour et bien amicalement !

    Les trombes d’eau du jour me chassent de mes travaux de jardin. Je prends donc le temps de vous répondre.
    Me voici joliment épinglée de “ Bourgeoise, gente dame dans son jardin de banlieue”. Tant mieux, n’est-ce pas d’avoir la chance de goûter à quelques matins frais et odorants. Là s’arrête ma fortune, mais pas mes bonheurs.
    “ Bourgeoise” ? Au sens noble du terme, qualités féminines. de cœur, d’intelligence, d’ouverture à autrui ?
    Je suis surprise que vous placiez dans une seule et même case les différents contributeurs du blog. Relisez-nous, c’est nécessaire à votre jugement.

    Chacun y pousse sa chansonnette ? Sans doute … Pour moi, écrire reste un moyen de mouliner et d’affiner mes pensées à partir d’un texte proposé par D.B

    Je rejoins le blog depuis quelques années, sans attentes particulières donc sans déceptions pour ce qui ne peut s’y partager. De fait … hors du champ d’autrui est l’intime qui ne s’expose pas ici.

    Pourtant par temps de Covid 19, celui qui assomme de fatigue, d’asthénie mentale et autres misères, c’est plutôt de meilleure augures de penser que la vie reste bonne. Ne trouvez-vous pas ? Sur le blog, on s’épargne de parler des douleurs du quotidien.

    Mais revenons à votre agacement. Agacement, pourquoi ? Pas davantage que dans la vision du tableau de Courbet «  L’origine du monde », on n’y découvre la fine pointe d’un érotisme qui se ferait tressaillir et vibrer. Idem pour le dénicher dans les pages du minuscule livre «  Le con d’Irène”. Littérature appréciée ou non.

    En essayant de me repérer dans le dédale du dernier discours de MG, j’en ai conclu qu’il ne pourrait y avoir d’Education Sexuelle qui parle d’érotisme à l’intérieur de l’Ecole. Tout au plus, on parlera du mécanisme de différenciation des sexes, du comportement de respect mutuel nécessaire au fonctionnement de la société, etc …
    L’érotisme, chacun le découvre dans la finesse de ses sensations personnelles. Car il est ce 6ème sens qui amplifie les perceptions de son existence au quotidien.

    Comment déployer et garder vivante cette énergie chaude et vibrante ? J’ai écrit que le Viagra était de piètre secours sur le long terme, idem pour les drogues aux brefs euphorisants.

    Où piocher cette force érotique recherchée ? Je place en haut du tableau tout ce qui est poésie pour les mots, la relation entre les personnes quand elle n’est pas prise de pouvoir sur l’autre. Et … Et …

    Monsieur C. Que voulez-vous dire par le nietzschéisme féminin … ?

    Qu’exprimer de plus .. Je suis à l’aise et sans inquiétude en présence du ‘masculin’ puisque je ne doute pas de ma féminité. Et s’il me reste une part d’enfance, c’est celle d’éprouver ma liberté, c’est à dire de ne pas être assujettie au dictat d’autrui. En toutes fins, c’est ce que je veux pour moi et … m’y emploie. Même si un interlocuteur du blog se faufile derrière Victor Hugo pour stigmatiser une femme qui ne serait pas suffisamment «  modeste »?!

    Vous pointez trop d’emprunts à la littérature d’autrefois. Tout texte nous enrichit avec ce qu’il nous est possible de comprendre. Prendre avec …soyez indulgent et surtout écrivez à votre tour : c’est tout à la fois exigeant et passionnant.

  17. Avatar de C. Closal
    C. Closal

    A Mme Cécile d’Eaubonne

    Merci pour votre réponse.
    Je jette ma cape et laisse tomber mon épée en bois.
    Vous ne me reverrez plus.
    Bonne chance à vous.
    Cordialement

    C. Closal

  18. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Bonjour, Gérard

    Désormais, “Présentiel”, “distanciel” enflent notre vocabulaire commun. Sont-ils admis par le quorum des personnalités de l’Académie Française ? Je vous suggère d’envoyer un courrier à l’un de vos nombreux épistoliers. Erik Orsenna est-il un de vos amis ? La lecture de son livre ‘La fabrique des mots’ ( paru en 2013) devrait répondre à votre questionnement.

    Quant à l’ensemble de mes Grand Robert, leur contenu est figé à la date de la seconde édition en 1895. Si loin des réponses pour aujourd’hui et de votre attente.

    La vraie question serait cette marche inexorable du temps qui bouscule nos valeurs. N’est-ce pas ?

    Mais pour ne pas m’éloigner davantage de mon intérêt pour les interrogations soulevées par la lecture d’Aragon, je vous propose le livre de Barbara Cassin ( Académie française, mai 2018) : ‘Le bonheur, sa dent, douce à la mort’.

  19. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Erratum
    Grand Robert ( 1985 ) : L’ordinateur est un facétieux !

  20. Avatar de Gérard
    Gérard

    Bonsoir!

    D’abord, bravo à Monsieur Closal pour son détachement.
    Hélas, je n’ai pas ce courage et cette détermination!
    Je vois, Madame d’Eaubonne, que vous esquivez habilement ma question.
    Les adjectifs que vous nommez sont à la portée du premier venu qui les tape sur Google et connaît ainsi, recta leur signification. Ce qui n’est pas le cas de « visionnel » utilisé dans son allocution par l’orateur censé embellir le temps qui court.
    Voici un extrait de son discours élyséen :
    « L’élection du Parlement européen au suffrage universel, l’instauration du Conseil européen, les prémisses de la monnaie unique »
    Quid de ce mot « prémisses » qui est dans tous les dictionnaires?
    Je veux dire quel est son sens dans cette phrase? Je vous pose de nouveau la question.
    Vous m’envoyez, Madame, sans encombre ni ambages, paître dans les prés verts du chevalier du subjonctif et de la chanson douce. Auriez-vous oublié votre mission d’enseignante et d’éleveuse des consciences?
    Merci pour la référence du livre au titre rimbaldien.
    Sans qu’ils ne le sussent vraiment, d’aucuns s’imaginent sans doute et à bon escient, qu’il n’est point de transport amoureux sans vit d’ange. Monsieur Louis Aragon était d’iceux en toute connaissance de cause.

    Bonne nuit à tous

    Gérard

  21. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Eh … bien. Monsieur Gérard

    N’est-ce pas à vous d ‘en trouver les significations ? Ce n’est pas le genre de préoccupations qui m’intéressent. Quant à votre vit d’ange … “ come stai ? “. Je vous ai répondu courtoisement. Monsieur C.Closal a pointé de réelles lacunes dans les échanges. C’est un grand dommage qu’il préfère s’éclipser du champ des interrogations ! D’iceux est un vocabulaire de quel siècle ? Joli à l’écoute évidemment comme “il messied”.
    Mais … un parfum d’élégance qui cache les pichenettes de douces rosseries ( ou … vacheries).

    Je dois cueillir une brassée d’orties et ses promesses d’engrais bio … D’autres diraient que “ça pique et pue.”

    Vous tenez à me vexer sur une aura “d’enseignante et d’éleveuse des consciences” ?

    Autrement exprimé serait de clamer haut et fort que j’empiète sur les places de m, M, Kalmia, MG. Mais désolée … je n’ai nulle envie de ferrailler. Le Con d’Irène ( brochure de l’édition 2020 ) était dans la distribution d’aujourd’hui. Et vous , qu’en dites-vous personnellement pour répondre à C. Closal.

    Bien à vous dans la tranquillité du jour.

  22. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonsoir!

    La réponse de Cécile me paraît juste et sans aucune affectation.
    Je trouve son questionnement fort approprié et je suis certaine que M.Gérard n’en pense pas moins.
    Cela dit, laissons à C.Closal la liberté de « lire l’existence seule » puisque par anagramme « le réel est silencieux ». Ce serait un grand dam de l’ennuyer avec nos questions…Il pourrait y succomber. Peut-être, Cécile, a-t-il choisi la meilleure part qui ne lui sera point enlevée, telle Marie dans l’évangile de Luc…Je ne sais!
    Et nous, comme Marthe nous allons au charbon, avec la soupe, et le jardin.
    Notre seigneur Daniel pourrait nous faire grief de cette bifurcation domestique mais ce n’est vraiment pas le cas. Loué soit notre maître randonneur!
    Aux dernières nouvelles sociologiques l’humain est fait aussi d’humus et vous avez cette vraie humilité de le reconnaître, Cécile.
    Concernant le mot « prémisses » de toute évidence, il y a erreur sur le site de l’Élysée,
    car il eût fallu écrire « prémices » dans l’extrait du discours d’hommage et non prémisses.
    Sur ce point précis, interrogés courtoisement dans les normes retenues, les hôtes de ce haut lieu devront répondre. A voir!
    J’imagine qu’ils sauront faire la différence entre les deux termes :

     » L’étymologie des deux mots est différente : prémisses vient du latin « præmissa » (sententia), (proposition) mise en avant; prémices vient du latin « primitiæ » de « primus », premier. Voici encore deux exemples : « Le père est un miroir dans lequel la petite fille puis l’adolescente peut discerner les prémices de la femme qu’elle deviendra. » (Geneviève Bersihand, « Les filles et leurs pères ») et « La logique des passions renverse l’ordre traditionnel du raisonnement et place la conclusion avant les prémisses. » (Albert Camus, « L’homme révolté »). » (Fin de citation d’un article de Libre Eco)
    Oui, je suis d’accord avec vous Mme Cécile d’Eaubonne, il y a des commentaires qui ressemblent comme deux gouttes de lait à une jolie fleur dans une peau de vache.
    Mais personnellement, je n’y vois aucune mauvaise intention. C’est une sorte de manière bleue chez celle ou celui qui s’en amuse, ne croyez-vous pas?
    Il y a de la colère dans l’air, celle des années quarante avec ce billet et celle de la rue d’aujourd’hui. Autrement dit de l’émotion. Il faudrait d’autres vocables, nous dit le physicien, au chapitre des notions de mystère, d’affectif et de sens, pour évoquer positivement l’idée qui désignent la notion d’émotion et le qualificatif d’émotif.
    Une chanson écrivait Guy Béart dans son livre « L’espérance folle », c’est une équation + une émotion. A l’heure où j’écris ces mots, sur une chaîne de télévision, un héros si discret chante « Il suffira d’un signe » et l’on parle beaucoup en ce documentaire.
    Dans un clair matin tout tranquille et serein, on imagine « Animus et Anima » nous rendant le réveil naturel, le réveil dans la nature.
    Quelque chose qui est de l’ordre du rêve…Une obscure clarté, peut-être!

    Bonne nuit

    Kalmia

  23. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Erratum

    Il faut lire « l’idée que désignent » et non qui désignent.
    Ah, ces voyelles! Mille excuses.
    Kalmia

  24. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Tout va bien ! Je laisse chacun à ses rêveries. Bure de moine ou cotte de mailles … Lequel de nos harnachements nous encombre le plus et entrave une randonnée dont le trajet n’est pas tracé à l’avance ?

    19 mai, jour de déconfinement mais pas sans masque. Je ne veux choisir la mer dont l’immensité, sans horizon apparent m’ennuie. Me réfugier en haut d’un arbre ?

    N’allez pas consulter l’un et l’autre les Évangiles canoniques : mon destin ne s’y écrit pas.

    Tout va bien. Ça me suffit !

  25. Avatar de M
    M

    Bonsoir!

    Mieux encore : Tout va très bien, Madame la Marquise:
    Vous connaissez la chanson de Rey Ventura, n’est-ce pas?
    N’ayez crainte je ne vous parlerai point de Zachée?
    De toutes façons, à la terrasse du café Beauvau, ce jour, « il » n’avait pas le temps de regarder en l’air!
    Comme un oiseau sur la plus haute branche, je vous imagine méditant les Cahiers de Paul Valéry : « Sur l’arbre de chair chante le minime oiseau spirituel »
    Mais il semblerait, aux dernières nouvelles non réfutées, que les composantes de l’échafaudage sur lequel perche l’oiseau-esprit s’avèrent maintenant n’être qu’apparences pour …l’oiseau lui-même!
    Alors un autre horizon de type non humain?
    Puisse la vigie nous répondre si elle voit, en telle direction, poindre quelque chose qui ne soit pas rien!

    M

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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